Jarod Lothbrok

Haveirson. Jarod n'y avait jamais mis les pieds ; l'université n'existait pas quand il était devenu chasseur de prime. Dans son métier, seule l'expérience prouvait les capacités, les diplômes ne valaient pas grand chose. Qui veut d'un chasseur de prime capable d'apprendre des sorts, de les pratiquer en cours, mais pas de les reproduire sur le terrain ? Quel étudiant saurait réagir face à un mage noir prêt à vous torturer, ou encore à un groupe de moldu qui vous veulent du mal, mais que vous ne pouvez pas attaquer directement avec la magie ?
Appuyé contre un mur, il inspira tranquillement une bouffée sur sa cigarette et expira la fumée en observant les volutes se dissiper dans le couloir de l'université. A ce moment, la porte à côté de lui s'ouvrit sur une silhouette encapuchonnée. La silhouette s'adressa à lui d'une voix étrange, couverte par un sort.
- Mr. Lothbrok ?
Elle marqua une pause en observant la cigarette, qui n'avait pas l'air de lui faire très plaisir. Jarod se redressa.
- C'est moi, fit-il en observant son interlocuteur d'un air soupçonneux.
- Entrez, s'il vous plaît.
Jarod écrasa sa cigarette sur le carrelage du couloir et suivit la silhouette dans son bureau.
Il faisait sombre, trop sombre pour qu'il puisse admirer la déco. L'inconnu, qui était probablement celui qu'on appelait le Comte, fit le tour d'un bureau et s'installa dans un fauteuil. A cet instant, la porte derrière Jarod se ferma mystérieusement, et ils furent plongés dans la pénombre pendant un court instant avant que la baguette de l'encapuchonné ne s'allume faiblement. D'un geste, le "pourrait être" Comte l'invita à s'asseoir de l'autre côté du bureau. Jarod s'approcha et s'affala sur le fauteuil qui lui était proposé. Il ne put s'empêcher de commenter avec ironie.
- C'est quoi tout ça ? Vous faites partie d'une secte en plus ?
La silhouette laissa un silence de quelques secondes avant de parler à son tour, de sa voix déformée.
- Alors vous êtes ici pour le poste d'enseignent en art de la magie offensive.
- Evidemment, quoi d'autre ?
- Ce n'était pas une question. Malgré le sortilège couvrant sa voix, Jarod perçu la froideur dans le ton de sa voix. Il continua cependant son petit jeu de personnage sarcastique et décontracté en s'étendant dans son siège, un bras par-dessus le dossier. La silhouette l'observa quelques instants.

Description physique
Il dégageait beaucoup d'assurance. Et même un peu trop. De taille et de corpulence moyenne, il se démarquait cependant par ses cheveux blonds ébouriffés et son air parfois arrogant. Il apparaissait comme quelqu'un d'à la fois négligent et sûr de lui, et un sourire en coin barrait régulièrement son visage, comme s'il provoquait son interlocuteur.
En tant que chasseur de prime, et ayant eu une enfance difficile, ses expériences avaient déjà laissées leurs traces. Sous sa chemise, il cachait une cicatrice laissant le souvenir d'une plaie, peu longue, mais profonde. Il avait aussi décoré son corps de deux tatouages occultes ; l'un derrière son épaule gauche, l'autre sur son avant bras droit.
Bien qu'il se donnait un air décontracte et nonchalant, ce qui pouvait être perçu dans sa démarche et son attitude, son regard bleuté n'en était pas moins vif et acéré.
Enfin, il portait, comme à son habitude, une chemise blanche et une cravate mal attachée. Ce qui n'avait pas l'air de plaire à l'inconnu en robe de sorcier ; c'était une tenue moldue, il n'était pas censé porter cela ici.

L'inconnu remua lentement sa baguette au-dessus de son bureau et quelques feuilles de papier s'éparpillèrent et se retournèrent. Il appuya ses coudes sur la table, joignant ses mains et croisant ses doigts dans ses manches qui ne laissaient même pas dépasser un ongle. Sa voix grésilla étrangement de nouveau :
- Vous semblez avoir toutes les qualifications nécessaires pour le poste. Cependant, je préférerai que vous m'expliquiez vous-mêmes ce qui vous amène ici et ce qui vous fait croire que vous pouvez enseigner à Haveirson.
Jarod haussa un sourcil, mais sans interrompre l'encapuchonné.
- Commençons simplement ; comment vous décririez-vous ? Vendez-vous, dites-moi ce qui ferait de vous quelqu'un de qualifié pour le poste, malgré votre situation en tant que chasseur de prime.
L'occasion de tenter sa chance pour ce job. Il n'allait pas y aller à moitié.
- Eh bien...

Personnalité (caractère, goûts, ambitions,...)
- Pour être franc avec vous, je suis le genre de personne qu'on qualifiera généralement de « connard prétentieux ». C'est sûr qu'à force d'avoir l'air confiant et désabusé, j'ai tendance à négliger ce que les autres en pensent et à ne pas être très populaire. Mais ça ne m'empêche pas d'être attaché à certaines valeurs... Telle que la loyauté, ou la franchise. Comme vous pouvez le remarquer, je ne suis pas du genre à mâcher mes mots et je n'hésiterai pas à dire à un étudiant qu'il est mauvais s'il le faut. Mais cela est, bien évidemment, dans l'optique de le rendre meilleur.
Je ne dirai pas que je suis particulièrement intelligent, mais je sais me débrouiller. Je suis assez malin pour me sortir d'à peu près n'importe quel situation, vous voyez ? D'où la maison que j'ai intégré à Poudlard, qui n'est autre que celle de Serpentard. Ca ne me gênera pas d'avoir à jouer avec l'esprit et la psychologie d'une personne pour arriver à mes fins, si celles-ci en valent la peine bien sûr. C'est pourquoi, comme vous avez pu le lire sans doute dans votre paperasse ici, je suis spécialisé en occlumancie et que je pratique la légilimancie, bien que je ne la maîtrise pas aussi bien.
Il s'agita un peu sur son siège.
- Cependant, c'est dans l'action que je reste le plus à l'aise, vous voyez. Je dois dire que je suis tombé amoureux de la magie depuis que j'en ai découvert l'existence étant ado. J'aime beaucoup pratiquer, vraiment, et j'ai tendance à ne pas trouver mes limites,  allant des enchantements aux maléfices, j'ai tendance à tout me permettre ! Enfin, je ne devrai probablement pas mentionner cela, en fait... Cela dit, un chasseur de prime est généralement considéré comme étant dépourvu de morale, et il me faut admettre que la maison de Serpentard ne m'as pas été attribuée à la légère, car il m'est arrivé de pratiquer la magie noire. Oh, rien de bien méchant, faites-moi confiance. A chaque problème sa solution, si vous voyez ce que je veux dire. Parfois, il n'y a pas d'autre solution, et je ne recule devant rien lorsqu'il s'agit de faire le bon choix. Pour exercer en tant que chasseur de prime, il faut non seulement d'excellents réflexes, mais il faut aussi savoir prendre des décisions.
Enfin, ne vous y méprenez pas, je ne suis pas simplement attiré par le gain. Vous pourriez me dire qu'avec mes capacités, je pourrai probablement être Auror et faire pleuvoir des arc-en-ciels sur le monde sorcier, et qu'à la place je gâche mon talent en chassant des primes pour je-ne-sais-qui, pour je-ne-sais-quelles-raisons. Mais étant donné qu'il m'est arrivé d'avoir quelques soucis avec l'autorité, je ne me voyais pas être le chien-chien du Ministère et aller faire la police pour leur bon plaisir. Je veux utiliser ce que je sais pour moi-même, pas pour ceux qui auraient tendance à abuser de leur pouvoir. Je veux être capable de faire mes propres choix, de décider si j'interviens pour telle ou telle prime. Pour clore le sujet, disons simplement que j'ai ma propre vision du bien et du mal, qui est totalement différente de celle, biaisée et manichéenne, du Ministère.

Jarod s'interrompit enfin et leva son regard vers la silhouette sous sa robe de sorcier, tentant d'apercevoir un visage, un trait, sous la mystérieuse capuche. Il cru voir l'ombre d'un sourire se refléter dans l'obscurité tandis que l'inconnu se réinstalla dans le fond de son siège. Le regard de ce dernier s'attarda sur la baguette du chasseur de prime qu'il tenait machinalement dans la main.

Baguette
Elle était de taille plutôt standard, une trentaine de centimètres, composée de chêne rouge, facilement reconnaissable, et probablement d'une ventricule de dragon. Ou était-ce une plume de pheonix ? Vu le personnage, il aurait plutôt penché pour une ventricule de dragon.

Il s'adressa enfin à son candidat :
- Bien. Votre perception de vous-même est... intéressante. Néanmoins, vu votre profil assez particulier, je vais devoir vous demander de m'en raconter plus à votre sujet. Vous dites avoir découvert la magie durant votre adolescence, et je me questionne quant à ce qui a pu vous pousser à exercer ce métier, ainsi que comment vous avez déniché vos opinions aussi tranchées. Je sais que cela va vous paraître un peu particulier, Mr. Lothbrok, mais j'aimerai que vous m'en racontiez un peu plus sur votre passé. Je ne peux me permettre de faire confiance à n'importe quel chasseur de prime, qui plus est capable d'utiliser la magie noire, et lui confier une classe d'étudiants aveuglément. Je vous en prie, dites-m'en plus.

Il y eut un silence de quelques secondes. Jarod sortit son paquet de cigarettes.
- Permettez ?
- Seulement à condition que vous ne fumiez jamais durant un cours si vous êtes embauché.
Il eut un grognement d'approbation, tandis qu'il allumait sa cigarette d'un vague geste de la main.
- Alors vous voulez en savoir plus... J'espère que vous n'êtes pas du genre à vous endormir lorsqu'on vous raconte une histoire, fit-il avec un sourire en coin.

Histoire
- Je suis arrivé dans ce monde dans un contexte un peu particulier. Ma mère était une moldue et fréquentait un sorcier à l'époque, sans même avoir connaissance de l'existence de la magie. Et un jour, la pauvre femme tomba enceinte, et sa vie a basculé.
Il inspira longuement sur sa cigarette.
Mon père l'a abandonnée lorsqu'il a su qu'elle était enceinte. Il a dû lui faire un tour de magie, car elle ne s'en est jamais remise. Je ne l'ai jamais rencontré. Je ne peux pas dire que ce soit un problème étant donné que si je le rencontrais aujourd'hui, il ne vivrait probablement pas un jour de plus.
A la suite de cela, ma mère est tombée en dépression. Et je suis né entre deux verres d'alcool, une froide nuit de février. Enfin, c'est ce qu'elle m'en a raconté. J'ai dû apprendre assez vite à me débrouiller étant donné que j'ai fini par m'occuper de la maison complète. Ma mère était incapable de faire quoi que ce soit d'autre que d'avaler des calmants et de l'alcool. Du moins, c'est à peu près tout ce dont je me souviens d'elle.
J'ai grandis dans un des quartiers "difficiles" de Cardiff. Le genre de quartier où, une fois atteint un certain âge, vous n'avez plus qu'un simple choix à faire ; prouver votre utilité, ou prouver votre supériorité. C'était ça ou se faire tabasser plusieurs fois par semaine par des jeunes qui se voulaient "caïd". Evidemment, je préférais faire partie de la seconde catégorie ; ceux qui frappent le plus fort. Sauf qu'à force de jouer solo, on finit forcément par s'attirer des ennemis. Trop d'ennemis. Et lorsque ceux-ci ont finalement compris qu'ils avaient plus de chance de m'avoir en s'unissant contre moi qu'en me harcelant individuellement les uns après les autres tout en se tirant dans les pattes, c'est enfin là que je me suis retrouvé dans la merde. J'avais 14 ans quand ils me sont tombés dessus comme des sauvages, et je me suis vite retrouvé à terre, à prier je-ne-sais quel dieu en espérant que cela s'arrête. A cette époque, je n'avais absolument aucune idée que la magie existait, et encore moins que je pouvais m'en servir d'une quelconque façon. Et dans un mouvement de désespoir, alors qu'ils se défoulaient sur moi avec toute la rage que je leur avait fait accumulé durant années précédentes, j'ai mordu la main de l'un d'entre eux qui me frappait au visage. C'était stupide, mais je n'avais plus d’échappatoire, c'était désespéré. Et là, comme par magie, si vous me permettez l'expression, le visage de ce gamin devint tout rouge et ses yeux tout ronds. Il hurla de panique et de douleur en agitant son bras, hurlant que j'y avais mis le feu alors que rien n'apparaissait. J'ai alors profité de la confusion et, naif que j'étais, à raison, de ce que je pensais être mon nouveau pouvoir, et je me suis jeté dans les jambes d'un autre et lui ai mordu la cheville. Il s'effondra immédiatement, hurlant que j'avais mit de l'acide dans ses veines. Profitant de l'occasion, je me suis relevé et les ai fait fuir en prétendant que c'est ce qui allait arrivé à chacun d'entre eux s'ils m'approchaient de nouveau. Ils ont déguerpis en pleurant, criant et boitant.
Le lendemain, j'ai reçu une lettre de Poudlard. Un tout nouveau monde s'ouvrait devant moi.
Il rit doucement, plongé dans ses souvenirs. Après tout, c'est ce qui intéressait le cinglé sous la capuche ; qu'il lui raconte les événements marquants de sa vie. Cela lui semblait étrange, mais il avait besoin de ce poste.
- Enfin bref. J'ai pu tout quitter, tout laisser derrière moi. Après avoir laissé ma mère, végétative, dans un hôpital psychiatrique, je me suis rendu à la Londres par mes propres moyens, et j'ai atteint Poudlard. Mes pouvoirs magiques s'étant seulement révélés, je suis arrivé plus tard que les autres élèves. J'ai été envoyé à Serpentard, le choixpeau me disait malin et ambitieux.
Il fuma de nouveau pendant quelques secondes et poursuivit.
Après ça, j'ai eu un parcours plutôt standard. J'ai vécu comme un sorcier parmi les sorciers, j'ai pris un grand plaisir à pratiquer la magie et je suis rapidement devenu doué dans ce domaine. Bien sûr, j'étais mauvais dans tout ce qui concernait l'apprentissage de recettes de potions, ou encore ce qui concernait les plantes ou les animaux magiques. Mais dès qu'il s'agissait d'agiter sa baguette, et de lancer des sortilèges, je devenais tout de suite très bon.
J'ai été très solitaire durant mes années à Poudlard, et je me suis maintenu sur cette voie en devenant chasseur de prime à ma sortie de l'école de magie. De cette façon, je conserve mon indépendance et je fais mes propres choix.

Il fini ainsi son histoire et sa cigarette, qu'il fit cette fois disparaître d'un mouvement de baguette discret. Il souffla un dernier nuage de fumée, et se renfonça dans son siège, attendant une réaction de l'inconnu.
- Alors ? Vous voulez creuser encore un peu plus ou vous en avez assez ?
Il cru entendre un sourire dans la voix pourtant déformée du probable Comte.
- Il suffit. Merci pour votre temps, Mr Lothbrok. Cet entretien fut très... enrichissant.
- Et vous faites ça tout le temps, marquer une hésitation avant d'ajouter un adjectif ? C'est pour rendre le personnage plus... mystérieux ? fit-il avec ironie, laissant un sourire narquois apparaître de nouveau.
Il y eut un léger grincement tandis que la lumière pénétrait dans la pièce par la porte qui venait de s'ouvrir derrière Jarod. Ce dernier se leva, comprenant qu'il était temps pour lui de partir.
- Vous serez contacté par hiboux si besoin est. Au revoir, Mr. Lothbrok.

Une fois sortit, Jarod tira un peu sur sa cravate en espérant que ce cinglé le serait suffisamment pour l'embaucher en tant qu'enseignant à Haveirson.