Un moment de détente en charmante compagnie

Rachel avait donné rendez-vous à son nouvel ami, Cyril Evans avec qui elle avait discuté en octobre. Alors qu'elle ne se sentait pas bien, ce dernier l'avait réconforté. Leur après-midi s'était terminé par une visite à la volière où il lui avait présenté son hibou. A son tour, l'adolescente lui avait présenté son rat. Tout deux adorant les animaux ils s'étaient découvert un point commun. Depuis ils s'étaient contentés de se saluer dans les couloirs mais rien de concret. A vrai dire, la bleue et bronze avait été très prise entre ses différentes activités et les cours et elle n'avait pas eu beaucoup de temps à consacrer à ses amis. Elle s'était promis d'essayer de se rattraper. Elle avait donc prit l'initiative d'inviter le Gryffondor à la verrière pour qu'ils puissent passer un peu de temps ensemble. Cette idée l'enchantait et elle avait amener de quoi grignoter et boire pour que le moment soit d'autant plus plaisant. Un moment qui s'annoncer fort plaisant en somme, de quoi lui faire oublier les cours et le stresse que cela engendrait. L'apprenti sorcière visait toujours haut et se mettait souvent la pression pour obtenir de très bons résultats. De plus c'était quelqu'un qui avait une vie très chargée, et un rythme d'autant plus stressant. Mais après tout c'était ce qui lui convenait, c'était son choix. Personne ne l'obligeait à prendre plus d'options que les autres élèves ou à faire du Quidditch, ou encore à faire partie de l'AD.

La Serdaigle tout comme la fois où elle avait rencontré Roxane à la verrière avait amener, en plus des confiseries, des coussins pour s'asseoir. Elle était très prévoyante et voulait se détendre un maximum. C'était un des rares moments où elle le pouvait, alors autant en profiter à fond. Et puis, elle ne voyait pas souvent le rouge et or, ils auraient tout deux pleins de choses à se raconter. Elle savait également très bien qu'ils pourraient rigoler ensemble. Rachel comptait d'ailleurs sur lui pour cela.

Elle venait tout juste de s'installer lorsqu'elle vit la silhouette familière s'approcher. Un grand costaud, avec des cheveux noirs dans tout les sens, cela ne pouvait qu'être ce cher Cyril. Il dégageait un certain charme dont elle raffolait, mais elle se gardait bien de le dévoiler. A son approche, la bleue et bronze esquissa un sourire et se leva pour le saluer.

- Bonjour Cyril. Comment vas-tu ?

Cyril s’était souvent demandé si lui et Rachel étaient devenus amis. Ils avaient passé une journée ensemble, presque deux mois auparavant, après une succession de hasards qui les avaient tous les deux surpris. La jeune fille l’avait touchée par son histoire et il n’avait pu s’empêcher de la réconforter dans ce moment difficile. Pourtant, depuis leur visite à la volière, ils n’avaient fait que se saluer en passant. Le Gryffondor n’était pas le plus doué quand il s’agissait de relations sociales - il le savait - et n’avait pas osé proposer à Rachel de passer du temps ensemble. Elle semblait très prise par ses études et était définitivement plus consciencieuse que lui. Il s’en serait voulu de la distraire de son travail et d’être la cause d’un échec.

Alors, quand il avait reçu l’invitation pour un après-midi de détente à la verrière, il n’avait pas pu refuser. Le jeune homme était touché de savoir que la Serdaigle lui vouait un certain intérêt, et il était curieux de savoir si elle allait mieux. Il aurait certes pu lui écrire également, mais cela lui semblait toujours bizarre quand on vivait dans le même château que le destinataire du courrier. Sans attendre, il avait évidemment accepté et s’était procuré une bouteille de jus de citrouille pour ajouter sa propre touche à leur petite fête. En un sens, c’était un peu des retrouvailles à fêter, non ?

Le cinquième année arriva à l’heure dite à la verrière, heureux mais pas surpris d’y découvrir Rachel déjà installée. Elle semblait avoir tout préparé pour rendre ce moment confortable. Malgré le temps maussade derrière les vitres et qui baignait la salle d’une lueur grisâtre, son amie avait réussi à rendre l’atmosphère chaleureuse par l’ajout de coussins et de confiseries. Naturellement, un sourire se dessina sur le visage du jeune homme alors que la Serdaigle se levait pour venir à sa rencontre.

“Salut Rachel ! Ca va bien, j’ai été vraiment content de recevoir ton invitation !”

Il se laissa tomber sur un des coussins et sortit la bouteille de son sac, tout en lorgnant avec envie sur les confiseries disposées au centre du cercle.

“J’ai apporté du jus de citrouille pour accompagner tes gâteaux. Et toi, comment tu vas ? Tu avais l’air si prise par les cours ces dernières semaines que je n’ai pas osé te proposer de faire quelque chose…”

Cyril lui adressa un regard d’excuse parfaitement sincère. Malgré son attitude parfois bravarde et sans gêne, il était en réalité plutôt timide quand il s’agissait de réagir avec réflexion et non pas en réaction à un coup de sang. De plus, Rachel et lui ne se connaissait pas vraiment, même s’ils avaient abordés des sujets plutôt personnels lors de leur rencontre. Avant de recevoir l’invitation, il n’était pas vraiment sur qu’il pouvait compter la Serdaigle parmi son cercle d’amis. Parfois, on faisait des connaissances particulières dans une situation précise, et cela ne signifiait pas qu’on se revoyait par la suite. Le Gryffondor s’était souvent fait prendre par ce revers des relations humaines. Il avait le coeur sur la main et faisait trop souvent confiance aux gens, ce dont certaines personnes profitaient sans vergogne. Il avait beau le savoir, il ne parvenait pas à se montrer plus méfiant.

Rachel fut contente d'apprendre que son camarade était ravi d'avoir reçu son invitation. Au moins, cela prouvait qu'il appréciait l'adolescente, même si elle s'en était doutée après leur rencontre dans les serres il y un peu plus de deux mois. Rencontre, qui était d'ailleurs tombée au bon moment pour la bleue et bronze qui ne se sentait pas bien ce qui était plutôt rare chez elle qui était de nature si optimiste et qui transpirait de joie.

- Heureuse de l'apprendre, dit-elle sans se départir de son habituel sourire.

Cyril s'installa à côté d'elle et sortit une bouteille. Il avait pensé à amener du jus de citrouille, cela irait parfaitement avec les gâteaux. En plus, c'était une de ses boissons préférés, et elle ne pouvait qu'être comblée.

- Oh merci ! C'est vrai que je n'avais pas pensé à apporter quelque chose à boire. Je vais bien, merci. Effectivement, je suis très prise ces derniers temps, comme toujours d'ailleurs à vrai dire. Mais tu aurais du me proposer, j'aurais bien trouvé un moment !

Il était vrai que la Serdaigle avait un emploi du temps très chargé en raison de ses options complémentaires et de maintes autres choses qui venaient s'ajouter. Le Gryffondor avait l'air vraiment désolé de ne pas l'avoir invité avant, mais cela ne vexait pas l'adolescente qui comprenait qu'il devait être un peu timide et ne pas avoir osé

Les confiseries narguaient Rachel qui les regarda avec envie. Elle ne put résister à se servir. Elle en attrapa quelques un qu'elle tendit à son ami qui semblait également être gourmand. L'adolescente en prit pour elle à son tour qu'elle savoura. Elle attrapa ensuite la bouteille de jus de citrouille et servit Cyril dans un verre avant de faire de même pour elle. La bleue et bronze avala une gorgée du liquide qui était délicieux.

- N'hésites pas à te servir, c'est fait pour être mangé. C'est un régale ! s'exclama t-elle alors qu'elle venait à peine d'avaler sa gorgée de jus.

L'apprenti sorcière se demanda ce que son interlocuteur avait bien pu devenir pendant tout ce temps. Il avait surement pleins de choses à lui raconter. Il est vrai qu'à Poudlard on ne s'ennuyait jamais et qu'il se passait toujours quelque chose. D'ailleurs, cela donnait son charme aux études et donnaient encore plus envie aux élèves d'aller à l'école ce qui n'était pas le cas chez les moldus. Le programme des apprentis sorciers était bien plus intéressant que celui des non-sorciers. Il y avait de nombreuses différences entre les deux mondes qui ne se ressemblaient pas du tout.

“On se complète bien, dis moi !”

Dit-il en riant, alors qu’il déposait le jus de citrouilles à côté des confiseries. Il n’aurait jamais pensé à préparer de petits gâteaux comme ça pour une après-midi entre amis. L’idée lui plaisait, mais il était plutôt habitué au strict minimum. D’ordinaire, il s’asseyait simplement sur l’herbe, dans le parc et sortait son carnet pour tenir à jour son journal ou, simplement, il dessinait quelques croquis des animaux qu’il pouvait observer. Un après-midi centré autour de douceurs et installé sur des coussins, c’était un changement plutôt conséquent pour lui, mais il l’appréciait déjà.

Cyril s’installa ensuite à son aise, et prit un des gâteaux que Rachel lui tendait. Il fut rassuré qu’elle lui dise qu’elle aurait accepté sa proposition, si il avait osé lui envoyer une invitation. En quelque sorte, c’était une confirmation qu’il pouvait tenter sa chance dans quelques jours ou quelques semaines, quand ils auraient à nouveau un tas de choses à se raconter. L’adolescent mordit dans le muffin avec un enthousiasme non feint et il leva un pouce vers sa camarade alors qu’il mâchait encore la pâte délicieusement sucrée.

“Ils sont super bons ! Tu les as fait toi-même ?”

Pour le coup, il se sentait un peu bête d’avoir seulement amené du jus de citrouille et rien de particulier, d’autant que Noël approchait. Il aurait du apporter un petit quelque chose pour sa camarade, mais il n’y avait pas encore pensé. Le sujet des fêtes était un peu délicat cette année, mais il se promit intérieurement de se rattraper. Quand tout partait à vaut l’eau avec la famille, c’était sur ses amis qu’il fallait pouvoir compter. Et Merlin savait que des vrais amis, il n’en avait quand même pas tellement à Poudlard, d’autant que la plupart d’entre eux ne vivait pas de meilleurs moments que lui.

“Tu restes au château pendant les vacances ? J’ai eu une lettre de ma mère il y a deux jours qui nous demandait de rester à ma sœur et moi… Elle vit toujours chez des amis et mon père est débordé de travail. C’est la première fois qu’on ne passera pas Noël tous ensemble, ça me fait un peu bizarre je dois dire.”

Cyril affichait une mine un peu déconfite, mais il se força tout de même à sourire car il ne voulait pas inquiéter Rachel. Après tout, lui et sa sœur se trouvait en sécurité pendant les vacances, sa mère ne risquait pas grand chose et son père… pas plus que d’habitude. Il ne pouvait pas vraiment se plaindre en comparaison aux autres élèves qui étaient contraints de rester là chaque année ou dont les préoccupations étaient simplement bien moins légères que les cadeaux de Noël.

- En effet, répondit Rachel en riant.

Cyril dévora la pâtisserie et sembla s'en régaler. Il lui demanda si c'était elle qui l'avait fait. Malheureusement, non, l'adolescente n'avait pas eu le temps d'en faire, mais elle aurait bien aimé. Même si, elle préférait cuisiner avec sa sœur qui avait toujours des conseils à lui donner pour faire des plats délicieux. Elle avait hâte de passer les fêtes avec elle, pour pouvoir partager d'autres instants précieux comme cela. C'était quelque chose qui lui manquait quand elle était à Poudlard. Les deux sœurs n'avaient passé que deux ans ensemble dans l'école des apprentis sorciers avant que la plus grande ne finissent ses études.

- Non, du tout ! Je n'ai pas eu le temps, pourtant j'aime bien me mettre aux fourneaux, avoua t-elle en pensant aux nombreux moments passé avec son aînée.

Le rouge et or lui demanda si elle restait au château pendant les vacances. Il lui avoua que pour sa part, il avait reçu une lettre de sa mère lui demandant de rester ici ainsi que sa sœur. La Serdaigle ne savait pas qu'il avait une sœur et se demandait qui cela pouvait bien être. Elle cru comprendre à ses propos que ses parents étaient séparés depuis peu.

- Oh mince... Tu dois être très déçu d'apprendre cela. Tes parents ne vivent pas ensemble ? Et ta sœur qui est-elle ? Je ne me souviens pas l'avoir déjà croisé.

Rachel compatissait réellement à la situation de son ami et se disait que les choses n'étaient pas simple pour lui en ce moment. Le moral ne devait pas être au beau fixe tout les jours. Elle sentit une pointe de tristesse de sa voix ce qui lui fit de la peine. Effectivement, les émotions de l'adolescente ne pouvaient qu'être décuplées puisqu'elle était de nature sensible. Elle s'en voulut un peu de pouvoir rejoindre sa famille unie pour Noel alors que ce n'était pas son cas.

- Je rejoins ma famille pour les fêtes, dit-elle en souriant.

La bleue et bronze avait vraiment hâte que le moment tant attendu arrive. Elle l'attendait depuis quelques temps avec impatience.

La tête dans les nuages, les yeux pleins d'étoiles, Gwen se déplaçait dans les couloirs du château en sautillant joyeusement comme une licorne libre. L'enfant devait se rendre à la bibliothèque afin d'effectuer quelques recherches pour son devoir de métamorphose, mais elle était tellement peu motivée qu'elle effectuait tout les détours possibles et inimaginables pour retarder l'heure de se mettre au travail. C'est pourquoi elle se trouvait à l'heure actuel à cet étage. Elle décida d'aller faire un petit tour à la verrière pour contempler le paysage immaculé de blanc. Elle savait pour s'y être déjà rendue qu'il y avait une très belle vue de là.

En poussant la porte en bois, elle finit par trouver une fille et un garçon ensemble. Ne se posant pas plus de question que cela, Gwen laissa échappé un « oups » bien fort avant de leur faire un sourire désolé.


-Oh ! Désolé ! Je voulais pas déranger. Je vous laisse les amoureux ! dit-il d'une voix joyeuse.

Et elle referma la porte aussitôt. Tant pis, ce n'était pas pour aujourd'hui qu'elle contemplerait le paysage de la verrière... Elle reprit donc sa route, en espérant y trouver quelques petites distractions autre qu'un couple d'amoureux.

HRP:

Le Gryffondor opina du chef, avec un air compréhensif. Il n’aimait pas particulièrement cuisiner, même s’il lui arrivait de donner un coup de main à sa mère, quand il était à la maison. Néanmoins, il avait réalisé un peu tard le caractère stupide de sa question. A moins d’user de beaucoup de magie dans son dortoir, il aurait été délicat de préparer ces petits gâteaux soi-même. La cuisine était interdite d’accès, et même pour celui qui parvenait à y entrer, il doutait que les elfes de maison laissent les élèves se servir des fourneaux. Après tout, ils étaient eux aussi un peu les gardiens de l’école et de ses pensionnaires.

Le changement de sujet était donc le bienvenu, malgré la délicatesse du thème à présent abordé. Cyril se renfrogna quelques secondes. C’était de sa faute si ils en arrivaient à parler de sa famille, et parfois, cela lui faisait du bien. Aujourd’hui, il aurait volontiers gardé cette négativité pour lui et se changer les idées avec Rachel. Pourtant, après seulement quelques secondes de réflexion, il se lança dans son récit… Comme si tout cela lui pesait sur le coeur depuis des jours et ne demandait qu’à sortir.

“Oui, enfin, pas vraiment… Ma mère étudie les créatures magiques marines, donc elle peut difficilement quitter la côte. On a souvent toutes sortes de créatures à la maison, en plus. Et comme mon père est Auror, il est constamment en mission dans tout le pays et ne peut pas souvent revenir. Quand les affaires sont calmes, il revient tous les soirs, mais en ce moment, c’est presque devenu impossible.”

Cyril se souvenait avoir raconté à la Serdaigle les attaques de moldus dont ils avaient été victimes l’été précédent. Sa mère avait récemment quitté la demeure des Stark pour revenir au cottage, mais elle devait vivre cachée pour se protéger de nouveaux accès de haine. Elle n’en avait rien dit à sa fille, si véhémente à propos des moldus, mais lui avait eu droit à plus de détails dans son courrier. Dans de telles circonstances, fêter Noël en famille n’aurait guère été joyeux. Le Gryffondor tenta de se resaisir un peu. Rachel se réjouissait visiblement de rentrer chez elle pour les fêtes, et il ne voulait pas lui gâcher sa joie en étendant ses propres malheurs.

“Enfin, du coup, on ne rentre pas à la maison, ce serait aussi triste que dangereux. Ma soeur est furieuse, mais elle sait qu’elle n’a pas la choix, alors bon… Elle est encore un peu jeune pour comprendre, je crois. Elle n’est qu’en…”

Sa réponse fut coupée par le bruit d’une porte qui s’ouvre et un éclat de rire. L’adolescent eut tout juste le temps de se retourner pour voir une jeune Gryffondor qu’il connaissait de vue. La salle commune finissait toujours sans dessus dessous quand elle était là, ce qu’il trouvait généralement assez drôle. Cette fois, il ne put s’empêcher d’être un peu gêné, et avant même qu’ils aient pu réagir, l’enfant avait disparu. Cyril leva un regard embêté vers Rachel, se sentant soudainement gauche. Amoureux, eux ? Mais non… Ils étaient juste en train de rigoler entre amis… A deux.

Rachel sentit la gène de son camarade quand ils évoquèrent le sujet de ses vacances. Cela semblait être un sujet délicat pour lui et source d'inquiétude. La Serdaigle ne savait pas trop quoi lui dire pour le réconforter. Elle tenait à lui et s'inquiétait. Il l'avait beaucoup aidé quand elle n'était pas bien, c'était à son tour de lui rendre la pareil. L'apprenti sorcière n'oubliait pas les personnes qui l'aidaient et se devait de les remercier comme il se devait. Et puis, elle appréciait son camarade et n'aimait pas le voir mal à l'aise.

L'adolescent expliqua que sa mère étudiait les créatures magiques marines et qu'elle était donc obligée de rester près de la côte. Quant à son père, étant Auror il était souvent en mission. La bleue et bronze comprenait que cela puisse être compliqué pour son interlocuteur. Cela n'était jamais une situation simple que de ne pas pouvoir voir souvent ses parents.

- Mon pauvre... Cela ne doit pas être facile. Tu ne dois pas les voir souvent alors, dit-elle sur un ton empli de douceurs.

L'élève ajouta que cela serait dangereux et triste de rentrer chez lui. Rachel ne comprit pas tout de suite pourquoi il disait que cela était dangereux, mais se souvint que sa mère avait été victime d'une attaque de moldus cet été. C'était une situation qui ne devait pas les rassurer. L'adolescente avait elle-même eut très peur quand cela était arrivée à sa mère. Des souvenirs douloureux pour la Serdaigle, mais qui heureusement étaient bien loin derrière elle. Le climat d'insécurité était toujours là, mais au moins sa mère était saine et sauve.

Le jeune homme ajouta que la situation ne plaisait pas à sa sœur, qui d'après ses dires était plus jeune que lui. Mais alors qu'il s'apprêtait à ajouter quelque chose une jeune première année fit irruption dans la pièce avant de repartir en disant qu'elle ne voulait pas déranger les amoureux. Le dernier terme qu'elle employa mit mal à l'aise Rachel qui ne sut quelle réaction avoir. Elle ne se sentait pas amoureuse de son camarade, certes elle l'appréciait énormément mais elle ne pouvait pas dire que c'était de l'amour. En voyant que Cyril ne savait lui non plus comment réagir, elle prit les devants :

- Je ne comprend pas pourquoi elle a dit ça, balbutia t-elle. Tu la connais ?

La réflexion de l'inconnue laissa pensive l'adolescente. Après tout, c'est vrai que le Gryffondor était quelqu'un d'adorable et que sa compagnie était loin d'être désagréable. Cependant, elle chassa ses pensées et changea de sujet de conversation :

- Tu étais en train de dire quelque chose à propos de ta sœur, avant que la jeune fille ne fasse irruption.

C'était une discussion qui serait moins gênante, enfin du moins l'espérait-elle. Elle priait pour ne pas avoir été trop indiscrète en revenant sur ce sujet. Peut-être Cyril n'avait-il pas envie d'en parler.

Leurs regards s’échangent avec la même lueur perplexe et une gêne discrète vient colorer leur joue. Ni l’un, ni l’autre n’ont visiblement prévu de se trouver dans une telle situation, et Cyril voit bien dans les yeux de son amie qu’elle partage les mêmes interrogations. Malgré l’affection qu’ils se vouent, ils n’ont pas de sentiments plus intenses, à moins peut-être que ce ne soit encore trop tôt ? Au fond, leur première rencontre est le fruit du hasard, et ils n’en sont qu’à la seconde… Rachel se retrouve une contenance plus rapidement, une seconde avant que le Gryffondor n’éclate d’un rire un peu forcé pour combler le silence gêné.

“Oui, c’est une Gryffondor aussi. Je ne sais pas comment elle s’appelle, mais je l’ai déjà souvent vue dans la salle commune. Une vraie farceuse, elle n’a pas froid aux yeux et la découverte de la magie semble lui avoir grillé quelques neurones. Ou alors, elle a toujours été aussi bout-en-train, je n’en sais rien. Elle m’a toujours parue gentille et comique en fait, mais je n’ai jamais parlé avec elle… Alors je ne sais pas du tout pourquoi elle a dit ça.”

Son explication s’emmêle un peu alors qu’il essaie de se justifier tout en brisant d’éventuels sous-entendus que la Serdaigle pourrait trouver dans ses mots. Il ne veut pas lui laisser croire qu’il a déjà parlé d’elle à sa camarade de maison, ni qu’il ait pu évoquer une quelconque attirance alors qu’il se trouvait dans la tour des rouge et or. Il n’a entendu parler d’aucune rumeur, et il serait le dernier à vouloir en lancer une. Rachel lui sauve encore une fois la mise en relançant leur dernier sujet de conversation, et Cyril lui jette un regard reconnaissant.

“Oui, ma sœur, Lucy. Elle est à Serpentard en troisième année. Les attaques contre notre famille et les… opinions de certains de ses camarades de maison l’ont fait changer. Particulièrement ces dernières semaines. On se dispute plus souvent qu’avant, déjà qu’on était pas particulièrement complice. Je crois qu’elle a aussi un peu honte de ce que nous sommes. Les Evans ne sont pas la famille la plus prestigieuse, malgré l’ancienneté.”

Son ton se fait amer à la fin de sa phrase. Les concepts de maison, de sang, d’aristocratie lui ont toujours été étrangers. Ses parents se sont mariés car ils s’appréciaient assez pour cela, bien que cela n’ait pas été un mariage d’amour. Ils se sont choisis avec l’accord de leur famille, créant ainsi un ménage heureux et une atmosphère chaleureuse et sereine pour l’éducation de leurs deux enfants. Le jeune homme ne pouvait pas concevoir comment un tel effort, presque un sacrifice, puisse être considéré comme moindre que la lignée dont on est issu et la taille du domaine possédé par les parents. Il hausse finalement les épaules.

“Je ne vois pas vraiment ce que je peux y faire. Elle m’évite, ces derniers jours.”

Cyril expliqua à l'adolescente que c'était une Gryffondor assez farceuse qui venait de passer. Non pas méchante, mais sachant faire usage de l'humour. Rachel se dit qu'après tout peut-être avait-elle dit ses paroles en l'air sans vraiment y réfléchir. D'ailleurs, cette idée était plus réconfortante que de se dire qu'elle pensait réellement ce qu'elle avait dit. La Serdaigle était très gênée à cette idée. Elle ne connaissait pas suffisamment son camarade pour éprouver quelques sentiments que ce soit. Après tout ce n'était que la deuxième fois qu'il se voyait. Elle préférait ne pas trop s'attarder sur le sujet et répondit brièvement :

- Ah d'accord. Je ne me souviens pas l'avoir déjà croisé.

Rachel ne répondit pas plus aux explications du rouge et or et écouta la réponse à sa question. Il avoua qu'il avait une sœur, Lucy, à Serpentard en troisième année. Il expliqua que Lucy était bien différente de lui, et qu'il ne s'entendait pas avec elle. La sixième année trouva étrange qu'elle soit chez les vert et argent, Cyril était tout de même un Gryffondor, sa sœur ne devait tout de même pas être bien différente de lui. Mais elle garda ses pensées pour elle, se disant que cela devait être un sujet délicat et que son interlocuteur n'avait peut-être pas envie d'en parler. D'ailleurs elle sentit que son ton était assez triste et qu'il avait du mal à parler de cela. Il ajouta que sa famille n'était pas réputé pour être prestigieuse. La bleue et bronze se demanda ce qu'il entendait par là. Elle n'avait jamais entendu quoi que ce soit à son propos. Cela attisa sa curiosité et elle posa sa question sur un ton timide, montrant qu'elle ne voulait pas l'embêter avec ces histoires :

- Que s'est-il passé dans ta famille, si ce n'est pas indiscret ?

L'adolescente commençait à comprendre que son ami ne soit pas très bien. Il semblait avoir beaucoup de problèmes familiaux qui devaient le tracasser. Elle avait envie de lui apporter tout le réconfort et toute la tendresse possible. Elle n'aimait pas voir les gens qu'elle appréciait aller mal et l'histoire de Cyril la touchait.

Il ajouta dépité qu'il ne savait pas quoi faire pour se réconcilier avec sa sœur qui l'évitait. Rachel avait vraiment envie de l'aider et proposa :

- Je pourrais essayer de lui parler.

La position de l'apprenti sorcière était compliquée, puisqu'en même temps elle ne connaissait pas tant que cela le Gryffondor et pouvait paraître indiscrète à trop s'impliquer dans ses problèmes. Mais, elle est comme cela. Elle ne laisse jamais les gens dans le pétrin et fait tout ce qui est en son pouvoir pour leur apporter de l'aide. Rachel ajouta néanmoins pour s'excuser :

- Désolé si je te pose trop de questions. J'essaye juste de t'aider. Mais dis le moi surtout si je t'agace.

Rachel a cette capacité de converser sur un sujet délicat sans donner à l’interlocuteur l’impression qu’elle force les confidences. Elle encourage, relance juste assez pour ne pas que chacun s’enfonce dans le silence, et pourtant, Cyril ne se sent pas obligé de lui parler. Il en devient d’autant plus facile de déballer sa douleur à l’idée de ne pas rentrer chez lui pour Noël. Son amertume à voir sa petite sœur partir sur la mauvaise pente, sans pouvoir rien y faire. Il n’a pas pour habitude de se plaindre, et espère que sa camarade ne le percevra pas comme ça… Mais ces choses lui pèsent tellement, et en cette période de l’année, il y a peu de gens qui sont des oreilles assez attentives pour écouter les histoires tristes.

“Ça ne m’étonne pas, elle est assez discrète.”

Non seulement Lucy est discrète, mais en plus de cela, elle ne fait pas partie de ces groupes de Serpentard qui aiment à se faire remarquer en étalant leur pureté de sang. Sa sœur n’a pas été éduquée sur le même mode, elle a encore beaucoup à apprendre des façons de faire de l’aristocratie, et Cyril la soupçonne de chercher à se fondre dans la masse. Ce n’est sans doute pas pour rien non plus qu’elle évite si souvent son frère aîné. Le Gryffondor a le don de se faire remarquer, mais ce n’est pas souvent pour les bonnes raisons.

La question de Rachel le surprend un peu, et il s’interrompt dans son geste alors qu’il tendait la main pour reprendre un gâteau. A moins que des rumeurs particulières ne courent sur sa famille sans qu’il n’en ai rien entendu… Son histoire n’a rien d’exceptionnel, et c’est bien là que le bât blesse.

“Il ne sait rien passé, simplement… Notre famille ne jouit pas du même prestige que les autres. Les Evans ne se sont jamais vraiment intéressés à la fortune, je dirais. Mes ancêtres ont sans doute été considérés comme l’aristocratie, à un moment, et même si certaines valeurs continuent à être perpétrées… On ne vit pas vraiment comme les autres. Mon père travaille comme auror car cela lui plaît, ma mère est soigneuse car elle est fascinée par les créatures aquatiques. Ils n’ont jamais ressenti le besoin de mener la grande vie, d’autant que ce ne serait pratique pour aucun des deux.”

L’adolescent hausse les épaules. Toutes ces considérations sociales le dépassent et il peine à comprendre leur intérêt. Il a entendu parler de tant de familles déchirées par des histoires de secrets ou de statuts de sang… Ses parents semblent tenir à ce que leurs deux enfants se marient également avec quelqu’un au sang-pur, Cyril ne croit pas qu’ils les renieraient si jamais ils privilégiaient le mariage d’amour.

“Elle côtoie rarement des élèves en dehors des Serpentard… Si elle se doute que tu viens à cause de moi, elle refusera simplement de te parler. Mais c’est gentil de proposer.”

Il sourit à Rachel, un de ces sourires qu’on n’offre qu’à ses amis après une proposition particulièrement généreuse.

“Assez parlé de ses histoires tristes. Comment va ta famille ? Vous fêtez Noël comment ?”

Cyril confia à l'adolescente qu'il ne trouvait en rien étonnant le fait qu'elle ne connaisse pas sa sœur puisqu'elle était discrète. Pourtant cela était rare que parmi les quelques 300 élèves que comptait Poudlard, Rachel ne visualise pas ne serait-ce que le visage ou peut-être ne l'avait-elle pas reconnue en tant que sœur de son camarade. Après tout ils n'étaient pas forcés de se ressembler physiquement. D'ailleurs elle-même ne ressemblait pas tant que ça à sa sœur. Cela était surtout dû à son style vestimentaire et à la couleur de ses cheveux qui n'étaient pas du tout pareil que son aînée.

Le Gryffondor quant à la question sur sa famille, expliqua que sa famille n'était pas très prestigieuse et aristocrate comme d'autres. Pourtant il n'y avait pas de honte à cela. Au contraire, la grandeur d'une famille ne se mesurait pas à sa richesse mais à son amour et à son union. Enfin du moins c'était le point de vue de la bleue et bronze. Elle-même n'avait pas une famille très riche et qui se contentait du minimum. Même si, ils ne pouvaient se plaindre d'être pauvres, ils ne se ventaient pas de ce qu'ils avaient.

- Oh ça, tu sais c'est pareil pour moi. Mais il n'y a pas de honte. Au contraire, je pense que les familles aristocrates qui s'en ventent et se font un titre parmi les sorciers grâce à ça, ne sont pas si intéressantes que ça. La richesse d'une famille ne se mesure pas à son titre mais à son union et à l'amour qu'il en ressort.

Rachel avait du mal à comprendre les personnes qui accordaient beaucoup d'importance à leur classe social et le criait à tout va. C'était quelque chose qui la dépassait. Tout ce qui comptait pour elle s'était l'amour que dégageait une famille. D'ailleurs les nobles avaient tendance à avoir beaucoup de problème et au final leur famille ne respirait tout sauf de la joie et de l'amour.

Pour ce qui était de la proposition de l'apprenti sorcière son interlocuteur la déclina. Il expliqua que si sa sœur se doutait qu'elle venait à son propos, elle refuserait de parler. C'est vrai que c'était quelque chose qui pouvait se passer. Son aide ne serait donc d'aucune utilité sur ce point là.

- Si je peux t'aider d'une quelconque façon, dis-le moi, dit-elle avec un sourire de compassion.

Cyril décida de changer de sujet de conversation et lui demanda comment allait sa famille et comment il fêtait Noel. L'adolescente n'insista donc pas sur le sujet précédent et lui répondit gentiment :

- Très bien, ma mère s'est remise de son attaque. Mon petit frère grandit vite, je suis sur que quand je vais le revoir il va encore avoir changé. Les enfants grandissent bien trop vite. D'ailleurs je vais le revoir à Noel, ainsi que ma sœur qui reviendra de Haveirson exprès pour les fêtes. Pour Noel, nous nous réunissons chez nous avec notre famille éloignée maternelle. C'est un moment très convivial.

Il n'y avait que la famille du côté de sa mère, puisque du côté paternel, ils s'étaient beaucoup éloignés et ne se voyaient quasiment jamais. Et les choses ne s'étaient pas arrangées depuis les récents événements. Une famille unie d'un côté et brisée de l'autre. Cela était très douloureux pour son père, et même pour elle. La Serdaigle aurait bien aimé connaitre sa famille paternelle pour partager des choses avec eux. Malheureusement, ce n'était pas le cas.

Un grand sourire se dessine sur son visage quand Rachel réagit avec une certaine verve au sujet de la famille. Bien sur, Cyril partage entièrement son avis sur ce qui fait la valeur d’une famille et l’idiotie que peut représenter la classification par le sang. Il a vu chez d’autres l’impact que le rejet des sentiments pour privilégier le rang pouvait avoir. Néanmoins, la pression est telle dans l’aristocratie qu’il peut comprendre dans une certaine mesure leur hargne de préservation. C’est un peu un moyen de se protéger, ou de légitimer son attitude peut-être, dans un monde qui change si rapidement et si brutalement pour la plupart des gens qu’il est difficile d’encore trouver sa place.

“Je n’en ai pas honte, c’est juste… Un état de fait. Mes parents ne s’en inquiètent pas beaucoup eux non plus, ils ont fait leur propre choix de vie et ont accepté le mariage proposé par leurs parents. Ils s’attendent bien, et même s’ils n’ont jamais été fous amoureux l’un de l’autre, ils n’ont jamais songé à se quitter. Jusqu’à présent, notre famille avait toujours été plutôt heureuse, mais depuis que ma soeur est à Serpentard… Enfin, c’est tellement plus important pour eux qu’elle souffre d’être sang-pure sans avoir le rang qui va souvent avec.”

Cyril hausse les épaules avec dépit. Lui non plus ne comprend pas vraiment ces raisonnements, ni ces jugements sur l’arbre généalogique d’un sorcier plutôt que sur ses capacités. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que lui a atterri à Gryffondor, là où le grand cœur et la loyauté envers ses amis compose le noyau de la maison. La proposition d’aide le touche, mais il ne peut l’accueillir qu’avec un hochement de tête. Il ne voit pas dans quelle mesure Rachel pourrait l’aider, ou du moins, pas dans la situation actuelle. Sa sœur et lui ne sont simplement pas sur la même longueur d’ondes, leurs convictions sont différentes. Parfois, le sang ne suffit pas à créer l’amitié.

Le Gryffondor écoute ensuite avec patience l’histoire de sa camarade. Sa situation familiale n’est pas beaucoup plus facile : comme chez beaucoup de sang-mêlé, si les parents ont accepté leurs différences, il n’en est pas de même pour la famille plus éloignée qui elle, se laisse dominer par ses craintes. Les attaques et la révélation du Secret ont encore plus exacerbé les conflits, et maintenant, les étrangers s’en mêlent. Preuve en est l’attaque dont leurs deux familles ont été victimes, même si c’est là leur seul point commun.

“Je suis content pour ta mère. La mienne a mis longtemps à s’en remettre, je pense que ça n’a pas aidé pour les inquiétudes de ma sœur, d’ailleurs. Elle n’a pas du tout réussi à dépasser cette attaque… Comme si les moldus tous seuls étaient responsables, et qu’on avait aucun tort dans l’histoire. C’est délicat… C’est génial que vous pouviez tous vous rassembler comme ça. Mais, tu n’as jamais rencontré ta famille paternelle, alors … ?”

Il baisse un peu la voix sur sa question, conscient que le sujet est probablement un peu délicat.

Cyril lui expliqua qu'il n'avait pas honte de sa famille, mais que c'était un sujet délicat. Il avoua que ses parents menaient une vie simple et se contentait de ce qu'il avait comme lien entre eux. C'était différent pour les parents de Rachel qui s'aimaient réellement et comptaient beaucoup l'un sur l'autre. En même temps heureusement, puisque leur amour leur causait bien des tords et n'était pas toujours facile.

Le Gryffondor ajouta que la situation était devenue compliquée depuis que sa sœur était à Serpentard. L'adolescente pensait que ce n'était pas forcément une mauvaise chose de faire partie de cette maison. Il n'y avait pas que des futurs partisans des forces du mal. Même si elle était consciente que les vert et argent en réunissaient beaucoup, et que la plupart des Mangemorts étaient d'anciens Serpentards. Mais il y avait aussi des anciens élèves d'autres maisons qui pouvaient le devenir. L'apprenti sorcière comprenait néanmoins la frustration que pouvait ressentir sa famille quant au fait d'avoir une fille chez les verts et argent.

- Je comprend. On a qu'une famille et elle est précieuse... Peut-être que cela passera à ta sœur et qu'elle se remettra à te parler. Ce n'est surement qu'une mauvaise passe.

Rachel essayait de rassurer son camarade qui semblait préoccupé par ses problèmes familiaux, ce qu'elle pouvait tout à fait comprendre.

Une fois que l'adolescente eut expliqué comment allait sa famille, Cyril avoua qu'il était content que sa mère aille mieux. La sienne avait mit du temps à s'en remettre et pensait que les moldus seuls étaient responsables de cette attaque. Mais cela était bien plus complexe que cela. Heureusement, la mère de Rachel ne voyait pas les choses de la même manière et savait discerner ce qu'il se passait réellement autour de ces attaques. L'adolescent ajouta qu'il trouvait génial que sa famille se rassemble pour passer les fêtes ensemble. Effectivement, elle avait conscience de la chance qu'elle avait à ce niveau là. Elle avait une famille unie et cela était rare par ces jours. Il demanda ensuite en baissant le ton si elle n'avait jamais rencontré sa famille paternelle. La bleue et bronze avait eu la chance de les rencontrer quelques fois, avant qu'ils ne sachent qu'ils étaient en fait des sorciers. Mais ils n'avaient jamais été aussi proche que de l'autre côté de sa famille, avec laquelle elle nouait un lien très précieux. Ce n'était donc pas quelque chose qui l'avait énormément touché, et elle avait réussi à passer à autre chose.

- C'est bien plus complexe que cela pourtant. J'ai de la chance que ma famille soit ouverte à ce sujet et sache discerner qui attaque vraiment et la complexité de la chose. Oui, j'ai conscience que ce n'est pas le cas de toutes les familles. Pour ce qui est de ma famille paternelle j'ai eu la chance de les rencontrer quelques fois avant qu'ils ne sachent que nous étions des sorciers. Mais nous n'avons jamais été autant proche qu'avec le reste de ma famille et il y a toujours eu un certain fossé.

Rachel ne parlait que très rarement de ce sujet et avait conscience qu'elle se confiait beaucoup au Gryffondor. Elle avait confiance en lui, et puis après tout cela ne faisait pas de mal d'en parler avec quelqu'un qui ne la jugerait pas et la comprendrait.

Cyril hausse les épaules sans faire plus de commentaires. Il ne peut pas vraiment dire si sa soeur est dans une passe particulièrement mauvaise, elle ne fait que suivre les traditions et la culture que leur monde leur a toujours présenté comme des idéaux. La plus grande partie de sa famille est elle aussi passée par la maison Serpentard et ont suivi avec assiduité les doctrines sang-pures. Si ses parents s’en sont légèrement écartés par modernité, ils n’en restent pas moins très éloignés des moldus. La crainte se fait sentir à chaque retrouvailles en dehors d’un lieu strictement sorcier et il doit avouer que lui aussi sent parfois la peur s’emparer de lui. Il prône certes la tolérance, mais se demande régulièrement si ce n’est pas lui qui se trouve sur la voie de l’erreur.

Son souhait pour Lucy est loin de la faire changer, donc. Il veut simplement renouer le contact avec elle, retrouver leur fragile complicité d’enfants et pouvoir échanger leurs vues sur l’actualité sans que cela ne tourne au pugilat. Son regard se voile un peu alors qu’il se laisse emporter dans de lointains souvenirs où leur famille certes entièrement composée et peu scellée par l’amour pur vivait encore des jours heureux. Tout a basculé avec la levée du Secret. Même avec toute la ferveur du monde, il ne peut pas reprocher à sa petite sœur de se sentir amère.

Le Gryffondor s’arrache à son passé quand Rachel reprend la parole pour répondre à la question sur sa famille. Il reste silencieux tout en jouant avec son verre de citrouille, le regard posé avec attention sur sa camarade. Elle a beaucoup de chance, et il est rassuré de voir qu’elle en a conscience. Beaucoup d’autres élèves considèrent la tolérance et le bon fonctionnement d’une famille comme un état naturel, sans réaliser que c’est loin d’être aussi simple. Les familles pures doivent faire face au manque d’amour et au poids des traditions, les parents sang-mêlés sont écartelés entre deux mondes, parfois même vu comme des traîtres par chacune des deux factions et n’appartenant plus nulle part… Les familles de nés-moldus voient leur monde s’effondrer avec l’arrivée de l’enfant sorcier, parfois vu comme un prodige éteignant sa fratrie, parfois perçu comme un monstre, une erreur de la nature et rejeté par, voire caché à, ses pairs.

“Oui tu as beaucoup de chance, c’est rarement aussi simple. Les biais sociaux sont très présents chez beaucoup, et il est toujours plus facile d’accuser les autres, les inconnus, plutôt que se demander ce qu’on a pu faire de mal et comment on pourrait réagir autrement.”

Néanmoins, Rachel n’est pas non plus épargnée. La branche paternelle semble les rejeter juste à cause d’une différence qu’ils possèdent de naissance et qu’ils n’ont absolument pas choisis. Ça doit être à la fois un drame et une profonde frustration de se voir reprocher quelque chose sur lequel on n’a absolument aucun pouvoir. Un sorcier ne peut simplement pas devenir moldu, peu importe avec quelle force il le souhaite.

“J’ai l’impression que c’est le manque de connaissance des uns et des autres qui rend cette situation si délicate. C’est un peu tard maintenant, mais je regrette de ne pas avoir choisi le cours d’Etudes des Moldus en troisième année. Je n’ai jamais vécu comme eux, je ne sais rien d’eux… Alors je m’imagine simplement qu’ils ne peuvent pas nous vouloir du mal juste parce que nous sommes des sorciers. Nous n’avons jamais essayé de leur causer du tort auparavant non plus, mais maintenant, certains sorciers veulent les attaquer par peur de ce qu’ils ont de différent. Je suppose que cette vérité se reflète dans les deux communautés.”

L’adolescent se sentait complètement perdu, en réalité. Plus il essayait de se convaincre qu’un avis positif ne pouvait que les mener à un mieux, plus il trouvait de raisons d’être pessimiste quant au futur.