Give Love a Bad Name (PV Alycia)

30/09/2015

Un regard à sa montre. Il avait vingt minutes pour se rendre jusqu'à l'extérieur de l'enceinte d'Haveirson pour transplanter jusqu'à l'extérieur de Poudlard, et se rendre à Pré-au-Lard, à la Cabane Hurlante. Un regard par la fenêtre, la nuit n'était pas encore tombée, parfait.

Anton enfila son gros manteau d'hiver et sortit de sa chambre en claquant la porte derrière lui. Même s'il n'était pas encore très tard dans la journée, il faisait nuit noire d'ici une petite heure, ce qui était parfait pour ce qu'il avait prévu en cette fin de journée. Il dévalait les marches en repensant à ce qu'il était en train de faire et ne pû s'empêcher d'émettre des doutes. Il savait pertinemment qu'en allant là-bas, en la revoyant, il mettrait de l'eau à son moulin. Car Alycia McWood, jeune élève de Serpentard, avait, lui semblait-il, commencer un processus d'obsession sur sa personne. Et l'élève des Abraxans ne savait plus s'il devait être flatter ou effrayer de l'ampleur que pouvait prendre la chose.

La porte d'entrée. L'étudiant sortie sa baguette. Après tout, il ne faisait rien de mal. Il allait voir une fille, de 2 ou 3 ans sa cadette, pour discuter de ce qui s'était passé lors du Bal de la Saint Valentin. Car rien de mieux qu'un évènement basé sur l'amour pour briser et métamorphoser tous les liens entre tout le monde. Il avait repensé à sa réaction plus d'une fois. La voir ainsi le repousser, en quelque sorte, lui avait bizarrement déplu. Il lui avait donc écrit une lettre, hier soir en rentrant de la soirée, pour lui demander de le rejoindre devant la Cabane. Pour avoir une conversation sérieuse avec elle. Si elle en était capable...Car aussi sérieuse pouvait-elle être, elle n'en était pas moins volatile et changeante.

La barrière d'Haveirson. Il la franchit et remua sa baguette. Il arriva devant la pancarte de Pré-au-Lard, où encore beaucoup de gens circulaient, malgré le contexte actuel. Ses pas le guidèrent ensuite à l'opposé des commerces du village, où il s'était rendu de nombreuses fois en tant qu'élève de Poudlard. Il n'y était pas venu depuis un moment, mais rien n'avait changé. Il prit un virage devant le panneaux indiquant la vieille maison et descendit le chemine enneigé jusqu'au point de rendez-vous.

Personne. Un nouveau regard à sa montre. Il était pile à l'heure. Elle, ne devrait pas tarder.

21/11/2015

Je flâne dans ma chambre, couchée sur mon lit pendant que j'écris quelques notes sur un bouquin poussiéreux traitant des animaux magiques. Je balance mon pied, signe de nervosité. Harmony avait quitté le dortoir et j'étais toute seule. Je me redresse en faisant glisser mon bouquin sur mes jambes avant de réfléchir un moment. Est-ce qu'Anton savait pour la lettre qu'elle avait envoyé plutôt ? Serait-ce pour cette raison qu'il avait murmuré mon prénom au bal devant Drago... Drago... Il faisait la tête depuis, et j'avoue n'avoir fait aucun effort pour aller le trouver. Je devrai sans doute le faire. Mais aujourd'hui, je glousse en repensant à ce chuchotement, malgré ma colère, ça restait une victoire pour moi.
Mais le pire, ce fut cette lettre, sciemment apportée où revêtait l'écriture masculine de mon Anton. Un rendez-vous ! J'avais passé des heures l'après-midi pour trouver quoi porter. Tout est si sévère chez moi. Alors j'ai du opté pour une jupe noire et une chemise blanche avec un cardigan bordeaux. Je suis tellement sage. Je ressemble à McGonagall, ça fait peur.
Le cœur battant, je ne sais plus si je dois vraiment y aller... Que vais-je bien pouvoir lui dire ? Et s'il me faisait venir pour me demander d'arrêter de lui adresser la parole ou pire me demander de l'oublier... Non, je ne suis pas lâche, je suis tout mais pas lâche. Je ferme mon livre que je pose avec précaution sur la table de nuit, retirant le crayon de ma bouche que je pose sur la couverture du livre.
Je vois qu'il fait presque déjà sombre, et je regarde l'heure. La nuit tombait vite en Grande-Bretagne et il n'est que... quinze heure quarante. Oh. Je me suis laissée emporter par mon livre, je n'ai que vingt minutes pour le rejoindre. Je sautille dans tous les sens, ça ne me ressemble tellement pas. Je vérifie que mon collant noir n'est pas filé et je mets mes bottines bordeaux – rajoutant une touche de modernité – et mon manteau noir agrémenté de mes jolis moufles couleur crème. Je mets l'écharpe de ma maison parce que je suis fière et sort.

Je passe dans la salle commune où des élèves étudient, d'autres papotent. Et à mon bon plaisir, tout le monde m'ignore. Tant mieux.
Je passe la porte avant de courir dans les cachots jusqu'à remonter les escaliers jusqu'au hall. Je passe la grande porte en croisant d'autres étudiants qui eux rentrent.
Je me mets à courir, il doit attendre depuis quelques minutes maintenant. Les livres me tueront. Oui oui. Un jour, j'oublierai ce qu'est la réalité, continuant de m'enfuir dans l'encre de mes livres.
J'arrive enfin devant le portail de Poudlard et je prends une carriole pour aller jusqu'à Pré-au-Lard. L'ambiance est hivernal, il fait vraiment froid. Le trajet est rapide, une fois arrivée, je cours tout le long du village jusqu'à la cabane hurlante.

Et je cherche Anton, quelque part. Le cœur battant et le ventre noué. J'ai peur, Merlin, que j'ai peur.
Quand je le vois enfin, j'arrête ma course et mes joues, dont la brise légère de ma course avait rendues celles-ci froides, s'empourprèrent. Merci qu'il faisait froid et que la luminosité était moindre. Ça avait quelque chose de mystérieux, d'hypnotique... D'attirant.
J'avance doucement jusqu'à arriver près de lui.
Il est encore plus beau qu'hier.

« Bonsoir, Anton. »

J'essaie d'être joviale, nonchalante, chassant ce stress qui me ronge depuis le début de la journée. J'essaie de capter son regard, de m'y noyer longtemps, et comme je le sentais, le temps s'arrête enfin pour que je puisse l'avoir rien que pour moi.

« Que me vaut cette honneur ? »

Dit avec sincérité.

30/09/2015

Quelques bruit de pas dans la neige fraîche lui indiquèrent qu'il n'était plus seul. Il se retourna et vit, un peu soulagé, que c'était bien Alycia qui arrivait au loin, d'un pas pressé. La Cabane émettait son bruit habituel et, dans la pénombre naissante, beaucoup d'autres curieux rebroussèrent chemin. Il avait choisit son horaire à la perfection. Personne ne viendrait les importuner ici, à cette heure.

Il se retourna complètement pour faire face à la Serpentarde qui arrivait, légèrement essoufflée et les joues rosies par le froid. Un léger sourire vint se dessiner sur son visage gelé. Cette fois-ci elle s'était couverte convenablement, pensa l'Abraxan en la détaillant brièvement du regard. Elle ne faisait pas ses 15 ans, ce qui l'avait naturellement choqué lorsqu'il avait appris son âge. 15 ans... Il soupira mentalement alors qu'elle le saluait. Il nota une pointe de froideur dans sa voix qui se voulait, lu paraissait-il détachée.

- Salut Alycia...

la dernière fois qu'il avait prononcé son nom, c'était hier soir, au bal, provoquant le mécontentement de Drago Malfoy. Il fallait croire que la jeune femme était quelqu'un de prisée puisqu'il avait eu l'occasion de remarquer le regard de plusieurs garçons de son école posé sur lui d'un air... menaçant ? jaloux ? En y repensant, il avait d'ailleurs beaucoup sourit. Comme ci c'est petit gringalets avaient une quelconque chance de l'intimider. Le batteur de Gryffondor par exemple, avait fortement froncé des sourcils en sa direction, pour, au final, se couvrir de ridicule. Tu parles d'une concurrence.

Enfin, si l'on pouvait qualifier Anton de concurrent... Il n'était toujours pas sur de vouloir quoi que ce soit avoir à faire avec Alycia, qui le regardait toujours de cet air étrange, mêlant froideur et douceur dans un savant mélange.

- Je voulais juste qu'on discute.

Son ton était doux, mais sa phrase percutante. Elle annonçait la soirée. Il ne voulait pas qu'elle s'attende à quoi que ce soit. Lui-même n'avait rien décidé, mais il savait qu'il avait leur relation plus ou moins entre ses mains. La lettre "anonyme", dont il s'abstiendrait de faire mention pour éviter plus de gêne qu'il risquait d'y avoir entre eux, était éloquente quant à ses pensées envers Anton. Celui-ci enfonça ses mains dans ses poches et continua.

- A propos de tout ce qui s'est passé ces derniers jours...

Inclus leur rencontre, la lettre (si elle le souhaitait) et le Bal.

21/11/2015

Le frisson qui me parcourt le dos me donne la chair de poule. Entendre mon prénom de sa bouche me donne l'impression d'être unique. C'est sûrement faux, qu'une impression idiote mais c'est un sentiment si terrible qu'il m'avale de toute sa splendeur. Je suis si heureuse de le retrouver ce soir même si son sourire est toujours recherché par les autorités, ça ne le rend que plus désirable. Ô que j'aimerais qu'il ne soit qu'à moi... Cet être que je ne connais pas, celui dont j'ignore la vie... Celui qui ne m'attire que par son physique imposant et sa voix suave à en attirer les folles comme moi. Sommes-nous plusieurs ? Ne suis-je pas la seule ?
Cette pensée soudaine me vrille l'estomac, et s'il avait une copine et qu'il venait à me dire qu'il est désolé mais qu'une femme est déjà dans sa vie. Je dis bien « femme » car il n'y a pas photo, malgré ma maturité aussi bien mental que physique, je n'ai que quinze ans.
« Qu'on discute », mon cœur me somme de fuir pour ne pas entendre les aveux, les mots durs... Ils seront durs, n'est-ce pas ?

Je hausse seulement un sourcil pour feindre la surprise, sans sourire, tentant de garder tant bien que mal mon masque de froideur. Ces derniers jours... Il y a eu quoi ces derniers jours... Le bal, ça oui. Sûrement ma lettre... Et s'il venait me dire que ma lettre était mal écrite... J'avais écrit sous l'émotion sans même chercher dans mes livres une quelconque inspiration littéraire. J'aimerais m'excuser mais je suis pétrifiée. Je pose mes yeux verts glacés sur son visage, notamment je fixe sa mâchoire. J'ai le vertige mais il faut bien briser ce silence pesant.

« D'accord, qu'avons-nous à dire pour dissiper des doutes ou répondre à des questions? »

Merlin, je suis bonne comédienne. Ma voix ne tremble pas, ma phrase est limpide, dite avec cérémonie, peut-être un peu trop conventionnelle pour paraître légère. Mais qu'importe, j'ai réussi à articuler, à dire ce que je voulais.
Je ne sais pas quel sujet exactement il souhaite aborder. Mais tout ce que je demande, c'est que mes souffrances soient vite abrégées. S'il devait faire comme Drago et m'envoyer pètre après tout le chemin que j'aurais fait pour venir jusqu'à lui. La soirée était restée dans ma mémoire comme étant la soirée la plus détestable que j'ais jamais vécu malgré les quelques bons moments. Anton et moi avons délibérément feint l'indifférence, et cela m'avait fait mal. Je le sais pourtant qu'il ne viendra jamais à moi... C'est ce que je croyais, mais la lettre de ce matin à changer mon opinion de lui.
Je me tourne vers la cabane hurlante, sinistre, hautaine et pleine de mystère. C'était un peu un coup du destin de venir ici, le mystère d'Anton et ma façon hautaine de vivre... Ainsi que le sinistre de notre relation que je voulais voir vivre et qu'il semblait vouloir étouffer dans l’œuf.

« Tu sais qu'elle est de moi, n'est-ce pas ? »

Autant aller dans le vif du sujet, je suis bien plus bavarde qu'il ne l'était. Et ça m'enlèverait un poids de mes épaules, entrer les pieds dans le plat plutôt que de tourner autour en espérant de pouvoir reculer l'attaque proéminente.

30/09/2015

Elle restait là, stoïque, tel un bonhomme de neige aux yeux verts gelés. Anton était étonné de voir à quel point la jeune femme était capable de prendre sur elle. Il avait beau éprouvé généralement de l'antipathie pour les gens, il se doutait qu'une jeune fille comme la Serpentard devait éprouver un panel d'émotions contradictoires en cet instant. Cependant, elle gardait cette allure fière et intouchable. Il aurait cru se voir à un certain moment de sa jeunesse, lorsqu'il avait appris à ne se soucier que peu de ce que les autres pouvaient bien penser de lui. Mais aujourd'hui, elle devait faire face à ses paroles à lui.

Paroles qu'il essayait de doser. Le but n'était pas de la faire fuir. Il voulait en savoir un peu plus sur celle qui avait reçu la flèche de cupidon, pour lui. Il pouvait paraître prétentieux de penser cela, mais il lui semblait qu'il était dans le vrai. Ses pupilles fuyante trahissaient une émotion certaine lorsqu'il était présent. Anton l'avait remarqué hier, et il le voyait encore ce soir.
Mais à nouveau, lorsqu'elle brisa le silence, sa voix était ferme, presque dure. Un peu trop. Il s'avança un peu plus d'elle, la distance était presque ridicule dans un tel endroit. Pas trop proche, il ne voulait pas véhiculer le mauvais message. Mais pas trop loin, ils n'étaient pas atteint d'une maladie contagieuse... Son cerveau analysa sa question. Maligne. Elle esquivait habilement, l'air innocent.

- Qu'est-ce que tu attends de moi Alycia ?

A peine avait-il prononcé ces mots, qu'il s'aperçu du ton sur lequel il les avait dit. Tout ce qu'il avait voulu éviter. Il les avait presque soupiré, d'un ton impatient et manquant d'amabilité. Il tenta de rattraper cela avec un sourire adoucit à sa destination. Sous la lumière tamisée du lampadaire elle était jolie, fière et timide, froide mais douce. Une antagoniste constante. Et lorsqu'elle perdit son regard dans le lointain pour lui poser une nouvelle question, il fut attristé par la réaction qu'il vit parcourir les traits de son visage. Un petit animal abandonné, dont personne n'aurait voulu.

Il réprima l'envie de se rapprocher un peu plus d'elle et rajusta sa veste sur son dos, regardant au loin les toits de Pré-au-Lard blanchit par la neige, tels de petits points bientôt invisible au loin.

- Oui...

Souffla t-il sans savoir quoi ajouté. Certes il était flatté. Mais les mots qu'elle avait employé le mettait mal à l'aise. Il se souvenait des mots utilisés. Ils étaient ceux d'une adolescente emprunte d'obsession. Et il ne savait pas s'il voulait en être une. Ce rôle n'était pas celui qui lui convenait. Même s'il ne savait plus ce qu'il convenait d'être avec Alycia.

21/11/2015

Le ton exaspéré d'Anton me donne envie de m'enterrer dans la neige, de m'en recouvrir jusqu'à disparaître sous elle et la fraîcheur de ses flocons entassés pour étouffer les bruits. Cela étoufferait mes gémissements. Mais je ne bouge pas, je ne fais rien même. Je continue de fixer la cabane hurlante, ignorant sa question, cherchant moi-même la bonne réponse pour ne pas paraître stupide. Que faire dans une telle situation, j'avais voulu être direct, mais je ne m'attendais pas à ce que ce soit moi qui aies à répondre de mes envies. J'avais envie d'être avec lui, crier au monde : « Hé, mon petit-ami est à Haveirson, ancien Serpentard étudiant en médicomagie. » Quelle belle leçon d'humilité. Mais je ne pouvais qu'être fière, je me vois me pavaner, le sourire aux lèvres rejetant l'amour des autres, ne me concentrant que sur lui et me servant des autres... Ce que je pouvais être mauvaise.

Quand il s'approche, je tourne lentement la tête vers lui, pour le regarder, et je perds un peu mes moyens. J'aimerais tellement réduire cette distance, poser ma tête sur ce torse et écouter son cœur battre... Battre pour moi. C'est absolument fantastique la façon qu'il a d’obnubiler mes pensées. Je ne réagis pas normalement, je devrais vouloir m'en servir et non le désirer au point de réagir bêtement. Je tends doucement ma main vers lui quand il me souffle ce « Oui... ». Je laisse retomber ma main et je le regarde, les yeux grands ouverts, le bouche entrouverte... Je pâlis. Je pince les lèvres avant de me racler la gorge comme pour me ramener dans la réalité.
Si je suis mon protocole social normal, je dois lui demander ce qu'il en pense, mais quand j'y repense moi-même, je me rends compte que je lui ai dit des mots si forts... Je l'ai même appelé obsession personnelle. Mais quelle gourde !
Alors on va tenter d'être mature, de réagir sans bafouiller.

« Bien, et qu'en as-tu pensé ? »

Bien, cette première question est parfaite, comme ça on peut enchaîner sur la seconde. On souffle pour reprendre du courage, allons. Puis je me rends compte que mes réactions sont contradictoires. Pourquoi avais-je été m'énerver contre Anton, hier, si je pense ça de lui? Était-ce parce que je ne pouvais sciemment pas déverser ma colère contre le Prince de Serpentard? Alors il a été mon bouc émissaire. Je suis profondément imbécile. Mais soit. De toute façon, Drago m'en voulait, je n'étais pas prête encore à pardonner sa méchanceté à mon encontre. Et pour le moment c'est Anton qui est en face de moi.

« Je ne te pense pas assez idiot pour ignorer ce que je souhaite à ton sujet. N'est-ce pas que tu le sais, ça aussi ? Sinon, je ne serai pas ici pour en parler. Plutôt que de me demander ce qui est évident, pourquoi ne pas me dire ce que, toi, mystérieux Anton, tu veux pour moi ? »

Wah. Ce ton est trop sûr, j'ai l'air d'être une vieille sorcière ayant tout vécu. C'est affreux cette voix pincée que j'ai quand je retourne les situations pour les mettre à mon avantage. On dirait vraiment cette vieille dame qu'est Madame Pomfresh. Mais il ne faut rien laisser paraître, c'est tout à fait normal. Il faut qu'il voit que je suis sûre de moi pour éviter qu'il ne s'engouffre dans la faille.
Je ne l'approche pas plus, comme le criait mon cœur, c'est comme un animal sauvage, il faut le laisser venir avant de pouvoir l'aborder. J'agirai selon ses réponses. Je le toucherai quand son contact me manquera au point que je me sentirai mourir, ce n'est pas loin d'arriver.

30/09/2015

Il enfonça ses mains dans ses poches. Il était heureux d'avoir revêtu le manteau le plus chaud qu'il avait en sa possession puisque, le crépuscule avançant, le froid et l'humidité lui traversait le corps, le faisant légèrement frissonner. S'ils restaient ici, sans bouger plus longtemps, ils allaient givrer sur place. Mais leur point de rencontre n'offrait pas énormément d'opportunités pour s'abriter du froid encore bien présent ce soir. Il jeta un coup d'oeil à la Cabane Hurlante qui gémissait sous les acoups du vent et dont le toit pliait chaque hiver sous le poids de la neige. Il se tourna à nouveau vers Alycia, qui lui avait habilement retourné sa question.

Cette fille avait une capacité hors-normes pour se sortir du pétrin dans lequel elle s'était elle même fourrée. Il y a plusieurs jours de cela, Anton ne savait même pas qu'elle existait. ET aujourd'hui, en cette soirée de février, il ne savais même pas pourquoi il ne l'avait pas encore envoyé bouler. Elle avait cette aptitude pour l'intriguer. Le déstabiliser. Le désarçonner.

Il n'était pas dans ses habitudes de discuter de cette façon. Il préférait passer outre la pénibilité des sujets qui fâchent, autant que possible, tout en évitant soigneusement de parler de soi. Ici, il se sentait presque obliger de s'ouvrir à Alycia. Mais il en était hors de question. La jeune femme d'à peine trois ans sa cadette ne ferait pas céder Anton. Pas lui. Pas elle.

- J'étais... étonné.

C'était le mot. En lisant la lettre envoyée par la Serpentard le matin au petit déjeuner, il avait failli s'étouffer avec son toast. Il avait d'abord pensé à une farce - mais il n'allait surement pas lui dire cela - et avait, par la suite, compris. Il avait compris que la belle jeune fille qu'il avait raccompagné voyait en lui un potentiel. Potentiel pour une obsession, tant qu'elle en pouvait pas obtenir autre chose de lui. Il avait enfoui la lettre dans sa poche et ne l'avait relu que le soir, à tête reposée, pour essayer d'en faire sens. En vain. Voilà pourquoi il avait voulu voir Alycia. Il voulait comprendre la raison pour laquelle il obsédait une fille dont la vie paraissait pourtant bien remplie.

Il remarqua son geste, abandonné en chemin et... Et quoi ? Quoi Anton ? Du regret ? De la déception ? L'étudiant grogna intérieurement. Il s'en voulait d'éprouver ce genre de chose alors que la raison voulait qu'il ignore une cinquième année. Elle devait rester sans intérêt pour lui. Elle l'interrogea sur ce que lui voulait d'elle.

- Oui je l'imagine... Mais...

Il soupira, son souffle dessinant de fines volutes de fumée devant sa bouche pincée par l'exaspération. Il était déçu de lui-même. De s'être fourré dans cette situation compliquée. il aurait du ne jamais répondre. Ignorer tout cela. Et elle l'aurait oubliée avant de passer à autre chose, comme toutes les filles de son âge. Mais il avait répondu...

- J'aimerais que ce soit plus simple. Crois-moi. Malheureusement je pense que tout ça est une mauvaise idée. Et je pense aussi que tu as pleins de prétendant qui n'attendent que toi...

Il le savait. Il n'aimait pas ça. Mais ce serait mieux ainsi. Pour tous les deux. Mais il n'aimait pas ça. Et il se détesta d'autant plus pour cela. Il expira lentement, laissant son rythme cardiaque redescendre discrètement au fil d'un nouveau nuage de buée, provoqué par son souffle chaud, et son sale caractère.

21/11/2015

Je crois que je ne respire plus, mon visage devient pâle, aussi blanc que pouvait l'être la neige sous mes pieds. C'est difficile d'essuyer refus sur refus. Il était encore plus difficile que ce soit de lui que j'ai à regretter ce choix. Mais quand je pose mes yeux dans ses prunelles foncées, je me rappelle pourquoi je fais tout ça, et pourquoi je me donnais tant de mal. Je ne fais pas ça pour rien, si je le fais, c'est parce que je le désire. C'est mon obsession, c'est mon vouloir. Ce qu'il disait était lâche, « j'aimerais que ce soit plus simple. Crois moi. » ou encore « je pense que. » avec le parfait « je pense aussi que »... Prétendants.
Je suis railleuse, j'ai envie d'éclater de rire... Ce rire sinistre qui lui donnerait des frissons, presque peur. Mais je résiste à ma folie, je ne dis rien. Je ne fais que le regarder en penchant la tête sur le côté comme j'ai l'habitude de le faire quand je réfléchis. Était-il nul en guise de sournoiserie ? Il n'arriverait pas à me faire porter le chapeau de cette histoire. Je pourrais partir sans dire un mot, regrettant d'être venue jusqu'ici. Mais on ne fait pas bouger une dame simplement pour lui dire qu'on ne sait pas si c'est une bonne idée ou qu'on pense que c'est pas terrible comme idée... Ou pire, la lâcheté de laisser d'autres hommes toucher ce qui veut vous appartenir.

Je fronce légèrement les sourcils quand je le regarde, moi même, je fais de la fumée mais parce que j'ai du mal à garder mon calme. Ma respiration est trop rapide, mon cœur bat sous la souffrance et la déception. Pourtant j'avance d'un pas pour briser cet espace poli. Je lève la tête pour le regarder, il est vraiment géant. Je pose ma main sur son torse en tentant d'écouter. La couche de vêtement est trop épaisse alors je colle mon oreille. C'est bien ce que je pensais. Je me décolle de lui à regret laissant ma main sur son habit chaud. Je penche à nouveau la tête sur le côté. Je cherche mes mots. Lui faire comprendre que ses hésitations ne sont pas les miennes.

« Et bien, moi, je pense que c'est une bonne idée. Quant à ta pensée pour mes « prétendants », sache que je n'en ai cure. »

Merlin, le cœur me tambourine la poitrine, j'ai l'impression qu'il va en sortir et se promener dans la neige pour fuir mes émotions trop grandes. Je respire comme je peux et tente de dire le fond de ma pensée sans trembler, utilisant son torse comme soutien.

« Je te veux, toi. Personne d'autre. Je pense que ma lettre est assez claire pour le comprendre. »

Wah, je me donnerais la médaille du courage. Réussir à dire cela à mes quinze ans, à mon aîné avec autant d'assurance et sans trembler. Exploit ! Même si mon corps ne me trahit pas, mes yeux s'humidifient doucement sous la pression, j'avoue avoir très peur de dire tout ce que je peux porter sur le cœur. Que ferait-il si je me mettais sur la pointe des pieds pour poser doucement mes lèvres sur les siennes... Il reculerait n'est-ce pas ?
Alors tentons. Sur la pointe des pieds, je pose mes lèvres sur les siennes. Ne serait-ce que dans un élan désespéré mais je me retire aussi vite. Ce n'était qu'un effleurement, une promesse au vu de ce que je lui raconte. Ça y est, je recommence à faire n'importe quoi.
N'oublie pas Drago, Alycia. Non, c'est trop tard. Je le veux, lui. Je jouerai mon rôle auprès de Drago, je lui servirai de ce qu'il veut... Mais je veux Anton.
Je tremble enfin, mes émotions prenant le contrôle de mon corps. Je dois lutter.

« Je... Je suis désolée. »

Non, je bafouille, je suis minable. Je tremble même au niveau de ma voix, mais quelle empotée. Je touche ma lèvre avec délicatesse, de peur d'enlever ce que j'ai volé à Anton.

30/09/2015

Il la vit passer par un panel élargis d'émotions. Visiblement, ce qu'il lui a dit semble la déstabiliser, car c'est à présent dans une pâleur flagrante qu'elle se tient devant lui. Immobile. Le regard fixe. Lui aussi déstabilisant. Mais ça ne dure pas longtemps. Il remarque, au fur et à mesure qu'elle expulse ces mots qui semblent lui bruler la gorge, que sa respiration s'accélère. La bouffées d'air chaud consomment de plus en plus la froideur de l'air, ne laissant derrière elle qu'un nuage blanc, séparant leurs deux corps éprouvés.

Elle n'en avait cure ? Il baissa les yeux. A moitié amusé, à moitié déçu. Il s'était attendu à ce genre de réaction. De la fierté. Il pouvait à présent imaginer de ce que cela faisait d'avoir une discussion avec lui-même. Avec quelqu'un de borner et de fier. Il baissa à nouveau les pieds sur la pointe de ses chaussures, noircies par l'humidité que provoquait la neige, fondant sur une matière plus chaude qu'elle. Il releva la tête au moment où Alycia spécifia qu'elle avait été claire. Lui, personne d'autre. Mais c'était impossible.

Et puis, il la vit se hisser vers lui et venir effleurer ses lèvres froides. Du moins, il aurait voulu qu'elles le soient. Pour rendre ce moment assez désagréable pour elle pour qu'elle n'ait pas envie de recommencer. Instinctivement, lorsqu'elle finit son geste, Anton recule. La distance pour faire comprendre.

- Qu'est-ce qui te prends ?

Sa voix n'était pas dure ou en colère. Elle était comme suppliante. Presque cassée par la rancune qui commençait à naître chez lui. Il lui avait clairement demandé, justement, de ne pas faire ce genre de chose. Il savait qu'en aucun cas, les deux jeunes gens n'en sortiraient positivement. L'Abraxan avait à présent l'impression que ses épaules pesaient trois tonnes, tout comme ses jambes, et le reste de son corps. Un corps perdu dans la froideur de la neige et de la pénombre.

Les sourcils froncés il se tourna à nouveau vers la jeune femme. Un air sérieux sur le visage, ses mots n'allaient pas être des plus agréables, mais il fallait qu'elle les entende. Qu'elle les comprenne. Qu'elle sorte de sa vie. Qu'elle cesse de le tenter ainsi. Car il le savait, il cèderait... Il tomberait dans la faiblesse. Non.

- Il ne se passera rien entre nous. Pas maintenant, pas plus tard. Rien.

Les dents serrés, il fixait les pupilles vertes de la Serpentard qui se tenait devant lui, tremblante de son geste, du courage qu'il avait dû lui falloir pour accomplir son méfait.

- Désolé.

Sa voix brisa une nouvelle fois le silence. Il se détestait de faire de la peine de la sorte à une si jolie jeune femme. Mais il avait beau ne pas aimer cette tristesse chez elle, il se devait de maintenir une attitude distante et froide. Sinon il enverrait le mauvais message, et il tomberaient tous les deux dans le précipice d'une histoire sans débouché possible.

21/11/2015

Il ne me connaît vraiment pas. Il me fait du mal, mon cœur explose même. Si j'écoutais mes émotions, croyez-moi que je m'écroulerais sur le sol en pleurs, mais il me prendrait en pitié, et je le refuse. Je veux qu'il garde en mémoire que cette gamine de quinze ans est d'une fierté digne d'une grande Dame. Qu'elle est désirable, qu'il a fait l'erreur de me courroucer, de me rejeter.
Oh oui, tu veux me rejeter, monsieur ? Ne sais-tu pas qui tu as en face de toi ?
La tristesse cède la place à la colère. Oui, mais pas une colère dirigée vers Anton lui-même, ni envers ces mots cruels qui creusent mon cœur de rancœur, non, je lui en veux d'être lâche. Ne voit-il pas dans ses yeux qu'il s'y passe tout autre chose ? Ne croit-il pas que j'ignore comment il me regarde ?
Je l'exaspère, ça je le conçois. J'exaspère tout le monde. Il n'y a que moi que je n'exaspère pas, mais parce que je m'aime plus que je n'aimerai personne. Et que Merlin en soit témoin, je ne saurai donner raison aux autres.

Je tremble toujours, plus doucement. Je le regarde sans ciller, le regard hautain rempli de mépris et de froideur. Je me rapproche encore pour briser à nouveau cet espace devenu quasi-interdit. Et je parle tout bas, le plus bas que je peux, la pupille mauvaise.

« Tu sembles vouloir t'en persuader. On dirait que tu parles à toi et non à moi. »

Je souris en coin, il a beau s'excuser. J'ai vraiment l'impression qu'il se parle à lui-même, qu'il tente de s'en persuader, de s'avouer vaincu avant même d'avoir commencer la bataille. Je le regarde toujours, oubliant quelque peu mon environnement, ignorant les cris de la cabane. Non, tout se passe dans cette connexion entre lui et moi. Je ne la briserai plus, il doit comprendre, lui, que je ne lâcherai rien. Que ce soit aujourd'hui une bataille perdue, je retournerai à la guerre demain.

« Pourquoi m'avoir faite venir ici si tu ne veux rien entre nous ? Pourquoi ne pas avoir simplement ignoré la lettre anonyme ? Est-ce vraiment et purement, en toute bonne foi, pour me dire d'arrêter de rêver sur le magnifique Anton ? »

Tout l'ironie dans ma voix donne l'impression que je deviens folle. Comme cette Lestrange dont le rire sinistre et les paroles étranges m'avaient toujours marquée. Mais je me concentre sur Anton. Il suffit de me prendre pour une gourde. Je ne suis pas seulement fière, je suis persévérante, et j'ai une excellente analyse. Et je vois chez Anton qu'il s'efforce à me rejeter, qu'il ne s'écoute pas.
J'enlève ma moufle gauche que j'enfonce dans ma poche de manteau, et du bout de mes doigts qui se refroidissent vite, je touche ce visage.
Je veux qu'il m’appartienne.

« Pourquoi tu résistes ? »

Et hop ! On recommence.
Je pose cette fois mes lèvres avec plus de force, laissant ma passion prendre le dessus sur ma rancœur. Je le veux, c'est indéniable, qu'il me rejette, qu'il me pousse... Je n'en serai que plus attirée. Il est à moi.

30/09/2015

Pour la première fois depuis des années, Anton fut réellement déstabilisé. La manière dont Alycia le renvoyait perpétuellement dans ses buts avait le don de lui faire perdre pied. Pour le coup, c'était bien elle qui avait la conversation en main. Et elle aurait pu lui mettre une baffe, que ses derniers mots n'auraient pas eu plus d'impact.
Peut-être qu'elle avait raison, peut-être ne se laissait-il pas aller a désirer ce qu'il avait en face de lui. Une jeune femme prête à l'aimer entièrement, complètement. Mais c'était là que le bas blesse. Elle ne le connaissait pas. Elle ne voyait que la jolie façade de la maison, sans savoir qu'à l'intérieur s'y cachent peut-être fantômes et autres monstres dissimulés dans la pénombre. Elle ne sait pas dans quoi elle s'engage. Mais il semble que ce soit déjà trop tard pour faire marche arrière.

- Arrêtes ça...

Un souffle. Les sourcils toujours froncés, le regard perdu. Anton Costello perd toute contenance devant une fille, que disait-il, une fillette de 15 ans. Elle est tenace certes, mais depuis quand cela à déjà empêcher l'étudiant de gagner un bras d fer de volonté. Excepté qu'il n'est peut-être plus sur de vouloir jouer. Il soupire à nouveau, devant la complexité de la situation. Certes, il lui avait demandé de le rejoindre ici, dans un endroit reculé, pour discuter de tout ça, dans le but que son admiratrice comprenne les choses. Il avait choisit d'être un minimum sensible pour une fois, mais encore cela lui jouait de sales tours. A croire qu'il vivait mieux dans son carcan d'apathie, d'indolence...

Il traversa son regard de ses pupilles noir. Elle le défiait à nouveau. Comme l'aurait défié une jeune femme de son âge à lui. Dans sa tête résonnaient sa conscience qui fut, malgré lui, renversé par le coeur.

Lorsque son visage vint se coller au sien, il n'en fut pas surpris, il s'était attendu à cette riposte de sa part. Il se sentit poser ses mains sur ses hanches pour la supporter et, à nouveau contre ce qu'il avait décidé de faire, ne recula pas. Il sentait les doigts d'Alycia posés contre sa joue. Le froid contre le froid. Lui avec elle.
D'un geste délicat, il repoussa délicatement la Serpentard vers le sol, mettant fin à leur étreinte inattendue dans son dénouement, tardant à se détacher d'elle. Puis à nouveau, comme une lente valse qu'ils partageaient, il recula d'un pas, remettant les mains dans ses poches, fermant à nouveau son visage.

- Je suis désolé, mais ça ne se reproduira pas...

Oui, cette fois-ci, il se devait de l'admettre, il parlait autant pour elle que pour lui-même. C'était une erreur. Tout. Leur rencontre, son intervention au Bal, ce rendez-vous. Ce rendez-vous qui était sensé éclaircir les choses, n'avait fait qu'embrumer l'esprit d'Anton, si ce n'était l'assombrir. Il faisait une erreur, le savait pertinemment, mais ne pouvait faire demi-tour. Pourtant il devait s'y obliger. Il fit un nouveau pas en arrière, pour marquer sa volonté de se détacher d'elle. S'y obliger. Son ton cassant et ses habitudes d'homme fier et distant reprirent doucement le dessus, le drapant à nouveau d'un je-m'en-foutisme contrôlé.

- Rentre chez toi Alycia. Tu dois avoir des devoirs à faire.

21/11/2015

Ah. Je le pique, ça y est. Il comprend que le problème ne vient pas de moi mais de lui. Je sais que je suis attirante, j'ai mes atouts, j'ai beau avoir quinze ans, je ne suis pas si jeune que ça. Oh oui, tu peux avoir toutes les femmes que tu veux, mais aucune ne m'égalera jamais que ce soit maintenant ou dans des années. Personne ne prendra ma place.
Aussi je suis surprise de le voir perdre ses moyens, agréablement surprise. J'arrive à lui faire abaisser les quelques barrières qui se dressent entre nous. Il a beau avoir l'air d'être sur la défensive, je vois dans ses pupilles foncées que le désir est tout enfoui. Je ne comprends pas pourquoi cette barrière est plus inflexible que les autres. Il est plus difficile à atteindre que je n'aurais pu le croire, aussi c'est difficile de percevoir ce qu'il pense. Mais comme il ne répond pas à mes questions, je pense que j'ai gagné une manche. Je sais que j'ai raison.

Le mieux est quand il répond au baiser, ce n'est que quelques secondes mais ses mains sur mes hanches me donnent l'impression d'atteindre le ciel. J'ai gagné. Ça y est... Il est à moi. Ce n'est plus volé. Je me berce d'illusion et le retour sur Terre est brutal. Il recule... Non, il recule. Il recommence, toutes les barrières que j'avais franchies se reconstruisent devant moi. Je ne veux pas, je tente d'avancer à nouveau mais il recule encore. J'ai perdu... Je viens de me faire voler d'un baiser et je suis à nouveau rejetée.
Le sentiment d'hier qui m'avait accablée toute la soirée et toute la nuit me submerge à nouveau. Il n'a pas le droit. J'ai vu juste... Il ne peut pas être aussi instable. J'ai tout réussi... Pourquoi... Alors pourquoi...

Sa voix est obligée, elle est dure, ferme, sans retour possible. Mon cœur se brise en millier de grains de poussière alors que je le regarde pantoise, toujours abasourdie par cette soudaine reconstruction. Il est pire que moi. Pourtant sur mes lèvres continuait de vivre la chaleur des lèvres de mon obsession. J'avais oublié qu'elles avaient été violées par d'autres avant... Puis le rire de Blaise retentit dans ma tête, comme si on se servait de moi. Comme s'il était facile de me voler ce que j'avais du mal à offrir. Je dois vraiment me décider à haïr les gens.
Je dois le faire avec Anton aussi, alors. Non, si. Je ne sais plus.

Sa dernière phrase, cinglante me paralyse. Alors c'est ça, je ne suis qu'une gamine pour lui, celle qui doit faire ses petits devoirs pour obtenir les meilleures notes aux BUSE. Mais était-il idiot de naissance ? Ce qui le bloque, ce n'est rien de ce que je suis. C'est mon âge. Je suis tétanisée par la colère, la rancœur, la haine... Je serre les poings.

« Rentrer ? Cela ne fait que dix minutes que je suis là. Crois-tu avoir le pouvoir de me dire quoi faire ? Nullement, retiens bien cela. J'ai peut-être quinze ans, mais crois-moi qu'en réagissant de la sorte, tu as bien le même âge que moi. N'es-tu donc pas capable d'être honnête envers toi-même, plutôt que lâche ? »

Craché. J'en ai marre de me faire balancer au gré de l'humeur de Monsieur. Il ne faut pas oublier qui je suis, ni qui je peux être. Le masque à nouveau habillé, la froideur de mes traits accompagnent à merveille les pupilles vertes glacés de mes yeux qui se veulent intransigeants. S'il voulait que je m'en aille, il aurait à partir avant moi.
Une brise soulève mes cheveux rendant mon visage encore plus fantomatique, encore plus menaçant. Ignore-t-il donc ce qu'est l’obsession ?

« Je ne partirai pas d'ici, Anton. Tu m'as fait venir, tu avais envie de me voir. Alors assume ton choix jusqu'au bout. »

Hop. On franchit cette barrière à nouveau, passant dans l'espace devenu interdit. Personne ne décidera pour moi. Je suis grande, et je me suis élevée toute seule jusque là. Je n'ai besoin de personne...

« … Sauf de toi. »

Chuchoter à voix haute avant de le regarder à nouveau dans les yeux, me tenant plus qu'à quelques centimètres de lui.

« Arrête de me rejeter alors que tu n'en as pas l'envie... »

30/09/2015

La voir ainsi l'analyser rendait le grand brun impatient et irrité. Que savait-elle de lui ? Rien. Le fait qu'elle ait raison ou tort importait peu à ce point de leur rencontre. Il était retourné dans son antre de froideur et distance. Car c'était bien là la seule solution pour qu'elle s'en aille et qu'elle le fuit. Elle n'avait rien à lui offrir, lui non plus. Point. Voilà ce qu'il fallait qu'il se répète à présent. Ce qu'il comprenne et vienne à penser.

- Lâcheté ? Intéressant dans la bouche de celle qui envoie des lettres anonymes. Murmura t-il pour lui-même, mais assez fort pour qu'elle l'entende.

Il écouta le plaidoyer d'Alycia sur leur amour passionnel et sur le fait qu'il devait céder à ses tentations. Pour le moment, il était vraiment tenter de partir. Il ne voulais plus la voir. Il ne pouvait pas l'avoir. Il soupira à nouveau, plus impatient que jamais. Si elle continuait sur sa lancée, elle allait se prendre les foudres de l'Abraxan. Mais elle n'avait pas l'air décidée à s'arrêter en si bon chemin. Elle était tellement persuadée d'avoir raison à propos de lui. Elle n'était pas la première. Et ne serait pas la dernière à être déçue de lui. C'en était assez. Il en avait assez.

- Qu'est-ce que tu en sait ?! Tu n'est qu'une gamine insupportable qui veut tout le temps avoir raison !

Il se retourna. tentant de se calmer. Son ton était sans équivoque. Enervé, impatient. Il ne pouvait retenir sa colère face à celle qui avait mit le chaos dans sa vie. Car tel était le cas. Il avait presque toujours su ce qu'il voulait, mais elle, venait semer le trouble dans son esprit. Il se tourna à nouveau vers elle, le regard plus noir que jamais et le ton ferme.

- Si tu as envie de te persuader de tout ça, vas-y ! Mais tu ne me connais même pas...! Tu ne sais pas qui je suis ! Et autant que ça reste ainsi...

Il commença à marcher, la dépassant vers le chemin qui menait à Pré-au-Lard, puis à Haveirson, école où il était chez lui. Il s'arrêta brièvement et se retourna à nouveau vers la Serpentard, son regard s'était légèrement radoucit, mais son ton ferme et sa voix grave ne laissaient rien au hasard. Il voulait qu'elle le déteste, ce serait plus facile ainsi pour elle. Elle arrêterait de l'importuner et il l'oublierait. Il effacerait ce geste et n'y repenserait qu'en rigolant, en pensant aux bêtises que l'on fait lorsque l'on est jeune, et insouciants.

- Je voulais que tu comprennes que tout ça... il fit un geste d'engouement avec sa main... devait rester un fantasme pour toi. Car c'était la dernière fois que tu me voyais...

Et il reprit lentement sa marche, essayant de ne pas penser à la réaction qu'allait avoir Alycia.

21/11/2015

Je crois que je m'attendais à tout sauf à ça. Toute émotion, tout sentiment s'échappaient petit à petit de moi... J'oublie, j'occulte. Mon cœur s'endort doucement. Je l'écoute, oui. Je le regarde même. Je tente d'imprimer une dernière fois ses traits avant qu'il ne s'enfuit pour de bon. Je ne suis pas assez faible pour lui courir après et lui réclamer amour... Si. Non. Je ne le suis pas. Je n'en ferai rien. Que je pense ce que je veux... Il a bien raison. Personne n'influence le court de mes pensées... Et je reste persuadée qu'il est pour moi... qu'il sera à moi. Je l'ai dit, plus il me rejettera plus je le désirerai. Alors pourquoi je n'arrive plus à bouger, pourquoi je me sens démunie... Pourquoi j'ai simplement froid et pourquoi mon cœur bat au ralenti.

Les mots crachés à la figure, j'ai l'impression de récupérer mes propres crachats. Comme si ma colère avait rebondie sur son cœur pour atteindre le mien. C'est chose faite, la poussière de mon cœur s’évanouit dans le néant. Je ne garde en tête que mon attirance pour Anton. Pourquoi je pensais l'aimer... Pourquoi ne pouvais-je pas l'apprendre à le connaître tout en le touchant... Tout en le possédant. Je me donnerais entière, s'il me le demandait. « Une gamine insupportable. », oui ce n'est pas la première fois que je l'entends, ce ne sera sûrement pas la dernière. Je veux toujours avoir raison, car j'ai toujours raison. J'ai touché un point sensible chez Anton, certes, il n'agit pas comme je l'aurais espéré. Mais j'avais raison. Il a raison aussi de me dire que je suis insupportable. Gamine, je l'aurais garder pour une insulte plus tard... Plus tard... Oui, il y aurait un plus tard, j'en suis persuadée.
Je ne sais pas qui il est parce qu'à part me crier dessus, il n'a pas su m'ouvrir son cœur, est-ce ma faute ? Non, ça n'avait été que plus attendrissant.
Je regarde un point fixe, dans le vide, continuant de supporter la brise glaciale, ma main que j'ai découverte est glacée, je ne sens plus l'extrémité de mes doigts.

Il part. Je dois le rattraper, j'aimerais. Lui prendre la manche, lui demander de ne pas m'abandonner. M'excuser. Mais m'excuser de quoi, au juste ? D'avoir dit le fond de ma pensée, d'avoir dit des vérités qui le dérangent... Je ne suis pas faible. Je suis une dame. Alors pourquoi ça tremble sous moi. Un fantasme... Ce n'est pas un fantasme. C'est un obsession, il m'obsède, je pense sans cesse à lui, il m’obnubile, il ne quitte jamais ma tête remplie d'informations diverses... Il surplombe le tout. Il n'est pas qu'un fantasme. Ses lèvres qui m'ont touchée ne sont pas mon invention. Tout ça s'est passé... Ses mains sur mes hanches, son souffle chaud, ses lèvres chaudes... Son visage aux traits durs.
Mais il part. La dernière fois que je le voyais. Non, l'école ferait sûrement en sorte que l'on se revoit. Je renverrai des lettres... Il pourra les ignorer, mais je l'empêcherai de m'oublier.
Je l'entends s'éloigner, je ne me retourne pas pour le regarder partir. Non, je regarde toujours ce point fixe dans le néant, pas loin au dessus de la cabane hurlante. Mes jambes cèdent, elles ne veulent plus me supporter alors je tombe à genoux dans la neige. J'aimerais pleurer mais rien ne vient, je me sens froissée, brisée... Je suis sèche. J'ai mal, j'ai froid... Je me sens vide.
L'intérêt que je pensais avoir, disparaît. Je n'ai rien à apporter... Alors que le monde a tout à m'apprendre. Les ténèbres enveloppent à nouveau mon cœur et mon corps, je suis persuadée que j'arriverais à aimer par omission un jour, je vais travailler pour me dénuer de sentiments. Je n'ai pas le choix, c'est si douloureux.

Pourtant en moi crie encore cette voix, « Rattrape-le ! » mais je ne peux pas bouger. « Crie-le. », ma bouche refuse d'articuler... « Fais quelque chose. » mais quoi ?
Je chuchote alors.

« Ne me laisse pas là. »

Mais ce n'est pas suffisant. Qu'est-ce que je veux lui dire. Qu'est-ce que je peux lui dire. Qu'est-ce qui ferait mouche.
Un truc débile, tu peux sortir un truc débile. Un truc, une anecdote, un truc que tu détestes plus que tout. Allez, dis lui. Rattrape-le, dis lui qui tu es.

« Alycia McWood, fille sortie d'entre les morts de Dimitri McWood, l'inventeur fou connu pour ses expériences dangereuses, celui qui s'est donné la mort dans l'explosion entraînant sa fille dans sa chute et rendant sa femme veuve. »

Voilà, McWood était connu pour ses expériences, c'était un sujet de plaisanterie entre les élèves, entre leur méchanceté assenée par coups bas, ignorant que leur fille étudiait à Poudlard et n'était autre que cette sale pimbête de Madame Je-Sais-Tout.
J'ai tonné mes mots pour qu'il se retourne, qu'il se demande ce que je veux en lui disant ça. Qu'il me connaisse, que je suis prête à me livrer s'il se livre aussi.

« Ne me laisse pas, s'il-te-plaît. »

Supplication. Je suis faible, je crois que je l'aime.

30/09/2015

Ses pas paraissaient trop lourd et trop lent pour qu'il puisse espérer être de retour dans son dortoir, avec sa colocataire avant l'heure du repas. Etait-ce la quantité de neige à ses pieds ou l'attente, le fait de guetter une quelconque réaction qui lui aurait donner raison ? Il avait agit ainsi pour son bien a elle. Il fallait qu'elle cesse de nourrir cette obsession à son égard d'une manière ou d'une autre, il ne souhaitait que lui rendre la tâche plus facile. Même si cela signifiait la peiner avant. La personne devenue détestable, le halo au-dessus de sa tête finirait bien pas s'estomper.

Puis, un bruit sourd. Un choc. Un poids dans la neige. Il lutta. Se retourner serait abandonner ce pour quoi il avait fait tout cela. Il attendait, immobile dans le vent glacé, d'avoir le signal que tout allait bien. Qu'elle se tenait droite, la tête haute, prête à le haïr, puis passer à autre chose. L'ouïe en alerte, il scrutait chaque son se détachant du grincement de la Cabane Hurlante. Ses entrailles se tordirent lorsqu'il entendit sa voix, brisée, suppliante. Il serra les dents, hésitant, les mains crispées dans ses poches. Son esprit luttant.

Il se retourna lentement. Il vit sa fine et frêle silhouette agenouillée dans la neige. Une tâche brune au milieu du tableau immaculé. Il avait l'impression de regarder une poupée brisée de chagrin et du à nouveau serrer les dents. Qui disait qu'elle n'était pas en train de lui jouer une comédie bien interprétée pour le faire tomber dans ses filets. Mais cette pensée était presque futile.

Il pressa le pas vers Alycia, écoutant son histoire, imaginant la scène. L'Abraxan avait l'impression de découvrir un pan caché de sa vie et il voyait ce qu'elle essayait de faire. Le contredire pour pouvoir l'atteindre un peu plus. L'empêcher de partir. De lui fermer la porte de sa vie et son histoire personnelle. Parce qu'il lui avait crié qu'elle ne le connaissait pas. Elle voulait lui prouver que ce n'était pas une raison valable. Mais il demanda quand même, à présent accroupit devant elle.

- Qu'est-ce que tu fais...

Sa voix était redevenue douce, presque inquiète. Aucune technique d'évitement ne marcherait avec elle. Elle était aussi tenace que pouvait l'être quelqu'un avec l'instinct de survie le plus fort du monde, les deux pieds au bord d'un ravin. Et d'un côté, il admirait cela, même si ça ne jouait qu'en la défaveur de son désir de ne pas interférer dans sa vie. Elle lui demanda à nouveau de ne pas la laisser. Plus insistante, plus brisée encore. Ses bras saisirent les siens et il l'aida à se relever, comme lorsqu'il l'avait empêché de tomber lorsqu'elle ui était rentrée dedans. Tout cela paraissait si loin, et à la fois si proche.

- Je ne te laisserai pas là. Promis. Souffla t-il en croisant son regard émeraude.

Elle avait encore gagnée. Il avait encore cédé.