Pensées Passagères - Fomus Orunitia

Fin Octobre 96

C’est ce moment, en pleine nuit, où on est réveillé, ne sachant pas pourquoi.
L’esprit en éveil. Les yeux grands ouverts.

Alors on se lève.

On allume sa petite lampe de chevet, à côté de son lit. On frotte son visage. Les yeux humidifiés par cet assaut de lumière dans la pièce, sur son visage. Et on ne cherche pas. On constate.

Je constate.

Je prends le temps de m’allumer une cigarette. Ces insomnies incessantes. L’âme torturée à chercher des réponses à cet estomac noué, à cette gorge serrée. A chaque nouveau lendemain. A chaque nuit. Peut-être qu’il n’y en a pas et que c’est une habitude qu’il faudra prendre. Je ne sais pas. Je n’ai jamais su expliquer ces états d’humeurs qui arrivent, sans que je le demande. Surement qu’au fond de moi, si j’arrivais à explorer pour trouver une justification à tout ca mon esprit s’apaisera peu à peu. Il s’apaise néanmoins lorsque c’est avec calme que j’essaye de faire une introspection de moi-même. Regardant le bout de ma cigarette rougeoyer et voir à quel point ce plein de nicotine commence à me faire un mal de crâne. Ravive quand même ce manque. Ce manque qui me tiraille de nouveau.

Je me lève et m’approche de la fenêtre qui est entrouverte en ce mois d’Octobre. Expirant ma fumée dans la petite ouverte. Je décroche un volet pour regarde un peu à l’extérieur et regarder la petite lumière de la lune. Elle n’est pas pleine. Je ne pourrai pas donc dire que c’est à cause de cette putin de lune que je n’arrive pas à dormir. Je pousse un soupir, sans le vouloir. Sans vouloir. Est-ce vraiment ça la réponse ? Je regarde l’heure sur une pendule fixée dans la chambre. Trois heure et quart. Sans y prendre garde, j’avais déjà écrasé mon mégot et sorti une nouvelle cigarette qui était déjà entre mes lèvres. Pourquoi pas. Je l’allume. Expire ce surplus de tabac qui m’assèche la gorge. Et si c’était ce manque que j’essayais de combler mais qui reste au fond de moi. Au plus profond. Le fantasme de la peur. Le fantasme de l’envie permanente inassouvie. J’ai le cœur qui se serre. Puis repense à qui je suis. Ce que j’ai fait. Ce dont j’aurai envie.

Ce que j’aime.

La tension descend… peu à peu. Je me reconnais de nouveau. Je reprends mes esprits. Je me dis qu’il faudrait que je sorte un peu... Que j’aille voir ce monde qui m’entoure. Qui serait quand même capable de m’accueillir, si je le voulais. J’écrase le mégot qui commençait à me brûler les doigts, et retourne m’allonger sur mon lit.

Puis j’attends.

J’attends que le sommeil veuille me reprendre.

Mais que s’il le veut…