Hear Me [Libre]

31/03/2016

Le 10 mai 1997

Le printemps faisait lentement son apparition au pays de Galles. Lawrence avait fait exprès de garder les rideaux de sa fenêtre ouverts, pour se réveiller avec le soleil qui se levait. Il n’avait pas cours aujourd’hui, et comptait bien en profiter pour s’adonner à sa passion. Enfin, après une bonne douche et un coup d’œil à l’horoscope astronomique du jour. Il avait déjà fait un bilan pour tout le mois de mai, comme pour toute l’année 1997. Tout ce qu’il avait réussi à comprendre de son horoscope chaotique, c’était qu’il allait finir, d’une manière ou d’une autre, par retomber sur ses pattes. Ça ne lui disait pas par quelles merdes il allait passer. Pour 1995 aussi, il était retombé sur ses pattes. Mais sa meilleure était quand même morte, et il n’avait rien pu faire.

Se secouant la tête, il décida d’aller faire quelque chose de plus productif. Il emporta avec lui une plume et un parchemin et alla se poser dans le jardin anglais. De bon matin, un samedi, il n’était pas vide, mais ce n’était pas la foule non plus. Parfait. Il avait griffonné quelques notes la veille, avant d’aller se coucher après une soirée. Les paroles étaient clairement celles de quelqu’un de véhément, d’amer, mais surtout, d’ivre. Et Lawrence avait été bien bourré la veille.

Il alla se poser dans un coin du jardin, utilisant sa robe de sorcier comme plaid sur lequel poser ses fesses. Il n’aimait pas chanter assis, mais pour écrire c’était encore ce qu’il y avait de mieux. Il ratura quelques mots, en ajoutant d’autres, marmonna. Et soudain, il se mit à chanter.

Now I’m here, I’m what you want
You’ve conquered all, while I burn my lungs
I’m your victory, not a small one

You asked for it, I won’t beg you
To give me the chance I deserved
Think I needed this? You fucked me up!

Hmm… Il n’avait pas prévu s’adresser à ses parents dans cette chanson, mais on dirait qu’il était bien parti pour. Le tout manquait encore d’une certaine musicalité et de réponses entre les différentes sonorités, mais Lawrence était content du rythme et du tempo qu’il avait trouvé. Quelque chose de simple, qui aurait surtout besoin d’un fond musical à base de percussions plutôt que de guitare ou de piano. Il faudrait qu’il voie avec Zack quand ce dernier sera dispo. Dernièrement, ça commençait à devenir compliqué de le voir pour parler de choses sérieuses comme l’écriture de nouveaux textes. Quel dommage, vraiment. Zack ne savait pas ce qu’il perdait.

Traduction:

Il l'avait encore dans la tête à défaut de l'avoir contre lui. Il n'avait pas pu dormir sans elle; pas ce soir en tout cas. Ni le soir de l'avant-veille, ni celui de son avant-veille non plus. Gaby... Mais aujourd'hui il avait eu la force de se botter le cul pour faire autre chose que végéter et re-végéter. Ben s'était donc extirpé de son lit à la force de sa petite volonté et avait enfilé un débardeur ainsi qu'un pantalon de jogging sobre, tout pour être à l'aise pendant une séance de sport.

Le Français sortit de sa chambre, fila prendre son petit-déjeuner et se dirigea enfin vers les jardins Anglais, à cette heure les étudiants devaient certainement flemmarder et il se disait qu'il aurait la paix pour faire son sport quotidien, même si c'était dommage d'un côté; aucune jolie créature n'allait pouvoir l'admirer dans ses efforts ! En arrivant sur les lieux il entendit une voix s'élever, non loin. Ben haussa un sourcil et s'approcha d'avantage avant que ses lèvres ne se fendent en un léger sourire et qu'il reprenne à la suite de son ami. La voix suave et grave, il la poussa autant qu'il le pouvait pour tenter de rivaliser avec la chanteuse attitrée de Sinistros, même si ce n'était pas gagné.

Defiled and despised
But now you're the fools
I won't bend the knees
My spark persists
And phoenix's tear won't extinguish her

Il s'arrêta ensuite à quelque mètres de son camarade en élargissant son sourire. Bon, clairement, il n'avait pas vraiment songé au sens de sa petite improvisation, mais tout aussi clairement il s'en foutait. Le Français garda les lèvres closes, dans l'attente d'une suite intéressante... Ou non. Il doutait que Lawrence ne pourrait s'empêcher de relever. Ils s'entendaient bien et rater une occasion de dire des conneries était frustrante. Du moins pour lui. D'autant plus que Law ne pourrait résister à l'appel de la chanson, surtout si Ben fredonnait l'air; et c'est ce qu'il faisait, non sans une certaine malice affichée sur son visage.

Traduction approximative:

31/03/2016

Mouais. Le début de sa chanson était pas mal, mais quelque chose le préoccupait tout de même. Lawrence marqua une pause, juste à temps pour entendre une bonne grosse voix la reprendre. La réponse D. Ben. Forcément, il n’y avait que lui pour avoir un timbre aussi bas et tremblant de bon matin. Lawrence leva les yeux au ciel et de ses intonations de ténor, se permit de faire quelques commentaires :

— Maintiens tes basses avec ton diaphragme, contractes ces magnifiques abdos et je t’assure que tu auras des notes plus justes et stables. En attendant… C’était plutôt pas mal. Pour un inculte.

Le visage de Lawrence se fendit d’un grand sourire, qui se mua en un véritable éclat de rire. Il reprit sa guitare, gratta quelques accords et continua tranquillement :

I took the crown, carved your stone
You have no place in my kingdom
You smothered me? I’m smashing you

You tried to change me and my mind
But I’m as mighty as you have found
You’re gonna break, it’s such a shame…

Ça manquait d’un changement de rythme, d’un petit refrain un peu répétitif comme c’était la mode en ce moment. Lawrence réfléchit un instant et enchaîna :

You’ll see me rise above
All that shit that you’ve thrown
One day you’ll be sorry
You’ll be sorry
One day you’ll be sorry
You’ll be sorry
Woh oh… I’m a new kind of king, a new kind of king!

Efficace, bien que pas très recherché par certains aspects. La simplicité n’était pas toujours mauvaise cela dit, et Lawrence griffonna ce qui lui venait naturellement avant de l’oublier. Puis, il se tourna de nouveau vers Ben.

— En mode sport du matin, à ce que je vois… Dommage que les jogging soient si peu sexy, j’aurais bien écrit une chanson sur toi et ta plastique de rêve.

Il rit à nouveau, et posa sa guitare à côté de lui. Enfin, sa guitare. La guitare qu’il avait emprunté dans la salle de musique et qu’il chouchoutait comme si c’était la sienne. Lawrence n’était pas un très bon musicien et il n’avait pas les moyens de s’acheter sa propre guitare, de toute façon. Un détail qu’il préférait taire, la plupart du temps.

— Bon, sinon, bien dormi ? Pas trop la gueule de bois ?

Ben n’était pas son pote pour rien, après tout.

Traduction: