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 Il faut être léger comme l'oiseau, et non comme la plume

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Clemens Neubach
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MessageSujet: Il faut être léger comme l'oiseau, et non comme la plume   Il faut être léger comme l'oiseau, et non comme la plume EmptyJeu 29 Oct 2015 - 21:25

Le 24 janvier, 18h09.

Clemens tournait dans sa chambre depuis presque vingt minutes, pétri d’indécision. Il savait pertinemment qu’il pouvait se rendre chez Quinlan sans être annoncé, et cela lui arrivait de plus en plus souvent. Il avait annoncé à certains de ses camarades qu’il n’était plus célibataire, la rumeur devait doucement se répandre et quoique le Comte en pense… Il n’avait pas fait pleuvoir son courroux sur le couple dont on pouvait remettre l’éthique en question. L’étudiant avait beau avoir cessé de suivre les cours de médicomagie, il se disait encore souvent qu’il allait finir par se réveiller au beau milieu de la nuit dans un cauchemar digne d’un purgatoire.

Ce soir-là pourtant, ces considérations-là lui paraissaient bien lointaines et bien futiles. Le mois de janvier s’était voulu très mouvementé socialement, même si le Comte y avait joué son rôle. Peut-être même plus que ce qu’ils pouvaient en voir de prime abord. Si les dissensions avec ses amis avaient eues des causes très terre-à-terre, identifiables par le biais de ses simples heureuses, Clemens ne remettait pas entièrement en cause une possible influence extérieure. Depuis quelques mois, l’étudiant ne croyait plus aux hasards et aux coïncidences entre les murs de l’académie. Ils étaient observés. Manipulés. Contrôlés, peut-être.

Debout devant sa fenêtre, l’Allemand se demandait simplement quelle distance le séparait des lueurs dorées de la Tour Céleste. Grâce à ses nombreuses fenêtres, il pouvait facilement reconnaître le bâtiment dans la pénombre. Il avait même une idée plutôt précise de sa destination précise. Depuis presque trois semaines, il s’était montré inhabituellement intéressé par les paysages, utilisant chaque instant dans l’appartement du guérisseur pour s’installer nonchalamment auprès d’une fenêtre et faire ainsi ses repérages. Clemens se sentait bien, il croyait en ses compétences encore faiblardes, et le temps était calme. Juste assez de vent pour l’aider, pas assez pour le mettre en danger. L’avantage d’être un batteur d’expérience, c’était que le vol ne lui était pas entièrement inconnu.

“Allez. Fonce.”

D’un geste décidé, Clemens fourra sa baguette dans sa manche et ouvrit la fenêtre, après un rapide regard circulaire sur la chambre. Pour une fois, il avait pris le temps de ranger ses affaires et de vérifier que celles de Rowan se trouvaient toutes bien calées sous un objet lourd. Son plan avait pour l’instant un seul défaut : si il pouvait ouvrir, il ne pourrait pas refermer. La seconde suivante, il prenait déjà appui sur la pierre et se laissait entièrement saisir par la douce caresse du vent nocturne. Sa vision, si différente de sa version humaine, le perturba pendant un instant assez long pour lui faire perdre le sens de l’orientation. Quelques coups d’ailes frénétiques le remirent sur le chemin qu’il pensait être le bon et quelques minutes plus tard déjà — après avoir tourné deux fois autour de la tour pour gérer les changements d’altitude sans s’emplafonner dans un mur — il griffa de ses serres l’appui de fenêtre.

La lumière de l’intérieur l’éblouit, et sans reprendre forme humaine, il ne pouvait pas être entièrement sur qu’il avait atteint le bon appartement. Les couleurs étaient pales, floutées par la diffraction de la vitre, et les bourrasques rendaient sa posture difficile à tenir. Il n’avait plus le temps pour les hésitations, au risque de perdre son équilibre instable et de basculer une nouvelle fois dans le vide. Sans plus attendre, le busard attaqua le carreau à coup de becs, tel un hibou souhaitant délivrer un courrier particulièrement important à son sorcier.

Les ailes fermement refermés contre son petit corps, tentant d’offrir le moins de prise au vent, il attendit avec une patience toute relative qu’une silhouette humaine daigne enfin faire irruption dans le salon. Et surtout, surtout, lui donner un accès à l’intérieur.
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MessageSujet: Re: Il faut être léger comme l'oiseau, et non comme la plume   Il faut être léger comme l'oiseau, et non comme la plume EmptyJeu 29 Oct 2015 - 21:57

La journée de Quinlan avait été ni particulièrement mouvementée ni vraiment ennuyeuse. Une journée classique, dans une routine qui avait quand même réussi à s’installer. Pourtant, ce château lui avait causé bien des frayeurs, sans oublier son escapade au Pérou de laquelle il n’était pas revenu tout à fait indemne. On aurait pu croire qu’il ne s’y habituerait jamais, mais c’était sous-estimer la force de la monotonie. Il était cependant une chose qui, malgré le fait qu’elle fasse partie de cette petite routine, venait l’égayer : les soirées passées en compagnie de Clemens.

Elles n’étaient pas toujours joyeuses, loin de là. Ils s’engueulaient et se blessaient encore pour un mot de trop ou une réaction mal interprétée, cependant ils semblaient tenir. Quinlan faisait tout son possible de son côté en tout cas, quitte à devoir tirer un trait sur des vices tellement omniprésents dans sa vie qu’ils faisaient partie de lui. Sa dernière sortie au Panic! en était un témoignage édifiant : quelque chose avait changé.

Du côté de Clemens, les choses aussi se mettaient à changer. Après avoir confié à Quinlan qu’il ne tenait plus spécialement à un secret trop lourd et difficile à garder, les potins couraient bon train dans le château. Le guérisseur ne démentait rien, tout en serrant les mâchoires face à une éventuelle réponse du Comte. Mais rien. Que dalle. Apparemment, ce dernier était trop cinglé pour les punir de façon cohérente, là où tout le monde se serait attendu à une réplique. Non, le Comte frappait de façon surprenante — mais sûrement pas au hasard — des étudiants qui ne l’avaient vraiment pas mérité. Sauf ceux qui se mettaient à brûler des règlements mais là encore… Quinlan était incapable d’accepter le fait de mettre sur le même niveau la vie humaine et un bout de parchemin. Ça n’avait aucun sens.

Côté recherches, ça avançait plutôt bien. La carte de la Grande-Bretagne que Quinlan avait affichée dans le fond de son appartement brillait de mille feux, des lignes colorées remontant lentement de tout le pays pour converger vers l’Écosse. Le pattern était visible depuis quelques jours déjà : à force de décortiquer les registres, il était enfin parvenu à quelque chose ! En parallèle, il avait toujours besoin des talents de métamorphomage de Clemens pour pouvoir continuer à travailler sur De Simplex Magicæ, mais il s’était passé tellement de choses qu’ils n’avaient pas pu avancer. Pas ensemble en tout cas. Et même si Quinn prenait des cours de rattrapage en métamorphose, il n’arriverait toujours pas à dupliquer assez correctement le grimoire pour pouvoir travailler sur la copie.

Enfin, il se gardait bien de le dire à Clemens, mais Quinn se rendait régulièrement à Londres. Pas pour aller au Panic! — vu ce qu’il y faisait et le prix qu’il payait à l’entrée, Mister Chesshire allait se faire de plus en plus rare en ces lieux — mais pour prendre des cours de danse. Il était bon en danse irlandaise, très bon même, pas mal en rock et en salsa, mais ce n’étaient pas les danses qui l’intéressaient. Donc là aussi, cours de rattrapage dans le dos de son amant.

Il avait vraiment envie de tout lui balancer, parfois. Son code d’honneur en souffrait, mais il se rappelait toujours que ce n’étaient que de petits mensonges par omission de rien du tout, tout juste bons à faire une petite surprise à Clemens le jour J. Il s’en voulait un peu, sûrement parce qu’il partait du principe que de son côté, Clemens ne lui cachait rien. Noble de sa part, mais peut-être un peu exagéré.

Quinlan ignorait si Clemens allait pointer le bout de son nez ce soir-là, alors il se contenta d’un curry de poulet à l’indienne qu’il réussit quand même à faire en quantité monstrueuse. Tant mieux, il avait faim. C’était tout juste prêt quand un hibou toqua sur la fenêtre. Étrange, d’habitude ils allaient directement à la volière sans prendre la peine de rayer les vitraux d’Haveirson mais là… Quinn plissa les yeux. C’était un petit hibou. Sans oreilles, donc une chouette. D’une couleur un peu cheloue. Avec un bec chelou et des yeux chelou. C’était quoi ce piaf !? Il n’allait pas le faire rentrer… si ?

Hésitant, Quinlan se déplaça quand même jusqu’à la fenêtre pour la déverrouiller. Au pire, il appelerait Clemens pour l’aider à changer ce faucon bizarre en carafe à vin. Ou pas, l’oiseau était quand même joli, vu de près. Même si franchement, Quinlan n’avait toujours aucune foutue idée de quelle espèce il s’agissait. Lui laissant le passage vers son appartement ouvert, Quinn ne referma pas la fenêtre derrière le rapace. Au cas où il changerait d’avis.

— …Et s’il-te-plaît ne chie pas sur le canapé.

Allongé sur le tapis violet, le Docteur releva mollement la tête. Oh un ois… OISEAU ! Le chat se mit soudainement sur ses quatre pattes, en mode chasse enclenchée, prêt à bondir.

— Que n’ai-je un humain débile !
Il ouvre sa fenêtre au premier volatile !
Mais de mes griffes acérées,
Je m’en vais le chasser !
Aujourd’hui j’ai fait bonne chère,
Mais qui dirait non à un tel dessert ?


Bienvenue dans le petit monde des oiseaux, Clemens.
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Clemens Neubach
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MessageSujet: Re: Il faut être léger comme l'oiseau, et non comme la plume   Il faut être léger comme l'oiseau, et non comme la plume EmptyJeu 29 Oct 2015 - 22:30

Il ne dut attendre que quelques dizaines de seconde avant qu’un Quinlan passablement surpris, mais visiblement intéressé, lui ouvre la fenêtre. Avec un soupir de soulagement mental, Clemens s’engouffra à grand coup d’aile dans l’appartement, découvrant son agencement d’une vision toute particulière. Malgré son vol hésitant, rendu encore plus délicat par l’espace restreint dans lequel il se trouvait à présent, l’oiseau fit deux fois le tour du salon avant de s’effondrer sur le tapis. Les exclamations du Docteur ne lui étaient pas passées inaperçues et avaient complètement occultés la réaction de son amant. Le fou-rire l’avait alors saisi, et rendu incapable de coordonner ses coups d’ailes désordonnés.

L’Allemand retrouva forme humaine juste au moment où le félin se jetait sur lui. Le chat atterrit avec un miaulement désappointé sur le torse du jeune homme qui lui ébouriffa les poils du dos, sans réussir à calmer son hilarité. Il se redressa avec peine et parcourut la pièce du regard avant d’enfin retrouver son amant dans son champ de vision. Assis en tailleur, il respira lentement et profondément pour calmer sa respiration. Ses yeux brillaient d’une hilarité doublée de fierté quant à sa réussite. Clemens avait voulu se convaincre qu’il était capable d’effectuer ce vol entre les deux tours — après tout, il suffisait de tracer une ligne droite à une altitude constante — mais une certaine crainte ne l’avait pas quitté avant qu’il ne retrouve le plancher.

“Je n’ai jamais eu l’intention de chier sur ton canapé, si ça peut te rassurer.”

Une main dans les cheveux, et le regard fixé droit sur Quinlan, l’étudiant cherchait à stabiliser ses perceptions. Chaque transformation représentait encore un effort, et la charge émotionnelle de cette réussite-là ne l’avait pas aidé. Une désagréable sensation de vertige affaiblissait ses membres, et il jugea préférable de ne pas chercher à se relever pendant quelques minutes encore.

“Ton chat est vraiment cinglé. On le savait déjà tu vas me dire, mais je crois que là, ça dépasse encore tout ce que t’avais pu imaginer. Il s’exprime en poésie. Ton chat fait des VERS.” Il secoua doucement la tête. “Ouais, parce qu’être un animal moi-même développe mes capacités de compréhension, apparemment. Je le savais pas, mais c’est plutôt cool.”


Clemens tendit une main vers le guérisseur afin qu’il l’aide à se relever et ne prenne pas le risque de se vautrer une nouvelle fois sur le tapis. Il se sentait libéré et léger, fier et joyeux, de pouvoir enfin partager cette information si importante avec son amant. Si Isolde avait été le témoin de ses deux premières transformations, l’étudiant s’était entraîné seul depuis et à l’abri des regards surtout. Il voulait garder cette information si sensible pour lui, particulièrement tant qu’il ne serait pas au contrôle de son pouvoir. Quelques lectures sur la biologie des oiseaux et la transposition de certaines données avec ses expériences de vol passées lui avaient certes permis de faire quelques progrès très rapides lors de ses premières séances. Néanmoins, il était conscient que rien ne pourrait remplacer la pratique. Il arrivait ainsi à une limite.

Son espoir encore inavoué était de s’entraîner avec le guérisseur pour perfectionner son vol. D’une part, il pourrait réagir en cas d’accident, d’autre part, le Sinistros avait le sentiment qu’il lui devait bien ça. Quinlan l’avait motivé et soutenu depuis leur rencontre, ne rechignant devant aucune demande, ni aucune expérience pour le faire avancer sur un chemin qui n’était d’aucun intérêt pour lui. Pour la première fois, Clemens se sentait terriblement redevable de leur relation, et tout ce que cela lui inspirait, c’était un tendre sourire en travers du visage.
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MessageSujet: Re: Il faut être léger comme l'oiseau, et non comme la plume   Il faut être léger comme l'oiseau, et non comme la plume EmptyVen 30 Oct 2015 - 7:44

Le drôle d’oiseau que Quinlan avait laissé entrer dans son appartement ne semblait pas très assuré. Son vol était loin d’être parfait, et l’espace d’un instant le guérisseur s’était demandé si le rapace n’était tout simplement pas bourré. Une telle distraction ne manqua pas d’éveiller le Docteur, bien sûr, qui s’apprêta à jeter ses douze kilos dans les airs dans l’idée de manger un peu de volaille ce soir. Quinlan avait un très mauvais pressentiment. La dernière fois que le Docteur avait voulu chasser en intérieur, il n’avait pas pu compter le nombre de sorts de réparation qu’il avait dû utiliser ensuite.

Mais contre toute attente, l’oiseau mis au tapis se transforma en bel étudiant allemand. Enfin, ce n’était pas totalement contre toute attente, mais Quinlan n’avait jamais pensé Clemens aussi près du but, sinon il aurait peut-être fait le rapprochement avant de le voir se métamorphoser devant ses yeux. Abasourdi, le guérisseur resta un instant immobile et muet, le temps que son cerveau assimile ce qui était en train de se passer. Et pendant ce temps-là, Clemens hurlait de rire.

Clignant des yeux compulsivement, Quinlan afficha une mine perplexe.

— Attends, t’entends mon chat !? C’est quoi c… Lui ? Faire de la poésie !? J’en doute fort là quand même, tu te fous de moi…!

— Non mais je rêve, comment il parle de moi !
Après tout ce que j’ai fait pour lui, il me dit ça !?


Heureusement, Quinlan ne pouvait pas entendre le Docteur et c’était très bien ainsi. Il ne distingua qu’un long miaulement désapprobateur qu’il ignora royalement alors qu’il s’approchait de Clemens avec un sourire sur les lèvres. Il lui tendit la main pour l’aider à se relever… ou pas ! Il tira un peu trop fort pour l’attirer directement dans ses bras, lui faisant un bon gros câlin des familles avant d’être envahi de la même hilarité.

— P’tain t’as réussi quoi ! T’as réussi !!!

Quinlan éclata de rire à son tour et dans la folie du moment, se prit à embrasser Clemens en ayant l’outrecuidance de ne pas lui demander l’autorisation au préalable. Il ne dura pas longtemps, principalement parce que le guérisseur était pétri de questions… qu’il déversa un peu anarchiquement sur la tête de Clemens.

— Mais c’est quoi comme oiseau, exactement ? C’est pas une chouette mais c’est pas un aigle non plus… Je suis un peu déçu quand même, un raton-laveur c’était choupi aussi ! Et tu peux faire depuis quand ? Je doute que tu te sois lancé par la fenêtre en espérant te changer en piaf, t’es cinglé mais peut-être pas à ce point non plus ! Rhaaaa j’suis trop content !

Et ça se voyait ! Le guérisseur ne tenait pas en place et il avait un sourire complètement niais sur le visage. D’ailleurs, il ne tarda pas à éclater de rire à nouveau.

— J’ai fait un curry de poulet pour ce soir, mais je suppose que pour toi maintenant c’est du cannibalisme !?

Ok, blague de merde mais il n’avait vraiment pas pu résister là.
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MessageSujet: Re: Il faut être léger comme l'oiseau, et non comme la plume   Il faut être léger comme l'oiseau, et non comme la plume EmptyVen 30 Oct 2015 - 10:17

Clemens pouvait concevoir que sa révélation était difficile à avaler. Il n’aurait lui-même jamais cru qu’il serait capable de comprendre les animaux en devenant animagus. Il n’aurait même jamais cru qu’ils soient capables de s’exprimer avec le même niveau de complexité qu’un humain. Le Docteur n’était cependant pas un chat tout à fait comme les autres, et l’étudiant était prêt à remettre en question son existence en tant que félin entièrement moldu. Ce chat, tout comme son voisin botaniste, était beaucoup trop malin pour être un animal normal. Pour un peu, il aurait même ressorti la drôle d’hypothèse comme quoi il était en fait animagus lui-même, mais avait choisi de renoncer pour toujours à sa forme humaine.

“Mais je te jure ! Tu dis toi-même que ce chat est beaucoup trop malin, et qu’il a l’air bien trop perspicace et attentif. Il compose des odes, en fait…”

Le fou-rire le secouait toujours, bien qu’il ait réussi à mettre la sourdine dans une certaine mesure. La joie de Quinlan le cueillit au sens le plus physique du terme. Alors qu’il tendait une main innocente pour vaciller sans prendre le risque de s’affaler à nouveau, le guérisseur l’attira avec force contre lui et l’embrassa avec une fougue toute nouvelle. Clemens se raidit un peu, étonné par cet enthousiasme auquel son amant ne l’avait pas habitué, avant de se détendre dans son étreinte et de lui rendre son baiser avec passion. Le retour à la curiosité arriva alors un peu trop vite à son goût, et il s’écarta pour reprendre son souffle et retrouver le fil de ses émotions.

Pour simple réponse, l’Allemand se concentra pour répéter la transformation après avoir jeté un coup d’œil menaçant au Docteur. Le petit oiseau piétina à nouveau le tapis, sans chercher à s’envoler cette fois. D’un mouvement toujours maladroit, il tourna autour de l’homme en prenant garde à ne pas abîmer le sol de ses serres, puis s’arrêta pour écarter grand les ailes. Ses plumes bleutées miroitaient doucement dans la lumière artificielle, dont la lueur dorée mettait en évidence la fine ligne blanche qui courait au travers de l’aile droite. Un miaulement plaintif le fit alors tressauter, et Clemens reprit forme humaine avant d’outrepasser trop violemment les limites du Docteur.

“D’après ce que j’ai pu trouver, c’est un busard, une sous-espèce d’aigle. Tu parles d’une coïncidence… Mais je n’en suis pas sur, c’est pas vraiment comme si j’avais l’opportunité de m’observer sous toutes les coutures et de comparer avec un bouquin.”


Tout en parlant, le jeune homme se laissa choir sur le canapé, entrainant son ainé avec lui. Ces deux transformations successives, sans parler du vol et de l’émotion l’avait laissé éreinté. Les yeux plongés dans le regard de Quinlan, il se remémora sa première transformation et ne put retenir un sourire un peu gêné. Il s’était bel et bien jeté dans le vide pour provoquer la métamorphose, même si à ce moment-là, il ne savait pas exactement ce qu’il faisait et n’avait aucune idée de l’animal exact en lequel il allait se transformer. Le Sinistros afficha une moue mi-honteuse, mi-amusée, avant de reprendre ses réponses.

“Ça fait deux semaines et demi, environ… J’ai réussi un peu par hasard, alors que je m’entraînais dans une salle bizarre près de ma confrérie. Depuis, je m’entraîne à plus ou moins voler, même si pour le moment, ça ressemble plutôt à de la survie au moment d’un crash d’urgence. Mais je tenais tellement à faire mon entrée par ta fenêtre… Je sais que c’est con, hein. Mais c’était mon premier objectif.”

La joie, tant la sienne que l’aura du guérisseur le faisait planer. Il prit doucement la main de Quinlan, en un geste de tendresse simple, juste pour marquer son bonheur de partager ce moment avec lui. Jusqu’à ce qu’il ne lui sorte une blague tout à fait vaseuse à propos du souper et déclenche une vague de doute chez l’étudiant.

“Hmm… Ça fait bizarre, ouais. En même temps, je me vois mal me nourrir de vers et de graines à partir de maintenant. Je crois que mon corps ne m’en remercierait pas.”
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MessageSujet: Re: Il faut être léger comme l'oiseau, et non comme la plume   Il faut être léger comme l'oiseau, et non comme la plume EmptyVen 30 Oct 2015 - 10:56

Oui, bon, il avait raison, le Docteur n’avait jamais été un chat tout à fait normal, mais de là à parler en vers, sérieusement ? Quinlan ouvrit de grands yeux mais n’argumenta pas plus. L’idée d’avoir un Animagus ou une autre forme de zooanthrope bloqué sous sa forme féline en guise d’animal de compagnie ne l’enchantait guère… Même s’il devait avouer que c’était moins à cause d’un quelconque sentiment de trahison qu’à l’idée de perdre un de ses meilleurs amis. Il chassa cette pensée de son esprit, et attira Clemens à lui pour l’embrasser sans prendre la peine, cette fois, d’y aller progressivement. Il regretta un peu son geste en sentant le Sinistros se figer sous l’étreinte, mais fut rassuré quand il se rendit compte que ça ne devait être que la surprise.

Aussi fougueux soit-il, le baiser prit rapidement fin : Quinlan avait un millier de questions qui se bousculaient dans son esprit, et faillit bien les poser toutes en même temps. Tout d’abord, quel était cet oiseau !? Quinn était loin d’être ornithologue, et même parmi les animaux, les oiseaux ne l’avaient jamais vraiment intéressé. En guise de réponse, Clemens se transforma de nouveau, déployant ses ailes pour laisser Quinn l’observer. Ce dernier s’accroupit même pour le voir de plus près et passer sa main sur le haut du crâne du rapace. C’était pas tous les jours qu’il pouvait le faire ! Il remarqua aussi la différence entre les ailes de Clemens : la droite portait la marque de sa blessure. Quinlan n’était pas étonné. Ça aussi, ça faisait partie de lui.

Il s’écarta juste quand Clemens reprenait forme humaine et se redressa pour continuer à le regarder dans les yeux. Ainsi il était un busard… De la famille des aigles. Quinn eut du mal à cacher son hilarité et il abandonna vite l’idée de toute façon.

— Sérieusement !? Un Serdaigle qui finit chez les Busards d’Heidelberg pour se transformer lui-même en busard. C’est plus de l’amour là, c’est de l’obsession !

Le guérisseur éclata de rire avant de secouer la tête et de rejoindre son amant dans le canapé. Depuis quand exactement Clemens avait-il atteint son objectif, alors ? Deux semaines… Quinn sentit une pointe de déception percer son cœur, mais il la chassa en comprenant que si Clemens n’avait rien dit pendant tout ce temps, c’était pour s’entraîner tranquillement à atterrir sur le rebord de sa fenêtre. Un petit caprice en forme de surprise que Quinlan ne pouvait pas mépriser sous prétexte de ne pas avoir été prévenu dans l’instant.

Il tilta aussi sur la mention de la salle bizarre. Lui aussi avait fait une drôle de découverte, mais il ne voyait pas comment un endroit pareil pouvait être d’une quelconque utilité pour s’entraîner à voler… Rendu perplexe, il préféra oublier cette mystérieuse salle pour revenir sur un sujet plus pressant, agréable et intéressant.

— T’as encore besoin d’entraînement… Je dois commander un gant de fauconnier à mon père, ou ça ira ?

Le grand sourire de Quinlan était univoque : il adorerait jouer au dresseur de rapace dans la forêt. Et puis, c’est vrai que si Clemens avait un accident, il n’aurait pas à courir bien loin pour trouver l’infirmier d’Haveirson. Enfin, ça, c’était si Clemens voulait bien. S’il préférait s’entraîner seul, ou avec quelqu’un d’autre, Quinlan n’avait rien à dire. Mais il bouderait grave quand même.

Le pauvre Sinistros avait l’air épuisé par son tour de force et il devait sûrement crever de faim vu l’heure. Cela dit, en repensant au menu, Quinn fut pris d’un doute. Est-ce qu’être Animagus changeait le régime alimentaire du sorcier !? Apparemment non, puisque Clemens n’allait pas se mettre à manger des graines, mais il avouait quand même que ça lui ferait bizarre.

— Je peux en faire un au bœuf si tu veux. Ou même aux légumes. Fin, c’est comme tu veux.

Et d’ailleurs, en parlant de bouffe…

— Dis je me disais, si t’es un genre d’aigle… Heureusement que je ne suis pas un Animagus comme toi, du coup ! Mon patronus aurait été une vipère et tu aurais certainement fini par me bouffer sous forme animale. Rassure-moi, les busards, ça mange pas les papillons, hein…?

Ce serait un peu dommage quand même.
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MessageSujet: Re: Il faut être léger comme l'oiseau, et non comme la plume   Il faut être léger comme l'oiseau, et non comme la plume EmptyVen 30 Oct 2015 - 17:22

Affalé dans le canapé, l’étudiant hocha doucement la tête, les yeux fermés. Cette ressemblance l’avait frappée de plein fouet également, tant qu’il s’était même demandé comment il n’avait jamais caressé l’idée que sa forme animagique soit un oiseau. C’était étrange comme on pouvait mal se connaître, mal s’interpréter et à quel point il était possible de se voiler la face. Clemens avait envisagé d’être un chat — il en était même partiellement convaincu durant son travail — s’était trouvé quelques ressemblances avec le chien, même si ce résultat ne lui aurait pas plu, et il avait secrètement rêvé de devenir un puissant prédateur. Mais un busard… Les animagus volants étaient si rares.

“Dire que je voulais me faire tatouer pour montrer ma dévotion… C’était un signe en fait, je crois que j’aurais difficilement pu faire plus classe.”


Un sourire espiègle se dessina sur ses lèvres alors qu’il se redressait pour mieux s’installer auprès de Quinlan. Sa proposition lui allait droit au cœur, exactement ce qu’il avait espéré tout en sachant qu’il n’oserait pas le demander. L’apprentissage complet du vol allait lui demander beaucoup de travail, sans compter que chaque transformation était déjà un effort en soi. Savoir qu’il pourrait compter sur son amant pour le soutenir dans son évolution, tout en veillant à son intégrité physique lui enlevait un poids des épaules. Soudainement, il se sentait déjà un peu plus proche de maîtriser les bourrasques.

“J’espérais assez que tu le proposes, je dois dire… Ça me serait bien utile de pouvoir m’entraîner avec quelqu’un, même si il va falloir que tu justifies la possession d’un aigle. Je crains de ne pas être capable de maîtriser assez les changements de direction pour prendre le risque de voler dans la forêt. A coup sur, tu devrais venir me récupérer dans un arbre.”

Cette pensée lui arracha un pouffement de rire.

“Enfin, c’est pas pressant encore. Pour le moment, j’en suis surtout à m’habituer assez à la transformation pour ne pas mourir de fatigue à chaque fois que je passe de l’état humain, à l’état animal. Les premières fois, j’étais complètement sous adrénaline, donc ça m’a semblé facile, mais plus ça va, plus je me rends compte que ça demande une sacrée dose d’énergie.”

La perspective d’un curry au poulet lui apparaissait donc comme particulièrement flatteuse, bien qu’il se soit à présent découvert une sorte de parenté avec son assiette. Si l’idée émise avec humour par Quinlan tournait désagréablement dans sa tête, il était encore trop affamé et pas assez concerné par l’étendue de sa transformation pour se laisser arrêter. Il secoua la tête négativement, mais ne fit aucun effort visible pour sortir du canapé.

“Non, ça va, là je suis tellement mort de faim que je mangerais à peu près tout ce que tu me donnerais.” Son regard brillait. “Peut-être même une vipère. Enfin, plutôt en dessert, par contre.”

Avec un léger sourire en coin, Clemens s’étira voluptueusement avant de se laisser retomber dans les profondeurs de son fauteuil. La fatigue ne semblait pas entamer sa vivacité et lorsque ses yeux bleus s’accrochèrent involontairement sur la carte brillante et de plus en plus détaillée de Quinlan, il ne put retenir une exclamation songeuse. Les recherches de son amant avançaient bien, même s’ils n’avaient pas eu le temps de travailler ensemble depuis plusieurs semaines. Chacun avait mené ses travaux en solitaire, mais maintenant que l’étudiant avait fait une percée majeure, peut-être était-il temps qu’ils s’y remettent sérieusement.
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MessageSujet: Re: Il faut être léger comme l'oiseau, et non comme la plume   Il faut être léger comme l'oiseau, et non comme la plume EmptyVen 30 Oct 2015 - 17:51

Oh mais Quinlan n’avait pas oublié cette histoire de tatouage foireux qui avait déclenché une allergie chez Clemens ! Il s’était juste gardé de le dire, ne sachant pas trop comment ce serait accueilli par le Sinistros. Apparemment, pas trop mal, puisqu’il remit cette anecdote sur le tapis. Elle arracha un sourire à Quinn, qui ne put s’empêcher de commenter :

— J’avoue que c’est beaucoup plus classe de devenir le busard plutôt que d’en avoir un sur le bras !

En y pensant, c’est vrai que lui aimerait bien se transformer en dragon. Hélas ! Pour les gens comme lui, il ne restait plus qu’une seule alternative. Hé oui, la discussion qu’ils avaient eue à propos des tatouages lui était revenue soudainement en tête, et cette fois, Quinlan se sentait convaincu. En novembre, Clemens lui avait dit qu’il le voyait comme un protecteur mais le guérisseur s’était senti un peu mal à l’aise en entendant ces mots. Le temps aidant, entre ses recherches, l’Ordre et la frustration qu’il ressentait quand justement, il ne pouvait pas remplir ce rôle… Quinlan avait compris. Il l’avait accepté. La prochaine étape était du coup assez logique.

Enfin, dans tous les cas, ils n’y étaient pas encore. Quinlan revint dans le moment présent en se proposant de devenir l’assistant de Clemens, lui prêtant un bras ganté pour l’entraîner à voler de ses propres ailes. La réaction de son amant lui fit extrêmement plaisir, même s’il souleva quelques points qui risqueraient de poser problème.

— Perso, je m’en fous. J’ai rien à justifier, j’ai un aigle ou une buse si je veux déjà… Bon par contre, l’idée de faire de l’escalade pour aller te récupérer dans un arbre ne m’enchante pas vraiment. À moins que je puisse prendre une photo avant.

Il rit aussi d’une façon particulièrement stupide mais sincère, avant de reprendre son calme.

— Tu voudrais t’entraîner où alors ? Ici ? Ça me paraît un peu exigu, tu vas avoir besoin d’espace.

Bon, c’est vrai qu’ils n’y étaient pas non plus, mais ils pourraient déjà commencer à y réfléchir, non ? Un endroit tranquille, spacieux et discret… Quinlan avait beau se triturer le cerveau, il avait du mal à trouver un lieu qui réponde à cette description. En attendant, ils pouvaient faire quelque chose de constructif, comme manger ! Après avoir déposé un baiser sur le front de Clemens, Quinlan se leva. Bien que trouvant l’idée de manger du poulet un peu étrange désormais, le Sinistros n’était apparemment pas assez énergique pour protester.

— Va pour le poulet au curry alors ! Et pardon mais la seule vipère que t’auras pour le dessert, tu commences déjà à la connaître. Et ça m’arrangerait que tu ne croques pas dedans.

Quinn lui lança un grand sourire un peu moqueur avant de jouer de la baguette — la magique, enfin, celle en bois quoi… celle qu’on tient dans la main… celle en aubépine, bon sang ! — pour mettre la table. Le curry était en fait prêt depuis une petite heure, riz inclus, et était resté magiquement chaud en attendant que Clemens débarque… Ou que Quinlan ne meurt de faim.

— J’ouvre une bouteille pour fêter ça, ou t’es trop crevé pour picoler ?

C’était une vraie question, cette fois-ci. Quinlan souriait mais pas trop, et il avait de toute façon sorti une bouteille d’eau au cas où. Clemens semblait vraiment épuisé, au grand damn de Quinlan. Il allait sûrement vouloir aller se coucher directement… Non ?
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MessageSujet: Re: Il faut être léger comme l'oiseau, et non comme la plume   Il faut être léger comme l'oiseau, et non comme la plume EmptyVen 30 Oct 2015 - 18:58

Clemens fusilla son partenaire du regard. Il n’était pas vraiment fâché, non, mais il ne tenait pas à ce que ses tentatives de contrôle se tournent en expérience ridicule. Il ne tenait pas non plus à répandre allégrement la rumeur qu’il avait atteint son but d’animagus et encore moins, comment il était possible de l’identifier. Bien sur, Quinlan ne voyait pas pourquoi il devrait se justifier de travailler avec un rapace qu’il avait bien le droit de posséder, mais pour l’étudiant, la problématique s’étendait bien au delà de ce problème matériel. L’académie rassemblait assez d’étudiants suffisamment malins pour additionner deux plus deux en voyant un guérisseur — dont l’amant était connu pour travailler la métamorphose — jouer avec un oiseau qu’on ne voyait pas tous les jours.

Pour compenser la dureté soudaine de ses traits, l’Allemand s’expliqua qu’une voix douce et prudente, tout en posant une main caressante sur la cuisse de son aîné. L’heure d’une nouvelle incompréhension avait sonné, mais sur la base d’un enthousiasme irréprochable. Il craignait que son explication ne soit comprise comme une rebuffade, au risque de lancer une nouvelle dispute.

“C’est pas tellement la question de la possession, le problème. Je n’ai pas envie que qui que ce soit capte que je suis animagus. Plus que tout, je veux garder ce secret. Je n’ai absolument pas l’intention que cette information là se diffuse. Pas pour le moment, pas dans ce contexte-ci.”


Evidemment, il disait cela sur le territoire du Comte, son secret était déjà mis à mal. Néanmoins, son expérience avait été aboutie dans une pièce où il était très probablement observé par les sbires du directeur jour et nuit. Clemens gardait seulement l’espoir que nul parmi les étudiants, ou chez les officiels du ministère n’apprendrait cette évolution. D’autres personnes représentaient évidemment un risque, mais les antagonistes de leur société ne s’intéresseraient pas à lui. Il l’espérait, du moins.

“Il suffit de s’éloigner de l’académie, là où personne ne te reconnaîtrait. La fin de la plage à Avalon pourrait déjà être une solution… Sinon, on transplane quelque part et ce sera vite réglé. Une plage sauvage, à l’abri d’une falaise pour limiter le vent…”

Il restait un peu songeur quant au meilleur endroit pour son entraînement. Pour le secret, une pièce fermée était en effet le meilleur endroit qu’il puisse choisir, comme il l’avait fait dans la salle aux miroirs et sa propre chambre. Néanmoins, Quinlan avait raison sur un point : pour véritablement apprendre à voler, il fallait s’offrir au grand air et se mettre dans des conditions réelles. Et le plus tôt serait le mieux. Clemens se leva pour rejoindre son amant auprès de la table, tout en lui jetant un regard espiègle. Le sous-entendu rebondissait comme une balle entre eux, mais il se contenta d’un sourire entendu cette fois. A ce sujet-là, ils n’avaient plus vraiment besoin de mots.

“Je prendrais volontiers un verre. Les métamorphoses m’ont un peu éreinté, mais ça passera vite. Surtout avec un bon repas.”


L’Allemand s’installa, déjà ravi de pouvoir jouer de la fourchette. Le calme lui revint peu à peu et pour la première fois depuis son arrivée, il porta enfin son attention sur le guérisseur et désigna sa carte du menton.

“Tu as l’air de bien avancer sur tes recherches. Tu veux qu’on s’y remette ensemble, un de ces quatre ?”
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MessageSujet: Re: Il faut être léger comme l'oiseau, et non comme la plume   Il faut être léger comme l'oiseau, et non comme la plume EmptyVen 30 Oct 2015 - 19:29

Oh. Alerte ‘t’as encore dit une connerie’. Le regard de Clemens s’était assombri d’un coup, et malgré la main caressante sur sa cuisse, Quinlan savait qu’il avait encore mal choisi ses mots. Ou qu’il n’avait pas pensé à un détail gênant. La deuxième solution fut la bonne. Il soupira. C’est vrai qu’être Animagus n’était pas anodin et que pour l’instant, il valait mieux pas que cela ne s’ébruite. Quinn ne put s’empêcher de déposer un petit baiser sur le front de Clemens en espérant le détendre un peu.

— Tu as raison, ce serait trop dangereux.

Après, les idées du Sinistros n’étaient pas idiotes : aller jusqu’à Avalon et transplaner loin des regards indiscrets pour l’entraîner dans des conditions réelles, sans pour autant mettre à mal son anonymat. Et puis, l’idée d’être seuls sur une plage était loin de rebuter Quinlan.

— Le vent vient souvent de la mer elle-même alors je ne sais pas si les falaises limiteront quoi que ce soit… Je parlais de forêt mais on peut se trouver une clairière et s’y limiter. Enfin, c’est comme tu le sens. Il y aura du vent quoi qu’il arrive, je pense, même un peu.

Il haussa les épaules et se leva pour finir de mettre la table, non sans un sous-entendu tellement peu subtil qu’il ne méritait même pas cette appellation. Quinn proposa aussi du vin — il n’avait pas de champagne en stock — tout en s’attendant à ce que Clemens refuse, compte-tenu de son état de fatigue. Ce dernier le surprit en acceptant quand même le verre.

— Parfait !

Quinlan sortit la bouteille qu’il ouvrit et servit deux verres. Il n’était pas amateur de vin rouge mais bon, il n’allait pas le laisser boire seul ! Le guérisseur ne s’était pas rendu compte qu’il avait faim à ce point avant d’attaquer son curry. Ah, qu’est-ce que c’était bon…! Trop heureux de manger, il tilta avec un moment de retard de ce que disait Clemens.

— Hein…? Ah ! Oui oui, ça me ferait plaisir. Je vais avoir besoin de ton aide de toute façon. Pour autre chose, pas pour ça…

Il montra la carte d’un geste de la tête.

— J’ai épluché le registre des loups-garous recensés au Ministère depuis ces vingt dernières années et je me suis rendu compte que très vite, on perdait leur trace. Adresses fictives, déménagements à intervalles réguliers… Mais souvent dans une seule direction : l’Écosse. Une fois passé au Nord, les renseignements du Ministère sont complètement perdus. C’est comme si les gens disparaissaient d’un coup.

Entre deux coups de fourchette, Quinlan se gratta le nez.

— J’ai plusieurs théories, mais aucune ne me plaît vraiment. Je sais pas ce que t’en penses.

Quinn était parti du principe que si quelqu’un attirait les lycanthropes vers le Nord, c’était soit pour les tuer, soit pour les ‘sauver’. Il espérait vraiment que ce soit la seconde solution, histoire de voir à quoi pouvait ressembler une communauté de sorciers ‘atypiques’ vivant en Europe, mais hors du système. Quel genre de société pourraient-ils créer ?

Évidemment, si Quinlan tombait sur un charnier, ça ne le ferait pas avancer dans ses recherches, mais il mènerait quand même l’enquête, par principe. Et il s’occuperait du responsable lui-même, bien entendu. Peut-être qu’il pourrait en toucher un mot à Dumby, histoire de faire passer ça en officiel et d’avoir du renfort en cas de problèmes.

— Enfin, si ça peut te rassurer, j’ai toujours besoin de tes talents pour m’aider avec cette saloperie de grimoire. J’ai pas vraiment avancé avec lui. Faut dire aussi que je l’ai un peu mis de côté, avec l’étude de ces registres. Et toi du coup, c’est quoi la prochaine étape ? Théorique je veux dire. Enfin, en intérieur. Avec ton corps original quoi. Très original. Unique.

Il se racla la gorge et fit mine de cacher une gêne qui n’existait bien évidemment pas. Tout n’était qu’un acte qu’il surjouait volontiers. Ses yeux brillants se plongèrent dans les siens à la recherche d’une lueur de dépravation. Quinlan serait certainement repu à la fin de son repas, mais ça ne voulait pas dire qu’il n’aurait pas faim.
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Clemens Neubach
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MessageSujet: Re: Il faut être léger comme l'oiseau, et non comme la plume   Il faut être léger comme l'oiseau, et non comme la plume EmptyVen 30 Oct 2015 - 23:02

Quinlan n’avait pas tort à propos de la destination la plus propice pour un entrainement au vol. Même si ses capacités étaient encore plutôt limitées, il avait néanmoins besoin d’être dans des conditions réelles, ce qui impliquait forcément le vent. Les bourrasques. Les espaces libres et même les arbres. Clemens haussa les épaules avec un vague sourire. Ils trouveraient bien une vallée le jour où ils décideraient vraiment de s’entraîner. Un truc plein de vent, mais sans trop d’obstacles, histoire qu’il ait assez d’espace pour s’étaler sans se fracturer une épaule. Quelle ironie.

Le sujet de la conversation déviait déjà. Alors qu’ils attaquaient leurs assiettes avec un enthousiasme parfaitement contrôlé au vu de la scène précédente, les deux hommes ne pouvaient pas s’empêcher de laisser leurs idées s’envoler déjà vers d’autres horizons. L’Ecosse, ses loups-garous, ses zones sauvages et ses opportunités plus ou moins agréables. Clemens déposa ses couverts avec un intérêt non dissimulé et se saisit de son verre de vin, avant de se laisser tomber contre le dossier de sa chaise. Les quelques dizaines de centimètres lui suffisaient pour avoir une vision plus globale sur la carte. Les traits et les couleurs se mêlaient en un schéma qui ne fait pour l’instant aucun sens.

“Tous dans une seule direction… C’est insensé, en effet. Tu as déjà une piste particulière ? Tu t’es intéressé aux légendes, aux lieux qui seraient particulièrement liés au lycanthropie au nord ? Si c’est un phénomène récurrent, alors il a forcément laissé des traces ou été remarqué par qui que ce soit. Même le Ministère ne peut pas tout effacer.”

L’étudiant ne croyait pas entièrement à ses propres paroles. Les officiels étaient parfaitement capables de corriger les mémoires à tours de bras, de modifier les registres et les enregistrements… Il allait boire une gorgée de son rouge mais s’interrompit dans son geste, le regard fixé sur Quinlan. Ses yeux brûlaient d’une lueur un brin démente, tant il refusait de croire à l’idée qui venait de naître au fond de sa tête. Il ouvrit la bouche pour parler, mais s’interrompit pour ne pas griller la priorité à son partenaire. La situation venait d’étrangement se renverser, alors qu’il se trouvait à la place de celui écrasé sous trop d’informations et qui ne parvenaient pas à exprimer chacune de ses interrogations.

Et si le guérisseur se perdait dans les regards tendancieux et les considérations anatomiques, la conversation allait se perdre en un double-sens peu productif. Clemens reposa son verre sans y avoir touché et leva une main pour intimer une pause à son amant.

“Attends, attends. Comment est-ce que tu as mis la main sur ces registres ? Ne me dis pas que tu t’es infiltré au Ministère ?”


La question avait déjà été évoquée à demi-mots, et l’Allemand ne doutait absolument pas que son compagnon en soit capable. Quinlan lui avait déjà montré qu’il disposait d’une face un peu cachée, inattendue, parfois désagréable. Ils avaient beau se jurer encore et encore qu’ils s’exprimeraient, Clemens savait que son aîné devait avoir encore autant de secrets qu’il n’en gardait lui-même. Ils cherchaient trop à se protéger d’eux-mêmes. En fait, il avait bien besoin d’une gorgée de cet excellent rouge.

“Bien sur que je t’aiderai, quelle question. Si tu l’as un peu plus bidouillé, ça me donnera une meilleure idée de ce que je peux essayer de lui arracher. Moi… J’ai atteint le but premier de mon expérimentation. Je suis au bout du chemin quelque part, mais mes recherches vont plus loin que ça, je veux prouver ce que personne n’a encore démontré avant moi. J’ai un peu perdu ce travail-là de vue ces dernières semaines… Je vais d’abord essayer de maîtriser l’oiseau en moi et de trouver une simple piste pour faire parler mon propre grimoire. Là-dessus non plus, je n’ai pas trop avancé.”

Il reposa son verre et attaqua son curry avec une nouvelle force. La tâche lui paraissait encore titanesque, malgré l’aide qu’ils pouvaient s’apporter. Tant l’un comme l’autre étaient si loin de mettre le point final à une théorie révolutionnaire… Clemens afficha un sourire déterminé, loin de son espièglerie habituelle ou de toute autre sensation enivrante qu’il pouvait trahir en présence de Quinlan.

“Enfin, la priorité, c’est ton boulot maintenant. Si t’as une vraie piste, ça vaut le coup de la remonter.”
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MessageSujet: Re: Il faut être léger comme l'oiseau, et non comme la plume   Il faut être léger comme l'oiseau, et non comme la plume EmptySam 31 Oct 2015 - 1:04

Quinlan arqua un sourcil. Les légendes ? Il s’y était intéressé fut un temps, mais pour cette recherche précise, il ne s’y était pas vraiment penché. Y avait-il des mythes particuliers tournant autour de l’Écosse qui justifieraient que les lycanthropes s’y tournent naturellement ? Le guérisseur afficha une mine perplexe.

— Je n’ai pas du tout pensé aux légendes, je dois t’avouer. J’étais plutôt sur la bonne vieille piste des rabatteurs voulant regrouper tous les loups-garous du pays dans un seul endroit, mais dans quel but…? Après, tous les loups-garous ne suivent pas ce chemin tout tracé. Certains restent bien à leur place.

Quinlan pensait notamment à un nom qui ne figurait pas dans les registres mais qu’il soupçonnait fortement d’être un de ces points fixes lycanthropes. Lupin. En faisant le calcul des années en arrière et vu la tête du gars, ce n’était pas dur de comprendre ce qui lui était arrivé. Peter et Quinlan avaient eu raison : la Cabane Hurlante avait eu une excellente raison d’hurler. Il faudrait d’ailleurs qu’il le contacte en personne pour lui poser quelques questions… C’est juste que compte tenu de la situation d’urgence de l’Ordre, venir taper la discute autour d’un café à propos des effets de la transformation lupine à Rémus, c’était peut-être un peu beaucoup. Quinn restait dubitatif, le nez dans son verre de vin.

Du coup, il se laissa surprendre par la question on ne peut plus légitime de Clemens. C’est vrai qu’il ne lui avait rien dit, mais en même temps il l’avait prévenu, non ? Le guérisseur arqua un sourcil, et hocha la tête.

— Je t’ai dit que je le ferais pendant les vacances de Noël. J’ai juste pas eu l’occasion de t’en reparler avec tout ce qu’il s’est passé… Entre l’Ordre, mon frère, les attaques du Comte… C’est un peu passé au second plan, d’autant plus que je pouvais avancer en solo. Toi c’était un peu pareil, non ?

Un partout, la balle au centre. Quinlan enchaîna du coup avec les recherches personnelles de Clemens, du moins celles qui ne requéraient pas qu’il se transforme. Il avait bien du mal à ne pas faire de sous-entendus graveleux, tant sa libido se sentait sauvage ce soir. Mais il devrait encore attendre, le sujet était encore trop important pour être si facilement mis de côté. Et pourtant, le Sinistros préférait concentrer toute son énergie à travailler sa forme animale plutôt que de revenir sur des choses plus théoriques. Quinlan haussa les épaules.

— Si un jour t’as une révélation à propos de ce bouquin, hésite pas du coup. Moi j’aimerais bien dupliquer le mien pour pouvoir redisposer les pages. Ce truc est un puzzle, j’en suis convaincu.

D’un accio lancé sans grande conviction, Quinlan fit voler De Simplex Magicæ de son bureau jusqu’à la table, et l’ouvrit à une page au hasard. Un petit symbole se trouvait en pied de page, et en observant bien, on pouvait voir une différence de teinte sur le parchemin, très légère, mais bien présente.

— Tu vois cette fine ligne…? Je suis sûr que c’est une partie d’un motif… C’est comme s’il fallait détruire le livre pour accéder à ce qu’il contient. Ou être assez bon pour le faire tout en préservant l’original.

Il laissa Clemens manipuler le grimoire s’il en avait envie, revenant à son curry d’un air pensif.

— Et je ne suis pas assez bon en métamorphose pour dupliquer assez précisément le grimoire. Tu crois que tu pourrais le faire ?

Si son amant ne s’en sentait pas capable, ce n’était pas grave, Quinlan trouverait bien un autre moyen. Quelque chose de plus moldu, de plus artisanal, mais aussi bien plus long et laborieux : recopier à la main en espérant être assez précis pour pouvoir reconstituer le puzzle comme ça.

Quant à remonter la piste des registres, Quinn trouvait l’idée de plus en plus séduisante, effectivement.

— Pour les registres et les voyages un peu étranges, j’ai déjà une petite idée. Je vais aller sur place, mais je peux sûrement convaincre l’Ordre de m’épauler histoire d’avoir des renforts. Autant que mon identité secrète me serve à quelque chose, hein ?

Il sourit sans grande conviction, se doutant bien de comment une telle annonce pourrait être accueillie du côté de Clemens. Quinlan ne voulait pas le mettre en danger en lui demandant de l’accompagner, mais en même temps… Il prenait des risques lui-même. C’était normal que le Sinistros ne soit pas enchanté à cette idée et Quinlan s’y attendait. D’où l’air penaud et le regard un peu baissé. C'était mieux quand on parlait de vipère.
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MessageSujet: Re: Il faut être léger comme l'oiseau, et non comme la plume   Il faut être léger comme l'oiseau, et non comme la plume EmptySam 31 Oct 2015 - 12:17

Clemens hocha négativement de la tête, il ne s’était pas exprimé assez clairement et Quinlan cherchait à présent une piste purement ésotérique. L’étudiant avait bien compris la thèse principale de son amant, et c’était directement en lien avec l’existence d’un potentiel réseau qu’il avait évoqué les légendes. Il n’y avait pas de fumée sans feu, et c’était pareil pour les rumeurs. Et à fortiori, pour les légendes.

“Oui, mais tes rabatteurs, ils doivent bien laisser des traces, ils ne peuvent pas être complètement invisibles. Une légende, ça peut se nourrir de ça. Même si l’histoire dit que les loups-garous sont spontanément attirés par un endroit, peu importe la raison, ça ne prouve pas qu’ils ne sont pas en fait amenés là-bas, voire contraints de s’y rendre. Ça te ferait une piste supplémentaire.”

Pour le reste, il n’était pas plus imaginatif que le guérisseur. Dans le cas très particulier des loups-garous, il ne voyait pas trente-six possibilités de tous les réunir à un même endroit. Une milice particulièrement agressive aurait pu mettre en place un tel réseau pour les détruire, même s’il voyait mal quelle organisation aurait pu développer assez de puissance pour mettre en place un réseau aussi efficace et aussi précis. Malgré tout ce qu’on pouvait reprocher au Ministère, un département ne pourrait se permettre de se mêler à une telle affaire, le scandale serait trop gros si la bulle venait à éclater. Cela n’excluait cependant pas que des fonctionnaires isolés soient impliqués. L’autre piste, c’était un rassemblement à un niveau plus positif, même si cette piste-là possédait également deux embranchements. L’Écosse disposait peut-être de terrains suffisamment reculés pour permettre à une communauté lycane de vivre en autarcie… Il se pouvait aussi — particulièrement si cet exode était récent — que le rabattage ait un but plus idéologique. Vu l’ampleur, la théorie n’était même plus inquiétante, c’était une bombe à retardement.

Le détail qui l’intéressait le plus cependant, c’était la façon dont Quinlan s’était procuré ce registre. S’infiltrer au Ministère n’était de toute évidence pas une mince affaire, mais il se pouvait également que son amant ait utilisé un intermédiaire quelconque, en s’aidant de moyen plus ou moins légaux. Son enthousiasme incrédule sonna malheureusement comme un reproche aux oreilles du guérisseur et son retour claqua sèchement dans l’air. Une expression blessée traversa le regard du jeune homme pendant une seconde, avant qu’il ne la chasse et affiche une contenance aussi neutre que possible.

“C’était pas un reproche. Je suis juste impressionné que tu sois parvenu à le faire juste comme ça, si facilement apparemment. Mais laisse tomber, je voudrais pas te piquer tes secrets de guerre.”

Clemens détourna son regard et s’intéressa à la carte assez longtemps pour retrouver un semblant d’intérêt quand Quinlan lui fit voler le grimoire sous le nez. Ce fameux ouvrage ne s’était toujours pas décidé à livrer ses secrets, mais si les hypothèses du guérriseur s’avérraient juste, la clé ne se trouvait plus bien loin. L’Allemand l’écoutait parler sans rien dire, hochant la tête à intervalles réguliers et finit par attirer le livre jusqu’à lui pour y regarder de plus près. L’objet était vieux, passablement abîmé déjà, mais sa qualité exceptionnelle l’avait aidé à résister au passage du temps. Sa protection était de toute évidence assez exceptionnelle.

“Dupliquer un livre, c’est en soi pas très compliqué, il faut juste faire preuve de beaucoup de concentration et de finesse. Je pense en être capable. Le problème, c’est plutôt de savoir si ce filigrane n’est pas lui-même une protection supplémentaire et je ne suis pas sure qu’un sort de copie suffira à répliquer le motif en lui-même. Je ne serais pas étonné qu’on se retrouve avec un second grimoire parfaitement identique, mais cette information en moins. Enfin, ça ne coûte rien d’essayer. J’y regarderai demain, si tu veux.”

Il était trop fatigué pour s’y essayer ce soir-là. Si le résultat avait des défauts, il serait incapable de dire si ils venaient de son manque de concentration ou d’une quelconque résistance du livre. Le lendemain matin, en revanche, il devrait être assez bien disposé à dépasser les protections du livre et à lui faire livrer le plus de secrets possibles. Le but de Quinlan semblait se rapprocher à grandes foulées.

“Je suppose qu’arrivé à ce point-là, on ne peut plus se contenter de recherches et de théories, oui. Mais je serais rassuré de savoir que tu ne te jettes pas… là-dedans tout seul.”


L’expression qu’il avait manqué d’utiliser aurait surement passé pour un jeu de mot particulièrement indélicat. Clemens se rattrapa avec un sourire manquant un peu de conviction lui aussi. Il n’allait pas se réjouir de savoir que son amant prendrait de tels risques pour ses recherches. Il n’allait pas le lui reprocher non plus, sachant très bien que si la situation était renversée, il n’hésiterait pas devant grand chose pour arriver à ses fins. Néanmoins, si la perspective d’aller à la rencontre des loups-garous ne lui plaisaient pas, il savait aussi qu’il ne laisserait pas Quinlan y aller seul. C’était lui, ou l’Ordre du Phénix. Et la lueur déterminée dans son regard devait rendre cette pensée parfaitement transparente.
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MessageSujet: Re: Il faut être léger comme l'oiseau, et non comme la plume   Il faut être léger comme l'oiseau, et non comme la plume EmptySam 31 Oct 2015 - 17:03


Effectivement, Quinlan n’avait pas très bien compris ce que voulait dire Clemens quand il parlait des légendes liées aux loups-garous. Ce dernier dut donc préciser sa pensée, qui était loin d’être insensée, comme d’habitude. Curieux, Quinn l’écouta jusqu’au bout en buvant une gorgée de vin, avant de hocher la tête.

— C’est pas con, ouais. Je creuserais de ce côté-là aussi, histoire de voir si je n’ai rien loupé.

Ce registre était rapidement devenu le noyau central de ses recherches, notamment parce qu’il lui ouvrait la porte sur le terrain. Que l’Écosse soit une terre promise des loups-garous ou leur tombe, ça ne pouvait que faire avancer ses propres travaux. Au mieux pourrait-il en sauver quelques uns, si jamais ils étaient en réel danger.

Mais ce qui semblait intéresser Clemens, c’était la façon dont il se l’était procuré. Honnêtement, Quinlan préférait ne pas s’étendre là-dessus, de peur d’inquiéter inutilement Clemens. Il redoutait aussi des reproches à demi-mots, une crainte qui se mêlait à la culpabilité de ne pas lui avoir tout dit directement. Son ton avait été un peu sec, et maintenant qu’il voyait la réaction du Sinistros, il le regrettait.

— Ce n’est pas facile, en fait. Je pense même que je ne suis pas bon là-dedans. Jouer les ninjas et passer inaperçu, ce n’est pas vraiment ma spécialité.

Mais parfois, il faut ce qui faut. Il espérait juste que Clemens n’irait pas lui demander ce qu’était réellement sa spécialité, et cela pouvait presque se lire dans le regard hésitant qu’il lui lançait. Que le Sinistros ait sorti le mot ‘secret’ ne l’avait pas laissé indifférent non plus. Son foutu code d’honneur, sorti de nulle part. Il ne voulait pas de secrets entre lui et Clemens… Même s’il était clair que l’étudiant n’était pas prêt à tout entendre. Quinlan se mordit la lèvre, détourna le regard et la conversation sur un autre sujet. L’autre grimoire, celui qui lui résistait toujours. Puisqu’il en parlait, le guérisseur l’amena magiquement jusqu’à la table, pour montrer ce dont il parlait à Clemens.

Ok, alors ce serait possible de faire une copie ! Le visage de Quinlan s’éclaira d’un petit sourire, malgré la possibilité d’un échec.

— On verra ça demain oui. Ça urge pas.

Puis vint l’heure de la deuxième grosse révélation de la soirée : Quinlan allait sûrement partir en expédition dans les prochaines semaines pour enquêter sur ces mouvements de populations lupines suspects. Il annonça également qu’il en toucherait un mot à l’Ordre, histoire de ne pas y aller seul avec sa baguette et son couteau. Il ne disait pas ça seulement pour rassurer Clemens, mais aussi pour se rassurer lui-même. En voyant la réaction du Sinistros, il sut que ce n’était pas quelque chose de superflu.

— Ne t’inquiètes pas, je ne compte pas t’empêcher de m’accompagner si l’Ordre refuse ma requête. T’as aucun instinct de survie donc autant te garder près de moi, non ?

Quinlan ne put s’empêcher de sourire avant de finir son verre de vin. Il avait bien mangé, peut-être même un peu trop, et il réprima un bâillement. Se levant, il contourna la table pour venir derrière Clemens et lui déposer un baiser dans le cou.

— Honnêtement, je n’ai même pas envie de te forcer à rester en arrière pendant que je serais sur le terrain. C’est dangereux là-bas, mais ça ne veut pas dire que tu es plus en sécurité ici. Enfin, je ne dis pas ça pour que tu quittes l’Académie… Le Comte a forcément un agenda caché, il fait tout ça pour une raison, bonne ou mauvaise, et je suis trop curieux pour partir avant d’avoir le fin mot de l’histoire.

Et accessoirement, une petite revanche pour tout ce qu’il leur avait fait subir aussi ne serait pas de trop.


Dernière édition par Quinlan C. Fitzsimmons le Dim 1 Nov 2015 - 16:26, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Il faut être léger comme l'oiseau, et non comme la plume   Il faut être léger comme l'oiseau, et non comme la plume EmptyDim 1 Nov 2015 - 10:19

Ce fut à son tour de hausser un sourcil étonné. Il ne comprenait pas bien pourquoi Quinlan tenait à jouer la fausse modestie en une pirouette qui lui évitait les détails. Le Ministère n’était pas un endroit où on pouvait se rendre sans une bonne raison et la sécurité y était bien plus perfectionnée que ce que l’on ne laissait voir au visiteur lambda. Clemens s’y était rendu assez souvent avec sa mère pour le savoir. L’envers du décor était même plutôt impressionnant dans les zones qui n’étaient d’ordinaire ouvertes qu’aux employés et le contexte politique avait mené à un drastique renforcement de ces mesures. Si la situation était considérée assez grave pour que des aurors patrouillent autour de toutes les zones de transplanage, que dire du centre névralgique du monde magique anglais ?

L’Allemand décida de ne pas gratter la question plus loin pour le moment, mais son regard se voulait assez évocateur sur ses pensées. Cette esquive un brin humoristique avait transformé sa curiosité en véritable méfiance, et il était à présent convaincu d’avoir mis le doigt sur une nouvelle part d’ombre. Quinlan ne voulait pas lui donner plus de détails, cherchait à noyer le poisson pour une raison qui ne lui apparaissait pas comme transparente. Si son amant cherchait encore à le protéger, l’excuse était plutôt fragile : Clemens en savait déjà trop sur les recherches du guérisseur pour pouvoir afficher patte blanche. La seule explication était qu’il avait encore quelque chose à cacher, mais l’étudiant n’était pas sur de vouloir ouvrir cette porte-là.

La mauvaise humeur qui se lisait sur son visage se dissipa peu à peu alors qu’ils devisaient du grimoire et de la façon de le craquer. Ils avaient enfin une piste pour le forcer à révéler ses secrets, et elle représentait un challenge suffisant pour exciter l’intérêt de l’ancien Serdaigle. Non seulement il allait devoir déployer toutes ses compétences, mais en plus de cela, un succès signifiait la découverte d’une énigme potentiellement centenaire. Les recherches de Quinlan l’intéressait primairement pour leur sens moral, mais le nombre de mystère à éclaircir — et surtout, la perspective d’être le premier à le faire — représentait un argument supplémentaire pour s’y intéresser.

La suite logique de toutes ces considérations théoriques étaient les applications pratiques de leurs spéculations. Sans grand étonnement, cette perspective lui plaisait beaucoup moins que le pelotage de grimoire et les puzzles. Néanmoins, il était assez loyal à ses proches et — contrairement à la rumeur, doté d’une conscience de la survie assez marquée — pour ne pas laisser Quinlan partir seul en expédition. Clemens n’était pas forcément le meilleur partenaire pour ce genre de petites sauteries, mais les missions suicides voyaient tout de même leurs chances de réussite augmenter sensiblement quand on avait un copain sur qui compter. Au moins parce que dans les histoires, celui-ci était le plus con et pouvait crever à votre place. Un fin sourire se dessina sur son visage, avec la fatigue, le vin semblait plus prompt à l’envoyer dans d’étranges digressions mentales.

“Comme t’y vas. Bien sur que si j’ai un instinct de survie, il est juste pas primaire dans l’ordre de mes instincts. Et si j’en étais complètement dépourvu, ça serait probablement beaucoup plus sage de me laisser à Haveirson plutôt que m’emmener avec toi dans tes folles aventures écossaises.”

Il picora les derniers grains de riz dans son assiette — avec sa fourchette — avant de relever la tête. Il souriait toujours, mais son regard était autrement plus grave que l’expression espiègle qu’il affichait une minute plus tôt encore.

“Dans les deux cas, je veux trouver les clés de ces événements. T’accompagner en Ecosse ne m’empêchera pas de continuer à enquêter sur le Comte, et j’ai encore quelques plans en réserve, si tu veux tout savoir. Je m’abstiendrais d’en donner les détails ici cependant, je pense que tu comprendras pourquoi. Par contre… j’ai déjà quitté l’académie pour une longue période et je préfère que ça ne se reproduise pas de si tôt, d’autant que les membres de ton ordre sont probablement bien mieux équipés que moi pour t’apporter du soutien dans tes recherches. Et puis le Comte, je commence à en faire une affaire vraiment personnelle.”

Clemens haussa les épaules.

“Enfin, tout ça pour dire que tiras pas seul en Ecosse, et qu’on laissera pas cette académie plongée dans le secret.”
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