Para Bellum

30/03/2015

Pour une fois, Isolde n’essayait pas de refouler les émotions négatives qui la traversaient. Elle les laissait venir, monter en elle, la submerger presque. Elle acceptait ce sentiment d’impuissance et de peur comme jamais elle ne l’avait fait. Impuissance ; c’était le mot. Elle se sentait embarquée contre sa volonté dans cette vague de haine, trop isolée et trop faible pour pouvoir s’en dégager. Et coincée dans son statut de née-moldue. Les Mangemorts la considéraient comme une erreur, et les Moldus comme une traître, une ennemie. En arrivant à Poudlard, elle avait rapidement compris qu’elle ne ferait jamais complètement partie du monde sorcier. Elle voyait ce monde comme sa seconde culture d’adoption, et dans un élan d’enthousiasme juvénile, elle avait souhaité s’y accommoder comme elle l’avait fait en arrivant en Irlande. Mais c’était impossible ; tout comme la paix entre Moldus et Sorciers était inconcevable pour son esprit habitué dès la découverte de ses pouvoirs à la stricte séparation des deux mondes. La seule solution qui lui semblait viable était celle du retour au Secret. Les Moldus ne les accepteraient jamais, elle en était convaincue.

L’idée du fichage énoncée par Quinlan lui arracha un long frisson. Un simple regard sur les 60 dernières années était suffisant pour savoir qu’une telle démarche n’avait rien de bon. L’imagination d’Isolde s’emballa aussitôt. Sa grand-mère lui avait suffisamment parlé de la guerre, et Fanny du fichage des LBGTs, et de tout ce qui pouvait en découler. Elle se recroquevilla un peu plus contre le guérisseur.

- Un fichage, ce serait terrible… Ils pourraient le rendre publique, ou l’utiliser comme une menace contre les sorciers. Pour nous obliger à faire ce qu’ils veulent.

Elle avait parfaitement compris le parallèle sous-entendu avec le coming-out. La situation était très semblable, et tout aussi anxiogène et dangereuse pour les principaux concernés. Pourtant, un peu étrangement, ce parallèle fit office de coup de fouet mental dans son esprit embrumé par la mélancolie. Quelque chose dans l’attitude de Quinlan, dans son discours, lui rappelait Fanny. Sa lucidité face aux évènements. Sa résolution face à la situation, mais dénuée de défaitisme ; derrière la peur cachée sous ses mots, elle devinait la volonté de se battre du guérisseur. Un sentiment plus fort que l’impuissance, plus galvanisant, repointa un nez timide dans le coeur de la jeune femme. Celui que Fanny lui avait insufflée et qui était resté en repos, tapis dans un coin de sa poitrine, depuis leur rupture. Celui qui, à Poudlard, lui donnait la force de marcher la tête haute dans les couloirs malgré les insultes. De la combativité. De l’ardeur à défendre sa cause, et elle-même. Elle avait eu besoin d’un détonateur, d’une personne pour la motiver, en la personne de Fanny puis de Quinlan, faute de pouvoir se donner le courage nécessaire elle-même. Mais elle le sentait revenir vers elle, comme un vieil ami perdu de vue. La situation ne lui apparaissait pas moins dramatique, mais elle se sentit un peu moins désarmée, bien qu’elle ne sache toujours pas comment aider. Elle pouvait tout de même faire quelque chose : continuer à s’entraîner, et se donner plus de chances de sauver au moins sa vie, et probablement d’autres.

Elle se redressa de nouveau et se dégagea doucement de l’étreinte du guérisseur. Une lueur décidée se reflétait dans ses prunelles noisette. Elle se remit sur ses pieds, sa baguette fermement serrée dans sa main, et tendit une main à Quinlan pour l’inviter à se relever. Son soudain changement d’attitude devait paraître un peu étrange, alors elle jugea utile de s’expliquer.

- Merci. Tu viens de me rappeler pourquoi j’ai accepté ce cours particulier. J’avais laissé la mélancolie me gagner ces derniers temps, et elle avait bouffé le peu de courage qui me restait.

Son sourire de gratitude s’effaça rapidement pour laisser place à une expression plus grave, concentrée.

- On s’y remet ? Tu pourrais me montrer d’autres sorts ?

Sujet: Re: Para Bellum Lun 11 Jan 2016 - 9:48

Il n’avait jamais douté que si fichage des sorciers il y avait, il pourrait très bien être public. Les moldus les plus apeurés demanderaient certainement à savoir si leur voisin était ou non sorcier, pour leur propre protection. Quinlan pouvait les comprendre, mais ce n’était pas comme ça qu’on réglait les conflits. C’est comme ça qu’on les provoquait. Cette pensée profondément pessimiste lui arracha un soupir, alors qu’il hochait la tête pour Isolde. Que pouvait-il lui dire de plus ? Tout ce qu’il pouvait lui sortir ne la rassurerait pas. Et d’un autre côté, il se demandait si elle avait vraiment besoin d’être rassurée.

Elle le remercia et se mit debout. Finalement, il n’avait pas été aussi inutile qu’il l’aurait pensé. Isolde avait peut-être moins besoin d’être rassurée que d’être secouée gentiment, de reprendre pied dans ce monde qui s’écroulait chaque jour un peu plus. Elle, comme tous les autres sorciers, pouvait faire quelque chose, même si ça paraissait insignifiant. Des actions en apparence négligleables et isolées ne l’étaient plus si des milliers de personnes en étaient à l’origine. Cependant, ça n’était pas sans risque.

— Ne me remercie pas. Je ne suis pas sûr de la voie dans laquelle je te pousse en ce moment même, mais je ne peux pas rester sur le côté à ne rien faire…

Il se releva et haussa les épaules en signe d’excuses. Il était temps de reprendre l’entraînement, non ? La jeune femme semblait prête pour un nouvel exercice que bien sûr Quinlan n’avait pas vraiment anticipé. Ils s’étaient interrompus quand il parlait d’organiser une sorte de jeu de rôle grandeur nature, et très honnêtement, il n’avait pas vraiment pensé cette session dans le détail. Quinn était un prof qui marchait beaucoup à l’improvisation — sûrement un reste de sa carrière d’urgentiste — mais là, il devait avouer qu’il avait assez peu d’inspiration. D’autres sorts ? Il chercha…

— Ça dépend de ce que tu veux faire…

Il hésitait à lui parler de son Diffindo qu’il détournait allègrement pour trancher des membres : ce n’était pas le genre de l’étudiante et il s’en voudrait de l’emmener si loin du ‘mauvais’ côté. Il se creusa encore un peu la cervelle, et tilta d’un détail.

— Tu connais le Stupéfix, non ? Sinon, il y a un sort un peu compliqué qui peut servir d’alarme ou transporter des messages, pour peu qu’on le maîtrise assez bien. Le Patronus.

Quinlan ouvrit les paumes, dans l’expectative. Il ignorait vers quel type de sorts le choix d’Isolde se porterait, et il était de plus en plus clair qu’ils n’auraient pas le temps de travailler en profondeur le spectre des sorts défensifs ce soir. D’autant plus si elle choisissait le Patronus, qui était un sort assez difficile à lancer.

30/03/2015

Le fichage était une option à ne pas exclure, dans leur monde qui partait à vau l’eau. Isolde ne savait pas si elle oserait franchement s’y opposer, mais ce dont elle était sûre, c’est qu’elle tenterait de s’en soustraire. Son esprit lui paraissait plus clair maintenant, et elle en fut reconnaissante à Quinlan. Elle était jusque là un peu trop en mode “demoiselle en détresse” pour son propre bien. Elle se releva, plus décidée que jamais à apprendre à se défendre.

- Je peux quand même te remercier de m’apprendre des sorts ! Quant à ma voie, je n’en sais trop rien non plus, mais je saurais m’y pousser moi-même, ne t’inquiète pas, dit avec un sourire un peu espiègle mais dépourvu d’ironie moqueuse.

Par naïveté ou optimisme, Isolde s’accrochait toujours à une vision positive de ses proches. L’explication de l’utilisation que faisait Quinlan du Diffindo l’aurait étonnée, choquée sûrement, mais elle ne serait pas partie en courant. Elle n’était pas manichéenne ou complètement candide, elle était parfaitement consciente que chaque personne avait ses zones d’ombres. Mais chez les gens qu’elle aimait, ces ombres étaient toujours éclipsées par le meilleur qu’elle voulait voir en eux. Quitte à sous-estimer leur côté sombre, à le repousser un peu en marge de son esprit, biaisée par son à-priori positif. Et quitte à se prendre un retour de bâton parfois violent… Mais elle tenait à cette façon de voir les gens. Elle tenait à cet optimisme qui lui permettait aussi de pardonner plus facilement, parce qu’elle gardait toujours en tête les bons côtés d’une personne, aussi abimée qu’elle soit. Cet optimisme qui l’avait, entre autre, empêchée d’en vouloir à Clemens pour les répliques blessantes qu’il lui avait dites à l’hôpital. Elle savait qu’il avait du mal à comprendre cette attitude, mais la jeune femme avait développé une assez bonne capacité à encaisser les coups de ce genre au fil des années.

Elle hocha la tête aux propositions du guérisseur, les yeux fixant le vide en signe de réflexion.

- Je maîtrise le Stupéfix. Je connais le Patronus, mais je n’ai encore jamais réussi à en lancer un correct. Le professeur de Défense contre les Forces du Mal nous l’avait montré en cinquième année. Mais je ne savais pas qu’il pouvait transporter des messages, je pensais qu’il s’agissait seulement d’une sorte de super bouclier.

Elle réfléchit à ce fameux cours, tentant de se souvenir de l’incantation. L’apprentissage de ce sort était tentant, surtout s’il pouvait servir de messager d’urgence.

- Je crois me souvenir que pour le lancer, il faut penser à un évènement heureux… C’est ça ? J’ai oublié l’incantation par contre. Je veux bien essayer ce sort, et je m’entraînerai toute seule ensuite.

Sujet: Re: Para Bellum Sam 16 Jan 2016 - 9:22

Un soulagement inespéré traversa Quinlan quand Isolde lui affirma qu’elle se poussait dans la direction qu’elle voulait. Heureusement pour lui comme pour elle, la jeune femme avait encore un minimum de jugeotte, parce que vraiment, Quinn ne voulait pas l’attirer dans les recoins sombres de son existence. Il était difficile parfois de faire la part des choses entre ce qui était juste et ce qui était nécessaire. Les secrets de Quinlan, enterrés dans la lie de son inconscient, faisaient lentement surface de nouveau, tant et si bien qu’il devait lutter contre pour ne pas perdre pied. Isolde devait être protégée, pas transformée en arme. Après, ce qu’elle faisait de son propre chef, il ne pouvait pas en juger et il serait très mal placé pour lui faire des reproches.

— Ah, je te fais confiance !

Un petit rire, comme pour détendre l’atmosphère et évacuer un peu de la nervosité qui l’étouffait. Elle voulait apprendre d’autres sorts encore ? Le répertoire de Quinlan n’était bien étendu, mais il y avait peut-être bien un sort qui pouvait intéresser Isolde. Pas le Stupéfix apparemment, qu’elle connaissait et maîtrisait déjà. Par contre, le Patronus… Ça, ça pouvait être diablement intéressant.

— Le Patronus est un bouclier contre les Détraqueurs, ce qui pourrait s’avérer plus utile que prévu compte-tenu des circonstances. Et oui, il peut transporter des messages…

Il allait lui faire une démonstration, mais elle le coupa dans son élan avec une autre question. Elle avait de bons restes de Poudlard, ça ne faisait aucun doute : Quinlan hocha la tête pour la façon dont on le lançait, et lui donna l’incantation en lançant lui-même le sort.

— Expecto Patronum !

Quinlan fit un mouvement circulaire avec sa baguette, tout en se remémorant les éclats de rire avec Neal, alors qu’ils dansaient. Comme cela en devenait l’habitude, le souvenir se fondit dans un autre, où deux grands yeux bleus brillaient de joie en s’exclamant “Tu es brillant !”. De la baguette d’aubépine jaillit alors une myriade de phalènes bleutées qui s’enroulèrent autour de Quinlan avant de s’élever dans les airs. Elles se mirent alors dans un certain ordre, prenant la forme caractéristique d’un… pénis. Et leur crissement d’ailes ressemblait de plus en plus à un murmure. En-dessous, Quinn était mort de rire.

— Pardon pour l’exemple… J’avais pas grand-chose d’autre en tête.

Les murmures se firent de plus en plus forts, mais il n’était pas possible de distinguer le message clairement.

— J’ai encore du travail à faire de ce côté-là moi aussi mais… tu vois, c’est possible. J’ai vu certains patronus parler ou mimer de façon distincte. Comme le mien est une nuée de papillons, plutôt qu’un seul, je m’en tiens généralement à un dessin.

Alors qu’il disait cela, son patronus disparut peu à peu en volutes bleutées. Il soupira : ces derniers temps, il n’arrivait pas à savoir si lancer un Patronus était plus simple ou plus compliqué qu’avant. C’était étrange et Quinn n’aimait pas trop ce changement, mais il n’avait pas le choix, il fallait bien qu’il fasse avec. Enfin, il revint à Isolde : c’était elle qui avait besoin de cours, pas lui. Bon ok, si, il avait besoin de cours, mais c’était pas le but de ce rendez-vous.

— La première étape pour un Patronus, c’est déjà d’avoir une forme distincte et stable. Rien que ça, ça demande pas mal d’entraînement. Je pense que tu as de quoi faire déjà…

Quinn laissa échapper un bâillement. Il ignorait quelle heure il était, mais cette soirée n’avait franchement pas été de tout repos et la fatigue commençait doucement à se faire sentir.

30/03/2015

Le rire de Quinlan eut exactement l’effet escompté, et Isolde sourit un peu plus largement. Son regard se fit plus vif à l’écoute des explications du guérisseur, et elle hocha la tête machinalement. Transporter des messages pouvait être particulièrement utile, si une attaque de genre de celle d’Avalon se répétait. Elle avait donné un miroir à double sens à Clemens, en prévision de ce genre de situation, mais encore fallait-il qu’il soit disponible au bon moment, et qu’il puisse l’aider… Si ces souvenirs de Poudlard étaient exacts, le Patronus avait également un effet réconfortant, rassurant ; exactement ce dont elle avait besoin. Si en plus de la protéger, il pouvait l’aider à surmonter sa panique, elle ferait d’une pierre deux coups.

Quinlan fit de nouveau apparaître sa nuée de papillons et elle resta de nouveau une seconde muette, admirative du résultat. Puis son admiration se mua en étonnement. Pendant un instant, elle resta figée, le visage complètement inexpressif. Puis elle éclata franchement de rire à son tour, faisant sursauter Endymion, qui roupillait toujours dans son coin. Pas grand-chose d’autre en tête, hein ? Isolde sourit en coin, se demandant s’il s’agissait d’un moyen détourné de lui dire qu’il voulait terminer l’entraînement et aller voir Clemens.

Au moins, elle était maintenant complètement détendue, ce qui n’était pas un mal au vu de la complexité du sort. Cette complexité l’inquiétait tout de même. Si Quinlan, qui devait le maîtriser depuis un moment, n’arrivait pas encore à envoyer des messages clairs, elle avait un sacré boulot devant elle. Mais elle n’était pas du genre à reculer devant une difficulté, surtout si le jeu en valait autant la chandelle.

- Oui, je vais déjà m’entraîner à produire une forme stable. Au minimum, ça pourra toujours me servir de protection.

Isolde alla se placer au centre de la pièce, les yeux fermés. Sa mémoire fourmillait de souvenirs heureux, témoins d’une époque un peu plus calme. Elle choisit de remonter loin, dans son enfance, essayant de ressentir à nouveau les émotions brutes de son moi plus jeune. Son enfance, choyée et insouciante, regorgeait de moments de joie, et cette réflexion suffisait déjà à la faire sourire. Mais un souvenir était plus puissant que les autres. Isolde souffla profondément, laissant les bruits et les images revivre derrière ses paupières closes.

Juin 1984, dans un parc de Dublin. La journée ne s’annonçait pas très bien à vrai dire. Les Mayer étaient arrivés en Irlande en septembre, et pour la première fois, Isolde ne pouvait pas fêter son anniversaire dans l’immense et adoré jardin botanique de Munich. Ne comprenant pas pourquoi ses parents lui avaient refusé le voyage (c’était forcément de la mauvaise volonté de leur part), Isolde avait traîné les pieds et boudait, assise dans l’herbe sous le soleil estival. Et alors, sous ses yeux ébahis, sa mère sortit de leur grand sac de pique-nique un violon soigneusement emballé. Son premier violon. C’était un petit instrument d’occasion, racheté par son père à un ami musicien, mais les yeux d’Isolde n’auraient pas pu briller plus, eut-il été en or massif.

- Expecto Patronum !

Isolde rouvrit les yeux alors qu’elle prononçait l’incantation. Une fine brume blanche s’échappa de la baguette, encore loin de représenter un quelconque animal. Elle retenta, une fois, puis d’autres, réussissant à produire une brume un peu plus dense à chaque essai. Après une demi-heure d’entraînement, elle s’approcha du mur et se laissa glisser jusqu’à terre, épuisée. Le sort demandait une énergie et une concentration folles, et elle se sentait mentalement exténuée.

- Je crois que c’est tout ce que je peux faire aujourd’hui, dit-elle avec un faible sourire.

Le baîllement de Quinlan un peu plus tôt ne lui avait pas échappé, et elle aussi ressentait le besoin de rejoindre son lit. Après quelques secondes, elle se releva lentement et défit les enchantements qui enfermaient Endymion.

- Merci beaucoup pour ce soir, vraiment, dit-elle au guérisseur. Malgré la fatigue, son regard brillait toujours de la détermination que l’entraînement avait ranimée chez la Phénix. Tu me sauveras peut-être la vie avec ce sort, un jour… Je continuerai à m’entraîner, et je reviendrai peut-être te demander une deuxième session, si ça te convient ? Ca me ferait très plaisir en tout cas.

Laissant Quinlan sortir le premier, elle quitta la pièce, et monta quatre à quatre les escaliers jusqu’à sa chambre, où elle se donna juste le temps d’enfiler un pyjama avant de s’étaler de tout son long sur son lit. Et cette nuit-là, elle dormit plus profondément qu’elle ne l’avait fait depuis des semaines.

Sujet: Re: Para Bellum Lun 18 Jan 2016 - 14:28

La réaction d’Isolde était somme toute assez prévisible. Quinlan pouvait être un véritable gamin quand il lui en prenait l’envie, et la fatigue n’avait pas joué un petit rôle dans le choix de la forme que prendrait son banc de phalènes. L’étudiante bloqua un moment, avant de rire. Bon, ça va, elle le prenait plutôt bien.

Après quelques dizaines de secondes, les phalènes s’évaporèrent dans les airs, laissant Isolde et Quinlan seuls avec leurs baguettes. C’était au tour de la jeune femme maintenant d’essayer de lancer le sort. Il était moins difficile à lancer qu’à maîtriser réellement : il n’y avait que le temps et un certain travail sur soi qui pouvait aboutir à un patronus assez efficace pour communiquer réellement avec son entourage. Il y avait peu de chances qu’Isolde en soit capable dans les semaines ou les mois qui viendraient, dût-elle s’entraîner tous les jours.

Elle commença en suivant les conseils de Quinlan, qui s’écarta un peu pour la regarder faire. Son premier patronus n’avait pas de forme, et il n’y avait rien de plus normal à ça. Ça viendrait avec le temps. Elle venait de découvrir que trouver une pensée heureuse qui suffise à lancer le sort était parfois compliqué, et qu’en plus, cette magie avait tendance à être pas mal énergivore. S’avançant vers elle, il hocha doucement la tête avec une expression plutôt satisfaite.

— Pas mal, vraiment. Tu vas avoir besoin d’entraînement, mais ça, c’est normal.

Elle le remercia, chose qu’elle n’avait vraiment pas besoin de faire. Le guérisseur secoua la tête en soupirant, et murmura des contre-remerciements quasi inaudibles. Il était fatigué lui aussi, et il lui tardait de regagner ses appartements, et son lit. Cela dit, il ne partit pas avant de confirmer à Isolde qu’il n’était pas contre une seconde session, si elle le souhaitait. Il espérait vraiment que cette petite séance avait déjà fait une différence chez la jeune femme, et qu’elle serait capable de se défendre seule désormais, ou au moins essayer. Un sentiment de plénitude familier envahit les sens de Quinlan alors qu’il prenait congé d’elle et quittait la salle.
Aujourd’hui, il avait été utile. Alors, c’était une bonne journée.