Hope Sara Westminbrook - Boîte aux lettres

Chère Hope,

Excuse moi de te répondre aussi tardivement, mais je suis à l’étranger, et la traversée de l’Atlantique est un long voyage, même pour nos chères petites chouettes. J’espère que la tienne n’est pas revenue trop épuisée, j’ai pris soin d’elle ici avant de la laisser repartir.

Je n’ose pas imaginer ce que tu dois avoir ressenti en retournant à Poudlard. Pour être honnête, c’est pour cette raison que j’hésite à reprendre le stage avec Mme Chourave; je ne suis pas sûre d’avoir la force et la volonté de retourner dans ce château avec tous ces souvenirs en tête, qui m’assailleront à coup sûr dès le portail franchi. Je commence par la fin cependant, je devrais d’abord te dire que j’ai décidé de revenir à Haveirson. C’est sûrement fou, mais je veux continuer mes études, et j’ai l’esprit plus clair après cette pause ; j’ai un compte à régler avec ce Comte. Je veux savoir ce qui se trame dans cette académie. Ne crois pas que c’est par fierté mal placée, ou par esprit de vengeance ; je veux comprendre. Et trop de personnes chères se trouvent dans les environs pour que je les quitte maintenant. Il n’y a qu’une académie magique dans le pays, alors on ne m’en éloignera pas si facilement.

Novenka était aussi inquiète, je peux te l’assurer. Elle m’a dit dans sa dernière lettre que vous aviez pu vous voir ! Et comment va ton frère ? Je n’ai pas encore osé lui écrire, par… crainte de ne pas trouver les mots. Tu as reçu de ses nouvelles ? Est-il retourné à Haveirson ?

Je suis soulagée de savoir que tu as été bien traitée, et que tu as reçu de l’affection dans ce chaos. J’espère, sincèrement, que tout ira mieux pour toi. Tu mérites le meilleur, et je sais que tu sauras te le donner. Sinon, tout se passe bien avec les autres élèves ? Et avec les nouveaux professeurs ? C’est étrange de voir les fantômes si discrets, en effet… Peut-être ont-ils eu peur pendant la bataille, et qu’il leur faut aussi du temps pour se réaproprier le château ?

Je rentrerai bientôt, est-ce que tu voudrais partager un café avec moi à la prochaine sortie à Pré-au-Lard ?

Prends soin de toi,
Isolde

PS : Je te joins un petit cadeau qui, je l'espère, te sera utile. C'est un attrapeur de rêves, mais pas un des faux qu'on trouve pour 2 noises dans les brocantes moldues. C'en est un véritable, fabriqué par des sorciers amérindiens ici. Il sert à absorber les cauchemars, et il est enchanté pour diffuser une mélodie très douce, perceptible uniquement par son propriétaire, en cas de grand stress. Les plumes accrochées dessus sont celles d'un colibri, qui dans leur culture est un animal très résilient et joyeux. J'espère qu'il t'apaisera un peu.

Le 4 Septembre 1997

Ma très chère Hope,

Il est vrai que le terme n'était pas celui adéquat. Il serait plus approprié de dire que tu es forte. Il y a dans ce mot toute la subtilité qui illustre la fierté avec laquelle tu fais face aux événements de cet été. Car tu es une jeune fille d'une force d'âme exemplaire ; là où nombreux sont les sorciers qui s'enlisent dans la douleur et s'abandonnent au désespoir, tu es parvenue à maintenir ton dos droit et ton menton levé.

Toutes ces choses que tu as traversé t'ont certainement grandit plus tôt que ton âge ne le voudrait - je te savais déjà dotée d'une certaine maturité, mais tes mots me font comprendre que la sagesse s'invite particulièrement à l'esprit lorsque le cœur est meurtri ; afin de mieux se protéger j'imagine. Aussi ne puis-je qu'appuyer cette décision de compter davantage sur toi-même qu'en les autres, ce qui t'assureras une défense plus solide en cas de trouble. Il essentiel de placer sa confiance en ses proches, mais également en soi. Alors ta force percera ton regard et personne ne te prendras plus en pitié.

J'ai confiance en cette Hope décidée et battante. Je sens que tu t'élèves vers des cieux plus vastes. Ta force et ton pouvoir se sont gorgés de la fierté que tu portes en toi ; tu ne peux que briller et tous les rendre aveugle avec de telles convictions. Si tu persistes dans cette direction, il ne fait aucun doute que plus personne n'osera te traiter comme l'infante fragile et faible que tu n'es pas. Brille, Hope. Comme le font les diamants qui ornent le diadème de ta noblesse.

Serait-ce te décevoir que de t'annoncer que je ne crois pas au Bonheur ? Ou bien est-ce la solution à cette quête chimérique ; l'ignorer. Je suis navré d'une réponse aussi basique. Je me satisfait des moments de gaietés ponctuels et de bien être qui parsèment mon chemin de vie. Tout comme j'accueille les mauvais moment avec fatalisme. Je suppose que cette indifférence est une façon étrange de conceptualiser la vie, mais c'est, à mes yeux, l'équation la plus simple ; ce qui fait de moi un partisan du stoïcisme, n'est-ce pas ?

(C'est préférable, en effet. Nous en parlerons à ma première et prochaine visite à Pré-Au-Lard.)

Il en va de même à ton égard. Je m'estime heureux que cet engagement me lie à vous, très chère demoiselle Westminbrook. Je suis d'autant plus réjoui par l'amitié qui s'est si vite installée entre nous. Et - si mes mots ont su t'apporter une quelconque aide, j'en suis satisfait.

Nous sommes arrivés, mes frères et moi, le 31 Août au soir au château de Haveirson. Mais loin de la rentrée enchanteresse que j'avais espéré en rejoignant son illustre enceinte, l'école semble s'être changée en prison pour quiconque en franchit le seuil. Cela ne fait que 4 jours que je subis l'enfermement. Mais d'autres étudiants y sont piégés depuis des semaines ; ce sont eux, les disparus Hope. Tous sont emprisonnés dans l'université et j'en suis aussi désormais. Impossible de sortir. Les portes, les fenêtres et toute autre issue sont scellées.

Je rédige cette missive alors que nous savons impossible de transmettre le courrier hors des murs du château. Mais écrire s'est révélée être l'activité la plus apaisante et canalisatrice que j'ai trouvé, pour passer mes nerfs et stabiliser mon humeur afin de ne pas céder à l'angoisse.

J'ignore lorsque cette malédiction prendra fin et si nous parviendrons à en trouver l'origine. Le Compte de Haveirson ne s'est pas manifesté depuis que je suis arrivé ; qui sait seulement où il se trouve ? Certains élèves ont pris la décision de mener une enquête et arpentent les moindres recoins du château pour en découvrir les secrets et, avec espoir, ses failles.

Je reste confiant ; s'il faut que sa pierre soient abattue et réduite en cendre, alors qu'il en soit ainsi, tôt ou tard. Mais le mystère de cet enfermement n'augure rien de bon. Mes frères m'enjoignent à rester vigilent ; ce ne serait pas la première fois que des choses étranges se passent ici.

Et, quant à la confrérie à laquelle j'appartiens, elle se nomme Abraxan. Une créature du même nom orne son blason violine. Je ne sais pas quelle conclusion en tirer, sachant que Orion Rosier et Adrasteia Raventhrone en sont également. Peu importe pour l'instant, ce n'est pas une priorité.

Je te remercie très sincèrement de garder pour moi un œil sur Féliks. De surcroît, alors qu'il passe un certain temps avec cette chère Astoria ; je me permets de douter des bons conseils qu'elle pourrait dispenser à mon jeune frère. Elle n'a ni le discernement ni la conduite irréprochable de sa sœur, malheureusement. Je m'en remets donc à toi. Merci encore.

Nous envisagerons cette intime célébration lorsque je serais libéré de l'université ; le plus tôt, espérons-le. Je ne doute pas que la révélation de notre claustration fasse grand bruit lorsqu'elle sera enfin révélée.

Je suis navré ; je n'ai pas croisé l'ombre de Rowan dans le dédale des couloirs. Sûrement a-t-il été épargné de cette captivité. Par conséquence, j'ignore totalement où il peut se trouver. Je suis désolé. Ais confiance, Hope.

A bientôt, j'espère,

Stanislas Karkaroff

Le 5 Octobre 1997

Chère Hope,

N'ais pas d'inquiétude, tu as agis de la bonne façon. Rowan étant de retour à Haveirson et désormais débarrassé de ses difficultés avec la justice magique, il semblait que le moment soit propice à lui annoncer la nouvelle. Il aurait été inconvenant de mettre cet engagement sous silence plus longtemps.

Peu en importe les conséquences sur la relation que nous allons entretenir, lui et moi - ou du moins les échanges difficiles que nous partagerons - les faits sont les faits. D'autant que ton frère est désormais le premier représentant de votre famille. C'aurait été indécent.

Tout va bien se passer, Hope.

Stanislas K.