Gabrielle - Fallen angel

« La famille Rosier est une famille de Sang Pur parmi les plus riches et les plus anciennes (depuis le XIème siècle) du monde magique anglais. Depuis quelques générations, ils sont devenus de moins en moins traditionalistes, mais prônent toujours actuellement la pureté du sang et donc organisent encore les mariages de leurs enfants. En échange de leur promesse d'épouser leur promis sans rechigner, les enfants ont le droit de faire ce qu'ils veulent de leur vie - avoir le métier de leur choix, les amis qui leur plaisent, les passions qui leur chantent et faire les études qu'ils souhaitent entreprendre. Les filles n'ont néanmoins pas vraiment le droit de faire un travail et de l'assumer : elles sont faites pour rester à la maison et se charger des enfants ainsi que de l'entretien du domaine. Les membres récents de la famille Rosier sont : Ambrose et Hestia, les grands-parents ; Achilles et Virginia, les parents ; Evan, l'oncle (décédé en 1981 de la main de Maugrey Fol-Œil) ; Orion, Gabrielle et Camille, les enfants. »

Je grimaçai et refermai l'ouvrage d'un geste sec, frustrée. De moins en moins traditionalistes. La faute à qui ! Je croisai les bras sur ma poitrine, les yeux fixés sur la couverture du tome posé devant moi.

Depuis que j'étais née, quelques minutes après Orion, on m'avait toujours appris à être fidèle à mon nom, à avoir un comportement digne de mon rang. J'avais vite pris le coup et m'en sortais bien mieux que mon jumeau, bien moins porté sur les traditions - à lui je ne pouvais lui en vouloir. J'avais grandi entre les bals et les soirées mondaines, habillée des plus belles tenues et entourée du gratin de la société sorcière. J'étais devenue une parfaite demoiselle, fière de qui elle était et ce, malgré le fait que je savais pertinemment ce que les autres pensaient de moi. L'idée de devoir être mariée de force à un homme que je n'aimerais pas forcément m'attristait mais je ne la remettais pas non plus en cause. C'est ainsi que les choses se faisaient et il fallait respecter les traditions.
A mesure que je grandissais, j'avais senti cette part d'ombre en moi se développer en même temps et personne n'avait jamais essayé de l'étouffer. Au contraire, on nous avait conté les aventures et les exploits de notre oncle Evan et je m'étais retrouvée en lui alors que mon frère en faisait des cauchemars. Puis j'avais commencé à me montrer méchante avec Camille. Avec du recul, je me dis que je n'aurais jamais dû me comporter ainsi avec elle mais du haut de mes onze ans, je trouvais qu'elle était un petit peu trop gâtée par le reste de la famille... Tandis que j'étais reléguée à un statut de figurante.

Même si je n'ai jamais vraiment cherché à être dans la lumière, être repoussée car je suis trop bizarre, trop étrange par mes propres parents parce qu'ils favorisent la petite dernière a été très dur. J'ai toujours fait tout ce qu'ils me demandaient, avec un joli sourire et le port de tête bien droit. Camille... Camille était gentille, mignonne, agréable. Bien plus avenante. Bien plus comme Orion. Puis elle est rentrée à Poudlard et a été répartie à Poufsouffle. Je me suis dit, enfin ! Enfin on allait me rétablir sur mon piédestal, moi, la fille parfaite ! Que nenni. On lui pardonna. Pourtant, s'il y avait bien une règle qui existait dans la famille depuis que l'école avait été fondée, c'est qu'aucun Rosier ne mettrait les pieds chez les Blaireaux, à moins d'être déshérité par la suite - on fit une exception pour la jeune Camille. Injustice.
Je ne dis pas grand-chose, me contentant de l'éviter au maximum - hors de question d'être vue avec une traîtresse. Non, à la place, je devins un peu plus amère, la blessure présente depuis des années s'infectant un peu plus. Bien entendu, rien ne se voyait sur le masque que je m'étais créé.

Quand ça avait été ma répartition - et celle d'Orion - il n'y avait pas eu une seule hésitation. Orion avait demandé Gryffondor et l'avait obtenu, de mon côté j'avais demandé Serpentard car il était hors de question que j'aille ailleurs. J'avais vaguement caressé l'idée d'aller chez les Aigles mais Rowan, qui était ce qui se rapprochait le plus d'un ami pour moi, était chez les Serpents aussi il devint clair que je devais le rejoindre ; de plus, Serpentard m'offrait plus de perspectives que les autres maisons. Quand il avait été déposé sur mon crâne, le choixpeau avait osé suggérer Poufsouffle - je lui avais rétorqué que s'il ne voulait pas finir en cendres, il avait intérêt à me diriger vers la bonne Maison.
Les années ont passé, je me suis fait une place de choix au sein de ma seconde famille. Mes résultats ont toujours été des meilleurs, on m'a toujours respectée soit par mon sang, soit par mon rang social ou même par la crainte que je diffuse, beaucoup plus subtile que celle de Grant ou McWood. Laissée en pâture aux Mangemorts par mes parents, je fais partie des partisans grâce à Yvain depuis quelques années déjà - depuis le départ de Rowan du château en fait - et ai caché ce fait à ma famille. Ils ne font pas attention à moi, pourquoi devrais-je leur révéler ce pan de ma vie ? Bien entendu, cela me peine de mentir à mon jumeau mais si je me suis engagée sur cette voie, c'est aussi, à l'instar de Rowan envers Hope, pour le protéger. Non pas qu'il soit incapable de le faire mais il y a des choses qu'il ignore et qui pourraient le détruire...