Chad Obrien - Boîte aux Lettres

Février 1997, Avalon.

Chnad,

J'accuse bonne réception de ta lettre. Bla bla bla. Comment te portes-tu ? Non, en fait je n'en ai rien à carrer. Je sais pertinemment que tu vas bien alors pourquoi m'abaisserai-je à pareille banalité sous prétexte que la bienséance est quelque chose de primordial dans notre monde ? Passons. Comme tu te plais à le dire avec tant de goguenardise … Je ne suis pas très content, en effet. Je vais donc m'adresser à toi sans ambages : Je t'en veux. Je t'en veux de ne pas m'avoir accueilli comme il se doit lors de mon arrivée à Avalon. J'en veux à ton école à la mords-moi-le-noeud de m'avoir mis au ban. (Je n'ai fait qu'escalader le portail. Ça ne casse pas trois pattes à un canard, si ?) Je m'en veux d'avoir fait chou blanc aux A.S.P.I.C's, sans quoi je serais déjà à vos côtés en ce moment-même. Comme à Poudlard ! Tu t'en souviens ? En l'occurrence je me retrouve livré à moi-même dans un village qui me fout les jetons. Je bavasse. Ouais, j'ai envie de foutre mon poing dans ta face de pédant mais avant toute chose j'ai envie de te prendre dans mes bras pour ne plus te lâcher mec. T'es ma seule famille avec Isolde. Fourre-toi ça dans la caboche.

P.S : Je n'aime pas la peinture, encore moins l'art en général. Pourquoi ne pas plutôt se retrouver après le boulot derrière le Parker's Coffee ? N'oublie pas le chocolat.

Chad,

Comment vas-tu ? Je t'ai cherché ce matin, pour prendre de tes nouvelles après ce qui s'est passé hier à Avalon, mais je ne t'ai pas vu. Je suis encore sous le choc, pour être honnête. Je n'ai pas dormi de la nuit. J'ai rarement eu aussi peur de ma vie... Tu te sens comment ? Si tu es libre ce midi, on pourrait manger ensemble ?

Isolde

Cher Chad,

Merci pour la discussion d'hier, ça m'a fait du bien. C'est difficile de raconter ce genre d'évènements à ceux qui ne l'ont pas vécu, n'est-ce pas ? Pouvoir en parler avec toi était plus facile. Enfin, facile... J'ai encore du mal à mettre des mots sur ce que j'ai ressenti. Mais j'ai peur d'imploser si je garde tout pour moi. J'ai eu peur, tellement peur. J'en dors à peine la nuit. Je n'arrive pas à ôter les images de la bibliothèque de mon esprit. C'était la première fois que je voyais des morts aussi violentes... Je suis terriblement frustrée que toi et Clemens soyez à Sinistros, je me sens vraiment seule à Phénix. Si je pouvais, je prendrais mon matelas et j'irais le poser dans sa chambre ; je pense que j'y dormirais mieux. Aujourd'hui, j'ai été voir le patron du café pour lui demander un congé. Je n'arrive plus à travailler, et je ne veux plus retourner à Avalon pour le moment. Je me sens presque plus en sécurité à l'intérieur de l'académie, c'est quand même un comble non ?

Comment vas-tu depuis hier ? Si tu as besoin de parler à nouveau, n'hésite pas, je suis la plupart du temps dans les serres, à la bibliothèque ou dans ma chambre. Je passe aussi pas mal de temps avec Clemens mais je suis disponible, si je peux t'offrir un peu de soutien. Je n'arrive pas à me concentrer sur mon travail scolaire de toute façon.

Porte-toi bien,
Isolde

Cher Chad,

Ta lettre m'a un peu inquiétée. Je crois qu'on se ressemble encore plus que ce que je pensais ; marcher seule dehors me fait du bien dans ce genre de situations. C'est encore plus agréable maintenant que mon chat vient marcher avec moi. Mais je suis quand même persuadée qu'exprimer ses ressentis aide, surtout quand l'émotion à été si violente. Quoique je ne pense pas que j'aurais réussi à t'en parler aussi facilement de vive voix. N'hésite pas non plus à m'écrire, ou à venir me voir, à n'importe quelle heure (je te l'ai dit, je ne dors pas beaucoup en ce moment).

Je n'ai pas non plus de nouvelles de Jareth. Le connaissant, il doit être au moins aussi choqué que nous. Nous pourrions peut-être aller directement toquer à sa porte à Londres ; ce n'est pas la première fois que je le fais après tout. Il n'ose peut-être pas nous écrire...

Ne t'excuse surtout pas de m'avoir proposé de venir à la bibliothèque. Proposer ; c'est tout ce que tu as fait. J'ai choisi de te suivre parce que j'ai senti que je le devais. Tu n'es en rien responsable de ce que je ressens. Je ne veux surtout pas que tu te sentes coupable ! Crois moi, si je n'avais pas voulu venir, j'aurais tourné les talons aussitôt. Et nous avons bien fait d'y aller. Je m'en serais voulu si je n'avais pas apporté mon aide alors que je le pouvais.

Que dirais-tu de passer une soirée à la verrière ? C'est un endroit très calme et agréable, et de toute façon j'évite de sortir de l'académie. Après-demain te conviendrait ?

Bonne journée,
Isolde