Alexandre Wojcinska - Courrier

Alexandre
Rendez vous dans la salle d'astronomie demain à 15h, je t'ai regardé l'autre jour pendant les duels, et il faut vraiment qu'on puisse se voir un peu. Normalement, la salle est inutilisée à cette heure-là, on sera tranquilles.
Perséphone.

Alexandre,
Aau contraire, tu devrais retenter. On s’entraînera ensemble, et tu feras un duel contre moi au club si tu veux. J'ai bien plus d'expérience que toi donc si tu perds, il n'y a rien de honteux, et avec la fatigue des aspics et la surprise de sorts que je n'attends pas de toi, tu peux aussi gagner, ce qui t'aiderait à relativiser. Il y a beaucoup d'art, de précision dans les duels, mais il y a aussi une toute petite part de hasard. Avoir peur, honte ou autre chose et refuser de s'exercer n'aide pas a s'améliorer.

Pour ton souci personnel, tu peux toujours m'en parler, oui. Ce n'est pas franchement dans nos habitudes mais j'imagine que si tu te tournes vers moi c'est important, donc soit.

D'ailleurs, je ne t'ai pas demandé, et puisqu'on en est à s'intéresser à toi personnellement... Comment ça se passe, Poudlard ? J'ai entendu quelques bruits de couloirs à ton sujet, je ne sais pas si tu te laisses affecter par ces stupidités. Tu as des nouvelles de ton frère et de ta sœur ? Je sais que je ne suis pas du genre à m'intéresser aux autres, mais les enfants ne méritent pas de souffrir, et je sais qu'il aurait été plus facile pour toi de les abandonner, d'autres aînés le font sans hésitation.
Perséphone

Alexandre

Cesse donc de te rabaisser comme ça ! Premièrement, ce n'est pas comme cela que tu progresseras, il faut avoir confiance pour débloquer son potentiel. Tu sais que j'apprécie les gens selon leur mérite et non d'autres critères ridicules comme leur ascendance ou leurs humeurs. Et peu des élèves qui se moquent s'adapteraient bien en découvrant le monde magique à ton âge. Je n'aime pas les moldus, je ne m'en cache pas. Mais tu sais que je pense que les nés-moldus ont un certain mérite de s'acclimater en venant d'un autre monde, et de faire preuve de magie quand ils le la trouvent chez aucun de leur parent. Évidemment, naître comme nos parents est facile, leur chemin est tout tracé. Même moi, je n'ai pas à être fière d'être sorcière, on me l'a insufflé. Mais tu as du cran, malgré tous tes défauts. Et deuxièmement, c'est terriblement agaçant cette attitude de pauvre petit malheureux !

Tu as fait des progrès, si ton oncle ne s'en aperçoit pas, c'est un abruti. Et j'espère que ce que je vais écrire va te faire rire parce que l'humour n'est pas ma tasse de thé alors autant ne pas en faire pour rien, compte tenu de ce que je viens de dire, je suis désolée de t'apprendre que ton oncle ne s'en apercevra pas. Mais il se charge moins bien que moi de t'enseigner ce qui compte, alors il n'a pas son mot à dire. Je suis un bon professeur particulier. Je sais que tu progresses avec nos entraînements, même si nous avons moins de temps pour nous voir. Si tu veux, nous reprendrons de façon intensive pendant les vacances.

J'ai même une idée, j'écrirai à ton oncle à ce sujet, je t'en informerai si la réponse est positive. Nous avons tous besoin d'un break.

En parlant de ton oncle, et même si l'on en parle trop à mon goût... J'ai demandé à mes parents de prendre des nouvelles de ton frère et de ta sœur. Je comprends qu'il ne t'aime pas et qu'il vous méprise tous, mais vous êtes une fratrie, et quand les parents sont défaillants, on a besoin de maintenir ces liens là coûte que coûte. Il est donc lamentable que vous ne puissiez pas avoir plus de nouvelles les uns des autres. Il m'a répondu et entre autres banalités mesquines et sans intérêt, il m'écrit que le personnel prend soin d'eux, précise qu'ils sont trop chouchoutés, ce qui est plutôt pas mal. Il a noté quelque chose concernant le fait qu'ils étaient employés pour le servir lui et non eux, donc je suppose qu'ils passent beaucoup de temps en compagnie du personnel, pour qu'il trouve le besoin de s'en plaindre à moi. J'ai lu quelques livres de littérature moldue récemment, une gamine de ma maison les laisse traîner dans la salle commune et je peine à retenir ma curiosité, et ton oncle me fait penser à Scrooge, connais-tu ?

Perséphone

Alexandre,

Justement à propos de cet été, j'avais une idée dont j'ai discuté avec ton oncle, et j'ai réussi a obtenir son accord. Bien sûr, il est comme mes parents, il y aura un prix à payer, mais je pense personnellement que le jeu en vaut la chandelle. Toi, ton frère et ta sœur êtes officiellement invités à passer les deux dernières semaines du mois de juillet à la maison. Mes parents s'absentent, comme tous les ans, et je lui ai dit que je pourrais te donner des cours intensifs pour que tu lui fasses un peu moins honte, et le débarrasser des petits par la même occasion. Bien sûr, tu te doutes que je ne pense pas ainsi. Je pense que tout le monde a droit à des vacances et l'été chez lui n'y ressemble en rien. Je pense qu'il t'en reparlera, il avait l'air méfiant dans sa lettre, mais je pense qu'il sera soulagé d'être un peu libéré de vous, et qu'il apprécie que tu fréquentes quelqu'un de mon rang pour en plus progresser, même si j'exècre ces histoires de classe sociale magique.

Effectivement, je n'y étais pas obligée. Et je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée mais je vais suivre les conseils que l'on m'a donné et te dire ce que j'en pense.

Je tiens à toi. Tu es une personne intéressante et valeureuse, et je n'ai pas envie qu'il t'arrive quelque chose. Quoi que ce soit. Un peu comme un cousin. Très éloigné. Et ça m'agace de savoir que je ne pourrai pas veiller sur toi l'an prochain alors que tu vas forcément t'attirer des ennuis. Ne répète pas ça, s'il te plaît.

Perséphone

Alexandre,

Il n'y a pas à chercher d'explication, de bonté d'âme, de compassion ou quoi que ce soit d'étrange dans ma démarche. Je n'ai pas de famille à protéger ou à chérir. Compte tenu le mal que tu te donnes pour la tienne, autant que ce soit toi qui profite de la place. Et puis ton oncle est un véritable cauchemar, je sais que je devrai te donner des cours quoi qu'il arrive et je n'ai pas envie de le voir. Il me rappelle mon père et me dégoûte.

La confiance est donc réciproque, c'est parfait. Ne te fait pas d'illusion non plus, on a tous de la famille éloignée, que l'on voit rarement et qu'on ne connaît que peu mais qui est quand même liée à nous quoi que l'on fasse.

Et je ne pense pas que tu sois si seul que tu le penses. Quand nous nous sommes croisés dans les couloirs lors de l'incident de Tiller et son camarade, la petite Westminbrook avait l'air d'avoir un certain intérêt pour toi. Elle a de mauvaises fréquentations mais son grand frère est intéressant. Méfie toi cependant des réactions de ton oncle à ce sujet s'il venait à l'apprendre. Il est comme mon père, son intérêt pour les autres grandes familles n'est jamais aussi limpide que ce qu'il prétend.

Perséphone.

Alexandre

J'ai un peu hésité à t'écrire, parce que j'ai eu peur – j'ai toujours peur – que tu ne répondes pas. C'est stupide, ne pas savoir ne changera pas la réalité mais pourtant... Un silence de ta part m'effraie malgré tout.

Est-ce que Hope Westminbrook a pu te trouver à Poudlard ? Est-ce que vous avez réussir à rejoindre Madame Pomfresh ? Est-ce que vous avez pu quitter le château ? Et surtout, bien plus important, est-ce que tu vas bien ? Je sais que mon attention va te déranger, et j'en suis désolée, crois-moi. Mais dans tout ce néant, dans toute cette catastrophe, je me suis étrangement rendue compte qu'il n'y a que toi qui compte. On ne peut pas dire que ma famille en soit réellement une et tu es la seule personne pour laquelle j'ai l'impression de pouvoir être quelque chose.

J'espère avoir de tes nouvelles rapidement, et qu'elles seront bonnes.

Percy.

Alexandre,

Ne t'excuse pas, s'il te plaît. Tu as eu raison de fuir. Bien sûr, je comprends que tu culpabilises, mais rendons nous à l'évidence, tu n'aurais pas survécu si tu avais tenté de rester au château. Ne vois pas là un reproche, ou du mépris, ou quoi que ce soit de péjoratif d'ailleurs, mais il était déjà extrêmement difficile pour les adolescents qui sont restés de ne pas céder à la panique ou de ne pas mourir, simplement. Et pourtant, je ne crois pas que qui que ce soit en dessous de la sixième année soit resté, en dehors de Lilianor et Alycia, mais ce sont deux cas à part. Et puis tu n'es pas à Poudlard depuis longtemps, même en progressant comme tu l'as fait, tu as des lacunes. Bien sûr, tu peux te reprocher de n'avoir pas pensé à aider certains camarades à sortir, je le comprends aisément, et je crois que si j'étais objective, je serais un peu plus critique à ce sujet, je dois l'avouer. Mais dans l'état actuel des choses, je suis heureuse que tu n'aies rien tenté.

A partir du moment où l'alerte était donnée, tout ce que vous aviez à faire était de fuir, de toute façon. Donc quand tu as compris que les choses tournaient au vinaigre et que tu as rejoint les autres, tu as eu totalement raison. Et puis soyons réalistes. Dans toutes les histoires, aussi belles soient-elles, ceux qui reviennent sur leur pas chercher des amis dont ils ne connaissent pas la location vivent une fin tragique. Quand j'ai demandé à Hope de te trouver, j'ai été terriblement égoïste. Elle aurait pu rester bloquée dans un couloir en ne te trouvant pas, et imagine combien je m'en serais voulue, portant seule la responsabilité de sa mort. Non, quel que soit l'angle duquel on observe la situation, tu as bien fait. Tu as agi en te connaissant, en ne présumant pas de tes aptitudes, et c'était la seule chose intelligente à faire.

Regarde moi, restée pour soutenir Poudlard, imprégnée de courage dérisoire et bouffie d'importance. A quoi ai-je servi ? J'ai peut être gagné un peu de temps, mais je me suis retrouvée totalement démunie, marionnette entre les mains de l'un de ces fous. Alors non, ne t'excuse pas. Peut-être est-il plus facile aussi de rester quand on n'a personne à rejoindre.

Merci d'être venu me voir, même si j'aurais aimé que tu restes. Le garçon qui est entré s'appelle Chris. C'est un ami de longue date et lui non plus n'a pas osé rester jusqu'à mon réveille. Ne te dénigre pas trop, Alexandre. Tu as fait ce que tu avais à faire, ce que l'on attendait de toi.

Laisse moi offrir mon affection à qui je le désire, même s'il s'agit de toi. De toute façon, je n'ai plus que toi à qui l'offrir. Tu crois que tu es quelqu'un de mauvais ? Tu es là pour Olga, pour William. Ma sœur m'a abandonnée, mes parents m'ont abandonnée. Tu trouverais cela plus normal que je leur réserve mon affection et mes attentes ?

Tu es important.
Perséphone.