Même heure, même endroit ? ♣ Hope & Jasper

« Un des plus grands bonheurs de cette vie, c'est l'amitié ; et l'un des bonheurs de l'amitié, c'est d'avoir à confier un secret »
Alessandro Manzoni

Jasper ne lui avait jamais réellement parlé ni de ses rêves ni de ses espérances. Evidemment, ils avaient pris l'habitude de discuter de tout, mais toutefois, le futur était quelque chose de bien complexe, et Hope devait bien avouer que, parfois, elle préférait tout simplement ne pas penser à l'avenir ; cela faisait bien moins peur de ne penser à rien. Mais lorsque Jasper lui demanda s'il lui avait parlé de ce qu'il espérait pour plus tard, Hope répondit que non et attendit, avec beaucoup de curiosité, qu'il lui explique. Ainsi, Jasper voulait devenir Auror. C'était un métier honorable. Hope lui sourit alors, attendant avec patience qu'il poursuive et qu'il lui explique ses motivations. Elle fronça un peu les sourcils, lorsqu'il poursuivit, pas tout à fait certaine de comprendre où il voulait en venir. Elle pencha sa tête sur le côté ; elle réfléchissait. Le Bien et le Mal ; l'éternelle confrontation. Hope devait bien reconnaître qu'elle n'était pas très à l'aise avec ce genre de choses, mais elle ne le jugerait pas, cependant. « De mon point de vue, Jasper, tout n'est pas bon à savoir. Qu'importe qu'il soit question de théorie ou de pratique, il vaut mieux ignorer certaines choses. Mais je comprends tes motivations. Ou du moins j'essaye... ». Elle ne voulait pas le juger. Elle ne l'avait jamais fait et elle ne voulait pas commencer maintenant. « Toutefois... », débuta-t-elle. « Si tu veux vraiment devenir Auror, je pense qu'il serait plus sage de t'orienter dans cette voie avec des motivations différentes. Il ne faut pas combattre le Mal par le Mal, mais par le Bien. Et il serait regrettable que tu t'enlises sans t'en rendre compte dans quelque chose de si dangereux ».

Hope préférait toujours rester prudente. Après tout, on ne pouvait jamais savoir où notre destin nous mène. Alors, plutôt que de laisser Jasper foncer tête baissée, elle préférait le mettre en garde. Forte heureusement, la discussion fut bien plus légère, par la suite. « Rogue ? Pédagogue ? C'est une plaisanterie, j'espère ! ». Et, en disant ça, elle failli se mettre à rire, mais comme elle était discrète, elle esquissa seulement un sourire amusé. Evidemment elle savait bien qu'il plaisantait. « Mais tu te trompes. Personne ne peut dépasser le professeur McGonagall ! Elle est juste... inégalable ! Dumbledore est peut-être un grand sorcier, je ne remets pas ses talents et ses compétences en cause, mais Minerva McGonagall a un petit je ne sais quoi en plus... Tu comprends ? ». Dans le fond, Hope n'était peut-être pas très objective. Comme elle était passionnée par les Métamorphoses, elle admirait littéralement la Directrice de Gryffondor.

Et puis, finalement, Hope déballa tout. Presque d'une seule traite elle exposait ses sentiments à Jasper, ses idées... elle expliquait tout ce qui ne lui convenait pas, et dans le fond, cela lui faisait un bien fou. Evidemment, elle avait mis du temps avant d'arriver à ce raz le bol général, bien plus de temps que Jasper. Alors même qu'elle savait qu'il se détachait de tout cela, Hope continuait à observer les traditions et à les soutenir. Comment avait-elle pu supporter tout cela ? Parce qu'elle le devait, sans doute. Elle soupira alors, repensant que c'était exactement de cette façon qu'elle avait été éduquée, pour faire ce qu'on lui disait de faire. « Crois-tu seulement que nous parviendront à changer quelque chose ? Cela fait des mois que la situation empire et que les tensions se renforcent... Je ne sais que faire. Et quand bien même avons-nous la volonté d'agir, nous sommes bien trop jeune. Toi, tu es un peu plus vieux que moi, mais en ce qui me concerne... Que pourrais-je faire ? En quoi pourrais-je bien servir, dans le fond ? J'ai tout juste quinze ans, je suis inutile... ». Elle ne cherchait pas volontairement à se rabaisser, bien que cela lui faisait beaucoup de peine de se dire qu'elle avait bêtement suivi ce qu'on lui disait. Mais en vérité, objectivement, elle partait du principe qu'elle ne pouvait pas aider à changer les choses. Evidemment, à partir de maintenant, comme elle commençait à prendre conscience de beaucoup de choses, elle allait changer, elle, mais comment changer leur monde et leur société ?

Il l'aida finalement à se relever, attrapant ses mains dans les siennes et, une fois debout, Hope lui sourit tendrement. Elle voulait y croire, elle voulait croire à la promesse qu'il venait de lui faire. Et, au fond d'elle-même, elle espérait qu'il ne se tromperait pas. Collée contre Jasper, son bras mêlé au sien, ils marchèrent ainsi, l'un contre l'autre. Pendant quelques instants ils ne se dirent rien, puis, ils en virent à discuter de la jeune Gryffondor, Cataleya Galvão, à qui Hope donnait des cours de Métamorphoses. Avec le temps, d'ailleurs, elle l'avait prise sous son aile et en avait fait sa petite protégée. « Ah oui ? Oh, je veux savoir, Jasper, raconte-moi ! », lui demandait-elle alors, toute contente.

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Même heure, Même endroit
FEAT. HOPE S.WESTMINBROOK

Devenir Auror avait toujours semblé pour lui une voie toute tracée, modelée selon ses propres désirs. Il souhaitait combattre les sorciers comme Voldemort et ses partisans. Jasper souhait être utile et apportait sa contribution à la sécurité des générations à venir afin de savoir ses futurs enfants libres et en sûreté dans le monde magique. La Magie Noire était quelque chose d'horrible, d'ignoble, c'était une sorcellerie dépourvue d'humanité. Mais il ne pouvait s'empêcher de se sentir fasciné. Non pas pour l'utiliser mais pour comprendre ses principes, la théorie qui l'entourait. Selon le jeune Lion, l'Ignorance était la pire des faiblesses et le Savoir la meilleure des armes. A dire vrai, grâce à l'aide de Mister Horace Slughorn, il avait pu emprunter de nombreux livres de la Réserve. Les sujets étaient divers mais toujours riches en nouvelles connaissances. Ainsi, Jasper était actuellement un des élèves de Poudlard ayant une des connaissances les plus approfondies sur variété de formes de Magie, qu'elles soient incantées ou non, allant de potions particulièrement complexes aux maléfices offensifs poussés jusqu'aux formes de Sorcellerie incompréhensibles. Cette dernière découverte avait été encouragé par certaines paroles du Directeur de renom de l'école de sorciers, Albus Dumbledore, qui avait écrit certaines choses sur l'Amour et les formes de magie qu'elle revêtait. Aussitôt, le fils Greengrass s'était empressé de chercher un ouvrage portant sur des thèmes similaires. Ce qu'il avait découvert l'avait encore davantage poussé à viser la carrière d'Auror. « Nan mais je ne veux pas utiliser la Magie Noire mais il faut savoir quand bien même ce qu'il en est. Je n'ai aucune attirance vers cette Magie, c'est facile, c'est gratuit... C'est de la Magie contre-nature. Mais je me dis qu'il faut qu'on sache ce que le camp d'en face utilise. Si Grindelwald, Voldemort et tous les Grands Mages Noirs de l'histoire en sont arrivés à dominer des continents entiers, c'est parce qu'on ignorait tout de la magie qu'ils utilisaient. Je sais bien que ces arcanes sont tentatrices mais elles me répugnent et je sais pertinemment que je ne les utiliserais jamais. » Il n'avait pas été clair dans ses explications et avait jeté le trouble dans l'esprit de Hope. « C'est pour être protégé et pouvoir mieux protéger et les Aurors subissent de longues formations sur cette magie-là. Sur certaines périodes, on leur apprend même à en user. Le Ministère utilise depuis longtemps le Mal pour combattre le Mal, et je trouve ça idiot à dire vrai. En quoi est-on différent d'eux au final si on utilise les mêmes armes ? » Il soupira, pensif. « Tu sais Hope, il y a des formes bien plus complexes de Magie, des formes si abstraites qu'elles en deviennent belles et forment une sorte de Magie bien plus puissante que n'importe quelle autre. Sans être dangereuse. C'est à cela que je m'intéresse, toute la théorie, l'analyse, ce genre de truc, tu vois ? »

McGonagall était, selon Hope, une plus grande sorcière que Dumbledore. A cette idée, Jasper esquissa un sourire. Il connaissait la passion que Hope avait pour les Métamorphoses et par extension, pour la professeur. Cependant, de là à ce qu'elle dise qu'elle surpassait celui qui était reconnu comme le plus grand sorcier de tous les temps, elle semblait avoir perdu tout raisonnement. « Non, pour le coup, je vois pas. Mister Dumbledore est hors norme, tout le monde sorcier le connaît pour ses écrits et ses exploits. C'est le plus grand sorcier de l'Histoire de la Magie, même Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom en a peur. Même le Gouvernement a peur qu'il lance une révolte. Il est adoré et adulé par tout le monde et il dégage une telle... aura, c'en est envoûtant. Pour le coup, je ne suis pas d'accord avec toi. » Il lui tira la langue, les yeux pétillants.

Lui aussi était rongé par les doutes. Leur monde nécessitait des changements importants mais est-ce que le monde en voulait ainsi ? Ils étaient si jeunes, ils manquaient de ressources. Il n'y avait pas d'organisation, rien, seulement une génération entière qui, chacun son côté, déplorait sa situation. Il leur manquait un ou des leaders. Quelqu'un connu de tous, charismatique, dont la sincérité des principes et la puissance n'était plus à démontrer. Le frère de Hope, selon Jasper, aurait très bien pu assumer ce rôle. Rowan aurait fort bien pu être à la tête du mouvement de la Jeunesse Aristocratique. « On a chacun un rôle à jouer dans cette bataille. Tu sais pourquoi ? Car c'est notre destin qui est en jeu et personne ne peut -et ne doit- plus choisir pour nous. On va tous contribuer au changement, crois moi Hope. » Il la serra contre lui, puisant dans le contact chaleureux de sa peau contre la sienne et léger de ses cheveux caressant sa nuque, l'espoir et le courage qui lui était nécessaire chaque jour.

« Je te raconterais un autre jour, le soleil tombe, le couvre-feu ne va pas tarder. On ferait mieux de rentrer, petit chat. » Main dans la main, ils entrèrent dans le Château, le sourire aux lèvres. La discussion avait été à la fois amusante, plaisante, dérangeante. Un entrelacs de sentiments et de sensations bousculaient l'esprit des deux adolescents qui ne pouvaient s'empêcher cependant d'oublier les doutes qui les occupaient afin de profiter du bonheur d'être ensemble. Arrivé au bout du couloir, aux pieds du hall qui séparait les escaliers des cachots, ils se retournèrent l'un vers l'autre et resserrant leur étreinte se soufflèrent : « Au revoir. Fais de beaux rêves. » Jasper se saisit du visage de Hope et délicatement vint déposer un baiser sur le front de son amie. Un baiser protecteur, d'un adolescent plus grand à un autre, d'un ami à une amie, d'un frère à une soeur. Et dans un murmure, comme à chaque fois, ensemble, leurs voix respectives se lièrent pour former ces mots...

« Semaine prochaine, même heure, même endroit. Ensemble, à la vie. »