Altaïr Nabuth [fiche terminée]

Altaïr ne se souvient pas de là où il est né. Il ne se souvient pas non plus de sa famille. Tout au plus se rappelle t il du doux sourire d'une grande sœur aimante, mais il ne peut en être sûr.
Ses premiers souvenirs remontent à sa quatrième année.

L'enfant a été enlevé, ou abandonné qui sait, il ne saura jamais quelle est la vraie version. Il a ainsi passé la majorité de son enfance avec ses ravisseurs, ou sauveurs peut être, trois moldus qui exerçaient la douce profession de bandits.
Malgré les airs de brutes qu'ils arboraient face à leurs victimes, ceux ci se montrèrent en réalité trois pères attentifs et chaleureux et Altaïr n'aurait préféré pour rien au monde être resté dans sa vraie famille.
Ainsi, sous leurs regards goguenards et bienveillants, il apprit à subtiliser discrètement des objets, à crocheter des serrures, à se faufiler dans des passages inaccessibles, à se camoufler... Peut être parfois ses pouvoirs se montèrent ils légèrement, mais sans doute cela passa pour un apprentissage particulièrement réussi de la prestidigitation des cambrioleurs.

L'enfant blond montra aussi une inclination pour les livres et les études, aussi fut il scolarisé à l'âge de sept ans.
Néanmoins là, son caractère solitaire ne l'aida pas à se faire apprécier de ses petits camarades, qui aimaient à colporter sur lui des rumeurs bien plus sulfureuse que la réalité. Et, assez vite, il se révéla être premier de la classe sans nécessiter trop de temps pour travailler, puisqu'après les cours il reprenait ses leçons de banditisme. Alors les brimades devinrent des coups.
C'est là que le jeune garçon apprit à mépriser ses pairs.

Tout bascula un soir de sa neuvième année.
Un doux manteau de neige avait recouvert le pays et la pluie de janvier battait. Le soleil s'était couché et les rues n'étaient plus éclairées que par quelques lampadaires épars. Altaïr se préparait à rentrer dans son chez lui du moment, lorsqu'une main se posa fermement sur son épaule.
L'enfant ne sursauta pas. Certain qu'il s'agissait encore d'une lugubre farce de ses camarades, il voulut frapper l'arrivant en se retournant. Son poing fut aussitôt bloqué avec facilité mais aucune réplique ne vint.
Altaïr releva la tête. Il vit face à lui l'un de ses pères. Milan, celui que tous considéraient comme le meilleur. Mais aujourd'hui, chose rare, il ne souriait pas. Son beau visage était ombragé par l'inquiétude.

Ses deux comparses avait été abattus. Altaïr ne comprit pas sur le coup cette sombre histoire de s'être mêlés à une affaire sur laquelle bien plus dangereux qu'eux avaient des vues.
Milan l'emmena dans un autre appartement où, à son avis, ils seraient en sécurité.
Altaïr mit bien longtemps à s'endormir, après avoir compté pendant des heures les gouttes qui frappaient la vitre et pleuré ses amis à qui il n'avait même pas pu dire au revoir.
Mais il regretta toujours de s'être endormi cette nuit-là.

Des coups sourds ébranlèrent la porte qui céda sans résistance. Plusieurs ombres se répandirent dans la pièce unique du studio tandis que Milan se plaça devant l'enfant mal réveillé pour le protéger. Malgré cela, Altaïr ressentait une terreur insoutenable et était submergé de mauvais pressentiments.
Son père adoptif se défendit longtemps, après avoir ordonné à son protégé de rester caché. Mais il finit par succomber à ses blessures.
Les mafieux le retournèrent du bout de leur chaussure pour s'assurer de son décès puis, ignorant la présence de l'enfant qui plaquait ses mains sur son visage afin de ne pas hurler, ils fouillèrent le cadavre.
Après de bien trop longues minutes, ils repartirent avec des papiers et de l'argent. Lorsqu'il entendit la porte d'entrée de l'immeuble claquer, l'enfant laissa échapper ses larmes.

Il se fit vagabond. Dès le lendemain, l'idée qu'il aurait dû être capable de le protéger devint une évidence. Il deviendrait puissant.
Assez vite cependant certains indices laissèrent comprendre à Altaïr qu'il était surveillé. Il choisit donc de régulariser sa situation.

Ses pérégrinations l'avaient conduit dans la charmante ville de Portree, en Ecosse. Là, à nouveau scolarisé, il fut recueilli et adopté par le tenancier d'un bar qui l'employait discrètement comme serveur aux heures d'affluence.
Cet homme était aussi égoïste, malicieux, cruel, imbus de lui même et injuste que les trois bandits avaient été généreux, loyaux, charitables, altruistes et compréhensibles. La vie de l'enfant devint un morne enfer ponctué par les ricanements jaloux des garnements de l'école et par les rires gras des alcooliques à la taverne.
Miraculeusement, Altaïr n'en conçut pas une excessive haine du monde. Certes, cela ne le rendit ni plus jovial ni plus patient. Néanmoins il chercha surtout à devenir plus fort, plus rapide, plus érudit. Il s'intéressa notamment aux mythes et aux mythologie, et là fut sa seule tentative d'échapper au monde. Il fut heureux de découvrir que son nom était celui d'une étoile, la plus brillante de la constellation représentant l'oiseau du maître des dieux. En revanche il ne trouva jamais l'origine de son nom de famille, qui le laissait perplexe.

Le propriétaire du bar n'allait jamais chercher le courrier, non, cela était bon pour son domestique. C'est ainsi que, dans l'été après sa onzième année, lorsqu'il vit une lettre à son nom, Altaïr put la garder secrète. Il la lut sur une branche au faîte d'un orme, sous la lumière argentée de la lune.
Lorsqu'il l'eut finit il la relut, hésitant à rire. Il avait toujours cru que ce qu'il accomplissait d'extraordinaire n'était que le fruit de l'apprentissage de ses amis.
Mais bon... Mettons que cette lettre étrange dît vrai. Elle lui offrait une réalité bien plus intéressante que celle dans laquelle il vivait.
Elle lui offrait surtout la possibilité de devenir puissant pour protéger la veuve et l'orphelin, la possibilité d'apprendre au delà de tout ce qu'il pouvait espérer... Alors oui, il tenterait l'aventure.

Altaïr chaparda discrètement les économies de son tuteur et disparut sans laisser de traces. Effectuer les achats nécessaires à sa rentrée, suivre discrètement des sorciers -une fois passé l'étonnement causé par leur existence- fut un jeu d'enfant.

Il passa alors à Poudlard cinq années les plus calmes possibles. "Seulement" bon élève, toujours caché dans ses livres, il ne se faisait remarquer ni par ses camarades, ni par ses professeurs, et il choisit d'ignorer le monde extérieur jusqu'à ce qu'il fût suffisamment fort.