Tranquillité relative. [LIBRE]

La journée avait été longue mais il n’y avait pas de répit pour cette étudiante si dévouée. Elle était encore loin d’être mêlée contre son gré à tous ses événements qui chamboulèrent drastiquement la tranquillité de Poudlard. Anastasiya s’était installée dans la salle commune des Serpentard, sa nouvelle famille depuis cinq ans maintenant. Comme on le dit très communément, on choisit ses amis mais pas sa famille… Et c’est exactement ce qu’il s’est passé entre Anastasiya et les Serpentards. Un sacré refuge à partisans de Voldemort, rien de plus agaçant pour la jeune fille qui ne supportait pas ce ralliement déshumanisant et avilissant. Certains n’étaient plus que des soldats sans âme prêts à obéir au moindre ordre du Seigneur des ténèbres.
L’endroit n’était donc pas le plus adéquate pour les études d’Anastasiya mais dehors il faisait bien trop froid pour étudier, la bibliothèque était déjà surchargée à cause des préparations aux B.U.S.E. et autres A.S.P.I.C. et elle ne voulait même pas entendre parler du dortoir des Serpentards qui était envahi de petites pestes qu’elle ne tenait pas à rencontrer. La jeune Styrbjörn était loin d’être la plus agréable des jeunes filles mais elle avait au moins la décence de ne pas se mêler des affaires des autres, décence qu’elle ne retrouvait pas chez toutes ses semblables Serpentard.
Bien sûr, dans une salle commune elle ne pouvait pas s’attendre à un calme absolu mais au moins, elle passait inaperçu et on ne viendrait, normalement, pas la déranger. Assise avec un thé qui devenait de plus en plus froid tant elle le laissait de côté au détriment de son livre, il n’y avait pas plus imperturbable qu’Anastasiya dans ses études. Et ce n’était pas pour lui déplaire, personne ne pouvait vraiment avoir envie d’aborder la jeune fille. Elle était déconnectée du monde, ou du moins, elle n’était pas réceptive à ce qui l’entourait.

Parfois, elle mettait de côté sa lecture pour regarder les scènes qui défilaient à ses côtés. Une seconde suffisait parfois à ce qu’elle profite d’une odeur l’entourant, un coup d’œil et elle revenait à son objectif premier : étudier. C’est ainsi qu’elle parvenait à ne jamais s’ennuyer de ses leçons, elle faisait des pauses. Certains espaçaient leurs études d’une heure ou deux, ses laps de temps à elle ne dépassaient que rarement le stade de la minute.

Une migraine venait perturber son calme et son immobilité, les mots commençaient à se mélanger dans sa tête et il n’en fallait pas plus pour que la jeune fille soit agacée. Elle jeta son livre sur la table, risquant au passage de faire tomber sa tasse. Elle rapprocha une de ses jambes de son corps et posa son menton dessus, fermant les yeux. Les B.U.S.E. étaient une des premières étapes importantes dans la vie d’un sorcier et cela amenait son lot de contrariétés. Si Anastasiya ne s’accordait pas beaucoup de temps libre d’ordinaire, c’est encore pire lors de ces moments si stressants.

Et la voilà bloquée par un stupide mal de crâne. Ses yeux s’ouvrirent délicatement et elle tâtonnait pour récupérer son thé qui refroidissait de plus en plus. C’était tout simplement imbuvable, la jeune fille s’arma de sa baguette pour réchauffer le breuvage qui devint bien plus agréable au goût. Elle restait là, recroquevillée dans son fauteuil et buvant ce délicieux thé. Le regard dans le vide, Anastasiya réfléchissait bien plus que raison, à tel point qu’elle dormait presque. Les gens autour d’elle ne faisaient visiblement pas très attention à elle et c’était réciproque !

Malheureusement, la vie n’est pas faite que de plaisir et quelqu’un allait finalement briser cette paisibilité tant protégée par Anastasiya.

Keira fixa d'un mauvais oeil la tablée bruyante de Gryffondors installée devant elle à la bibliothèque. Qu'est-ce que des Gryffondors faisaient à la bibliothèque ? C'était le blason qu'on était le moins susceptible de croiser ici, et évidemment il fallait que ça tombe sur elle. Ce n'était même pas des cinquièmes années, en plus. Mais elle avait des BUSEs à réviser, elle !

Plus elle soupirait, et plus ils parlaient fort. Ils le faisaient exprès, ces sales petis lions bons à rien d'autre qu'à servir de bras armé aux gens intelligents. L'un des garçon, celui qui était pile dans sa ligne de mire, leva la tête et, quand il vit ses yeux fixées sur elle, lui adressa un clin d'oeil, confirmant ainsi ses soupçons. Son froncement de sourcils s'accentua et elle lui lança un regard destructeur. Il ricana et retourna à sa conversation.

Où est donc Madame Pince quand on a besoin d'elle ? songea Keira, exaspérée.

Dix minutes plus tard, elle n'y tint plus et jeta ses affaires en vrac dans son sac pour pouvoir retourner à sa salle commune. Elle passa tout le chemin en direction des cachots à fulminer ; elle n'avait même plus envie de travailler, déconcentrée comme elle l'avait été, et pourtant Merlin savait qu'elle devait encore réviser pour pouvoir obtenir les meilleures notes possibles.

Elle avait renoncé à ouvrir ses livres lorsqu'elle atteignit le mur de pierres nues masquant l'entrée de la salle commune. Elle prononça le mot de passe et se senti rassérénée dès qu'elle entra dans la salle, baignée de la lueur verdâtre du lac se coulant par les fenêtres renforcées magiquement, et chercha des yeux quelqu'un à qui parler pour ne pas se résigner à aller lire ses manuels sur son lit. Anastasiya , une de ses camarades de dortoir, était là, perdue dans ses pensées, pelotonnée dans un fauteuil comme un chat, une tasse de thé dans les mains. Keira s'approcha d'elle et se serait affalée sans cérémonie dans le fauteuil d'en face si son père ne lui avait pas appris un tant soit peu les bonnes manières.

« Salut, Ana. Je ne t'ai pas vue de la journée, tu t'en sors de tes révisions ? »

Keira Oldridge. En voilà une qui savait pourtant qu’Anastasiya n’aimait pas être dérangée mais pour autant, elle prenait sans aucun doute un malin plaisir à braver l’interdit évident qu’imposait la posture fermée de sa consœur Serpentard. Elle avait au moins le mérite d’être audacieuse, on ne pouvait pas lui enlever cela ! Les deux Serpentards se connaissaient bien, de la même année, elles partageaient le même dortoir pour la cinquième année consécutive. Et s’il n’y avait qu’au moment de dormir qu’elles étaient réunies mais non ! Elles se retrouvaient dans les mêmes classes depuis toujours, ayant qui plus est choisi les mêmes options. Leur relation, car ça avait fini par en devenir une, avait beaucoup évolué avec le temps.

Au commencement, elles ne pouvaient pas se voir, une histoire de désaccord durant un cours, quelque chose d’aussi futile que cela . Anastasiya avait même oublié les raisons de cette altercation mais la rancœur avait pris le dessus sur la raison. Elles étaient donc destinées à se détester. Et puis, il s’avéra qu’elles ne se trouvèrent pas si superficielles et stupides qu’il n’y paraissait. Le temps leur a apporté des discussions constructives qui finirent par leur ouvrir l’esprit et se rendre compte que l’une comme l’autre avait des idées pertinentes et dignes d’attention.
Cette arrivée ne fut pas si malvenue que cela finalement. Anastasiya savait très bien que leur discussion avait de grandes probabilités de partir en débat et en argumentation interminable mais qui sait, avec un peu de chance, ça l’aiderait à penser à autre chose que cette foutue migraine.

« Tiens, Keira. Je m’en sors visiblement mieux que toi, tu ne révises pas ici et vu l’état de la bibliothèque, tu n’as sûrement pas pu t’y trouver une place. Assis toi si tu en as envie, il y a encore un peu de place pour toi ici et au moins les grands esprits réunis pourront peut-être tirer quelque chose de cette journée qui ne semble pas créée sous le signe des révisions… »

Pour toute personne qui connait Anastasiya, cette façon de parler était vraiment positive et malgré le ton railleur, c’était bien mieux que ce qu’elle adressait à la plupart des gens. Keira était peut-être ce qui se rapprochait le plus de son égale. Il y a peu de chances qu’elle pensait cela d’un point de vue du talent et de l’intelligence mais toutefois, elle la considérait, il n’y a pas à dire. La jeune fille était pertinente et acerbe, tout ce qu’elle aimait, cela lui valait au moins d’être considérée et écoutée.

« Ca avance bien, je pense être très largement prête depuis déjà au moins une année. Et toi ? »

Une prétention qui cachait très bien le fait qu’au fond d’elle, cela l’angoissait tout de même un peu. Seulement, personne ne devait voir cela, pas même quelqu’un qu’elle considérait.

En voilà bien une qu’elle ne pouvait pas supporter. Lilianor A. Zyskowski. Les trois jeunes filles se connaissaient depuis leur arrivée à Poudlard et si les choses s’étaient décantées avec Keira, une entente, ne serait-ce que partielle, entre Lilianor et Anastasiya était tout simplement inconcevable. Anastasiya qui passait son temps à dénigrer les moutons qui suivaient éperdument Voldemort et Dumbledore était tombé là sur un gros morceau. La famille Zyskowski était bien connue pour ses affiliations avec le Seigneur des ténèbres à tel point qu’ils furent des premières familles recherchées pour complicité avec les Mangemorts. Il n’y avait pas de quoi se vanter mais pour une personne aussi prétentieuse et autocentrée que l’était Lilianor, impossible de se faire discret et ne pas attirer l’attention.

Sa présence agaçait Anastasiya, elle dérangeait tout le monde comme à son habitude. Keira, tout comme elle, avait sans doute mieux à faire que de supporter des tels intrus. Sa réflexion était à son image, pathétique et sans la moindre profondeur. Sa question en elle-même montrait les limites mentales de la personne. Demander de quoi parlaient des gens avant de dénigrer l’intérêt de sa question, bien paradoxal. Si c’était tellement stupide, pourquoi voudrait-elle le savoir ? Anastasiya était fatiguée de tant de bêtise et d’attaques verbales aussi mal amenées. Cet agacement montait au fond d’elle et pourtant, la jeune fille n’était là que depuis quelques instants. La preuve qu’elle ne pouvait vraiment pas la supporter.

« Oh, tiens, Lilianor. Ca tombe bien que tu parles de stupidité, vraiment ! On évoquait justement la bêtise des familles aristocrates qui s’étaient faites arrêtées pour complicité avec les Mangemorts. Il faut déjà être très limités pour obéir comme des pions à ce fou mais alors en plus ne pas être capable de le cacher… »


Il n’y avait rien de pire que les attaques sur la famille, elle le savait. Après tout, elle savait ce que c’était vu le nombre de fois où Lilianor, entre autres, s’était moqué de ses origines moldues. La seule différence entre les deux était que ces gens qui parlaient de « sang de bourbes » et autres qualifications péjoratives disaient tout cela sans avoir la moindre idée de ce qu’ils racontaient, dénigrant juste pour une question de sang. Là, Anastasiya s’attaquait personnellement aux parents de son ennemie Serpentard dont l’arrestation avait été évoquée dans chaque recoin du monde magique.

Si elle espérait faire fermer sa bouche à Lilianor, Anastasiya savait très bien, connaissant la personne, que ça aurait sans doute l’effet inverse et qu’elle s’enfoncerait encore plus dans sa bêtise et son ignorance.

Voilà des heures que Marie tentait de réviser. Seulement, son esprit était trop préoccupé pour que les phrases s’intègrent à son esprit. Les mots lui semblaient dénués de sens, tandis que l’apprentissage n’était même plus instructif. De plus, des mots prononcés de manière peu discrète, et réprimandés par Mme Pince, déconcentraient au plus haut point la sang-pur. Ravalant un soupir, cette dernière en s’emparant de son ouvrage qu’elle reposa sur le rayon destiné à l’accueillir, se força à chercher l’objet de cette agitation. Elle pourrait toujours leur intimer de faire moins de bruits pour ceux qui cherchaient à travailler tranquillement, et que s’ils n’avaient rien d’autre à faire que de s’agiter, ils pourraient aller ailleurs. Personne ne les retiendrait.

La descendante des Winnesser finit par trouver la source de ce vacarme audible pour les personnes alentours. Trois filles de sa maison, dont seule la tête de Lilianor lui était agréable transperçaient dans la bibliothèque. Marie s’approcha sans se faire voir, à travers les rayons, et tiqua face à une des vertes et argents. Une fille de moldue. Comment avait-elle pu atterrir chez les verts et argent ? Si encore la maison accueillait quelques sangs-mêlés, quasiment aucun nés moldues n’avaient franchis son seuil en bien des années.
De plus, cette cinquième année, qui ne semblait pas avoir sa langue dans sa poche, osa détériorer la famille de Lilianor. La brune claqua sa langue contre son palais, et décida de sortir de l’ombre. Si en plus Zyscowski, était une amie, il était essentiel que les sang-pur s’entraident. Plus le temps passait, et moins leur respect était affirmé. On allait jusqu’à les traquer. Marie arriva à la hauteur de Lilianor et déclara d’une voix suave en direction des deux autres Serpentardes :

-Excusez-moi d’interrompre un entretien, qui je vois m’a l’air tout à fait constructif. Cependant, la bêtise émanant de certains propos ne pouvait me faire qu’agir. Je suis Marie Winnesser, la descendante d’un de ces aristocrates que tu as l’air de si bien connaître Styrbjörn.

La plus jeune verte et argent s’asseya aux côtés de son amie, tout en lui lançant un clin d’œil, de façon à ce que la personne destinée le reçoive. Puis, elle reprit sa discussion :

-Vois-tu ma chère, il y a quelque temps, un jeune homme du nom de Morange Tiller a fait la même erreur que la tienne en s’en prenant à quelque chose qu’il ne connaissait en rien. Veux-tu savoir comment il a fini ? Attaquée par l’entière maison des Serpents, et à l’infirmerie avec un visage en sang. Il serait fâcheux que tu subisses la même chose, tout en sachant que tu n’as pas vraiment... à te vanter en ce qui concerne ta famille.

Lilianor n’eut même pas le temps de répondre qu’une nouvelle venue vint faire son entrée de manière remarquée. Anastasiya ne la connaissait pas du tout, pas même de vue, et voilà qu’elle venait se mêler de ce qui ne la regardait pas. Si Lilianor était obligée de se donner des grands airs pour se sauver la face et mettre de côté la honte de sa famille, que venait-elle faire là celle-ci ? C’était encore plus désagréable d’être interrompu par une gamine qui n’y connaissait rien. Elle parlait dans le vide, répétant les bons mots que lui avaient appris ses parents et utilisant les seules méthodes dignes de ces parasites : l’intimidation et la menace de violence physique.

Elle avait toujours trouvé stupide cette manie de dénigrer les nés moldus, comme s’ils avaient décidé de sortir du ventre du non-magique plutôt que de celui d’une sorcière, c’était d’une imbécilité sans nom et seuls les simples d’esprits pouvaient penser de la sorte. Quelle personne sensée pouvait juger une personne sur son seul arbre généalogique. Anastasiya connaissait bien des sangs pur qui avaient beaucoup à envier à des « sang de bourbe » comme ils aimaient les appeler. Quelle tristesse, une pauvreté intellectuelle à ce point…

Et une tentative d’intimidation par une gamine de dix à douze ans, au maximum, c’était encore du jamais vu ! Pensait-elle vraiment être capable de l’effrayer ? Etait-elle assez sotte pour croire qu’un bastonnade sur le visage d’Anastasiya ferait changer cette dernière de posture ? Cette arrivée l’amusa presque tant elle était d’une ironie déplacée. Un enfant qui utilisait des mots de grands pour faire taire des vérités.

« Et bien, tu me méprises beaucoup à ce que je vois et tu as même fait des recherches sur moi pour savoir qui je suis alors que je n’ai aucune idée de qui tu peux être. Penses-tu vraiment m’effrayer ? Ton intervention fait honte à Lilianor, elle-même, et pourtant il en faut beaucoup ! Même elle ne s’abaisserait pas à m’attaquer de la sorte, elle a au moins l’intelligence de m’affronter verbalement et de ne pas passer tout de suite aux attaques physiques pour combler vos lacunes cognitives. Et toi, Lilianor, tu la laisses dire ? Tu ne crois pas que tu ferais mieux de la faire taire ? Je te croyais pourtant assez brave pour me répondre de toi-même sans avoir besoin d’un enfant, étonnant ! »

Anastasiya n’avait pas peur, même s’ils l’attaquaient, qu’est-ce que cela changerait ? La jeune fille avait connu des dangers bien plus grands qu’une attaque de moutons décérébrés... Au fond d’elle, Anastasiya espérait surtout une réaction de Lilianor, elle ne comprenait pas qu’elle ne l’ait pas fait taire avant ! Cette intervention la faisait paraître faible, incapable de se défendre par elle-même.

La fille semblait sûre d'elle, comme une lionne, et non une une vipère qui protégerait ses arrières. Ses mots étaient incessants, sans cependant être avoir un quelconque sens. Les deux blondes avaient du moins temporairement cessés leurs propos pour laisser les deux brunes parlementer. La "fillette" eut presque envie d'éclater de rire face aux mots de son aîné, l'était-elle seulement ? Pas une fois, Marie n'avait douté de la stupidité de ce genre de personnes, mais il y avait des fois, où la bêtise elle-même en avait assez. Ces moments là, dans la bouche de la né-moldue sonnait le gong. Lassée, la descendante des Winnesser continua sur les paroles de la cinquième année:

-Ma pauvre. Je te plains. Allant jusqu'à être incapable de comprendre de simples paroles. Laisses moi te dire certaines choses. Si je ferais honte à Lilianor, comme tu le répètes si bien, j'attends volontiers qu'elle me le dises, au lieu de l'entendre de ta bouche. Ensuite, je n'ais jamais mentionné que je défendais ma camarade.

Marquant une pause, la première année continua ensuite, une grimace de dégoût aux lèvres:

-En revanche, toi et tes manières, avaient insinués plus que certainement la "bêtise" d'un partie entier. Tu n'as pas besoin de me rappeler que Lilianor puisse se défendre seule, j'en suis déjà au courant et ne la prives en rien de ce plaisir qui lui ait dût, ainsi que de l'occasion de rabattre ta langue un peu trop abusée. Encore une fois, ce n'est pas elle que je défendais, ce sont les origines, dont les miennes,d 'une partie imposante de sorciers.

Enfin, après s'être relevée du canapé où depuis quelques instants, elle était installée, Marie le longea en sens inverse et déclara enfin:

-Et cette fois, au lieu d'entendre des choses qui n'ont jamais été prononcés, je te signalais juste que tu devrais un peu moins parler et plus écouter. Je n'ais pas l'intention moi même de t'envoyer une quelconque attaque physique, mais en revanche, je suis certaine que d'autres n'auront pas d'hésitation. Ce n'était ni une menace, ni un avertissement, tu n'as qu'à le prendre en conseil.

La sorcière aux parents ignares de pouvoirs magiques commençait à l'agacer et elle-même à être agacée, alors dans de dernières paroles, la fille d'Alexandre finit:

-Pour terminer, mon intervention, comme tu l'as appelé, va certainement se finir à présent, à moins que l'on requiert ma présence, ce qui pour le moment, n'est pas le cas. Je vous laisse donc.

Qu'elle enorgueillisse. Cette fois-ci, la jeune sorcière tirait sa révérence. Cependant, une chose restait sûre, contrairement à cette sang de bourbe, elle, elle n'était pas seule. Et tandis qu'elle faisait demi-tour pourtant, une voix l'interpella. Une voix qui venait de l'endroit qu'elle avait quitté il y a à peines quelques instants.

[Helloooooooo ! J'ai plein de choses à dire uhu, alors 1/ Vraiment désolée du délai, j'ai été prise de cours par la quantité de réponses, promis ça ne se reproduira plus, 2/ Lili, merci mille fois de m'avoir attendu sinon j'aurais carrément éte larguée et 3/ Petit détail Marie, rien de grave, on est dans la salle commune et pas dans la bibliothèque, Keira n'y est qu'au début de mon premier post ]

Anastasiya lui répondit sur un ton ennuyé, railleur, et somme toute très aimable si on se fiait à ses discours habituels. Keira aimait bien Ana, ce qui n'était pas peu dire attendu le peu de vrais amis dont elle pouvait se targuer. Il faut dire aussi que leur premier désaccord ayant été sur une opinion intellectuelle, ça ne pouvait que mieux se passer après. Keira aimait les gens qui la confrontaient intellectuellement.

Elle ne l'aurait jamais admis à haute voix, bien sur. Ana était une rivale en cours, une exclue à Serpentard, et chacune des deux parlait toujours à l'autre de façon méfiante, défensive, un peu moqueuse. Mais au fond, si la russe n'avait pas été là, dans sa salle commune, dans son dortoir, elle se serait sûrement terriblement ennuyée. Oui, si elle perdait Ana maintenant, la Serpentard lui manquerait.

« On n'est jamais assez prêt. Tu te rends compte que cette garce d'Hermione Granger n'a eu que des O l'année dernière ? Je suis encore loin d'en être là. »

Keira détestait profondément Granger, qu'elle ne connaissait pourtant que de nom. La plus brillante sorcière de sa génération, qu'ils disaient. Et avec un an d'écart, à cause d'elle, Keira ne serait jamais adorée des professeurs comme la Gryffondor l'était. Elle était pourtant la Miss Je-Sais-Tout des cinquièmes années, ça, il n' y avait pas de doutes, mais elle n'était pas plus félicitée qu'un autre bon élève. Et elle ne serait jamais la sorcière la plus brillante de sa génération. Hemione Granger lui avait volé sa place.

Ça se passait pourtant bien jusque-là. Keira aurait volontiers passer le reste de la soirée en expliquant en détails pourquoi il était totalement injuste qu'une Gryffondor ait eu ce titre-là (elle n'avait rien contre les Gryffondors, mais quand même, ils étaient davantage prédestinés à accueillir des gens type jumeaux Weasley), en quoi Hermione Granger précisément était détestable, mais évidemment, il fallait que l'autre peste s'en mêle. La Serpentard adressa un sourire angélique à Lilianor.

« Ah, Zyskowski, quand tu nous abordes avec autant de subtilité, je me demande toujours si quelqu'un n'a pas jeté un sort de Confusion au Choixpeau pendant ta Répartition. N'est-on pas censé être la maison des rusés et des malins ? Si j'étais à ta place - mais avec mon intelligence bien sûr - je me ferais beaucoup, beaucoup plus discrète que tu ne l'es, avec ces derniers événements. »

Ana en rajouta une couche, nayant pas la pudeur - ou l'hypocrisie - de ne pas nommer explicitement les événements dont Keira parlait. Et Keia dut se retenir de pousser un gros soupir lorsque Marie Winnesser les rejoignit.

Il était dit qu'elle ne pourrait pas passer une journée tranquille. Elle détestait ces deux graines de Mangemorts aux idées arriérées. Même Drago était moins extrémiste qu'elles, preuve en était de sa fuite au printemps dernier.

Les discours qu'elle tenait était tellement ridicules que Keira ferma sa bouche le temps qu'elle les achève. Autant, se lancer des piques avec Styrbjörn l'amusait, autant elle ne pouvait tout simplement pas voir Winnesser en peinture. Mais lorsqu'elle la vit se retirer, la tête haute, fière comme si elle avait pensé gagner une bataille, elle ne put plus se tenir.

« Tu ne comprends rien à la maison Serpentard » lança-t-elle.

Lorsqu'elle vit qu'elle avait l'attention de la sale peste, elle poursuivit sa pensée :

« Tiller est un Serdaigle. S'il s'en prend à l'un de nous, il s'en prend à nous tous. Les Serpentards sont une famille. On se serre les coudes, on se rend service, parce que les autres maisons se ligueront toujours contre nous si un choix est à faire. Et les Serpentards ne s'en prennent pas l'un à l'autre. Un sorcier ne devrait pas attaquer un autre sorcier, et c'est encore plus valable pour nous. Si jamais tu t'en prends à Ana, je peux te jurer, Winnesser, qu'en moins de vingt-quatre heures j'aurai réussi à tourner la maison contre toi. Tu traites les autres nés-moldus comme tu veux, je m'en contrefiche, mais elle, elle est des nôtres. Elle est à Serpentard. »

Keira toisa les deux filles d'un regard dédaigneux.

« Et elle y a certainement plus sa place que certains énergumènes. Mais on a déjà parlé de ce souci de subtilité, pas vrai, Lili ? »

Runix savait se faire discrète et ne pas attiré l'attention sur elle. Elle aimait pouvoir être dans ses pensées sans se faire déranger. Elle était, pour la plupart du temps, dans un coin tranquille lui permettant de rester à l’afflux de ce qui se passait autour d'elle. En grande majorité, elle ne se mêlait pas de ce qui ne la concernait pas personnellement, toute fois elle se laissait tenter à écouter nonchalamment les conversation. Malgré qu'elle n'aimait pas ce mêler de ce qui ne la regardait pas, cette fois-ci quelque chose capta son attention et la fit sortir brusquement de ses pensées.

C'était la voix de Keira, où plus précisément ce qu'elle venait de dire: "Un sorcier ne devrait pas attaquer un autre sorcier, et c'est encore plus valable pour nous. Si jamais tu t'en prends à Ana, je peux te jurer, Winnesser, qu'en moins de vingt-quatre heures j'aurai réussi à tourner la maison contre toi. Tu traites les autres nés-moldus comme tu veux, je m'en contrefiche, mais elle, elle est des nôtres. Elle est à Serpentard. Et elle y a certainement plus sa place que certains énergumènes. Mais on a déjà parlé de ce souci de subtilité, pas vrai, Lili?"

Elle n’appréciait pas de tout ce qu'elle venait d'entendre. Elle n'aimait pas qu'une personne, peut importe qui, parle ainsi à Marie. Cela la poussa à intervenir et dit d'une voix nonchalante :

~ Pardonne-moi, Oldridge, mais, sauf ton respect, il me doit de te corriger. Ton discours est, serte, très vrai lorsque tu dit qu'il faut se soutenir les uns et les autres, cependant il y a un détail qui m'achale. Il est vrai que Marie a dit des propos à l'égard de Styrbjörn qu'elle aurait pu garder pour elle, mais n'empêche que je ne comprends pas pour qui tu te prends pour te permette de penser avoir un si grand pouvoir sur nous tous pour réussir à "tourner la maison contre Marie" comme tu l'as si bien dit.

Elle jeta un regard vide à Keira avant de lui tourner le dos pour retourner à sa place initiale. Elle tourna légèrement la tête en direction de Marie, lui fit un sourire malicieux en signe de salut pour ensuite rajouté:

~ C'est simplement stupide de voir la manière dont tu penses avoir un contrôle sur les autres. Plus triste encore, c'est que tu crois réellement être en pouvoir de tous, du jours au lendemain, nous mettre contre une personne. Il est certains que tu réussira à en avoir quelque uns qui seront avec toi, mais tu peux être certaine que je ne compterais pas parmi eux.

Runix savait pertinemment que ce n'était pas cela qui allait faire taire Oldridge et elle s'en fichait éperdument. Non, son intention était simplement de lui montrer qu'elle n'est et ne sera jamais supérieure à ses yeux.

Voilà pourquoi Anastasiya évitait tout rapport avec les êtres humains, à quoi bon s’entêter avec des gens aussi stupides que cela. Ils passaient leur temps à se chercher des noises sans le moindre objectif autre que de faire du mal aux gens. Ana et Keira étaient tranquillement installées et voilà déjà trois personnes venues spécialement pour se battre. Ca commençait à faire beaucoup et Anastasiya ne pouvait s’empêcher d’espérer qu’il n’y en ait pas plus. Pas qu’elle avait peur d’eux mais cela l’ennuyait déjà assez d’avoir à faire avec les trois jeunes Serpentards aveuglées par la théorie du sang pur alors rajoutez-en d’autres et ça ne se termineraient jamais. Au moins, la plus petite (mais aussi la plus stupide aux yeux d’Anastasiya) n’avait pas tardé à s’échapper, sans doute trop arriérée pour se permettre une joute verbale, préférant s’en tenir aux menaces de violences physiques.

Lilianor était fidèle à elle-même, elle continuait à déblatérer des âneries à tour de bras mais Anastasiya ne lui en voulait pas, c’était le seul moyen pour elle de rester quelqu’un. Avec l’arrestation de ses parents, elle était devenue ridicule pour un bon nombre de personnes alors plus elles créeraient des histoires et mépriseraient les gens et plus on s’intéresserait à elle et plus à ses parents. Elle avait au moins la ruse d’avoir dégoté cette stratégie pour sortir un peu la tête de l’eau. Cela amusait plutôt Anastasiya qui voyait en elle un petit animal craintif qui voyait l’étau se refermer sur lui et ne pouvait s’empêcher de glapir pour tenter d’effrayer un prédateur quifinirait par la dévorer d’une seule bouchée.

La discussion avec Keira commençait bien, un débat sur la jalousie relative de Keira à propos de Granger et son inutilité allait sans aucun doute s’amorcer mais elle n’eut même pas le temps d’entrevoir les lumières de la vie puisqu’elle fut coupée immédiatement par Lilianor. La jeune fille prit assez instinctivement la défense d’Anastasiya. Cela fut tout d’abord une source de plaisir pour Anastasiya, aussi individualiste qu’elle pouvait l’être, elle ne pouvait qu’aimer le fait qu’on la soutienne et qu’on aille dans son sens. Seulement, dans l’élan de sa colère, elle avait fini par utiliser les mêmes méthodes que la petite peste. C’était un peu dépitant pour Anastasiya qui cherchait toujours à maîtriser ses émotions pour éviter ce genre de problème, mettre de l’émotion dans ses propos aidait à faire passer le message de fond mais cela pouvait aussi amener vers une glissade qui serait utilisée contre soi peu de temps après… Et c’est ce que fit Lilianor.

Une autre jeune fille intervint juste avant, Anastasiya la connaissait de vue mais ne l’avait jamais réellement rencontré, elles se croisaient sans se regarder, sans intérêt l’une pour l’autre. Pour autant, une pointe de curiosité naquit chez Anastasiya. Cette jeune fille n’était pas aussi bête qu’une Lilianor et son intervention n’avait pas été si mauvaise que celle de Marie, même si tout aussi courte. Elle avait saisi la faille dans le discours de Keira et avait retourné la situation. Elle était plutôt maligne, il n’y avait pas à dire, un sens d’observation pertinent et une façon de faire convenable. Dommage qu’elle soit retournée à sa place, elle aurait gagné à être découverte un peu plus. Ce qui n’était malheureusement pas le cas de Lilianor qui était la seule à être restée.

Elle gesticulait toujours, un vrai poisson hors de l’eau qui essaie de quitter la berge pour rejoindre son milieu naturel. Plus ça parlait, plus ça menaçait et moins c’était crédible. Lilianor était détestable, une vraie caricature de la méchanceté gratuite. Anastasiya n’avait jamais compris les critiques sur le sang mais c’était encore pire sur les critiques de répartition. Comme si Anastasiya avait voulu se retrouver dans ce piège de serpents ? Ils essayaient tous de se bouffer entre eux pour être le roi des vipères, prêts à faire avaler des couleuvres à quiconque pour le dominer et l’assujettir. Anastasiya devait être une moins que rien simplement parce qu’elle est née au mauvais endroit, selon Lilianor, c’était d’une imbécilité pure.

« Je fais honte à la maison ? Grand mal t’en fasse. Désolée de ne pas vouloir cesser d’exister simplement car je suis née dans la mauvaise famille, selon tes dires. A mes yeux, ça sera toujours mieux qu’être née dans une famille de tueurs d’enfants et de faiseurs de veuves. Et si tu as un problème avec le fait que je sois Serpentard, adresse-toi directement au Choixpeau, je n’ai rien demandé personnellement. »

Quand on l’attaquait, elle sortait les griffes et n’hésitait pas à répondre avec autant de violence. Anastasiya ne supportait pas qu’on lui marche dessus, encore moins quand on avait aucune raison de se croire supérieur à elle. Sans compter qu’elle recommençait avec ses sottes menaces introduites par Marie. Pensait-elle vraiment l’inquiéter avec de telles paroles ? Si elle était vraiment si douée que cela, elle la défierait en duel en face à face, pas besoin de tous ses petits copains pour l’aider. Cela montrait encore une fois de plus que seule, elle n’était que la petite fille chétive abandonnée par ses parents.

« Viens, bats-toi alors. Ramène ta meute. J’attends de voir cela. Et c’est vrai que vous allez paraître très intelligents à vous mettre à plusieurs sur deux filles de votre pauvre maison. Quelle image cela donnerait, tu divagues, Lilianor. Va te reposer un peu, ça t’évitera de dire de telles sottises. »

Ca y est, l’amusement était terminé, elle en avait marre et voulait que ça se termine, d’une manière ou d’une autre.