Crazy stupid Love x Jessica Summers

  Il faisait froid dans cette pièce. Beaucoup trop froid. On aurait dit un mauvais remake du Titanic où le film commençait par la coulée du paquebot et les personnes devait survivre dans cette eau glaciale, dès le départ. Effrayant, mais assez marrant en y repensant. La seule chaleur de la pièce émanait de cette pauvre petite couette innocente, jonché en vrac sur le lit de l’infirmerie. Pourquoi l’infirmerie ? Des mésaventures à l’entraînement, un peu de fatigue, un batteur dans les mandragores et hop, le tour est joué. Vous obtenez facilement un cognard dans la tête, une belle cicatrice, les souvenirs en vrac et l’impression d’avoir une ruche qui a élu domicile dans votre tête à chaque pas ou autre mouvement brusque. Les risques du métier dira-t-on ! Pourtant, le jeune blond allongé depuis une journée sur ce lit de l’infirmerie n’était pas souffrant et il avait beau le crier haut et fort aux infirmières, les supplier de le laisser partir ou bien même, implorer la venue de ce mystérieux comte pour mettre un terme à sa convalescence, rien à faire. Il était en cage.

- On ne peut prendre de risque avec votre santé Monsieur Johnson

Ethan savait bien qu’on était jamais trop prudent en matière de médecine, mais de là à devenir paranoïaque et voir le mal ou la souffrance partout, il n’y avait qu’un pas. Un pas d’ailleurs franchis depuis bien longtemps par l’équipe médicale d’Haveirson qui s’empressait, dès que l’espèce d’étiquette magique accroché au bout de son lit, virée au rouge, de venir lui procurer des soins. On aurait dit que toute l’infirmerie était sur lui. D’ailleurs, Ethan s’étonna de ne trouver quasiment personne ce jour-là dans le grand dortoir mitoyen à la salle de soin. Seul un autre garçon était allongé sur un lit en face de lui. Visiblement bien amoché par ce qui semblait être une attaque d’une créature peu recommandable, le pauvre gars était encore endormi et donc aucun dialogue n’était possible. L’ennui était bel et bien présent. Il n’avait rien. Pas même un livre pour lire, pas même un de ces cours pour réviser. Les infirmières n’avaient même pas jugé bon de lui laisser son balai, sûrement de peur qu’il le prenne pour partir discrètement par la petite porte, ce qui était débile car il n’en avait pas le droit. Mais là n’était pas le pire..

Le pire dans l’infirmerie d’Haveirson ? C’était sans aucun doute cette potion au goût si spéciale, aspirant les microbes, tout goûts en bouche mais surtout ton âme ! A défaut de pouvoir calmer la douleur bien entendu. Mais que serait une infirmerie sans médicament infâme à avaler. Ethan préférait se dire que sa faisait partie du jeu, après tout, il n’était pas si difficile que ça en termes de goûts. Il buvait donc la potion, à défaut d’avoir autre chose à se mettre sous la dent ou à faire. Alors, quand une infirmière rentrait dans ce grand hall si glauque et sinistre, faisant derrière elle un écho religieux allant jusqu’à te donner des frissons, c’était l’événement de la journée et il fallait donc en profiter pour en tirer le maximum d’informations venant de l’extérieur de ce " boumker "  et discuter le plus possible avec la dite infirmière pour passer le temps. Sauf que cette fois-ci, l’infirmière avait un message bien particulier. Avec son sourire vicieux, voir narquois, l’infirmière s’approcha d’Ethan et lui pris la main.

- Monsieur Johnson, par précaution, le corps infirmier et moi-même avons décidé de ne pas prendre de risque et de demander une aide extérieure pour examiner votre cas. Vous avez quand même pris un cognards de pleine face Monsieur Johnson, ce n’est pas négligeable. C’est pour ça que je pense qu’un examen psychologique pour voir l’état de votre commotion me semble tout indiqué. Si je vous renvoyais comme un légume dans votre confrérie, je n’ose même imaginer ce que penserai le Comte de notre belle infirmerie. Tiens, la voilà ! Je vous laisse avec elle Monsieur Johnson, on se voie tout à l’heure.

Et c’est ainsi, que pris de cours, Ethan ne put que contempler le doigt de l’infirmière se poser sur sa bouche, feintant toute tentative de négociation. Il ne manquait plus que ça ! Un test psychologique, et puis quoi encore ? Il allait bien… mais quand la porte de l’infirmerie raisonna et qu’une petite voix, fluette mais assez charmante, raisonna dans l’infirmerie, le cadet de Johnson leva la tête de son coussin et découvrit cette fameuse psychomagicienne ou peu importe ce qu’elle pouvait être. Finalement, Ethan pouvait bien être malade un petit peu plus longtemps...


   

 
Et l’heureuse élue fut donc Jessica Summers. Il ne l’a connaissait pas particulièrement, mais elle était quand même un visage familier pour lui. Plusieurs fois il s’était laisser aller à des discussions nocturnes avec elle, plus ou moins constructives certes, mais toujours intéressantes. Il aimait bien sa compagnie mais ce fut quand même avec une certaine surprise qu’il l’a vit arriver face à lui en cette matinée bien sombre. Pourquoi les infirmières faisait-elle appel à des élèves de l’école pour prendre en charge des patients ? Bon certes, lui n’en avait, selon lui encore une fois, pas besoin, mais quand même. Le risque était réel. Non pas qu’il remettait un quelconque enseignement, mais prendre le risque de faire analyser un élève par un élève tout juste sortie de cours c’était le mettre en danger lui. Bien entendu, aujourd’hui l’examen se révélait être en psychologie. Le risque était donc moindre pour le coup… Et c’est à cet instant qu’une idée lui germa dans la tête. Et si, en réalité, il avait réellement des séquelles psychologiques ? Et si le cognard lui avait bel et bien remué le cerveau tel un bon petit mixeur moldu ? Et s’il profitait de cet opportunité et de cette pauvre Jessica pour lui faire connaître son amour pour la blague de mauvais goût et le sarcasme ? C’était une occasion parfaite ! L’occasion de s’amuser un peu et de sortir de cette routine désagréable dans laquelle il s’enfonçait en restant cloîtré dans ce lit d’hôpital toute la journée, mais aussi et surtout, l’occasion d’en apprendre plus sur le caractère de son interlocutrice et qui sait ? Pourquoi pas devenir un peu plus proche qu’auparavant et brisé cette glace qui les sépare actuellement ? Tout est bénéfique !


Alors, quand elle lui adressa un sourire plein de gentillesse et d’innocence, Ethan inspira un bon coup, se retint de ne pas parler face à un visage aussi charmant, et l’a fixa avec un sourire niais. Tellement niais qu’il en aurait presque pleuré de rire s’il s’était dans un miroir.  Ça serait aussi l’occasion de tester son jeu d’acteur comme ça. Les secondes qui suivirent lui parurent interminablement longue et dénuées de sens. Il l’a fixé droit dans les yeux, l’air débile, tout en gardant le maximum de concentration possible afin de ne pas exploser de rire. Pour le coup, il put s’attarder sur chaque trait de son visage et remarqua une nouvelle fois à quel point elle était magnifique. Ces yeux perçant se fondait parfaitement dans ce visage si doux qui inspirait confiance et joie de vivre. Sa peaux mate faisait ressortir la simplicité et l’authenticité de son sourire si chaleureux et quant à ses longs cheveux bruns, soulignaient un caractère assez affirmé qu’Ethan ne pouvait qu’apprécier. Ainsi, les secondes qu’il passa à dévisager Jessica se transformèrent rapidement en minute au point qu’il faillit oublier la question qu’elle venait de lui poser. Comment se sentait-il ? Actuellement tout allait bien, il était assis sans doute face à une des plus belles filles d’Haveirson qui avait, comme par hasard, pour mission de dresser un bilan psychologique de sa condition post traumatique.  Alors, comme pour renforcer cet effet d’attardé qu’il était en train de créer, il voulut répondre par une phrase simple mais qui exagéré deviendrait tout de suite beaucoup plus étrange, mais toujours absorbé par la beauté de ses yeux, d’autres son sortirent de sa bouche.


- Hmmm…


Un grommellement inaudible se fit entendre et la scène devint encore plus gênante grâce, ou à cause, du blondinet. Face à la belle brune il restait là, complètement pantois. Pour le coup, et sans vraiment le faire exprès, il avait réussi son coup, il passait bel et bien pour un ramolli du bulbe. Qu’est ce qu’elle allait pensait de lui maintenant ? Là était la question ! Et c’était sûrement la partie la plus intéressante de cette blague, la réaction de Jessica. Déterminé à l’a faire tourner en rond avec ces imbécillités, Ethan l’a fixé sans interruption, se forçant même à ne pas cligner des yeux, jusqu’au moment où il se rendit compte qu’il était à la limite du film d’horreur malaisant te laissant une appréhension pour toute la nuit. Oui, celui-là ! Alors, il se mit à cligner des yeux, battant des cils comme un enfant voulant obtenir quelque chose d’un de ses parents. Terminant le premier acte de son cirque, il prit une grande inspiration, s’approcha de l’oreille de la belle brune et lui chuchota.


- Jess, je crois que je ne me sens pas bien.


Le petit jeu pouvait commencer.