Chambre 1 : Isolde Mayer - Leo Buchanan

Isolde riait intérieurement des sous-entendus salaces de Leo, même si elle était tentée de jouer l’ingénue pour prolonger leur petite joute. Faire rire quelqu’un lui avait terriblement manqué, aussi. Une chose de plus que l’académie avait presque réussi à lui enlever.

Elle se baissa, vaincue par les ronronnements de moteur de son félin domestique, et lui offrit quelques gratouilles. Gratouilles brutalement interrompues par le cri terrorisé qui résonna dans toute la salle commune. En moins d’une seconde, Isolde était débout, baguette fermement serrée dans son poing, une lueur toute gryffondorienne dans les yeux, bien que la peur la rende un peu tremblante.

Elle s’élança vers sa chambre, rapide comme l’éclair, bouclettes au vent. Sa baguette dégainée, elle déboula dans le couloir, juste à temps pour se faire dépasser par un Leo hurlant et invoquant l’aide toute puissante de sa génitrice. Elle tenta de freiner pour le rejoindre. Mais ses chaussettes trop lisses glissèrent sur le parquet trop bien ciré, et elle fit une magnifique démonstration de moulinets, brassements d’air et autres figures de yoga avec les bras avant d’embrasser fougueusement le mur. Elle resta immobile un instant dans cette position, face contre bois, bras en croix comme si elle avait, effectivement, tenté de faire un gros câlin au mur ; et un long, très long, soupir s’échappa de sa bouche.

Après quelques secondes dans cette position parfaitement naturelle, elle se retourna et avança avec précaution de la porte de sa chambre. Rien de mortel n’était visible au premier regard, mais elle connaissait trop bien le Comte et ses tours pour y poser le pied en toute sécurité. Alors que Leo revenait dans sa direction, elle lui lança un regard compatissant mais déterminé, comme une promesse silencieuse de défense.

- Qu’est-ce que t’as vu ? Elle chuchotait sur un ton de conspiratrice. Ca t’a attaqué ? Tu vas bien ? C’était quoi, une créature ? Un sort ? Tu penses qu’on peut rentrer à nouveau ? On devrait peut-être lancer des sorts de détection… Ou appeler un prof pour qu’il nous aide à vérifier que c’est sans danger ?

J’ai quitté la chambre en courant, poussant des hurlements de peur. A peine eu-je mis un pied dans le couloir qu’Isolde me passe devant, glisse, s’emmêle les pinceaux et se mange littéralement le mur d’en face sous mon regard ahuri. Elle reste immobile alors que moi je me colle au mur à côté de notre chambre pour ne pas que la dangereuse plante me voit, tout en gardant un œil sur Isolde, qui câline le mur avec toute son affection.

«-Isolde ! Isoooolde ! Lâche ce mur ! T’as rien de cassé ? » lui demandais-je à voix basse, digne d’un espion américain en pleine infiltration dans un sous-marin nucléaire russe. J’avais trop regardé de films d’espionnage je crois.

Finalement, Isolde lâche monsieur le mur que je soupçonne à présent d’être son amant. J’aurai ris à ma propre connerie si je ne tremblais pas de peur comme une feuille. Et oui, je sais que les feuilles ne tremblent pas de peur, c’est une image ! J’ose à peine bouger alors qu’Isolde est à présent à mes côtés, me posant des questions alors que je plisse les yeux, accusateur.

« -Oui ça m’a attaqué ! ça a fait des trucs bizarres ça c’est mis a gesticulé et…. Et… y a des trucs blancs qui se sont mis à sortir et… et… C’est toi qui à mis ça l’a ! » dis-je en passant doucement la tête pour voir si la plante se balancer encore.

Effectivement, l’arme du crime était toujours là, en pleine action. Je cessais aussitôt de regarder laissant ma tête revenir dans le couloir avec le reste de mon corps.

« -C’est… à côté du bureau. Regarde ça fait un truc bizarre. Ca doit être vénéneux ! » Dis-je sur le même ton qu’Isolde.

Je bougeais enfin, venant me caler derrière Isolde, la laissant ainsi prendre ma place au plus près de la porte. Loin d’être courageux, je préférais la laisser régler ça puisque cette plante était à elle ! Elle en était donc entièrement responsable même si j’étais quand même prêt à lui donner un coup de main en cas de problème.