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 Un brin de soupçons - Emeraude & Libre

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Nora Randall
Nora Randall
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MessageSujet: Un brin de soupçons - Emeraude & Libre   Un brin de soupçons - Emeraude & Libre EmptyLun 17 Oct 2016 - 16:33

Quand le sommeil vous fuit, il n'existe pas mille manières de le rattraper. Surtout quand, comme Nora, vous savez parfaitement d'où vient l'insomnie. Ces dernières nuits ont été pour elle un vrai calvaire, parsemées de cauchemars aussi saisissants qu'au premier jour de ses vieilles terreurs nocturnes. Peut-être est-ce le changement d'environnement qui la déboussole, toujours est-il qu'elle est de plus en plus épuisée par cette lutte... Ce soir ne fait pas exception. Elle quitte son lit en réalisant qu'il est inutile de s'acharner, après plusieurs heures passées à attendre que la fatigue l'emporte sur la peur de s'endormir.

Elle enfile un jean et un sweat à capuche avec des gestes lents pour ne pas réveiller la personne chanceuse qui dort profondément dans le lit d'à coté, et se faufile hors des quartiers des Phénix. Il doit être aux alentours de deux heures du matin, songe-t-elle en apercevant le ciel derrière une fenêtre. Elle n'a sûrement pas le droit de se promener ainsi, mais elle ne s'inquiète pas vraiment - jusqu'à présent, à part des professeurs, elle n'a pas croisé de figure d'autorité, et elle doute que le Comte prenne la peine de se déplacer juste pour une étudiante souffrant d'insomnie - du moins s'il est aussi omniscient que ce que racontent ses camarades.

La bibliothèque est vide et silencieuse, comme on s'y attendrait. Pourtant, sur le panneau d'affichage à coté du bureau d'accueil, il est indiqué qu'elle est ouverte tout le temps même si le bibliothécaire n'est présent qu'en journée - mais il semblerait qu'aucun élève n'ait pour habitude d'y travailler la nuit. Plutôt logique, quand on sait qu'il est interdit de se promener hors des quartiers de confrérie à partir d'une certaine heure...

Nora laisse ses pas l'entraîner jusqu'à la section réservée à la vétérimagie et aux créatures magiques. Elle cherche un livre en particulier, sans certitude de le trouver. Il s'agit d'un écrit assez ancien, sur lequel elle avait mis la main lors de ses années d'étude à Poudlard. C'était ce livre qui avait dans un premier lieu éveillé sa curiosité pour les animaux fantastiques.

Elle reconnaît soudain sa tranche, et la tire avec précaution. Cet exemplaire de Créatures dangereuses et comment les apprivoiser semble ne pas avoir très bien vieilli ; sa couverture en cuir est usée et elle retient de justesse les feuillets qui tentent de s'en échapper. Elle pose le livre avec précaution sur l'extrémité d'un fauteuil en cuir, retire ses chaussures et s'allonge sur le ventre avant de se plonger dans l'ouvrage. Elle n'y apprend rien en soi ; en vérité, elle n'a pas compté le nombre de fois où elle l'a lu par le passé. S'il ne s'agissait pas d'une édition qui n'est plus publiée depuis longtemps, elle s'en serait achetée un exemplaire qui trônerait sur sa table de chevet.

Elle connaît les textes et les illustrations par cœur, et très vite son souffle ralentit, son esprit libéré de ses appréhensions. Les pages sont si familières... et l'odeur du vieux papier l'enveloppe toute entière dans un agréable sentiment de sécurité. Sa joue se pose au milieu des feuillets tandis que ses paupières se ferment. Une de ses mains glisse le long du fauteuil et pend dans le vide. Finalement, elle se laisse emporter par l'épuisement et est aussitôt entraînée dans un tourbillon de rêves. Au début ce n'est qu'un mélange vaguement étrange de morceaux de son quotidien, puis viennent s'y mêler des souvenirs épars. Une scène en particulier prend une tournure qui la saisit.

Nora est prostrée dans un coin du salon, tandis que Joey hurle sur sa mère. Il a quelque chose dans la main mais elle n'arrive pas à voir quoi, l'objet est flou. Il finit par se tourner vers elle, le visage déformé par la haine. « Toi ! Tu sers à rien dans cette foutue baraque, avec ta magie à la con ! T'es jamais là, t'aides jamais ta salope de mère et après c'est ma faute bien sûr ! Je te jure que si je... » Il s'approche, le son de ses mots se déformant tandis que son haleine alcoolisée donne des haut-le-cœur à Nora. Elle voit le visage de Joey prendre tout à coup des teintes violettes puis rouges : la peau se fend, la chaire apparaît et le sang se met à couler de son nez, de ses lèvres et de son crâne fracturé. Il ne réagit pas et continue d'avancer sur elle, tandis qu'elle voit enfin ce qu'il tient dans sa main droite. La vieille batte de Nora, recouverte de sang. De grandes tâches rouges apparaissent sur les vêtements de l'homme, là où elle a autrefois frappé. « Tu vas payer pour ce que tu as fait », gronde-t-il subitement, et de sa bouche sort à la fois sa voix et celle de sa mère. Elle ferme les yeux en le voyant lever le bras, incapable de réagir sous le poids de la honte.

Une petite partie de son esprit bataille pour la tirer de là en lui rappelant qu'elle ne fait que rêver. Sa respiration est saccadée et un de ses poings se crispe tant que ses ongles s’enfoncent douloureusement dans sa paume. Toute cette agitation fait voler une feuille loin du canapé : « La Manticore : pistage et approche ». Le papier liste les lieux où l'on suppose qu'il est possible d'en trouver, mais aussi tous les dangers auxquels s'exposerait l'idiot qui essaierait d'en dompter une. Plus jeune, Nora s'imaginait devenir semblable à une manticore : si féroce que nul n'oserait s'en prendre à elle ou à ceux qu'elle aime.


Dernière édition par Nora Randall le Mar 18 Oct 2016 - 19:21, édité 3 fois
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Emeraude A. McRaven
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MessageSujet: Re: Un brin de soupçons - Emeraude & Libre   Un brin de soupçons - Emeraude & Libre EmptyLun 17 Oct 2016 - 18:14

Un brin de soupçons

Une douce lumière passa par les yeux entrouverts de la jeune fille. C’était un paysage enchanteur, sorti tout droit d’un conte pour enfants. Une grande maison ressemblant à un palais trônait au milieu d’une forêt de palmier dense et verdoyante. Emeraude était assise sur le bord d’une fontaine de marbre, surmontée par un petit angelot blanc que la petite fille appelait Felicidad. C’était son seul ami dans la solitude de ce paradis enfantin. Plusieurs femmes et jardiniers s’activaient dehors, allant pendre le linge et dressant les futures plantes tropicales qui composeront le magnifique jardin de la villa. Sur le parvis de la porte, une vieille femme basculait sur son rocking chair, en train de tricoter tranquillement, nourrissant sa peau au teint halé des bienfaits du soleil latino. Ses cheveux argentés étaient resserrés en un propre et strict chignon. La fillette courut vers elle en criant de grand Abuelita ! Abuelita ! Alors, la vieille la prenait sur ses genoux et lui racontait des histoires, parlant souvent des légendes latines. Elle avait une préférence pour les curupiras, cette vieille dame, disant tout le temps qu’Emeraude devait s’efforcer de leur ressembler, de protéger les faibles animaux de la forêt contre les méchants, en l’occurrence les chasseurs. Mais qui l’avait protégé, elle ? Et c’est toujours à ce moment-là que son songe idyllique se transformait en cauchemar.

Le jardin tropical, les palmiers, la vieille femme, la maison, tout se métamorphosa en un torrent de lumière vive avant que devant la jeune fille se matérialisa une salle à manger. Le bruit des voitures de la Oxford Street venait troubler le silence glauque, morbide et malsain de la pièce. La McRaven était assise à table, et de chaque côté était installé sa mère et son père. Sa maman porta alors la coupe de vie rouge et la mit à ses lèvres. Elle n’en but qu’une petite gorgée, d’une manière très chic, mais cela suffit pour signer son trépas. Une partie de sa conscience lui criait de sortir de ce songe, elle essayait de lui ouvrir les yeux et de la réveiller. Mais tous ses efforts étaient inutiles. « Tu n’aurais jamais dû. » dit seulement le monstre qui lui servait de père. Mais lorsque sa défunte femme comprit l’allusion et le risque qu’elle encourait, elle eut juste le temps d’écarquillés ses pauvres yeux bruns, avant que la vie quitte son corps et que sa tête s’écrase contre le bois verni de la table.

E
meraude ouvrit les yeux, paniquée. Elle hurla de terreur mais mit vite ses deux mains mates devant sa bouche rose. Son colocataire ne semblait pas être réveillé. L’Abraxan prit quand même plusieurs minutes pour calmer son cœur en palpitations, et pour se rappeler qu’elle n’était plus à Londres, mais à Haveirson, au Pays de Galle. Elle bascula vers la droite et alluma sa petite lampe de chevet. Elle devait aller faire un tour, peu importe l’heure, où elle allait devenir complètement folle. Emeraude se changea rapidement, enfilant un large pull et un simple jean, tenue qu’elle n’avait pas vraiment l’habitude de porter, et sortit de la salle commune de sa confrérie. Elle traversa la pièce centrale, avec ses fauteuils cosys et son bar, avec le plus grand calme et sans faire aucuns bruits. Le bout de sa baguette émettait une faible lumière bleutée. Elle jubila un peu, dans le fond, à avoir réussi à le faire de manière informulée.

Ses pas résonnaient légèrement dans les couloirs qu’elle arpentait. Seule une personne proche d’elle aurait pu les entendre. Elle jeta un œil à la première horloge qu’elle vit. Deux heures. Emeraude espérait juste de pas être déranger par une quelconque autorité, comme un professeur, qui aurait le malheur de se promener au même endroit et au même moment qu’elle. Après une dizaine de minutes d’errance, ses pas la menèrent à la bibliothèque. L’Abraxan avait besoin de se changer les idées, et quoi de mieux qu’un bon gros manuel chargé de sorts et d’enchantements. Elle fit le moins de bruit possible, et éteint par la même occasion sa baguette d’un simple mouvement de poignet. Ne pas respecter le règlement avez quelque chose d’excitant au fond. Elle trouva vite la rangée dédiée aux sorts et enchantements, rangée qu’elle aurait su trouver les yeux fermés. Ce lui fut bien utile, car à part les minces rayons de lumière argentée de la lune qui éclairaient la bibliothèque, il n’y avait aucunes autres sources de lumière.

La femme trouva vite le bouquin qu’elle cherchait : Arts et manières d’envoûter les vivants. Sa couverture de cuir avait toujours suscité de l’admiration chez l’Abraxan. Elle était si belle et si agréable au touché. Elle choisit un canapé confortable, ralluma sa baguette et commença à lire. Les pages étaient neuves, le livre avait sûrement dû être changé pendant les vacances. Son père partit vite de ses pensées, il en fut même temporairement détruit, et tout son cerveau fut monopolisé par les différents charmes passionnants et puissants qu’offrait ce béni manuscrit. Et puis, un léger bruissement tira Emeraude de ses pensées et de sa lecture. Une feuille. Elle n’était pas là il y deux minutes, si ? La femme s’en approcha et la retourna, pour l’analyser. La Manticore. C’était le titre de cette page. Qu’est-ce qu’une feuille qui parlait de créatures fantastiques venaient trainées du côté de la rangée réservé aux sortilèges. Ça n’avait tout bonnement aucuns sens ! La Colombienne se baissa et ramassa la feuille manuscrite. Elle n’allait pas faire le tour des bouquins de cette pièce. Non, elle allait juste la poser sur le bureau du bibliothécaire qui, soit dit en passant, dormait. Comme à peu près toutes les personnes normales de l’académie en somme. Elle commença à faire quelques pas quand un bruissement de parquet retint son attention. Elle se retourna et braqua la lumière magique bleue sur le lieu du bruit. Quand elle vit le corps, puis la tête d’une fille de son âge, elle hurla. Cri provenant d’un mélange de terreur et de surprise.

Ce n’était qu’une Phénix, rien de très grave. Emeraude se baissa quand même, pour reprendre son souffle. « J’imagine que c’est à toi. » lui dit-elle en lui tendant le morceau de papier. Elle s’accouda contre une rangée de bouquins, et regarda la femme de biais. « Qu’est-ce que tu fais ici ? A une telle heure du soir ? » lui demanda l’Abraxan. A vrai dire, on pouvait facilement lui retourner la question, et la femme n’avait pas du tout envie de parler de son cauchemar d’enfance qui l’assaillait depuis plusieurs longues années.

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MessageSujet: Re: Un brin de soupçons - Emeraude & Libre   Un brin de soupçons - Emeraude & Libre EmptyMar 18 Oct 2016 - 23:59

Un cri arrache Nora de son rêve et la ramène brutalement à la réalité. Elle cligne des yeux, s'attendant à recevoir un coup, mais au lieu de cela se retrouve éblouie par la lumière pourtant douce qui émane d'une baguette. Sa main cherche aussitôt la sienne de baguette, qui a roulé dans le creux du fauteuil. Elle sert ses doigts autour de celle-ci, rassurée, et coule un regard méfiant vers la jeune fille qui l'a réveillé. Une Abraxan en première année, dont elle ne connaît pas grand chose. Comme à son habitude, la demoiselle paraît bien sûre d'elle, et se permet même de lui demander la raison de sa présence. Sans laisser sa langue tourner dans sa bouche, Nora réplique : « Je ne savais pas qu'il fallait une raison pour étudier la nuit à la bibliothèque. Pour ton information, elle est ouverte à toute heure. » Bon, d'accord, dormir sur un canapé ne peut pas être considéré comme « étudier » mais Nora espère que la sorcière en face d'elle ne va pas pousser l'impolitesse jusqu'à lui en faire la remarque.

Elle s'étire légèrement en attrapant la feuille que lui tend Émeraude. Oh, elle se souvient de son prénom, tiens. Un charmant prénom pour une jeune fille à la langue bien pendue. D'ailleurs, pour elle aussi la question se pose : que fait-elle à la bibliothèque à cette heure-ci ? Nora étouffe la remarque ironique qui exige de s'échapper de ses lèvres, et change sans vergogne de sujet : « Émeraude, c'est ça ? Je crois qu'on a pas été proprement présentées. Moi c'est Nora, et j'aime bien qu'on ne m'agresse pas alors que je viens juste de me réveiller - surtout avec un cri aigu. »

Waouh, fait une petite voix moqueuse dans sa tête. Tu viens d'aligner plus de vingt mots, serait-ce un pas vers la sociabilité ? Un sourire en coin apparaît sur ses lèvres à cette pensée. Peut-être que la demoiselle à la peau mate lui inspire une certaine bienveillance ; il y a un petit quelque chose chez elle, comme si... comme si elle se retrouvait, plus jeune, dans ce visage fier - dans ce panache dont fait preuve l'Abraxan. Et si elle doit être parfaitement honnête avec elle-même, elle se sent reconnaissante qu’Émeraude l'ait tiré des griffes de son imagination.

En revanche, Nora n'a pas conscience qu'à l'heure actuelle, elle peut difficilement inspirer la confiance, surtout à une jeune élève... Elle tient toujours sa baguette bien qu'elle soit baissée contre sa jambe. Distraitement, elle rassemble les feuillets d'un vieux livre qui parle de créatures dangereuses. Tandis qu'elle se penche, quelques unes des cicatrices qui courent sur son torse se dévoilent ; elle n'y prête plus beaucoup attention à force de se voir dans le miroir, mais quelqu'un qui ne la connaît pas serait sans doute surpris d'aviser ces vieilles estafilades - et les ecchymoses, plus récentes mais tout aussi discrètes, qui parsèment ses phalanges.

La fatigue est lisible sur ses traits ; deux ombres s'étirent sous ses yeux, qu'elle a du mal à garder ouverts. Pas besoin d'être Sherlock pour deviner que la jeune Phénix a du mal à trouver le repos. Mais malgré son intention évidente de retourner se coucher, Nora n'est pas pressée ; non seulement elle sait qu'elle n'échappera pas à la fin de son rêve, mais en plus elle a le pressentiment que son interrogatoire est loin d'être terminé.
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Emeraude A. McRaven
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MessageSujet: Re: Un brin de soupçons - Emeraude & Libre   Un brin de soupçons - Emeraude & Libre EmptyMer 19 Oct 2016 - 16:49

Un brin de soupçons

La fille qui se tenait devant elle était Nora Randall, une Phénix. Une femme à la langue bien pendue, après ce qu’elle avait dit à Emeraude. Sérieusement, on étudiait à deux heures du matin, sur un canapé et les yeux fermés. Il faudrait vraiment qu’elle dise à la Colombienne comment elle fait. Un de ses sourcils bruns se leva, trahissant son hilarité devant ce mensonge. Mais bon, elle avait autre chose à faire que de faire son impolie et de le lui faire remarquer. La bibliothèque était bien le dernier endroit où la McRaven aurait crue croiser une personne, surtout à cette heure avancée de la nuit. Elle n’avait encore croisé aucuns professeurs, mais espérait bien qu’aucune figure d’autorité n’aurait la mauvaise idée de venir chercher un livre. « Émeraude, c'est ça ? Je crois qu'on a pas été proprement présentées. Moi c'est Nora, et j'aime bien qu'on ne m'agresse pas alors que je viens juste de me réveiller - surtout avec un cri aigu. ». A cette remarque, la sorcière eut un petit rire nerveux. La phrase de Nora n’était pas spécialement drôle, mais elle avait besoin d’évacuer tout le stress que lui avait procuré l’apparition soudaine de la Phénix.

Cependant, l’attitude de la femme qui se trouvait devant elle ne mettait pas non plus Emeraude totalement en confiance. Malgré le peu de lumière qui régnait dans la pièce aux livres, la Colombienne avait pu remarquer que Randall tenait toujours sa baguette de ses deux mains, comme prête à attaquer. Elle lâcha enfin son arme pour rassembler sa feuille sur la Manticore ainsi que d’autres feuillets dans le vieux livre qu’elle tenait. Vieux, s’était cas de le dire. On aurait plutôt dit un portfolio qu’un manuscrit. Les yeux chocolat de la femme s’écarquillèrent quand elle vit les nombreuses cicatrices qui ornaient le bas du ventre de Nora. C’était choquant, surtout pour Emeraude qui était si précieuse. Si vous rajoutiez à ça les deux grosses et monstrueuses cernes, éclairées par la lumière bleutée de la baguette de la Colombienne, qui pendaient sous ses yeux, on aurait dit un véritable zombie qui venait de se battre pour de la chair fraîche.

Emeraude s’assit sur le fauteuil juste à côté de celui de la Phénix. « Tu sais que tu peux soigner ça. » dit-elle en pointant de sa baguette de chêne les différentes plaies de Nora. «  Bien entendu, je ne te commande pas, mais ça fait terriblement inesthétique tu comprends ? ». Le physique d’Emeraude, lui, était toujours parfaitement entretenu. Il fallait dire qu’à la moindre petite plaie ou blessure, elle lançait de suite un Episkey. L’apparence physique était une attitude primordiale. Cela ne voulait pas non plus dire que la femme était une grosse superficielle. Elle aimait juste prendre soin d’elle. La Colombienne espérait juste que sa remarque n’avait pas blessé Nora. Cependant, elle ne semblait pas avoir besoin d’aide. « Et donc, très chère Nora. Sans vouloir être indiscrètes, pourquoi es-tu là ? ». Elle n’avait pas répondu la première, mais elle espérait bien que la deuxième fois soit la bonne. Et puis, elles avaient toute la nuit devant elles, non…

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MessageSujet: Re: Un brin de soupçons - Emeraude & Libre   Un brin de soupçons - Emeraude & Libre EmptyMar 25 Oct 2016 - 11:52

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Les mystères de Haveirson – Saison 2

Et, soudain, ce fut le noir. Le peu de lumière qui éclairait l’endroit se volatilisa. Chuta, littéralement, dans les ombres.

Plus une lueur ne perçait ce marasme de ténèbres.
Plus un bruit.
Juste le silence déroutant de la nuit.
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Nora Randall
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MessageSujet: Re: Un brin de soupçons - Emeraude & Libre   Un brin de soupçons - Emeraude & Libre EmptyLun 7 Nov 2016 - 13:04

Nora hausse un sourcil perplexe en voyant Émeraude rire de sa réponse. Elle ne voit absolument pas ce qu'il y a d'amusant - surtout vu le sous-entendu qu'elle a glissé dans ses paroles. Un reproche peut donc être pris comme une blague ? Nora avise la posture tendue de la Phénix et comprend soudain mieux ; la demoiselle n'est guère rassurée, pour une raison qui lui échappe quelque peu. Aurait-elle peur du noir ? C'est une drôle d'idée de se balader la nuit dans le domaine si c'est le cas...

La né-moldue relève le nez, le livre serré contre elle, en entendant ces mots : « Tu sais que tu peux soigner ça. » Elle baisse le regard sur ce que désigne la baguette de sa comparse et se fige, ne sachant trop comment réagir à cette remarque. Elle pourrait en effet faire disparaître certaines de ces marques - mais ce serait de la triche. « Bien entendu, je ne te commande pas, mais ça fait terriblement inesthétique tu comprends ? » Un sourire amusé étire les lèvres de Nora. Inesthétique ? C'est probablement le tout dernier de ses soucis que ce que l'on pourrait penser de son physique. Elle tourne un visage presque attendri vers la jeune femme et retient le rire moqueur qui lui vient, se contentant de répliquer : « La plupart sont d'origine magique, ce serait complexe de m'en débarrasser. Et même si je pouvais, je le ferais sûrement pas. Figures-toi que c'est plutôt dissuasif. » Certes, c'est une excuse bidon, mais il faut bien qu'elle lui serve quelque chose... « Et donc, très chère Nora. Sans vouloir être indiscrète, pourquoi es-tu là ? » Voilà qu'elle remet le couvert. Les manières raffinées sont-elles censées y changer quelque chose ? N'a-t-elle pas compris la première fois ? Nora soupire et épuise ces dernières miettes de patience : « Sûrement pour la même raison que toi, non ? Dans une bibliothèque, que font les gens ? Ils lisent. » Pour appuyer ses propos, elle lève Créatures dangereuses et comment les apprivoiser en haussant les sourcils. « Bien sûr, il est un peu tard pour ce genre d'activité, mais il est écrit sur le panneau d'affichage que... »

Nora se fige en voyant la lumière qui émanait de la baguette d’Émeraude disparaître. Il fait soudain aussi noir que dans un four et elle s'empresse de sortir de sa main libre un couteau de sa poche, la méfiance s'emparant d'elle. « Qu'est-ce que tu fiches ? » lance-t-elle d'une voix accusatrice. « Lumos maxima ! » Rien. Pourtant, elle sent bien la magie vibrer dans sa baguette, mais aucune lumière n'en émane - comme si celle-ci était aussitôt aspirée par une obscurité plus forte que tout. « C'est quoi ce bordel ? » grogne-t-elle.
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MessageSujet: Re: Un brin de soupçons - Emeraude & Libre   Un brin de soupçons - Emeraude & Libre EmptyLun 7 Nov 2016 - 20:47

Un brin de soupçons

Emeraude était assise, les jambes croisées, sur un grand fauteuil de velours rouge à détailler Nora des pieds à la tête, comme s’il elle lui devait des explications de suite. « Sûrement pour la même raison que toi, non ? Dans une bibliothèque, que font les gens ? Ils lisent. » lui balança-t-elle. Ce n’était pas une réponse, ça. Ce que la McRaven avait voulu dire était : Pourquoi était-elle là ? Cela l’étonnerait qu’elle avait juste eu une envie soudaine, à deux heures du matin, de venir lire son ouvrage sur les créatures fantastiques. Non, c’était tout simplement improbable. « Si je puis me permettre, l’envie de lire un livre à deux heures est une excuse…impossible. ». Cela était dit sur un ton plutôt doux et compréhensif, ce qui intrigua l’Abraxan. Pouvait-elle être aussi gentille que ça ? Ah croire que oui. Alors que la Phénix commençait une thèse sur les heures du panneau d’affichage, tout s’éteint. Comme ça, sans crier garde. Même la baguette d’Emeraude se tut, comme si sa magie avait été absorbée. C’était fascinant, pour la simple raison que ce phénomène émerveillait la femme autant qu’il lui glaçait le sang. La bibliothèque était plongée dans des ténèbres incroyablement menaçant. La lune avait…disparu.

Non, ce n’était pas croyable. Un astre aussi primordial et gros que la lune ne pouvait disparaître. Que se passe-t-il ? La Colombienne avait entendu des rumeurs sur les étranges actes qui s’étaient passés ici l’année passée. Des histoires contées par les deuxièmes, que l’Abraxan avait d’abord pris pour des simples contines d’horreur destinées aux enfants turbulents, histoire de les calmer avant de dormir. Tous parlaient d’un certain Comte, un personnage des plus mystérieux qui avait fasciné tout de suite la femme, qui raffolait des énigmes. Le noir était passé d’incroyable à terrible. Le filtre qui semblait transformer cet évènement en merveilles était parti, révélant la vraie nature des ombres : une menace imminente et surtout, dangereuse. Le cœur d’Emeraude commençait à s’affoler, redoutant le pire. Il fallait se calmer. Les deux femmes allaient garder leur sang-froid, et tout se déroulerait bien. La voie de Nora la tira de ses sombres et ténébreuses pensées : « Qu'est-ce que tu fiches ? ». A ce moment-là, la tête de l’Abraxan se retourna, piquée au vif. Son regard se braqua sur ce qu’elle espérait être la source de la voie. « Tu penses vraiment que je suis capable de faire ça ! ». lui lança-t-elle. Ensuite, la Phénix tenta un Lumos Maxima. Il rata, bien entendu, prouvant au passage l’innocence de la Bogotanaise.

La femme se leva de son fauteuil de velours prudemment et tata l’espace aux alentours. Ses mains fendirent d’abord l’air, avant de toucher ce qu’elle pensait être de la peau humaine. Un sentiment de soulagent la submergea. C’était indescriptible tellement cela lui procura une sensation énorme. Celle d’avoir trouvé refuge après plusieurs mois de lutte. Ça faisait tellement du bien. Tellement de bien qu’elle enlaça avec force Nora, se foutant bien si elle l’empêchait de respirer ou pas. « Je suis tellement contente que tu sois là. » lui souffla-t-elle, elle qui n’était pas très expressive à la base. Ce qui était encore plus surprenant. Son cœur tambourinait si fort que l’Abraxan se surprit à se demander comment elle faisait pour ne pas mourir de suite de peur. Heureusement que la Randall était là. Elle s’imagina elle, seule, perdue dans les ténèbres terrifiantes et incroyablement glauques. Elle frissonna. Qu’elle était stupide de s’effrayer toute seule. Et puis, comme sa peur n’avait décidément pas envie de la laisser à son insouciance protectrice, une pensée vint abattre la certitude de sécurité qui s’était doucement installée dans son esprit. Elle avait l’impression qu’elle regardait un film d’horreur terrifiant, dont elle ne pouvait détourner les regards, et qu’Emeraude découvrait avec terreur qu’elle n’était qu’à la 20ème minute du feuilleton, et que les deux héroïnes principales avaient encore bien des péripéties et des horreurs à affronter avant d’être enfin libérées… A partir de ce moment-là, le corps mat de la femme se transforma en véritable feuille morte, tremblante. Heureusement pour elle qu’elle était au moins attachée à Nora…

ft. Nora Randall et Vous ?
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MessageSujet: Re: Un brin de soupçons - Emeraude & Libre   Un brin de soupçons - Emeraude & Libre EmptyMer 9 Nov 2016 - 0:49

Quand Emeraude vient enlacer Nora, celle-ci doit faire preuve d'agilité pour ne pas la blesser avec son couteau, ne s'attendant pas vraiment à ce geste. Elle s'efforce de se détendre dans cette curieuse étreinte, peu habituée à ce type de démonstration. « Désolée, j'aurais pas dû dire ça. Je sais que c'est pas toi. Emeraude... tout va bien, je suis sûre que ce n'est rien. Sans doute la farce d'un élève de seconde année pour inquiéter les nouveaux. » Elle accompagne ces mots d'un rire faussement enjoué pour essayer de la rassurer - et de se rassurer, par la même occasion. « Lumos Maxima ! » essaie-t-elle à nouveau en tenant sa baguette loin de l'autre Phénix, sans pour autant la lâcher. Toujours la même sensation... sa foutue baguette fait-elle des siennes, ou est-ce bel et bien un maléfice qui s'est abattu sur la pièce ? Une pâle lumière traversait-elle les fenêtres à peine quelques minutes auparavant, ou est-ce son imagination qui lui joue des tours ?

Elle sent la jeune sorcière trembler contre elle et prend soudain conscience que celle-ci est presque prostrée, visiblement très angoissée par la situation. Bien sûr, Nora mentirait en affirmant ne pas être inquiète - mais l'obscurité ne lui a jamais causé de véritables terreurs. Par réflexe, elle sert un bras autour d'Emeraude pour lui faire comprendre qu'elle ne va pas la laisser seule. « Respires, s'il te plaît... écoutes moi, respires profondément. Concentres toi sur moi. » Si tu paniques, nous serons encore plus en danger, manque-t-elle d'ajouter avant de se retenir ; ce genre de remarque ne risque pas d'aider qui que ce soit.

« Bon. Ne bouges pas, je vais essayer quelque chose. Si ça ne marche pas et que nous sommes attaqués, fuis : ne réfléchis pas, ne te bat pas, fuis simplement. Et ne cherches pas à ce qu'on reste ensemble, d'accord ? » Sa voix laisse entendre qu'elle ne lui donne pas vraiment le choix... d'ailleurs, elle n'attend pas de réponse et commence à dessiner dans l'air du bout de sa baguette. « Salveo Maleficia ! » Elle a la sensation que le sortilège fonctionne, bien que rien de visuel ne le lui indique : le léger fourmillement sous ses doigts la conforte. « Aides moi si tu peux. Salveo Maleficia... Salveo Maleficia... » Elle continue d'incanter, les mots protecteurs s'échappant de ses lèvres comme un mantra tandis qu'elle tourne doucement sur elle-même pour ériger une bannière contre ce qui les attend peut-être dans l'obscurité.
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