[fic] Les vacances à l'eau

-1-

Cette année, les vacances de Pâques arrivaient tard. Et ce soir de début mai, Sandrine et William Reverdy se trouvaient dans leur voiture.
William rompit soudain le silence en tonnant:
- Ce film était vraiment nul ! La prochaine fois, je le choisirai !
Sandrine éclata en sanglots.
- Je suis désolée...Je croyais que ça allait te faire plaisir!...Si tu veux, demain, on y retourne et tu choisiras le film.
- Non, de toute façon, je ne retournerai plus jamais au cinéma avec toi !
Jusqu'à leur maison, Sandrine, superbe blonde à la silhouette svelte, pleura en silence et ne dit plus rien, de peur d'énerver à nouveau William.
Arrivés dans leur grand parc, qui faisait le tour de la maison, embelli par une petite fontaine, des arbres et quelques plantes à fleurs, Sandrine descendit de la voiture, mais coinça sa minijupe noire dans la portière.
- Aide-moi, William, s'il te plaît ! Je suis coincée.
- Débrouille-toi toute seule, jai trop faim, dit-il d'un ton râleur.
Je vais dîner.
Quelques minutes après que William fut parti, elle réussit finalement à se sortir de la voiture et rejoignit son jeune mari dans leur maison. Dès qu'elle fut entrée, une femme rondelette, les cheveux courts et gris, l'air jovial et portant un tablier, s'approcha d'elle.
- Alors, c'était bien ce film? demanda-t-elle en s'essuyant les mains dans un torchon à carreaux. William n'a rien voulu me dire.
- Il n'a pas aimé, répondit Sandrine d'un air las.
- Le repas est prêt. Je vous l'apporte dans quelques minutes. William s'est déjà installé à table.
- Merci, Marie-Thérèse.
La femme retourna dans la vaste cuisine.
Sandrine déposa sa veste en cuir sur le porte-manteau de l'entrée.
Elle alla dans la salle à manger, s'assit en face de William et ses yeux bleus fixèrent ceux de son époux. Ils restèrent ainsi dans un silence pesant, lorsque Marie-Thérèse arriva, brisant cette atmosphère sinistre, un plat à la main et un large sourire sur le visage.
- Du foie gras comme vous l'aimez...Et je vous ai préparé un tiramisu pour le dessert ! Maintenant, régalez-vous bien!
- Merci, Marie-Thérèse, marmonna William.
Ils savourèrent le dîner. A la fin du délicieux tiramisu, Sandrine déclara:
- Nous avons besoin de parler un peu, je pense.
- Oui...Je suis désolé de m'être fâché aussi vite, tout à l'heure. Je suis un peu nerveux en ce moment, je ne sais pas pourquoi.
- Le travail...dit Sandrine en esquissant un sourire fatigué.
William se ravisa:
- Tu es sûre de vouloir parler aujourd'hui? grogna-t-il. Ca ne peut pas attendre demain? Je suis vraiment épuisé...
- Bon, très bien...Comme tu veux...Je vais me coucher moi aussi.
Le jeune homme, grand et brun, aux larges épaules et aux jambes musclées, monta dans leur chambre. Celle-ci était vaste, et elle était meublée par un grand lit à deux places, recouvert d'épaisses et moelleuses couvertures en soie bleu turquoise, un large sofa où étaient disposés des coussins en satin, une commode en bois massif verni, dans un coin, un grand bureau bien ordonné à première vue, et au sol, un épais tapis de laine où se chevauchaient tous les tons du bleu, du bleu pâle au bleu marine, en passant par le bleu mer, azur et ciel.
William se déshabilla et se coucha. Pendant ce temps, au rez-de-chaussée, Sandrine dit à Marie-Thérèse:
- Tu n'oublieras pas la lessive avant d'aller dormir.
- Bien sûr.
- Très bien. Bonne nuit !
- Dormez bien!
Quand Sandrine monta à son tour dans la chambre à coucher, William, exténué, était déjà dans les bras de Morphée. Sandrine alla dans la petite salle de bains, adjacente à la chambre.
Elle y prit une douche rapide, où elle put laver ses longs cheveux blond vénitien et débarbouiller son beau visage, au nez fin, aux lèvres couleur braise, au front parfait, et aux magnifiques yeux d'un bleu translucide.
Elle rejoignit William dans leur lit, se lova tendrement contre lui et lui fit quelques doux baisers dans le cou en murmurant:
- Tu es encore plus beau, quand tu dors, mon chou...avant de s'endormir, elle aussi.
Marie-Thérèse, après avoir achevé ses tâches, gagna sa chambre, sous les toits. Elle s'assit sur son lit, qui grinça un peu sous son poids, et prit un cadre sur sa table de chevet. Sur la photo figurait un petit garçon aux cheveux châtains et courts, qui souriait gaiement sur une bicyclette verte toute neuve. Etrangement, il ressemblait un peu à William...Marie-Thérèse reposa le cadre en souriant. Puis elle se déshabilla et enfila un pyjama blanc, rayé de gris, un peu serré pour elle. Enfin, elle se glissa dans son petit lit, après s'être brossé les dents.

[à suivre]

J'adore ! A quand la suite ?

Trop bien ! J'adOooOre ! Poste nous la suite [fic] Les vacances à l'eau 3906497052

[ T'as déja des amirateurs ]

Non mais c'est génial ta FanFic !

Merci les filles :oops:

-2-

Un jeune garçon d'une douzaine d'années pédalait dans la brume du petit matin vers la maison de William et Sandrine Reverdy. Il pédalait avec force sur un vélo vert.
Il pénétra dans le parc des Reverdy par-derrière, comme il avait l'habitude de le faire. Une fois son vélo camouflé derrière un hortensia, il rejoignit Marie-Thérèse dans la cuisine. Elle avait préparé pour lui un bon petit-déjeuner: sur la table, il y avait un croissant, un chocolat chaud et un petit paquet ficelé qui contenait trois ou quatre friandises alléchantes. Le garçon vit tout cela, puis il sauta dans les bras de la bonne. Elle lui fit quelques bisous dans sa chevelure brune et lui dit:
- Ca va mon petit Jonathan? En forme, aujourd'hui?
- Oui, ça va! J'ai eu un 17 en maths!
- Oh! C'est très bien, tu as fait beaucoup de progrès. Regarde: pour toi, j'ai acheté quelques bonbons chez le boulanger.
- Merci beaucoup, Marie-Thérèse!
Il but à grandes gorgées son chocolat. Mmm! Ca lui réchauffait le ventre! Il entama son croissant au beurre, mais Marie-Thérèse et lui entendirent quelques pas et des bruits de voix.
- Voilà Sandrine et William qui viennent manger! Vite! Prends le reste et file!
- Je peux venir demain?
- Oui, mais viens plus tôt. Allez, file!
Il fourra sa moitié de croissant dans le sac avec les bonbons puis repartit en se pressant. Marie-Thérèse lui fit un gros baiser avant qu'il n'enfourche son vélo. Il refit le même chemin en sens inverse. Il s'arrêta un instant, loin de la maison, devant un grand immeuble, afin de finir son croissant, maintenant froid, et déguster quelques-unes des friandises. Puis il reprit sa route jusqu'à chez lui.
La journée avait filé. William était allé à l'usine familiale, y avait tenu des réunions, traité des dossiers importants, réglé des problèmes, et était rentré de mauvaise humeur. Sandrine s'était dit que c'était ce soir où jamais. La dispute avait repris dans le salon.
- William, dit Sandrine d'un ton doux, c'est ridicule de nous disputer, tu ne veux pas en parler?
- Tais-toi ! Je n'ai pas besoin d'en parler.
- Mais c'est ridicule! Pourquoi ne veux-tu pas qu'on en parle?
- Je ne veux pas, c'est tout ! Et puis de toute façon, ça ne changera rien.
- Mais non, au contraire, réfléchis! il faut arrêter de nous disputer.
- Tu dis ça à chaque fois...
- Mais...
- Et on recommence tout le temps. Ca ne sert plus à rien de discuter.
- Je t'en prie!
- Arrête!
Sandrine éclata en sanglots et monta dans sa chambre, tandis que William poussait un soupir, pensant qu'il y était peut-être allé un peu fort. Il monta voir Sandrine et lui dit:
- Bon...je suis d'accord pour en discuter.
- Allons près de la piscine, je vais nous servir un petit apéro. Vas-y, je te rejoindrai...William...merci.
Il partit se mettre en maillot puis descendit au bord de la piscine.
Après avoir préparé l'apéritif, Sandrine monta à son tour se changer, elle descendit vêtue de son peignoir violet, se dirigea vers la cuisine pour prendre le plateau, puis rejoignit William qui l'attendait avec impatience.
- Ah, te voilà enfin!
Sandrine prit deux chaises et les installa. Elle posa son peignoir sur l'une d'elles pendant que William se servait un premier verre de whisky. Puis il plongea dans la piscine pour faire quelques longueurs.
Il ressortit détendu mais fatigué et s'accorda un autre verre de whisky, puis un troisième...
Tout à coup, il tomba en arrière dans la piscine, et Sandrine plongea...

[encore à suivre ]

-3-

Jonathan arriva à dix heures du matin sur son vélo vert. Il s'engagea dans l'allée de graviers, cacha son vélo derrière un buisson.
Son visage exprimait la joie de revoir sa chère Marie-Thérèse.
Le passage qu'il empruntait d'habitude était bloqué par un tas de branches. Il fit donc le tour de la maison à découvert et pressa le pas.
Parvenu à la hauteur de l'ancienne serre, prolongeant le salon et abritant la piscine couverte, il s'arrêta net. A travers la baie vitrée, il apercevait un corps. Oui, c'était bien un corps à la surface de l'eau!
Pris de panique, il courut avertir Marie-Thérèse. Tremblant, le teint livide, il s'écria:
- Il y a un corps qui flotte dans la piscine! J'ai vu un corps!
Elle se baissa et lui prit les mains.
- Tu es sûr?
- J'ai vu un noyé, articula Jonathan dont les yeux s'embuaient.
- Du calme, mon petit, du calme. Reste tranquille, ne bouge pas je vais voir. Surtout, ne bouge pas, je reviens...
Marie-Thérèse se dirigea vers la piscine et découvrit William; il était bel et bien mort.
Elle revint à la cuisine et dit à Jonathan:
- Tu n'as rien vu, rentre chez toi ! Je m'occupe de tout.
- Mais...Mais...
- Calme-toi, mon petit...
Elle l'embrassa et reprit:
- Prends ton vélo et file, ne t'inquiète pas.
Jonathan s'apprêtait à partir quand Marie-Thérèse le rattrapa:
- Surtout ne dis rien à personne. Tu n'as rien vu, je te le répète, Jonathan, tu n'as rien vu...
Il s'en alla.
Ayant trop de souffrances sur le coeur, elle éclata en sanglots.
Pendant ce temps-là, la mère de Jonathan, Stéphanie Leblanc, jeune et jolie femme de vingt-neuf ans, aux longs cheveux noirs et aux jolis yeux noisette, relisait pour la millième fois la lettre des Impôts: on lui réclamait 750 euros. Elle habitait avec son fils dans un petit appartement. Elle venait de boire sa quatrième bière quand Jonathan entra. Stéphanie lui demanda:
- Où étais-tu? hein? Où étais-tu?
Elle avait ce regard lointain des jours où elle buvait beaucoup.
Jonathan tenta de résister, mais il se mit à pleurer en silence avant de réussir à dire:
- J'étais dans la maison là-bas, chez les Reverdy. Avec Marie-Thérèse. Et j'ai vu un mort dans la piscine.
Et il fondit en larmes.
- Qu'est-ce que tu fichais là-bas?
- Je suis allé voir Marie-Thérèse, mon ancienne nounou qui travaille chez les Reverdy !
Et sa mère s'écria:
- Chez les Reverdy ! Mais c'est la maison de ton père! Ton imbécile de père!
Jonathan pleura de plus belle et courut se réfugier dans sa chambre.
Tout d'un coup, il pensa:
William...mon père...Maman a peut-être raison...Ou alors elle ment, comme toujours!
Désormais, tout était flou dans sa tête. Il avait sans doute à peine retrouvé son père avant même de l'avoir connu! Mais sa mère avait beaucoup bu, et quand elle était comme ça, elle était capable de mentir ou d'inventer des histoires à n'en plus finir. Il fallait qu'il sache!...

[à suivre]

Sujet: Re: [fic] Les vacances à l'eau Lun 18 Sep 2006 - 3:57

Toujours aussi bon ! J'ai hâte à la suite !

Sujet: Re: [fic] Les vacances à l'eau Lun 18 Sep 2006 - 17:15

Superbe ! Franchement Malva ... J'adOOre !

Sujet: Re: [fic] Les vacances à l'eau Mer 20 Sep 2006 - 14:15

c'est vraiment super! j'ai hâte de voir la suite aussi!

Sujet: Re: [fic] Les vacances à l'eau Mer 20 Sep 2006 - 15:29

Prafaitement , de mon avis =D [ ZadoOore le flOOoode ]

Sujet: Re: [fic] Les vacances à l'eau Sam 7 Oct 2006 - 1:19

-4-

Les policiers étaient arrivés depuis une demi-heure et avaient eu le temps d'interroger Marie-Thérèse. C'était elle qui les avait prévenus. Après les premières constatations autour de la piscine, le lieutenant Signorini avait demandé à Marie-Thérèse et Sandrine de le suivre dans le salon. L'officier de police se tourna vers Sandrine:
- Madame, expliquez-nous en détail, s'il vous plaît, ce qui s'est passé hier soir.
- Eh bien, ces temps-ci, mon mari et moi, nous nous disputions souvent. William voulait divorcer. J'aimais beaucoup mon mari et cette idée me déplaisait énormément. J'ai donc proposé à William une soirée de réconciliation au bord de la piscine. C'était hier soir...
- Que s'est-il passé pendant cette soirée ?
- William, qui avait déjà bu plusieurs verres, s'était levé pour aller chercher une autre bouteille de whisky, il a soudain trébuché et il est tombé dans la piscine. J'ai alors enlevé mon peignoir et j'ai plongé pour le sauver. J'ai réussi à le sortir de l'eau. William a voulu prendre un dernier verre et comme j'étais très fatiguée, je suis montée me coucher et j'ai pris des somnifères...
- Bien...
Â ce moment-là, la porte s'ouvrit et un policier entra, accompagné de Jonathan.
- Que fait ce gosse ici ? s'étouffa le lieutenant Signorini. Vous l'avez laissé entrer ?
- Oui, car il m'a dit que la victime était son père.
Sandrine se mit à rire faussement.
- Impossible ! Ce gamin ment ! Je n'ai jamais eu d'enfant avec William ! Ni avec personne, puisque de toute façon je ne peux pas en avoir !
- C'est ta mère ? demanda le lieutenant Signorini à Jonathan.
- Non. Ce n'est pas ma mère. Mais je suis le fils de William et de son ex-petite amie, Stéphanie Leblanc.
- Quoi ? C'est impossible ! Non ! Il ment ! Il ment ! s'étrangla Sandrine. Non, non, c'est faux ! Non !
Marie-Thérèse intervint :
- Jonathan est bien le fils de William. Il vient régulièrement me voir car je suis son ancienne nounou, après avoir été celle de William. Son père prenait souvent de ses nouvelles.
Marie-Thérèse avait les larmes aux yeux.
- Je ne le savais pas ! s'asphyxia Sandrine. William ne m'avait rien dit. J'étais sa femme, je suis sa femme !
Elle fondit en larmes et reprit en hoquetant :
- Ca fiche tout à l'eau ! Tout ! Tout est à l'eau !... J'ai fait tout ça pour rien ?
Tous ceux qui étaient présents dans le salon la fixaient avec un air ahuri.

-Epilogue-

Le moment de stupeur passé, Sandrine avait tout avoué.
Elle s'était accusée du meurtre de William. Le lieutenant Signorini n'avait pas eu à l'interroger. Elle avait expliqué que si William n'avait pas glissé elle aurait peut-être hésité. Mais une fois William dans la piscine, cela avait été facile : il avait bu.
Elle avait plongé et l'avait étranglé, comme le confirmerait l'autopsie. Puis elle était remontée tranquillement se coucher.
William et Stéphanie s'étaient connus alors qu'ils avaient dix-huit ans. Et Jonathan était né. Marie-Thérèse s'en était occupé les tout premiers mois. Puis les parents de William avaient refusé que celui-ci se marie avec Stéphanie. William avait dû choisir entre l'entreprise familiale et une jeune fille pauvre. Il avait sagement écouté ses parents. Et c'était Stéphanie qui s'était débrouillée seule avec Jonathan. William s'était contenté de prendre des nouvelles de son fils auprès de Marie-Thérèse.
William avait rencontré Sandrine et en était tombé amoureux. Elle avait réussi à séduire les parents Reverdy, après avoir séduit le fils : William et Sandrine avaient pu se marier.
Leurs sentiments étaient bien différents : William voulait le bonheur de Sandrine ; elle voulait capter la fortune familiale.
William voulait un enfant, mais Sandrine lui répétait qu'elle ne pouvait pas en avoir. Et toutes ces années, elle avait pris discrètement une pilule contraceptive tout en mûrissant son plan.
Elle n'avait pas prévu l'existence de Jonathan, dont William ne lui avait jamais parlé...
Jonathan hérita de son père l'entreprise et la fortune. Un tuteur fut nommé jusqu'à sa majorité. Il retrouva Marie-Thérèse dans sa cuisine tous les jours ; c'était dans la grande maison qu'il vivait désormais. Stéphanie écouta son fils et alla suivre une cure de désintoxication où elle tenta d'oublier aussi que William l'avait abandonnée, des années plus tôt, elle, la femme qu'il aimait et qui l'aimait, et ce fils qu'il avait eu avec elle...

-FIN-

Sujet: Re: [fic] Les vacances à l'eau Sam 7 Oct 2006 - 14:53

C'esr génial Malvounette !!!

Sujet: Re: [fic] Les vacances à l'eau Sam 7 Oct 2006 - 16:06

c'est magnifique! tu dois avoir de l'imagination!...

Sujet: Re: [fic] Les vacances à l'eau Sam 7 Oct 2006 - 22:33

Merci les filles !

Sujet: Re: [fic] Les vacances à l'eau Mer 11 Oct 2006 - 21:16

J'adore Malva!

C'est vraiment super! Bravo!

Sujet: Re: [fic] Les vacances à l'eau Mer 11 Oct 2006 - 22:01

Mici Davidounet !