Vision déchirante du passé (PV)

La neige du parc de Poudlard fondait peu à peu, le terrain était boueux, et peu d'élèves avaient envie de sortir dehors par cette matinée pluvieuse. Il ventait très fort, et les arbres étaient secoués, tandis que leurs branches bougeaient et fouettaient l'air sous les rafales. La grande salle résonnait bruyamment de paroles en tout genres, qu'échangeaient des amis au cour de leur discutions.

Tu ne veux plus de ton croissant, Stark?
La voix enfantine tira une jeune femme de ses pensées. Celle-ci était assise dans un coin isolé de la table des Gryffondors et regardait par la vitre le parc, sans vraiment le voir, pendant bien un quart d'heure au moins.
La jeune femme se nommait Malva Stark. Elle leva les yeux vers le gamin, et répondit d'un ton las:
Nan, Tyrell, c'est bon tu peux le prendre si ça te chante.
Le petit première année prit le croissant, et disparut des pensées de Malva aussi vite qu'il était survenu. Après un dernier regard vers le parc, elle se leva, enjamba le banc sur lequel elle était assise, et se dirigea d'un pas rapide vers la sortie. Elle monta les escaliers quatre à quatre, et arrivée devant le tableau de la Grosse Dame, prononça distincteemnt:
Valar morghulis!
Elle n'avait aucune idée de ce que cela signifiait, mais bon, c'était le mot de passe, encore une des inventions totalement stupides de la Grosse Dame!
Valar daheris! Valar morghulis, c'était hier!
Oh, mais vous croyez franchement que j'ai que ça à foutre! Laissez-moi passer, vous savez très bien que je suis Gryffondor!
Cette dernière consentit enfin à la laisser passer, et la jeune femme entra dans la salle commune. Celle-ci était pleine de personnes qui riaient bruyamment à des blagues. Malva se fraya un chemin dans la foule d'élèves, et monta à son dortoir. Là-bas, elle prit sa cape, et la passa autour de ses épaules. Puis elle sortit de la salle commune, et alla dans le parc. Elle savait parfaitement où elle voulait aller. Il fallait qu'elle retrouve Brandon, pour vérifier qu'il allait bien. Elle avança pas après pas, précautionneusement dans le parc, car la boue glissait, et elle n'avait pas envie de tomber! Heureusement, elle avait mis de vieilles chaussures, car elles étaient pleines de boue! Elle entra dans la forêt. On avait beau être dans la matinée, il faisait toujours aussi sombre, ici ! Elle sortit sa baguette de la poche de sa cape, et d'un geste sec, un fin rayon de lumière en sortit. Elle commença à avancer, en faisant le moins de bruit possible. Elle quitta bientôt le sentier, pour s'enfoncer dans un endroit chargé d'orties et de ronces. Parfois, elle s'accrochait dessus, mais elle finissait toujours pas se sortir de là. Soudain, elle arriva devant un arbre immense et imposant. Quelque chose était accroché à l'une de ses branches. Elle fronça les sourcils, et pointa sa baguette vers cette "chose". C'était un corps en décomposition. Cela puait la chair et le sang séché, et ça avait des vêtements en lanbeaux. Les corbeaux lui avaient déja mangé les yeux, les joues et les lèvres. C'était horrible, et ça exhalait une puanteur infecte. Mais plus encore, un noeud était serré autour de sa gorge en lambeaux. Un pendu. Malva sentit sa gorge se serrer, et son visage devint livide. Faiblement, la seule chose qu'elle parvint à dire fut:
Non...
Elle se rappela sa cousine, qui avait été retrouvée pendue ici, en deuxième année. Elle, elle n'avait jamais vu le corps, mais pendant très longtemps, ses nuits avaient étées hantées par le corps d'une jeune fille pendue en décomposition, à peu près comme cela. Secouée de spasmes violents de la tête aux pieds, elle tomba à quatre pattes par terre, dans le sol boueux. Mais elle s'en fichait. Elle tremblait, elle avait le regard hagard.
Non...non...répéta-t-elle avec obstination.

Elle enfonçait ses doigts dans la terre, ses ongles labouraient le sol et devenaient noirs à cause de la saleté. Pourquoi? Ca ne pouvait pas être Minéa, Minéa avait toujours été joyeuse et souriante, elle ne puait pas ainsi, elle n'était pas aussi maigre, elle n'était pas aussi petite! Non, non, ça ne pouvait pas être elle! Minéa était beaucoup trop jolie pour être...pour être comme ça! Non, elle refusait de l'admettre! Minéa n'avait pas la peau si blanche et le sang si rouge! Minéa avait les joues roses, pas des morceaux de chaire sanguinolente! Minéa avait une dentition d'un blanc éclatant, pas des dents jaunies et à moitié pourries! Elle frappait violemment le sol, comme si il y était pour quelque chose.
Non...NON !!!
Elle sentit une main réconfortante se poser sur son dos, et une voix douce. Elle n'eut pas besoin de se retourner pour savoir qu'Eva était avec elle. Elle l'écouta parer, et se releva doucement. Elle baissa la tête et regarda le sol. Elle ne pouvait pas regarder le cadavre, ça ne pouvait pas être Mimi...ça ne pouvait pas...
Non, Eva, non...je ne peux pas faire ça...Je ne peux pas l'abandonner à ses maudits corbeaux, elle ne méritais pas ça! Elle a besoin de moi...il faut que je l'enterre, que je la protège, que je lui dise...que je lui dise que tout va bien, que je la réconforte...oui, il faut que je lui dise...
Elle passa sa main sous ses yeux rougis pour enlever les larmes.
Elle...elle a besoin de moi, tu comprends?...que je lui dise...il faut que je lui dise...
Elle était prise d'une sorte de folie, mais bien que terrifiée et détruite, elle s'approcha du cadavre. Minéa méritait une mort plus digne que ça...une mort bien plus digne...et plus tard. Un corbeau se posa sur l'épaule en décomposition de sa cousine et commença à manger les lambeaux de chaire qui restaient sur la joue de la pendue.
Bas les pattes sale volatile! VA-T-EN !!! Tu m'as entendue? FICHE LE CAMP !!!
Mais le corbeau ne fit pas attention à elle, et continua à manger ce qui restait de la joue du cadavre. Malva tira sa baguette de sa poche et la pointa sur l'oiseau
Avada Kedavra!
L'oiseau tomba à ses pieds dans un fracas de plumes noires, mort. Elle leva les yeux vers les oiseaux qui volaient autour du cadavre et cria à leur adresse:
Les prochains à s'approcher de ma cousine subiront le même sort !!!!!
Elle regarda l'oiseau mort à ses pieds et serra les dents. Puis elle prit l'oiseau mort dans sa main et le brandit, et dit d'un ton chargé de haine:
Celui qui a tué ma cousine subira le même sort! Je le jure! Je le jure! Minéa, je te vengerai, je te le promets!
Et elle jeta violemment l'oiseau par terre, comme une poupée de chiffons.

Elle se calma, et revint vers Eva. Celle-ci lui demandait où elle voulait l'enterrer. Malva savait, mais ce n'était pas possible

"Je veux l'enterrer sur une colline verte avec un printemps éternel, où le soleil chauffe doucement et où le vent est doux. Je veux l'enterrer sous une multitude de fleurs colorées, avec des arbres qui déploient une ombre fraîche et reposante. Je veux l'enterrer dans un lieu calme et tranquille, où personne ne va, et où il n'y a jamais de guerre."

Elle baissa la tête. Elle savait qu'un tel endroit existait seulement dans les rêves, que ce n'était pas possible qu'un lieu tel existe. Où alors, si il existait, malva voulait y passer le reste de sa vie. Elle regarda autour d'elle, sans vraiment voir les arbres. C'était le matin, et pourtant, dans la forêt on aurait dit qu'il faisait nuit. Elle s'avança droit sur le cadavre, et tira un poignoir de sa ceinture. Ce poignard, elle l'avait toujours sur elle, même si elle n'avait jamais tué personne avec! Mais c'était une héritage de sa famille, et il était extrêmement précieux à ses yeux. Eva allait peut-être croire que Malva allait se suicider, mais Malva se contenta simplement de couper la corde qui attachait le cou de Minéa. Elle en ressentit un grand soulagement. C'était comme si...comme si elle avait enlevé une malédiction de sa cousine, ou quelque chose comme ça. Elle se rendit soudain compte que le cadavre ne sentait plus. Elle fronça les sourcils, étonnée. Puis elle tourna son regard vers Eva.

Tu...c'est toi qui...?

Elle n'avait pas besoin de finir sa phrase. Elle connaissait déjà la réponse. Elle lui fit un maigre sourire de reconnaissance qui signifiait "merci". Puis elle se dirigea vers un arbre à l'écart des autres, fin et petit, dons les feuilles étaient rouges foncées, et l'écorce plus claire que celle des autres arbres.

Je pense que ça devrait faire l'affaire...

Elle revint vers Minéa et s'agenouilla près d'elle. Elle lui dit doucement:

Tu es entièrement pardonnée pour mon Nimbus 2002, je ne t'en veux plus du tout. Tu es pardonnée aussi pour la fois où tu m'avais dit que j'étais égoïste, et il faut dire que tu avais en partie raison.
Je te demande pardon pour la fois où je t'ai giflée, et où je t'ai dit que tu étais maladroite. Je m'excuse pour la fois où je t'ai volé ta photo de Victor Krum.

Ca pouvait paraître stupide tout ce qu'elle lui avait dit, car ce n'était que des petites disputes passagères, mais Malva ne voyait pas ça comme ça! Elle ne pouvait se résoudre à la prendre pour l'enterrer...si jeune...une petite fille! Dire qu'elles n'avaient que trois ans d'écart!

Tu n'as pas vieilli...tu gardes tes douze ans...mais moi je ne garde malheureusement pas mes quinze ans...moi, j'ai vieilli...

Elle posa ses mains sur son cou, et en enleva une fine chaîne en argent que sa cousine lui avait donné.

Je te la remets...toutes les choses ont une fin.

Elle passa la chaîne autour du cou décharné de sa cousine, puis remarqua qu'elle avait le tibia et l'avant-bras cassé
Qui aurait voulu la tuer...elle n'avait jamais rien fait de mal !

Elle baissa la tête

Ca m'est égal...Tout ce que je veux, c'est qu'il souffre, oh oui, qu'il souffre autant qu'il a fait souffrir Minéa...autant qu'il me fait souffrir! Je veux qu'il voie sa mort comme une bénédiction face à ce qu'il subira!

Elle regarda la jeune femme, et prenant la main d'Eva, la serra dans la sienne

Merci Eva...Tu ne peux pas savoir à quel point c'est précieux d'avoir une amie telle que toi...

Malva le pensait vraiment! Pendant sa période de dépression, très peu de personnes avaient étées là pour la soutenir, lui remonter le moral ! Et toutes ces personnes étaient des Serpentards! Et voilà pourquoi alva détestait tant les Gryffondor. Parce qu'ils lui avaient toujours dit que les Serpentards étaient lâches, traîtres et corrompus, alors que c'était totalement faux! Ils jugeaient sans même connaître! Et Malva détestait cela. Parce que pendant la période difficile qu'elle avait traversé, seules Eva, Kassidy, Ely et Léara avaient étées là pour l'aider. Les autres n'en avaient rien eu à faire. Personne. Et elle ne l'oublierait jamais. Elle se dirigea vers l'arbre où elle comptait enterrer Minéa, et fit apparaître une pelle pour creuser. Puis d'un geste sec de baguette, grâce à un sort informulé, elle se mit à creuser toute seule. Elle s'assit par terre, les yeux rivés sur la pelle, sans vraiment la voir. Elle était déboussolée. Elle réfléchissait à sa vengeance. Elle allait retrouver la personne, et lui ferait payer cher...très cher...du mieux qu'elle le pourrait. Et il allait regretter, oh oui...mais il sera trop tard. Car Malva ne pardonnait pas des actes dans ce genre-là. Jamais.

La tombe avait fini de se creuser elle-même. Malva prit le corps de sa cousine dans ses bras, avec une précaution et une délicatesse incroyable pour quelqu'un qui tremblait autant, et le déposa au fond du trou. C'était noir. Beaucoup trop noir. Sa cousine n'avait jamais aimé le noir. Minéa ne méritait pas ça. Mais Malva n'avait pas le choix.

Elle regarda un long instant de sa cousine, ombragé, inerte. Puis elle se détourna, et sortit à nouveau sa baguette de sa poche.
Elle l'agita d'un coup bref, et le trou se reboucha. Puis elle fit disparaître la pelle et rangea sa baguette dans sa poche. Elle ne comprenait pas. Sa cousine avait été pendue, mais la mort classique chez les sorciers, c'était l'Avada Kedavra, c'était pourtant connu !

Et jamais Minéa n'aurait été tuée par un moldu !!!
Elle n'allait pas devenir à nouveau dépressive. Il ne fallait pas. Elle avait promis, et le peu de promesses que Malva faisait, elle les tenait. Elle allait être forte. Elle allait rester libre et indomptable, elle n'obéïrait qu'à elle-même...Comme elle avait juré de le faire.
Elle regarda Eva. Elle avait arrêté de trembler, mais son visage était livide, et des cernes noires soulignaient ses yeux.

Elle savait que la jeune ministre avait elle-aussi vécu des moments difficiles. Malva lui était reconnaissante pour tout ce qu'elle avait fait. Eva avait été parfaite. Pourtant, cela faisait bien longtemps qu'elles ne s'étaient pas vues! A présent, les deux jeunes femmes étaient toutes les deux adultes! Puis Malva se souvint avoir lu dans la Gazette il n'y avait pas très longtemps qu'Eva avait été nommée Ministre de la Régulation des Créatures Magiques! Malva ne savait pas exactement de quoi il s'agissait, mais ce qui était sûr, c'est qu'il s'agissait d'un poste très haut-placé!

Elle se sentit soudain gênée. Peut-être avait-elle manqué de respect à Eva? Peut-être la jeune femme aurait-elle préféré que Malva l'appelle Mme la Ministre, vu son nouveau travail...
Mais visiblement non, car Eva ne semblait pas s'en être choquée! Tant mieux, Malva préfèrait que ce soit comme ça !
Elle prit la parole et lui dit:

Je...ça fait longtemps que je n'ai pas eu de nouvelles de toi...Qu'est-ce que tu deviens?

Malva savait qu'Eva était mangemorte, Eva ne lui avait pas expréssémment dit, mais elle l'avait laissé entendre! Après la destruction de Vous-Savez-Qui pas Harry Potter, la plupart des mangemorts étaient repassés du bon côté. Mais Malva se doutait que ce n'était pas le genre d'Eva! Eva n'était pas une lâche qui abandonnait tout et n'importe quoi ! D'après les rumeurs, certains mangemorts restaient encore. Mais au service de qui ? Malva l'ignorait totalement ! Il semblait qu'apparamment, il y ait deux clans mangemorts...Mais Malva ne savait pas si c'était vrai, et elle se dit que si c'était le cas, c'était stupide qu'ils ne se rallient pas en un seul et même clan!

Elle fronça les sourcils en signe de curiosité en voyant Eva faire apparaître un verre, puis un feu à l'intérieur. Puis la jeune ministre le déposa au fond de la tombe. Malva ne comprenait pas. Le feu allait s'éteindre d'ici peu ! Elle ouvrit la bouche pour lui demander des explications, mais la referma aussitôt. Elle avait entendu parler il y avait longtemps d'un feu magique qui ne s'éteignait que lorsque son créateur mourait...
Elle trouva l'idée d'Eva très astucieuse. Cette dernière s'était souvenue que la cousine de Malva avait peur du noir. La jeune femme lui en fut extrêmement reconnaissante.
Puis le trou se reboucha définitivement, et elles n'eurent seulement devant les yeux qu'un simple carré de terre. Malva resta silencieuse. Elle réfléchissait. Elle ne comprenait pas, toujours pas ce geste. Minéa n'était pas riche, l'assassin ne voulait donc pas son argent...
Eva coupa le silence de sa voix mélodieuse:

*¤Si tu as besoin d'aide je serai là.¤*

Malva la regarda, puis lui dit avec un sourire attristé:
Merci. Tu as été là bien plus de fois que je n'aurais jamais osé l'espérer.
Malva était sincère en disant cela. Aujourd'hui, Eva l'avait beaucoup aidée. Mais Malva n'était pas la seule à avoir besoin d'aide. Son amie aussi devait avoir des problèmes...Car tout le monde en avait. Et Malva voulait vraiment aider l'ancienne Serpentard, comme celle-ci l'avait aidée. Mais elle ne voulait pas non plus la forcer à lui dire ce qui n'allait pas...Peut-être Eva voulait-elle garder cela pour elle seule, et Malva la comprenait parfaitement. Elle aussi, il y avait plein de choses qu'elle n'avait jamais dites à personnes, car elles étaient trop intimes, trop secrètes pour pouvoir être divulgées...
Je veux que tu saches que moi aussi je serai là, quoi qu'il arrive. Je ne t'abandonnerai pas, Eva. Jamais. Je te le jure...

La jeune femme avait dit ça d'un ton très sérieux. Elle n'avait jamais pris une promesse à la légère, et elle n'en faisait que si elle était sûre de pouvoir les tenir. L'ancienne Rouge et Or considérait cela comme le plus grand des déshonneurs de ne pas tenir ses promesses. Eva continua:

*¤Ben je travaille au ministère maintenant !¤*

Elle sourit
Oui, ça je le savais déjà! Toutes mes félicitations !!! Mais ça doit faire quand même pas mal de boulot...

Elle changea subitement d'expression lorsqu'Eva lui demanda "Et toi?"
Malva baissa les yeux. Cela faisait maintenant trois jours que Mr Hanterburry, son ancien patron, l'avait renvoyée. Avant, elle travaillait auprès de lui en tant que sa secrétaire et son assistante personnelle. Mais ce dernier n'avait toujours eu d'yeux que pour Susan Hopkins, sa préférée!
Elle rougit jusqu'aux oreilles et dit d'une voix hésitante:
Je...Je travaillais au ministère...Mais Mr Hanterburry, mon ancien patron, m'a renvoyée...Alors...Ben...Je suis au chômage...
D'instinct, elle porta sa main à la poche de sa cape. Dedans, elle avait encore la lettre lui annonçant son renvoi définitif...