Oui ça avait été une longue journée pour Elizabeth... Longue et morne journée même... Elle était allée en cours... ou du moins son corps était allé en cours, mais son esprit avait préféré à rester battre la campagne... Elle avait encore en tête toutes ces odeurs d'herbes humides, de ce vent froid qui vous pique le nez... les branches qui craquent sous vos pieds...
Pour un peu, elle en serait devenue poète...
* Mais c'est trop fatiguant... Et j'ai pas envie d'écrire... et en plus je me suis faite traiter de 68-ard attardé... Cool mon frère... *
Et puis pourquoi écrire un poème à la nature quand de toute façon selon elle, aucun mot n'était assez beau que pour décrire sa magnificence... Même le mot nature n'avait pas assez de saveur... Et son nez n'était pas assez fin que pour en sentir tout le charme...
* Heureusement qu'aucune vache ne broute dans le parc de l'école, je suis sûre que ça sentirait tout de suite beaucoup moins bon... *
Mais qu'était-ce que l'odeur d'une bouse de vache face à la puanteur d'une ville pourrie par la vermine humaine et les gaz d'échappements ? * ça n'a aucune poésie voilà tout... On dédie rarement un poème à des déjections animales... Et quand on marche dedans, c'est absolument répugnant... *
Oui parce qu'Elizabeth se parlait à elle-même en fait... Il y avait toujours en elle cette sorte d'avocat du diable... A moins que ça ne soit elle qui ne prenne ce rôle, laissant le "bon rôle" à la petite voix de sa conscience...
* Toujours est-il que ce canapé est fort confortable, que ce feu est très agréable et que j'aimerai lire ce poème de Verlaine en paix... *
Ne vous inquiétez pas, elle n'est pas folle...
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