Par une nuit sans lune

Un hululement de chouette se fit entendre dans le silence du Parc. La noirceur était tombé sur Poudlard depuis longtemps déjà. Dehors, par cette nuit sans lune, Eliza marchait à pas lents et furtifs. Sa silhouette sombre était invisible parmi le noir qui enveloppait la nuit. L'air glacé de la nuit traversait même sa veste de laine. Elle se dirigeait vers la Cabane Hurlante...

Elle devait s'en assurer. Être certaine qu'il n'était pas là. Elle courrait un grand risque de se promener dehors la nuit, mais le jeu en valait la chandelle. La jeune fille arriva près de l'arbre, et se glissa sur le tronc, tâtant le sol avec son pied. Un trou béant se fit alors apercevoir. Sachant où il menait, elle s'accroupit et descendit pas à pas dans ce gouffre sombre. Elle avait peur, très peur.

Après de longues minutes de marche dans ce couloir souterrain, elle atteingnit la célèbre cabane. Réputée pour être hantée, ce lieu n'était pas très rassurant. Se glissant sur les murs menant à la porte d'entrée, elle entra précautionnement dans la maison délabrée, retenant son souffle à chacun de ses pas. L'étage n'était pas loin. Elle montait les marches une à une, lentement. Tout était sombre, mais elle parvenait à voir la poussière qui enveloppait la maison. Plus personne ne vivait ici depuis des lustres. Eliza arriva vite à l'étage de la Cabane Hurlante. Une des portes étaient entrouvertes, et la Serdaigley entra doucement. Un craquement la fit alors sursauter. Elle n'était donc pas seule. Quelqu'un l'avait-il suivie. Son coeur battait la chamade. Elle oublia vite ce qu'elle était venue faire dans la cabane, ne cherchant qu'à échapper au responsable du bruit. Des pas se rapprochaient. Son souffle était haletant, court. Reculant vers le mur, elle savait que quelqu'un était derrière la porte...

C'est alors qu'une chevelure blonde apparut. Eliza fut quelque peu surprise de reconnaître Clara Granger, une élève de Poudlard. La jeune fille ne savait pas comment réagir, quoi faire en cette situation. Elle resta tout de même plaquée contre le mur, touchant sa baguette au fond de la poche de son pantalon.

"Bonsoir..."

parvint-elle à dire, la voix un peu hésitante. Malgré la peur qui avait tombée lorsqu'elle avait reconnue Clara, ce n'était tout de même pas rassurant.

Clara poussa un petit soupir de soulagement, à peine perceptible. La présence dont elle avait eu si peur en entrant n'était autre qu'Eliza Watson, une jeune fille qu'elle connaissait plus ou moins, et qui n'avait rien d'effrayant. La jeune Auror sourit et referma derrière elle la porte de la Cabane Hurlante, qui émit un grincement sinistre, faisant frémir Clara.

- Heu... salut... je te dérange pas ? demanda Clara.

En fait, cette question était posée d'avantage par politesse, parce que ni l'une ni l'autre des deux jeunes filles n'avait le droit de se trouver là, donc peu importait que cela dérange quelqu'un. La jeune Auror regarda autour d'elle. Rien n'avait changé depuis la dernière fois qu'elle était venue, mis à part le fait que le niveau de poussière et de crasse avait encore augmenté. Le vieix piano à queue noir était presque gris, tant il était enseveli sous les trois centimètres de poussière. La table en bois, dont on se demandait à quoi elle pouvait bien servir - tout comme le piano, d'ailleurs - était craquelée de toutes parts, comme si quelqu'un était venu pour se défouler dessus.

Clara fit un tour ainsi dans la pièce, et examina tour à tour les objets poussiéreux et sales qui la caractérisaient. Tout cela lui rappelait tant de souvenirs... la boite à musique de Jack, surtout. L'ex- rouge et or frémit. Ce n'était pas le plus beau souvenir qu'elle retrouvait dans la Cabane, mais c'était celui qui avait le plus marqué son sa mémoire, tant il avait été frappant pour Clara.

- C'est glauque... commenta la jeune femme en fronçant ses sourcils en forme d'ailes d'oiseau.

Tout était plongé dans la pénombre de la nuit naissante. Seul le clair de lune éclairait à travers le carreau cassé un peu la pièce où les deux jeunes filles se tenaient. Le sol de bois était poussiérieux et craqué à certains endroits. Un grand piano à queue était posé dans un coin, les touches blanches et noires surmontés d'une lourde couche de poussière grise. Un lit à baldaquin, la plupart tombés ou déchirés, se tenait dans le coin opposé. La couette originellement rouge était décolorée. Le temps semblait s'avoir arrêté une décennie auparavant.

"Ouais, c’est pas rassurant tout cela…"

Eliza quitta des yeux Clara et s'avança vers le piano. Elle tendit la main et tira le banc sur lequel elle s’assit. La jeune Serdaigle avait déjà joué de cet instrument, et voir les touches lui rappelaient tant de bons et mauvais souvenirs. Son enfance avait été parsemé de cours de piano, et dans le manoir où la famille Watson habitait, il était habituel d'entendre les douces notes du piano.

Elle essuya d’un revers de main la poussière et déposa ses doigts fins sur les touches. C’est alors qu’elle vit un minuscule scintillement à sa droite. Elle fronça les sourcils et approcha sa main du petit objet brillant. C’était une bague. Toute faite d’or et surmontée de perles nacrées. Elle miroitait à la lueur de la lune. Eliza avait un étrange pressentiment, cette bague ne lui était pas inconnue.

Clara acquiesca d'un dodelinement de tête à ce que venait de dire Eliza. En voyant celle-ci s'asseoir au piano, Clara ne put s'empêcher de sourire. La jeune femme avait une grande connaissance de cet instrument, pour en avoir joué pendant de longues années. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas eu l'occasion de s'atteler à un morceau, mais le piano, c'était comme le vélo, comme le ski : une fois qu'on l'avait appris, on ne l'oubliait pas. Clara se souvenait de ce beau jour, où Jo et elle, avaient trouvé un piano à queue dans une salle de classe vide du château. À cette époque-là, ils n'étaient qu'en troisième année. La situation était si différente de celle qui était à présent ! Clara et Harry sortaient ensemble depuis très peu, Jo et Clara ne se connaissaient pas depuis longtemps non plus, et tout le monde croyait que la jeune femme trompait son petit ami avec Jo. C'était si loin, tout cela... aujourd'hui, pas un seul élève de Poudlard ne s'imaginait que Jo et Clara, les meilleurs amis du monde, puissent un jour éprouver plus que de l'amitié pure l'un pour l'autre.

Et ce jour-là donc, Clara et Jo avaient joué du piano ensemble dans cette salle de classe vide. Ca n'avait duré que quelques minutes, car peu après ils avaient été interrompus par les cris stridents de Rusard, mais ça avait été l'un des meilleurs moments que les deux amis avaient passé ensemble. Ils étaient partis dans un quatre mains classique, Clara jouant la mélodie dans les aigus, et Jo les accords dans le grave. Et c'était tellement...

Clara s'arracha de force à ses pensées nostalgiques. Elle venait de remarquer un scintillement sur une touche du piano. La jeune Auror fronça les sourcils et s'approcha pour voir de quoi il s'agissait. `

C'était une bague ! Clara n'en croyait pas ses yeux. Un objet si précieux, serti de diamants, en un endroit si sinistre ! Qui avait bien pu laisser choir ce joyau ici ?

- Qu'est-ce que...?

Clara avala un cri de stupeur. Cette bague, elle l'avait déja vue...

Eliza tendit la sa main vers la bague sertie de perles. Le fin scintillement était magique, si brillant, et aucune particule de poussière ne semblait lui avoir touché. C'était si étrange qu'un aussi beau bijou se retrouve dans cet endroit sinistre qu'était la Cabane Hurlante. Encore plus bizarre, la jeune fille était certaine d'avoir vu cette bague auparavant. Les perles nacrées et l'or brillant lui rappelait quelque chose. Elle vit alors que Clara s'approcha du grand piano, voulant certainement voir la bague.

"J'ai déjà vu cette bague quelque part, j'en suis sûre..."

laissa-t'elle échapper en levant les yeux vers elle. Clara semblait surprise de sa découverte, comme si elle savait quelque chose au sujet de l'anneau doré. Et Eliza n'arrivait toujours pas à retrouver ses mémoires concernant le bijou perlé. C'était si loin dans son enfance...Elle avait vécù tant de choses, magiques ou non, mais la bague restait insistante. Elle ne lui était pas iconnue. Peut-être l'avait-elle seulement aperçue sur la coiffeuse de sa mère, ce n'était pas clair pour la Serdaigle.

Toujours assise sur le banc, elle jeta son regard vers la fenêtre brisée, où la nuit était noire. Aucun son, aucun mouvement, n'émanait de la forêt qui s'étendait au loin. C'était calme et silencieux, mais pas du tout rassurant. La Bleu et Bronze n'était pas de nature froussarde, mais le bercement des feuilles au rythme du vent et le halo lumineux de la lune était mystérieux, et quelque peu angoissant.

Clara resta muette quelques instants, le regard fixé sur la bague. Elle semblait avoir une valeur inestimable, à en juger par la qualité de ses ornements, et l'or massif dont elle était constituée. Clara, malgré sa coquetterie, n'avait jamais eu l'occasion, même dans la boutique de bijoux la plus prestigieuse de Londres, d'observer un joyau aussi magnifique. Mais comment avait-il pu se retrouver dans cet endroit ? Et qui... qui avait bien pu le laisser tomber sur le piano ?

Mais quelque chose ne clochait pas. La bague était posée sur le piano. Comment aurait-elle pu se retrouver là par hasard ? Et si c'était un piège, un piège destiné à berner deux jeunes femmes innocentes, émerveillées par un bijou qui semblait leur rappeler des souvenirs ? Clara prit brusquement le bras d'Eliza avant qu'elle puisse prendre l'objet entre ses doigts.

- Moi aussi, ça me rappelle quelque chose... mais... n'y touchons pas... on ne sait jamais...

Clara avala avec difficulté sa salive. Elle avait le regard toujours fixé sur la bague. Elle se sentait hypnotisée, comme happée par la beauté du joyau.

Les deux jeunes femmes fixaient d'un même regard la bague. Elle brillait dans l'obscurité. Mais c'était réellement étrange qu'un si beau bijou se soit retrouvé dans un endroit comme la Cabane Hurlante. Peut-être quelqu'un l'avait-il oublié ? Mais si cette bague lui aurait appartenu, elle aurait tout fait pour ne pas la perdre. C'était tout de même bizarre. Un sentiment d'angoisse envihaissait la Serdaigle. Mais elle tendit quand même la main, instictivement, elle voulait la voir de plus près. À cet instant, Clara lui prit brusquement le bras. On ne savait pas si cette bague était maléfique. C'était peut-être un portoloin, ou un piège.

- Tu as raison, vaut mieux ne pas lui toucher...

Eliza tentit de quitter le joyau du regard, mais elle était comme hypnotisée, obligée de la regarder. Sa main, posée sur le banc de bois où elle se trouvait, s'avançait vers la bague dangereusement. Elle était magnétique, et se pouvait pas la retirer. Les yeux d'Eliza brillaient d'une lueur étrange, malfaisant. La bague avait un pouvoir sur elle...

- Je ne sais vraiment pas, mais vaut mieux éviter sérieusement de la regarder, elle a un sorte de pouvoir...

Clara opina du chef, acquiescant en silence. Elle se demandait qui avait bien pu laisser ce bijou à cette place, et quelle était la nature de celui-ci. En tout cas, il ne faisait aucun doute que la bague, aussi étrange que cela puisse paraître, possédait des pouvoirs magiques. Clara se demanda quelle était l'étendue de ce pouvoir. Peut-être que la bague était réellement dangereuse, peut-être qu'il fallait la détruire ? Clara se jura d'en parler aux autres Aurors, mais en attendant, il fallait trouver un moyen de mettre cette bague hors d'atteinte sans en pâtir, et surtout, de découvrir le secret qu'elle décelait. Clara échangea un regard intrigué avec Eliza.

- Il faudrait essayer de savoir ce qu'elle contient... dit Clara sans préciser de quoi elle parlait, car c'était évident. Peut-être que...?

Clara se baissa pour ramasser sa baguette magique, qui avait dû tomber au sol quand elle s'était cognée contre Eliza. Elle hésita un instant. Mais ça ne coûtait rien d'essayer...

- Aparecium !

Il s'agissait d'un sort très simple pour révéler les pouvoirs cachés d'un objet, ou faire apparaître ce qui était caché. Mais il n'eut aucun effet sur la bague. Clara grogna. Elle aurait très bien pu, à l'aide d'un simple Locomotor, déplacer la bague de sorte à la mettre en un lieu où personne ne pourrait être victime de ses méfaits, voire la jeter dans une potion qui la détruirait. Mais Clara était curieuse d'en savoir plus sur cette bague, et n'osait pas la détruire...

(je ferme )