Déception. Ou même plus...

Après être sortie en trombe de la salle de bal, Peyton sortit prendre l'air au parc. Ses cheveux étaient ébouriffés et emmêlés, et elle avait dû tirer dessus pour en retirer l'éladtique de cuisine qu'elle avait attaché tant bien que mal. Sa poitrine s'agitait de soubresauts brusques, et elle n'avait plus qu'une envie : mourir sur place et disparaître aux yeux du monde à tout jamais.
Elle croisa nombre de jeunes couples, chacuns aux vêtements plus somptueux les uns que les autres. Et elle qui avait été contente de sa petite robe beige, pour une fois ni tachée ni déchirée, avait bien vite été désabusée une fois de plus. Elle repensa une fois de plus à sa mère. Etait-elle encore en train de se soûler dans leur taudis crasseux dans les bas fonds de Londres ? Ou bien était-elle morte d'une cyrrhose ? Dans quel état Peyton la retrouverait-elle ? Sa mère la reconnaîtrait-elle jamais ?
Se mettant à l'écart, Peyton alla s'asseoir par terre, dans la neige. Si elle avait froid, elle ne s'en était même pas rendue compte. Et pour tout dire, elle se fichait complètement d'attraper la crève. Prenant une poignée de neige à pleine main, elle se mit à la malaxer pour en faire une boule, puis une autre poignée, comme pour tenter d'y décharger sa souffrance.

*Pleure chienne, pleure donc sur ta putain de vie, sur ta putain d'existence, chiale un bon coup pour une fois, arrête d'être forte, y'a personne pour t'observer.

Pleurer. Oui, pleurer. Elle aurait aimé, pour la première fois de sa vie. Mais elle n'y arrivait pas. Entendant des bruits de crissements dans la neige, elle releva la tête. Dans l'obscurité de la nuit, elle ne voyait rien. D'un ton brusque, agressif même, elle demanda :

- Qui êtes-vous et que me voulez-vous ?

Les bals... Pas trop le truc du jeune homme, c'étaient en général bien trop calmes et classieux à son goût. Et, c'est bien pour cela qu'il avait réussit à éviter pratiquement tous les bals de cette école. Sauf que aujourd'hui, c'était un bal bien plus spécial; puisque c'était à l'issu de ce bal qu'elle sera le champion, ou la championne, qui représentera sa maison. William ne s'était pas présenté, celui-ci se trouvait beaucoup trop jeune et peu courageux pour participe à ce genre de grand évènement. Cependant, il savait que sa meilleure amie, Peyton, allait glisser son nom; alors il tenait simplement à être là pour la soutenir.

Le rouge et or avait enfiler un costume plutôt sobre, il n'avait pas de cavalière alors c'était pas la peine d'en faire trop. Enfin, le moment de l'annonce des champions sonna, et au grand désespoir du jeune homme; il n'entendit pas le nom de Peyton. Will se mit tout de suite à la chercher, il savait parfaitement que cela comptait beaucoup pour elle et était sur qu'en ce moment, elle devait être détruite. Il se rappelait combien elle avait mis d'espoir dans cela, combien elle s'était préparé. Ses yeux balayaient la salle rapidement, il questionnait plusieurs personnes, crier son prénom dans la salle; rien. Il commençait à désespérer de la trouver un jour; lorsqu'elle passa en courant devant lui.

*Merde!*

William se lança à sa poursuite, bousculant de nombreuses personnes sur son passage. Une fois dehors, il s'arrêta pour reprendre son souffle; puis continua de suivre Peyton mais en marchant cette fois. Le jeune homme hésitait à la rejoindre, peut-être qu'elle voulait simplement être seul, qu'elle n'avait aucune envie de lui parler. Lorsque la jeune femme tomba dans la neige, il ne put se retenir et accourut vers elle. Il fut très surpris par le ton qu'elle employa, elle ne l'avait sûrement pas reconnut. William la pris par les bras, la leva délicatement et la pris tendrement dans ses bras. Il déposa un baiser sur son front, et lui répondit en chuchotant:

"C'est moi, juste moi."

Une main qui se referma sur son bras. Puis la releva délicatement. Pour la première fois de sa vie, Peyton ne songea même pas à résister. Elle se blottit dans ses bras, la colère laissant place à la tristesse. Elle avait reconnu William, et sa présence l'apaisait, comme si l'on appliquait un onguent sur ses plaies. Alors que la présence de quiconque d'autre aurait été comme si on y mettait du sel.
Elle était tellement déçue... Et elle était persuadée que lui aussi. Et elle avait honte de le décevoir. Elle savait que si elle avait été choisie, c'était lui qu'elle aurait dû sauver. Pourquoi n'avait-elle pas été choisie ?! Qu'est-ce qu'avait Mickaël de plus qu'elle ?! Elle ne pouvait plus le voir. Pourquoi fallait-il qu'il se ramasse tous les honneurs ?! Il était déjà préfet et capitaine, et non content de tout ça, il fallait qu'il se ramasse aussi le titre de champion !
Et pourtant, un mauvais pressentiment l'indiquait chez Peyton, Mickaël ne gagnerait pas... Elle, et elle seule aurait pû gagner. Son orgueil, comme toujours. Remplaçante, mouais. Un titre bien petit, et qui ne lui servirait certainement pas. Mickaël n'aurait pas besoin d'une remplaçante, elle le savait par avance. Elle ne partciperait jamais, jamais au Tournoi... Elle ne pourrait jamais sauver sa mère de l'alcool... elle qui avait tant besoin d'argent...
Se serrant contre son meilleur ami, elle murmura :

- J'ai pas réussi, Will. J'suis qu'une pauvre nulle. J'ai pas réussi...

William avait tellement de peine pour elle, oui il était déçu. Pas de Peyton bien sur, au contraire; il était tellement fière d'elle, de tout ce qu'elle avait fait pour se préparer à une éventuelle nomination. Il connaissait la jeune femme par coeur, et était sur qu'à ce moment, elle pensait que tous les efforts qu'elle avaient fournis n'auront servis à rien. Lui, il était persuadé que justement ces efforts ont fait d'elle une personne meilleure. La Gryffondor avait appris à ce battre pour un but, un rêve; et c'est pour qu'il était fière d'elle. Le jeune homme la serrait fort dans ses bras, ne voulant pas la lâcher. Il ne fut pas surprit par les paroles de Peyton, il savait qu'elle allait se dévaloriser, s'en vouloir à elle-même. C'était tout de même étrange que tous les honneurs reviennent toujours à la même personne, ici c'était Mickaël qui avait gagné, et encore il était préfet, et encore en plus il était capitaine de l'équipe de quidditch; ça devenait quand même légèrement injuste! Pas pour lui, bien sur; il s'en foutait légèrement, mais pour tous les autres! Il n'avait rien contre ce gars, il le trouvait même sympa mais y'avait certaines limites... William repoussa légèrement Peyton, pour pouvoir la regarder dans les yeux et pour lui dire, toujours avec une extrême tendresse:

"Mon coeur, dis pas des truc comme ça! Tu n'es pas nul, loin de là! Moi j'étais là, j'ai vu à quel point tu t'es investie, combien t'as travaillé pour ça; et c'est pour ça que chui fière de toi. Tu m'as encore prouvé que t'es un fille exceptionnelle Peyton! Tu peux vraiment être fière de toi"

Oui, c'était vrai, Peyton s'était énormément investie. Même si dès le départ elle pensait avoir les capacités, elle avait lu deux fois plus de livres, connaissait beaucoup plus de sortilèges, et avait beaucoup travaillé à augmenter sa puissance magique. Ensuite, la puissance physique passait après, car Peyton possédait par avance une souplesse rare et se battait à merveille, mais n'empêche qu'elle ne s'était pas privée de cinquante abdos tous les matins au saut du lit, et d'un grand écart et quatre chandelles avant d'aller se coucher.
Mais l'entraînement physique n'avait été strictement rien comparé à celui magique et mental... Quatre soirs par semaine, elle allait dans une salle de classe vide et s'entraînait à des tas de sortilèges différents, qu'elle découvrait d'elle-même dans les livres, et qui auraient pû se révéler utiles pour le Tournoi. Parfois, William était venu la rejoindre et l'encourageait.
Un soir, ils s'étaient d'ailleurs disputés car son meilleur ami c'était ramené avec une bande de sales petites poufs qui gloussairnt toutes les deux secondes, ce qui avait déconcentré la jeune fille. Heureusement, ils s'étaient très vite réconciliés.
En plus de s'entraîner en magie, Peyton s'était aussi entraînée mentalement à être encore plus forte et courageuse, même si elle l'était déjà. Elle s'était nombre de fois entraînée avec un épouvantard, et avait poussé l'audace jusqu'à aller passer une nuit seule dans la forêtt interdite, le danger pour seul compagnon.
Et tout ça pour rien. Ou presque. Certes, elle était devenue encore plus forte, mais ce n'était pas assez aux yeux de Peyton. Combien de fois aurait-elle désiré ce Tournoi...
Peut-être d'un côté n'était-ce pas plus mal. Si elle avait participé, Will aurait été la personne qu'elle aurait dû sauver, il aurait peut-être été en danger de mort... Et comme ça il était en sécurité.
Elle prit la main du jeune homme et ils allèrent s'asseoir sur un banc. Elle décida de changer de sujet, et demanda :

- Comment ça se fait que tu n'aie pas eu de cavalière pour ce soir ?