Escapade nocturne

Violette colla son oeil à la serrure du placard, guettant la personne qui s'apprêtait à tourner à l'angle du couloir. Elle était curieuse de savoir qui cela pouvait bien être. Soudain, la jeune fille sentit quelque chose près d'elle, une respiration à peine audible... La jeune fille sursauta en arrière et poussa un cri de terreur. Quoi de plus normal ? Elle était dans un placard à balai étroit, où il faisait si noir qu'elle ne voyait rien, et elle sentait soudain une présence à ses côtés, un être vivant à quelques centimètres d'elle, qu'elle ne pouvait distinguer dans l'ombre.

Après quelques secondes durant lesquelles Violette tenta de calmer les battements effrénés de son coeur, la jeune fille reprit quelque peu contenance. Elle se rendit compte de deux choses : l'une, c'était qu'elle avait eu tellement peur qu'elle s'était instinctivement collée au mur derrière elle, le plus loin possible de la "chose" qui se tenait en face d'elle ; l'autre, c'était qu'elle avait crié si fort qu'il était quasiment impossible que la personne, quelle qu'elle soit, qui se tenait dehors ne l'ait pas entendue. Violette, qui respirait toujours très rapidement et très bruyamment du fait de sa récente frayeur, plaqua une main contre sa bouche et retint sa respiration. Mais aucun bruit ne se faisait entendre dans le couloir ; peut-être que la personne avait tout simplement cru à un miaulement de chat, et avait passé son chemin.

Violette, encore tremblante, avança prudemment la main devant elle dans le noir. L'espace était si restreint qu'elle n'eut qu'à tendre le bras pour toucher le visage de quelqu'un, qui se tenait acroupi devant elle. Violette eut un mouvement de recul.

"T'es qui toi ?" demanda-t-elle avec agressivité, toujours aveugle dans l'obscurité du placard.

Alex sursauta, surpris, lorsque la personne qui se trouvait avec lui dans le placard poussa un cri de terreur. Apparament, l'inconnu était une fille. Mais avec l'obscurité régnant dans le placard à balai, Alex ne pouvait distinguer les traits du visage cette fille. A cause d'elle, il allait se faire prendre, et adieu les bombabouses qu'il voulait récupérer dans le bureau du concierge. Le Poufsouffle parvenait à entendre la forte respiration saccadée de l'inconnue, mais apparemment, il devait être le seul à l'entendre, ainsi que le cri qu'elle avait poussé quelques instants auparavant. Le préfet ou le prof qui faisait sa ronde devait être sourd pour ne rien avoir entendu, car au bout de quelques secondes interminables on entendait des bruits de pas qui s'éloignaient.

Alex s'apprêta à prendre sa baguette magique afin de faire un peu de lumière, mais il fut à son tour surpris par la main de la fille qui venait de toucher son visage.

- Hé, pousse toi un peu tu veux. Tu prends toute la place ! répliqua-t-il, sur le même ton qu'elle avait employé. T'es la plus proche de la porte, alors sors en première...

Le jeune homme - car au son de sa voix, ce ne pouvait qu'être un jeune homme - venait de répondre à Violette, du même ton agressif qu'elle avait employé elle-même. Le fait de savoir que c'était un élève rassura énormément Violette. Et si ç'avait été quelque créature monstrueuse ? A Poudlard, on ne savait jamais... Violette croisa les bras d'un air frustré.

"Dis tout de suite que je suis grosse !" répondit-elle toujours sur le même ton. "Et il est hors de question que je sorte la première. Imagine si y'a un préfet ?!" ajouta-t-elle.

Violette colla de nouveau son oeil à la serrure. Visiblement, le couloir était désert. Mais, sinon par prudence, au moins par orgueil, la jeune fille ne sortirait pas la première maintenant qu'elle avait dit qu'elle ne le ferait pas.

"On sort en même temps ou on ne sort pas, à toi de voir."

Ce que les deux jeunes gens ne pouvaient savoir ni l'un ni l'autre, c'est que la personne qui se tenait dehors tout à l'heure était toujours là. Il s'agissait du concierge, qui avait fini de faire faire sa retenue à l'élève dont il s'occupait à l'orée de la forêt, et qui était rentré au château. Il avait entendu le cri de Violette et s'était posté près du placard, de sorte que la jeune fille n'avait pas pu le voir par le trou de la serrure ; et il attendait avec un sourire sarcastique que les élèves sortent pour leur tomber dessus...

Alex avait impérativement besoin de sortir de ce placard. Ce n'est pas qu'il était claustrophobe, mais il fallait qu'il bouge de là. Ses muscles commençaient à s'engourdir, et il y avait dans l'air une odeur de poussière et d'humidité. Il était dans un position très inconfortable, son dos collé à la pierre froide du mur.

- De toute façon même s'il y a un préfet ou l'autre imbécile de concierge, on se fait prendre tous les deux ! répondit Alex. Et j'y vois rien, je sais même pas ou est la porte, ajouta-t-il.

Alex sortit sa baguette magique de sa poche - avec bien des difficultés à cause de l'endroit qui l'empêchait de faire de grands et libres mouvements - puis l'alluma. La lumière qui apparu au bout de sa baguette l'éblouit, et il du garder sa main devant ses yeux de nombreuses secondes avant de s'habituer à la vive lumière.

- Voilà... Maintenant fais moi de la place pour que je puisse sortir ! dit-il en regardant la jeune fille, dont il parvenait enfin à voir le visage.

Elle était plutôt jolie, mais Alex n'avait pas le temps de s'occuper de ça pour le moment. Il s'avança de deux petits pas, en se baissant le plus possible pour ne pas se cogner contre le plafond. Mais il perdit l'équilibre et manqua de peu de tomber sur la jeune fille.

Violette poussa un grognement. Le jeune homme avait failli lui tomber dessus, et lui avait écrasé le ventre. Elle pouvait à présent apercevoir son visage, un visage qui ne lui était pas inconnu : elle se souvenait de l'avoir vu dans la salle commune des Poufsouffle, sans jamais lui avoir parlé. Il était plutôt grand et devait se baisser pour éviter de toucher le plafond, et il semblait plutôt musclé. Il semblait être un de ces jeunes hommes dont les filles parlent en gloussant, un de ces jeunes hommes dont Violette était persuadée qu'ils n'avaient rien dans la cervelle.

En l'entendant lui ordonner de lui faire de la place, Violette lui lança un regard noir mais finit par obéir, et se mit de côté pour laisser le jeune homme ouvrir la porte. Elle avait hâte de sortir de ce placard, car sa position n'était pas des plus confortables et elle n'aimait pas ne pas être libre de ses mouvements.

"Bon ben ouvre, on va pas y passer la nuit !" dit-elle avec exaspération.

Alex se releva tant bien que mal, puis s'approcha de la porte du placard en poussant sans ménagement la jeune fille avec son bras. Il jeta un œil par la serrure, pour être sur que personne ne passait par là. Le couloir était désert, pas même un chat ne passait par là. Alex tourna sa tête vers la jeune fille, qui semblait plus qu'exaspérer d'attendre.

- T'es prête ? On y va... dit Alex qui éteignit sa baguette magique.

Le Poufsouffle ouvrit la porte, qui grinça dans le silence de la nuit. Alex eut l'impression que tout le château est pu entendre ce bruit tellement le silence était pesant. Il sortit donc du placard, et jeta un œil à la jeune fille qui sortait à son tour. En regardant à sa droite, Alex fut tellement surpris de voir le concierge surgir de nul part qu'il cru pendant quelques instants que c'était un fantôme.

- Merde, dépêche toi ! cria-t-il à la jeune fille en lui prenant la main pour fuir le plus rapidement possible. Cours, t'arrête pas !

Le jeune homme ouvrit la porte, et Violette sortit du placard à son tour. Mais alors qu'elle s'apprêtait à s'étirer, elle sentit le jeune homme la prendre par la main et l'entraîner en courant.

"Mais qu'est-ce que...?"

C'est alors que Violette aperçut le concierge à son tour. Elle se mit alors à courir derrière le jeune homme, le plus vite qu'elle pouvait, tandis que le concierge les poursuivait. Il était plus lent qu'eux du fait de son âge, mais il avait aussi de grandes jambes et ne tarderait pas à les rattrapper. Violette, le souffle court, commençait à sentir un élancement dans le ventre, un horrible point de côté. Il fallait qu'ils trouvent rapidement une autre cachette. Leur salle commune était bien trop loin pour qu'ils puissent la rejoindre sans se faire rattrapper... C'est alors qu'ils arrivèrent devant une statue, une statue que Violette connaissait bien : c'était l'entrée du passage secret qui menait de Poudlard à Honeydukes. Violette s'apprêta à prononcer le mot de passe lorsqu'elle se souvint que le concierge connaissait tous les passages secrets : ils n'avaient aucune chance. Quoique...

Violette entraîna le jeune homme dans une salle de classe vide, située près de la statue. Quand le concierge arriverait à cet étage, il penserait sûrement que les deux élèves étaient allés dans le passage secret. Pendant qu'il y entrerait, ceux-ci n'auraient qu'à se faufiler hors de la salle de classe vide et s'enfuir par un autre couloir...

Alex courrait à en prendre haleine. Il jetait frénétiquement des regards derrière lui. Le concierge s'approchait d'eux à vu d'œil. Et puis cette fille qui n'était même pas capable de courir plus vite ! Heureusement que le concierge était d'un âge bien avancé, sinon il n'aurait eu aucun mal à les attraper. A l'angle d'un couloir, Alex et la jeune fille passèrent devant la statue qui cachait un passage secret menant tout droit à Pré-au-Lard - à Honeydukes plus précisément. Le Poufsouffle continuait à courir, jusqu'à ce que Violette l'entraine vers une salle vide. Alex pensait que cette salle leur permettrait de semer le concierge, mais non... C'était un salle, tout ce qu'il y avait de plus banale.

- Ah bah bravo ! ironisa Alex en regardant tout autour de lui. C'est parfait pour se cacher. Si il ouvre cette porte on est fichu !

A par une armoire où il pourrait tant bien que mal s'y faufiler tous les deux, ils n'auraient aucun chance si l'idée d'ouvrir cette porte traverserait la tête du concierge. Mais Alex n'avait pas envie de se retrouver encore une fois à l'étroit avec cette fille, et elle devait penser la même chose...

Violette plaqua sa main contre la bouche du jeune homme.

"Chht ! Tais-toi imbécile, il va nous entendre..." dit-elle en jetantt un coup d'oeil alarmé à la porte de la salle de classe.

On pouvait entendre à présent les pas du concierge, qui était arrivé dans le couloir. Il passa devant la salle de classe où étaient cachés Violette et le jeune homme, et les deux jeunes gens retinrent leur souffle. Violette avait toujours sa main contre la bouche du jeune homme pour l'empêcher de parler. Durant quelques instants, ils crurent tous deux que le concierge allait entrer dans la salle de classe ; mais il passa devant celle-ci.

"Ahaa ! Je vous tiens !" dit-il.

Violette l'entendit prononcer le mot de passe qui ouvrait le passage secret. La jeune fille fit signe au Poufsouffle : il était temps de sortir de la salle de classe incognito et de s'enfuir au plus vite...

Alex sentit la main de la jeune fille se plaquer contre sa bouche. Il lui jeta un regard noir, n'osant plus faire un geste car ils venaient d'entendre le concierge passer devant la porte. Ils étaient tous prêt, seul un solide mur de pierre les séparait. Alex entendit le vieux concierge prononcer le mot de passe pour ouvrir le passage secret qui menait à Pré-au-Lard. Puis, silence.

Alex écarta la main de la jeune fille et s'avança silencieusement vers la porte, pour être sur que le concierge s'en était allé. Il ouvrit la porte, et jeta un œil au dehors.

- Y a personne... chuchota-t-il à l'adresse de la jeune fille. Viens, avant qu'il ne revienne.

Alex s'éclipsa hors de la salle, suivi de la jeune fille et ils se dirigèrent vers d'autres couloirs, le plus loin possible de la statue...

- On fait quoi maintenant ? demanda-t-il. Au fait, pourquoi t'étais pas dans ton dortoir toi ?

Violette suivit le jeune homme hors de la salle de classe. Le concierge avait dû aller loin dans le passage secret pour les chercher, ils avaient donc largement le temps de s'en aller avant qu'il ne revienne. Violette poussa un soupir de soulagement. Mais son regard pétillant montrait qu'elle s'était surtout beaucoup amusée. Heureusement qu'elle n'était pas restée dans son dortoir cette nuit-là... Le jeune homme lui rappela sa présence par quelques questions, et Violette lui jeta un regard en biais.

"Ben comme toi j'imagine, j'avais pas sommeil." dit-elle en haussant un sourcil. "En tout cas j'ai faim là, je vais aux cuisines..."

Violette emboîta le pas au jeune homme et se dirigea vers l'escalier qui menait aux étages inférieurs. Elle avait beau se montrer désagréable avec le jeune homme, elle était curieuse de savoir s'il allait la suivre. Et elle ne pouvait s'empêcher de traîner un peu le pas, comme pour l'y inciter...

Alex observa la jeune fille qui prenait la direction des cuisines. Le Poufsouffle hésita, puis il accéléra le pas pour la rattraper.

- Attend moi ! Tous ces évènements... Ça m'a donné faim, dit-il en avançant à côté de la jeune fille. Par contre au retour j'ai besoin de récupérer quelque chose dans le bureau du concierge.

Les deux Poufsouffles descendirent jusqu'au hall d'entrée, puis empruntèrent le chemin qui menait aux cachots. Ils prirent la direction des cuisines en silence, ne rencontrant en chemin aucun préfet ou professeur. Alex pensait silencieusement aux évènements précédent. Finalement, malgré quelques débuts difficiles avec la jeune fille dans le placard à balai, il avait passé un bon moment.

- Moi c'est Alex... dit-il en se rendant compte qu'il avait passé près d'une heure en compagnie de la jeune fille sans même connaitre son prénom.

Violette avait commencé à se diriger vers les escaliers lorsqu'elle entendit le jeune homme la rejoindre. La jeune Poufsouffle ne put s'empêcher de sourire.

"Très bien, on passera chez le concierge après avoir mangé quelques pizzas. Je peux savoir ce qu'il t'a confisqué ?" demanda-t-elle avec un regard malicieux.

Peut-être un magasine Playboy, que le concierge avait dû garder pour lui Le jeune homme venait de se présenter sous le nom d'Alex, et Violette se rendit compte qu'en effet, ils ne s'étaient même pas présentés l'un à l'autre. Il faut dire qu'ils avaient eu autre chose à faire jusqu'à maintenant, à savoir échapper au concierge sadique qui était à leurs trousses.

"Moi c'est Violette." répondit-elle avec un sourire en coin.

[ Qu'est-ce qu'on fait, on continue ici ou on crée aux cuisines ? ]