Afterglow

Tout ça... N'a réellement...Aucune importance...

Le silence mordant du château plongeait la jeune fille dans une paranoïa de tous les diables. Elle avaient les avant-bras, le visage, les cuisses, lacérées, ses lèvres saignaient et ses cheveux étaient plein de terre et de brindilles. Mais rien n'aurait pu être pire que son regard. Il était passé du bleu électrique à un bleu très étrange, un bleu, sanglant. Shin secoua la tête.

Ses vêtements étaient déchirés. Elle ne pouvait décemment pas sortir comme ça. Elle s'approcha de la glace d'une démarche fluide, féline.

"Episkey."
Elle nettoya et referma ses plaies une à une, et finit par se faire apparaître de nouveaux vêtements.
C'est à ce moment là qu'elle entendit la porte s'ouvrir derrière elle. Elle s'immobilisa, figée, sa baguette serrée entre ses doigts.

V

ivian leva les yeux du livre qu'il lisait. En réalité, jusqu'à présent, il ne s'était pas révélé d'un grand intérêt. Le thème ne traitait que de questions purement rhétoriques sous un prologue d'adolescence, qui ne se rapportait qu'à un seul point de vue, qui manquait trop de nuances. Ennuyant. Il manquait de plume propre à l'auteur, qui bien que possédant un bon style, n'avait pas sû rajouter ses nuances personnelles, qui en aurait fait un roman différent des autres. L'histoire était vue, revue, traitée, retraitée, et on pouvait en trouver une copie quasi exacte en ouvrant n'importe quel autre roman d'adolescence. Non, réellement...
Se levant, il songea à rendre l'ouvrage à celle qui le lui avait prêté, une jeune Poufsouffle aux yeux liquides, avec ses excuses. Néanmoins, le château était grand, aussi décida-t-il d'interpeller une des amies de la Jaune et Noire, qui lui répondit que celle-ci devait vraisemblablement se trouver dans les toilettes de Mimi Geignarde.
La remerciant, il s'y dirigea d'un pas vif vers l'endroit indiqué, le livre dans la poche de sa cape de sorcier. Arrivé là-bas, il s'arrêta subitement. Devant lui se découpait une silhouette haute, mince, féline, et possédant une beauté terrible. Néanmoins, Vivian n'y prêta pas attention longtemps, et de son habituel voix de ténor, il demanda d'un ton calme :

S

"Je ne crois pas non."
Shin dévisagea longuement le jeune homme entré dans la pièce. Elle hallucinait vraiment. Non, peut-être pas, ce gamin se trouvait bien là devant elle à lui demander des nouvelles de je ne sais quelle fille. Ses prunelles rougeoyèrent l'espace de quelques instants.
"Qu'est ce que tu fais là. Tu n'as rien à faire ici. Dégage avant qu'un préfèt arrive."
Shin ne disait pas tellement ça pour le protéger d'ennuis avec l'administration, mais plutôt d'elle même.
Son ton était calme, posé, néanmoins, il avait quelque chose de définitif. Elle se foutait bien de se dire qu'elle pourrait le choquer, couverte de plaies comme elle l'était.

A

l'air de la jeune fille, ainsi qu'au ton de sa réponse, elle n'était manifestement pas ravie de le trouver là. C'était compréhensible, vu l'état dans lequel elle était. Des brindilles plein les cheveux, des vêtements déchirés, et des plaies sur le visage et les mains, sûrement sur le corps aussi si le Serdaigle pouvait en juger les trous dans ses vêtements. A la regarder, il était tout à fait aisé de savoir d'où elle venait.
Ne prêtant pas attention à ce qu'elle disait, il s'avança et, saisissant la main de la jeune fille doucement mais fermement, il la mit sous son regard, et commença à appliquer silencieusement des sorts silencieux dessus pour l'aider à guérir. Il avait un bon nombre de connaissances en médecine magique qui étaient loin d'être nulles...
Alors qu'il s'affairait à la soigner, silencieux, il leva enfin les yeux vers elle, et prononça à voix basse d'un ton neutre :

S

Shin retira sa main violemment. Elle darda un regard dément sur le jeune homme.

"Ne me touches pas..."
Elle se sentait presque frissonante, une angoisse sourde la prenait à la gorge, il fallait qu'elle se contrôle, il fallait qu'elle se CONTROLE;
"Je vais te dire une chose."
Elle s'approcha de lui et saisit son visage entre ses mains, afin de planter son regard dans le sien.
"Le pire ennui que tu pourrais avoir à cet instant préçis n'est pas de te faire renvoyer, mais de perdre la vie. Disparais. S'il te plaît, je n'ai pas envie d'avoir à t'y contraindre. S'il te plaît."
Elle se sentait perdre patience, et des pulsions jusqu'alors étrangères la gagner.

T

S

e dégageant lentement de l'emprise de la jeune fille, il fit volte-face, et se dirigea vers la sortie. A quoi bon insister, il n'aurait rien à en tirer, de toute façon. Il y avait quelque chose de spécial chez cette fille, il l'avait bien senti. Mais ce n'était pas encore le moment de comprendre précisément quoi... Le temps viendrait sûrement... Oui, quelque chose au fond de lui lui disait que le temps viendrait où il saurait... Et cette constatation lui provoqua une curieuse sensation, un mélange de doute et de froid. C'était en somme tellement inconcret...
S'arrêtant soudain, il plongea sa main dans sa poche et en tira une petite fiole bleue qu'il lui lança, avant de lui dire par-dessus son épaule :

A

I

l marqua une pause quelques millièmes de secondes, hésitant, avant de reprendre d'un ton tranquille :

S

A

vec un bref hôchement de tête entendu en guise de salutation, il se volatilisa parmi le troupeau d'élèves, et quelques instants plus tard, il était totalement hors de vue.

Hors de vue certes mais pas pour Selene. La jeune femme avait suivie la scène, paisiblement adossée contre un mur, se délectant d'une bonne pomme. Croquant à pleine dents dans celle-ci, elle tendait l'oreille autant que possible pour entendre les dires des deux jeunes gens.

Apparemment, Vivian ne portait pas Shin dans son coeur. En même temps songea Selene en pensées, qui le pouvait, un coeur aussi froid que la glace... Une beauté certes, mais pas pour autant sociable...

Lorsque le ton monta entre eux. Selene distingua les blessures que portaient Shin on ne peut plus significatives pour la Gryffondor. Ses dents se plantèrent à nouveau dans la pomme et Selene vit passer Vivian.

- Hey...

Lui lança la jeune femme d'une voix douce. Elle posa sa main sur le bras du jeune homme pour l'arrêter. A sa hauteur, elle se tourna vers Shin... Quelque chose sembla se produire alors...

Shin dévisagea le jeune homme. Un serdaigle. Et s'il avait la solution? Elle s'apprêtait à l'arrêter lorsqu'un évènement vint boulverser la donne. La vampire. Elle était là, à deux mètres. "Putain". Shin respira profondément. Elle revint vers Vivian et le tira par le bras.

"Je pense que j'aurais besoin de toi. Tu es un serdaigle, hein, assoifé de connaissances, je pense que mon problème devrait t'intéresser."

A cet instant, elle espèrait vivement qu'il accepte, qu'il l'éloigne de l'odeur suffocante de cette saletée de vampire qui représentait pour elle une tentation trois fois pire que la sienne.

S

ituation étrange, décidément. A peine sorti qu'une jeune fille le rattrape. Une jeune fille blonde, Selene, qu'il ne connaît pour ainsi dire pratiquement pas, le plus étrange dans tout ça étant qu'elle réagit comme si, elle, le connaissait depuis des millénaires. Elle l'arrêta, mais lui préférait partir. Il eut un léger sourire.

S

I

l n'était pas fuyant, non, loin de là, mais détestait tout simplement se mêler des affaires d'autrui. Ainsi, il se sortait l'histoire de la jeune Serpentard pour l'instant, sans doute pour y revenir plus tard. Du moins était-ce ce qu'il espérait. Les filles se connaissaient visiblement. Il sentait qu'il n'avait plus rien à faire là, néanmoins les paroles de la jeune fille brune le firent se retourner. Son regard s'intensifia, et une légère lueur d'intérêt brilla dedans. D'un ton détaché, sans le moindre sourire, il répondit :

Q

"J'imagine que nous pourrions en parler dans un endroit plus approprié."

Shin dépassa la jeune blonde et s'arrêta à la hauteur du jeune Serdaigle et souffla rapidement, -bien que persuadée que miss vampirette aurait entendu-

"Forêt, demain soir 22h."

Elle poursuivit ensuite sa marche sans plus se retourner. Elle descendit une volée d'escaliers et se glissa à l'intérieur d'un passage secret. Elle s'appuya contre le mur de pierres froides, et respira bruyamment. Il fallait lui reconnaître que, pour ce coup-là, son self-control avait été pas mal du tout...