Se dire que le monde est beau et que c'est beau d'aimer.

Le cœur d'une femme est meurtri, quel quelle soit, quel que fut le bonheur quel ai connu, quel que fut le malheur. Le cœur d'une femme est fragile et ses déceptions rythmes son avenir. Elle marche éternellement, jusqu'à ce qu'elle n'en puisse plus et décider de s'arrêter là, s'assoir au bord de la route qui fut sa vie, y réfléchir quelques instants qui lui sembleront une éternité.

Il y a un moment où il faut arrêter d'y croire, un moment où il faut cesser d'avoir mal.

Il y a un moment où les idées pré-conçues n'ont plus leur place, où les faux-semblants semblent dérisoires. Où les apparences se brisent et où l'on peut enfin voir l'âme de cette jeune femme ravagée, souillée, détruite mais surtout vulnérable, plus qu'elle ne l'aura jamais laissé montrer.

La voir pleurer, en silence, sa douleur l'écrasant de son poids immense, sa beauté dégradée et inutile. Echouée sur un sol de pierre froid, elle ne voit plus rien, si ce n'est le désèspoir qui la submerge..

En fin de compte, il avait fait si peu de bruit que lui-même n'était pas réellement conscient de sa présence en ces lieux. Pourquoi être là tandis qu'il n'avait rien à y faire ? Hm, était-ce donc si compliqué à deviner... Tout était trop simple depuis qu'il était revenu. Peut-être même encore plus lassant qu'auparavant. Pourtant, il n'avait jamais été autant décidé à rester...
Ce monde était fade, morne, dépourvu de goût, et rien, rien n'était assez fort, assez puissant à son sens. C'était petit, trop petit, et Brandon avait besoin de plus. Tellement plus.
Sa décision était prise. Il régnerait sur ce monde, que ça ait un sens quelconque ou non. Il serait le nouveau Dieu d'une ère révolutionnaire, et elle, cette femme devant qui il se tenait, agenouillée et pourtant si belle dans son malheur, si forte d'habitude, en serait la Déesse. Cette femme qu'à présent il relevait avec douceur mais fermeté, dont il balayait les larmes d'un revers de main comme si elle ne signifiaient rien, et dont il saisissait le menton entre son pouce et son index.
Shin Aoki. Cette femme dont il était fou, cette femme qui lui apportait sans doute la seule raison de rester ici en-dehors du pouvoir. Cette femme vers qui il se pencha pour murmurer à son oreille :

- Pourquoi pleurer quand tu sais que tu as sans doute la chance d'être la seule femme au monde qui n'aura qu'à claquer des doigts pour posséder tout ce dont elle a envie... Tu sais bien qu'à présent rien ne m'est impossible, alors quel est ce prétexte pour lequel la grande Shin Aoki s'abaisse à verser des larmes ?...

Les mains de la jeune fille se mirent à trembler. Elle poussa un léger soupir et releva les yeux vers l'apparition. Grand, mince, le port droit et fier, le regard flamboyant, Brandon n'avait pas changé depuis la dernière fois qu'elle l'avait vu. Elle se releva souplement et s'approcha de lui en douceur avant de se déposer ses mains sur son torse de marbre.

"Tu n'as rien vu. Une poussière dans l'oeil."

Elle se recula alors et se détourna, cachant un regard froid et fermé. "La grande Shin Aoki", "Le grand Brandon", il y avait bien longtemps qu'elle avait compris que tout cela, c'était purement et simplement fictif, que toutes leurs grandes idées et grandes ambitions reposées sur le culot & non pas leur talent, des plus moindres à y bien réflechir.