Hey Jude, don't make it bad...

A chaque fois c'était pareil.
Mon Dieu, tout était tellement fade... La vie n'avait strictement aucune saveur, et c'était juste blasant. Tout était prévisible, tout était calculable, car rien ne changeait.
Les jours se succédaient avec la monotonie de l'impossible, et ce si parfaitement que Peyton n'en avait même plus le goût à s'en sentir déprimée.
Toujours ce vieux jeans déchiré, et pourtant ça faisait deux ans. Deux ans. Elle n'était même plus capable de dire si c'était long ou court.
Chaque jour suivant, elle se disait que quelque chose, n'importe quoi, allait la réveiller, la bousculer. Et puis c'était pareil. Il n'y avait rien. C'est beau d'être naïve décidément, bien beau.

Elle était debout au beau milieu de l'avenue principale et il pleuvait. Elle n'attendait rien ni personne. Mais, pareillement aux jours précédents, elle attendait quand même.

"Bordel Peyton, mais qu'est-ce que tu fous ?!"

Bonne question. A laquelle, évidement, elle n'avait aucune réponse. De quoi être surpris. Il semblait faire froid, vu l'état du peu de personnes présentes dans l'avenue. En ce qui la concernait, elle n'avait rien senti. L'habitude, aurait-on pû dire. Quelque part, il y avait sans doute un peu de ça, oui.

Il faisait froid, il pleuvait des cordes, et elle était là, debout, muette après la simple question d'une élève qu'elle ne connaissait que de réputation.
Aussi, tout naturellement éclata-t-elle de rire. Cette espèce de rire nerveux qui la prenait parfois quand elle ne savait comment réagir, ou qu'elle se sentait gênée par une situation. En fait, elle riait tout simplement.
Pauvre folle. Tu ne sais même pas pourquoi tu ris.

Et, curieusement, cette simple pensée, au lieu de la calmer, ne la fit que rire davantage encore.

Parvenant enfin à s'arrêter, Peyton leva les yeux vers la jeune femme. Suicidaire, elle ? Non. Lassée, sans doute oui. Qui n'avait pas de mauvaises passes à ses heures perdues, au fond...
Mais sans doute son interlocutrice avait-elle mal interprété le rire de Peyton, ou le fait qu'elle soit plantée dehors sous la pluie. Pour ainsi dire, c'était presque lui faire insulte que de la croire faible et malingre au point de mourir par un simple mauvais temps qui, en Grande Bretagne rappelons-le, n'avait malheureusement rien de bien surprenant.
Autre chose : si jamais la Gryffondor avait voulu se suicider, elle se serait débrouillée pour que personne n'en sache rien, et pour mourir net, du premier coup. L'une des pires humiliations qu'on puovait lui faire subir était de faire un suicide raté. Comme quoi...
Elle eut un bref sourire en coin, pour signifier que de toute évidence, ceci ne comprenait aucune importance quelconque.

- Faire une tentative de suicide en restant sous la pluie, c'est tout de même une façon plutôt passive de mourir avouons-le..."