Le monde est éphémère, vous, moi, surtout moi.

Le début d'un amour est le début d'une dépendance abjecte à l'être aimé. Le début d'un véritable amour nous perds à jamais. La notion des choses nous échappent, nous ne savons plus pourquoi nous sommes si attachés à cette personne en particulier et pourquoi le monde qui nous entoure ne représente plus rien à son absence. Passé un certain stade, la beauté ne compte plus, le charme ne compte plus, l'intérêt ne compte plus. C'est elle, et personne d'autre. Pour toujours et à jamais, ensemble, ou pas.

Tom avait essayé.

Et le fruit de cette défaite lamentable était qu'il avait perdu sans doute à jamais la femme de sa vie. Il vida son énième verre de whisky pur feu, l'esprit dans le vague, le regard perdu dans le lointain.

Sa vie bougeait à en perdre pied. Jamais, jamais de sa vie elle ne s'était sentit aussi dépassée. Elle avait peut-être zappée certaines choses, peut-être avait-elle fait certaines erreurs. Elle n'y avait pas concrétement réflechit. Elle avait tendance à refouler les choses, à les fuir.
Mais c'est peut-être en ce jour sombre et pittoresque qu'elle fut contrainte d'assumer ses fantasmes refoulés, ses souvenirs oubliés.
C'était comme un volcan. Comme si le magma remonté, comme si tout explosé en une fraction de seconde. Elle n'avait même pas eu le temps de s'y préparer ; il était devant elle. Celui qu'elle s'était promise d'oublier, de repousser. Celui qu'elle avait tant hait... mais tant désiré.
Peut-être avait-elle peur. Oui, peut-être même que Ruby fut angoissée.
Comme aux premiers jours... elle perdait pieds. Lorsqu'elle fut en face de lui, lorsque son regard pénétra étroitement le sien, elle sentit cette chaleur, cette sorte de mal être.
Ses lèvres auraient pu au moins laisser sortir quelques mots... mais elle en était incapable. Un an. Cela faisait maintenant un an qu'ils n'avaient pas échangé un mot.
Ruby laissa cependant apparaître sur son visage un demi sourire qu'à l'époque, seul Tom pouvait en être le traducteur...

Lorsque le regard de Tom croisa celui de Ruby, il sentit le monde s'écrouler sous ses pieds. Rien n'avait jamais existé en dehors d'elle. Dans son cœur, sa tête, son corps, elle était le tremplin de son bonheur, l'essentiel de ses émotions. Sans réflechir d'avantage il se leva, l'alcool aidant sans aucun doute, s'avança vers elle et la prit dans ses bras à l'en étouffer. Sa chère petite Ruby, si douce, si fragile.

"Je m'étais juré de ne plus jamais faire ça. Tu vois bien que je ne suis qu'un incapable."

Il se leva maladroitement. Son verre à moitié vide laissé facilement comprendre que Tom n'était pas dans son état normal. Il n'était pas ivre, mais l'odeur qu'il dégageait démontré avec certitude qu'il n'était pas non plus totalement sobre.
Sa chaleur, son corp, sa voix ... Tout était identique au passé. Son visage, son attitude... il n'avait pas changé, il restait fidèle à lui même, à Tom. Il incarnait le personnage que Ruby désirait. Celui en qui elle y trouvait du réconfort, de la sécurité. Elle l'avait aimé comme aucune autre femme n'aurait pu l'aimer. Elle lui avait tout donné. Elle y avait cru. Et du jour au lendemain, tout avait disparu. Un seul mot avait suffit, pour que six années de bonheur ne se réduise qu'en simples souvenirs.

" Un incapable, oui..."

Soupira t-elle tout en le repoussant doucement. Elle recula d'un pas, comme si elle cherchait à installer une barrière. Ils n'étaient désormais plus dans ce passé heureux. Non, le présent était beaucoup plus cru. Cela faisait un an qu'ils étaient sans nouvelle. Ruby avait pendant ce temps là vécu bien plus de chose qu'elle ne l'aurait imaginé. Quand à Tom... peut-être n'était-il plus le même. Elle ne le connaissait plus, au fond. En un an, une personne peut changer radicalement.
C'était comme si elle avait peur de ce nouvel inconnu qui lui faisait face. Comme si elle avait peur de découvrir une nouvelle personne, un être différent. Mais au fond, elle était persuadée que cet homme était Tom. Le Tom Kaulitz qu'elle avait toujours connu. Elle l'esperait.

" C'est fou ce que tu n'as pas changé. Je te retrouve un an aprés, et tu es toujours avec un verre à la main. Et à moitié ivre, en plus de ca. "