Avant la tombée de la nuit

Il n'y avait probablement pas que David qui marchait trop vite, à vrai dire. Morgane pressait le pas, un profond sentiment d'insécurité lui étreignant les entrailles. Et pourtant la journée, s'était plus que bien passée.

Le matin, elle s'était réveillée de meilleure humeur que d'habitude, réjouie par l'idée de s'échapper l'espace d'une journée du chateau et de toutes les horreurs qui s'y rapportaient. A savoir Rogue, les cours, et trop d'autres choses. Elle avait profité de la journée pour s'acheter l'une ou l'autre petite chose qu'elle avait pu dénicher dans les magasins bondés, profiter de la présence de gens qu'elle n'avait pas l'occasion de voir très souvent autour d'un verre à la taverne des Trois Balais, sans oublier d'errer, un peu plus seule cependant, dans le désormais familier dédale de rue du village. Mais le temps avait filé plus vite que prévu, et ce ne fut que lorsque que le soleil amorça sa descente derrière l'horizon que la jeune fille remarqua qu'il allait être temps de rentrer.

Sauf qu'à force de marcher, elle avait fini par s'éloigner énormément du centre ville et de l'accès à Poudlard. Surtout qu'elle n'avait pas vraiment fait attention aux rues dans lesquelles elle s'était engoufrée, alors ... Elle avait mis un peu trop de tmeps pour retrouver son chemin, et n'était même pas encore sure de l'avoir trouvé. Brusquement, le temps semblait s'être refroidi. Etrange étant donné la température clémente qui avait accomagné la journée, et le début de soirée même. Frissonant, elle ne commença à comprendre ce qui se passait que lorsque qu'un profond sentiment d'angoisse s'empara d'elle. Bien que convaincue que cela ne l'empêcherait pas d'être confrontée aux horreurs qui l'attendaient, elle se mit à courir. Elle courait, sans même savoir si elle était sur le bon chemin. Mais à quoi bon ...

Au fur et à mesure que ces pas l'emmenaient plus loin, sa peur s'apaisaient. Elle reprenait peu à peu conscience de l'aberration de sa course. Elle ne faisait que se perdre un peu plus. Au fur et à mesure qu'elle s'éloignait du coin glauque dans lequel elle pensait atterrir sur la tete de sanglier, la peur se dissipait, la raison revenait, la chaleur aussi. Jusqu'à ce que, à bout de souffle, elle se remette à marcher, d'un pas cependant encore rapide ... et qu'elle ne percute quelqu'un. Elle ne put s'empêcher de violemment sursauté, relevant les yeux vers ce visage, qui lui était presque familier.

- Oh ... je suis désolée, j'ai pas fait attention ou je marchais, je ... Désolée. Ecourta-t-elle, se rendant compte qu'elle se couvrait de ridicule à se confondre en excuse.

[A toi de voir si on se connait ou pas, un peu, beaucoup =P Et excuse moi d'avoir fait un pavé pareil XD Fait pas aussi long ]

[Okay =) Wai, c'est mieux que de tout recommencer ]

Lorsqu'elle osa enfin relever le visage, elle sentit une agréablement sensation de soulagement se répandre dans ses veines. Non, elle n'était pas face à un danger mais à un ami. David en l'occurence, qu'elle connaissait bien. Sa respiration se calma et un sourire se dessina même sur ses lèvres.

- Oh, David ... C'est pas grave. On a qu'a dire que c'est de notre faute à tous les deux. Conclut-elle pour mettre un terme à leurs excuses.

A son tour, elle lança un coup d'oeil derrière elle. Rien, mis à part les rues à présent désertes du village. Pas la moindre trace d'un quelconque danger. Ce qu'elle avait vu ne pouvait pas vraiment être qualifié de fantome. Par son âme, un fantome était plus vivant que ces créatures. Un léger frisson parcourut le dos de la jeune fille alors qu'elle repensait aux émotions qui l'avaient étreintes.

- Je sais pas si c'était un fantôme, mais ... S'interompit-elle, hésitante, pour finalement continuer. Ca m'étonnerait pas que des Détraqueurs trainaient dans le coin. Souffla-t-elle.

Elle n'osait pas parler plus fort, de peur d'être raillée par David. Après tout, elle ne se faisait peut-être que des idées, peut-être n'y avait-il absolument rien eu au détour de la Tete de Sanglier. Tout cela n'était-il pas que le reflet d'un sentiment d'insécurité persistant depuis que l'ombre de Rogue pesait sur le chateau ? Il allait la trouver ridicule ...

Visiblement, Morgane n'était pas complètement folle. Ainsi, David avait lui aussi remarqué la présence des détraqueurs. Mais qu'est-ce qu'ils faisaient dans un endroit pareil ? La dernière fois que c'était arrivé, c'était lorsque le Ministère était à la recherche de Sirius Black. Ministère qui ne contrôlait peut être même plus ses détraqueurs. Quoique maintenant que Voldemort tirait les ficelles du Ministère, on pouvait s'attendre à tout, même à trouver des détraqueurs en plein pré au lard, pour une raison aussi obscur que Ses actes.

- Je pense que ce ne seront même pas des soucis ... T'as raison, vaut mieux y aller. C'était assez horrible comme ca, je me passerais de recommencer.

Certes, subir l'effet horrifiant des détraqueurs était tout sauf de sa propre volonté. Elle lanca un regard à David, acquiesant l'idée de s'en aller. Peut lui importait où ils allaient, tant qu'ils s'éloignaient des détraqueurs.

- T'as raison. Répondit Morgane. On devrait essayer de revenir dans le centre, près des Trois Balais et des magasins.

Maintenant qu'elle était avec David, son envie de rentrer au chateau s'était quelque peu évaporée. La jeune fille préférait profiter de l'occasion qu'elle avait de se retrouver avec lui pour discuter un peu. Ca faisait longtemps, et puis, avec lui, elle se sentait plus en sécurité.

Morgane laissa David se saisir de sa main. Quelque part, ce contact la rassurait, elle n'était plus seule. Elle se laissa entrainer par le gryffondor dans les rues assombries de Pré-au-Lard. Les lueurs provenant des fenêtres de la Tête de Sanglier avaient quelque chose de presque surréaliste dans l'ambiance de plus en plus sombre qui enveloppait un village d'habitude si accueillant. Perdue dans ses pensées, elle fut surprise que David s'arrête aussi brusquement. La phrase qu'il ne termina pas amena Morgane à regarder dans la même direction que lui. La jeune fille sentit son sang se glacer dans ses veines. Peut-être était-ce une réaction démesurée face à une présence qui n'avait rien d'hostile, mais elle ne voulait pas prendre le risque. Elle lança quelques regards furtifs autour d'elle, repérant la même ruelle que David. Ne voulant prendre aucun risque, elle serra ses doigts autour de ceux de David.

- Viens. Murmura-t-elle, le tirant doucement sur leur gauche.

Si la silhouette qui leur faisait fasse n'était pas dangereuse, alors prendre cette ruelle ne changerait rien. Si elle l'était effectivement, l'alternative leur laisserait le temps de s'évaporer un peu plus loin. Morgane n'osa même pas se retourner pour vérifier qu'ils n'étaient pas suivis.

L'oppressant sentiment d'angoisse s'amplifia un peu plus encore lorsqu'ils se retrouvèrent face à l'immense mur qui leur bloquait le passage. Morgane sentit un nœud lui étrangler les entrailles, son regard se tournant vers David. Alors qu'ils se retournaient, les effets du Détraqueur se faisaient de plus plus pesant, et la frêle lumière qui éclairait l'entrée de la ruelle se mit à dangereusement vaciller. Le soulagement que lui procura la remarque de David fut si infime qu'elle n'était pas sure de l'avoir vraiment perçu. Cette fois-ci ce fut elle qui se laissa entrainer vers cette soit-disant issue. Le contact du bois froid rendit à Morgane l'espoir qu'ils parviendraient à trouver une issue. Une fois qu'ils se furent immiciés dans l'étroite pièce, la jeune fille referma tout doucement la porte. Elle savait que cela n'importait pas beaucoup, que le Détraqueur n'avait besoin que de leur odeur pour détecter leur présence, mais elle préférait tout de même faire le moins de bruit possible. Inutile de s'attirer plus d'ennui que nécessaire, surtout s'ils n'étaient pas seuls.

- Bonne question. On attend, ou on essaye de s'enfoncer un peu plus ? Proposa Morgane.

A vrai dire, elle avait du mal à empêcher sa voix de vaciller, mais elle ne voulait pas perdre contenance. Elle se serait volontier jetée dans les bras de David dans l'espoir de trouver un peu de réconfort et de se calmer mais elle trouvait que le geste déplacé, même avec l'exiguité de la pièce.
Chassant cette idée de son esprit, elle passa sa main sur le mur afin de trouver quelque chose, une porte, une embrasure ou n'importe quoi d'autre leur permettant de s'échapper. Tatonner était leur seule façon de voir dans l'obscurité qui les étouffait et se servir de leur baguette pour éclairer aurait été d'une imprudence particulière.

- Faut qu'on arrive à se tirer d'ici. Murmura Morgane, tentant de recouvrer son calme. Combat probablement vain.

Et innopinément, sa main percuta un bout de métal froid. Une clinche. Une porte. Une issue. La jeune fille abaissa la poignée qui laissa échapper un grincement. Elle fit une légère pression sur les doigts du Gryffondor, espérant lui faire comprendre qu'elle avait trouvé quelquechose.

Effectivement, lorsque Morgane faire un pas à travers l'ouverture, son pied buta contre ce que David avait identifié être un escalier. Elle se contenta d'émettre un léger bruit pour acquiescer son hypothèse, se laissant doucement emporter par le gryffondor, heureuse de la chaleur qui émanait de sa présence. Elle tentait de poser ses pieds le plus légèrement possible sur des marches qui parfois grincaient, et tout deux progressaient lentement vers l'étage supérieur. Leurs yeux, qui peu à peu s'étaient habitués à l'obscurité furent éblouis par une lueur en hauteur. Ils comprirent qu'il s'agissait surement du feu d'un âtre, au coin duquel se trouvait peut-être le propriétaire des lieux. Le murmure de David manqua presque de la faire sursauter.

- Y a qu'un moyen de le savoir ... Répondit Morgane. C'est trop tard pour faire demi-tour maintenant, pas question de ressortir.

Imitant le gryffondor, elle sortit également sa baguette de sa poche, l'enserrant fermement de sa main libre. Ils continuèrent et finirent par arriver en haut des escaliers. Comme elle s'y attendait, un feu ronronnait doucement dans l'âtre d'une cheminée, quelques fauteuils et une petite table réunis dans la lumière que les flammes produisaient. Aux murs, quelques cadres représentant probablement d'illustres sorciers ou de la famille, auxquels elle n'accorda aucun attention. Dans ce qui ressemblait à un petit salon miteux, son regard s'était fixée sur l'ombre qui obsurcissait le sol et une partie de la table basse.

Ses doigts plus serrés encore sur sa baguette, gardant un contact le plus étroit possible avec David, elle l'interrogea un instant du regard. Le brusque ronflement qui s'échappa du fauteuil à leur gauche fit sursauter Morgane, qui manqua de laisser échapper un cri. Il y avait effectivement quelqu'un. Par chance, peut-être, il semblait profondément dormir.

- Et maintenant ? Demanda la jeune fille, partagée entre inquiétude et soulagement.