Une rencontre inattendue

C'était un dimanche après-midi, et Clara avait passé la journée à flâner dans le parc en quête d'un rayon de soleil. Malheureusement, en cette période de l'année, le ciel de Poudlard était couvert part une masse compacte de nuages noirs et menaçants. Aussi, Clara ne se rendit-elle compte qu'il commençait à faire nuit que lorsqu'elle s'aperçut qu'il n'y avait plus aucun élève dans le parc, et que les lumières provenant des fenêtres du château étaient déja presque toutes éteintes. Clara se frappa le front. Le couvre-feu avait dû sonner depuis un certain temps déja. Il était certain qu'elle allait se faire punir en rentrant. Clara jeta un regard d'envie à la forêt interdite. Tant qu'à se faire punir, mieux valait en profiter jusqu'au bout...

Clara avait pris le sentier battu dont il valait mieux ne pas s'écarter, à moins de vouloir se faire piétiner par un centaure enragé ou manger par quelque loup-garou en quête d'un apéritif. S'enfonçant de plus en plus profondément dans la forêt, elle jouissait en silence de l'inquiétude qui la faisait frissonner si agréablement, de ce frisson typique de l'excitation aventurière. Chaque craquement de branche, battement d'une aile de chauve-souris, chaque souffle de vent faisant chanter les branches des arbres, provoquait chez la jeune fille une bouffée de cette peur délicieuse. Jusqu'à ce que...

Cette fois-ci, un craquement plus fort s'était fait entendre. Clara se figea et tendit les oreilles, serrant instinctivement les doigts sur sa baguette magique. Silence à nouveau. Clara soupira, soulagée, et rit de sa propre peur. Mais le bruit se fit entendre à nouveau. La jeune Gryffondor sentit ses nerfs se tendre et sa respiration s'accélérer. Venant des profondeurs de la forêt, quelque chose s'avançait vers elle. Clara pointa sa baguette magique droit devant elle. Non, là, elle avait VRAIMENT peur, d'une peur qui n'avait plus rien de drôle ni de plaisant. Et lorsqu'enfin la chose qui se dirigeait vers elle sortit de derrière les arbres et apparut à ses yeux, il lui fallut bien quelques instants avant de se reprendre et de reconnaître...

"David ?" demanda-t-elle d'une voix nerveuse, oubliant de baisser sa baguette magique.

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C'est en décidant de se rapprocher plus du sentier avant de se perdre dans la forêt interdite, que David entendit des bruits de branches qui craquaient sous les pieds. Il décida d'aller voir de plus prêt, préférant être prêt à affronter un quelconque danger que d'être pris par surprise. Sa baguette magique dans la main, il s'avança lentement. Etant dissimulé par l'obscurité dans les feuillages et par les arbres qui étaient relativement proches, il avait peu de chance d'être vu ; alors qu'il pouvait lui aisément voir dans le sentier qui était plus éclairé. Un sourire se dessina sur son visage lorsqu'il reconnu la personne.

C'était Clara. Apparament, la jeune femme l'avait entendu venir. David se pinça la lèvre pour se retenir de rire face à la peur qui se lisait sur le visage de son amie. Etant de bonne humeur, il décida de lui faire une petite blague. David sortit alors des profondeurs de la forêt, et entendit Clara prononcer son nom nerveusement.

- Dépêche toi... Vite ! cria-t-il en lui prenant la main pour l'inciter à courir. Derrière, un loup garou ! Il a tué une licorne et... pleins de centaure, maintenant... il arrive ! continua David en faisait mine d'avoir courru des kilomètres et des kilomètres.

Mais après quelques mètres, durant lesquels Clara semblait complètement terrifiée, David éclata soudainement de rire, ne pouvant plus se retenir plus longtemps. Se tenant contre un arbre pour ne pas tomber, il jeta un regard vers la jeune femme.

- Si tu... voyais ta... tête... Clara ! parvint-il à dire entre deux éclats de rire.

Clara vit David courir vers elle à toute allure, l'air essouflé, et il la tira par le bras, lui disant qu'un loup-garou non encore rassasié arrivait tout droit vers eux. Clara se maudit intérieurement d'avoir voulu venir faire un tour dans la forêt interdite en pleine nuit. Quelle idée franchement... Elle avait eu envie d'action, de prise de risques, de montée d'adrénaline, eh bien, c'était gagné, elle avait peur maintenant, très peur. Courant derrière David, Clara n'osait pas se retourner pour voir où en était le prétendu loup-garou, lorsqu'elle vit soudain David s'arrêter et éclater de rire. Et l'évidence sauta aux yeux de la jeune fille.

"ESPECE D'ABRUTI !" cria-t-elle, furieuse, en ramassant par terre un gros morceau d'écorce d'arbre avant de le lancer sur David.

Clara lui jeta un regard furibond et croisa les bras, le coeur encore battant sous l'effet de la peur non encore complètement dissipée.

"De toute façon c'était raté, je t'ai pas cru une seconde." fit-elle en fronçant un sourcil dédaigneux. "Les loup-garous ont plus peur de moi que moi d'eux, si tu veux savoir !"

Clara s'apprêtait à ajouter encore quelque phrase de ce genre, lorsque des bruits se firent entendre venant, à nouveau, des profondeurs de la forêt. Clara jeta un regard noir à David.

"Hahaha, très drôle, vraiment hilarant..." lui lança-t-elle. "Je parie que t'as jeté un sort aux buissons, très futé... Maintenant arrête ça tout de suite !" fit-elle d'un ton nerveux, tandis que les bruits se faisaient de plus en plus entendre...

- Eh ! cria David en protegeant sa tête de ses bras pour éviter que le morceau d'écorce d'arbre que Clara venait de lui lancer le blesse au visage. Si tu me tues comment tu feras pour retrouver ton chemin ?

David continua encore à ricaner quelques instants avant que son fou rire ne passe complètement. Il était assez fier de son coup, et ne répondit rien à Clara lorsqu'elle le traita d'abruti. C'était plutôt gentil, si David aurait été à la place de la jeune femme il ne se serait pas gêné pour le traiter de tous les noms qui lui passaient par la tête.

- Tu crois que je vais avaler ça ? Tu m'as cru sur toute la ligne, ça se voyait rien qu'à ta tête !

A peine eut-il terminé sa phrase, que des bruits se firent entendre. David tourna la tête vers l'endroit d'où provenaient les bruits, scrutant les profondeurs de la forêt afin d'en connaître l'origine. Clara l'accusa d'avoir jeté un sort aux buissons.

- C'est bon Clara, je sais que c'est toi pour te venger de ce que je viens de te faire ! Tu me prends vraiment pour un idiot...

Clara fronça un sourcil et jeta un regard noir à David. Il venait de faire semblant de croire que c'était elle qui avait jeté le sort au buisson, mais il ne l'aurait pas cette fois-ci, elle ne le croirait pas. D'ailleurs, à propos du loup-garou, si elle l'avait cru tout à l'heure, c'était sous l'effet de la panique ; mais si elle avait eu le loisir de réfléchir deux secondes, elle se serait vite rendue compte que c'était impossible, vu que la pleine lune n'était que dans une semaine. Quoique... Clara leva lentement vers la tête vers le ciel, espérant de toutes ses forces que non, ce n'était pas ce qu'elle soupçonnait, mais malheureusement, ça l'était : la pleine lune était bien là, haute à l'horizon, s'étalant dans le ciel comme une crèpe géante. Clara tourna vivement le regard vers l'endroit d'où l'on entendait du bruit. Ce n'étaient plus seulement des craquements de branches, mais un souffle rauque, un râle haletant, quelque chose qui ressemblait à un grognement de chien... ou pire. Clara lança un regard affolé à David.

"Arrête... David, arrête-ça tout de suite, d'accord, j'avoue, je suis morte de peur, mais arrête ça TOUT DE SUITE !" lança-t-elle.

Avec les craquements de branches qui se faisaient de plus en plus entendre s'ajouta un souffle rauque. David jeta un regard vers Clara. Elle semblait vraiment paniquée, si bien que le jeune homme commençait à avoir quelques doutes. Soit elle jouait très bien la comédie, dans ce cas là elle mériterait surement un oscar ; ou bien elle était sincère, et n'avait rien à voir avec les étranges bruits qui émanaient de la forêt. Le doute s'installa de plus en plus, et il commença à son tour à paniquer. David s'approcha un peu plus de Clara, serrant si fort sa baguette magique qu'il en avait des crampes à la main.

- C'est bon Clara, je suis vraiment désolé pour tout à l'heure, dit David en fixant les buissons. Mais maintenant...

A cet instant, une silhouette sortit des profondeurs de la forêt. Plongée dans les ténèbres, elle semblait s'approcher d'eux. Le dos courbé, des yeux perçants dans l'obscurité, de longues pattes avant. Dans le ciel noir comme de l'encre, un nuage laissa place à la lune, éclairant ainsi la clairière où ils se trouvaient, et leur révélant la nature de cette étrange silhouette : c'était un loup garou.
David prit pour la deuxième fois de la soirée la main de Clara, et ils se mirent à courir afin d'échapper à la créature. A présent, il n'avait plus du tout envie de rire, et s'en voulait presque de la blague qu'il avait faite qui leur avait fait perdre un temps fou au lieu de s'enfuir lorsqu'il en était encore temps. David jeta un oeil derrière lui. La bête se rapprochait de plus en plus. Un jet de lumière rouge jaillit de sa baguette, mais en courant, le jeune homme ne parvenait pas à viser correctement pour stupéfixer le loup garou.

Lorsque la lumière de la pleine lune éclaira le loup-garou qui se situait à une dizaine de mètres d'eux, Clara comprit enfin que David n'était pas en train de lui faire une nouvelle blague ; cette fois, ils étaient vraiment dans le plus grand danger. Clara sentit David la prendre par la main et tous deux se mirent à courir le plus vite qu'ils pouvaient, tandis que le loup-garou grattait le sol d'une patte pour prendre de l'élan avant de commencer à leur courir après. Imitant David, sans se retourner, Clara lança quelques Stupéfix par-dessus son épaule, mais aucun des rayons rouges ne sembla atteindre le loup-garou. Cependant, cela avait au moins pour mérite de le ralentir en l'obligeant à faire des bonds de côté pour éviter les sorts ; sinon, il les aurait déja rattrapés depuis longtemps...

Un couinement soudain se fit entendre. Visiblement, un des sortilèges lancés au hasard par David et Clara avait atteint le loup-garou. Clara n'osa pas s'arrêter de courir et se retourner pour vérifier. Les deux Gryffondor continuèrent à courir pendant quelques dizaines de secondes, puis se jetèrent derrière l'arbre le plus proche, essouflés. Malheureusement, les sortilèges de Stupéfixion n'étaient pas de longue durée sur les loup-garous, et celui-ci ne tarderait pas à se réveiller. Par ailleurs, David et Clara, pris de panique au moment de l'apparition du loup-garou, n'avaient pas du tout réfléchi à courir vers l'orée de la forêt ; aussi s'étaient-ils enfoncés très profondément dans les bois, et énormément écartés du chemin. Autant dire que c'en était fini pour eux. Dès que le loup-garou se réveillerait, il reniflerait leur odeur et ne tarderait pas à les retrouver... Et même dans le cas miraculeux où ils parviendraient à le neutraliser à l'aide de sortilèges, ils ne pouvaient nier qu'ils étaient complètement perdus, et n'avaient aucune idée de comment ils pourraient rentrer au château...

Tentant de reprendre une respiration normale, exténuée par la course qu'ils venaient de faire, Clara jeta un regard paniqué à David.

"On est foutus..."