I'm no Superman

27/37/47

「 I'm no Superman 」

Chris & Freya

13 minutes et 37 secondes. C’était le temps qui séparait encore Chris de la fin de sa journée de cours, et c’était encore trop pour lui. Le jeune homme n’avait pas encore repris l’habitude du rythme scolaire, de devoir rester des heures à gratter le parchemin, écouter le professeur en silence, répondre à des questions évaluant nos connaissances et une fois de retour dans sa chambre, devoir encore réviser, apprendre pour les prochaines interrogations et faire des devoirs interminable. Les professeurs le confondaient avec un super héros capable de tout faire, c’est ça ? Cela avait d’ailleurs commencé à se ressentir sur ces notes, ces dernières ayant commencées à baisser. C’est vrai que le niveau était plus élevé que lors de ses études à Poudlard, mais au moins là bas il s’en était toujours sorti sans trop d’effort, ne révisant que l’avant-veille et se contentant d’avoir quelques points au dessus de la moyenne nécessaire. Il faut dire, depuis qu’il avait quitté son ancien collège magique, il y a deux ans de cela, il avait surtout fait des choses qui lui plaisaient vraiment. Voyager avait rempli la plus grosse partie de cette période, que cela soit avec ses anciens compagnons de Poudlard ou seul, et cela l’avait rendu heureux. Cuisiner aussi, que ce soit au le restaurant de sa mère dans son pays natal où dans les restaurants locaux des pays dans lesquels le garçon voyageait. Chris avait choisi de profiter de la vie à sa manière et en gardait des souvenirs merveilleux. Et c’est bien pour cette raison qu’à aucun moment il n’aurait pensé reprendre ses études ! Bien sûr, il était content d’avoir ainsi retrouvé d’anciens amis qui lui sont chers et de pouvoir les voir au quotidien, mais en dehors de l’étude de la métamorphose, il lui semblait que l’apprentissage dispensé ici était un calvaire. Mais par les temps et le climat actuel, quel autre choix avait-il vraiment ?

L’horloge continuait de tourner au ralentit alors que l’élève de Sinistros se forçait à retranscrire l’enseignement du professeur d’histoire des médias, cours dispensé dans son cursus de journalisme. Malgré ses efforts, l’élève ne pouvait retenir ses pensées de divaguer et d’imaginer comment se serait déroulée sa journée s’il n’avait pas eu cours. Il se serait déjà très probablement couché tard la veille, essayant à nouveau de finaliser sa transformation en animagus qui n’avançait pas au goût du Chris, ou dans la salle commune de Sinistros avec Lana, parlant de tout et rien comme au bon vieux temps. Sa journée aurait du coup commencée de bon matin, aux environs de 14h pour rattraper son sommeil. Après sa routine "matinale" constituée d'un entrainement physique rapide pour garder la forme et suivi d'une douche froide. Ensuite il serait sûrement sorti en ville ou dans les jardins d’Haveirson, n’aimant pas vraiment resté cloisonné dans sa chambre ou au château malgré le froid environnant. Il aurait pu boire quelques coups avec ses amis et chercher du travail en temps que cuisinier à Pré-au-lard, pas forcément dans cet ordre là. Ou alors, encore mieux, il aurait pu préparer une mauvaise blague à faire, que ce soit au concierge ou à un pauvre élève malchanceux. Pour dire vrai, la victime aurait sûrement été un élève malchanceux. Contrairement à Poudlard où Rusard n’avait pas de pouvoir, étant comme sa sœur un Cracmol, le concierge aussi savait se servir de sa baguette, et plutôt bien, le bougre. Chris l’avait constaté peu après son arrivé, lors de sa première tentative réussie de coup fourré, qui avait fini en course poursuite pour échappé au concierge nommé Glenn Matthews, de ce qu’il avait compris. L’élève ne put retenir un sourire en y repensant, car il avait dû avoir recours au sortilège magique « Colloshoo » pour réussir à le semer, ce qui pouvait être considérer comme un deuxième mauvais coup. Depuis, Chris faisait bien attention de l’éviter et les rares fois où cela arrivait, le concierge lui jetait un regard diabolique.

L’agitation alentour lui apprit que le cours venait de se finir, et c’est sans attendre que le garçon rangea ses affaires dans son sac avant de disparaitre de la salle. Enfin la liberté ! Il n’attendait que ça depuis ce matin et à présent qu’il y était, il comptait bien en profiter. Il passa en coup de vent dans sa chambre pour déposer ses affaires de cours et prendre au passage son livre du moment, « 1 001 métamorphoses" de Percival Ulysse Xoc » juste au cas où il aurait du temps pour lire cet ouvrage de référence. Qu’allait-il pouvoir faire ? Essayer de retrouver un de ses amis pour voir ce qu’ils avaient de prévu ? Prenant en compte la taille du château, il pourrait sûrement y passer la fin de journée sans même être sûr de trouver l’un d’eux. Non. Ce qu’il voulait faire, c’était s’amuser comme le gamin qu’il était au fond de lui. Se mettre à la recherche d’un mauvais coup à perpétrer, au du moins en préparer un. Et il avait déjà une idée, un petit projet qui lui trottait en tête depuis quelque jour.

Ces derniers temps, il avait trouvé son amie Mia pas très encline à sourire, sûrement pour quelques problèmes dans son quotidien dont elle n’avait pas vraiment voulu lui parler, et une petite aventure chargée d’adrénaline lui ferait sûrement retrouver le sourire. Enfin par aventure, il ne pensait pas à ce que vous pensez. Enfin si, peut être que c’est ce que vous pensez, tout dépend du niveau de perversité de votre esprit, sachant que les deux étaient sortis ensemble à un moment. Enfin bref, ce qu’il voulait, c’était changer les idées de la jeune fille en créant une situation où elle n’aurait d’autre choix que de vivre l’instant présent. Pour cela il avait besoin de quelque chose de bien particulier, vu en cours de potion lors de ses années à Poudlard, qu’il aurait pu fabriquer lui-même, mais dont la préparation lui aurait prit un mois. Il avait besoin de polynectar. Sans entrer dans les grandes lignes de son plan machiavélique, le garçon avait prévu de soit prendre l’apparence de la jeune fille pour l’attirer dans de drôles d’ennuis, soit prendre l’apparence d’un professeur, chose difficile car cela nécessitait de récupérer un de leur cheveu et la faire tourner en bourrique. Drôle de façon de montrer son amitié pensez-vous ? Chris n’a jamais prétendu être le meilleur pour ça ! Et puis si on ne peut plus se permettre de faire des coups comme ça à son ex, à qui peut-on le faire !? Il prit donc tout naturellement la direction du rez-de-chaussée où se trouvait le laboratoire de potions dans l’intention d’en emprunter, de manière plus ou moins légale. Chris se faufila discrètement à l’intérieur de la salle, referma la porte derrière lui et se mit à la recherche d’une fiole contenant le précieux liquide. Il se rappelait étrangement bien de ses cours de potion et était certain de réussir à l’identifier s’il en voyait. Bingo. Deuxième placard, étagère de droite. C’est presque trop facile, se dit-il mentalement. Et l’univers ou le destin, appeler sa comme vous voulez, se fit un malin plaisir de le contredire aussitôt. Alors qu’il avait le flacon en main, il entendit s’enclencher la poignée de la porte. A toute vitesse, il glissa dans sa poche la potion alors que la porte finissait de s’ouvrir sur lui, le montrant seul dans la pièce sans aucune occupation apparente. L’élève croisa mentalement les doigts pour que ce ne soit pas un professeur, car il aurait du mal à trouver une explication crédible de manière aisée. Si seulement il avait été plus rapide. Un super héros ne se serait pas fait avoir aussi facilement, lui.

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La journée s’étirait avec langueur, refusant de s’achever, d’offrir à Freya le repos auquel elle aspirait depuis des jours déjà. Si elle parvenait à se maintenir à jour dans son travail scolaire, ses recherches étaient plus délicates à mener de front avec ses missions, ses entraînements, et la vie de façade qu’elle tentait d’ériger en guise de protection contre la curiosité du monde extérieur. C’était une protection complexe à manier, aussi fragile qu’un château de cartes, qui manquait de s’écrouler au moins élément qui s’y greffait – et Freya n’avait jamais brillé par sa patience, en dépit de sa méticulosité, de son obstination envers les tâches qu’elle décidait de réaliser.

C’était sans doute pour cela qu’elle avait enfin réussi, après des mois de tentatives infructueuses, d’errements et d’expérimentations hasardeuse – la potion Tue-Loup. Sa texture, sa couleur, la fumée qui s’en échappait ; tout semblait être cohérent, suivre les instructions laissées par Damoclès. Mais elle ne pouvait se permettre de faire une erreur avec une telle potion, de travailler sur une base erronée dans ses recherches. C’était pour cela que, lors de son dernier passage à Ste Mangouste, en mars, elle s’était procuré un échantillon qu’elle savait parfait pour le comparer à sa potion.

En poussant la porte du laboratoire de potions, elle ne s’attendait pas à croiser qui que ce soit ; c’était un de ses nombreux refuges, dans lesquels elle passait bien plus de temps que dans sa propre chambre à l’Académie. Celle-ci se retrouvait progressivement désertée de ses affaires alors qu’elles les déplaçaient vers la maison où s’échappait régulièrement, parfois rejointe par Rowan – et cette pensée lui arrachait un sourire amusé à présent, parfois même un rire lorsqu’elle se remémorait ses errances ; mais il demeurait attendri.

Se retrouver face à Chris la força à s’arrêter net dans son mouvement, l’observant avec suspicion, tenter de déceler ce qu’il pouvait bien faire ici – ce n’était pas vraiment pour son cursus.

« Bah alors, tu t’es perdu sur le chemin du stade de Quidditch ? » fit-elle en déposant son sac sur une des paillasses.

Tout en sortant ses affaires, elle balaya rapidement l’armoire du regard pour voir s’il n’était pas venu choper quelque chose – pas que cela l’indigne, mais elle était curieuse de savoir ce que son ami pouvait bien faire ici.

« Sérieusement, qu’est-ce que tu fais ici ? »

Freya avait l’habitude de la turbulence de son camarade ; des mauvais coups qu’il pouvait enchaîner, des blagues qui ne faisaient parfois rire que lui, rarement leur victime. C’était quelque chose qu’il fallait accepter comme on acceptait le caractère du professeur Rogue et son manque flagrant de pédagogique – mais son génie l’avait toujours racheté à ses yeux, et c’était sans doute ce qui lui avait permis de nouer une relation pas trop compliquée avec son professeur, plus que largement basée sur un respect mutuel et une appréciation de leurs talents.

Déposant avec soin ses échantillons sur le plan de travail, elle commença à disposer les ingrédients dont elle avait besoin sans lâcher son camarade du regard, curieuse de connaître son excuse – et surtout, curieuse de savoir si elle avait parvenir à déceler la vérité ou non.

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「 I'm no Superman 」

Chris & Freya

Chris failli et je dis bien failli, laisser échapper un soupir de soulagement en se retournant et voyant que ce n’était pas un professeur mais Freya qui se tenait devant lui. Il essaya cependant de garder une expression décontractée et de ne pas montrer qu’il était soulagé. La jeune fille le connaissait plutôt bien et il n’était pas sûr de pouvoir lui cacher aussi bien ses émotions qu’il l’aurait souhaité en ce moment, mais il préférait au moins essayer. Imaginer un peu qu’elle lui tire les vers du nez à propos de la potion qu’il venait de mettre dans sa poche et que cela arrive, d’une façon ou d’une autre, aux oreilles de sa future victime ? Le garçon accueilli avec un sourire la remarque ironique de sa camarade. Comme s’il pouvait se perdre en se rendant au terrain de Quidditch, ou où que ce soit d’autre !

- Non, l'entrainement de Quidditch c’est mercredi tu devrais le savoir depuis le temps ! rétorqua-t-il ironiquement

Le garçon la regarda s’installer et déposer les affaires qu’elle sortait de son sac. Chris pouvait apercevoir quelques flacons, des notes manuscrites et d'autres choses. Il était à peu près sûr que même en essayant très très fort, il ne comprendrait absolument rien à tout cela. L’amour de son amie pour les potions égalait sans aucun doute son amour à lui pour la métamorphose, ce qui signifiait donc que ce n’était pas au niveau d’un élève moyen, ce qu’était Chris lorsqu’il pratiquait encore cette matière.
Il remarqua le rapide coup d’œil qu’elle jeta en direction de l’armoire laissée ouverte dans son dos et comprit qu’elle devait se douter de quelque chose. Zut ! Elle le connaissait apparemment assez bien pour savoir qu’il ne viendrait jamais dans un laboratoire de potion par plaisir. Si elle insistait pour savoir, il aurait du mal à se trouver une excuse, l’étude des potions ne faisant même plus partie de son cursus. Et les toilettes n’étaient même pas proches de cette salle, justifiant le fait qu’il se serait trompé de porte. Alors qu’il finissait de se faire cette réflexion, Freya le questionna avec plus d’insistance. Bon, il avait déjà menti des dizaines et des dizaines de fois à des professeurs ou concierges pour perpétrer ses mauvais coups, voir même à des élèves parfois et était, avec le temps, devenu très bon à ça. Mais il ne se voyait pas mentir sérieusement à son amie, sauf bien sûr en cas de nécessité extrême. Après tout, il n’aimerait pas qu’on lui mente pour un oui ou pour un non. Cela lui laissait donc une solution : dire la vérité. Ou alors…

- J’ai fini mon sirop pour la toux et je venais voir si vous n’auriez pas quelque chose ici pour le remplacer ! J’imagine que quelqu’un a bien dû inventer une potion miracle non ? Ça tombe bien que tu sois là, tu dois sûrement le savoir mieux que moi !

L’humour et le détournement de conversation. C’était à peu près comme un petit mensonge pour certains, mais pour peu qu’on soit suffisamment convaincant, cela pouvait devenir une simple blague et relancer le sujet sur autre chose. Bien sûr, Chris ne sous-entendait pas qu’elle était assez bête pour se faire avoir et il savait qu’elle se rendrait compte de la manœuvre tentée ici. Mais elle pourrait choisir d’insister pour vraiment avoir le fin mot de l’histoire ou laisser couler si elle n’était pas trop curieuse de la raison de sa présence ici. Il avait prononcé les mots d'une voix naturellement enjouée, comme à son habitude et en regardant la jeune fille. Ce serait du 50/50 cette fois ! Chris afficha son sourire le plus confiant en regardant la jeune fille, tout en sentant dans sa poche le poids de la fiole.

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12/08/2005

Les mystères d'Haveirson

L'homme n'était pas sorti beaucoup depuis le banquet qu'il avait donné quelques semaines plus tôt. Les choses ne s'étaient pas exactement passées comme prévu et il s'était retiré pendant un temps afin de revoir la stratégie. Il avait trop tardé avant de se montrer et maintenant, les étudiants doutaient de lui... Et il n'avait pas réussi à les convaincre et à taire leurs interrogations. Pour ne rien arranger, sa sortie précipitée et les trois étudiants qui l'avaient suivis pour finalement se retrouver dans la piscine de l'école sans souvenirs de leur visite dans ses appartements avaient eu des conséquences qu'il se serait bien épargné.

Mais maintenant, il était prêt à se montrer davantage et à faire connaissance avec les jeunes gens qui fréquentaient son château. Tant qu'à assurer le rôle de directeur auprès d'eux, aussi bien les connaître un peu mieux et s'impliquer davantage dans la vie étudiante.

Il déambulait donc dans les couloirs, histoire de se montrer un peu. Les étudiants qui le croisaient le saluaient avec politesse pour la plupart, bien que certains, qui le craignaient visiblement, baissaient les yeux et accéléraient le pas. Il nota mentalement la nécessité de se montrer avenant et bienveillant envers eux ; ils n'avaient pas besoin de le craindre. Oui, il était parfois sévère et oui, il aimait que le règlement soit respecté, mais nul besoin d'avoir peur tant et aussi longtemps qu'ils se comportaient bien. Il n'était pas un monstre, après tout !

Il croisa quelques visages familiers à qui il envoya une salutation respectueuse alors que ses pas le guidaient vers le sous-sol. Un peu plus loin, il vit une jeune femme entrer dans ce qu'il croyait être le laboratoire de potions. Sans doute une étudiante qui avait quelques travaux pratiques à faire. En passant devant la porte, néanmoins, il fut attiré par la question qu'il l'entendit poser à quelqu'un d'autre. C'est le ton qu'elle avait employé qui avait capté son attention. Après une courte réflexion, il décida d'entrer pour vérifier ses doutes.

La situation fut très rapidement analysée par son regard perçant et ses excellentes habiletés. La jeune femme déballait ses affaires ; elle devait étudier dans le domaine, à voir le contenu de son sac. Le jeune homme qui lui faisait face souriait, d'humeur joyeuse, près d'une armoire dont la porte était encore ouverte, une main glissée dans sa poche. Il n'avait pas de matériel scolaire avec lui, encore moins du matériel à potions. Il était donc entré ici pour une raison autre que le travail pratique. L'armoire ouverte et la main dans sa poche ne laissaient pas tellement de doute. Mais avant de l'accuser, peut-être à tort, ou de passer encore une fois pour un monstre de sévérité, l'homme imprima un sourire bienveillant sur son visage charismatique.

- Bonsoir, jeunes gens. Vous dérangerais-je ?

Sujet: Re: I'm no Superman Ven 4 Mar 2016 - 18:48

La réponse, évasive, était une tentative de détournement de conversation bien trop grossière pour qu’elle ne l’identifie pas immédiatement comme telle. S’asseyant tranquillement à sa paillasse, elle garda un sourire narquois aux lèvres tout en lui répondant ;

« Si tu voulais un sirop pour la toux, tu aurais dû aller à l’Infirmerie, crétin » commenta-t-elle. « Allez, avoue, t’as piqué quoi ? »

Elle aurait volontiers continué cette petite joute pour l’obliger à lui montrer le flacon qu’il avait très visiblement chapardé – car l’expression typique de ceux qui se faisaient prendre la main dans le sac s’étalait sur son visage – si la porte ne s’était pas rouverte, laissant quelqu’un qu’elle n’avait jamais véritablement rencontré entrer. Pourtant, elle ne mit que quelques instants à l’identifier, tant on lui avait parlé de lui ; et on n’avait pas fait que lui parler de sa personne.

On lui avait parlé de ses actes ; des miroirs glaçants, des conséquences lorsqu’on le défiait ; des brûlures et des dommages infligés. Mais elle n’aurait pas eu besoin de tous ces témoignages pour savoir qu’il s’agissait de quelqu’un de dangereux, puisque la part de gâteau au chocolat qui apparaissait mystérieusement tous les matins sur sa table de chevet était un rappel suffisamment cuisant de cette blague, légère, qu’elle avait apposée sur son parchemin et des évènements qui l’avaient suivi.

Un goût de bile envahit immédiatement sa gorge alors qu’elle posait ses yeux noirs sur le nouveau venu, précédent de quelques secondes à peine le raidissement de ses muscles, filés de tension. Ce n’était sans doute pas passé inaperçu, mais Freya ne tentait pas d’être discrète, aujourd’hui. Elle était loin d’elle la seule à se méfier du propriétaire des lieux, après tout.

« Bonjour, monsieur le Comte. »

Elle remua légèrement les épaules, se forçant à les détendre et à dissimuler la méfiance qui l’avait soudainement envahie, et s’occupa d’allumer ses chaudrons tout en continuant de parler ;

« Nous étions simplement en train de discuter » répondit-elle tout en surveillant les feux et leur puissance. « Vous voulez utiliser le labo… ? »

S’il comptait l’utiliser, il pouvait être certain qu’elle n’allait pas s’attarder par ici, de peur que des limaces géantes l’attaquent dans son sommeil pour avoir renversé un pot d’yeux de scarabées ou quelque chose du genre.

27/37/47

「 I'm no Superman 」

Chris & Freya

Il s’apprêtait à répondre à la remarque de Freya pour confesser son crime devant l’insistance de la jeune fille et ne craignant pas vraiment qu’elle ébruite l’affaire lorsqu’un homme qu’il n’avait jamais vu entra dans la pièce. Sa première réflexion fut que ce devait être un des professeurs de l’académie, son cursus étant spécialisé dans le journalisme il ne connaissait qu’un très faible pourcentage des enseignants. Se sachant en posture délicate avec la fiole dans sa poche, il n’en perdit néanmoins pas son sourire. Jusqu’à maintenant il avait menti avec peu de conviction car c’était son amie, mais à présent qu’un adulte était présent il risquait beaucoup plus gros. Il allait devoir mentir de façon propre et sérieuse. Si lui avait réussi à conserver un calme apparent, sa camarade Sinistros elle s’était crispée lui sembla-t-il. Le connaissait-elle pour réagir ainsi ? L’inconnu leur adressa la parole et Freya répondit aussitôt. Réponse qui fit parcourir un frisson dans son dos. Comte ? LE Comte ? Comme dans la phrase « L’académie appartient au Comte ? ». Ok, maintenant il était vraiment dedans, et jusqu’au cou. Il avait entendu nombre de rumeurs à son sujet qui lui faisait penser que s’il souhaitait s’en sortir, il allait devoir parfaitement jouer ses cartes. Malgré son envie de s’écarter de l’armoire et de retirer sa main de sa poche, il se retint, sachant que ça ne ferait qu’éveiller les soupçons. Aucune erreur n’était permise. Il attendit que les battements de son cœur prennent de nouveau à rythme normal pour que sa voix ne le trahisse pas avant de répondre. Heureusement pour Chris, Freya semblait être d’accord pour le couvrir.

- Bonsoir Monsieur le Comte, c’est un plaisir de vous rencontrer enfin. Comme l’a dit ma camarade de confrérie, nous discutions simplement. Elle passe ses journées ici, alors je n’ai d’autre choix que l’accompagner pour passer du temps avec elle.

Le tout avait été prononcé sans une seule hésitation mais pas de manière précipitée non plus, un sourire poli aux lèvres. Après tout, le Comte était sûrement la personne la plus importante de l’université. Enfin non, mais en tout cas la plus influente ! Le minimum qu’il se devait pour ne pas attirer l’attention était d’être courtois, même si c’était difficile à cause de toutes les histoires qu’il avait entendu. Chris ne souhaitait pas être sa prochaine victime et ferait ce qu’il fallait pour ça. Le voilà qui recommençait à regretter de ne pas être un super-héros…

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12/08/2005

Les mystères d'Haveirson

La politesse forcée, les crispations apparentes et les sourires inconfortables faisaient partie de son pain quotidien ; la plupart des gens qu'il croisait n'étaient ni agréables à son égard, ni impolis pour la plupart. C'était sa faute, il le savait. Sa faute et celle des autres. Ils n'avaient pas bien joué leurs cartes.

La jeune femme s'adressa à lui avec cette politesse insipide et frelatée. Il lui rendit un sourire dissonant par sa sincérité. Ainsi donc, ils étaient simplement en train de discuter... Oh, elle ne mentait pas, bien entendu. Mais leurs actions ne lui étaient que de peu d'intérêt, contrairement au contenu de leur discours qui lui, semblait porter sur un geste fâcheux ayant été commis par le jeune homme devant l'armoire.

Celui-ci le salua à son tour, faisant état de son plaisir de le rencontrer, plaisir que l'homme savait être complètement faux. Encore une fois, une formule de politesse qui n'était portée par aucune authenticité. Son discours était toutefois plausible et même si l'homme avait la puce à l'oreille concernant le mensonge, il n'avait aucun moyen de prouver son impression sans poser directement ses accusations. Cela n'aiderait pas sa cause, il le savait fort bien... Les étudiants ne le trouveraient que plus désagréable. Néanmoins, pouvait-il laisser se produire ce qui contrevenait au règlement sans réagir ?

Alors même qu'il se posait la question, une fulgurante douleur à la tête lui fit crisper son visage en une grimace de souffrance. Ses mains se posèrent sur ses tempes alors qu'il contenait un gémissement. Sa vue s'assombrit peu à peu jusqu'à ce que la pièce qu'il voyait devant lui disparaisse complètement au profit d'une réplique de la même pièce, vaporeuse, étourdissante, pièce qu'il voyait maintenant d'un tout autre point de vue, un peu en hauteur, face à la porte. Il distingua alors les traits du jeune Sinistros qui était entré dans la pièce, avait ouvert l'armoire, avait choisi une potion et l'avait dissimulée dans sa poche. Il vit la jeune femme entrer, puis se vit faire de même quelques instants plus tard.

La vision cessa, le laissant transi, à bout de souffle et couvert de transpiration. Il tourna sur lui-même, à la recherche de l'origine de cette vision, et son regard se posa sur le miroir posé sur le mur à quelques mètres de lui. Parcourant à grandes enjambées la distance qui l'en séparait, son coeur fit un bond quand ce qu'il vit confirma ses soupçons. Le point de vue qu'il avait dans sa vision provenait de là. Soit devant le miroir, soit dedans...

Qu'est-ce que cela pouvait-il bien signifier ? D'où provenait cette vision ? Et surtout... De qui ?

Quelqu'un qui voulait forcément lui prouver que le jeune homme avait dérobé une potion...

Fort troublé, l'homme adressa à peine un regard aux jeunes gens avant de se diriger vers la sortie, alors qu'il lançait, sur un ton ferme, menaçant et sans réplique :

- Si vous ne remettez pas cette potion là où vous l'avez prise, Monsieur Hamilton, c'est moi qui vous remettrai à votre place.

Et il sortit.