Se ressourcer

Vela était satisfaite de sa journée. Tout s'était déroulé bien mieux que ce à quoi elle s'était attendue. Elle, d'habitude si réservée, avait rencontré bien plus de monde en vingt quatre à l'académie que durant les six derniers mois. Noué des liens avec des personnes qu'elle ne connaissait pas lui semblait être un exercice bien difficile mais au fur et à mesure de ses échanges, elle avait eu de plus en plus de facilité à se sentir à l'aise et avait même réussi à laisser tomber le masque à quelques reprises. Mais Rome ne s'était pas fait en un jour et c'est pourquoi elle avait besoin d'un peu de tranquillité à l'écart des autres étudiants pour se retrouver.

Le bilan de la journée était assez positif : elle avait découvert sa confrérie, celle des Abraxans où elle allait passer les prochaines années et avait même poser ses valises dans une chambre double avec une autre étudiante. Megan. Une jeune femme avec qui il lui semblait partager quelques points communs même si il était encore trop tôt pour être sûr que le contact passerait réellement bien. Cette dernière lui avait proposé de la rejoindre après avoir quitter le dortoir pour boire un verre comme elle avait été invitée par des amis à elle qui faisaient partie aussi de l'Académie, mais l'ex-Serpentard avait déjà donné rendez vous à Lanalia, une autre de ses rencontres du jour, la première personne à qui elle avait osé parler en arrivant. Elles étaient parties en expédition dans le château et avaient fini par passer un bon moment sans se soucier de l'heure qui tournait. Elle espérait donc que sa colocataire ne lui en tiendrait pas rigueur de ne pas l'avoir rejointe comme elle l'avait si gentiment proposée. A moins qu'elle ne s'était en réalité sentie obligée... Bon, évitons la paranoïa, les raisons même de l'invitation n'avaient en fait que peu d'importance.

C'est sur ses réflexions que Vela atteint le ponton qui avançait dans la rivière qui entourait l'académie. Au loin, elle pouvait apercevoir un groupe d'étudiant qui semblaient passer un bon moment. Sûrement des retrouvailles amicales. Sans plus se soucier de leur lointaine présence, elle se déchaussa et s'assit au bord, laissant ses pieds trempés joyeusement dans l'eau. La sensation du courant sur ses extrémités la fit sourire et l'occupa si bien qu'elle ne se rendit pas compte de la présence qui venait troublait le calme ambiant.

Journée simple et tranquille. Malgré le soleil dehors, Jarod était resté cloîtrer chez lui tout l'après-midi. Avec, entre autre, les très prochains cours qu'il allait devoir donné, il se voulait préparé aux diverses éventualités. Par conséquent, il avait occupé la moitié de sa journée dans ses appartements, à réciter différentes incantations complexes, à travailler ses divers sorts informulés, et même à revoir quelques recettes de potions et quelques plantes qui pourraient lui servir.
En fin d'après-midi, alors qu'il s'acharnait à maîtriser un sort informulé plus complexe, il perdit contrôle de celui-ci, qui s'en alla ricocher sur son miroir, rasa sa tête, et s'écrasa contre un mur, laissant une trace sombre, visqueuse et odorante.

- Aah fuck this !

Il attrapa sa veste et sortit d'un pas rageur en claquant la porte.
Arrivé en bas de la Tour Céleste du château, il observa les alentours, repensant aux endroits qu'il avait visité. Jarod était du genre à connaître son environnements et prendre ses repères le plus tôt possible, et il connaissait déjà globalement tout l'intérieur du château. De l'extérieur cependant, il ne connaissait que la vue sur les jardins qu'il avait depuis ses appartements. Il décida alors d'en profiter pour se balader, prendre l'air, et finir de découvrir le château.

Il croisa plusieurs groupes d'étudiants, la plupart enthousiastes, probablement impatients de découvrir la nouvelle académie et ses secrets durant l'année. Il longea la rivière, observa les alentours pour se familiariser avec l'environnement, et remarqua une jeune femme assise seule sur le ponton plus loin. C'était bien la première qu'il voyait sans personne. Elle se tenait assise là, les pieds dans l'eau, et son air pensif fit sourire Jarod. Il décida d'aller à sa rencontre.

- Alors, cette nouvelle fac ? Plutôt impressionnante hein ?

Elle ne devait pas l'avoir entendu approcher car elle sursauta sur ces mots.

- Oh, pardon, je ne voulais pas vous effrayer jeune fille, fit-il avec un sourire en coin. Ca vous dérange si je m'installe ?

Sans vraiment attendre de réponse, il s'assit sur le ponton en croisant les jambes et regardant au loin.

- Et la vue est pas trop mal non plus, ajouta-t-il enfin.

Vela était en effet surprise d'être interrompu dans ses pensées à peine cinq minutes après s'être installée sur le ponton où elle espérait un peu de tranquillité. Cependant, le perturbateur ne semblait pas être l'un de ses jeunes en mal de conquêtes, prêt à tout pour obtenir une chose qu'elle n'aurait de toute manière pas offert, même sous la torture. Jetant un regard de biais sur l'homme qui tout en parlant, s'était installé à ses côtés, elle réfléchit à tout ce qu'il venait de dire. C'est fou ce qu'il était bavard ! Il posait des questions mais ne laissait même pas le temps à la personne en face de lui répondre qu'il enchaînait déjà sur autre chose.

Une fois qu'il eut finit son baratin sur la vue, elle attendit, voyant s'il allait avoir une nouvelle diarrhée verbale. A première vue, la crise s'était pour le moment calmée. Prenant sur elle, elle se décida alors à prendre la parole pour la première fois :

- Vous semblez bien excitée par la rentrée à l'Académie... Pourtant je ne vois aucun insigne d'une quelconque confrérie sur vos habits et vous semblez être un peu âgé par rapport au reste des étudiants que j'ai eu le plaisir ou non de rencontrer. Vous êtes ?

Vela ne s’embarrassait pas avec les convenances et était allée droit au but. A l'origine, elle était là pour avoir la paix et l'intrus, s'il souhaitait l'avoir aussi, n'avait qu'à pas s'approcher d'elle après tout. Donc si sa franchise le dérangeait, il n'aurait qu'à en vouloir qu'à lui même après tout. Elle, elle n'avait rien demandé et avait finalement été assailli par des propos qui partaient dans tous les sens.

Après qu'il se soit installé, il remarqua du coin de l’œil une légère moue agacée de la part de la jeune fille, ce qui le fit sourire. Elle semblait ravie de sa compagnie, et elle avait probablement l'intention de lui faire profiter de la joie que celle-ci lui procurait. Voilà qui pouvait devenir amusant. Et pour en rajouter une couche, il fit sauter une cigarette hors de sa poche par un mouvement de main, l'attrapa au vol, et l'alluma. Il en inspira une longue bouffée avant d'expirer un épais nuage de fumée.

- Exciter ? Peut-être. Beaucoup de nouvelles têtes. Beaucoup de nouvelles opportunités. On n'a jamais vu une académie chez les sorciers, et le mystère de son fondateur est quelque chose de particulièrement intéressant.

Il inspira une nouvelle bouffée de fumée sur sa cigarette.

- Mais j'imagine qu'une simple étudiante, aussi sûre d'elle et arrogante comme vous l'êtes, ne s'intéresse pas à ce genre de choses. Vous avez forcément des choses bien plus importantes que ça en tête, fit-il avec ironie. Mais bon. Au moins vous avez les qualités d'être franche et observatrice.

Il lui tendit alors la main.

- Professeur Lothbrok, enchanté, miss..?

Au fur et à mesure que la personne à côté d'elle s'exprimait, Vela sentait monter en elle des sentiments contradictoires. Autant elle était agacée par les propos qu'elle entendait, autant elle était satisfaite d'avoir engendré une telle réaction de la part de son interlocuteur. Pourtant, ce n'était franchement pas le but qu'elle avait eu au départ en répondant à ce dernier, ce qui lui rendait la situation encore plus cocasse à ses yeux. D'ailleurs, ceux-ci s'étaient mit à pétiller. Cette rencontre allait être stimulante au moins ! Elle avait finalement mal jugé l'homme qui se tenait à ses côtés.

- C'est vrai que c'est une véritable avancée pour le monde sorcier. Surtout en des temps si sombres. Au moins, nous serons un minimum protéger derrière ses murs... bien que nous n'ayons pas vraiment de certitude à ce sujet car comme vous l'avez si bien dit vous-même, c'est une première... Et notre charitable hôte garde son identité secrète... Pour un bien, pour un mal, ça non plus nous ne le savons pas. Personnellement, je serais un psychopathe déclarant la guerre et voulant renverser le pouvoir, quoi de mieux que d'avoir l'avenir du monde sorcier en commençant par ses jolies têtes blondes, entre les mains pour pouvoir les remanier à ma guise ? Ca ne date pas d'hier que le pouvoir passe par l'éducation et l'endoctrinement.

Face aux volutes de fumées que le vent lui renvoyait en plein visage, l'Abraxans se décala instinctivement sur le côté, s'éloignant ainsi de son voisin. Le nez pincé par l'exaltation que lui apportait le débat qui venait de s'ouvrir et le front légèrement plissé, elle finit par tourner la tête pour l'observer franchement.

- Je ne suis peut-être qu'une simple étudiant, sûre de moi, je l'avoue, mais je pense qu'il est un peu rapide pour me qualifier d'arrogante. Et en effet, j'ai peut-être autre chose à faire que de m'exalter devant un ciel bleu, de jolis papillons et quelques coquelicots. Je suis ici pour obtenir un diplôme qui me permettra d'exercer ma passion et de monter les marches de ma vie professionnelle. Je suis la pour apprendre et m'améliorer et n'ai certainement pas le temps de m'arrêter pour des futilités. Miss Vela Pendragon, futur Maître de Potions.

Tout en se présentant, elle prit la main de celui qui s'était finalement présenter comme étant professeur. Cela expliquait donc bien des choses. Comme pourquoi il était plus âgés qu'eux et son air sûr de lui. Néanmoins, son nom lui étant inconnu... L'aurait-elle en cours ?

- Vous enseignez... ?

Au fur et à mesure que la conversation prenait, Jarod put sentir l'agitation de la jeune étudiante à ses côtés. Bien qu'elle s'était écartée de lui après qu'il se soit mit à fumer, réaction à laquelle il s'était attendu, les sujets abordés l'enthousiasmait suffisamment pour qu'il sente une certaine effervescence émaner d'elle. Et il en était satisfait.

Il inspira une nouvelle fois sur sa cigarette, réfléchissant activement à ses mots au fur et à mesure qu'elle les prononçait. "Protégés derrière ces murs" disait-elle. Comment ces étudiants pouvaient-ils se sentir protégés dans une école dirigée par un inconnu prêt à embaucher des cas comme le sien pour enseigner aux jeunes ? Qu'espérait-il accomplir de cette façon ?
Il jeta un coup d'oeil à la jeune femme tandis qu'elle s'exprimait avec emphase, mais sans manquer de réflexion. Ses yeux pétillaient légèrement d'excitation. Il aimait ce genre de choses chez quelqu'un ; elle faisait sans doute une étudiante parfaite à partir du moment où le domaine étudié l'intéressait. Espérons qu'il la retrouverait, elle et sa passion, durant ses cours.

- Excellent point de vue ; commencer par la jeunesse et son éducation serait un excellent moyen d'assouvir un certain désir de pouvoir, mais peut-être vaudrait-il mieux, alors, commencer par une école comme Poudlard, car à 18-20 ans, les jeunes ont un esprit critique plus développé, et sont en capacité de se défendre déjà. Qui plus est, si le fondateur de cette école avait pour désir la conquête, il ne m'aurait probablement pas choisi comme professeur vu ma tendance à défier l'autorité. Pourtant, on ne s'attend pas à ce que quelqu'un qui protège son identité de la sorte ait des intentions altruistes n'est-ce pas ?

A la dernière bouffée de cigarette, il écrasa celle-ci à côté de lui et la fit disparaître d'un claquement de doigt. Observant toujours l'horizon face à lui, il sentit le regard de la jeune femme se poser sur lui. Il l'écouta jusqu'au bout, s'appuya en arrière sur ses mains, et répondit à nouveau d'un ton détaché :

- Arrogante, jeune fille, pour votre menton relevé et votre air insolent. Je suis sûr que ça vous plaît beaucoup d'afficher une telle expression pour repousser le premier venu lorsqu'il vous dérange. "Future maître de potion", hein ? Ne soyez pas trop pressée, vous n'avez pas encore commencer l'année. Il tourna enfin la tête vers elle lorsqu'elle lui serra la main, pénétrant directement son regard avec un sourire au coin des lèvres. Mais votre détermination et votre assurance sont tout à votre honneur, et, bien que je n'enseigne pas l'art des potions, j'ai hâte de vous mettre à l'épreuve dans mon cours d'art de la magie offensive.

Vela souriait intérieurement, elle ne savait pas si le professeur à côté d'elle l'était depuis longtemps mais il avait l'air de juger ses paroles en tant qu'enseignant et non comme deux adultes qui discourent au sujet de quelque chose. "Excellent point de vue" qu'il lui avait dit... Comme si elle avait besoin qu'on le lui fasse remarquer. Elle n'était pas en train de lui faire une dissertation non plus et elle savait très bien son niveau en matière de réflexion. Néanmoins, elle préféra ne pas relever ce détail et s'intéressa plus au développement qui suivit.

- Vous parlez de commencer par une école accueillant des enfants plutôt que de jeunes adultes afin de potentialiser son endoctrinement ? Connaissez vous Albus Dumbledore, professeur ? Même Vous-Savez-Qui n'a pas réussi à le faire chuter et tant qu'il aura la main sur Poudlard, même un fou sait qu'il ne pourra s'y approcher d'assez près pour mettre en place son plan. Surtout que Vous savez qui n'a pas besoin de ça pour atteindre les élèves là-bas...

Vela parlait en connaissance de cause pour avoir vécu pendant sept ans parmi les Serpentards qui étaient les plus nombreux à suivre les préceptes de Voldemort au sujet de la pureté du sang. Beaucoup d'entre eux lui juraient allégeance à peine sortis des Aspics et attendaient dès leur cinquième année de rentrer chez eux pendant les vacances afin de pouvoir participer au regroupement le concernant. Elle, avait eu de la chance... n'ayant pas de dons particuliers pouvant attirer l'attention et étant la plupart du temps seule, son sang mêlé avait suffit à la mettre à l'écart de tout ce qui se tramait à côté. Le fait de vivre chez une mère moldue aussi avait du aider...

- A côté de ça, vous vous trouvez ici, entouré d'élève ayant entre 18-20 ans certes, mais qui n'ont jamais vraiment connu le danger ni appris justement à le reconnaître. Je ne parle pas du danger de type agression mais celui, bien plus sournois et silencieux qu'est la manipulation... et nous n'avons pas besoin de manipuler tout le monde... Les jeunes partagent entre eux et s'enchaînent volontairement ensemble pour défendre leurs idéaux... Regardez en France, chez les moldus ? Les étudiants passent l'année à se plaindre de ceci puis de cela sans jamais se satisfaire... Il suffit de quelques bergers pour s'occuper du troupeau. Et quoi de mieux quand on peut faire le tri en ne s'occupant directement que de certaines filières telles que les sciences politiques ? De parfaits idiots qui boiront les paroles comme on boit du petit lait et qui vomiront ça sur leurs voisins au sein de leur confrérie respective. Quand on n'a pas d'autre choix, c'est plutôt pas mal comme plan B vous ne trouvez pas ? A côté de ça vous dites que personne ne s'attend de quelqu'un qui cache son identité des intentions altruistes ? Regardez autour de vous, nous avons tous répondu présent en connaissant la chose... Regardes les visages des jeunes qui flânent et profitent de la saison... Personne ne se soucie de son identité et pourquoi ? Parce qu'à notre âge on ne voit pas le danger avant de l'avoir sous le nez et encore. Nous n'avons pas la capacité de penser à notre propre mort et nous jouons avec le feu. Nous sommes qu'une bande d'inconscient à vingt ans... Après je ne dis pas, j'espère de tout coeur que celui qui manient les ficelles en coulisse a réellement le plus pur des objectifs à nous rassembler là.

Prenant sa respiration, l'Abraxans se rendit compte qu'elle formulait pour la première fois pas mal de choses qui l'avaient inconsciemment travaillé et qui l'avait empêché de trouver le sommeil ces dernières semaines. La situation politique actuelle était désastreuse et elle craignait réellement que quelque chose de plus terrible leur arrive... Que pouvait on attendre franchement d'un homme qui appelait certaines de ses salles par le nom de célèbres mages noirs pour leur rendre un hommage ? Fallait il pas être dérangé ? L'assaut de ses réflexions commençait à lui donner la nausée. Il fallait vraiment qu'elle pense à respirer plutôt qu'à déblatérer ce qu'elle considérait comme des conneries de son subconscient. Et le pire, c'est qu'elle en avait parlé à l'un de ses professeurs... Qui la prendrait à raison pour elle même folle à lier...

- Je ne sais même pas si je suis inscrite à votre cours... Mais je me ferais un plaisir d'y assister. Rien de mieux que l'attaque pour se défendre, n'est-ce pas ?

Agréable surprise ! Jarod manqua d'en rester bouche-bée. Tandis que la jeune fille déroulait le fil de sa pensée à une allure étonnante, chaque parole prenait sens petit à petit.
Certes, Poudlard était immunisée à toute tentative de prise de contrôle, et la seule influence que Voldemort lui-même avait sur l'école ne se faisait qu'à travers certains jeunes Serpentards qui ne comprenaient encore rien aux événements actuels et qui étaient facilement manipulables.
Vela montrait un raisonnement et un esprit critique surprenant pour son âge, bien qu'en contradiction avec sa façon de décrire les autres jeunes de sa génération comme "de parfaits idiots". Elle se considérait très probablement comme supérieur à la majeur partie de ceux-ci, ce qui expliquait son air parfois arrogant. Hé, une vraie petite Serpentard.

- L'expérience y est pour beaucoup quant à la réussite ou l'échec de la manipulation. C'est sûr qu'à Poudlard, avec l'influence d'Albus Dumbledore, vous ne craignez rien à ce sujet. Et vous ne risquez pas d'apprendre à l'identifier quand quelqu'un en fait usage.

Il s'interrompit un instant.

- "Quelques bergers pour s'occuper du troupeau", vous dites. Les étudiants en science politiques deviendraient les chiens de garde des porcs qui ont le pouvoir et dominent le troupeau de mouton ? On dirait que vous prévoyez la réalisation de La Ferme des Animaux de Orwell. Mais bref, nous nous éloignons du sujet, et nous omettons aussi un événement presque aussi important que le retour du Lord noir ; la découverte de notre existence par les moldus. Evidemment que les étudiants viennent ici, c'est, aujourd'hui, le prochain refuge pour jeunes sorciers après Poudlard. Tout le monde n'est pas si insouciant que vous le prétendez, les quelque étudiants que j'ai croisé n'étaient pas si "heureux" qu'ils semblaient le prétendre. C'est une façon, pour eux, d'échapper à ce qui se passe dans le reste du monde. Les actes de haine envers les sorciers dans le monde moldu sont de plus en plus nombreux, c'est un bordel incroyable ! Et ce qui m'inquiète plutôt, c'est que toute cette confusion risque d'être utilisée par d'autres pour agir. Les gens ne s'inquiètent pas plus que cela de l'identité de "M. le Comte" tout simplement parce qu'ils ont autre chose en tête. Ce type pourrait être moldu qu'on n'en saurait rien. Et si c'était justement un moldu qui cherche à contrôler des sorciers, à travers l'éducation, comme nous le disions plus tôt ? Et si c'était en fait un mangemort, venu ici pour servir les intentions de son maître ? Trop de possibilités, trop de questions, les gens les plus concernés par l'identité de ce personnage, c'est à dire les étudiants d'Haveirson, préfèrent éviter le sujet. Ils ont assez de préoccupation avec leur famille et leurs amis peut-être déjà en danger. Ils ne veulent pas d'autres problèmes par dessus tout cela ; bien au contraire, ils sont venus ici pour les fuir et s'en cacher. Non pas que ce soit une mauvaise chose, bien entendu, c'est parfaitement compréhensible.

Jarod s'interrompit de nouveau, les yeux dans le vague le temps d'une dernière réflexion avant d'ajouter :

- Vous êtes tout de même bien pessimiste concernant vos "camarades", les jeunes de votre génération. Je ne pense pas qu'ils soient aussi naïfs et bêtes que vous le prétendez, mais s'ils le sont, alors les gens comme vous et moi, ceux qui posent les bonnes questions, qui sont clairvoyant, ont pour responsabilité de partager ces questions avec les autres. De secouer leurs esprits, et de leur apprendre à se défendre, intellectuellement comme physiquement.

Emporté à son tour par ses ambitions et ses réflexions, il failli ne pas percevoir le stress qui commençait à émaner de la jeune étudiante. Il la vit tenter de reprendre son calme et fit mine de ne rien avoir remarquer pour ne pas la gêner. Il attendit patiemment qu'elle reprenne alors la parole et lui répondit.

- Mon cours est probablement obligatoire à tous les cursus, si ce n'est pas le cas, alors ça devrait l'être, fit-il avec un sourire en coin. L'attaque comme meilleure défense ? Probablement, si vous savez faire passer ça pour de la légitime défense ! En tout cas, je serai ravi de vous y retrouver.

Vela avait écouté le professeur avec attention sans interagir plus sur son point de vue car quoiqu'ils pensaient de la situation, ils auraient pu en débattre encore pendant longtemps sans être pour autant d'accord. En tout cas, ça lui faisait du bien de discuter entre adulte et de pouvoir exprimer le fond de sa pensée sans passer pour une fille trop prise de tête comme c'était le cas avec la plupart des jeunes qu'elle avait côtoyée par le passé. Enfin qui une conversation qui en valait la peine !

Toutefois, être qualifier de pessimiste ne lui plut pas du tout et elle dut se retenir pour ne pas rétorquer qu'être réaliste n'était pas un défaut en soi. Surtout que si les gens de son âge étaient pour la plupart trop occupés à s'inquiéter pour ce qui se déroulait à l'extérieur de cette enceinte pour ne pas voir le danger potentiel que renfermaient ces murs, elle n'y était strictement pour rien. D'autant plus que l'ancien chasseur de prime avait exactement exprimé la plus simple des vérités, ils étaient un certain nombre à être venu pour fuir. Ce qui revenait à n'être que lâche. Fermer les yeux ne résolvait aucun problème. Et en attendant, leur famille n'était pas plus en sécurité.

- Vous parlez de les aider à ouvrir les yeux ? Je ne pense pas être la personne idéale pour ce genre de chose. Je n'ai absolument rien d'une meneuse et la plupart de toute façon ont très bien su ignorer mon existence pendant les sept longues années que nous avons passé à Poudlard, alors je ne vois vraiment pas pourquoi du jour au lendemain, ils se réveilleraient de beau matin en se disant "Oh tient ! Voyez qui voilà ! La jeune Pendragon. Allons écouter ce qu'elle a de si intéressant à nous dire !". Non, vraiment, je ne pense pas pouvoir être d'une aide quelconque. La seule a m'avoir montré des signes d'intérêt quant aux mystères qui entouraient l'académie est ma colocataire. Mais d'après certaines de ces réactions, je ne serais pas étonnée d'apprendre qu'elle est tout bonnement paranoïaque...

Ce n'était pas faux. Sa colocataire, Megan, avait su la prendre à parti dans leur dortoir il y a quelques jours de ça et l'avait finalement accuser d'être mêlée à on ne sait quel complot contre elle. Comment lui faire comprendre qu'avant de la rencontrer chez les Abraxans, elle n'avait strictement aucune idée de qui elle était ? La suite de l'échange c'était redirigé vers les cours que dispenseraient prochainement l'homme à ses côtés. De ce qu'elle en avait tiré, elle participerait donc bel et bien à ceux-là.

- Vous comptez nous apprendre quoi plus exactement ? J'aimerai beaucoup en apprendre plus sur le rôle que peuvent jouer les potions, onguents ou autres concoctions lors d'affrontement ou dans certaines situations critiques...