Enfin un moment de solitude.

C’était l’heure du diner dans la grande salle mais Margaret n’avait pas faim. Depuis sa rentrée à Poudlard, elle trouvait difficilement le moyen d’être seule et, pourtant, elle en avait bien besoin. La jeune fille ne savait plus où aller pour trouver du temps pour elle, même dans sa chambre ce n’était pas possible. Elle profita donc que tous les élèves soient dans la grande salle pour rejoindre les couloirs du deuxième étage. En entrant dans les toilettes des filles, la jeune Serpentard regarda dans chaque toilette pour voir si Mimi Geignarde se cachait dans l’une d’elle. Par chance, elle ne semblait pas être là et aucunes autres filles non plus. Margaret s’enferma alors dans une des toilettes, s’assied sur le couvercle et se mit à pleurer. Tout le monde semblait si joyeux de rentrer à Poudlard alors qu’elle avait perdu ses deux parents. La jeune fille n’avait pas l’habitude de laisser ses larmes coulées. Elle ne voulait pas montrer ses faiblesses et elle profitait du fait qu’elle soit seule pour le faire. Elle en voulait tellement au monde entier de ce qui lui arrivait, à elle et à sa famille. Elle repensa à son oncle mangemort qui s’était échappé d’Azkhaban et qui était probablement le meurtrier de ses parents. Et si elle aussi y passait ? Si le but de son oncle était d’éradiquer toute sa famille qui n’était pas partisan de Voldemort ? D’un coup, elle fut prise d’une crise d’angoisse qu’elle n’arrivait pas à arrêter. La jeune fille ne pouvait plus respirer et elle n’arrivait pas à se calmer.

Alors que Margaret essaya de se calmer en vain. Une très jeune fille entra dans les toilettes où elles se trouvaient et commença à lui parler. La voix de cette fille semblait très loin pour Margaret et sa crise d'angoisse empirait de plus belle. Margaret tomba du siège et se retrouva par terre. Elle entendit la fille qui se trouvait avec elle appeler à l'aide. Margaret savait très bien que personne ne se trouverait près d'ici et viendrait l'aider. La jeune Serpentard n'avait pas l'habitude d'être aidée et encore moins de demander de l'aide mais son état actuel était tellement horrible pour elle qu'elle ne pu s'empêcher d'attraper la jeune fille par le bras et serrer son bras le plus fort possible.

Quelques minutes passa et les deux jeunes filles ne disaient rien. Le silence était brisé uniquement par les halètements de la Serpentard qui devenait de plus en plus espacé. Margaret arrivait petit à petit à se calmer et la jeune poufsouffle restait à ses côtés malgré tout. Pendant quelques temps, Margaret resta à fixer le vide, la bouche légèrement entre-ouverte. Elle avait honte d'elle-même, honte de s'être laissé allé comme ça et encore plus devant une inconnue. Lorsqu'elle fût entièrement calmée, elle attrapa un feuille de papier toilette et s'essuya le visage avec. Elle tourna sa tête vers la jeune fille et murmura:

- Je suis désolée... Tu n’étais pas censée voir cela...

La jeune fille qui était avec Margaret ne disait pas un mot. Maintenant qu'elle était revenue à elle, elle pu l'observer plus attentivement. Elle était très jeune, probablement en première année et elle portait les couleurs de Poufsouffle. Elle avait un visage encore très enfantin mais il était tellement doux qu'il en était apaisant. Lorsqu'elle lui demanda si elle allait mieux, la Serpentard mit sa main devant son visage, comme pour se cacher de honte et murmura:

- Oui je vais mieux... Merci.

Margaret ne savait pas où se mettre. Pour plus de dignité, elle se redressa sur ses deux jambes. Malheureusement, ces jambes tremblaient encore du choc qu'elle venait d'avoir et du s'assoir sur la lunette des toilettes pour ne pas crouler sous son poids. Elle ne dit rien pendant quelques instants, fixant le sol avant de relever son visage vers la poufsouffle et de murmurer:

- Si tu veux partir vas-y, je vais m'en sortir seule.

Assise sur les toilettes, Margaret releva la tête lorsque la petite poufsouffle se lança dans sa tirade. La serpentard la regarda d'un air suspicieux et ne dit rien pendant quelques secondes le temps de reprendre correctement connaissance. A son tour, elle prit une respiration et dit d'un ton assuré:

- Ecoute, je me suis laissé emporté d'accord ? Ce genre de truc ne m'arrive jamais. Je pensais être seule et je voulais juste...

Elle s'arrêta. Elle n'allait quand même pas dire "pleurer seule dans son coin", c'était ridicule, surtout à une fille qu'elle ne connaissait pas. Elle ne su quoi dire pour compléter sa phrase et il y eut un blanc de quelques secondes et fini par avouer:

- ... penser dans mon coin.

Elle ne su quoi dire de plus. Elle vit bien que la jeune fille ne voulait pas la laisser seule et Margaret fini par se résigner.

- Si tu veux rester avec moi, reste si tu veux mais ça risque d'être ennuyant et tu as sûrement autre chose à faire, non ?

Margaret vit la petite fille s'éloigner. Elle allait enfin partir ? Alors qu'elle l'entendit s'enfermer dans une toilette pour uriner, la Serpentard sortit de ses propres toilettes et s'approcha des miroirs fixés au dessus des robinets. Le peu de maquillage qu'elle avait mit avait coulé le long de ses joues et elle avait une mine horrible. Margaret alla chercher un morceau de papier toilette et revient devant le miroir. Elle passa son bout de papier sous l'eau avant de le frotter contre ses jours. Pendant ce temps, la poufsouffle sortit des toilettes et se lava les mains à côté d'elle. Margaret lui jeta un léger coup d’œil pendant que celle-ci se lavait les mains. Elle finit d'enlever le maquillage sur ses jours et jeta le papier dans la poubelle qui se trouvait sous le lavabo. Elle se fixa quelques temps alors que la première année lui parlait. Elle n'avait pas bonne mise mais c'était toujours un peu mieux. Elle se tourna vers la jeune fille et l'observa, légèrement attendrie par cette fille qui s'inquiétait pour elle. La Serpentard n'était pas réellement satisfaite de son comportement envers cette fille qui voulait juste l'aider. Elle ne voulait pas non plus que cette fille qui venait d'arriver à Poudlard ait des préjugés sur les Serpentards. Elle prit alors la parole, un peu hésitante:

- Ecoute... euh... Je te remercie pour ton attention, c'est très gentil de ta part...

La verte et argent s'arrêta net et tourna la tête brusquement ? Quel était ce bruit ? Elle le reconnu rapidement, ce petit gémissement. Mimi Geignarde était en train de revenir, et, si elles trouvaient les deux filles là, elles risquaient de s'en prendre plein la tronche. Margaret attrapa rapidement la manche de la jeune fille et la tira dans les toilettes les plus proches. Elle s'enferma rapidement, ayant bien conscience que Mimi pouvait passer à travers les portes mais, si elles étaient discrètes, Mimi pourrait peut-être ne pas les remarquer. Margaret fit signe à la jeune poufsouffle de se taire complètement et retint son souffle.

Quelle mauvaise journée... Trop d’élèves heureux et passablement moqueurs ! Toujours ! N’avaient-ils donc rien de mieux à faire que de s’attaquer à la pauvre, petite et adorable Mimi Geignarde ? Ils étaient en vie, eux, ils pouvaient bien faire tout ce qui leur plaisaient... Pourquoi s’acharner sur elle, avec de si acerbes quolibets !

Face à tant de railleries, le fantôme de l’ancienne étudiante de Serdaigle s’était éloigné temporairement de ses précieux cabinets du deuxième étage... Pour poursuivre de son humeur exécrable quelques rares adolescents dans d’autres paliers de Poudlard. Larmoyante et criarde, comme à son habitude !

Se sentant davantage décontractée après sa piètre excursion vengeresse, elle revînt dans son repaire. Sans se presser, Mimi traversa le mur qui la séparait de ses toilettes. Ah ! Enfin un peu d’accalmie !

« Oh, oui ! Des lavabos tous blancs et beaux pour la pauvre... Petite... Mimi Geignarde ! » D’un rire aiguë et perçant, presque insupportable, elle s’amusa de la composition de son refuge.

Soudainement, elle s’immobilisa. Quel que soit le lieu et l’heure, sa contenance euphorique ne perdurait guère dans le temps. Le fantôme se mit à gémir.

« Sales morveux ! Ils sont si... Hiiiin ! » Le spectre hurla d’un coup, le visage translucide crispé entre les larmes et la fureur. Si cruels ! Si ricaneurs !

En un seul mouvement, Mimi se précipita dans les premières latrines à sa gauche, faisant jaillir des gerbes d’eaux de toutes part. Tout en braillant d’une voix inhumaine sur sa misérable condition et la médisance des élèves, elle fît le tour de son domaine.

Jusqu’à apparaître derrière les deux jeunes filles, la tête sortant de la cuvette du cabinet dans lequel elles s’étaient enfermées.

« BOH ! »

Margaret mit la main sur la bouche de Roxane lorsque celle ci parla. Elle lui fit un signe de tête pour lui dire de ne rien dire et d'attendre. Margaret entendit Mimi Geignarde rentré dans la pièce en gémissant, comme à son habitude. La jeune Serpentard croisait les doigts pour que le fantôme ne vienne pas voir ce qu'il se passait dans ces toilettes. Elle essayait d'être tellement discrète qu'elle s'empêchait même de respirer. Roxane la regardait d'un air paniqué. Par son regard, Margaret essaya de la rassurer pour lui faire comprendre qu'il n'y avait rien de dangereux. Dangereux ? Non Mimi Geignarde n'était pas dangereuse. Mais tant qu'elle pouvait l'éviter, Margaret le faisait. C'était probablement le fantôme le plus agaçant qu'elle n'avait jamais rencontré. Après avoir entendu le fantôme pester derrière la porte, Margaret s'inquiéta: Elle n'entendait plus Mimi. Soudainement, elle sortit des toilettes, surprenant les deux étudiantes. Margaret poussa un petit cri aiguë de surprise avant de se reprendre rapidement. Elle sortit des toilettes en cognant la porte contre le mur et se retourna vers le fantôme:

- Tu peux jamais laisser les élèves du château tranquilles Mimi ? Et après tu te demandes pourquoi personne ne t'aime ? dit-elle d'un ton agacé.

Le fantôme s'éleva légèrement dans les airs, une expression horriblement exaspérée s'affichant sur son visage translucide. Avec une hargne ostensible, Mimi dévisagea la grande brune. Ah ! Ce qu'elle détestait ces élèves vils et moqueurs de Poudlard !

La réponse de la Serpentard ne fît qu'augmenter sa rogne et son agitation. Voilà qu'elle osait l'attaquer verbalement ! Dans un hurlement strident, le fantôme geignard s'élança sur le côté, à travers les parois des cabines, jusqu'à se positionner en hauteur, au-dessus des éviers.

« PERSONNE ! OUI ! JE LE SAIS! » Elle hurlait de toutes ses forces, les traits déformés par la fureur. A ces exclamations colériques, des remous répondaient au fond des cuvettes, continuant à inonder la pièce.

D'une voix sur-aigüe, Mimi enchaîna. « Tout le monde déteste la pauvre... Petite... Mimi Geignarde... » Son regard hargneux se fixa sur la première année. « Je hais vos moqueries, sales morveuses ! »

Le fantôme se précipita vers les deux jeunes filles en braillant d'une façon exceptionnellement insupportable, avant de s'immobiliser de l'autre côté de la salle, juste devant la grande baie vitrée en hauteur.

Un rictus sembla déformer son visage. « MAIS ! Je ne suis pas la seule à me réfugier ici... Loin de tous... Et détestée... Hiiiin ! »

Puis, rageusement, elle se mit à foncer de nouveau dans les latrines.

[H.J: Alors déjà désolée pour le temps d'attente et ensuite désolée si c'est court, je préfère vous faire interagir plus.]

Margaret toisa le fantôme du regard pendant tout son discours et répondit à Roxane lorsque que Mimi eut fini de geindre en faisant comme si cette dernière n'était pas là:

- Je te présente Mimi. Elle n'est pas méchante mais particulièrement irritante. Quoique tu lui dises, elle se sentira insultée. Donc au final, autant l'insulté réellement, au moins ça défoule.

Elle se tourna à nouveau vers Mimi et lui dit d'un air agressif:

- Mimi, ce n'est pas parce qu'on vient dans tes toilettes qu'on est seuls et détestés, tu es la seule dans ce cas là.