5 heures du matin

- Petit d'homme, tu dors ?
- Plus maintenant.
- Le soleil ne va plus tarder. Allons chasser.

Malva ne se fit pas prier deux fois. 5 heures du matin était l'heure la mieux choisie si l'on voulait sortir sans être vu : l'heure où les couche-tard, sentant l'aube poindre, étaient partis se coucher, et où les lève-tôt, considérant qu'il faisait encore nuit, ne s'étaient pas encore levés. L'heure rêvée pour Malva de braver une nouvelle fois les interdits de l'école et aller rejoindre sa seule amie. La jeune Gryffondor s'habilla rapidement sans bruit par peur de réveiller ses compagnes, s'emmitoufla chaudement dans sa cape, et sortit de la salle commune des Rouge et Or, ignorant les remarques de la Grosse Dame.
Tout se passa de façon beaucoup plus simple que prévue, comme dans un rêve, et vingt minutes plus tard, Malva retrouvait Shell. Elle se précipita sur elle et passa ses bras autour de l'encolure de l'animal avant d'enfouir son visage dans sa fourrure épaisse. Elle lui avait tant manqué... le règlement intérieur de l'école rendait difficile, voire impossible toute réunion entre elles, et maintenant qu'elle retrouvait enfin son animal, Malva se sentait à nouveau complète.
Elles commencèrent à s'élancer sur les pistes d'un lapin, quand Shell s'interrompit brutalement, la truffe levée, aux aguets.

- Qu'est-ce qu'il y a, qu'est-ce que tu as vu ?

- Je ne suis pas un gentil toutou !

Shell mordit vivement la main du jeune garçon pour se débarrasser de lui, puis la louve se jeta sur lui, le faisant tomber en arrière, et posa ses deux pattes avant sur ses épaules pour le maintenir au sol, en grognant d'un air menaçant, prête à le réduire au silence.

- Tout doux Shell.

Shell recula légèrement son museau de la gorge du garçon, mais ne le relâcha pas pour autant, continuant de grogner d'un air menaçant. Un rayon de lune éclaira le visage de celui qu'elle reconnut comme étant Alexandre Martel, un garçon de sa maison. Elle pointa sa baguette sur sa gorge.

- Je pourrais te poser exactement la même question, répliqua-t-elle d'un ton froid. Qu'est-ce que tu fiches là ?

Doucement, Malva baissa sa baguette, mais Shell, elle, resta sur le jeune garçon.

- Tu es blessé, fit-elle simplement remarquer d'une voix placide.

Elle fronça les sourcils ; Alexandre n'avait toujours pas répondu à sa question, et elle n'aimait pas ça. Il était désormais au courant de son secret, et rien dans son comportement étrange n'indiquait qu'elle pouvait lui faire confiance. En réponse à la remarque de son camarade de classe, elle ne put néanmoins s'empêcher d'éprouver à la fois de la gêne et de la fierté. De la gêne, parce qu'il lui semblait qu'en un rien de temps il venait de la mettre à nu, et de la fierté, parce que pour la première fois qu'elle était arrivée ici, elle avait le sentiment que quelqu'un la comprenait.

- Shell est sauvage, mais ce n'est en aucun cas un monstre, répondit-elle calmement en posant sa main sur l'encolure de son amie. Elle sait différencier les loups aguerris des louveteaux imprudents et elle voulait te rappeler ta place, voilà tout.

Malva soupira doucement, puis hocha la tête en rangeant sa baguette dans sa poche.

- Un secret contre un secret. J'imagine que c'est équitable, marmonna-t-elle d'un ton froid. Je te préviens, si tu me mens et que tu en profites pour essayer de t'enfuir, je te le ferais très amèrement regretter !

- Shell, je pense que tu peux le lâcher.

Avec un grognement préventif à l'égard du jeune garçon, la louve se poussa, le laissant se relever.

- Comment se fait-il que tu aies amené un hippogriffe à Poudlard ? interrogea la Gryffondor à son camarade, toujours soupçonneuse.

En voyant l'hippogriffe surgir aussi brutalement, Malva sursauta et recula, impressionnée. Shell, elle, commit l'erreur de grogner, les oreilles couchées sur son crâne, se plaçant devant sa jeune protégée. Aurus prit aussitôt la mouche et se cabra, répondant à la menace de la louve, et Shell bondit. Elle mordit l'hippogriffe à l'encolure, mais ce dernier se débarassa d'elle d'une ruade, et lui envoya un coup de sabot dans les flancs. La louve alla s'écraser contre un arbre avec un doux gémissement de douleur.

- Shell !!!!

Sentant les larmes envahir ses yeux, Malva se précipita vers son amie ; néanmoins, Aurus s'interposait entre elles deux, et la Gryffondor commit l'erreur de passer trop près de son bec, et ce sans le saluer. Alarmé, l'hippogriffe se cabra une nouvelle fois, et son bec acéré vint lui faire une profonde entaille dans le bras gauche, tandis que ses griffes s'apprêtaient à s'abattre sur la jeune fille...

Voyant la scène, le jeune garçon se précipita pour s'interposer ,la patte de l'hippogriffe s'arrêta avant de toucher le bras d'Alexandre et s'écarta. Il se retourna et se dirigea vers Shell et vit qu'elle était blessée.
Il regarda Malva et dit:
- elle est mal en point cependant, j'ai vu mes parents guérir pas mal d'animaux, je vais m'en occupé!! ;)
Le jeune garçon s'occupa de la louve et lui fit un bandage avec des morceaux de tissus
-elle devrait aller mieux maintenant, il lui faut un peu de repos maintenant , je suis désolé qu'Aurus ai blessée Shell :/
Je vais l'emmener plus loin :)Alexandre s'éloigna avec l'animal

Affaiblie sur le sol, Malva regarda Alexandre s'occuper de son amie en silence. La morsure du froid vint augmenter la douleur aiguë de son bras ouvert, dont le sang coulait abondamment des lèvres déchirées.

Méfiante, elle s'éloigna d'Aurus en se traînant sur le coude droit, gémissant de douleur à chaque mouvement, même minime, imposé à son bras gauche. En des circonstances normales, sans doute aurait-elle été soulagée de voir l'hippogriffe s'en aller, mais il fallait croire que l'odeur du sang avait attiré d'autres prédateurs, bien plus dangereux...

- Alex...andre, ne... pars pas..., haleta-t-elle, recroquevillée sur elle-même.

Malva étouffa à peine un petit cri en voyant Aurus saisir son amie entre ses serres. Il risquait de la blesser, ou de lui ouvrir le ventre avec ses griffes acérées, mais elle savait qu'elle n'avait pas d'autre choix que de faire confiance.

- Tiens bon, Shell… on va… te sortir de là, gémit-elle à l'adresse de son amie. Puis elle lui projeta des pensées calmes et rassurantes pour forcer l'animal à se détendre et à rester tranquille, afin d'éviter qu'un deuxième incident ne se produise avec l'hippogriffe, qui était désormais leur seule chance à tous.

Lorsqu'Alexandre l'aida à se relever, Malva eut un hoquet de douleur à cause de son bras, et passa celui qui était valide autour de l'épaule de son camarade, tandis que celui-ci la menait vers l'hippogriffe. Elle sentit son estomac se serrer à l'idée qu'elle devait monter sur son dos au plus vite, mais elle se tut, trop faible pour résister, et sachant qu'elle n'avait plus le choix.

Les effets du Lumos d'Alexandre commencèrent à se dissiper, et les araignées se précipitèrent à nouveau vers eux. Malva se rappela alors qu'elle avait deux lapins fraichement tués dans sa sacoche. Elle avait eu le temps de les chasser avec Shell, juste avant que le jeune garçon n'intervienne. A califourchon sur Aurus, elle plongea la main dans son sac et les jeta du plus loin qu'elle pût, pour donner le temps à Alexandre de monter également. Celui-ci sauta habilement derrière elle, et ils décollèrent, Malva priant pour que la créature ne laisse pas tomber Shell. Puis ses pensées sombrèrent dans le noir, et elle s'évanouit.

----------

Lorsqu'elle s'éveilla, elle était allongée contre le flanc de son loup, et avait un bandage autour du bras. Sa vision floue lui indiqua qu'Alexandre lui parlait, mais elle ne comprenait pas les termes de ce qu'il disait. Ils étaient installés dans une clairière qui paraissait paisible, et le ciel avait viré au bleu-violacé, signe que le jour n'allait plus guère tarder. La Gryffondor passa une langue pâteuse sur ses lèvres craquelées.

- … soif, articula-t-elle péniblement, le regard dans le vague.