Glandouillage feuillu

Dès que le soleil avait montré le bout de son nez, William s'était littéralement précipité dehors. Ca faisait deux semaines qu'il pleuvait sans cesse, et là ! Enfin ! Un rayon illuminait le parc ! Ô joie !
Il avait littéralement trépigné pendant le cours d'Histoire de la magie, et dès que le professeur avait énoncé platement "Vous pouvez partir", le Poufsouffle avait surement distancé tout le monde d'au moins vingt bons mètres. William avait traversé tout le parc vers la Forêt, pour s'arrêter à la lisière, en quête d'un coin épargné par l'eau. Il avait finalement jeté son dévolu sur un conifère qui avait protégé un cercle de terre de toute pluie, et après avoir posé ses affaires sur ce petit coin plus ou moins sec, il s'assit contre le tronc.

Le temps frais n'étais pas désagréable, et, bien au chaud dans sa cape, abrité par les branches basses, William était pour ainsi dire : pépère. Plus d'élèves en vue qui parlent tout haut, plus de cris, plus de gens...Juste lui !
Il gardait néanmoins sa baguette a proximité. Il savait depuis le temps que même la lisière n'était pas sans dangers, et lui même avait failli une ou deux fois se faire attraper par on ne sait quoi.

Il sortit un livre de son sac, et en commença la lecture. Il devait avoir lu quelques pages de l'histoire passionnante d'un gamin dans une chocolaterie, lorsqu'un bruit de pas lui fit lever la tête, aux aguets. Peu d'élèves allaient aussi proche de la forêt...Délaissant son bouquin, il se redressa en prenant sa baguette, et...


(Première réponse à Morgane Collignon !)

Décidément, aujourd’hui la conjoncture des événements lui était favorable ... Pour une fois qu'elle avait un peu de temps libre dans son emploi du temps, le soleil avait décider de montrer le bout de son nez ! Morgane traversa les couloirs du château qui la menaient jusqu'à l'entrée avec le sourire aux lèvres. A peine eut-elle passés les grandes portes qu'elle inspira profondément. Elle savoura cette agréable sensation, l'air devenu frais lui emplissant les poumons tandis que la douche chaleur du soleil lui caressait le visage. Elle se mit à déambuler dans le parc, laissant son esprit vagabonder au rythme de ses pas. A vrai dire, elle ne savait pas vraiment où elle allait, ses pieds se posant au hasard un pas après l'autre. Mais l'herbe était encore mouillée et ses chaussures ne mirent pas longtemps à transpercer. Elle finit par se rendre compte qu'elle n'était plus très loin de la forêt interdite. Ce lieux était probablement le lieux interdit le plus fréquenté de Poudlard ... Elle même appréciait s'y rendre parfois. Mais cette fois elle se contenterait de l'effleurer. La lumière était particulièrement agréable en cet endroit, le soleil venant éclairer ce lieux si sombre de sa lumière. La jeune fille déambulait sans trop faire attention à ce qui l'entourait, ce qui n'était pas vraiment très prudent lorsqu'on se promène au bord de la forêt interdite. Quand soudainement elle entendit une branche craquer à sa gauche, elle se retrouva face à un élève qui brandissait sa baguette dans sa direction. Son sang ne fit qu'un tour et à son tour, en une fraction de seconde, elle avait saisit sa baguette.

- Wow, on se calme ! Lanca-t-elle sur la défensive.

Morgane réalisa alors que la personne qui se tenait face à elle était un élève de sa propre maison. Son visage lui était vaguement familier bien qu'ils ne s'étaient jamais vraiment parlé. Si elle avait bonne mémoire, il était un peu plus agé qu'elle. Elle baissa alors légèrement sa baguette, le coeur encore battant sous l'effet de l'adrénaline qui avait déferlé dans ses veines.

Lorsqu'il se retrouva face à la baguette de Morgane, il eut plus ou moins la même réaction que la jeune fille...Quoi qu'en plus vulgaire.

- Putain, tu m'as fais peur !

Il baissa sa baguette, a la fois soulagé et nerveux. Ce n'était qu'une élève, se répétait-il. Une élève, et non une créature de la forêt. Il souffla, agacé par sa propre réaction. Se passant l'autre main dans les cheveux comme s'il voulait s'apaiser ou réorganiser ses idées, il adressa un sourire penaud à sa camarade de maison.

- Désolé...Il y a tellement peu de monde qui vient dans ce coin que je suis sur le qui vive dès qu'il y a du bruit. Ca va...? Tu n'as rien ?

Mais quel abruti...Il n'y avait que lui pour faire un excès de prudence comme ça. Il observa Morgane, anxieux. Il l'avait déjà croisée par moment dans quelques cours, ou dans leur salle commune, mais il ne connaissait pas son prénom. En même temps, William parlait à "tellement de monde"...Enfin. Il était soulagé qu'un sort ne soit pas parti malencontreusement. Non seulement il aurait trouvé le moyen de lancer un sort stupide, mais en plus il aurait bien été capable de le foirer. Heureusement que ses réflexes laissaient parfois à désirer..

(Désolée pour le retard, j'étais de garde la semaine dernière et en compétition le w-e :) )

Au grand soulagement de Morgane, William baissa sa baguette en jurant. Il s'était visiblement fait peur autant l'un que l'autre. Morgane ne put retenir un petit rire, probablement dû au coup de stress qu'elle venait d'avoir.

- Non c'est bon, tout va bien. Mais je crois qu'on devient parano ! Dit-elle en plaisantant pour détendre l'atmosphère.

C'était peut-être pour ça que les élèves adoraient venir se promener aux alentours de la forêt interdite. Cela procurait un frisson qui brisait la monotonie de la vie d'élève entre salle de classe et salle commune. Beaucoup d'élèves racontaient de nombreuses histoires aussi effrayantes les unes que les autres, mais à sa connaissance, il n'y avait jamais eu d'incident pendant les 5 précédentes années qu'elle avait passées ici. La jeune fille ne put cependant s'empêcher de regarder encore une fois autour d'elle afin de s'assurer que cette fois-ci, plus personne ne leur tomberait dessus. Elle avait beau savoir que sa peur était un peu déraisonnée, elle avait du mal à se calmer. Après un dernier coup d'oeil, elle tenta de se reconcentrer sur le Poufsouffle.

- C'est un drole d'endroit pour étudier, non ? Dit-elle dans un sourire en posant un regard en direction du livre posé à coté de la souche où il s'était assis.

Elle hésita un instant avant de ranger sa baguette, la laissant toutefois à portée de main. Elle comprenait qu'on puisse être au calme par ici, mais l'adrénaline n'avait jamais été l'outil le plus utile à la mémorisation, au contraire. Ceci dit, elle devait bien reconnaitre qu'elle même appréciait particulièrement cet endroit, parce qu'en dépit de la presque interdiction qu'ils franchissaient, l'endroit était particulièrement beau.

(T'inquiete ! Y a pas de soucis !)


- Non c'est bon, tout va bien. Mais je crois qu'on devient parano !

Il eut un petit éclat de rire incertain. Il fallait dire que rester proche de le forêt interdite n'était jamais très bon pour les nerfs, quand on se souvenait des risques.

- Ouais, surement un peu.

Son coeur avait loupé quelques battements, aussi demeura-t-il un instant silencieux le temps que son pauvre petit palpitant reprenne un rythme de croisière. Il suivit le regard de Morgane. Ils étaient définitivement seuls cette fois. Tout comme elle, William rangea sa baguette avec une certaine appréhension. Il souffla un bon coup, et c'est une camarade du coup un peu nerveuse qui reprit la parole.

- C'est un drole d'endroit pour étudier, non ?  

Elle montra la livre avec un sourire un peu crispé. Ce qu'il pouvait la comprendre...La tension s'évanouirait d'ici quelques minutes sans doute. Il avait eu des petits moment des stress parfois en venant ici, mais rien de bien folichon en y repensant.

- Ouaip, mais c'est bien plus tranquille plutôt qu'au milieu d'autres gens qui bossent. Avec l'ambiance trop studieuse j'ai l'impression de me sentir presque Serdaigle ! Et puis en plus ce n'est même pas un livre de cours.

Il eut un leger rire et se pencha pour prendre le bouquin pour lui montrer la couverture. "Charlie et la Chocolaterie."

- Tu connais ?  

De toute évidence, son camarade n'était pas encore tout à fait remis de la frayeur qu'ils s'étaient fait, lui non plus. Elle respira un grand coup pour finir de se calmer et se décida à se poser. Elle s'assit par terre et s'adossa au tronc d'arbre le plus proche, un peu à coté de celui où s'était posé William. Sa remarque sur les Serdaigle fit sourire Morgane. En effet, ils étaient une majorité à occuper la bibliothèque, à croire qu'il s'agissait de leur salle commune.

- Puis ca me fait culpabiliser d'être au milieu de gens qui étudient quand je dors sur mes parchemins.

Parce que oui, ça lui arrivait régulièrement de s'assoupir sur ses cours, surtout après la pause déjeuner. Il n'y avait rien de pire que d'essayer de travailler avec le ventre pleins, les parchemins prenant une aspect particulièrement soporifique sur la jeune fille.
Alors qu'il tendait le livre dans sa direction, Morgane jeta un oeil à la couverture. Bien qu'elle ne l'ait jamais lu, le nom lui disait quelque chose.

- C'est un truc de Moldu ça, non ? Demanda-t-elle. Ca me dit quelque chose, je crois qu'il en ont fait un film ou quelque chose du genre ...

Les parents de Morgane était tout deux sorciers, cependant une partie de sa famille était Moldue. Elle connaissait donc les bases quant à ce monde si différent du leur. Bien sûr, leur nature de sorcier avait toujours été un secret pour ce coté de la famille, même si ce n'était pas toujours facile a gérer quand elle était enfant.

- C'est ça oui ! Dit-il en hochant la tête. L'histoire d'un gamin qui visite une usine de chocolat, et la visite part dans des évènements de fous...Enfin c'est sympa à lire, je reçois quelques livres comme ça de ma famille, ca permet de faire une petite pause au milieu de mes études.

Il revînt à son tronc d'arbre pour s'y asseoir en tailleurs, un peu plus tranquille maintenant que la conversation s’engageait. La mère de William, bien que sorcière, avait malgré la disparition du père du poufsouffle voulut que ses enfants aient une certaine connaissance du monde moldu, pour qu'ils puissent se rappeler de leur paternel. D'ou l'envoi periodique de roman, sucreries et autres délicatesses moldues à la fratrie Sharen. Le dernier envoi avait recelé quatre livres, et ils tournaient entre William et ses soeurs, pour que tout le monde puisse beneficier des mêmes cadeaux.

- Ce livre là ils en ont fait un film oui, mais je ne suis pas allé le voir. Je préfère nettement mieux les livres, ca gâche pas l'imagination comme ça.

Il adressa un sourire plus détendu à Morgane. L'imagination était quelque chose de fantastique selon lui, et sans cela, la vie serait probablement des plus tristes. Aussi se trouvait-il en permanence dans les nuages, jusqu'a ce que quelqu'un le fasse descendre.

- Ah, au fait...Je m'appelle William. Je sais pas si on s'était déjà causés une fois et...enfin voila.

Il fallait croire qu'il restait à Morgane quelques bribes de la culture moldue qui lui avait été transmise durant son enfance. Elle avait malheureusement perdu ce contact lors de leur déménagement en Angleterre et ce n'était pas les récents événements qui allaient améliorer les choses ... Elle le regarda s'installer de nouveau, la tension semblant s'être enfin dissipée.

- Tu es d'origine moldue ? Demanda-t-elle après un moment d'hésitation.

Ce n'était pas un sujet toujours facile à aborder avec tout le monde, car certains en avait honte et d'autres se montraient particulièrement virulents envers les sorciers d'origine moldue ou de sang mêlé. C'était quelque chose que la jeune fille avait toujours eu du mal à comprendre, parce qu'au fond, ce n'est pas nos ancêtres qui nous définissent.

- Et moi c'est Morgane, répondit-elle dans un sourire. On s'est déjà croisés quelques fois en cours ou dans la salle commune, mais j'avoue j'ai jamais osé te parler ...

Parce que même si elle n'en avait pas forcément l'air, Morgane était assez timide avec les gens qu'elle ne connaissait pas, surtout les garçons ... Allez savoir pourquoi. En plus il était un peu plus âgé qu'elle, ce qui était suffisant pour l'impressionner et la décourager à engager la conversation. Mais bon, avoir failli se faire exploser mutuellement, ca brise la glace !

A voir l'expression de William quand il confirma le doute de la jeune fille, tout le monde n'avait pas dû être tendre avec lui à ce sujet. Et elle n'avait pas beaucoup de mal à le concevoir, elle même évitait en général de préciser qu'elle avait de la famille moldue pour éviter les problèmes avec certaines personnes peu conciliantes. Du coup elle lui adressa un sourire qui se voulait compréhensif.

- T'inquiètes, du coté de ma mère une partie de la famille est moldue aussi. Ça doit pas être facile à vivre pour le moment j'imagine ...

En effet, la révélation du monde sorcier au moldus avait provoqué chez ces derniers certains réaction parfois plus que virulentes. Mais au fond, peut-être les moldus vivant au contact de sorciers parviendraient-ils à jouer les médiateurs et à apaiser les esprit. Par que cela ne faisait aucun doute que c'était la peur inspirée par la sorcellerie qui provoquait toutes ces tensions.
Quand il formula sa réponse, un sourire amusé se dessina sur le visage de la Poufsouffle.

- Je sais pas, j'ai toujours eu du mal à aborder les mecs mignons ...

Bien sûr, Morgane plaisantait. Elle ne faisait pas partie de ces filles qui s'extasiaient devant tout ce qui était masculin et plus âge qu'elle, mais elle devait bien admettre que derrière ses cheveux un peu désordonnés et son air toujours un peu dans les nuages, il était plutôt pas mal.

- Bah, manquer de se faire exploser au bord de la forêt interdite, ça rapproche ! Dit-elle en riant.

Quelle chance il avait d'habiter sur le chemin de traverse ! Sortir de chez soi et flaner parmi les boutiques aussi incroyables les unes que les autres dès que l'envie lui en prenait, c'était une chance inestimable. Morgane aurait tellement aimé pouvoir habiter ne serait-ce qu'à proximité de cet endroit mythique ... Malheureusement elle vivait dans un coin reculé de Hastings, près de la cote, dans le but de rester plus ou moins proche de la France, où sa soeur faisait ses études. Du coup, elle ne s'y rendait qu'une ou deux fois par an et la plupart du temps, ce n'était que pour les fournitures scolaires ...

- C'est trop génial ! Lanca-t-elle d'un ton enthousiaste. Enfin, je veux dire d'habiter sur le chemin de traverse ...

En effet, la jeune fille réalisa qu'elle s'était peut-être montrée un peu trop joyeuse alors qu'il venait de lui dire que son père les avait abandonné dans son jeune âge. Décidément, sa vie n'avait pas l'air d'avoir été toujours facile non plus, bien que Morgane n'ait pas vraiment à se plaindre de la sienne.

- C'était ton père qui était Moldu ? Demanda-t-elle plus calmement.

Lorsqu'elle reposa les yeux sur lui, elle aperçu les joues de William rosir, ce qui lui arracha un petit sourire. Ca le rendait encore plus mignon. Le sourire de la jeune fille s'élargit un peu plus quand il lui avoua qu'il aurait été bien capable de la réduire en bouillie avec un sortilège raté.

-Qui sait, on aurait peut-être retrouvé des morceaux de corps éparpillés dans la forêt pendant des mois ...

Cette pensée un peu sordide l'amusa pourtant, sa bonne humeur semblant avoir repris le dessus après la tension des premiers instants de leur rencontre. Elle était désormais posée nonchalamment contre le tronc de l'énorme pin qui la dominait, les rayons de soleil de cette fin d'après midi lui caressant le visage.

Morgane eu une légère grimace. C'est vrai que les Mangemorts avaient fait perdre à ce lieu si fabuleux un peu de sa superbe. Car comme tous les lieux fréquentés par les sorciers, ils y étaient plus nombreux. Décidément, la vie n'était vraiment pas rose et même dans les endroits habituellement synonymes de joies et de bonnes humeurs, l'ambiance s'était considérablement refroidie. Poudlard restait désormais l'un des seuls endroits protégé de tout ce chaos.

- Personnellement, je me vois plutôt vivre à la campagne, avec du terrain et des animaux autour de moi. Mais le chemin de traverse reste une bonne option ! Dit-elle dans un sourire.

Elle se contenta d'un sourire compatissant lorsqu'il expliqua la tragique disparition de son père. Au fond ils étaient là pour passer une bonne fin d'après midi et non pour ressasser les tragédies du passé. Elle préférait donc ne pas enfoncer le couteau dans la plaie et passer à un sujet plus amusant. L'air dégouté qu'il arbora alors était assez drôle et la jeune fille se laissa entrainer par son rire.

- Puis c'est pas très pratique, je risque de te piquer un bras ou une jambe ... Poursuivit-elle dans sa lancée. Nom d'une chouette, on est vraiment horrible !

Ca avait beau être de l'humour de plutôt bas étage, ca n'en restait pas moins drole. C'était suffisant pour lui faire oublier la pénible journée de cours qu'elle avait du affronter jusqu'ici.

- Tiens, ca te dit d'aller faire un tour ? Histoire de profiter du paysage !

En effet, les reflets qu'offrait le soleil à la surface du lac et le jeu d'ombre qu'il provoquait en caressant les branches basses de l'orée de la forêt constituait un spectacle rare dont il fallait profiter pleinement. Ils risquaient de ne plus voir le soleil avant un bon moment !