Alexia Saddlemoss (terminé)

        Alors que le Soleil se couchait sur la vallée, Alexia voyait approcher l'heure où elle devrait aller dormir. Ses doigts continuaient pourtant à jouer avec la queue du magnifique chat noir. A l'époque, Monky Pine avait deux ans, et sa jeunesse faisait qu'Alexia aimait jouer avec lui à chaque fois qu'elle quittait la table un peu trop tôt parce que ses parents se disputaient. Pourquoi se disputaient-ils? La jeune fille s'en fichait totalement, et elle savait de toute façon que ça n'avait aucune importance.
             
             Le bruit de la dispute n'avait jamais atteint les limites de sa chambre, mais cette fois-là, Alexia entendit précisément son père crier à sa mère en pleurs “Je n'en peux plus.” La jeune fille n'avait que sept ans, et elle ne savait pas quoi faire quand ses parents se fâchaient. Le plus souvent, elle fuyait les lieux; mais cette fois-là, elle se dit que ses parents avaient dépassés les bornes. Elle prit son courage à deux mains, et sortit précipitamment de sa petite chambre peinte entièrement en rose.

             Elle arriva au bord des escaliers menant au rez-de-chaussée. Pourtant, quelque chose la fit rester au haut des marches. La porte d'entrée venait de s'ouvrir et de laisser passage à un homme de petite taille, un bossu peut-être. Elle ne vit pas son visage, et dès que celui-ci parvint à la cuisine, Alexia entendit, ou plutôt n'entendit pas, le son désagréable d'une dispute de couple. Sa mère cria un nom qu'elle ne connaissait nullement, et le bandit, comme si le temps s'était arrêté, restait immobile à la porte de la cuisine. Alexia savait qu'il l'attendait, mais elle ne voulait pas lui faire se plaisir. Derrière elle, une fenêtre était ouverte. Quelle chance! Alexia compta jusqu'à cinq, et les deux secondes étant écoulées, elle sauta dehors.
       
           Elle ne ressentit pas tout de suite la douleur, mais quelque chose lui disait qu'elle s'était cassé le pied ou la cheville. A sept ans, se casser le pied n'était pas très recommandé par les médecins de campagne, surtout les bons. Pourtant, l'expérience d'Alexia des blessures graves regardait celle-là comme un dégât mineur. Une fois, celle-ci s'était brûlée les doigts au coin du feu en voulant rattraper une pièce de monnaie qui y était tombée. Ses parents l'avaient retrouvée, les doigts noirs de suie et la pièce (qui avait fondue) dans sa paume. Donc une blessure de plus, une blessure de moins, on n'y était pas.

          Alexia n'avait jamais su ce qui était arrivé à ses parents. Elle n'avait d'ailleurs jamais voulu savoir. La douleur aurait été trop forte, sans doute. Cette soirée-là, elle avait traînée jambe jusqu'à un arrêt de bus, sans que le bandit n'ait quitté sa maison. Il était 20h, et les bus roulaient toujours, mais elle n'avait aucune envie de se retrouver à Londres ou dans d'autres grandes villes anglaises. Non, elle voulait disparaître et ne plus jamais revenir.

         Alors qu'elle s'apprêtait à quitter la route et à partir dans la forêt toute proche, Alexia vit un homme qui s'approchait d'elle. Elle avait peur. Peut-être était-ce le bandit qui venait s'occuper d'elle. Elle savait pourtant bien que non. Cet homme n'avait même pas de capuche à son manteau. L'homme s'arrêta devant Alexia, et l'examina quelques instants. Elle avait envie de lui crier de ficher le camp, mais elle n'avait plus la force de dire quoi que ce soit. Le gars lui demanda si elle s'appelait Alexia, et elle répondit oui. L'homme lui dit qu'il s'appelait Porfis, mais qu'elle devait l'appeler Mr. B. sinon qu'elle aurait affaire à lui. Il souriait. Il n'avait pas l'air bien méchant pourtant. Son jeans était troué, ses chaussures aussi, et il avait un accent propre aux bonnes gens de la campagne. Sans dire un mot, Alexia l'avait suivi chez lui, où elle avait passée la nuit. En y repensant, elle se demandait pourquoi elle lui avait obéi pendant toutes ces années qui composaient la majorité de son enfance.

          Il devint son précepteur, et il lui apprit de nombreuses choses sur la nature, la littérature, les sciences... mais, à chaque qu'il lui racontait une histoire, il ne parlait jamais de magie. Il utilisait souvent de faux synonymes, comme illusion, sornettes, sottises. Alexia commença petit à petit à haïr sa façon de parler, de se moquer des gens qui l'entouraient à son travail (à la mine), et elle finit par fuguer à l'âge de douze ans et un jour. Il ne lui avait même pas souhaité bon anniversaire, et il s'était moqué d'elle toute la matinée. Il était parti travaillé, et elle avait décidé de partir. Elle n'avait pas fait deux pas hors de la maison qu'une chouette fondit sur elle, et lui jeta dans un cri de dédain (Alexia ressentait ce sentiment précis dès que l'animal la vit) une lettre cachetée d'un sceau d'école. Est-ce que Mr. B. l'avait inscrite dans une école? De toute façon, elle n'y serait jamais allée, puisqu'elle aurait fuguée; mais non, cette lettre renfermait bien plus qu'une simple inscription. Elle était devenue une étudiante en première année à l'école de magie Poudlard. Une école de magie? Effectivement, une école de magie.

         Alexia sauta de joie. Elle ne voulait pas attendre le retour de Mr. B. Elle avait décidée de ne plus jamais revoir cet homme; et même si elle dut mettre du sien à trouver les objets qu'elle avait besoin pour entrer dans sa nouvelle école, elle ne perdit pas la foi en son destin de magicienne.