Orion T. Rosier + phrase personnelle facultative

Un jour, je me promenais à Londres avec un ami. On passait dans le Londres moldu, parce qu’il est quand même bien plus grand que le Londres sorcier et que le Chemin de Traverse, on en a vite fait le tour. D’un coup, une femme tirée à quatre épingles et munie d’un drôle d’appareil photo géant, avec un pauvre gars qui courait partout et balançait une longue perche avec un bout de tissu juste au-dessus de nos têtes, surgit d’un coin de rue et vient nous voir. Elle nous regarde, me sourit et nous demande :
« Bonjour les garçons ! Je fais une petite enquête pour les produits Dove. On travaille sur l’image que les gens ont de leur corps. Ça vous dirait de prendre quelques secondes pour répondre à une question toute simple ? »
On accepte après un échange de regards interloqués, parce que, c’est quoi ce truc au nom d’oiseau ?
« Quelle est la partie de votre corps que vous aimez le plus ? »
Je ne peux pas vous répéter ce que mon ami a répondu, c’est indécent. Mais moi, j’ai dit en toute honnêteté : « Ma silhouette ».
Voilà, je sais que j’ai un peu triché, c’est pas une partie du corps à proprement parler, mais c’est mieux que tous ceux qui n’ont pas confiance en eux et qui ont sûrement répondu « mes yeux ». Et puis, je le pense vraiment ! Grâce à une alimentation saine et équilibrée ainsi qu’un peu de sport d’endurance tous les jours, j’ai acquis une musculature sèche ainsi qu’un corps svelte et élancé. J’ai toujours été plutôt grand pour mon âge, mais il était important pour moi d’avoir également la finesse de mon côté, et de ne pas être une armoire à glace.
Globalement, j’ai une assez bonne relation avec mon corps, je ne suis pas particulièrement complexé, même si je n’adore pas avec passion chaque centimètre carré de mon enveloppe charnelle. Mon visage ovale est légèrement plus large que la moyenne, mais mes traits étant proportionnels, ça n’en devient pas un défaut. Ma mâchoire est assez carrée, ce qui donne à mon faciès un côté masculin brut qui me plaît bien. Bon, niveau mâchoire, il y a un truc qui me dérange quand même sacrément : ma pilosité faciale. Entre la pédo-moustache, les pattes et le bouc, pas grand-chose d’autre ne pousse et je dois encore attendre quelques siècles avant d’avoir une barbe de bûcheron digne de ce nom. Non pas que je veuille avoir une barbe de bûcheron, hein. Mais quitte à devoir se raser, autant le faire de partout, histoire de ne pas avoir de trou ! Pour le moment, j’ai un mal rasé coupé très soigneusement pour éviter que, justement, mes zones désertiques ne se voient de trop, mais je n’en suis pas vraiment satisfait.
Mes joues sont creuses et mes pommettes bombées. J’adore. Mes oreilles ne sont pas parfaitement collées. Je déteste. Sinon, mes yeux et moi vivons une grande histoire de « je t’aime, je t’aime pas ». Ils sont d’un joli bleu qui contraste bien avec mes cheveux, mais je trouve qu’ils tombent vers l’extérieur. D’un autre côté, mes sourcils sont fins et bien courbés. Néanmoins, mes yeux sont affublés d’une jolie note de 6/10 qui m’oblige, pour lire et me diriger sur balai, à mettre des lunettes sur le bout de mon nez. Nez, droit et de taille convenable, à qui je n’ai rien à redire. Mes lèvres sont légèrement trop épaisses pour mon goût personnel, mais elles ne sont pas trop larges, alors j’en conviens. La seule remarque que je pourrais faire à mon front, c’est qu’il a tendance à beaucoup trop marquer ses plis. J’ai trop peur d’avoir des rides super jeune ! Résultat, j’essaie de ne pas trop bouger les sourcils et je cache mon front avec mes cheveux en bataille.
Mes cheveux et moi… grande histoire d’amour. Sans ironie. Je les adore. Ils sont faciles à coiffer - même si j’y donne du mien, avec du bon shampooing et en les séchant avec ma baguette, en produisant de l’air chaud d’après un conseil d’une de mes tantes -, brillants, et font tout ce que je veux. Ils sont, de naissance, châtain foncé, mais sur un coup de tête l’été dernier, j’ai fait quelques mèches blondes sur le devant. J’ai adoré ce style australien ; mon père a hurlé. Mais m’a finalement, après maintes supplications, laissé les garder. Je les coiffe toujours en bataille, ils ne le sont que devant, étant trop courts derrière et sur les côtés pour oser se décoller de ma tête. Lors des soirées mondaines dans le manoir de mes parents, je dois apparaître très guindé et les rabats donc en arrière avec du gel. Je n’aime pas trop l’effet premier-de-la-classe que ça me donne, mais je m’autorise quelques fois à les décaler légèrement sur le côté, pour un look très summerish avec des lunettes de soleil, lorsque la météo nous autorise à organiser les soirées sur la terrasse de notre parc.

Niveau vestimentaire, je suis très soigné et à la page en ce qui concerne la mode, sans être particulièrement sophistiqué. J’adore faire du shopping avec ma sœur, car il n’y a qu’elle qui ose me dire vraiment ce qu’elle en pense, et il n’y a qu’en ses goûts que j’ai totalement confiance. Je dirais de mon style qu’il est assez casual chic, mais je sais également être très élégant lorsque la situation l’exige. Mes accessoires préférés sont les lunettes de soleil, dont je possède une dizaine de paires, et les bonnets.

« - Mais Orion, pourquoi es-tu si chevaleresque ?
- Eh bien, parce que c’est ce que nos parents m’ont appris. Toi, tu dois devenir une Rose, tu dois être belle, gracieuse et fragile mais également piquante. Moi, je suis celui qui doit s’assurer que la Rose fanera lorsqu’elle aura fait son temps, mais qu’elle ne sera pas arrachée par les vents, amollie par la pluie ou cueillie par les Hommes. Je suis l’héritier, je dois protéger ma famille avec le courage nécessaire et la galanterie qui va avec. »

Je trouve assez difficile l’exercice de parler de moi, ce n’est pas un sujet que j’aborde volontiers. Je peux avant tout assurer me sentir très proche des valeurs que m’ont appris mes parents et avec lesquelles j’ai été élevé depuis tout petit ; je constitue un bon résumé de l’image que ma famille souhaite laisser paraître. Mon sens de l’honneur est sans faille et je sais que quoi qu’il arrive, je tiendrai tête, car mes valeurs et la juste cause sont plus importantes pour moi que tout le reste. Ne crois-tu pas plutôt que tu protèges ceux qui te sont chers pour ne pas avoir à souffrir ? Je me tiens prêt à affronter mes fantômes et mes doutes pour me prouver ma valeur, qui n’est pas toujours évidente à mes yeux. Galant, je suis un gentleman avec les femmes et accorde énormément d’importance à la perspective d’avoir une promise. N’as-tu pas plutôt peur d’être rejeté par celle que tu ne connais même pas encore ? Tout comme mes parents, je ne suis pas traditionaliste et prône également la tolérance, certes un peu plus que les Rosier ont l’habitude de le faire, et pousse même le vice jusqu’à aller m’habiller selon la mode moldue et m’amuser dans leurs magasins, surtout ceux qu’ils appellent « élec-trop-ménagé » : la quantité impressionnante d’appareils bizarres et en tous genres me divertit toujours beaucoup. N’as-tu pas plutôt pitié d’eux ?

Dans ma famille, les enfants reçoivent tous un enseignement artistique plutôt poussé : dessin, musique et j’en passe ; mais mon talent est estimé proche de 0. Obligé par mon père de choisir musique comme option extracurriculaire pour compléter l’apprentissage familial, j’ai complètement raté mon examen et ai donc pu abandonner après mes BUSE – ce fut un vrai soulagement. En parlant d’examen raté, je n’ai pas daigné décrocher ma BUSE de botanique, mais c’était un peu volontaire, je l’avoue. J’ai préféré me concentrer sur d’autres matières qui avaient plus d’importance à mes yeux et il faut manipuler la terre tachant la peau et les vêtements, il y a des insectes grouillants, très peu pour moi.

Avec les autres élèves, je suis quelqu’un d’assez décontracté, sociable, amical et prêt à rire. Je m’attache également assez vite à mes camarades. Bien entendu, n’oubliant jamais d’où je viens ni qui je suis, il y a certaines choses que je ne peux pas me permettre – comme braver le règlement à toute heure de la journée, juste pour le plaisir de bafouer les règles. En vérité, je mourrais d’envie de faire les quatre cents coups à longueur de temps, mais je ne peux pas risquer de me faire attraper – que dirait mon père ? Je préfère donc profiter des vides de certains points du règlement ou opérer avec la plus grande des discrétions.  

Au niveau des cours, je suis relativement attentif et travailleur, quand la matière m’intéresse. Si non, je n’écoutais pas vraiment et ne me donnais pas la peine de beaucoup travailler pour les examens – heureusement, j’ai pu arrêter celles-là. J’ai une très bonne mémoire et une bonne capacité d’apprentissage rapide, on ne me verra donc pas à la bibliothèque deux mois avant mon examen, mais plutôt les quelques jours le précédent. Je ne pense pas être quelqu’un de fainéant, mais je n’aime pas trop de mettre au travail.

Côté cœur, si j’ai bien eu quelques aventures avec des filles, je n’ai jamais vécu d’histoire sérieuse et n’en recherche pas. La raison en est très simple : je suis voué à épouser une promise choisie par mes parents et il serait inutile de faire du mal autour de moi en m’attachant inutilement auparavant. Je suis néanmoins quelqu’un de très romantique et qui a le souci de faire les choses bien ; je sais également prendre du temps pour m’occuper de l’élue de mon cœur et la protéger tel qu’un mari doit le faire.

On m’a dit qu’un beau matin, je me réveillerai pour découvrir que je suis devenu la personne dont j’ai rêvé, ayant accompli ce qui devait l’être, simplement parce que j’ai eu le courage de croire en moi et mes rêves. Mais savent-ils ? Savent-ils qu’être un Sang Pur dans ma famille imposait, outre les soirées mondaines et les costumes de soirée à une centaine de Gallions, le courage d’oublier ses rêves personnels et ses ambitions secrètes pour se consacrer corps et âme à la lignée qui nous a octroyé, aux dires de mes grands-parents, un don en nous faisant naître en son sein ?

Ma sœur Gabrielle et moi – des jumeaux, chance inespérée chez des Sang Pur – sommes nés le 24 janvier 1979 à Londres et avons bien vite rejoint Hastings et le manoir Rosier, qui était désormais également le nôtre. Notre mère vient de la famille Selwyn ; notre grand-mère, McMillan. De sang pur, donc, comme ces imbéciles de suprématistes ne se privent pas de nous faire remarquer avec délectation. Il paraît que c’est important sur le papier, même si rien ne me laisse plus indifférent. Trois ans après notre naissance suivit notre sœur cadette, Camille.

J’ai grandi paisiblement, dans un cadre familial très réservé et protecteur. On ne me sortait que lors des soirées organisées par mes parents ou par leurs amis du gratin aristocratique magique. Vous comprenez, on veut voir l’héritier Rosier, on veut l’admirer, on veut le juger, le comparer. Et c’est trèèèès lourd à porter. Pas trop au début ; jusqu’à mes huit ans, me semble-t-il, j’ai toujours adoré l’attention que j’attirais lors de ces rassemblement de riches Sang Pur, je me sentais important, j’étais au centre du monde. Quand j’atteins l’âge de raison, je commençai à remarquer dans leurs voix mielleuses l’hypocrisie qui suintait, dans leurs yeux l’éclair de jalousie qui s’abattait parfois sur moi, les nuages de mépris qui me couvaient, ou même les rictus moqueurs chez ceux qui se voulaient blessants. Ils n’avaient même pas un mot gentil sur mon apparence physique, alors qu’ils complimentaient régulièrement Gabrielle sur sa beauté florissante. Mais en tant que garçon, n’avais-je pas moi aussi le droit de cultiver l’esthétique ?
Je me suis souvent demandé ce que j’avais fait pour en mériter pareil traitement ; je me suis souvent demandé si les autres enfants vivaient également ces tristes événements. Ma sœur et moi en sommes vite arrivés à la conclusion que nous n’avions rien fait pour s’attirer le mépris et la jalousie de ces sorciers, mais qu’ils se comportaient ainsi avec nous simplement à cause de notre naissance. Je parvins donc vite à détester par-dessus tout ces événements mondains et préférai me tourner vers des occupations destinées à « ceux d’un autre rang », comme tirer les cheveux de ma sœur, construire des châteaux de sable sur la plage bordant notre parc ou jouer à cache-cache avec nos elfes de Maison, lorsqu’il n’y avait personne pour les punir.

Mes pouvoirs et ceux de ma sœur se sont manifestés au même moment et l’expérience a été très… retentissante. Nous jouions à cache-cache et Gabrielle ne parvenait pas à me trouver, après presque une demi-heure de recherche intensive dans notre immense terrain de jeu. Quand, à bout, elle cria « Mais enfin, Orion, où as-tu bien pu te cacher ? » et que je lui répondis narquoisement « Derrière un rideau de la Suite Merlin ! », celle qui, de tout le manoir, comptait le plus de fenêtres, elle entra dans une fureur terrible et les enflamma tous aussitôt qu’elle franchit le seuil de la porte. Je sortis de ma cachette en courant, mon cœur tambourinant dans ma poitrine et mon cerveau me hurlant qu’il était à moi, l’homme de la famille après mon père, d’avoir le courage d’éteindre ce feu avant qu’il n’y ait de dégâts conséquents. D’un coup, une énorme masse d’eau surgit de nulle part et aspergea dans un grand fracas tous les murs de la pièce, éteignant l’incendie. Lorsque nous racontâmes l’histoire à nos parents, médusés, ils nous répondirent que la manifestation de nos pouvoirs n’était que le strict reflet de nos caractères personnels, nous félicitèrent (notons tout de même que Gabrielle a été félicitée d’avoir failli faire brûler toute une aile du manoir) et organisèrent une fête en notre honneur. Pour une fois, il ne s’agit pas d’une ennuyante soirée d’adultes, mais d’une vraie fête comme pour nos anniversaires, qui nous plut à tous les deux, avec une piñata en forme de Souaffle, du jus de citrouille à n’en plus pouvoir et au moins autant de sucreries que pouvait en contenir toute la boutique de Honeydukes.

A onze ans et demi, nous partîmes pour Poudlard. Un peu triste de grandir et de quitter le cocon protecteur du manoir familial, j’avais quand même particulièrement hâte de vivre tout ce que mes parents nous ont raconté et, surtout, de rencontrer d’autres enfants de mon âge. Je n’avais pas particulièrement peur lors de ma Répartition, je savais ce qui m’attendait une fois entrés dans la Grande Salle et mes parents, des Sang Pur plutôt avant-gardistes et plus tant traditionnalistes, nous avaient clairement fait comprendre que n’importe quelle maison – Poufsouffle exceptée – leur conviendrait parfaitement. Les garçons étaient d’ailleurs élevés pour être chevaleresques et protecteurs de leurs familles, ce qui convenait à la maison Gryffondor, tandis que les filles devaient devenir des roses piquantes que caractérisait la maison Serpentard. Pour ma part, je ne me reconnaissais pas vraiment dans la description des Serdaigle ; aussi me doutai-je que le choix du Choixpeau se ferait entre les rouges et les verts. Dans l’espoir de côtoyer des élèves de sang pas forcément pur, j’espérai très fort être réparti à Gryffondor ; j’avais d’ailleurs fait quelques recherches à propos de la Répartition, et l’on dit que demander au Choixpeau d’aller à Gryffondor est une marque de courage – braver la timidité et ce qu’on pense être les règles tacites. Lorsque l’énorme chapeau poussiéreux tomba sur mes yeux, j’inspirai, me concentrai très fort et demandai intérieurement : « Bonjour pourriez-vous s’il vous plaît me répartir à Gryffondor s’il vous plaît ? »

Et l’artéfact cria son choix.

Aujourd’hui, je suis en septième année. Je suis un élève de niveau plutôt bon, sans faire partie des meilleurs – et sans chercher à l’être. Un peu bloqué dans ma position de Sang Pur, j’essaie de faire honneur à ma famille en me comportant selon les valeurs qui m’ont été inculquées depuis mon plus jeune âge, mais au plus profond de moi, je meurs d’envie d’enchaîner les quatre cent coups avec mes amis, rire aux éclats de blagues vaseuses et lancer des maléfices embarrassants dans les couloirs aux élèves que je n’aime pas. C’est difficile, mais c’est ainsi.

L'an prochain, je souhaite m'inscrire à Haveirson dans le cursus de droit. J'aimerais travailler à la Justice Magique, pourquoi pas en tant que magistrat. Je n'ai pas encore clairement en tête le métier que j'aimerais exercer, mais je suis sûr de mon choix de filière.

Je suis entouré de beaucoup d’amis, dont le statut du sang m’importe vraiment très, très peu. Je choisis mes fréquentations pour leur gentillesse, leur humour, leur dynamisme et certainement pas pour leurs parents et encore moins pour leur fortune. Côté idéologie, je ne partage évidemment pas du tout celle des Mangemorts, avec lesquels est affiliée ma famille, surtout depuis oncle Evan, qui est décédé alors que j’étais bébé. Je ne pense pas non plus rallier l’Ordre du Phénix, car je ne suis pas un traître à ce point, mais m’estime neutre. Je me garde évidemment de raconter tout ça à mes parents, même si je sais qu’un jour, je ne pourrai plus leur cacher que je suis pas vraiment un Sang Pur comme les autres. Je ne sais pas pourquoi, mais au fond de moi, je sais qu’ils sont au courant depuis très longtemps. Après tout, ce n’est pas comme si c’était eux qui m’avaient fait.