A l'abri d'un préfet

(Premier post pour Aylin A. Demestos s'il vous plait !)

Bien qu'il ne soit pas à Serdaigle, Cyril aimait beaucoup résoudre les énigmes. Une de ses activités préférées au château était d'ailleurs de chercher les passages secrets puis de tenter d'en découvrir les mots de passe. En quatre années passées au château et avec l'assistance de quelques autres élèves, il était parvenu à obtenir quelques informations intéressantes pour un élève farceur. Néanmoins, ses connaissances étaient toujours trop restreintes à son goût. Ce soir-là, sa cible avait été le couloir nord du deuxième étage. Le cinquième année avait surpris une conversation entre La Dame Grise et Nick-Quasi-Sans-Tête qui faisait état d'un lieu secret à cet endroit, mais les deux fantômes avaient perçu sa présence avant qu'il ne puisse recueillir suffisamment d'informations. Qu'à cela ne tienne ! L'adolescent avait fait semblant de rejoindre sa salle commune à l'heure du couvre-feu, puis avait utilisé les escaliers est du château, beaucoup moins fréquentés, pour redescendre au deuxième étage. Si il y avait quelque chose à découvrir, il le découvrirait !

Un des meilleurs moyens d'avancer dans ses recherches étaient de communiquer avec les tableaux. Cyril s'en était rendu compte lors de ses nombreux contacts avec le Chevalier du Catogan. Ces pauvres peintures s'ennuyaient tellement, qu'elles devenaient très loquaces dès qu'un élève prenait le temps de discuter avec eux. Non seulement, elles avaient souvent des anecdotes très particulières à raconter, mais en plus de cela, leurs centaines d'années d'existence dans un même couloir leur en donnait une connaissance très approfondie. Un peu de persuasion et de temps étaient souvent suffisantes pour arriver à ses fins. Le Gryffondor était donc en pleine discussion avec un chasseur de dragon du 15e siècle qui lui expliquait comment il avait perdu son pied gauche en dressant un Magyar à Pointes, quand un bruit de pas au bout du couloir l'avait mis en garde.

Malheureusement pour lui, il se trouvait trop loin de toute cachette pour que sa présence ne puisse passer inaperçue. Aux grand maux les grands remèdes, il avait pris ses jambes à son coup, plus amusé qu'inquiet. Une voix avait résonné derrière lui, indistinctement, mais néanmoins assez clairement pour qu'il reconnaisse celle d'une préfète de Poufsouffle. Du moins, c'est ce qui lui semblait. Pour des raisons évidentes, il préférait éviter de compter parmi les connaissances de ces figures d'autorité. Cela lui permettait ainsi de passer incognito quand, dans une situation comme celle-ci, son visage n'était pas apparu distinctement à son "adversaire".

Son zigzag dans les couloirs du deuxième étage l'avait mené devant une porte qu'il n'avait encore jamais poussée. Un coup d'oeil dans son dos lui appris que sa poursuivante était momentanément hors de vue. Cyril n'hésita donc pas une seconde avant de pénétrer dans cette partie du château qu'il ne connaissait pas encore. Pendant un instant, il resta perplexe dans l'obscurité, chose tout de même assez rare à Poudlard, avant que de grandes torches ne s'allument automatiquement. Intrigué, le Gryffondor s'avança avec prudence entre les colonnes. Soudainement, un bruit sur sa gauche le fit sursauter.

" Y a quelqu'un ? "
"

Sa question fut accueillie par un silence pesant qui dura quelques secondes. Cyril fronça les sourcils tout en scrutant le couloir. Il était sur d'avoir entendu un bruit et doutait que ce couloir désert et si peu fréquenté n'accueille beaucoup de bestioles diverses... à moins que ? Non, il était impossible que Dumbledore tienne enfermé des créatures dangereuses dans un couloir du château plutôt que sous la surveillance de Hagrid. L'adolescent ne se détendit cependant pas et dégaina sa baguette, prêt à réagir. A quoi et comment, il ne le savait pas vraiment, mais le bluff était souvent la meilleure réaction dans ce genre de situations. Alors qu'il continuait à avancer à pas mesuré, la tension grandissant peu à peu en lui, une voix douce se fit entendre de derrière une colonne.

Le Gryffondor s'arrêta, circonspect. Une fille qu'il connaissait de vue surgit devant lui, une expression hésitante et prudente sur le visage. Cette grande brune à l'allure gracieuse ne passait pas vraiment inaperçue, mais il se souvenait d'elle avec plus d'assurance. Il fallait avouer que les Serpentardes étaient plutôt du genre à faire tourner la tête des garçons cette année... Cyril frissonna à cette pensée. Le souvenir de sa retenue avec Angel était encore brûlant dans sa mémoire, sans qu'il n'ait encore déterminé ce qu'il voulait faire de cet événement. D'ailleurs, ils s'étaient naturellement évité ces derniers jours comme si rien ne s'était passé entre eux, retombant dans leur ignorance mutuelle. Après tout, peu importe ce que chacun pensait de l'autre, ils devaient préserver leurs réputations. En tant que membres de maisons rivales, ils pouvaient difficilement se laisser voir ensemble... Surtout que lui ne savait toujours pas ce qu'elle avait dans la tête, ni les raisons qui l'avait poussée à agir de la sorte. Cependant, cela avait suffit à raviver sa méfiance sociale et il ne baisserait pas sa garde devant cette autre verte et argent. D'autant que sa salutation était tout à fait douteuse.

" Par l'épée de Godric Gryffondor, que fait-on d'après toi dans un couloir interdit ? " répondit-il avec un brin d'ironie.

Il la laissa néanmoins approcher sans montrer plus de signes d'animosités. Elle n'était qu'une inconnue après tout, et il ne pouvait pas commencer à se faire des ennemis chez tous les Serpentards parce qu'il avait été maltraitée par l'une d'eux. Cyril laissa donc un sourire flotter sur son visage et compléta sa réponse avec un peu plus de douceur.

" J'avais une préfète aux fesses, je me suis dit qu'ici au moins, elle ne viendra pas me chercher. "

Ses yeux quittèrent sa camarade et reprirent son analyse du couloir. Pour l'instant, rien ne lui permettait de déterminer pourquoi cet endroit était interdit. De vieilles colonnes fissurées, des torches qui s'allument automatiquement et de bons gros tas de poussière... cela ne paraissait pas bien dangereux, même pour un élève de première année !

" Et toi, pourquoi te cachais-tu ici ? "