Un verre pour deux ? // PV Quinn

Jessica était sérieuse là ? Quinlan ne montra rien de sa perplexité et ne dit rien, mais il n’en pensait vraiment pas moins. Se baser seulement sur l’apparence pour choisir ses partenaires était le début de la fin. Heureusement pour elle qu’il avait des principes, malgré son côté débauché… D’une certaine manière, il s’inquiétait presque pour elle. Alors ok, c’était une blague, mais Quinn était étonnamment sensible quand on venait à plaisanter à ce propos. Il n’allait cependant pas lui faire la morale : il n’en avait pas envie et ce n’était pas le moment de toute façon.

“Un mal pour un bien…? Pour moi, être pervers n’est pas forcément mal. Si tout le monde est d’accord, bien sûr.”

Il valait mieux la rassurer sur ce point, parce qu’il y avait tellement de connards dans ce monde que serrer un mec dans une boîte c’était presque comme jouer à la roulette russe.

Ça ne les empêcha pas de continuer à flirter, cela dit. Ils se rapprochèrent, danser dans les bras l’un de l’autre, les yeux dans les yeux et les lèvres de plus en plus proches. Pourtant, pendant un long moment, rien ne se passa. Ni l’un ni l’autre ne voulait faire le premier pas, Quinn par jeu et par défi, et Jessica sûrement pour la même raison. De longue minutes passèrent ainsi, jusqu’à ce qu’elle ne lui glisse quelques mots à l’oreille.

“Ah ? Et pourquoi ça ? Tu as peur de perdre ?”

Il ponctua sa question rhétorique d’un sourire amusé et presque carnassier. Comme Jessica, il aimait beaucoup jouer, même s’il savait que les dés, eux aussi, seraient pipés.

Quinlan ne put s’empêcher de rire en voyant la réaction de Jessica. Elle était joueuse elle aussi, quoique peut-être un peu moins bonne perdante que Quinn. Il la laissa se rapprocher de lui, se serrant contre son corps alors qu’ils continuaient de danser. Le but de Jessica était bien de le pousser à bout jusqu’à ce qu’il craque, et il l’avait bien compris. Franchement, il hésitait de plus en plus. Parce que, soyons honnêtes… Si Quinlan savait qu’il ne craquerait pas facilement sous la pression, il n’en allait clairement pas de même avec les coutures de son boxer.

Étant largement plus grand que Jessica et désormais bien proche d’elle — plus proches que ça impliquait souvent de ne pas être en public — Quinlan avait une vue imprenable sur son décolleté. Presque imperceptiblement, ses mains glissèrent de sa taille jusqu’à ses hanches, ses doigts frisant la frontière de ses fesses. S’il aimait jouer…? Il y avait peu de choses qu’il aimait davantage. Se penchant sur elle, il lui glissa sa réponse à l’oreille, parlant de façon volontairement lente, à défaut de pouvoir murmurer.

“Évidemment…”

Et il se redressa, de nouveau tout sourire. Jessica ne marchait plus, elle courait. C’était un drôle de jeu du chat et de la souris, où chacun se prenait pour le chat et pensait dicter ses propres règles. Au final, le jeu n’en était pas vraiment un : personne ne perdrait, puisqu’il était clair qu’ils voulaient tous les deux la même chose. Restait à voir qui céderait le premier.

Pour être honnête, Quinlan commençait à sentir sa patience arriver à bout. Jessica jouait avec lui et ça se voyait, mais plus ça allait plus il allait avoir du mal à se retenir. Heureusement pour lui — et moins pour elle — Quinn avait un self-control à en faire pâlir un maître shaolin. Alors quand elle s'approcha en faisant semblant de l'embrasser avant de s'éloigner au dernier moment, il ne bougea presque pas. Son sourire s'était évanoui pour laisser place à une expression bien plus sérieuse et concentrée, mais il resta immobile. Quinn était du genre têtu… et provocateur. Faisant mine de répondre à ses avances, Quin esquiva au dernier moment les lèvres de Jessica pour lui glisser à l'oreille :

— Si tu veux m'embrasser, vas-y.

Ils étaient deux à jouer au même jeu, et aucun ne voulait céder en premier. Cela dit, la nuit n'était pas sans fin, et Quinn bien qu'étant un short-sleeper, avait quand même besoin de ses cinq heures de sommeil quotidiennes. Il avait très envie de lui poser la sempiternelle question 'chez toi ou chez moi ?', mais se ravisa à la dernière seconde. Ça manquait cruellement de classe et d'originalité.

— Tu as déjà vu à quoi ressemblait l'appartement d'un prof à Haveirson ?

Mouais, pas beaucoup plus subtil, mais ça ferait l'affaire. Et avec un peu de chance, Neal serait en train de bouquiner ses grimoires à pâquerettes et ils pourraient en discuter le lendemain autour d'un café. C'était une des choses les plus étranges qui puisse les lier, et pourtant. Son frère cadet soutenait mordicus qu'il n'avait jamais envie de savoir, pourtant il ne se gênait pas pour faire des remarques quand il entendait quelque chose. Quinlan n'était pas dupe ! Son frère cachait très bien son jeu, tout simplement ! Sous la patate douce, il y avait une frite brûlante qui sommeillait !

Oh mais il se doutait bien de ce dont avait envie Jessica ! C'était plus ou moins la même chose qu'il voulait lui aussi… Seulement, chacun était plus têtu que l'autre, et ça commençait sérieusement à friser le ridicule. Surtout quand Jess vint lui mordiller le lobe d'oreille, une zone particulièrement sensible chez beaucoup de monde… mais étrangement pas chez Quinlan. Même joueur joue encore. Il ne put s'empêcher de sourire, cela dit.

— Tu verras, c'est très confortable. Le lit est génial…

Plus la soirée avançait et moins les sous-entendus étaient subtils, il fallait l'avouer. Quinn avait peu à peu les neurones qui se mettaient en veille, noyés sous des torrents de testostérone. Alors quand Jessica lui dit qu'elle le suivrait seulement s'il y mettait les formes, Quinlan abandonna sa pokerface. Il avait perdu. Il n'avait qu'un carré de roi alors qu'elle avait une quinte flush. Comment ça, c'est pas possible ?

— Jessica, voulez-vous suivre Quinlan ici présent jusqu'à son humble demeure, pour cette nuit de plaisir sans engagement, jusqu'à ce que le jour vous sépare ?

Quitte à perdre, autant le faire avec panache ! Et puis au moins il lui aura précisé que c'était un coup d'un soir.