Arrivée tardive (Isolde)

J'étais heureuse. Avec quelques semaines de retard, j'arrivais enfin à l'université d'Haveirson où j'allais retrouver certains de mes amis. Parmi eux, Isolde ... Il était 17h et j'avais appris que je faisais partie de la même confrérie que la jeune femme ce qui m'avait rendue complètement euphorique. Je décidais de lui faire une surprise. Me renseignant où était sa chambre, je glissais un parchemin sous la porte de cette dernière sur lequel il était noté:

Code:: Rejoins-moi à 20h dans la salle commune des Phénix ... Surprise ...

Je ne signais pas, je ne laissais aucun indice, et je partis remplir quelques formulaires à l'administration. Lorsque je vis qu'il était 19h45, je montais rapidement dans l'aile ouest et je me cachais derrière un fauteuil présent. Oui, j'étais encore une enfant sur certains points. J'étais une fan des dessins animés, j'avais des réactions parfois enfantines mais cela ne me dérangeait pas. Ne dit-on pas qu'il faut savoir garder son âme d'enfant ?

J'entendis alors la porte s'ouvrir. Risquant un oeil, je vis ma meilleure amie dans cette salle. Comme cela me faisait plaisir. Nous ne nous étions pas vues depuis à peu près un an, vous pouvez bien vous en douter. Nous restions bien évidemment en contact par hibou, mais ce n'était pas la même chose. Je n'avais qu'une envie, c'était de me jeter au cou de la jeune femme.

"Surprise !!!!"

Je venais de bondir de ma cachette et j'étais face à la jeune femme. Je ne lui avais rien dit ... Elle devait halluciner de me trouver là.

30/03/2015

La journée avait été paisible pour Isolde, sans aucun évènement impromptu. Elle en était tout à fait satisfaite ; sa vie était dangereusement mouvementée depuis la rentrée. Un ou deux ans auparavant, elle se réjouissait de toutes les petites aventures qui mettaient du piquant dans sa vie ; mais aujourd'hui, la situation de tension générale l'avaient rendue plus prudente. Et lui avait fait prendre conscience de son manque de préparation et de connaissances en matière de défense comme d'offense. Heureusement, ses cours particuliers avec le professeur de magie offensive portaient ses fruits, tranquillement mais sûrement.

La journée aurait donc pu être totalement banale, du lever au coucher de la jeune femme. Comme d'habitude, elle s'était levée, Endymion enroulé sur ses pieds, Jason encore endormi dans le lit à côté du sien. Comme d'habitude, elle avait pris une douche, passé un rapide coup de peigne pour tenter de dompter ses boucles, s'était emparée de son sac en bandoulière et était descendue prendre son petit-déjeuner en compagnie d'Anna et Jade. Elle était ensuite allée à ses cours de la journée, perturbés par aucun imprévu d'aucune sorte, et était remontée vers 18 heures dans sa chambre, décidée à emmener son chat dans une nouvelle promenade dans le parc. Et c'était à ce moment précis que l'imprévu avait surgi.

Ouvrant vivement la porte de son dortoir, son pied envoya valser sous son lit un petit objet léger. Surprise, elle s'allongea par terre et tendit le bras dans l'interstice poussiéreux entre le sommier et le plancher. Elle finit par atteindre l'objet, qui s'avérait être un parchemin. Une simple lettre amicale lui aurait été envoyée par hibou, il devait s'agir de quelque chose de plus... spécial. Un mot, ou une énigme ? Elle sourit malgré elle. L'ancienne Serdaigle aimait trop les jeux de ce genre, et elle imaginait déjà que l'auteur devait être Clemens, qui lui rendait la pareille après son invitation dans les cuisines le mois dernier.

Rejoins-moi à 20h dans la salle commune des Phénix ... Surprise ...

Non, ce n'était définitivement pas Clemens. Qui alors ? Anna ou Jade ? Pas vraiment leur genre, surtout qu'elle les avait vues à plusieurs reprises ce jour-même... Elle se doutait que réfléchir assise sur son lit ne lui apporterait pas beaucoup plus de réponses, aussi décida-t-elle de maintenir son projet d'escapade avec Endymion. L'air frais lui serait peut-être plus profitable.

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20h05. Isolde était en retard. Elle avait découvert une nouvelle plante dans le parc et s'était échinée à la dessiner dans son carnet, malgré la lumière faiblissante. De plus, elle n'avait même pas encore mangé et son estomac le lui rappelait avec force grognements. Mais elle ne voulait pas faire attendre plus longtemps son mystérieux correspondant.

Elle entra dans la salle commune de Phénix, vide. Ses sourcils se levèrent en signe d'étonnement. L'envoyeur avait-il oublié sa propre invitation ? Puis un cri émergea de derrière un fauteuil.

"Surprise !!!!"

Isolde resta figée sur place quelques secondes.

"Lyra !!!"

Elle se précipita vers son amie et lui sauta au cou, sans aucune retenue. Lyra ici, et dans la même confrérie qu'elle ! Sa joie était impossible à contenir. Si Clemens était un frère pour elle, Lyra était comme une sœur. Elle adorait l'ancienne Serdaigle qui l'avait toujours aidée pendant ses années à Poudlard. Malgré la distance quand cette dernière avait quitté l'école, elles avaient toujours gardé un intense contact épistolaire.

"Tu es à Haveirson ? Pourquoi tu m'as rien dit ? Oh, je suis tellement contente de te voir ! Et où est Maïa ? Tu as eu le droit d'avoir une chambre avec elle ? Clemens sait que tu es ici ? Et tu as choisi quel cursus ?"

Toutes les questions se bousculaient dans sa tête. Les yeux brillants, elle relâcha son étreinte et s'éloigna un peu de son amie pour l'observer. Elle n'avait pas vu Lyra depuis un an, mais elle n'avait pas beaucoup changé. Pas physiquement en tout cas. Le reste était à découvrir, mais les deux jeunes femmes aurait du temps devant elle. Finalement, tous les imprévus à Haveirson n'étaient pas déplaisants, pensa Isolde avec un sourire jusqu'au oreilles...

Revoir Isolde me faisait tellement plaisir ! Si j'étais revenue en Angleterre, c'était aussi parce qu'elle et Clemens se trouvaient là. Bien sûr, ma mère avait pesé dans la balance, je ne pouvais le nier. Mais l'amitié était pour moi l'essentiel dans une vie. Certes, il n'y avait pas que cela, mais sans mes amis, je n'en serai pas là aujourd'hui. Ils avaient tous les deux su m'épauler lors de ma grossesse, puis lors de mon déménagement en France. Et lorsque j'avais fuit ce pays avec ma fille, c'était Isolde qui m'avait parlé de l'Autriche. Clémens, quant à lui, m'avait aidé dans la paperasse car je ne parlais pas un mot allemand.

Comme vous l'aurez compris, ces deux amis ont été une bouffée d'air frais dans ma vie loin d'être facile. Et retrouver Isolde aujourd'hui était le plus beau cadeau que je pouvais m'offrir pour mon retour. D'ailleurs, nos retrouvailles étaient plus que chaleureuses car déjà, la jeune femme me serrait dans ses bras. La marraine de Maïa n'avait pas changé. En même temps, notre dernier moment passé l'une avec l'autre remontait à un an, lorsqu'Isolde était venue me voir en Autriche. Les gens ne se transforment pas en l'espace de 365 jours ! Mais nous avions tant de choses à nous raconter !

« J'ai voulu te faire la surprise ma puce ! Oui, je suis de retour ! Ma mère m'a contactée pour m'apprendre … le décès de mon père … Elle a compris que j'étais sa seule famille car mon frère semble avoir disparu, ce qui n'est pas une grande perte, entre nous. Du coup, je suis revenue. Maïa est chez ma mère, à Avalon … D'ailleurs, elle te réclame ! »

Je desserrais l'étreinte de la jeune femme, m'asseyant sur le fauteuil afin de continuer à répondre à ses questions. Je ne pus m'empêcher d'ailleurs de rire.

« Doucement ma cocotte ! Alors non, Clémens n'est pas au courant et je ne l'ai pas encore vu ! Quant à mon cursus, tu sais que depuis toujours, je rêve de tenir une bibliothèque comme celle de poudlard … J'ai donc pris le cursus histoire de la magie. J'ai hâte de voir ce que ça va donner. Et toi alors, dis-moi ce que tu deviens … Quel cursus ? Un homme ? Ou une femme peut-être ...»

Je ne pus m'empêcher de lui tirer la langue, amusée. J'aimais la charier !

30/03/2015

Toujours accrochée au cou de son amie, Isolde écoutait attentivement ses explications. L'affection de Lyra lui avait beaucoup manqué ; on peut difficilement être aussi tactile par courrier ! Elle ressentit une pointe de soulagement en entendant la nouvelle de la mort du père de Lyra, aussitôt refrénée par de la culpabilité. Elle n'aimait pas se réjouir de la disparition de quelqu'un, qu'elle n'avait en plus jamais connu. Mais cet homme avait tellement fait souffrir son amie, essayant de la priver de son enfant et la forçant à s'exiler, qu'elle ne pouvait pas ressentir de l'empathie pour lui.

"Ta mère a déménagé à Avalon alors ? C'est super, comme ça tu peux la voir tout le temps ? Tu y vas tous les jours ? Moi aussi j'ai hâte de voir ton petit bout de chou ! Elle est adorable ! Il faudra que je lui amène un petit cadeau."

Elle ressentit un petit pincement au cœur. Elle aurait tant aimé avoir ses parents plus près d'elle, elle aussi... Mais elle ne voulait pas gâcher l'ambiance de ces retrouvailles en parlant de ses propres tracas. Lyra se défit doucement de son étreinte pour s’asseoir dans un fauteuil, et Isolde fit de même sur l'accoudoir du grand canapé tout près.

"Comment tu te sens ? Je sais que ton père était horrible avec toi, mais j'imagine que ça a dû te faire un choc quand même... Ou peut-être pas, après tout tu n'es absolument pas obligée d'être triste, vu ce qu'il t'a fait."

Elle ne voulait surtout pas que Lyra se sente obligée d'éprouver de la tristesse pour son père. Faire le deuil d'un membre de sa famille était une chose bien trop intime pour qu'elle se permette de la juger.

"Oh mais Clemens va être super content de te voir ! Il faudra qu'on organise quelque chose pour lui faire la surprise !"

Elle eut un sourire un peu coupable quand Lyra la questionna sur son cursus.

"Excuse-moi, je ne t'ai pas écrit ces derniers mois... Ils ont été tellement mouvementés que je t'ai un peu délaissée. J'adore toujours autant la botanique, alors j'ai choisi le cursus de spécialiste en flore magique. Histoire de la magie, ça doit être passionnant ! La formation dure combien d'années ? Et tu vas enfin pouvoir faire le métier dont tu rêves, je suis tellement contente pour toi ! Maïa aura de la chance d'avoir une maman qui pourra lui faire lire tous les livres qu'elle voudra !"

Elle rit à la pique de Lyra sur sa vie sentimentale.

"Tu sais bien que les deux me plaisent autant, lui dit-elle avec un sourire complice. Mais non, rien depuis Poudlard. Mais, ajouta-t-elle avec un air mystérieux, j'ai quand même fait une rencontre très agréable en septembre..."

Elle laissa un doute planer sur ses dernières paroles, voulant elle aussi titiller un peu Lyra.

"Endymion !" appela-t-elle finalement.

Le petit félin approcha tranquillement des jeunes femmes, sans se presser, avec un petit miaulement interrogatif à l'intention d'Isolde. Il alla renifler les jambes de Lyra et l'observa quelques instants d'un air curieux, puis sauta sur les genoux de la jeune allemande où il se lova en ronronnant paisiblement.

"Une vraie peluche, dit Isolde en éclatant de rire. Je l'ai trouvé près d'Avalon, il a sûrement été abandonné, un chat sauvage ne serait pas aussi câlin. Il était blessé, je l'ai fait soigner par le magizoologiste là-bas et maintenant il est en très bonne santé ! Bon, mes dernières économies y sont passées, ajouta-t-elle en grimaçant légèrement, mais ça valait le coup. Je ne pouvais pas le laisser comme ça ! Il était très maigre, et il s'était fait attaquer. Je l'ai ramené au chaud ici pour sa convalescence, et il a décidé de rester ! C'est vraiment une présence réconfortante pour moi."

Tout en parlant, elle caressait tendrement son chat avec une expression presque maternelle sur le visage.

"Je suis tellement contente qu'on soient dans la même confrérie ! répéta-t-elle en relevant la tête, le visage radieux. Il faudra que je te présente à mes nouvelles connaissances !"

Isolde n'avait tellement pas changé ... En un an, elle n'allait pas changé du tout au tout, mais je retrouvais mon amie de Poudlard, curieuse, bavarde et sociale, celle qui avait su me faire rire tant de fois et qui m'avait écouté raconter mes problèmes avec ma famille. Lui raconter que mon père était mort ne me faisait ni chaud, ni froid ... Depuis longtemps j'avais fait une croix sur cet homme qui m'avait séparé de l'homme que j'aimais et qui avait voulu m'enlever mon enfant. Aujourd'hui, il n'était plus de ce monde et tout ce que j'avais, c'étaient des regrets: regret de n'avoir pas su lui faire entendre raison, regret que Maïa ne connaisse jamais un grand-père digne de ce nom ...

"Oui, elle s'est installée à Avalon d'elle-même, lorsqu'elle a appris mon retour. Tu sais, elle a longtemps été brimée par lui, donc elle se rattrape auprès de Maia. C'est une grand-mère formidable. J'y vais à chaque fin de journée, et je rentre pour le repas ou pour la nuit. Si tu veux, tu n'as qu'à venir manger ce week-end là-bas ? Et en ce qui concerne le cadeau, elle a une passion en ce moment pour les 101 dalmatiens qui viennent de sortir."

La discussion dériva alors sur mon père. J'abordais le sujet avec un léger sourire, comme pour rassurer Isolde. Je ne la connaissais que trop bien et je savais que pour sa part, la mort du père Waldorf était une bonne chose. Elle n'arrivait pas à me le cacher mais elle se demandait si de mon côté, je le prenais bien.

"Un choc ... Oui ... Mais pas dans le mauvais sens. J'ai réalisé que j'allais pouvoir retrouver mon chez-moi, ma mère, toi ... Et surtout, arrêtez de me déshabiller pour gagner de l'argent. J'ai tellement honte ... Je ne voudrais pas que Maïa le découvre un jour ..."

Oui, je me sentais mal d'avoir été strip-teaseuse pour permettre à Maïa de ne manquer de rien ... Mais le passé était ce qu'il était et on ne pouvait le changer. Isolde aborda alors le cas de Clémens et, en riant, je lui demandais:

"Tu as un truc en tête toi ! Vas-y, fais-moi en part, je sais à quel point tu es inventive ! Et ne t'en fais pas, je savais que tu étais fort occupée. Tu sais qu'on a pas besoin de lettres pour penser l'une à l'autre."

Je posais ma main sur son genou alors qu'elle évoquait ses histoires d'amour. Du moins c'est ce que je croyais jusqu'à ce que je vis arriver un chat. Je souris, et je le caressais doucement. J'adorais les animaux, et je fis à mon tour un petit bruit de sifflement avec mes lèvres. Un petit miaulement se fit entendre et un chaton d'une blancheur immaculée, aux poils longs et avec de grands yeux bleus, sortit de derrière un fauteuil et s'avança, un peu effarouché.

"Elle s'appelle Chantilly ... Maïa l'a vu dans une animalerie et ma mère l'a prise. Lorsque Maïa a compris que je dormirais à l'école, elle m'a dit de le prendre avec. Mais elle n'est pas bête, ma mère lui en a prit un autre. "

Je me mis à rire de plus belle.

"Tu as toujours eu une âme de sauveteuse. Allez, viens, Chantilly. Ne t'en fais pas, Endymion ne te fera pas de mal."

Le pauvre se déplaçait en crabe, comme pour impressionner le chat qui faisait deux fois sa taille.

"Tu n'imagines pas à quel point je suis heureuse de te retrouver. J'arrive pas à croire que tu sois toujours célibataire ! Tu n'as trouvé personne qui te plait ? Même physiquement ? J'ai croisé plusieurs demoiselles loin d'être vilaine ! Bon après, elles n'ont pas ouvert la bouche ... Quant aux mecs, je n'en ai pas encore croisé, ou vaguement."

30/03/2015

Isolde connaissait peu de situations dans lesquelles on pouvait se réjouir de la disparition de quelqu'un, mais il semblait que c'était le cas avec le père de Lyra. Dire que sa mère avait souffert ainsi tant d'années... A écouter parler son amie, elle avait l'impression qu'un grand poids avait disparu des épaules de toute la famille.

Elle acquiesça vivement à l'invitation de Lyra.

« Oh oui, je viendrai ! Bien sûr ! J'ai hâte de revoir ma filleule préférée ! Les 101 Dalmatiens, tu dis ? » Isolde s'interrompit pour réfléchir un instant.
Une peluche peut-être ? Un peu simple, elle aurait souhaité quelque chose de plus personnalisé... Mais avec l'aide des dons de Clemens, elle pouvait obtenir un cadeau très amusant pour une petite de son âge.

« Je crois que je pourrai trouver quelque chose ! Et tu as bien fait de l'amener ici, je vais pouvoir la corrompre et en faire une adepte de la botanique comme moi ! »
Elle regarda machinalement par la fenêtre, et vit les grosses gouttes d'une pluie automnale s'écraser contre les carreaux. Hmm, pas la meilleure météo pour emmener une petite en vadrouille dehors. Quoique, elle savait bien qui, de la mère ou de l'enfant, s’inquiéterait le plus d'être trempée.

L'aveu de honte de son amie lui serra le cœur et elle quitta le bras du fauteuil pour venir à nouveau la prendre dans ses bras.

« Je te l'ai déjà dit, mais je te le répète encore : tu n'as pas à avoir honte. Tu as fait ce que tu pouvais, avec les moyens du bord. Tu as vécu quelque chose de difficile, mais maintenant tout va aller mieux, hein ? »

Elle s'écarta un peu de son amie pour la regarder dans les yeux, cherchant un signe d'approbation de sa part. Lyra avait prouvé ses capacités de débrouille dans une situation critique et Isolde en était sincèrement impressionnée. Alors dans un environnement aussi positif, avec de l'argent, sa famille à ses côtés, et un avenir professionnel assuré, elle ne doutait pas que son amie ferait des merveilles.

Elle défit son étreinte et retourna s'asseoir sur le fauteuil. Les quelques secondes de flottement qui suivirent permirent à son regard d'observer plus précisément son amie. Elle était toujours aussi mince, et Isolde ne doutait pas que quelques mois au régime de Haveirson lui ferait du bien.
Son visage était le lieu de changements plus évidents. Moins tiré par l'anxiété, moins fatigué, plus... paisible. Et l'éclat joyeux de ses années à Poudlard était de retour dans ses prunelles noisette. Son rire était toujours aussi contagieux, et il contamina aussitôt Isolde.

« Haha, tu me connais trop bien ! Et oui, j'ai une petite idée, mais il faut que j'y réfléchisse un peu. Mais ne t'inquiète pas, on va l'étonner ce cher Clem ! »

A la surprise d'Isolde, Lyra appela à son tour un chat et une petite boule de poils blancs avança prudemment vers les jeunes femmes.

« Oh, il est mignon ! Viens par là toi ! » dit-elle, se penchant autant qu'elle le pouvait sans écraser son propre chat toujours sur ses genoux, et tendant doucement la main vers le chaton aux yeux d'azur. Ce dernier n'avait pas l'air aussi détendu que sa maîtresse, et lorgnait d'un œil suspect vers Endymion, également sur ses gardes. Isolde rit avec Lyra.

« Et bien, Phénix, c'est le royaume des chats ! Anna en a un aussi, et je suis sûre d'en avoir vu d'autres se balader ici. »

Elle regarda, comme fascinée, le combat de regard entre les deux félins. Endymion gardait sa position, indiquant à l'ennemi que la place était déjà prise. Le chat de Lyra avançait en essayant de se grandir le plus possible, mais malgré ses efforts, il restait bien moins imposant que son adversaire. Il finit cependant par s'approcher assez pour qu'Isolde le touche du bout des doigts, effleurant une oreille et faisant glisser le dos de sa main contre sa joue. Le contact détendit le chat qui se laissa faire sans broncher et quitta des yeux Endymion pour se tourner vers Lyra.

« C'est bon, ils se sont adoptés ! Et oui je sais, j'ai un grand cœur, je ne résiste pas à un petit museau mouillé et aux ronrons au coin du feu. C'est mon point faible !" ajouta-t-elle en riant.

L'intérêt de Lyra pour sa vie sentimentale la touchait, et elle ne pu s'empêcher de lui lancer un regard équivoque quand elle évoqua les qualités physiques des étudiants de l'académie.

« Oh, de ce côté-là je n'ai pas à me plaindre... On est plutôt bien lotis à Haveirson je trouve ! Mais comme je te l'ai dit, ma vie a été assez mouvementée depuis quelques mois. Je n'ai pas trop eu la tête à ça. Elle frissonna aux souvenirs de son attaque estivale en Ecosse et du cimetière. Cet été, par contre, a été un peu plus intéressant... Et toi ? lui demanda-t-elle prudemment. Comment ça va de ce côté ? »
Elle savait que se séparer de Jan avait été déchirant, mais elle se demandait comment son amie avait évolué sur la question. Après cinq années, elle avait peut-être réussi à passer à autre chose.

Elle savait que Lyra ne résisterait pas à l'envie de lui demander plus de détails sur ses phrases pleines de sous-entendus, mais elle aimait toujours autant la taquiner. Elle était comme sa grande sœur, et c'est ce que font les sœurs entre elles, n'est-ce pas ?