Miettes de souvenirs

18/08/2015

HRP:

Rupert venait à peine de débarquer à l'académie pour s'y installer. Lors de son dernier transplanage, il avait emporté un joli tas de cartons et de valises, de sorte que son appartement ressemblait à présent à une partie du jeu moldu Tetris mal annoncée. Impossible de s'installer correctement pour travailler dans ce fatras. Et puis, l'Irlandais avait faim.
Aussi, plutôt que de ranger, il se dirigea vers le rez-de-chaussée.

Il avait pris quelques parchemins avec lui, sa plume, deux-trois livres et erra dans les couloirs jusqu'à trouver la salle des professeurs. Celle-ci était vide, calme et Rupert s'installa convenablement dans un fauteuil. Il déposa nonchalamment son attirail sur la table basse et se mit à la recherche d'un quelconque appareil capable de produire un café décent. Il fut assez étonné de découvrir un mini-bar qu'il explora tandis que le précieux liquide noir coulait dans la cafetière avec des bruits de train qui démarre.
Rupert versa une cuillerée de sucre dans sa tasse puis tartina un roll de pain blanc de beurre qu'il garnit de chips au vinaigre pour avoir de quoi grignoter. Un casse-croûte qui sentait bon les après-midi en ville pour toute tête blonde irlandaise !

Satisfait, il s'installa confortablement et commença à prendre des notes. De temps à autre il sirotait son café et malgré lui, fit tomber une poignée de miettes sur son jean brut. Il les essuyait d'une main distraite, toujours concentré sur son livre.

C'est alors qu'il était assis, penché sur son bouquin en mâchant bruyamment (ce n'était pas le genre de goûter à emmener en filature!), que la porte de la salle s'ouvrit.

Quinlan n’avait pas pour habitude de trop traîner dans la salle des profs, puisqu’il avait plutôt ses marques dans son bureau d’infirmier. Une fois n’est pas coutume, il s’y pointa en apprenant que de nouveaux professeurs venaient d’arriver à Haveirson. Avec un peu de chance, il pourrait faire connaissance.

Maintenant qu’il y pensait, Quinlan n’était pas très entouré. Il n’était pas seul entre son frère et Clemens, mais le premier était absent en ce moment, et il ne pouvait pas voir le second autant qu’il le voulait. Le souci, c’était qu’en dehors d’eux, Quinn ne connaissait pas grand-monde. Il pouvait toujours aller traîner au Dark Night pour aller dragouiller gentiment — tant qu’ils n’avaient pas mis les points sur les i avec Clem, il se refusait à ce que ça aille plus loin — mais dans le fond, mis à part le Docteur, son chat, il n’avait personne à qui parler.

D’un pas décidé, il entra dans la salle des profs, et fut content d’y voir un de ses nouveaux collègues. Sa tête ne lui disait rien : ça ne voulait pas dire qu’il ne l’avait jamais rencontré. Il aurait très bien pu l’oublier entre temps. Sans hésiter, Quinlan se dirigea vers l’inconnu, lui tendant une main amicale.

— Bonjour et bienvenue à Haveirson ! Vous venez d’arriver, je suppose ?

Il lui décocha un large sourire, avant de se présenter en bonne et due forme.

— Je suis Quinlan Fitzsimmons, prof de médicomagie et guérisseur de l’Académie. Et vous ?

Jetant un coup d’œil vers la machine à café, il lui commanda un grand café d’un coup de baguette magique, avant de la ranger dans sa longue robe de sorcier. Aujourd’hui, Quinn s’était décidé pour la violet foncé. Allant chercher sa tasse, il s’assit dans un autre fauteuil, profitant d’un pur moment de pause où le travail ne viendrait pas interférer.

Un réveil embué, les yeux collés, la tignasse en bataille, Caterina ouvre les paupières à cause d'un rayon de soleil perçant entre ses rideaux mal fermés. Le jour, déjà ? Et quelle heure est-il, déjà ? Elle se redresse, vêtue de son large tee-shirt informe et d'un short de pyjama, pour vérifier la petite horloge sur la table de nuit de son petit appartement de l'académie. La pièce est dans un désordre incroyable, des boîtes en carton et une lourde malle jonchent le sol, des piles de livres, la penderie grande ouverte vomit presque les vêtements pas encore repliés. Cat attrape ses épaisses lunettes, les met sur son nez, cligne des yeux avant de regarder l'heure. ...seize heures ?
Panique totale. Comment avait-elle pu dormir autant ? A quelle heure s'était-elle couchée la veille ? Elle avait été absorbée par ses recherches et la préparation de ses cours, et à vrai dire, cela fait plusieurs jours qu'elle a un rythme un peu douteux, son corps aurait donc décidé que ce jour était le meilleur pour rattraper tout son sommeil en retard. Elle bondit de son lit en furie, enfile maladroitement un pantalon gris, une chemise froissée et un pull rose, et une robe noire par-dessus. Elle prend ses affaires, livres, parchemins, plumes, les empilant frénétiquement dans ses mains pour sortir de sa chambre en trombe, ses mocassins en cuir à moitié enfilés et le col de sa chemise à moitié redressé.

Caterina débarque comme une furie dans la salle des professeurs, les cheveux emmêlés et les lunettes pas droites, tombant nez à nez avec deux collègues qu'elle n'avait encore jamais croisé. A vrai dire, cela ne fait que quelques semaines qu'elle est arrivée, et n'étant pas vraiment du genre sociable, elle a surtout passé le plus clair de son temps à étudier dans sa chambre. Mais là, elle doit faire un tour par la salle des professeurs pour s'assurer de ne rien avoir raté, et récupérer son écharpe oubliée la veille, et manque de bol, il y a du monde.
« Bonjour, je... je suis en retard, pardon, désolée... » murmure-t-elle d'une voix confuse, bégayant à moitié, posant son fatras dans un vacarme assourdissant sur la table pour attraper son écharpe. Et puis elle reprend ses affaires, avant de finalement s'arrêter devant le calendrier.
On est samedi ?
Elle s'arrête net, le temps d'intégrer l'information. Le samedi. Pas de cours. Donc, pas de retard. Voilà pourquoi elle n'avait pas réglé son réveil la veille. Dans un ascenseur émotionnel, elle laisse échapper un lourd soupir soulagé, faisant bouger un parchemin sur sa pile de livres, lui-même faisant glisser un pot d'encre... qui vient s'écraser et exploser aux pieds des deux autres professeurs présents, éclaboussant le sol. Cat se retourne et devient rouge pivoine, avant de tout laisser tomber sur la table à nouveau et se précipiter à terre avec son mouchoir sorti de la poche de son pantalon.
« Oh je... je suis désolée, je... excusez-moi, je... » bafouille-t-elle en essayant de nettoyer les dégâts, ayant temporairement oublié qu'elle était, elle aussi, une sorcière. Cat n'aurait pas le prix de camaraderie, mais au moins, on risquait bien de se souvenir de sa première rencontre avec ses collègues.

18/08/2015

La porte s'ouvrit sur un homme d'une trentaine d'années, de belle stature, soulignée par une cape sombre de belle facture. Rupert posa son sandwich et tâcha de finir de mâcher le morceau qu'il venait d'engloutir tandis que le nouvel arrivant s'approchait. Il se leva, s'essuya nonchalamment la bouche de sa main gauche et avec l'autre serra la main tendue.

- Salut... Oui, merci ! Je suis arrivé il y a quelques jours, je donnerai des cours seulement au second semestre.

Son interlocuteur lui offrait un beau sourire auquel Rupert répondit chaleureusement. Il était plus grand que celui qui se présenta comme le professeur de médicomagie mais quelque chose dans son regard l'impressionnait. Il était très élégant, beau et dégageait une assurance toute naturelle. Les étudiants devaient le respecter, voire même l'admirer, se dit l'Irlandais.

- Enchanté ! Moi c'est Rupert Wenlock-Larkin, je vais enseigner le droit et la science politique. J'suis tombé sur la bonne personne à connaître dans l'académie, du premier coup ! Enfin, j'espère ne pas avoir à user de vos talents de guérison. Rupert disait cela en riant. Il avait vouvoyé Quinlan, ne connaissant pas les usages de la maison. En temps normal, le tutoiement lui serait venu naturellement, mais la prestance du médicomage lui intimait de patienter un peu.

Quinlan se prépara un café et rejoint Larkin près de la table basse. Ce dernier ne put s'empêcher de reprendre la conversation, en bon Irlandais bavard qu'il était.

- Alors, j'imagine qu'avant votre job de prof, vous étiez guérisseur ?

A cet instant, la porte vola et laissa apparaître une jeune femme aux longs cheveux noirs emmêlés qui semblait être sur le point de rater son train. Elle attrapa maladroitement une écharpe après avoir lâché la pile dont elle était chargée sur une table. Elle était en retard ? Elle avait peut-être un rendez-vous à l'extérieur. Elle reprit ses affaires, prête à quitter la salle. quand elle se figea devant le calendrier. Le silence dura deux secondes. Puis tout son corps sembla se détendre alors qu'elle poussait un long soupir. Son mouvement entraîna la chute d'un pot d'encre, et, bien entendu, l'embarras de la jeune femme. Elle fit tomber son fatras sur la table et se précipita pour nettoyer la tache d'encre en bredouillant des excuses.

Rupert avait assisté à la scène, interloqué, sans bien comprendre ce qui se passait devant lui. Un réflexe le fit se lever pour aller aider la jeune femme. Il s'accroupit près d'elle, jeta un coup d'oeil à son mouchoir, à la tache puis sortit sa baguette. Dans un murmure, il prononça la formule "Recurvite". La tache disparut et il sourit à la jeune femme en lui tendant la main pour l'aider à se relever.
- Ne vous inquiétez pas, ça arrive à tout le monde !

Il sourit à nouveau et se présenta.
- Rupert Wenlock, enchanté ! Vous êtes ?

Tiens tiens, ce nom disait quelque chose à Quinlan. Wenlock-Larkin… C’était plutôt classe, mais ça avait des résonances étranges à ses oreilles. Ne trouvant pas à quoi rattacher ce patronyme si particulier, Quinn chassa cette pensée pour continuer les politesses avec le nouveau professeur. Science po, hein ? Quinlan était curieux, mais il n’était pas masochiste à ce point non plus.

— Du droit ? Vous ne m’en voudrez pas si je ne joue pas aux auditeurs libres avec vous…? J’ai tendance à m’incruster régulièrement aux cours des autres professeurs comme un étudiant lambda, mais la science politique, ce n’est vraiment pas ma tasse de thé.

Prenant son café, il répondit avec un sourire à la plaisanterie de Rupert. Et il ne put s’empêcher, au passage, une petite œillade plus mystérieuse.

— J’espère ne pas vous voir dans mon cabinet, effectivement. Ou du moins, pas pour un problème de santé.

Oui bon ça va ! Quinlan était incorrigible et ce n’était pas nouveau ! Il allait répondre à la question de Rupert quant à son ancien métier, mais ils furent interrompus par une étudiante décidément bien maladroite. Elle arriva en bredouillant des excuses, et dans sa panique, provoqua encore d’autres catastrophes qui impliquaient d’autres excuses. Contenant avec peine son hilarité, Quinlan laissa Rupert l’aider, avant de lui tendre la main à son tour.

— Et moi, c’est Quinlan Fitzsimmons. Le gars en blouse blanche dans l’infirmerie.

Malheureusement, c’était sûrement du Dr. Woodsky, le psychomage, dont cette fille avait besoin. Les yeux pétillants d’amusement, Quinn retourna à son café… Il n’avait pas envie de rappeler ce petit détail mais…

— Sinon… C’est la salle des professeurs ici. Et vous êtes peut-être un peu jeune pour être prof, non ?

Bélier qui fonce dans le tas, bonjouuuuur.

Célestin Xi Ressel - Invocateur

Hah ! Quel plaisir de pouvoir savourer son thé noir avec des tuiles aux amandes, quel délice ! Les plaisirs les plus simples étaient les meilleurs d’après les philosophes chinois …

Bon ok, il était temps d’admettre que j’avais un sérieux problème : je n’arrivais pas à trouver l’inspiration pour mon premier cours ! Bon Sang ! C’était pour très bientôt, mais entre le maître convocateur que je devais combattre, mes invocations qui souhaitent s’entrainer encore plus que d’habitude, mon job et bibliothécaire et mes cours en secret, c’était carrément mission impossible ! Je devais trouver de l’aide afin que je puisse avancer dans mon travail.
Je m’étais dit qu’un autre professeur qui pouvait comprendre ma peine et qui était plus expérimenté pourrait m’aider. L’ennui ? … C’était que je n’en connaissais aucun en particulier. J’avais la vague impression que j’étais le seul à Haveirson pendant un moment.

Accompagné de mon sceptre, d’un stylo à bille et d’un bloc-note, je me mis en route vers la salle des professeurs ! Je ne l’avais jamais visité auparavant puisque je restais souvent cloitré dans mon propre bureau (ou dans ma chambre).

Je m’étais habillé assez bien, avec une chemise blanche aux manchons noirs, un pantalon bleu marine, un gilet sans manches noir et d’une cravate fine bleue marine. J’avais toujours ma sacoche qui contenait les fioles contenant des extraits d’éléments et mes cartes de pactios.

Pendant ma marche alors que j’étais à dix mètres de la salle, je vis une jeune demoiselle passer devant moi, comme pressée par le temps, à l’instar du lapin dans Alice aux pays des merveilles. C’est en ouvrant la porte que je vis une pauvre sorcière nettoyer des tâches d’encre-noir, tellement excitée, exprimant sa désolation dans son empressement.

C’est dingue à quel point les sorcier d’occident pouvait tout faire disparaître à la vitesse grand V, avec seulement un seul mot et une baguette magique. J’aurais bien aimé pouvoir faire ce genre de choses.

Je n’étais pas certain d’avoir croisé l’un d’entre eux dans l’académie auparavant, à part peut-être le grand brun mais je ne me souvenais pas trop où est-ce que j’avais pu le croiser auparavant … Bon aller, il fallait que je fasse mon mec poli.

- Bonjour tout le monde, je me présente, Célestin Xi, professeur en convocation et animisme. J’aurais besoin de …

… Et soudainement, je vis la main d’un squelette se poser sur mon épaule gauche. Mais … Qu’est-ce que faisais Georges ? En plus, il avait son costume de majordome aujourd’hui, alors que je lui avais donné un jour de congé. Je me retournai en observant mon bento enveloppé dans un tissu blanc, dans les bras de mon squelette ambulant.

- Georges ? Je peux savoir ce que tu fais là ?
- Tu as oublié ton déjeuner ! C’est important que tu te nourrisses à l’heure et que tu manges tes légumes ! répondit mon invocation, heureux de pouvoir faire une bonne action … ou se foutre royalement de ma gueule devant tout le monde.

… Mais attend un peu, j’ai cuisiné mon panier repas la veille, il aurait encore fouillé dans mon frigo ?!