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 La nuit ne porte pas conseil [Quinlan First]

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Clemens Neubach
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MessageSujet: La nuit ne porte pas conseil [Quinlan First]   La nuit ne porte pas conseil [Quinlan First] EmptyMer 10 Juin 2015 - 7:31

00h30.

Assis sur son lit en marmonnant, Clemens leva les yeux lorsqu'il entendit la porte s'ouvrir. Comme à son habitude, Rowan rentrait tard de la bibliothèque et leur habituelle conversation nocturne allait sans doute commencer. Cependant, ce soir-là, l'Allemand n'en avait pas envie. Il adressa un sourire d'excuse à son colocataire puis referma d'un coup sec le livre devant lui. Troubler l'essence : Ces Transformations d'un autre genre. Il avait découvert cet ouvrage quelques jours plus tôt dans un coin reculé de la bibliothèque. Au vu de la couche de poussière qui le recouvrait, personne n'avait du l'ouvrir depuis bien longtemps. Malheureusement, les espoirs que l'étudiant avait fondés pour ses avancées, étaient restés déçus. La frustration le guettait.

D'un geste vif, il sauta à bas de son lit, attrapa sa baguette dans une main et le traité dans l'autre puis quitta la pièce.

1h30.

Comme si tout avait encore besoin d'une raison pour aller plus mal, voilà qu'il se faisait chasser de la salle commune. Clemens y avait continué ses expérimentations après le coucher de Rowan, afin de ne pas déranger son ami. Les deux colocataires pouvaient passer des heures acharnées à travailler, ils n'avaient cependant pas le même rythme. L'ancien Serdaigle trouvait un plaisir tout particulier à philosopher au calme et sous la lueur des étoiles. Quand une question le passionnait aussi intensément, il n'était pas rare de le voir se coucher aux petites lueurs du jour.

« Foutu traité... »

Son marmonnement agacé, bien qu'adressé au livre, se destinait un peu aussi à l'étudiante qui venait de se plaindre. Ses grognements de frustration empêchaient apparemment la délicate de dormir. L'Allemand se contenta de lui lancer un regard noir avant de quitter la pièce. Personne ne pouvait-il comprendre à quel point ce type d'expérimentations était compliqué ? Quand les choses ne tournaient pas rond, il avait tendance à en vouloir au monde. Si son caractère n'avait pas été aussi fier et borné, il aurait été se coucher. Au fond de son esprit, il savait que c'était la meilleure solution. Néanmoins, ne pas trouver la clé du mystère sur parchemin qu'il avait sous le nez commençait à le rendre fou.

2h.

Après une demi-heure à errer dans l'académie telle une âme en peine, Clemens s'était enfin décidé à se poser un peu. S'arrêter au milieu d'un couloir, pour vérifier une supposition dans un bouquin appuyé sur un coin de bas relief n'était décidément pas une technique de travail efficace. Arrivé au rez-de-chaussée, il avait poussé en soupirant la porte de la cafétéria, historie de s'accorder une pause intellectuelle. La nuit était encore loin d'être terminée, mais il devait à tout prix retrouver le contrôle de sa frustration, sans quoi ses efforts resteraient vains. Il le savait, mais encore fallait il réussir à l'appliquer.

Le Sinistros abandonna l'énorme ouvrage relié de cuir sur une table et se servit un verre d'eau. Le liquide froid le fit frissonner et réaliser à quel point il avait soif. Se laisser aller à la déshydratation par passion était également loin d'être une idée de génie. Clemens lâcha un rire nerveux. Ces derniers jours, il avait constamment eu l'impression de n'arriver à rien, de voir tout lui échapper. Entre ses expériences et les entraînements de Quidditch, il commençait à être à bout. Un regard sur ses mains lui révéla qu'elles tremblaient. Il ne s'en était même pas rendu compte.

« AAAAAAAAAAH ! »

Le cri de frustration résonna sous le haut plafond de la salle. Dans un dernier geste désespéré, l'Allemand jeta le verre à terre et observa la myriade de reflets lunaires qui se rependirent dans la pièce. Un air de bête blessée sur le visage, il se détourna lentement pour retourner vers son livre, mais s'interrompit brusquement. Ses yeux venaient de tomber sur un autre oiseau de nuit de l'académie. Quinlan. Clemens l'observa en silence, soudainement honteux que son accès de rage ne soit pas resté sans témoins.
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MessageSujet: Re: La nuit ne porte pas conseil [Quinlan First]   La nuit ne porte pas conseil [Quinlan First] EmptyMer 10 Juin 2015 - 9:22


La nuit était déjà bien avancée mais Quinlan ne dormait toujours pas. Il n'avait pas besoin d'énormément d'heures de sommeil, ce qui avait toujours été bien pratique dans sa vie professionnelle et personnelle. On ne pouvait pas s'envoyer en l'air passionnément la nuit et être un médecin efficace si on avait besoin de plus de six heures de sommeil… Quinn tournait généralement entre quatre et cinq heures par nuit, et allait souvent se coucher vers deux heures et demie trois heures.

La soirée avait été plutôt sympathique, quoique pas extraordinaire. Il était sorti au Dark Night, mais était rentré seul. Ça arrivait parfois. Il n'y avait croisé personne qui avait suscité son intérêt, et même si on avait tenté de le draguer, il était resté poli mais insensible. Finalement, vers une heure, il s'était décidé à regagner ses appartements. Évidemment, il avait oublié que le Docteur était un ventre sur pattes et qu'il était plus ou moins fait du même bois que son chat. Malheureusement, il n'y avait plus rien à manger dans ses placards, et il avait de toute façon envie de quelque chose d'un peu plus consistant. Oui, Quinlan était du genre à se préparer des pâtes bolognaise en pleine nuit.

Il avait troqué son col V blanc et son jean pour des vêtements plus confortables quand il était passé par chez lui. Ce n'était pas son pyjama, pas exactement, puisqu'il ne dormait pas habillé, mais on sentait qu'il ne sortirait pas fringué comme ça et qu'il ne s'attendait pas à croiser du monde. Il avait même mis des tongs, c'est dire !

Et pourtant, en s'approchant de la cafétéria, il entendit un cri, suivi d'un bruit de verre brisé. Pensant que quelqu'un s'y était blessé, il s'y précipita, sortant sa baguette du seul endroit où il aurait pu la mettre : l'élastique de son boxer. Au niveau de la hanche, bien sûr. Un accident était si vite arrivé…!

La cafétéria n'était éclairée que par quelques bougies et la lumière de la lune, mais les yeux de Quinlan étaient habitués à l'obscurité. Il avait bien repéré le verre brisé sur le sol, qu'il évita soigneusement alors qu'il s'approchait un peu — mais pas trop — de Clemens. Il l'avait reconnu au premier coup d'oeil. L'air sincèrement inquiet, Quinlan marcha jusqu'à lui, s'arrêtant à environ deux mètres et le regardant dans les yeux. Il n'avait pas besoin de se présenter, ils s'étaient croisés suffisamment souvent pour se souvenir l'un de l'autre maintenant. Quinlan rangea sa baguette en cherchant quoi dire.

Première chose : ne pas demander comment ça va quand manifestement ça ne va pas. C'est soit passer pour un con, soit pousser l'autre à mentir et dans tous les cas, ça ne fait pas avancer les choses. Ensuite, Quinn n'aimait pas demander ce qui n'allait pas : déjà parce que ce n'était pas ses affaires, et aussi parce qu'il n'était pas sûr de pouvoir aider et qu'il détestait se sentir impuissant. Mais alors, que pouvait-il faire ? Quelle merde, Quinlan avait toujours été nul pour ce qui est de la psycho… Il essaya de se détendre, de faire comme si tout allait bien : ce n'était pas la peine d'ajouter son stress à celui de Clemens.

— Tu veux quelque chose à boire ? À manger ?

Quinlan passa derrière le comptoir et fouilla les placards sans se gêner. Il avait l'habitude de venir ici à des heures indues. Bientôt sur le comptoir s'alignaient les oeufs durs, le jambon, les gauffres et les croissants qui normalement devaient attendre que le soleil se lève pour sortir de leur antre. Quinn y ajouta deux tasses, l'une pleine d'un chocolat chaud à l'arôme intense, l'autre attendant une réponse de l'étudiant. Quinn quant à lui alla s'installer sur un des tabourets, prenant soin de ne pas entrer dans l'espace personnel de Clemens sans y être d'abord invité. Il était donc toujours à plus d'un mètre de lui.

— Je ne sais pas ce qui se passe, et je ne cherche pas à le savoir. Mais je suis là.

Parfois, c'était la seule chose qu'on avait envie d'entendre, et Quinlan le savait. Combien de fois ces simples mots dans la bouche de son frère avaient suffit à apaiser ses douleurs ? Il avait perdu le compte. Gardant un air inquiet mais pas paniqué, Quinlan ajouta d'une voix basse et presque murmurante :

— Si tu veux crier, vas-y. Si tu veux parler, vas-y. Si tu veux pleurer, vas-y aussi.

Il avait même envie de lui dire que s'il voulait tout détruire dans la pièce, qu'il y aille de bon coeur. Tout, du moment que ça sorte. Le pire dans ces moments était de rester silencieux, de tout garder pour soi jusqu'à ce que ça vous pourrisse à l'intérieur.

Après avoir goûté son chocolat, Quin posa sur Clemens un regard plein de bienveillance et de patience dans lequel on lisait son envie de l'aider. Il n'était pas toujours doué avec les mots, il avait simplement appris — de la manière forte —  à ne pas dire certaines choses. Et à ne pas en faire non plus.

C'est aussi pour ça que le verre était toujours là, gisant en pièces sur le sol. S'y apesantir, que ce soit en en parlant ou en le réparant pourrait faire culpabiliser Clemens, le faire passer pour fautif. Tu vois ce que tu as fait ? Il faut que quelqu'un passe derrière toi pour réparer tes conneries ! Quinn réfléchissait peut-être un peu trop, mais c'était comme ça qu'il voyait la chose. Quand Clem ira mieux, il réparera le verre lui-même. De toute façon, Quinlan se foutait de ce verre à la con. C'était du matériel, du réparable. Un sort et on n'en parlait plus. Mais en face de lui, il avait quelqu'un qui lui aussi était en pièces et qu'un coup de baguette magique ne suffirait pas à rendre intact.
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MessageSujet: Re: La nuit ne porte pas conseil [Quinlan First]   La nuit ne porte pas conseil [Quinlan First] EmptyMer 10 Juin 2015 - 15:24

Décidément, il persistait à rencontrer ce professeur dans des circonstances complètement inattendues. De toute évidence, le sentiment devait être partagé à propos de cette rencontre ci, car Quinlan ne semblait pas avoir prévu de se trouver en face de qui que ce soit. Habillé plus casual, tu meurs. Clemens ne savait pas trop comment réagir. Deux secondes auparavant, il se trouvait aux prises avec son propre esprit, ses échecs et ses amertumes. Maintenant, il devait non seulement leur trouver une solution, mais également décider de l'attitude à adopter avec le guérisseur. Il était complètement paumé, et cela lui arrivait assez peu souvent pour que cela le perturbe profondément.

Seuls ses yeux trahirent le moindre mouvement. Son regard suivit chacune des actions du nouveau venu, sans parvenir à y réagir d'une quelconque manière. L'étudiant avait presque l'impression que son esprit avait refoulé les dix minutes précédentes car il peinait à se rappeler pourquoi il se trouvait à la cafétéria. En quelque sorte, c'était trop de perturbations d'un coup. Ce moment de grâce pendant lequel il ne ressentit, ni ne comprit plus rien arriva malheureusement à sa fin lorsque son regard retomba sur les débris de verre. Tout lui revint en bloc et il eut l'impression de recevoir un coup dans l'estomac. Clemens lâcha un soupir puis se tourna vers Quinlan, dont la voix venait de lui parvenir à nouveau. Son attitude était tellement différente maintenant, calme et contrôlée, pleine de sollicitude sans tomber dans le travers plaintif.

« Je veux bien un peu de ce chocolat. »

La voix était à peine plus qu'un murmure, dans lequel on entendait néanmoins la fatigue et un reste de frustration. Cette remise au calme forcée lui avait permis de remettre un minimum d'ordre dans ses idées, à défaut de les relativiser. Il en était même parvenu à retrouver l'usage de ses membres. Avec un soupir crispé à l'adresse de Quinlan, remerciement maladroit pour ses paroles bienveillantes, l'étudiant alla récupérer son livre avant de se laisser tomber sur un tabouret au côté du guérisseur. Le traité posé devant lui, la tête dans les mains, il resta encore silencieux un instant.

Devait-il, pouvait-il se confier ? Clemens devait avouer qu'il en avait besoin depuis un moment. Ses projets n'étaient pas complètement inconnus de ses amis, mais il préférait éviter d'en parler. D'une part, parce qu'il ne voulait pas avoir à rencontrer les attentes de qui que ce soit, d'autre part parce qu'il craignait les paroles indiscrètes. Il leur faisait confiance… Mais n'arrivait pas à tout dévoiler pour la cause. C'était tellement difficile de parler des ses expériences avec quelqu'un qui n'y connaissait presque rien ! Au lieu de trouver des avancées, des solutions, il se retrouvait à expliquer en long et en large ce qu'il savait déjà, et se trouvait, deux heures plus tard, toujours aussi proche de son point de départ. L'étudiant releva les yeux vers Quinlan, le jaugeant un instant, tiraillé entre le besoin de lâcher prise et le refus de le faire avec cet être étrange qui leur servait de professeur. Finalement, l poussa le traité vers lui.

« Je… travaille sur ce livre depuis plusieurs jours, mais je n'arrive pas à rien. J'avais espéré qu'il me permette d'avancer dans mes recherches, mais aucune information qu'il ne donne n'est complète ou persistante d'un chapitre à l'autre. Pourtant, rien n'est diamétralement faux pour la cause. C'est comme s'il me manquait une connaissance en aval… Une clé, un déclic. »

Sa voix était hésitante. Ses yeux bleus à la lueur troublée se posèrent à nouveau sur Quinlan. Ils semblaient poser cette question simple ; Puis-je te faire confiance ?

L'Allemand se perdit un moment dans ses pensées, son esprit flottant vers une autre conversation avec un Fitzsimmons. Contre toutes attentes, il s'était bien entendu avec Neal et était sorti enrichi de leur échange. Néanmoins, ils avaient un sujet précis, un rendez-vous, des formes. Bien qu'il n'était pas son étudiant au sens strict du terme, il avait gardé avec le botaniste une distance professionnelle qui avait dressé un cadre. Là, à deux heures du matin, deux hommes échevelés et fatigués se trouvaient autour d'un chocolat chaud. Et les conventions, elles, étaient déjà parties dormir.

Clemens prit une grande inspiration. A défaut d'entrer dans les détails et de dévoiler directement ce sur quoi il était en train de travailler… Il pouvait au moins se permettre d'expliquer sur quoi il buttait dans l'immédiat. Cela ne l'aiderait peut-être pas, mais cela le soulagerait au moins. Le professeur avait raison sur ce point : parler, pleurer, crier, qu'importe, tant que c'est exprimé. Aucun des trois n'était son genre, car l'expression n'était pas son fort. Il continua donc de parler.

« Chapitre 3, les métamorphoses transsubstantielles. Les explications sont extrêmement précises mais en même temps, très lacunaires. Je ne parviens pas à déterminer où sont les limites, les risques, quelles sont les règles. Sans ces éléments, je ne peux pas me permettre d'expérimenter, alors que j'ai horriblement besoin des résultats de ces expériences. »

Il touchait son but du doigt, il le savait ! Mais comment dépasser cette étape ultime ? Comment changer sans altérer ?La tête à nouveau appuyée dans les mains, il grogna pour lui-même tout en fouaillant dans ses cheveux. Un indice, quelque part, c'est tout ce dont il avait besoin.
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MessageSujet: Re: La nuit ne porte pas conseil [Quinlan First]   La nuit ne porte pas conseil [Quinlan First] EmptyMer 10 Juin 2015 - 17:00

L'étudiant ne s'attendait clairement pas à être interrompu dans sa crise de nerfs, et c'était bien normal. C'était aussi pour ça que Quinlan procédait avec lenteur et minutie, histoire de ne pas faire pire que mieux. À vrai dire, il n'était même pas sûr de pouvoir aider… mais au moins aurait-il essayé. Après avoir compris qu'il n'y avait pas de danger immédiat comme il l'avait d'abord pensé, il entreprit de sortir un peu de bouffe et du chocolat chaud. Ça faisait une bonne distraction, et c'était pour ça qu'il était venu à la base, aussi. Il demanda ce que Clemens voulait, qui lui répondit après quelques secondes de flottement. Bientôt, chacun eut devant lui une tasse de chocolat fumant.

Et maintenant ? Quinlan ne savait pas quoi dire, et se basa sur son expérience personnelle en la matière. Franchement, c'était Neal qu'il fallait remercier là… Bref, il tenta de rassurer Clemens en lui disant qu'il pouvait faire ou dire ce qu'il voulait, et qu'il était là pour lui s'il le souhaitait. Évidemment, l'étudiant hésita. C'était normal. Quinlan ne s'en formalisa pas et patienta en mangeant un croissant. Agir de façon casu, naturelle, calme, et par mimétisme, l'atmosphère se calmera aussi. À vrai dire, le guérisseur trouvait que Clemens était déjà beaucoup moins tendu, même si ses problèmes n'avaient pas trouvé de solution.

Il se prit la tête dans les mains dans un geste de frustration et d'épuisement à la fois physique et mental. Quinlan réprima son premier réflexe, car il ne savait pas comment il allait être pris. Quand Neal n'allait pas bien, Quinn savait qu'un gros câlin suffisait à le soulager d'une partie de sa tristesse. Mais Neal était son frère et il savait qu'il pouvait se permettre d'être tactile avec, quand bien même Quinlan n'était pas un homme adepte des câlins. En fait, il détestait ça.

Du coup, il attendit, et reporta son attention sur le livre qu'avait apporté Clemens avec lui. Il n'arrivait pas à lire le titre, mais devinait que ce n'était pas de la littérature de divertissement. Le Sinistros, si intelligent, si vif d'esprit, si curieux aurait-il des problèmes dans ses études ?

Quinlan se rendit compte qu'il le fixait quand Clemens lui rendit son regard. Ils s'observèrent un moment, sûrement un peu trop long pour ne pas paraître 'suspect'. Quinn, qui n'avait jamais eu de mal à soutenir un regard, peina à ne pas détourner le sien. Dans la pénombre, les yeux bleus de Clemens semblaient le transpercer de part en part, comme s'ils fouillaient les recoins de son âme. Il tint bon, du moins jusqu'à ce que l'étudiant ne prenne la parole.

Ce qu'il lui dit fit presque sourire Quinlan. Apparemment, tout le monde avait un problème de grimoire dans cette université ! Entre Monsieur Fumeur Spéculoos et ce livre qui n'avait pas l'air de tout dire, ils n'étaient franchement pas gâtés. Cependant, Quinn ne pouvait pas l'aider. Pas s'il ne connaissait pas le thème des recherches de Clemens, et quand bien même… La métamorphose était la kryptonite de Quinlan. C'était déjà beau qu'il sache comment 'ré-artibuler' une victime d'accident de transplanage !

Enfin, ce n'était pas le sujet. Quinlan ne répondit donc rien à ce premier aveu. Le silence était la meilleure façon d'inciter quelqu'un à continuer de parler, d'autant plus qu'à nouveau, Clemens le fixait. Cette fois, Quinn vit une autre interrogation, presque en forme de supplique. Il crevait d'envie de parler, ça se voyait, mais se demandait s'il le pouvait. Pourquoi le monde sorcier était-il si compliqué, parfois ? Quinn hocha lentement la tête, une seule fois, en fermant les yeux. C'était un guérisseur, habitué au secret professionnel. Quand on lui confiait quelque chose, c'était une vraie tombe. Et Clemens n'avait pas besoin de préciser que rien de ce qui se passait ici n'en sortirait. Tu peux me faire confiance.

Et Clemens parla. De métamorphose bien sûr. Quinlan ne montra rien, mais il paniquait déjà. En quoi pourrait-il l'aider ? À moins que le problème ne se situe en amont, dans la méthodologie… Quinn détestait cette sensation qui venait lui tendre les trapèzes, qui lui nouait l'estomac et lui coupait l'appétit. La frustration. L'impuissance. Ce moment où il avait face à lui quelqu'un qu'il ne pouvait pas aider. On lui avait appris à faire avec à Ste Mangouste, mais la sauce n'avait jamais vraiment pris avec lui. Ce n'était juste pas dans sa nature d'abandonner quelqu'un à son sort.

Cela dit, il avait peut-être un élément de réponse. Une idée, inspirée de ses propres échecs avec De Simplex Magicae. Parfois, il fallait prendre du recul, regarder le tableau dans son ensemble.

— C'est détaillé et en même temps inconsistant ? Es-tu sûr que le grimoire n'est pas codé ? Qu'il n'y a pas un message à lire en filigrane…? Ça expliquerait pourquoi il te manque certaines informations… La clé. Il te manque peut-être la clé.

Quinlan tâtonnait. Concrètement, il n'en savait rien et proposait juste ce qui lui venait à l'esprit. Tant pis si, pour cette nuit, il devait jouer le John Watson d'un Sherlock Holmes en manque d'interlocuteur. Ce qui était important, ce n'était pas la pertinence de ce que disait Quinlan, mais la façon dont Clemens structurait sa pensée et sa parole. Rien que ça, ça pouvait faire la différence et le faire avancer.
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MessageSujet: Re: La nuit ne porte pas conseil [Quinlan First]   La nuit ne porte pas conseil [Quinlan First] EmptyMer 10 Juin 2015 - 17:41

Une vague de chaleur traversa Clemens. Il ne pouvait se targuer d'être excellent, quand il était question de juger les gens. Néanmoins, un échange de regard si long qu'il en devenait chargé de force ne tolérait aucun mensonge. A moins d'être un excellent Occlumens, on ne pouvait mentir avec les yeux. L'interrogation qui lui tiraillait les entrailles avait fait mouche chez Quinlan. Une simple signe de la tête avait scellé entre eux une sorte de pacte inexprimé. Les mots qui seraient prononcés dans cette salle n'en sortirait pas et même si rien de tout cela n'était tellement important, sentir ses confidences dignes d'une telle démarche rassura l'étudiant. Etait-il trop confiant ? Peut-être, mais soudainement, cela lui était complètement égal. Il avait atteint un point de non-retour, s'il n'exprimait pas ses doutes, il allait en imploser.

Clemens releva la tête de ses mains et darda à nouveau ses yeux bleus sur le guérisseur. Depuis le début, il était convaincu qu'une lacune en connaissance théorique l'empêchait de faire le lien entre les différentes informations. C'était comme s'il se trouvait au milieu d'un archipel et ne trouvait pas le bateau qui allait lui permettre de relier chaque île. Cependant, il n'avait pas songé à l'existence d'un code en temps que tel qui crypterait le message en profondeur. Peut-être avait-il tout sous la main, mais ne savait simplement pas comment lire… ? Son regard s'illumina un peu.

« Troubler l'essence : Ces Transformations d'un autre genre. Je me posais déjà des questions sur ce titre inhabituel… mais je n'avais pas pensé à l'existence d'un code. Les connaissances que ce livre renferment sont délicates, voire dangereuses. Ce serait tellement logique de ne pas les divulguer clairement sur du parchemin !  Tu as sans doute raison, pourquoi diable n'y ai-je pas pensé plus tôt !? »

Il réalisa un peu tard que dans sa réflexion, il avait tutoyé son professeur.

« Excusez-moi »

Prononcée dans un souffle, l'excuse replaça la distance qu'il avait involontairement abolit l'espace d'une seconde. Ses yeux fuirent ceux de Quinlan pour se fixer sur son chocolat chaud, qu'il entama distraitement. Les émotions se bousculaient dans son esprit. En tant que Serdaigle, il était proprement ridicule de ne pas avoir spontanément songé à une énigme. Néanmoins il n'était pas beaucoup plus avancé, comment craquer un code quand on n'avait aucune idée de ce qu'il pouvait être, ni des informations qu'il était sensé révéler ?

A nouveau aux prises avec son énervement, Clemens quitta son tabouret et marcha sur quelques mètres en direction de la porte. Puis il se tourna à nouveau vers le guérisseur, se tenant face à lui les bras croisés, le regard néanmoins perdu, lointain, dans un monde impalpable. De nombreuses interrogations se bousculaient dans sa tête, il n'osait pas poser la plupart d'entre elles. Depuis longtemps maintenant, McGonagall avait été son discret mentor. Cependant, il n'avait jamais pu se permettre la franchise totale avec elle. Ca, c'était une des premières clés à ses problèmes. Soudainement re-focalisé, l'Allemand fixa son regard sur Quinlan et se rapprocha de quelques pas. Sa voix se limita à un murmure, mais sans hésitations cette fois.

« Que faites-vous pour trouver des informations sur des pratiques qui ne sont pas à proprement parler… légales ? »

La question était pour le moins inhabituelle, mais il ne croirait pas le médicomage s'il prétendait ne s'être jamais intéressé à un tel domaine. Qui voulait soigner efficacement devait forcément s'intéresser un peu à la magie noire. Du moins, c'était ce que Megan lui avait fait réaliser : peu importait de quel bord on se trouvait, pour pratiquer bien d'un côté, il fallait connaître son opposé. Clemens avait glissé sur les mêmes confidences avec Neal, et d'après ce qu'il avait pu constater aux Trois Balais, les deux frères communiquaient beaucoup à propos de leurs étudiants. Il était par conséquent probable que le botaniste ait parlé des recherches… peu académiques que le Sinistros avait évoqué.

Sans ciller, mais néanmoins sous tension, il ne laissa passer que quelques secondes avant de développer sa question. Quitte à s'être mis à parler, mieux valait jouer cartes sur table. Vu l'impasse dans laquelle il se trouvait, il n'avait plus grand-chose à perdre. Ou presque.

« Non pas que je m'intéresse particulièrement à la magie noire, mais je suppose que vous savez, en tant que guérisseur, que la métamorphose peut causer des altérations… déplorables à l'être humain. J'en suis arrivé à la conclusion que ce n'est pas un hasard si un si grand nombre de sorciers n'a qu'une maîtrise pitoyable de la métamorphose. Les connaissances sont simplement gardées, protégées, éloignées des regards indiscrets. Chacun qui se lance sur cette voie doit reconstruire ses propres expériences. Les livres ne traitent que de pratiques aussi banales que la transformation de lapins en pantoufles… Ou se contentent de survoler très légèrement les pratiques vraiment intéressantes. Or, ce sont sur celles-là que j'ai besoin d'informations. »

Clemens avait accentué le mot « besoin ». Atteindre les nouveaux buts qu'il s'était fixé n'était pas simplement un rêve diffus, mais un objectif central. Il pouvait accepter de laisser derrière lui une carrière de Quidditch, mais il ne laisserait pas un autre horizon se briser. Il atteindrait l'excellence dans le domaine de la métamorphose. Pas de retour en arrière.
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MessageSujet: Re: La nuit ne porte pas conseil [Quinlan First]   La nuit ne porte pas conseil [Quinlan First] EmptyMer 10 Juin 2015 - 18:40

Quinlan était sincèrement étonné que Clemens n'ait pas pensé lui-même à un code global. Il était sûrement trop 'dedans', trop penché sur les détails, tout comme le guérisseur l'avait été à propos de son livre de sorts liés à la lycanthropie. Il avait même dû faire face à deux sortes de codes : la fumée, c'était le latin; les miroirs, le fait que les incantations et les effets aient été mélangés de façon apparemment aléatoire. Quinlan n'avait pas encore craqué ce code là.

Apparemment, il avait vu juste. Ils n'en avaient bien sûr pas la confirmation : s'il y avait un code, encore faudrait-il le percer à jour. Et s'il n'y en avait pas, Clemens était revenu à la case départ. Quoi qu'il en soit, le voir un peu plus optimiste suffisait à faire apparaître un petit sourire sur le visage de Quinlan. Sourire qui s'élargit quand l'étudiant se rendit compte qu'il avait tutoyé un professeur. Il était mignon. Vraiment, sans ironie.

— Ne t'excuse pas. À cette heure-là, il n'y a plus de hiérarchie qui tienne. Et puis tu ne vas pas vouvoyer un mec en tongs et pyjama.

Enfin, pseudo-pyjama. Quinlan était vêtu d'un pantalon de jogging et d'un t-shirt élimé : on était bien loin du personnage flamboyant qu'il pouvait être en journée ou en soirée. Là, c'était juste un mec qui avait faim et sommeil.

Reste que quelques mots de Quinn avaient réussi à refaire fumer le cerveau de Clemens. C'était peut-être pas la meilleure chose à faire, d'ailleurs : il avait sûrement besoin de dormir, de prendre un peu de recul à propos de ses recherches. Ce n'était clairement pas le moment de commencer à craquer un code alors qu'il partait de zéro. Un code qui n'existait peut-être même pas ! Quinn le vit se remettre debout et se diriger vers la porte, et ne fit aucun geste pour l'arrêter, même s'il en avait envie. Il y avait fort à parier que ce dont Clemens avait vraiment besoin, c'était de décrocher un peu. Mais le lui dire n'aurait servi à rien.

Soudain, il revint vers lui. Concentré, le regardant dans les yeux comme s'il espérait y trouver le Saint Graal. Bon sang, on n'avait jamais autant fixé Quinn de sa vie sans qu'il y voit une quelconque arrière pensée perverse. Et pourtant… La preuve que tout pouvait arriver dans la vie.

Ce qu'il lui demanda ne l'étonna même pas, et Neal n'y était pour rien. Les recherches en magie frôlaient forcément la magie noire à un moment ou à un autre. Quinn n'avait pas eu besoin que son frère vienne lui raconter ses entrevues avec des étudiants pour deviner ça. Comme l'avait pressenti Clemens, lui-même faisaient des recherches plutôt borderline… Il comprenait. Et puis, la justification qu'il en fit tenait debout. Bien sûr, et ça rejoignait presque ce sur quoi travaillait Quinlan. Damned, c'était vraiment trop large comme sujet. Beaucoup trop large. Se reconcentrant sur les problèmes de Clemens — ta petite personne peut attendre, Quinn — il lui répondit d'abord à propos de la façon dont il se procurait ses livres.

— Il y a le marché noir, les relations… Le mieux c'est de connaître quelqu'un qui peut servir d'intermédiaire, mais c'est aussi plus risqué.

Quinlan haussa les épaules. Il préférait travailler sur le terrain principalement pour s'éviter les biais d'interprétation et les problèmes d'accès à la théorie. Pourtant, il n'avait pas le choix avec De Simplex Magicae : ce grimoire contenait des sorts que même les premiers concernés ignoraient. Pour Clemens, c'était différent. La métamorphose avait une grande part de théorie, et mis à part McGonagall avec qui il était sûrement déjà en contact, Quinlan ne savait pas qui lui recommander.

— Après, on a parfois de bonnes surprises. Beaucoup de grimoires sont tellement bien codés qu'ils sont disponibles partout. C'est juste que les gens ne savent pas les lire.

Sous-entendu : tu ne sais pas lire ton grimoire, tout comme moi j'ai une maîtrise pitoyable de la métamorphose. Et oui, il ne l'avait pas laissée passer celle-là ! Cela lui arracha même un nouveau sourire, en fait. C'est vrai que Clemens n'était pas au courant…

— Je suis affreusement mauvais en métamorphose, et et je l'ai toujours été, alors j'ai bien peur de ne pas pouvoir t'aider pour ce qui est des détails. Le point positif, c'est que tu n'as pas l'air d'avoir besoin d'aide pour les détails, mais bien pour prendre du recul. Si le sujet de tes recherches frise la magie noire, soit sûr que tout ce que tu étudieras sera codé, d'une manière ou d'une autre. De façon ostensible, avec des lignes de chiffres incompréhensibles, ou de façon beaucoup plus détournée, derrière une apparente banalité.

Quinlan dévora un autre croissant, et reprit sa tirade.

— L'avantage, c'est que tu as déjà quelque chose à te mettre sous la dent. Je suis certain que tu n'en peux plus de ce livre et que tu le connais par coeur, mais essaie de le voir sous un autre angle.

C'était très ironique qu'il dise ça, lui qui détestait cette formulation qui voulait dire tout et son contraire. 'Voir sous un autre angle'… oui mais lequel ? Quinn n'en avait aucune idée, et il misait sur le fait que Clemens n'était pas rendu beaucoup plus loin que lui. À vrai dire, Quinlan n'avait pour l'instant aucune idée d'où se rendait métaphoriquement l'étudiant. Autant pousser un peu de ce côté…

— J'ai vu des accidents de métamorphose absolument effroyables et j'ai appris qu'on pouvait faire des choses étonnantes dans ce domaine de la magie, surtout si on souhaitait faire du mal à quelqu'un.

Il fixa de nouveau Clemens de ses yeux gris-vert, incertain des intentions de l'étudiant. Il était presque sûr d'avoir tort en faisant ça, mais il devait s'en assurer. Peut-être que ça forcerait aussi Clemens à dire clairement ce qu'il cherchait.

Soudain, Quinlan eut une autre idée de génie. Ou pas d'ailleurs, il n'était même pas sûr que ce soit possible. Mais voilà, lui et sa connaissance de la métamorphose… Que Clemens se moque s'il le souhaitait ! Il aurait tenté sa chance !

— Et si le livre n'en était pas un ? On parle bien de métamorphose, et d'un grimoire qui s'appelle 'Transformations d'un autre genre'… Et si le livre avait besoin qu'on le change avant de livrer ses secrets ? Ce serait une forme de code, d'une certaine manière, un moyen de tester les talents et la valeur du sorcier qui voudrait en percer les mystères.

Mais ce n'était pas un peu capillotracté de métamorphoser en livre de métamorphose un truc censé vous apprendre des trucs sur la métamorphose ? Argh. Quinn n'avait pas besoin de beaucoup de sommeil, mais quand même. Il but une autre gorgée de son chocolat. Il était bon pour une nuit blanche, il en était sûr maintenant. Une nuit blanche avec Clemens, il en avait rêvé, mais la réalité était bien plus surprenante.
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MessageSujet: Re: La nuit ne porte pas conseil [Quinlan First]   La nuit ne porte pas conseil [Quinlan First] EmptyMer 10 Juin 2015 - 19:29

Clemens ne put s'empêcher d'étouffer un rire. Il n'avait pas particulièrement porté attention à la tenue de Quinlan jusque là. Mais maintenant qu'il en parlait, il fallait avouer que voir le brillant guérisseur dans ces frusques là frisait le ridicule. L'étudiant avait au moins le mérite de ne pas avoir troqué son jeans et sa chemise de la journée quand il s'était lancé dans sa soirée d'expérimentations. Alors certes, il devait avoir l'air un peu débraillé, mais… c'était aussi plutôt son habitude. L'ancien Serdaigle n'avait jamais été connu pour le soin particulier qu'il mettait dans son apparence. Tant que c'était passe-partout et que ça ne piquait pas les yeux, c'était bon. Balle au centre, les conventions en l'air, familiarité autorisée. Ce n'était pas lui qui allait s'en plaindre. Vraiment pas.

La réponse fournie lui tira une grimace. Evidemment, il se doutait qu'avec des relations, on pouvait obtenir des livres peu fréquents. Le problème était plutôt de les construire ! L'Allemand ne manquait certes pas de contacts dans des milieux moyennement recommandable, mais cela tenait plus aux jeux et aux paris qu'à la contrebande de grimoire. C'était cependant toujours une piste à exploiter qui serait à la fois plus prolifique et plus dangereuse que de passer par McGonagall. Le genre d'informations qu'il cherchait risquait de ne pas plaire à la directrice des Gryffondor.

« J'imagine que je vais devoir apprendre, alors. »

L'étudiant avait acquiescé avec un demi-sourire. Déjà lors du cours de médicomagie, les deux hommes s'étaient échangées des piques soigneusement camouflées dans des réflexions sérieuses. Leurs caractères joueurs se répondaient bien, et Clemens compris rapidement ce qui avait touché Quinlan. Ainsi, c'était un pied en métamorphose. Bah, on ne pouvait pas être bon en tout, même si de la part d'un guérisseur, cela l'étonnait un peu. Il s'abstint néanmoins de tout commentaire, la suite était beaucoup trop intéressante pour s'attarder sur une remarque pareille. Attiré par l'appel du chocolat chaud, le jeune homme revint s'asseoir auprès de son professeur.

« Ca ne flirte pas directement avec la magie noire, mais vu l'ampleur du sujet, je ne peux pas me limiter à la perspective de la magie blanche. C'est une question de vision globale ; tout part du même tronc et les pratiques se divisent comme des branches. Cependant, je suis à la recherche du tronc, donc je n'ai d'autres choix que de suivre tous les branches pour espérer arriver à mon but. »


Sa réflexion était un peu sibylline. A un moment où à un autre, il allait devoir appeler un chat un chat. Une certaine forme de retenue le limitait toujours un peu.

« Jusqu'ici, je n'ai pas trop eu ce genre de problèmes. La base est disponible dans n'importe quel grimoire d'une bibliothèque un brin spécialisée. Minerva McGonagall m'a également fourni de la littérature intéressante, mais j'en suis arrivé à un point où je dois avancer par moi-même. Ma démarche est si personnelle que je ne peux plus me contenter d'apprendre de quelqu'un d'autre. »

Quinlan n'avait au bout du compte pas tort, donc. Ce traité était la bonne piste à poursuivre, il fallait juste le forcer à révéler ses secrets. Clemens se grattait le menton d'un air distrait, quand son interlocuteur l'interpella d'une voix plus grave. Les mots semblaient anodins, mais il reconnut le ton lourd de sous-entendus déjà employé par Neal, quelques jours auparavant. L'étudiant releva la tête et atterrit droit dans le regard intensif qui voulait le juger. Il sourit et répondit avec beaucoup de légèreté, comme s'il évoquait quelque chose de tout à fait banal.

« Comme le fait de transformer chaque os en cristal, au prix d'une longue série de souffrances et provoquant une mort presque certaine ? Ou encore, le fait d'expérimenter la reproduction d'un humain temporairement transformé en animal… avec un véritable animal ? »

Ses recherches en Allemagne l'avait mené vers des idées qu'il pensait ne pas exister dans l'esprit humain. Près de cinquante ans après la chute du Nazisme, certains textes commençaient à ressortir, libéré de leur coffre par des transactions d'héritage ou de vide-greniers. Clemens avait parcouru des pages qui questionnaient en profondeur l'essence de l'humain et les manières de l'altérer. L'horreur l'avait tant fasciné que choqué. Ce n'était pas ce but qu'il poursuivait, mais le parallèle était bien trop pertinent pour qu'il passe à côté de telles lectures. Peu importait ce que sa morale personnelle en pensait. Il retrouva néanmoins une expression plus grave et reprit son explication avant que Quinlan ne le prenne pour un véritable psychopathe.

« Mes recherches passent par là, mais ce n'est clairement pas mon but. Je travaille sur la voie de l'Animagisme et pour comprendre comment un humain peut prendre forme animale sans altérer son essence humaine… Je dois aussi comprendre comment la métamorphose peut, au contraire, la changer. C'est une question délicate, car bien qu'il soit toujours possible de ramener un corps à son état premier, l'humaine transformé en animal n'est rien de plus qu'un animal. Alors que l'Animagus, lui, ne change que d'apparence… tout en restant humain. »

Pensif, il tendit la main et tira le livre vers lui. En effet, il n'était pas loin de le connaître par coeur, d'autant que l'ouvrage n'était pas très gros. Plutôt terriblement dense en quantité d'informations, seulement, elles ne voulaient rien dire. Clemens se mit à en passer des pages, à la recherche d'un quelconque indice sur le moyen de l'interpréter. Jusqu'à ce que son professeur ne lui fasse part d'une idée brillante. L'Allemand leva les yeux, tellement soufflé sur le moment de ne pas y avoir pensé, qu'il ne sut pas directement quoi dire.

« Quinlan, tu es brillant. »

Bon, c'était un peu exagéré comme commentaire, mais sur le moment, c'était tout ce qui lui était venu à l'esprit. Clemens tira sa baguette et la laissa glisser sur quelques pages, curieux de provoquer une réaction.

« Troubler l'essence… Bien sur, et si ce livre était une entité vivante ? En dehors d'une métamorphose complète, peut-on troubler l'essence de quelque chose pour le faire passé d'animé à inanimé sans modifier son apparence ? C'est tellement cohérent avec le sous-titre ! Tous les types de métamorphoses communs induisent un changement d'apparence ! Si on peut changer l'apparence sans toucher à l'essence, pourquoi pas l'inverse !? »

L'étudiant se leva à nouveau, il jubilait. Son regard se tourna vers Quinlan, regard dans lequel on pouvait lire les flammes d'une passion renouvelée, d'un échec dépassé. Cela ne dura néanmoins que quelques secondes. Certes, ils avaient établi une piste… mais comment la suivre, à présent ?
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MessageSujet: Re: La nuit ne porte pas conseil [Quinlan First]   La nuit ne porte pas conseil [Quinlan First] EmptyJeu 11 Juin 2015 - 2:32


Finalement, qu'ils soient dans un contexte formel ou non, Quinlan arrivait toujours à faire apparaître cette petite moue de dépit sur le visage de Clemens. Loin d'arborer la cape de Captain Obvious, Quinn pensait qu'il n'était pas toujours inutile de souligner quelques évidences. Au cas où. Après, si à chaque fois l'étudiant tirait une tronche de six pieds de long… il allait peut-être arrêter. Surtout dans une situation aussi délicate que celle-ci.

Clemens avait l'air d'aller mieux, c'était vrai. Un simple petit déclic avait réussi à le sortir d'une frustration qui l'avait paralysé. Mais ce n'était pas l'objectif ultime de Quinlan. Il persistait à croire que ce qu'il fallait à Clem et à ses neurones, c'était du repos. Et là, il n'était clairement pas reposé.

Tellement pas qu'il ne manqua pas de relever la pique que lui avait envoyée Quinn : tous deux avaient leur petite fierté, et tous deux aimaient jouer. Ça allait finir par devenir une tradition, de se provoquer l'un l'autre l'air de rien. Enfin, c'était plus drôle quand c'était devant un public qui manifestement n'y voyait que du feu.

Eh oui, Quinlan n'était pas un bon métamorphomage. Il disait qu'il était naze, mais seulement parce qu'il n'avait que les bases. Il aurait dû s'intéresser à cette matière plus sérieusement, mais contrairement à Clemens il avait toujours eu du mal avec McGonagall. Ça n'aidait pas… Mais peut-être n'était-il pas trop tard pour prendre des cours de rattrapage ? C'est vrai que c'était une grosse lacune pour Quinn, qui empruntait souvent des chemins détournés ou faisait appel à meilleur que lui lorsqu'il fallait métamorphoser quelque chose ou quelqu'un. Mais comme déjà dit, ce n'était pas de lui dont il était question. Même Clemens l'avait compris.

Ce dernier expliqua sa vision de la magie avec une métaphore intéressante. Elle rappelait à Quinlan un nemeton, l'arbre qui consistuait le centre gravitationnel du monde d'un druide. Il en restait quelques uns en Angleterre et en France, mais la majorité s'étaient réfugiés en Scandinavie. Ce n'était pas non plus sans rappeler Yggdrasil, l'arbre-monde de la mythologie nordique. Quinn se perdit dans ses pensées, la tête dans son chocolat chaud. Il n'avait même pas eu le temps de faire part de ses remarques que Clemens avait déjà enchaîné. Bon, en même temps, ce n'était pas comme si ses remarques étaient pertinentes, si ?

Clemens parlait toujours à demi-mot de ses recherches, clamant qu'elles étaient si spécifiques que rien ni personne ne pouvait l'aider. La curiosité de Quinlan en fut attisée mais comme il l'avait déjà précisé, il ne cherchait pas spécialement à savoir. Il n'était qu'une oreille, un miroir qui renvoyait les réflexions de Clemens. Il n'allait pas poser de questions de ce type, du moins pas directement.

— Je comprends mieux l'impression que tu as d'être dans une impasse…

Il avait pris la parole en pensant avoir quelque chose d'intelligent à dire, mais ça lui avait échappé au dernier moment. Tant pis. Ils repartirent donc à parler magie noire, ou du moins métamorphose borderline, sujet qu'il ne devait pas souvent aborder avec McGonagall, la connaissant. Quinn s'était fait beaucoup plus sérieux, cherchant à jauger les intentions de Clemens, chose que l'étudiant prit avec une nonchalance qui étonna le guérisseur. Ses exemples étaient tout à fait… parlants. Et très intéressants, en fait.

— Je vois que tu es bien renseigné.

Quinlan notait dans un coin de sa tête pour la transformation animale. Ses recherches portant sur la frontière de l'humain avec l'animal, et du vivant avec le mort… Hmm, peut-être devrait-il recentrer son sujet ?  Sûrement. En ce moment, il essayait surtout de prouver quelque chose au monde, une chose que le Ministère de la Magie n'était pas prêt d'accepter. En réalité, en écoutant Clemens, Quinn se rendit compte qu'il était peut-être en train d'enfoncer des portes ouvertes que la connerie de certains s'efforçait pourtant de refermer.

L'essence humaine. Qu'est-ce qui la faisait, et la défaisait, au final ? Où était la frontière ? Et pourquoi certains êtres 'manifestement' plus humains que d'autres se retrouvaient relégués au rang d'animaux ? Quinlan ne s'y connaissait pas en Animagisme, mais il travaillait sur une autre forme de passerelle entre l'homme et l'animal. Une passerelle un poil plus violente.

— Repars des bases, non ? C'est quoi, l'essence humaine ? Qu'est-ce qui fait qu'on est humain, au fond ?

Il y avait de nombreux angles de réponse à cette question : scientifique, magique, philosophique, moral… Mais Quinlan était curieux d'entendre la réponse de Clemens. Il s'était dit qu'il ne poserait pas de questions et ne rapporterait pas tout à ses propres recherches mais, diable, c'était tentant.

Un peu comme Clemens quand il réagit à l'éclair de génie soudain de Quinn. On aurait pu croire que le guérisseur était habitué aux compliments, mais cet éclat de la part de l'étudiant fit bondir son coeur dans sa poitrine tellement fort qu'il eut du mal à en garder sa pokerface. Ses yeux brillèrent un peu plus, son sourire était soudain plus prononcé, bref… quelque chose avait changé. Et cette soudaine envie que Quinlan avait eu de lui sauter dessus pour l'embrasser, dans tous les sens du terme…? Quinlan remit le nez dans la bouffe, histoire  de calmer ses hormones. Merde, il avait été tellement surpris qu'il en avait oublié de remercier Clemens… qui était déjà reparti à parler presque tout seul. Bon, il n'avait pas l'air de lui en vouloir, c'était déjà ça.

— Maintenant, il faut encore trouver comment 'ouvrir' le livre, je me trompe ?

Bien sûr, c'était le plus gros problème. Si le traité avait pour sujet les métamorphoses peu conventionnelles, il était peu probable que le sort utilisé pour l'encoder soit simple. On notera aussi que dès qu'on dit à Quinlan qu'il est 'brillant', il devient soudainement très inutile. Du moins, c'était l'impression qu'il avait. C'est aussi pour ça qu'il enchaîna presque immédiatement :

— Il n'y a pas un sort qui t'as paru étrange ? Hors de propos ou au contraire, trop simple, moins lacunaire que les autres ? Ça pourrait être la clé…? Encore que rien ne nous dise que la clé se trouve dans le même grimoire. Y a-t-il un auteur ? Et si oui, qu'a-t-il écrit d'autre ?

Quinn n'était pas bon en métamorphose mais avait appris à ses dépens à toujours vérifier les sources et à ne rien prendre pour argent comptant. Dans le monde de la magie, c'était le meilleur moyen pour se faire avoir en beauté. Mais peut-être n'étaient-ce encore que des culs-de-sac qui allaient replonger Clemens dans sa léthargie ? Maintenant qu'il était en tête à tête avec et dans un contexte plus qu'informel, Quinlan se rendait compte qu'il avait vraiment envie de l'aider. Il réalisait aussi à quel point ça allait lui être difficile.
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MessageSujet: Re: La nuit ne porte pas conseil [Quinlan First]   La nuit ne porte pas conseil [Quinlan First] EmptyJeu 11 Juin 2015 - 14:38

Clemens s'était attendit à un grand panel de réactions quand il avait évoqué ses trouvailles… Mais clairement pas à celle-là. Même si Quinlan avait l'habitude de fréquenter toutes sortes d'horreurs et de manipulations bizarroïdes, entendre un étudiant évoquer des formes de tortures métamorphosiques n'était censé laisser personne de marbre. Pas même lui. L'étudiant jaugea son professeur, ses yeux couraient sur toute son attitude corporel à la recherche d'un élément qui pourrait trahir ce qu'il pensait réellement. Pour lui, il était clair que le guérisseur taisait lui aussi quelque chose, et le Sinistros avait bien l'intention de découvrir ce que c'était. Surtout si ça se révélait être lié à ses propres recherches.

La question suivante méritait une réflexion plus intense et l'étudiant garde le silence pendant un moment. Beaucoup de pistes permettaient de trouver des éléments de réponse, mais la plupart finissait par être contredites par un exemple inhabituel. L'humain était après tout une forme d'animal, était-il vraiment supérieur ou simplement différent ? Pouvait-on juger de la conscience d'un humain et la comparer avec celle d'un animal, alors que personne ne savait ce qui se passait dans la tête de chaque bestiole ? Certains animaux n'étaient-il même pas plus proche de l'humain que d'autres animaux entre eux ? Clemens avait bien un début de réponse, mais rien sur quoi il oserait se baser pour une recherche entière. Le temps qu'il relève la tête pour commencer à répondre, Quinlan lui faisait part de sa théorie sur l'essence du livre. A nouveau, sa concentration sauta d'un thème à l'autre.

Ou presque.

Son compliment enthousiaste pour le médicomage ne lui avait pas fermé les yeux pour autant. Au moment même où les mots avaient été prononcés, quelque chose avait changé dans l'attitude de son aîné et cela n'avait pas échappé à l'étudiant. Malgré plusieurs rencontres, il ne parvenait pas exactement à comprendre quel intérêt Quinlan lui portait. Il ne pouvait pas nier qu'une espèce de tension flottait entre eux, différent du respect poli et intéressé que se portaient normalement un étudiant et son professeur. Des sous-entendus échangés en sa présence lui avait fait comprendre qu'on devait parlé de lui en son absence. Mais pourquoi ? Clemens appréciait le guérisseur, en quelque sorte, et ne pouvait nier qu'il appréciait beaucoup son attitude générale et son ouverture d'esprit. Il chassa ces pensées avant d'essayer de choisir des mots précis pour définir « ça ». Une petite voix lui murmurait que ça aurait été trop réducteur.

« Si on reste dans le même ordre d'idées, je suppose que pour accéder à ses secrets… Il faut prouver qu'on comprend ou saisit ce qu'est l'essence, de manière absolue. Disposer déjà de toutes les informations serait ridicule comme prérequis, auquel cas ce livre ne servirait à rien. Pour revenir à ta question laissée en suspens, je dirais que l'essence de l'humain c'est... »

Il interrompit sa phrase, il détestait ces moments où l'anglais ne lui suffisait pas pour exprimer ses idées.

« Der Geist. C'est un mot allemand qu'on pourrait traduire par esprit, mais qui englobe des connotations bien plus vaste. C'est ce concept qu j'utiliserais pour différencier l'humain, de l'animal. »


L'Allemand se leva à nouveau, la réflexion lui donnait besoin de bouger… Ou peut-être était-ce l'inverse ? Il fit quelques pas en long et en large alors qu'il ruminait les suggestions de Quinlan, tout en hochant la tête. Les propositions étaient pertinentes, même si dans l'immédiat, elles ne l'amenaient pas beaucoup plus loin. Plusieurs sorts et explications lui avait sauté aux yeux et il devrait sans doute les recouper pour comprendre s'ils pouvait être une clé, remis ensemble. Quant à une intertextualité éventuelle, il ne pourrait vérifier cette supposition qu'à l'ouverture de la bibliothèque. A défaut de continuer dans sa réflexion, il s'arrêta face à son professeur. Ses yeux bleus se braquèrent avec force dans le regard de son vis-à-vis et l'étudiant croisa les bras. A son tour de se retrouver au pied du mur.

« Mais tu ne m'aides pas par pur altruisme, n'est-ce-pas ? »

Clemens ne doutait pas de sa bonne volonté, loin de là. Un lien de confiance s'était établit dès le début de leur conversation et il serait vraiment borné d'accuser un être qui avait dédié sa vie au secours des autres, d'être intéressé. Néanmoins, il se jouait plus dans cette cafétéria que la compréhension d'un simple grimoire, et il ne comptait pas aller se coucher sans avoir été au fond des autres.

« Je te sens beaucoup trop intéressé pour quelqu'un qui se prétend nase en métamorphose. »

Il avait été poussé à l'honnêteté et cela ne le dérangeait pas, après tout, Quinlan l'avait véritablement aidé. Cependant, il avait une espèce de sixième sens quand il s'agissait de son art de prédilection. Son professeur était celui qui avait tenu à abolir leur relation de hiérarchie. Tant mieux, ça voulait dire qu'il pouvait l'attaquer de front. Un sourire équivoque naquit lentement sur le visage de l'Allemand, alors que son regard devenait un brin plus provocateur.
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MessageSujet: Re: La nuit ne porte pas conseil [Quinlan First]   La nuit ne porte pas conseil [Quinlan First] EmptyJeu 11 Juin 2015 - 15:53

En tant que guérisseur, Quinlan avait vu des trucs proprement dégueulasses pendant sa carrière : des os aux mauvais endroits, du pus et d'autres fluides indistincts qui ressortaient d'un peu partout, des nécroses purulentes, de la cervelle et de la bouillie pseudo-humaine… Il n'y était pas vraiment indifférent quand il était face à des cas particulièrement peu ragoûtants, mais en parler ne lui faisait ni chaud ni froid. Quinn avait une empathie à géométrie variable : il savait la faire taire lorsqu'elle était inutile ou gênante. De plus, il avait bien compris que c'était là une provocation de Clemens, et ne souhaitait pas spécialement y répondre. Il aurait pu jouer l'idiot, le choqué, la petite nature : se prétendre faible c'est déjà avoir un avantage sur l'autre. Or, il n'avait pas besoin d'avoir un quelconque avantage sur Clemens. Il lui faisait assez confiance pour lui parler, alors Quinlan avait décidé d'être honnête avec lui, jusqu'au bout. Enfin, ça, c'est ce qu'on verra.

Et même sans son travail, Quinn avait vu des horreurs dans sa vie et en avait lu d'encore pires : il devait toucher à la magie noire dans le cadre de ses recherches, ce qui amenait à devoir parfois se demander qui diable avait pu inventer un sort qui faisait fondre le cerveau, ou faire exploser le coeur, ou rendre le patient tellement fou qu'il s'arrachait la peau et la chair lui-même. Quinlan était blasé. Il devait l'être, pour se protéger. S'il réfléchissait un peu trop, il allait perdre pied. Il voulait comprendre la monstruosité, pas devenir un monstre lui-même. Hélas, Nietzsche avait raison sur ce point, et par certains aspects de sa vie, Quinn avait déjà atteint le point de non-retour.

Tout ça pour dire que non, il ne releva pas. Par contre, cette histoire d'essence l'intrigua. Comment faire la part des choses entre humain et animal, quand la frontière physique était déjà si floue ? Et rendue encore plus floue par la magie ? C'était un casse-tête, et c'était justement ce problème que voulait régler Quinlan. Avec une petite arrière-pensée : prouver que les loups-garous sont avant tout des humains, et pas moins humains que les sorciers ou les moldus. Il s'étonnait encore d'être aussi idéaliste parfois…

Quant à la suite, Quinlan n'avait malheureusement pas grand-chose à répondre, si ce n'est qu'il adorait la sonorité de l'allemand. On va dire qu'il n'était pas très objectif à ce propos non plus… La différence entre l'animal et l'humain, ce serait l'esprit ? Autant avouer qu'on n'était pas vraiment avancés.

— J'ai fait des recherches plus ou moins scientifiques à ce sujet. À un niveau philosophique, c'est un casse-tête : il y a des animaux qui pensent, si l'on s'accorde sur une certaine définition de la pensée; il y a des animaux qui pleurent, des animaux qui parlent, des animaux qui aiment… La seule chose qui semblent nous différencier, c'est la morale. Encore que. Je soupçonne les chats de n'en avoir aucune et d'en être bien conscients.

Il sourit à sa propre plaisanterie, se souvenant qu'il était aussi venu ici pour prendre un truc pour le Docteur. Sinon, il n'allait vraiment pas dormir de sa courte nuit. Après une courte pause, il reprit :

— Scientifiquement parlant, c'est plus compliqué. On a l'ADN qui permet de faire une différence nette entre les espèces mais… Quid de l'ADN d'un loup-garou ou d'un vampire ? Ou même d'un Inferi ?

Ok, là t'en as trop dit, chut Quinlan.

— Bref, on dirait que l'humanité, c'est avant tout une liste de traits qu'il faut avoir et si l'un nous manque, on n'est plus humain. Sauf que si la parole est caractéristique, comment définir quelqu'un qui est incapable de communiquer à cause d'une aphasie de Wernicke ou d'un autisme sévère ? Il est moins humain que les autres ? Et quelqu'un qui a un retard mental ? Il n'est pas humain ? Quelqu'un qui n'a aucune empathie, il n'est pas humain ?

Bon, là, oui, il n'est pas humain, mais pas dans le sens où Quinlan l'entendait. Il ouvrit la bouche pour parler davantage, et se tut, réalisant soudain.

— Tu m'as compris.

Il n'y avait pas que Clemens qui était profondément frustré par ses recherches, en fait, et Quinn venait de s'en souvenir plutôt douloureusement. Il se perdit vite dans ses pensées, un véritable labyrinthe plein de culs-de-sac et de choses à oublier. C'était jusqu'à ce que Clemens s'arrête net et le fixe à nouveau. Son regard avait la violence d'un coup au plexus solaire. C'était sûrement pour ça que Quinn retint son souffle. Et il se prit les mots de Clemens comme on se prendrait une balle.

Il répondrait bien que la véritable question, c'était 'pourquoi pas ?' mais il savait que ça ne ferait que retarder l'inévitable. Qu'allait-il lui dire ? Que pouvait-il lui dire ? Qu'est-ce qu'il en savait ? La panique enserra son coeur, qui se mit à battre plus vite sous la pression. Calme-toi. Procède avec logique. Sois honnête.

— C'est vrai que je suis intéressé, même s'il m'arrive d'aider les gens sans rien attendre en retour. Comme tu as pu le deviner, je suis moi-même aux prises avec un grimoire qui me résiste et qui traite, entre autres, de métamorphose. Et je suis vraiment nase dans ce domaine, je ne te mens pas. Je connais seulement le strict minimum pour un guérisseur. En fait, j'ai vraiment besoin d'aide, mais je ne savais pas si je pouvais en parler.

Son regard faisait écho à celui de Clemens un peu plus tôt dans la nuit : est-ce que je peux te faire confiance ? Quinlan avait déjà cité les Inferis, ce qui était déjà plutôt louche en soi, mais il avait soudainement besoin de s'assurer que le secret serait gardé dans les deux sens.

Et avec un peu de chance, cette vérité concernant ses recherches ferait office d'écran de fumée pour éviter d'abord un sujet que Quinlan n'aimait pas particulièrement. Du moins, pas quand on était à deux, dans un endroit désert en pleine nuit et pris dans une discussion sérieuse. Avec un peu de chance… et en espérant que Clemens ait un éclair de stupidité. Mais Quinn ne se berçait pas trop d'illusions.
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MessageSujet: Re: La nuit ne porte pas conseil [Quinlan First]   La nuit ne porte pas conseil [Quinlan First] EmptyJeu 11 Juin 2015 - 16:45

Clemens secoua négativement la tête. Il n'était absolument pas convaincu que la morale soit la différence ultime entre l'homme et l'animal. Si on s'en référait aux actes, la plupart des animaux se comportaient de façon beaucoup plus morale avec les leurs que les humains n'avaient pour coutume de le faire. Observer la situation désastreuse du monde magique devrait suffire pour s'en convaincre. Néanmoins, il devait reconnaître que la proposition ne manquait pas de pertinence même si, comme presque toujours, elle avait ses exceptions. D'ailleurs, qu'avaient-ils donc tous avec les chats ? Depuis son arrivée à Haveirson, l'étudiant avait l'impression de n'être entouré que d'ailurophiles.

« Tu proposes toi-même une exception à ta solution… Les humains qui n'ont plus de morale cessent-ils donc d'être humains ? Où est-ce la conscience d'agir en fonction ou en transgression d'une morale qui fait de nous des humains ? Si on se lance là-dedans, on pourrait peut-être même dire que l'humanité, c'est une sorte de jugement. Juger nos actes et les gens qui nous entourent ferait-il de nous des Hommes ? »

D'un geste à la fois pensif et distrait, il se gratta le menton. Soudainement, il revint à lui et porta son attention sur Quinlan avec plus d'acuité. Clemens dut se retenir de sourire quand il réalisa que son aîné venait de lâcher une information sensible dans le fil de sa réflexion. Petit à petit, ils révélaient tous les deux ce qu'était le fond de leurs recherches. Un peu de sincérité et moins de méfiance ne pouvait vraiment pas leur faire de tort.

« Je… ne m'aventurerais pas à m'exprimer sur les loups-garous et les vampires. Bien que ça m'intéresse. Mais je t'avoue n'avoir aucune connaissance sur leurs caractéristiques scientifiques. Par contre, en ce qui concerne les Inferi… Techniquement, ils ne sont pas vivants et n'ont pas d'existence propre. Même s'ils sont crées à partir d'être humain, ils ne le sont plus. »

Pour lui, c'était au moins une chose claire. Il s'était intéressé aux loups-garous et aux vampires pour des raisons évidentes, même s'il l'avait fait de loin. On ne pouvait pas travailler sur tout en même temps, et ces deux sujets n'étaient pas sa priorité. Les Inferi, par contre, il les avait rapidement écarté. Outre le fait que cette pratique soit une abomination en soi, ce n'était même pas de la métamorphose. En ce moment, c'était une raison suffisante pour coller cet intérêt-là à la corbeille. Néanmoins, il pouvait comprendre que Quinlan s'y intéresse… Et peut-être même pourrait-il le faire avancer en la matière.

Clemens avait compris, en effet, et il le souligna d'un hochement de tête. La question était complexe et trouvait des réponses convaincantes différentes selon la perspective qu'on prenait. Au bout d'un moment, il devenait nécessaire de se fixer sur une, et une unique, hypothèse afin au moins d'avoir une base de travail. Même si c'était terriblement difficile à faire quand aucun piste ne semblait libre de doutes.

Cette fois encore, Quinlan parvint à le surprendre. Lui qui était d'ordinaire si maîtrisé, si inébranlable affichait soudainement un regard dans lequel on pourrait presque lire… de la douleur ? Clemens se détendit un peu, s'en voulant presque d'avoir fait preuve d'une telle violence pour amener le guérisseur à lui révéler ce qu'il avait sur la pensée. Bien que son regard s’adoucît, il ne détourna pas les yeux. Pour lui, c'était ça le prix de la confiance, pouvoir se regarder au fond de l'âme et dire ce qu'on avait véritablement sur le cœur. Finalement, il sourit.

Oui, toi aussi tu peux me faire confiance. Son regard brillait d'une lueur que peu de ses condisciples avaient pu voir. Cette lueur qui naît dans une situation invraisemblable, quand l'inattendu lie deux êtres qui n'auraient eu sinon aucune raison de se retrouver. Il en l'avouait que rarement, mais Clemens croyait au destin. Il était persuadé qu'on ne rencontrait personne par hasard. Le jeune homme hocha la tête et cligna des yeux, une fois, lentement, reprenant le geste qui avait déjà celé un pacte précédent, le rendant à présent mutuel.

« Je suppose que c'est le genre de sujet dont on ne peut pas parler, en fait. Même si avec moi, tu peux le faire, et j'apprécierai que tu le fasses. Je ne doute pas que tu sois habitué à aider les gens sans attendre rien en retour, mais tu m'as prouvé toi-même qu'on n'avance pas toujours bien seul. Tu m'as sorti d'une impasse par une perspicacité qui me manque parfois encore un peu... »

Un sourire amusé se dessina furtivement sur le visage de l'étudiant. Ah, la fougue de la jeunesse.

« Si je peux t'aider avec mes connaissances, je le ferai. Nos recherches semblent avancer en parallèle, et j'ai la sensation que nos avancées pourraient fonctionner ensemble... »


Son regard se fit à nouveau un peu plus sérieux. Parallèle ou pas, il aurait aidé Quinlan de toute façon. Il ne refusait jamais de l'aide à personne quand il était question de métamorphose. Même si, cette fois, il s'agissait encore d'autre chose. Ses yeux flottaient sur le guérisseur, comme un prédateur interrogateur, se demandant s'il pouvait s'approcher ou pas. Chacune des conclusions qu'il tirait sur ce professeur se remettait elle même en cause, tôt ou tard. Quelque chose lui filait entre les doigts, mais il ne parvenait pas à comprendre quoi. Dissimulant son trouble sous la réflexion, il reprit la parole d'une voix pensive.

« Loup-garou, Vampires, Inferi, l'essence de l'humain, … Qu'est-ce-que tu cherches exactement ? Un moyen de les guérir ? »

Son expression était partagée. Même si la lycanthropie était souvent considérée comme une maladie, il peinait à trouver un lien convaincant avec les deux autres.
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MessageSujet: Re: La nuit ne porte pas conseil [Quinlan First]   La nuit ne porte pas conseil [Quinlan First] EmptyJeu 11 Juin 2015 - 17:44

Mais oui, c'était bien ça le problème ! Peu importe dans quel sens Quinlan tournait la question, il y avait toujours quelque chose qui ne collait pas, une zone d'ombre, et ça le rendait fou ! Ce que disait Clemens était loin d'être idiot, mais pouvait-on vraiment parler de morale pour un être guidé d'abord par ses instincts ? Et est-ce que l'humain était dénué d'instinct ? Non… Rien n'avait de sens. Plus Quinlan se posait des questions, moins il arrivait à y répondre et moins il y voyait clair. Finalement, il en revenait toujours à cette conclusion : il allait bien quand il ne réfléchissait pas trop.

Et quand il ne parlait pas trop non plus. Pris dans le feu de l'action, Quinn évoqua les loups-garous, les vampires… les Inferis. Clemens fut prompt à les écarter en tant qu'êtres dignes d'intérêt car morts et sans existence propre… Sauf que.

— Le problème c'est que les vampires ne sont pas vraiment vivants non plus. Et quelqu'un sous Imperium… Peut-on dire qu'il a une existence propre, s'il devient la marionnette d'un autre ? Il y a toujours une exception quelque part…

Peut-être Quinlan était-il trop inclusif, oui, mais s'il devait écarter certains êtres de son étude, il devait le justifier. Surtout s'il parvenait à ses fins et qu'il se servait de ses recherches pour obtenir ce qu'il voulait. Quoi qu'il en soit, il en avait dit trop, ou pas assez. Clemens s'arrêta soudainement pour lui demander pourquoi il faisait tout ça, et bien sûr, Quinn lui répondit par une demi-vérité. Ce n'était ni le moment ni l'endroit pour flirter, et aussi étrange que cela puisse paraître, Quinlan n'en avait aucune envie. Comme un barrage qui cédait sous la pression, il venait en quelques minutes de se retrouver submergé par toutes les interrogations laissées sans réponses de ses recherches, et se rendit à l'évidence : lui aussi avait besoin d'aide. Seulement, le sujet étant borderline — enfin, les méthodes et les branches à explorer plus que le sujet lui-même — il avait besoin d'avoir confiance en Clemens. Ce dernier lui rendit son regard, dans un curieux parallèle. Il avait des yeux magnifiques.

Et il avait raison, bien sûr. Leurs recherches pourraient peut-être avancer ensemble, et il était clair que Quinn n'irait pas bien loin s'il continuait à faire cavalier seul. Bon, il avait Megan, mais… Ce n'était pas pareil. Megan pouvait l'aider sur un domaine, et Clemens sur un autre, donc ce n'était pas inutile d'ajouter troisième personne dans le secret : évidemment que Neal, le frère de Quinlan, était déjà au courant. Mais la grosse différence, c'était la confiance. Ça ne lui arrivait quasiment jamais, mais Quinn avait l'impression qu'il pouvait avoir une confiance aveugle en Clemens, une confiance presque aussi absolue que celle qu'il avait en Neal, c'est dire. Et il ne le connaissait même pas, dans le fond. Que savait-il de cet étudiant ?

Il garda le silence, le regard toujours plongé dans celui de Clemens. Tu peux approcher si tu veux, lui disaient ses prunelles, alors qu'il cherchait un bon moyen de formuler son sujet. C'est alors que l'étudiant repris la parole et permis à Quinlan de mettre un peu de structure dans ses idées.

— Non…

Pourquoi partait-on toujours du principe qu'il voulait 'guérir' des trucs sous prétexte qu'il était guérisseur ? C'est vrai quoi…?

— Je veux prouver que, d'une certaine manière, ils n'ont pas besoin de guérir. Que ce ne sont pas des maladies mais d'autres formes d'humanité, comme les moldus avec les sorciers.

Il se rendit soudainement compte de l'absurdité de ce qu'il était en train de dire, et eut un sourire sans joie. Il finit son chocolat chaud d'un air distrait, comme si d'avoir lâché la bombe avait suffi à le ramener au calme. Cependant, il anticipait déjà les questions de Clemens, et surtout ses peurs. Celles que tout le monde pouvait avoir.

— Je travaille principalement sur les loups-garous. Le reste n'est qu'un prétexte pour prouver qu'ils sont humains avant tout… Qu'ils sont humains, bordel de merde. Mais avant que tu ne me poses la question : non, je ne suis pas lycanthrope.

Tout le monde a tendance à penser que les recherches sont forcément personnelles, que l'on veut se guérir, s'améliorer, se changer. Quinn trouvait ça désespérément vaniteux et nombriliste. Il pensait que ça manquait sincèrement d'ambition. Lui voulait changer le monde. Changer les mentalités. Balancer un pavé dans la mare, et regarder le tsunami déferler sur les cotes. Il voulait une révolution.

— Je ne compte plus le nombre d'urgences où la paranoia et la bêtise humaine étaient les principales suspectes. Des parents qui maltraitent leurs gamins, qui les rejettent, des couples qui se déchirent, tout ça parce que 'peut-être' que c'est un loup-garou. Peut-être.

Quinlan était rarement dans un état aussi nerveux. Il était à fleur de peau, prêt à sortir de ses gonds, ce qui était extrêmement rare pour lui. Ce n'était pas contre Clemens, bien sûr, c'était simplement le fait de laisser les souvenirs refaire surface. C'était à ça que servait son empathie à géométrie variable.

— C'est ce genre de comportement qui est la vraie maladie à guérir. Quand le désespoir est si grand qu'on en vient à se suicider parce que tout le monde autour de vous pense que vous n'êtes plus humain… Tu te souviens du cours sur les brûlures ? Question rhétorique, bien sûr que tu t'en souviens… J'ai sauvé un homme qui avait été brûlé par son propre père, au Silvignis, une potion qui ronge tout sans possibilité d'intervenir avant que son effet se dissipe. Lui, je l'ai sauvé. Mais trois jours plus tard, une fille — rien à voir en apparence, ils ne se connaissaient pas — est morte à Ste Mangouste. Elle s'est suicidée, parce qu'on l'accusait d'être lycane. Le Silvignis, elle l'a bu. On n'a rien pu faire. Et je déteste ne rien pouvoir faire. Alors voilà, je ne veux pas 'guérir' la lycanthropie parce que j'en ai assez qu'on la voit comme une maladie à éradiquer. Peut-être ai-je tort. Je veux guérir cette société qui pense qu'un humain, qui est humain au moins 29 jours par mois, mérite de brûler. Pour quelque chose dont il n'est même pas responsable.

Quinn expira longuement et se prit la tête dans les mains. Il aurait bien besoin des cookies de son frère là. C'était sûrement la fatigue qui le rendait si sensible, si tendu. La présence de Clemens n'y était certainement pour rien, pas plus que son regard perçant qu'il sentait sur lui. Bien sûr que ça n'avait aucun rapport… Aucun rapport.

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MessageSujet: Re: La nuit ne porte pas conseil [Quinlan First]   La nuit ne porte pas conseil [Quinlan First] EmptyJeu 11 Juin 2015 - 18:48

Les Vampires. C'était en effet un sujet propice aux désaccords et plusieurs théories se chevauchaient sans se réfuter complètement. En tant que fervent spécialiste de la métamorphose, Clemens avait choisi son camp… et celui-ci ne semblait pas correspondre entièrement au point de vue de Quinlan. En soi, c'était une bonne chose, car ça allait sans doute les mener à un débat intéressant. Et si, par chance, l'un parvenait à convaincre l'autre, ils allaient sans doute faire un grand pas dans une direction inattendue. L'étudiant sourit.

« Ca dépend de la perspective qu'on adopte, évidemment… Mais si on considère le fait qu'ils peuvent se reproduire avec des humains et qu'ils ne sont pas immortels, alors, ils ne sont définitivement pas des cadavres. Les Inferi, par contre, sont un exemple souvent amené pour supporter la loi de Gamp. On ne ramène pas un cadavre à la vie, ils sont manipulés par un sortilège, mais certainement pas vivants. »

La réflexion sur l'Imperium était, par contre, diaboliquement pertinente. L'Allemand n'avait jamais perçu ce sortilège sous cet angle, sans doute car il ne s'intéressait pas aux sorts de manière large. Il se contenta donc de hocher la tête, lentement, sans trouver quoi répondre. Il allait devoir y penser pendant quelques jours avant d'oser statuer sur la question. On ne se lançait pas dans des réponses spontanées sur des sujets aussi délicats.

Toujours planté en face de Quinlan, les mains dans les poches à présent, Clemens ne parvenait pas à décrocher de son regard. Leur communication s'effectuait de plus en plus à demi-mots, induisant un profond trouble chez l'étudiant. Des pensées qui passait de l'un à l'autre, sans qu'un intermédiaire sonore ne doive être utilisé, c'était une habitude entre amis proches. Isolde et lui avaient ce lien particulier, formé durant les terribles heures d'hôpital où la parole était devenue une véritable impossibilité physique. Sentir ce lien s'établir, sans recherche ou sans volonté, comme une évidence ajoutait un point de plus à la longue liste de réflexion qu'il devrait avoir avec lui-même.

La voix dure mais sans reproches du guérisseur le ramena à la réalité. Le Sinistros reçut cette explication, ou cette confession, il ne savait trop comment l'appeler, telle une claque en pleine figure. Leur société les bordait depuis la plus tendre enfance avec des visions de monstres et de stéréotypes, de ce qui devait être juste, accepté ou rejeté. Clemens se targuait souvent d'avoir rejeté les conventions qui ne lui convenait pas et de construire sa propre voie. Néanmoins, ces injustices-là, il ne les avaient jamais remis en question. La lycanthropie était une maladie, point. Un mal, une erreur, devant laquelle on devait s'excuser et être désolé. Maintenant qu'il reliait les différents points évoqués dans leur conversation, il se rendait compte à quel point il avait été hypocrite avec lui-même.

« Oh mein… Wie konnte ich nicht draufkommen ? »

Clemens était choqué par ce qu'il entendait. Mais pas par Quinlan. Par ce mensonge ambiant qui avait trainé dans son propre quotidien et ses propres recherches. Depuis des années, il remettait l'humanité en question pour comprendre l'Animagisme, mais jamais il n'avait fait l'inverse. Jamais il ne s'était demandé si l'animal, le « différent » pouvait être humain.

Ses yeux bleus cherchèrent celui de l'étudiant, mais on n'y trouvait aucun jugement. Il n'aurait jamais pensé qu'il pouvait être un loup-garou et puis, quand bien même ? Quand ses pensées étaient l'effort d'un mécanisme conscient, il pouvait passer au-delà de tels aveux. Il devait juste digérer le fait qu'il n'était pas aussi libre d'esprit qu'il pensait l'être. Sauf que là, maintenant, la situation venait de s'inverser violemment et ce n'était plus le moment pour réfléchir à ses propres amertumes. Tout comme il avait perdu les pédales quand Quinlan était arrivé, le guérisseur laissait libre cours à sa frustration et un certain… dégoût transpirait dans sa voix.

Que dire, dans pareille situation ? Sous le choc premier, les mots lui étaient déjà venu en allemand, langue que son professeur ne maîtrisait très probablement pas. Néanmoins, au-delà de l'intensité de la confidence, Clemens ne pouvait s'empêcher de ressentir une rage grandissante, grondant en son for intérieur. Son empathie pour l'espèce humaine n'était pas particulièrement limitée, mais ces histoires là étaient bien au-delà de ses frontières personnelles. Comment pouvait-on se permettre de juger Quinlan sans l'avoir entendu parler de ce passé-là ?

A la fois dépité et révolté, contre lui-même et la société qui l'avait formé, l'Allemand s'approcha du médicomage et lui posa une main sur l'épaule, et s'assit sur le tabouret quitté quelques minutes plus tôt. Le visage caché dans les mains, son aîné irradiait néanmoins la tension. Une simple pression sur cette épaule étrangère, le signe d'une présence à la fois proche et discrète, puis Clemens restaura la distance. Il but la fin de son chocolat chaud.

« C'est très noble de ta part, de t'attaquer à ça. Et quand bien même tes recherches aboutiraient, ce ne serait que la première étape d'un long processus. Il faudrait peut-être même attendre la mort de toute notre génération pour que les mentalités changent. »

Sa voix n'avait été qu'un souffle, dans lequel le respect se faisait néanmoins clairement entendre. Il était pragmatique, certes, mais il ne pouvait juger négativement un homme qui se lançait dans une entreprise aussi colossale, dont il ne verrait sans doute jamais les bénéfices.

« J'avoue n'avoir jamais été engagé dans cette réflexion-là, sans doute parce que je n'y ai jamais été confronté, non plus. Mais s'il me manquait encore une raison pour être convaincu de t'aider, ç'aurait été celle-là. »

Clemens posa à nouveau les yeux sur Quinlan. Frustré, passionné, touché, perturbé, troublé, l'étudiant ne pourrait bientôt plus citer les différents stades émotionnels par lesquels il était passé depuis l'arrivée dans cette cafétéria. Encore une fois, il ressentit le besoin de temporiser l'intensité du moment par un retour au concret.

« Où en es-tu, maintenant ? »
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MessageSujet: Re: La nuit ne porte pas conseil [Quinlan First]   La nuit ne porte pas conseil [Quinlan First] EmptyVen 12 Juin 2015 - 6:54

Clemens n’avait pas tort : les vampires pouvaient encore être considérés comme vivants, a contrario des Inferis dont la matière première étaient les cadavres. Il marquait un point, même si cette histoire de conscience ne tenait pas debout pour Quinn. Peut-être devait-il circonscrire ce qui était humain à ce qui était vivant ? Mais dans ce cas-là, ça rendrait des fantômes comme Nick Quasi-Sans-Tête moins proche de l’humain prototypique qu’un vampire ou une créature de l’eau. Ça n’allait pas. Ça n’avait toujours pas de sens. Quinlan se fit qu’il devrait y réfléchir à tête reposée, mettre ça sur parchemin, actualiser ses données de recherches. Cette discussion avait Clemens était déjà productive pour lui, et pourtant, il avait l’impression qu’ils n’avaient pas dit grand-chose. Ils n’étaient pas rentrés dans les détails, pas vraiment… Et c’était peut-être de ça dont ils avaient besoin. De la distance, histoire de regarder le puzzle se former et mieux cibler les zones d’ombres.

Les vampires constituaient l’une de ces zones. Pour des raisons que Quinn allait justement évoquer, il s’était surtout concentré sur les loups-garous : mais une petite comparaison, à intervalle réguier, ne faisait pas de mal. Et le parallèle était vite fait. La condition des vampires était un autre débat houleux. Cela faisait des années que le Ministère de la Magie ne savait pas dans quelle case ranger ces êtres que beaucoup considéraient mi-humains mi-monstres. Un peu comme les créatures de l’eau, ou… les loups-garous. Quand Quinlan avait pris conscience que les gens cherchaient désespérément à les mettre dans des cases manifestement trop petites ou inconfortables pour eux, il avait eu la révélation. Et si l’idée même de case était stupide ?

Clemens lui posa alors la question qui allait torpiller le barrage. Quinlan lui expliqua son point de vue, sa façon de penser. Peut-être était-il trop radical ? Trop extrémiste ? Ou simplement trop avant-gardiste. Il espérait sincèrement qu’un jour, les gens changent, qu’ils refusent d’accepter que quelqu’un souffre pour quelque chose dont il n’était pas coupable. Qu’ils soient capables de se mettre à la place d’autrui. Quand on parlait d’empathie à géométrie variable, c’était dans les deux sens : Quinn détestait la souffrance de celui qui ne l’avait pas méritée.
L’étudiant réagit en allemand, murmurant une phrase que Quinn saisit à moitié. Pas dans les mots, bien sûr, il n’avait jamais appris cette langue, mais dans l’intonation, la gestuelle, l’expression. Il venait littéralement de déclencher l’apocalypse dans l’esprit de Clemens, tout comme lui l’avait eue il y a des années de cela. La révélation : personne ne naît isolé mais au sein d’une société, qui va forger de façon inconsciente son mode de pensée. Personne ne pouvait être réellement libre de penser ce qu’il voulait, pas même Quinn. Mais au moins en avait-il conscience. Là, on parlait de lycanthropie, mais cela s’appliquait à tous les autres aspects de la vie en société. La morale, le mode de raisonnement, la sexualité. Tout était régi par des règles complexes et implicites. La plupart s’y conformaient sans même y songer, mais d’autres, comme Quinn, avaient décidé de s’en séparer. Ce n’étaient que des conventions, et toute convention peut-être transcendée, pour peu qu’on conçoive qu’elle puisse l’être*.

Son monologue laissa Quinlan épuisé. La fatigue lui revint dans la tronche comme une bourrasque, et sa tête s’effondra dans ses mains. Il ne vit ni ne sentit Clemens s’approcher, c’est pourquoi il sursauta au contact de sa main avec son épaule. Il ne la repoussa pas. C’était un geste simple, mais qui exprimait plus de choses qu’un millier de mots. C’était une façon de lui rappeler qu’il n’était pas seul, et qu’on le soutenait. C’était aussi un moyen pour Quinn de se rendre compte qu’il avait froid : le contact irradiait une chaleur douce. Parfois, le contact humain suffisait à apaiser les douleurs**.

Puis Clemens retira sa main.

— Je me fous de savoir combien de temps ça prendra. Au moins j’aurais fait quelque chose. Si personne ne bouge, les choses n’avancent pas.

C’était une drôle de nuit, c’est vrai. Il y avait ce quelque chose d’indescriptible qui liait les deux hommes, et pour laquelle les mots ne suffisaient pas. Un regard en forme de main tendue, une tension qui les animait et les apaisait en même temps, de la confiance et peut-être même un peu de complicité. Quinlan ne croyait pas au destin, parce qu’il avait toujours le dernier mot sur ses actions, mais il fallait avouer que ces derniers temps, le hasard s’était acharné à lui faire croiser la route de Clemens. Il réalisa soudain qu’il n’arrivait même plus à le trouver séduisant, parce que le mot était définitivement trop réducteur, et ça l’aurait mis dans la même case que n’importe quelle autre de ses conquêtes. Non. Fini les cases ! Clemens était bien au-dessus de tout ça… et c’était bien ça le plus effrayant.

Quinn sortit de ses pensées soudainement : l’étudiant venait de lui demander où en étaient ses recherches. Atterrir, revenir sur Terre et réfléchir au concret. C’était une très bonne idée sur laquelle Quinlan se jeta sans perdre un instant.

— Pas bien loin. J’ai commencé à étudier un grimoire à propos des loups-garous, mais les sorts et leurs effets ont été mélangés… Il y a sûrement un code, mais je ne l’ai pas encore craqué.

Le parallèle avec Clemens le fit sourire.

— Je crois qu’on est bons pour plusieurs séances de cryptographie toi et moi…

Serait-ce une invitation ? Peut-être bien. Pourquoi pas, après tout.

Notes:
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MessageSujet: Re: La nuit ne porte pas conseil [Quinlan First]   La nuit ne porte pas conseil [Quinlan First] EmptyVen 12 Juin 2015 - 10:28

Clemens sourit simplement. Comment réagir autrement à un tel aveu de détermination ? Il en avait manqué lui-même après son accident. Avoir la force de se dresser contre l'inébranlable et se jeter au combat avec toute la rage de son âme, simplement parce que ton cœur te disait d'y aller, éveillait en lui un respect sans bornes. Il était fasciné par les esprits puissants et passionnés, avec qui il pouvait nourrir sa propre passion et aller toujours plus loin sur les chemins de l'inaccessible. Isolde, Anna, Rowan, tous étaient de ce bois-là. Tous l'avaient changé plus en profondeur qu'il ne l'aurait cru possible de prime abord. Peut-être était ce l'âge et l'expérience, mais Quinlan semblait les transcender tous les trois dans une espèce d'offrande mutuelle dont aucun des deux ne saisissaient encore l'ampleur.

Les yeux posés sur le guérisseur, l'étudiant se demanda un instant s'il pouvait s'engager sur ce sentier-là. Malgré l'abolition des conventions pour la nuit, son interlocuteur n'en restait pas moins son professeur, une sorte de supérieur hiérarchique, dont il avait certes déjà secoué la position de supériorité en cours. Mais il aurait été idiot de ne pas réaliser que cette situation-là pouvait les mener bien plus loin ; leurs confidences les avait amenés à découvrir une grande complémentarité dans leurs recherches personnelles, ainsi que dans leurs modes de pensées. Limiter leur échange à une seule rencontre nocturne commençait à se dessiner sous le signe de la perte. Clemens se passa la main dans les cheveux. En réalité, il ne se posait la question que pour les formes. Il savait très bien qu'il ne pouvait s'abstenir de se lier à une telle passion et une telle richesse intellectuelle.

Retour au concret. La réponse de Quinlan lui arracha un rire sans joie et il se laissa aller en arrière contre le bar. Saloperies de grimoires codés. La perspective était intéressante néanmoins, car le fait devoir s'atteler à des tâches semblables devraient leur permettre de travailler en parallèle. Une hypothèse pouvait tomber dans le vide dans un cas, mais être pertinent pour l'autre après tout, non ? Il n'osa cependant pas le proposer.

« Ils doivent avoir un truc avec les grimoires codés dans cette académie. Je ne sais pas encore si c'est une bonne chose. »

La proposition du guérisseur lui fit lever les yeux et chercher son regard. Une lueur équivoque s'y trouvait encore, pas si lointaine de l'espièglerie qui s'y reflétait généralement. L'étudiant attrapa son propre grimoire et glissa une main le long de la couverture. Il reprit le titre, presque indéchiffrable dans son incrustation sur le cuir élimé.

« Troubler l'essence, les transformations d'un autre genre, les loups-garous et… un coup de pied dans une fourmilière. »

Il se tût plus tôt qu'il ne l'avait voulu. Ses yeux bleus s'attardèrent un instant encore sur Quinlan, soudain plus vraiment sur que sa phrase sous-entendait l'invitation à travailler ensemble.

« Quand est ce qu'on s'y met ? »

Au moins, c'était clair. Après trois jours à galérer sur son propre traité, il s'était découvert toute une constellation de nouvelles perspectives, de nouvelles pistes à analyser pour avancer. Il n'y était pas arrivé seul, et il devenait de plus en plus évident que personne ne pouvait vraiment être efficace en solitaire. Une présence secondaire était nécessaire, pour apporter un point de vue neuf sur ce qu'on ne discernait plus. Dans les yeux de Clemens se lisait presque une supplique ; la recherche sans partenaire avait été une évidence qui s'était brisée ce soir.
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