Merope Lynch (terminée)

Tailleur impeccable, bleu roi à motifs jaune poussin, collants et chemisier à volants harmonisés aux motifs, cheveux parfaitement tenus dans un chignon strict… Il ne manque qu’un détail, une paire d’escarpins en cuir de dragon. Un modèle cher, très cher, que Merope s’est acheté après plus de deux ans de dur labeur. Tant qu’elle n’enfile pas ses escarpins, elle paraît minuscule. Une toute petite brune, à la peau hâlée, au visage encore enfantin malgré sa trentaine approchant à grands pas… C’est à la fois sa faiblesse et sa plus grande force : on ne la prend pas tout de suite au sérieux, on ne s’en méfie pas et quand elle frappe, le coup est doublement douloureux. Dans son boulot, Merope sait se servir à merveille de son apparence de femme-enfant qui lui permet de s’immiscer partout sans se faire remarquer.

Malheur à ceux qui ont cru que Merope était tout sauf une menace parce qu’elle a été envoyée à Poufsouffle. Nombreux sont ceux qui confondent encore loyauté et asservissement. Merope est tout sauf asservie. Loyale à ses idées, ses rares proches et sa famille, la jeune femme possède un caractère bien trempé qu’elle n’exprime que si la situation le requiert. Elle a toujours su ce qu’elle voulait et ce dont elle avait besoin pour y parvenir. Si la personne face à elle pouvait lui être utile, elle feignait la docilité tout en faisant son coup en douce. Son ambition n’a d’égale que son côté bosseur, côté qui prima lorsque le Choixpeau fut déposé sur sa tête. Un jour, elle sera à la tête du département où elle travaille, elle le sait et se donne les moyens pour. Elle s’intéresse principalement aux personnes qui pourront un jour lui être utiles et se retrouve actuellement avec un environnement proche restreint. Dur dur de nouer de réelles relations quand on ne cherche pas à s’intéresser réellement aux autres, quand on saisit la moindre occasion de marcher sur son voisin pour se hisser plus haut.

Confucius Lynch ne sait pas cacher sa déception en découvrant que son premier né est en fait une fille. Une toute petite fille au regard sombre auquel il s’attache immédiatement et sans retour en arrière possible quand de petits bras potelés se tendent instinctivement vers lui. Sa fille est une déception à la naissance mais restera son bien le plus précieux. Ne plus avoir d’enfant sera sa fatalité, surtout quand son cadet viendra par la suite parader avec son premier né masculin. Celui qui sera l’Héritier Lynch. Confucius a tout fait pour rendre son père fier et cela ne paiera pas.

Merope grandit avec cet ombre au tableau, ce sentiment d’échec dont elle n’est pourtant pas responsable. Jonas, son cousin de trois ans son cadet, l’horripile. Bête comme ses pieds, mauvais au possible, imbu de lui-même… Dès leur plus jeune âge, les deux cousins se détestent cordialement… Tout en restant une famille : après tout, le nom de Lynch prime sur les dissidences. Merope met un point d’honneur dès son entrée à Poudlard à tout faire pour que son grand-père soit fier d’elle, pour qu’il se rende compte qu’être une fille ne l’écarte pas forcément du poste d’Héritière.

Poudlard et sa terrible épreuve de la répartition… Merope est la seule Lynch ayant atterri à Poufsouffle. Une déception pour son grand-père, fier Serpentard. Une particularité curieuse pour son père, ancien Serdaigle. Du haut de ses onze ans, Merope assume pleinement son arrivée chez les jaunes et noirs. Elle est unique, différente des autres Lynch et saura montrer que son petit plus fera les beaux jours de la famille.
Elle remarque rapidement les regards en biais lorsque son nom est dit à voix haute par les professeurs… Les Lynch seraient de ceux qui auraient choisi de vite se repentir lors de la chute de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom. Non, ils n’auraient jamais été séduits par les idées de ce mage noir. Non, leurs idées sur nés-moldus ne sont pas extrémistes… Après tout, ils sont capables de pointer du doigt certaines branches de leur arbre ouvertes à cette catégorie de sorciers… C’est bien pour cela qu’on ne les a jamais considérés comme des sang-purs, non ? En tout cas, c’est ce que son père lui dit jour après jour, avec une intonation qui cache quelque chose, Merope en est certaine.

Les années passent, Merope s’accroche, obtient des notes suffisamment convenables pour entrer au Ministère une fois ses études terminées, au sein du département de la coopération magique internationale. Elle sert de larbin mais sa silhouette discrète lui permet de laisser trainer ses oreilles un peu partout. Elle écoute, analyse, apprend. Au bout de quelques mois, on lui confie des tâches minimes mais qui lui permettent de montrer qu’elle en a dans le crâne. Deux ans après Poudlard, elle décroche un poste officiel : elle est chargée d’assister le responsable des partenariats commerciaux. A vingt-cinq ans, elle obtient enfin un poste à la hauteur de ses espérances : elle intègre l’équipe des commerciaux chargés de promouvoir les produits britanniques.

Merope suit son petit bout de chemin. Elle vit seule, dans le Londres sorcier, au cœur des rues vivantes. Elle sort peu, consacrant tout son temps à son travail pour lequel elle est amenée à énormément voyager. Elle côtoie d’autres cultures, d’autres courants d’idée et commence à avoir une vision différente de celle enseignée à Poudlard.

Août 1996… Triste mois pour les sorciers. Merope qui se moquait complètement des moldus avant commence à s’intéresser à leur cas. Un de ses collègues né-moldu lui parle de ce qu’il se dit chez les moldus… Les sorciers sont vus comme une menace. Et, apparemment, les moldus traitent les menaces par des guerres. Merope use alors de son temps-libre limité pour se nourrir de cette actualité. Elle tente même quelques incursions dans le monde moldu pour acheter leur presse… Rien de bien rassurant pour la suite… Si on lui demande de faire un choix, elle fera celui de son espèce avant tout.