Querelles de couloirs (flashback, décembre 1991)

Le cours de potions venait de se terminer pour les élèves de quatrième année, Poufsouffle et Serpentard. Encore une fois, la maison au blaireau n'avait pas manqué de se faire défavoriser face aux serpents, et les jeunes gens en étaient sortis en grinçant des dents. L'exécrable directeur des Serpentard avait même laissé passer quelques grivoiseries de mauvais goût à l'encontre des nés-moldus du groupe, avec une certaine affabilité non-dissimulée.
Naturellement, Dwight Mortimer, du haut de ses un mètre soixante et de sa voix qui n'avait pas encore mué, n'était pas resté de marbre, et avait gagné... le retrait de cinquante points à sa maison.

- Franchement Dwight, dès qu'il s'agit de moldus, ton cerveau te fuite par les oreilles! fulmina James Cox, l'un de ses camarades, alors que le petit groupe se dirigeait vers la grande salle pour y prendre son déjeuner. On te l'a déjà répété maintes fois: ça ne sert à rien de discuter avec Rogue, c'est un crétin frustré, et il sera trop heureux de retirer des points à notre maison! Garde tes belles idées pour les gens qui voudront bien t'écouter!
- Ça ne sert à rien de prêcher les convaincus, James, répondit l'intéressé avec un sourire insouciant étalé sur sa mine débonnaire. Si on tolère ce genre de petites piques sournoises, les excès à l'égard des moldus seront considérés avec encore plus de complaisance.

En passant, il salua le fantôme des Poufsouffle d'un sourire radieux. À quatorze ans, Dwight était encore relativement loin d'être un homme, et la puberté semblait l'avoir passablement oublié. Plus petit que la plupart des autres garçons de sa classe, le Poufsouffle était rondelet, avec de bonnes joues pleines toujours prêtes à s'étirer sous un sourire enthousiaste, et de grands yeux bleus écarquillés, comme en recherche perpétuelle d'une nouvelle source d'émerveillement. Il lui arrivait même parfois que des premières ou deuxièmes années à la mémoire flanchante lui parlent comme s'il était un camarade de la même promotion.
Ce physique immature ne l'aidait certes pas, d'autant plus que le jeune Mortimer commençait à regarder les filles de l'école, et notamment Luuna Greenleaf, une Gryffondor de cinquième année qui ne manquait jamais de faire curieusement accélérer les battements de son coeur à chaque fois qu'il la croisait au détour d'une gallerie. Pourtant, il ne savait encore trop comment, il avait trouvé le courage d'aborder Flutis Jones, qui avait déjà à quinze ans la réputation de faire battre le coeur de toutes les filles de Poudlard, et ce dernier, amusé, avait accepté de le prendre sous son aile. Désormais, la date fatidique approchait, celle où le rouquin prendrait son courage à deux mains avant le grand saut: celui où il demanderait à la jeune fille de l'accompagner au bal de Noël.

- Hé, Dwight! DWIIIIIIIIIIIIIIIIIIGHT!!! Y'a quelqu'un sous ces cheveux?! Toc toc!!
- Aïeuh...

L'intéressé se massa le haut du crâne sur lequel son camarade avait gentiment tambouriné du poing, profitant de la bonne tête de plus qu'il avait sur lui.

- T'es constamment dans la lune ces temps-ci, je sais pas ce qui t'arrive! C'est pénible à la fin!
- Pardon James..., répondit ce dernier avec un petit sourire gêné. Mais peu importe ce que tu pourras dire sur le sujet, je demeurerai intraitable.

Ce disant, il se frappa la poitrine, tout en bombant le torse, petit bonhomme dodu à la chevelure toute flamboyante qu'il était, et commença, comme s'il prêtait un serment officiel à la façon du Ministre de la Magie lors de sa toute nouvelle élection:

- Peu importe qui s'opposera à l'égalité contre nos peuples, je ne les laisserai pas faire! Bientôt nous vivrons en parfaite harmonie avec les moldus, et notre ère sera la plus heureuse qui ait jamais été!

HJ/:

17/03/2015

Amaranthe s'était levée du mauvais pied ce matin, sa nuit avait été tourmenté par le visage de son vil géniteur. Elle avait coiffé sa chevelure rousse en deux longues tresses qui entouraient son visage signe qu'elle aimerait redevenir un petite fille pour ne plus ressentir cette colère propre aux adolescents. Elle n'aurait rien pu avaler alors elle avait décidé de sauter le petit déjeuner.
Quand elle retrouva son meilleur ami William devant leur salle de classe, il vit tout de suite que son amie avait passé une nuit difficile.
Il passa son bras sur les épaule de la jeune fille d'un air protecteur avant de lui demander :

- Ama, que se passe t'il ?

- Comme d'habitude ce vil personnage est venu hanter mes cauchemars. Et en plus notre premier cours est avec le Professeur Binns.

Elle adorait l'histoire de la magie mais le ton monocorde de ce fantôme transformait des événements passionnants en ennui mortel.
Ils s'installèrent au troisième rang près de la fenêtre et le cours débuta.
Binns parla de la bonne entente entre Merlin et Arthur. Et la complicité évidente entre leurs deux sociétés la mettait hors d'elle et elle ressentait encore plus l'abandon que lui avait fait subir Edward.
Sa colère grandissait au fur et à mesure de ses paroles et dés que cette torture se termina, elle se leva pour fuir.
William savait qu'il fallait mieux la laisser seule quand elle était dans cet état car il suffisait d'une parole malheureuse pour que sa fougueuse condisciple s'enflamme.

Elle marchait vite sans regarder personne quand elle entendit un élève affirmait que "bientôt ils vivront en plein harmonie avec les moldus". Elle s'arrêta nette et son regard noisette se posa sur Dwight. Elle aurait du s'en douter, le boursouflet qui vivait en pleine utopie et qui pensait que tout le monde était beau et gentil. Alors qu'elle savait que la peur pouvait les rendre lâches et cruels.
Elle lui lança un regard torve avant de s'exclamer glaciale:

- Et nous allons tous nous faire des câlins !

Si il continuait à insinuer que les moldus les accueilleraient à bras-ouvert alors que le passé leurs avait démontré à de nombreuses reprises qu'ils les haïssaient et les pourchassaient pour les détruire, elle allait exploser.

"- Et nous allons tous nous faire des câlins !"

Le petit rouquin dodu s'interrompit et reporta ses grands yeux bleus surpris sur une Serdaigle d'un an plus âgée que lui, aux longues tresses rousses. Les mains sur les hanches, elle semblait exaspérée, mais il répondit à son agressivité en lui adressant un geste de la main et un sourire insouciant:

- Oui, c'est une bonne idée, ça serait encore mieux!

À côté de lui, ses amis se frappèrent le front de la paume de leur main, consternés.

- Mais Dwight, arrête un peu, Aislinn se fout de toi! L'ironie, tu connais?!
- Ironie ou pas, quand on y réfléchit c'est quand même une bonne idée! répliqua-t-il sans se départir de sa bonne humeur. Tu ne penses pas Amaranthe?

Il la fixa, les yeux brillants, comme si cela pouvait suffire à écarter la mauvaise humeur de la Bleue et Bronze. Ce n'était certes pas la première fois qu'ils se confrontaient sur le sujet, mais le rondelet Poufsouffle ne doutait pas qu'un jour, il pourrait l'amener de son côté; tout n'était qu'une question de temps et de patience.
Désespérés, le groupe de Poufsouffle avec lui secoua la tête, et James s'exclama, exaspéré:

- Ouais, assez de salades, j'ai faim moi, tu nous rejoins dans la grande salle hein!

Ils prirent congé et le rouquin se retrouva face à son homologue. Il lui fit un petit sourire piteux, avant de reprendre d'une voix flûtée:

- Ils sont un peu comme toi, mais je ne perds pas espoir de tous vous convaincre!

17/03/2015

"Par Morgane, ce Poufsouffle était tombé dans un chaudron rempli d'élixir d'Euphorie quand il était nourrisson pour se comporter ainsi" pensa l'Irlandaise agacée. Et si ce n'était pas le cas et bien il n'avait aucune excuse alors.

Elle croisa le regard de James quand celui-ci affirma qu'elle se moquait de lui. Elle esquissa un léger sourire s'attendant à ce qu'il défende son condisciple mais non, il n'en fit rien.
Et il ne pouvait pas tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de déblatérer ses conneries utopistes.

Elle arqua un sourcil quand elle croisa le regard du rouquin exalté. Mais qu'est-ce qu'il avait dans la tête pour affirmer que les moldus les accueilleraient comme des frères ? Ne se souvenait-il pas de ses cours d'histoire de la magie ? Dans leur pays, plusieurs monarques anglais ont promulgué des lois pour les exterminer. Et ils incitaient les non-sorciers à les dénoncer et si ils ne le faisaient pas, ils étaient accusés de trahison.

Elle répliqua irritée :

- Mortimer, tes propos ennuient même tes amis, ais pitié de nos oreilles !

Elle regarda la petite bande de blaireaux jaunes et noirs se rendrent à la grande de salle pour partager un déjeuner grandement mérité.
Elle pensait que le petit rouquin allait se joindre à eux, il restait là et il voulait la convaincre qu'une amitié était possible entre leurs deux mondes.
Elle le jaugeait avant de lui demander froidement:

- Tu connais des moldus alors ?

Elle ne parlait pas des élèves nés-moldus et elle était curieuse de savoir si le rouquin et sa famille entretenaient des relations amicales avec des familles non-sorcières qui n'avait pas dans leur progéniture des élèves à Poudlard ou des sorciers. Le gouvernement l'interdisait mais il semblait si sur de lui.

- Mortimer, tes propos ennuient même tes amis, ais pitié de nos oreilles !
- Mes amis sont affamés et n'ont pas goût aux débats en général, mais ils partagent au fond les mêmes idées que moi, sans quoi ils ne seraient pas ce qu'ils sont... Amaranthe! répliqua-t-il d'un ton badin.

La jeune fille, aussi écarlate que sa chevelure, semblait être sur le point de lui lancer un sort pour le changer en crapaud, mais le petit Poufsouffle ne se laissa pas abattre pour autant: il savait par expérience qu'un sourire amical et des paroles chaleureuses pouvaient bien souvent désamorcer même la pire des humeurs.

- Tu connais des moldus alors ?
- Mais naturellement, riposta-t-il joyeusement. Cody et Garth sont mes amis d'enfance, et on s'entend à merveille! Évidemment, ils ne sont pas au courant de mes petites particularités, mais notre amitié devrait-elle s'arrêter à cela? D'autant que mes parents sont tous les deux nés-moldus, alors le moins qu'on puisse dire, c'est que l'intégration ne pose pas franchement problème! Et de toute façon, qui a le choix aujourd'hui? (Il posa ses grands yeux bleus sur elle et lui fit un clin d'oeil.) Avec la proportion de sorciers par rapport aux moldus, nous sommes bien obligés de nous adapter les uns aux autres, les villages entièrement sorciers sont si rares! En plus, ils doivent rester minuscules s'ils veulent demeurer discrets! Au fond, quasiment tout le monde a des origines moldues maintenant, cela prouve bien qu'une cohabitation est possible, pas vrai? Ce n'est pas ton cas?

Il la fixa, le regard plein d'étoiles, pour reprendre son souffle après un tel discours. Son estomac commençait à crier famine, mais il devait bien faire entendre raison à la Serdaigle; après tout, ceux-ci n'étaient-ils pas réputés pour leur intelligence et leur ouverture d'esprit? Dans tous les cas, ici c'était la colère qui parlait pour la cinquième année, il n'avait aucun doute là-dessus.

17/03/2015

Amaranthe haussa les épaules aux paroles du rouquin avant de lever les yeux au ciel. "Drôles d'amis qui le laissaient en plan et ne prenaient même pas la peine de le défendre" pensa t'elle.
Il lui faudrait plus qu'un banal sourire et un ton enthousiaste pour calmer la Serdaigle en mode harpie.

Elle le laissa parler et elle arqua un sourcil avant de croiser les bras fermée à ses arguments car elle savait que si ses amis d'enfance apprenait ces "petites particularités" comme il les appelait, ils ne réagiraient pas de la même manière. Et il verrait que le rejet, le dégoût sont difficilement acceptables et pardonnables. Ignorait-il que rien n'était blanc ni noir et que ce sont les nuances de gris qui composent une société ?

Elle répondit glaciale à sa première remarque :

- Par le caleçon de Merlin, comme tu est crédule de penser que tes amis d'enfance ne seraient pas effrayés par la magie ! Crois-tu qu'ils te considéraient comme étant toujours le même ? Qu'ils ne te verraient pas comme un monstre ?

La rouquine imagina que sa mère avait la même naïveté de penser que le jeune homme qu'elle aimait depuis deux ans allait l'accepter comme elle était réellement. Et pourtant l'amour les unissait et quand il lui avait proposé de vivre avec lui, elle avait eu le malheur se se montrer honnête. Et là, il prit peur et se montra lâche en la quittant du jour au lendemain en lui disant qu'elle avait lui lancé un sort pour le faire tomber amoureux d'elle. Elle eut beau lui expliquer que la magie ne pouvait pas fabriquer ce sentiment et que même un filtre d'amour n'entraînait qu'une obsession passagère. Il la regarda avec mépris comme si elle n'était qu'une bouse de dragon avant de disparaître de sa vie.
Et quand le poufsouffle lui fit la leçon sur les unions entre les sorciers et les moldus, elle savait qu'il avait raison mais elle ressentait une telle haine, une telle rage envers son géniteur.
Que la suite de ses paroles lui était adressée à lui qui avait brisé le cœur de sa mère et qui l'avait abandonné :

- Les moldus qui n'ont pas eu dans leur famille des sorciers sont lâches, intolérants et cruels. Ils refusent tout contact avec ceux qu'ils ne peuvent pas comprendre ! Leur peur se transforme en haine. Alors tais-toi, Mortimer ! Ne parle pas de ce que tu ne connais pas vraiment.

Elle sentit une unique larme de rage rouler sur sa joue. Elle l'essuya d'un geste rapide avant de lancer un regard torve au petit rouquin.