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 A nos actes manqués (PV Anna)

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Isolde Mayer
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MessageSujet: A nos actes manqués (PV Anna)   A nos actes manqués (PV Anna) EmptyLun 10 Aoû 2015 - 22:18

Isolde était assise en tailleur sur son lit, absorbée dans la lecture d'un livre ouvert en grand sur ses genoux. Autour d'elle, étalés sur son lit, traînaient les livres qu'elle venait de rapporter de la bibliothèque et des bouts de parchemins épars couverts de notes. Au milieu de cette pagaille trônait le dessin de l'Aristerine que Clemens lui avait envoyé dans sa dernière lettre. Elle avait passé l'après-midi à la recherche d'informations, sans grand succès. La soirée arrivant, et avec elle l'heure de fermeture de la bibliothèque, elle avait emprunté autant d'ouvrages qu'elle pouvait en porter et était remontée travailler dans sa chambre.

Son travail avait le mérite d'éloigner pour un moment les soucis de son esprit. Le voyage de Clemens. Les vacances de Noël qui approchaient et avec elles, le retour dans sa famille et les révélations qu'elle allait devoir leur faire. Sa crainte de ne pas voir Clemens rentrer à temps pour Noël était un peu, un tout petit peu, teintée d'égoïsme, elle devait se l'avouer. Il lui avait promis son soutien dans ces moments qui s'annonçaient difficiles. Et le soutien, c'était bien ce dont elle manquait. A Poudlard, il y avait Roxane, Tomas, et d'autres camarades de confrérie. Ici, elle n'avait pas encore tissé de liens aussi forts avec les gens de Phénix. Par manque de temps, ou d'affinité ? Elle n'était pas souvent présente le soir, entre son service au Parker's Coffee, les entraînements de Quidditch, et le travail universitaire en lui-même. Et puis il y avait sa retenue nouvelle, due aux événements de Juillet, qui la prévenait de trop s'épancher sur elle-même et l'éloignait, involontairement, des autres.

Pas par manque d'affinité, non. Elle s'entendait bien avec les gens en général, elle n'avait jamais eu de difficultés à se lier avec les autres. Elle passait ses soirées libres à l'académie à parler avec Anna et Jade, et elle appréciait beaucoup les deux jeunes femmes. Mais cette fichue retenue restait là, en suspens. A Poudlard, elle n'avait jamais caché ses origines moldues. Elle en parlait ouvertement, même si cela l'avait exposée à des moqueries et des remarques plus ou moins tendres de ses camarades. L'hostilité grandissante entre les deux mondes l'avait assagie sur ce point... Mais elle se sentait déchirée entre l'envie d'être elle-même, entièrement, face aux autres, et cette peur infuse que ses origines ne se retournent contre elle ou pire, contre sa famille. Aussi éloignés qu'ils soient, ils vivaient quand même au Royaume-Uni et étaient donc des cibles potentielles, de la part des moldus comme des sorciers. Isolde n'avait aucune idée du degré de doutes de l'entourage de ses parents au sujet de ses pouvoirs. Et si, en apprenant l'existence du monde sorcier, quelqu'un avait subitement fait le lien avec ses absences à Poudlard ? Expliquer qu'elle devait quitter l'école allemande de Dublin où elle devait normalement rester jusqu'à ses 18 ans avait été plutôt compliqué, et pas vraiment discret.

Son livre glissa un peu de ses genoux. Difficile de se concentrer avec la tête pleine d'inquiétudes. Abandonnant pour un instant ses recherches pour une réflexion plus légère, elle reprit la liste de cadeaux de Noël qu'elle avait commencé sur un bout de parchemin. Un léger sourire vint s'étendre sur son visage à la vue de sa chambre encombrée. Des parchemins partout sur le lit, des partitions qui tombaient en cascade de la table basse. A côté d'elle, sur la table, se trouvait encore les restes du sandwich et du thé qu'elle avait été rapidement acheter avant de remonter dans son dortoir. Seul son violon était posé précautionneusement contre le mur, signe que l'objet était particulièrement précieux. Et à côté de la lampe de chevet, flottait de toutes ses forces animées le petit balai que Clemens lui avait offert. Si Roxane voyait ça... Heureusement, son colocataire présent était beaucoup moins exigeant au sujet du rangement. Et rarement là aussi, ce qui réduisait ses possibilités de râler.

Des discrets coups frappés à la porte interrompirent ses rêveries. Perdue dans ses pensées, elle mit quelques secondes avant de deviner l'identité de son visiteur tardif. Anna, sûrement. Jason n'aurait pas frappé, et la jeune française était déjà venue à une ou deux occasions pour parler un peu  plus tranquillement que dans la salle commune.

- Entre ! dit-elle avec un peu de chaleur retrouvée dans sa voix, si tendue ces derniers jours.


Dernière édition par Isolde Mayer le Mer 26 Aoû 2015 - 19:32, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: A nos actes manqués (PV Anna)   A nos actes manqués (PV Anna) EmptyMar 11 Aoû 2015 - 21:39

Anna relu pour la cinquième fois la lettre qu'elle tenait dans sa main. C'était une chose totalement inutile en réalité, dès la première lecture les mots s'étaient insérés en elle comme les lames d'un couteau.

Depuis elle sentait son angoisse latente grandir en elle. Elle n'avait strictement rien fait de sa soirée, elle avait tenté de lire en vain son esprit trop agité ne l'avait pas laissé se concentrer et ainsi se perdre dans les mots. Elle s'était rabattue sur la musique mais ses musiques douces n'aidaient pas, pire elles la ramenaient à son état et la rendait encore plus à fleur de peau. Les seules qui auraient pu lui faire oublier la missive qu'elle venait de recevoir lui auraient demandé de danser et raisonnablement elle ne pouvait pas faire ça avec Autumn qui risquait de pénétrer dans la chambre à tout moment, cela aurait été gênant pour la française. Elle avait donc rangé la chambre, au moins en faisant du tri physiquement elle s'était dit que cela participerait à faire celui de sa tête, ça avait marché un temps. Puis il n'y avait plus rien eu à ranger. Des deux jeunes femmes qui vivaient dans cette chambre elle était de loin la plus ordonnée, il n'y avait donc pas eu grand-chose à faire et elle était vite arrivée au bout pour sa partie. Elle s'était même osée à toucher les affaires de sa colocataire, celles qui trainaient tout du moins pour les poser sur son lit dans l'espoir qu'elle plie enfin ses vêtements et qu’elle les range dans les immenses armoires à leur disposition ou moins qu'elle les mette à laver mais elle se doutait qu'ils finiraient à leur endroit initial : par terre. Anna avait dû s'habituer à vivre ainsi, elle s'était vite rendu compte qu'elle n'était pas douée pour parler avec Autumn et avait dû abandonner l'idée d'un jour lui faire comprendre les nécessités du rangement. La seule chose sur laquelle elle n'avait pas cédé fût que leurs coins respectifs soient bien délimités, sa colorée voisine avait interdiction de déposer son bazar du côté de la jeune femme. Elle faisait ce qu'elle voulait pour le sien, plus grand déjà que celui que celui de la frenchie comme on l’appelait parfois, mais il était hors de question que cela empiète sur le sien. Malgré tout ce soir-là, le bordel ambiant dans la chambre partagée n'était pour rien dans le mal être d’Anna Delflandre. L’endroit aurait pu être parfaitement rangé qu'elle ne se serait pas sentie mieux pour autant. Un mal de ventre terrible la prenait, comme une nausée continue et son cerveau pédalait dans une semoule à la fois fluide et compacte. C’était une sensation très particulière à vrai dire que celle de ne pouvoir arrêter une sorte de continuel roulement. D'ordinaire les pensées d'Anna étaient nombreuses, là elles semblaient s'être multipliées au point de croire qu'elle n'en avait aucune, une sorte de bizarre vide trop plein.

Elle avait besoin d'en parler, il fallait que ça sorte. Tout cela est-il naturel? De quoi avait-elle si peur? Il fallait qu'on réponde au moins partiellement à toutes ses questions, qu'on la rassure. Coincée à Haveirson elle ne pouvait aller vers sa mère, et même si elle avait pu elle n'aurait pas osé aborder ce sujet avec elle, par pudeur plus que par un tabou familiale. Marie Delflandre ne s'était jamais montrée fermée, loin de là, mais sa fille avait tout de même besoin de garder son jardin secret. Il y avait des choses que les parents ne pouvaient pas aider leur enfant à traverser, cela en faisait partie. Elle aurait pu envoyer une lettre à l'une de ses amies françaises, mais la distance engendrait forcément un long moment d'attente. La phénix avait besoin d'un soutient rapide, sinon il lui était inutile, dans quelques jours, recevoir une réponse à ses questions nocturnes actuelles aurait l'effet de relancer ses angoisses qui auraient pu s'être légèrement calmées depuis. Définitivement elle avait besoin de quelqu'un ici et la seule personne qui lui vint à l'esprit fût Isolde. La question restait de savoir si elle serait là, Anna ne l'avait pas vu à la cafétéria quand elle s'y était rendue dans l'espoir de grignoter un minimum. Néanmoins elle se leva tout de même et quitta la pièce, emportant la lettre avec elle.

Rapidement elle parcouru le couloir qui séparait les deux chambres, passant devant les immenses toiles situées sur la mezzanine. Lorsqu’elle arriva devant la porte, elle frappa doucement à la porte par peur de déranger et par hésitation aussi. Elle craignait aussi la présence de Jason, non pas que ce dernier ne fût pas sympathique, bien qu'un peu exubérant et dragueur, mais elle avait envie de parler de choses dont elle ne souhaitait pas que grand monde soit au courant et il ne faisait pas parti des gens à qui elle avait envie de se confier. Elle connaissait déjà trop peu Isolde à son goût, le flamboyant phénix était encore moins une option envisageable.

Une voix féminine l'invita à entrer, ce qui était plutôt rassurant. Elle pénètra dans la pièce et n'y vit que sa camarade ce qui la soulagea d'au moins une des ses inquiétudes. Elle lui sourit. La pièce autour d'elle était remplie de livres et de parchemins comme à chaque fois qu'Anna était venue. La petite brunette devait être en train de lire avant son arrivée, un ouvrage était posé devant elle, encore ouvert. Elle remarqua aussi les restes d'un sandwich posés à côté du lit.

- Je ne te dérange pas? Ah, tu as mangé ici? Je me demandais où tu étais passée tout à l'heure. Ça va?

Elle n'avait pas pour habitude de leur faire faux bond pour le repas, et sa tête paraissait fatiguée. Sans doute était-ce son service qui avait dû être plus éreintant que d'habitude. Anna s'assit sur le bord du lit, poussant un peu les papiers qui la gênaient pour ne pas les abîmer. Elle rangea aussi rapidement son courrier dans la poche arrière de son pantalon, le moment était peut-être mal choisi. Elle allait attendre un peu avant d'en parler.
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MessageSujet: Re: A nos actes manqués (PV Anna)   A nos actes manqués (PV Anna) EmptyMer 12 Aoû 2015 - 19:41

Isolde ne s'était pas trompée. C'était bien Anna qui venait chercher sa compagnie à cette heure presque tardive. Isolde répondit à son sourire et l'invita du regard à venir s'asseoir sur son lit. S'il manquait bien une chose dans ces chambres au luxe un peu insolent, c'était bien une chaise ou un fauteuil. Mais accueillir ses invités assise sur son lit ne la dérangeait pas ; elle était plutôt une adepte de la décontraction. Anna l'aurait trouvée vêtue d'un vieux pyjama élimé qu'elle n'aurait pas été plus gênée.

La jeune française avait elle aussi des traits tirés, témoins d'une anxiété latente. Qu'est-ce qui pouvait ainsi l'inquiéter ? Isolde devait bien se l'avouer, elle n'avait pas vraiment d'idées sur la question. Elle ne la connaissait pas assez, tout simplement. Elle avait glané quelques indices, échappés malencontreusement de la bouche d'Anna : en particulier, l'aveu involontaire d'origines moldues. A chaque fois qu'elle rencontrait une personne dont au moins une partie de la famille était étrangère au monde sorcier, elle ressentait immédiatement un lien, si tenu soit-il, se former. Comme lorsqu'elle avait appris que Clemens partageait en partie ses origines. Un lien formé par une culture commune. Pourtant elle n'avait pas encore essayé d'aborder le sujet avec elle, depuis cet « aveu ». Cette peur de se dévoiler, encore. Elle qui faisait pourtant si facilement confiance aux gens avant.

En parlant de Clemens... Elle jeta un coup d’œil involontaire à sa dernière lettre, posée sur la couverture à côté du livre. Elle ne s'inquiétait pas vraiment pour son voyage, ou ses recherches. Elle s'inquiétait parce qu'elle avait la désagréable impression qu'il ne lui disait pas tout. Ses lettres étaient rassurantes et presque légères, et dans l'esprit de la jeune allemande, faisaient écho au masque qu'il portait en permanence à l'école pour cacher ses vrais sentiments. Elle se faisait peut-être du souci pour rien, mais elle ne pouvait pas chasser cette impression. Elle se faisait toujours un peu de souci pour lui, de toute façon. Plus ou moins selon les jours, mais toujours un peu. Le fantôme de la rechute restait dans un coin de sa tête. Et pourtant, elle s'était jurée de ne plus jouer les infirmières avec lui...

Elle vit Anna glisser rapidement un papier dans sa poche avant de s'asseoir sur son lit. De quoi pouvait-il s'agir ? Isolde se souvint subitement de sa liste de cadeaux, qu'elle avait reposée sur son lit lorsque la jeune française était entrée. Alors qu'Anna écartait doucement quelques parchemins pour se faire un peu de place sur le lit, elle en profita pour la glisser discrètement (elle l'espérait) sous des notes de recherches. Il y avait un cadeau prévu pour elle, alors autant éviter qu'elle la voie !

Anna s'inquiéta de ne pas l'avoir vue à la cafétéria. Il était vrai qu'Isolde mangeait rarement seule, et c'était même la première fois qu'elle s'isolait ainsi dans sa chambre pour le repas.

- Non tu ne me déranges pas, répondit-elle avec un petit sourire. Jason est de sortie ce soir, tu peux rester un moment si tu veux. J'étais à la bibliothèque, je faisais des recherches sur une plante rare. Je n'ai pas vu l'heure passer, du coup je suis passée en coup de vent m'acheter un sandwich et je suis remontée ici pour continuer à lire. J'avais pas très faim de toute façon.

Elle hésita quelques instants avant de poursuivre. Elle n'avait pas envie d'accabler Anna avec ses propres soucis, mais elle mourrait d'envie de se confier à quelqu'un. Elle ne pouvait pas parler de ses doutes à Rowan ; d'abord, parce qu'elle le connaissait trop peu et ne savait toujours pas vraiment comment se comporter avec lui, et ensuite parce que Clemens lui avait demandé de ne pas l'inquiéter d'avantage. Il y avait bien Roxane, mais elle la croisait très (trop) rarement. C'était peut-être l'occasion de se rapprocher d'Anna, après tout ? Et si un début de confidence était le petit coup de pouce dont elles avaient besoin pour commencer à se parler vraiment ? D'une voix tenue, plus tenue qu'elle le voulait, elle dit à Anna :

- Ça va pas très fort en ce moment, non. Je m'inquiète pour trop de gens. Pour Clemens, pour ma famille. J'ai peur qu'il leur soit arrivé quelque chose. J'arrive pas à m'enlever ces pensées de ma tête.

C'était la première fois qu'elle mentionnait sa famille devant Anna. Elle laissa échapper un soupir et reprit doucement la parole.

- Et toi ? Tu as l'air inquiète, tu as un problème ? Je peux t'aider ?
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MessageSujet: Re: A nos actes manqués (PV Anna)   A nos actes manqués (PV Anna) EmptyVen 14 Aoû 2015 - 20:42

Tandis qu’Anna se faisait une place sur le lit, Isolde rangea à la hâte les parchemins étalés sur les draps, au moins ceux qui la gênaient pour qu’elle puisse s’installer. Si bien qu’elle ne prêta pas attention à la manœuvre subtile que sa camarade mit en place pour lui en cacher un en particulier. Elle se rassura aussi de la non-présence de Jason ce soir-là, peut-être pourraient-elles aborder des sujets plus privés. La jeune française avait toujours eu un pressentiment sur Isolde, une sorte d’appel. Il y avait des gens qui pour une raison obscure vous inspiraient tout de suite confiance, ou plutôt dont vous saviez directement qu’ils pourraient devenir plus que de simples connaissances. Pour une raison étrange Anna avait cette impression face à la brunette, une impression tenace qui ne se dissipait pas. Les deux filles avaient peu eu d’occasions de parler à cœur ouvert, mais quelque chose lui soufflait que cela arriverait.

Au ton de la voix d’Isolde, Anna ne fut pas convaincu que l’achat du sandwich fut seulement poussé par son détour à la bibliothèque, la précision sur son manque d’appétit renforça ses doutes. Elle observa la jeune fille hésiter avant de continuer. Effectivement elle laissa entrevoir une humeur plus morose que celle affichée de prime abord. Elle évoqua son inquiétude pour Clemens, mais aussi pour la première fois pour sa famille. Elle se doutait que l’absence du jeune allemand avait dû angoisser ses camarades proches. Elle-même s’était questionnée au début et elle avait juste cherché à savoir s’il allait bien, puis qu’elle avait vite compris que Rowan ou Isolde n’en savait pas beaucoup plus. Elle avait essayé de lancer subtilement le sujet au cas où l’un des deux aurait eu envie d’en parler mais elle n’avait pas souhaité insister Au fond tant qu’il n’était pas de retour il n’y avait rien à dire, mais elle avait reçu une lettre l’avant-veille à laquelle elle avait répondu. Cette dernière tendait à montrer par sa seule présence que le sinistros allait bien.

- Pour Clemens, j’ai eu de ses nouvelles il y a peu. Il m’a envoyé une lettre qui me résume l’affaire pour laquelle il est parti. Il espérait que je traite le sujet. Je lui ai répondu hier, je pensais venir te le dire. Je pense qu’il va bien, il m’écrit alors que nous ne sommes pas proche, c’est un signe qu’il ne va pas si mal. Je ne pense pas qu’il m’aurait contactée s’il avait vraiment eu un problème. Il avait l’air de dire qu’il rentrerait bientôt.

Maintenant il allait falloir venir au second sujet évoqué et pas des moindres. Ce qui l’interrogea le plus fût d’ailleurs qu’il vint juste après celui de Clemens, comme si cela avait un lien.

- Que pourrait-il arriver à ta famille ? Tu es souvent en contact avec eux et tu n’as plus de leur nouvelles ? Tu as essayé de les joindre ?

Comme elles n’avaient jamais abordé cette partie de sa vie, Anna n’avait pas toutes les cartes en main pour lui répondre. Néanmoins elle ajouta :

- Je suis sûre qu’ils vont bien, au fond il y a quand même peu de chance pour qu’ils leur arrivent quelque chose, non ? Je sais qu’en ce moment rien la période n’est pas très sécurisée, mais, en faisant attention, pour les gens normaux il y a peu de chances pour qu’ils leur arrivent plus malheur que d’habitude.

Par cette phrase elle se persuadait elle-aussi que tout irait bien. Des protections avaient été mises en place par le ministère français de la magie et son père, de par sa notoriété, faisait partie de la liste des gens dont la surveillance était renforcée. Elle doutait que de l’armée des ténèbres, il soit la première cible et on aurait arrêté tout ça bien avant que cela ne dégénère complètement. Il le fallait.

Malgré tout la discussion revint à elle et quand Isolde lui demanda si elle allait bien, elle se laissa tomber sur le dos sur le lit moelleux. Elle essayait justement de savoir pourquoi elle avait cette impression que rien n’allait. A bien y regarder sa vie aurait été considérée comme une vie parfaitement calme, pourtant à l’intérieur elle ne savait plus où elle en était.

- vaste sujet*…. Isolde, tu as déjà eu quelqu’un ? Je crois bien que je me suis mise dans quelque chose que je ne sais pas gérer. Je ne sais pas si tu peux m’aider, mais… je ne crois pas que je pourrais garder ça pour moi toute seule. Tu ne te moques pas de moi et tu ne dis rien à personne hein ?! Rowan s’est en quelque sorte… déclaré. Enfin je crois.

Le dire tout haut sonnait encore plus faux, comment pouvait-elle seulement croire que ce soit ça. Elle devait mal regarder. Elle se pria de ne pas laisser ses idées s’emballer. Elle allait raconter faits par faits, deux avis vaudraient mieux qu’un.

*en français dans le texte

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MessageSujet: Re: A nos actes manqués (PV Anna)   A nos actes manqués (PV Anna) EmptyMar 18 Aoû 2015 - 2:44

Ouf, Anna n'avait pas vu sa liste de cadeaux. Elle n'en avait pas l'air, en tout cas. Par contre, elle avait l'air rassuré de se retrouver seule avec Isolde, dans la chambre tranquille, qui invitait à la confidence. Chose à laquelle les deux jeunes femmes ne s'étaient encore jamais laissées aller entre elle.

Isolde fut un peu étonnée qu'Anna précise que le fait que Clemens ne lui ai pas écrit était un signe de sa bonne santé. Comme si la seule raison qu'il lui écrive était qu'il s'ennuie. Ils n'étaient peut-être pas proches, mais cela n'empêchait pas le Sinistros d'avoir une bonne opinion de la jeune femme et de ses jugements.

- Même si vous n'êtes pas très proches, il t'apprécie tu sais. Je crois qu'il avait été assez marqué par votre discussion, il y a un mois ou deux. Au contraire, s'il prend le temps de t'écrire, vu sa situation, c'est qu'il tient à ton avis. Cet article est une bonne idée ! Tu penses accepter ? C'est le genre d'histoires qui t'intéresse ?

Elle secoua la tête. Elle ne craignait pas trop pour la santé de son ami, bien qu'il soit techniquement encore en convalescence. Il avait été bien soigné à Ste-Mangouste, il faisait de la rééducation, et il allait même refaire du Quidditch. Ce n'était pas pour son épaule qu'elle se faisait du souci ; c'était pour sa tête.

- Je ne pense pas qu'il soit en danger, non. Mais tu sais, je peux pas m'empêcher de m'inquiéter toujours un peu pour lui, depuis son accident. J'ai mis du temps à oublier l'hôpital et la peur que j'avais pour lui à ce moment-là. Je sais que je me fais probablement trop de soucis, mais il est assez doué pour cacher ses émotions ; même à moi, il ne dit pas tout. Alors...  je me demande toujours s'il va vraiment bien.

Isolde appréciait qu'Anna essaie de la rassurer au sujet de sa famille. Son ton doux lui enjoignait de continuer à parler. Cependant, elle baissa un peu la tête, son regard évitant celui de sa camarade. Elle n'était pas très fière de sa façon de gérer ses difficultés avec eux, et elle avait du mal à justifier cette situation étrange.

- Non, je n'ai pas eu de nouvelles d'eux. En fait, ça fait plus d'un an que je n'ai pas de nouvelles. Mais je n'ose pas leur écrire, pas après un si long silence. La tête toujours baissée, elle reposa ses yeux sur Anna, comme si elle cherchait à jauger le niveau de confidences qu'elle pouvait se permettre. Après un instant de débat avec elle-même, elle décida de parler plus clairement. La jeune française lui inspirait confiance. Mes parents sont moldus. Avec tous ces mangemorts en liberté, et les moldus anti-sorciers, j'ai le sentiment qu'ils ne sont plus à l'abri dans aucun des deux camps. Ils pourraient être une cible pour des gens qui leur reprocheraient d'avoir eu un enfant sorcier, ou pour des partisans de Tu-Sais-Qui en manque de distraction.

Elle enfouit son visage dans ses mains. Pourquoi fallait-il qu'elle s'inquiète autant pour tout ? Elle ne pouvait rien faire d'ici de toute façon. Et il y avait peu de chances pour que quelqu'un dans l'entourage de ses parents se doute de ses pouvoirs.

Anna semblait elle-aussi avoir son lot de questionnements. Alors qu'Isolde lui demandait à son tour comment elle se sentait, elle se laissa tomber sur le lit, les yeux fixés sur le plafond du baldaquin. De toute évidence, ça n'allait pas vraiment. Isolde ne parlait pas français et ne comprit pas les deux mots que sa camarade prononça comme pour elle-même, mais elle perçut la lassitude dans sa voix. La formulation de la question d'Anna semblait sous-entendre qu'elle n'avait jamais eu de petit(e) ami(e). C'était cela qui la préoccupait ? Elle posa une main qui se voulait rassurante sur son bras, un sourire encourageant revenant éclairer un peu son visage.

- Pourquoi je me moquerais ? Au contraire, je suis contente pour toi ! Mais ça a l'air de te tracasser plus qu'autre chose... Pourquoi tu n'es pas sûre ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Je t'aiderai si je peux, bien sûr.

Elle marqua une fois encore une pause, hésitant sur les informations qu'elle pouvait divulguer. Ce sujet aussi n'était pas de ceux qu'elle étalait à loisir. Elle n'évitait pas d'en parler par honte, mais par souci de se protéger, d'éviter des représailles qui pourraient lui gâcher ses années à Haveirson. Ça aussi, elle l'avait appris à ses dépends à Poudlard.

- Oui, j'ai été avec quelqu'un, à Poudlard, pendant 2 ans. Mais je ne sais pas si ça fait de moi quelqu'un de très avisé sur la question... Pourquoi tu penses que tu ne sauras pas gérer ?

Isolde n'avait jamais vraiment ressenti la crainte qu'Anna lui avouait. Elle était du genre à se lancer dans une relation, amicale ou amoureuse, sans trop hésiter, si la personne lui plaisait assez. Cela lui jouerait peut-être des tours un jour, mais elle était passionnée, autant dans ses études que dans ses relations aux autres. Quand elle était tombée amoureuse de Fanny, son souci n'avait pas été : « Est-ce que je saurai le gérer ? » mais plutôt « Est-ce qu'on n'aura pas trop d'ennuis si ça se sait ? ». La demande pressante de garder secret ce qu'elle allait lui dire l'intriguait aussi. S'ils se plaisaient tous les deux, pourquoi se cacher ? Enfin, si Rowan lui plaisait, ce dont Isolde n'était pas sûre. Elle avait même plutôt l'impression d'un décalage entre les deux étudiants. Anna lui avait toujours parlé de Rowan comme d'un ami, sans jamais rien sous-entendre de plus. Le problème se trouvait probablement là ; il lui avait avoué des sentiments qu'elle ne partageait pas, et elle ne savait pas comment le lui dire sans le blesser. Prenant sa voix la plus douce pour ne pas brusquer Anna, elle se risqua à une dernière question.

- Qu'est-ce que tu ressens, toi ?
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MessageSujet: Re: A nos actes manqués (PV Anna)   A nos actes manqués (PV Anna) EmptyJeu 20 Aoû 2015 - 12:38

La phénix se rendit compte qu'elle s'était peut être mal exprimée. Elle avait de bons rapports avec Clemens Neubach, il était possible que ceux-ci deviennent plus tard une réelle amitié. Elle n’écartait pas cette possibilité, leur moment partagé avait laissé entrevoir cette éventualité. Elle n’arrivait pas vraiment à mettre des mots sur leur relation, mais elle admettait aisément qu'ils avaient vécu un moment particulier. Néanmoins ils n'étaient pas amis, pas encore et peut-être ne le seraient ils jamais. C'était une possibilité parmi tant d'autres, Anna se refusait à mettre une hypothèse sur leur futur, cela avait été trop atypique pour qu'elle se risque à prévoir quoique ce soit. De plus tous deux avaient marché sur un fil, jonglant avec des sentiments contradictoires et paradoxaux. Ils s'étaient estimés, c'était certain. Elle lui aurait demandé son aide pour certaines choses, c'était sûr aussi. Mais elle savait aussi que si elle avait été dans l'urgence avec peu de temps pour envoyer un mot, il n'en aurait pas fait partie. Non pas par désamour, loin de là, mais dans ce cas il y avait des personnes qui se devaient de passer en priorité, ses parents tout d'abord et un groupe très restreint d'amis laissés derrière elle à Beauxbâtons. Il y avait tant de choses qu'elle n'avait pas dit, qu'on ne dit jamais au fond, par manque de temps, par excès de confiance. L'avenir paraissait toujours plus large qu'il ne l'était réellement.

- J'ai aussi beaucoup de respect pour Clemens, il est quelqu'un de réellement étonnant et... estimable. Je pense juste que je ne suis pas la personne à qui il a les choses les plus importantes à dire, pas encore. Il te devrait une lettre plus qu'à moi en cas de réels problèmes, à Rowan aussi certainement, à ses parents et sûrement à d'autres que je ne connais pas. Si je reçois de ses nouvelles c’est qu’il va réellement bien et que tu n’as plus à t’inquiéter. Il t'a dit qu'il voulait que j'écrive sur l'affaire?

Anna poussa un léger soupir. Elle aurait aimé pouvoir répondre favorablement à Clemens, son geste l'avait flattée, malheureusement elle ne pourrait pas faire grand-chose. Elle n'avait ni les moyens techniques, ni les moyens financiers et ni les compétences pour ça. Elle avait le goût pour le journalisme, c'était certain, mais pas celui-ci. Partir traquer des informations, démêler le vrai du faux, ça n'avait jamais été elle. On ne choisissait pas de préférer la tarte aux pommes à la fraise, peut-être pouvait-on expliquer pourquoi à la limite mais comprendre ne modifiait pas toujours les choses.

- J'ai refusé. Je ne saurais pas à qui m'adresser, même si je l’écrivais. Bien sûr je pourrais l'écrire, pour lui, mais je ne suis pas sûre que j'en sorte un meilleur article que ce que lui-même pourrait faire. Ce n'est pas mon domaine.

Elle l'écouta s'inquiéter et eut un demi-sourire. Clemens ne disait pas tout, mais personne ne révélait jamais vraiment toutes les vérités. Sans mentir aux autres Anna était bien placée pour savoir que l'omission était une forme de protection. Clemens n'était pas faible et elle était même persuadée que, bien que la vie ne l'ait visiblement pas épargné, il avait moins besoin de la protection des autres. Il avait encore du chemin à faire, mais il était en bonne voie.

- Il est plus fort qu'il n'y parait. Je comprends qu'il t'inquiète néanmoins, mais il sera bientôt là tu verras et il ira bien.

Ces mots sonnèrent comme une promesse, et c'en était une en partie. Visiblement Isolde avait besoin que Clemens aille bien, plus que lui-même. Anna se promit d'aider à ce que soit le cas, non pas pour le jeune Sinistros à qui elle faisait presque entièrement confiance pour ce genre de chose, mais pour elle, Isolde Mayer.

La suite de la conversation conforta la française. Elle prit conscience du sujet épineux qui était face à elle. La famille était toujours une chose délicat, l'intimité suprême d'une personne, l'inchangeable. Il n'y aurait toujours qu'une famille, qu'on l'aime ou non, qu'on décide de s'en tenir éloigner ou d'y vivre proche, il n'y avait aucune différence. Elle serait toujours là tel un spectre. Anna choisit précautionneusement ses mots.

- Pourquoi y-a-t-il un silence entre vous? Tu sais la folie est partout et donc nulle part en même temps. Je veux dire, tu ne peux pas vivre avec cette peur au-dessus de toi. J'aimerais te dire qu’ils ne craignent rien, mais toi-même tu n'y croirais pas. Il n'y a pas de risque zéro, il n'y a pas non plus de risque absolu.

Son ton se fit le plus doux et le plus neutre possible. Elle devait être libre d'y répondre sans s’en sentir forcée. Elle comprenait qu’elle ne veuille pas forcément tout lui expliquer, elle comprenait aussi qu’elle est besoin d’en parler. Elle n’osa rien rajouter de plus, craignant de s’aventurer sur des terrains mouvants. Elle attendrait sa réponse.
Le sujet repassa donc aux débats internes de la petite française. Sujet qu’elle jugea beaucoup moins polémique, bien que tout aussi sensible de son avis. En proie au doute, elle mit un long moment à répondre. Non pas par hésitation à parler, mais parce qu’elle tentait de faire le tri dans tous les émotions et pensées qui la traversaient. Si elle voulait qu’Isolde l’aide, même un peu, il fallait qu’elle soit un minimum clair.

- Je ne sais pas ce qu’il s’est passé. On est allé se promener, une sorte de promesse faite lors de notre première rencontre. Rowan a beaucoup pris soin de moi depuis la rentrée. Il m’a aidé à m’y retrouver ici. Toujours. C’était un accord tacite entre nous, une confiance mutuelle, tu vois ? Enfin, nous avions décidé des bois, et nous avons quitté les sentiers. Je crois qu’il connait bien les lieux. Puis…

Anna s’arrêta une seconde fois. Ce passage allait sûrement sembler comique à Isolde, elle-même ne savait pas vraiment comment présenter la chose. Tandis qu’elle racontait ce qui s’était passé, elle avait comme l’impression d’être dans une mauvaise comédie romantique. Pourtant cela ne lui avait pas semblé si caricatural, et ça ne l’était pas.

- Il m’a porté. Jusqu’une clairière. Je ne m’y attendais pas, ça nous a valu un moment de flottement dira-t-on. Je te passe les détails mais j’ai fini par l’embrasser. Pourquoi ai-je fait ça ? Je n’en sais rien… ça me semblait être la seule chose à faire sur le moment. Il ne m’a pas rejetée. Avant il m’a fait des promesses intenables et que je n’ai pas envie qu’il tienne. Ensuite nous avons partagé une coupe de cidre. Il avait dû prévoir la chose, il avait déposé un panier avec une nappe, une bouteille et des livres. Puis il a plu. Beaucoup. Nous avons dû rentrer en courant. En sortant du bois il a néanmoins tenu à me ré-embrasser. Nous avons fini par nous faire surprendre d’ailleurs. Par ton prof de botanique… Bonjour l’image. Entre ça et le cours d’astronomie…. Aaaaah !

En repensant à ça elle se retourna et plongea sa tête dans les draps, se maudissant intérieurement. La jeune femme faisait toujours bien attention à ne pas se faire remarquer par ses frasques et surtout pas par le corps enseignant. En moins d’un mois elle avait pris Neal Fitzsimmons pour un étudiant lors d’un cours qu’il était venu suivre et s’était faite attraper dans une position embarrassante par ce dernier. Ce fait ne l’aidait pas non plus à prendre la situation avec détachement. Tout se rejoignait pour visiblement lui faire payer son comportement.

- Tu y crois ? Dans tout Haveirson il fallait que ce soit lui qui nous trouve ! Qui fait un jogging sous la pluie d’ailleurs ? Bref ! Pour en revenir à Rowan nous ne sommes pas revus depuis. Je lui ai envoyé une lettre, j’ai reçu une réponse… Particulière.

Anna sorti la lettre de sa poche et la tendit à son amie. Elle l’invita à la lire, elle saurait peut-être mieux qu’elle ce qu’il fallait en penser. Quant à la question sur ses sentiments, elle dût avouer qu’elle n’en savait rien. Qu’est-ce qu’elle ressentait pour lui ? Elle aurait déjà bien aimé comprendre pourquoi elle avait la nausée en y pensant et pourquoi elle n’arrivait pas à ne plus y penser. Elle n’avait rien suivi des cours ces derniers jours, tout lui semblait lointain. Elle entendait les choses, mais n’imprimait rien, trop concentrée par ses pensées internes. Elle se remit sur le dos et reprit :

- Je n’en sais rien. Je ne me suis jamais posée la question. Tu crois qu’il s’en veut de m’avoir embrassé ? Comment tu as su que tu avais envie d’être avec la personne ? Moi j’ai toujours peur. J’apprécie Rowan, mais je ne sais pas s’il me plait.

Machinalement elle saisit le bout de la couverture d’Isolde et le tritura. Qu’allait-elle pouvait bien faire de ça ? Rowan était-il sérieux ou gêné ? Elle ne savait rien de lui et de sa vie au fond. Elle imaginait bien que, même s’il avait une quelconque inclinaison pour elle, cela penchait plus pour une sympathie inexplicable. Il avait sa façon à lui de s’exprimer, elle n’avait certainement pas toujours toutes les clés pour décoder ses codes et tout ce qui était caché derrière une phrase ou une geste. Qu’avait-il voulu lui dire d’ailleurs ce jour-là ? Cette phrase non-finie l’empêchait, elle aussi, de fermer l’œil.
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MessageSujet: Re: A nos actes manqués (PV Anna)   A nos actes manqués (PV Anna) EmptyMer 26 Aoû 2015 - 19:25

Isolde avait interprété un peu trop vite les paroles de sa camarade. Ces dernières n’avaient en fait été motivées que par une simple constatation : Clemens et Anna n’étaient pas vraiment amis. Isolde doutait qu’ils en restent indéfiniment à ce stade, mais les mots de la jeune française étaient justes. Et rassurants aussi ; pendant une seconde, Isolde avait cru qu’Anna ne se jugeait pas digne d’une telle amitié. Ce qui était totalement absurde, évidemment. Isolde la comptait même parmi les personnes les plus sensées de son entourage. Jeune mais mature, et réfléchie ; ces qualités lui donnaient l’aura de confiance qui permettait à Isolde de se confier aussi spontanément à elle ce soir-là.

- Je t’avais mal comprise, je vois ce que tu veux dire. Il ne m’a pas parlé de l’article, je ne savais pas qu’il t’avait demandé ça avant de te l’entendre dire.

Un léger sentiment de déception accueillit l’annonce du refus de l’article. Isolde avait apprécié le travail d’Anna pour la gazette, et ne s’était d’ailleurs pas privée de lui dire, malgré la mauvaise opinion qu’elle avait de ce journal.

- Il ne s’en formalisera pas, ne t’inquiète pas. Ce genre d’enquêtes ne t’intéresse pas ? C’est quoi ton domaine de prédilection ? Je pensais que ça te plaisait, puisque tu étais en stage à la Gazette... Ce stage te plaît ?

Étrangement, les deux jeunes femmes n’avaient pas beaucoup abordé ce sujet malgré les quatre mois déjà écoulés. Isolde avait cru que son stage correspondait à ses envies, et à vrai dire, elle n’y connaissait pas grand-chose en journalisme. L’étendue des possibilités de carrière dans cette branche lui était inconnue, et elle était franchement curieuse de savoir ce qu’Anna allait lui répondre. Est-ce que son goût pour l’analyse des caractères se reflétait dans son choix de carrière ?

Son inquiétude pour Clemens fit naître un petit sourire plein d’empathie sur le visage d’Anna. Isolde savait que, pour un regard extérieur, elle s’en faisait probablement trop, mais les gens ne connaissaient que les grandes lignes de l’histoire. Elle savait que Clemens dégageait cette impression de force et de maîtrise qui faisait penser qu’il était facilement allé de l’avant. Tout comme elle savait que ce n’était pas le cas. Il était encore amer du coup du sort qu’il avait subi, de son ambition nourrie pendant de nombreuses années et fauchée dans son jeune élan. A cela s’ajoutait la blessure physique ; malgré les soins et la rééducation, la douleur était encore là, comme une vieille compagne qui ne le lâchait plus. Il n’était pas fragile ; si ça avait été le cas, il se serait déjà écroulé. Il n’en restait cependant pas moins humain.

- Justement, il n’est pas si fort que ça. On ne sort pas indemne d’un tel bouleversement, d’un accident qui fout la vie en l’air et oblige à recommencer à zéro. Elle pesa ses mots par peur de trop en dévoiler, par égard pour son ami. Je sais que je m’inquiète sûrement trop, mais je préfère m’inquiéter maintenant plutôt que d’occulter ça et de me rendre subitement compte dans quelques mois qu’il est en train de flancher. Même s’il a tendance à garder ses sentiments pour lui, je sais qu’il apprécie d’avoir un soutien sur lequel compter. Moi ou Rowan, peu m’importe, du moment qu’on arrive à repérer ses signes de mal-être.

Ce qu’Anna ne pouvait pas savoir, c’est que Clemens n’avait pas eu de suivi psychologique après son accident. Il n’y avait donc personne qui puisse “surveiller” son état psychique en dehors de ses amis.

La voix toujours aussi douce et compréhensive d’Anna l’enjoignit ensuite à se confier au sujet de sa famille. Pourtant ses mots sonnèrent un peu creux à ses oreilles.

- Je sais, je m’inquiète trop, là encore. Ce silence est un peu long à expliquer… Mais tu étais venue pour me dire quelque chose, je préfère qu’on parle de ça plutôt.

Un long silence s’installa dans la chambre. Anna luttait visiblement pour mettre des mots sur ce qu’elle ressentait. Isolde appréhendait un peu les révélations qui allaient suivre. Elle et Anna n’avaient jamais abordé le sujet des relations amoureuses ensemble, et Merlin seul savait comme cela pouvait être compliqué. Elle doutait un peu de pouvoir l’aider ; en fait, elle craignait de ne pas la connaître assez, et de pas connaître assez Rowan non plus, pour lui être d’un quelconque secours.

Anna se lança enfin et Isolde l’écouta parler sans rien dire, souriant doucement pour l’encourager, la main toujours posée sur le bras de la jeune française. Elle ne put s’empêcher de rire doucement à l’évocation de Neal, imaginant sans peine son hilarité à lui en trouvant Anna allongée dans la boue. Mais pour le peu qu’elle savait de lui, c’était tout ce que ça avait dû lui faire ; il n’était pas du genre à se formaliser de ce genre de boulette.

Anna lui donna alors la lettre de Rowan, et sa lecture bouleversa Isolde. Elle était tellement loin d’imaginer ça… Rowan souffrait-il vraiment à ce point ? Elle comprenait le désarroi d’Anna ; la situation était bien plus complexe qu’elle ne le pensait. Son visage se couvrait d’un mélange d’empathie et d’étonnement au fur et à mesure qu’elle déchiffrait les mots si douloureux, si plein d’amour et en même temps si désespérés.

- Tu lui as répondu quoi ?

Elle remua un peu sur ses jambes toujours croisées sous elle, visiblement déboussolée par sa lecture.

- Je… je t’avoue que j’ai du mal à savoir quoi te dire. Elle se gratta la tête distraitement. Tu veux que je t’en donne mon interprétation, c’est ça ? Je pense qu’il t’aime énormément, mais qu’il crois que tu ne partages pas ce sentiment, en tout cas pas autant que lui. Et ses sentiments ont l’air de le terrifier… Je… Elle hésita, choisissant ses mots avec soin, pour ne pas augmenter le trouble de la jeune française. Tu ne penses pas que vous devriez vous parler ? Aller le voir, et lui dire clairement ce que tu ressens ? Je ne le connais pas beaucoup, j’ai du mal à te conseiller, mais je pense que c’est ce qu’il aimerait. Je pense que tu ferais mieux de ne pas le laisser dans le flou, ce serait mieux pour vous deux. Mais j’imagine que ça doit être terriblement difficile, après une telle lettre…

Isolde fut encore plus surprise par la réponse d’Anna. Ils s’étaient embrassés et Rowan s’était déclaré, mais elle ne se posait pas la question de savoir ce qu’elle ressentait ? Elle sentait que cette histoire révélait un problème plus profond chez la jeune femme, mais elle ne parvenait pas à le définir. Elle ne parlait pas d’elle, de ses sentiments ; seulement de ce que Rowan pensait, et de ce qu’il fallait faire. Cette formulation sonnait très étrangement aux oreilles d’Isolde. Anna avait-elle eu envie de ce baiser ? Elle en parlait comme d’un devoir, froidement, comme si elle le devait à Rowan. Isolde se souvenait de son premier baiser avec Fanny et de la façon dont elle l’avait raconté à Roxane ; avec les yeux un peu brillants et un sourire béat. Bon, elle était un peu fleur bleue, d’accord, mais tout de même. Anna en parlait comme d’une chose un peu honteuse, dont on pouvait rire même. Quelque chose dans sa façon de décrire la gênait. L’impression qu’elle avait un peu plus subi que voulu, peut-être ?

- Non, je ne pense pas qu’il regrette de t’avoir embrassée. Rowan n’est pas quelqu’un de très expansif, s’il t’a embrassée c’est qu’il en avait vraiment envie, à mon avis. Il semble plutôt dépassé par ce qui lui arrive. Selon moi, s’il regrettait, il ne t’aurait pas écrit, il t’aurait ignorée. On n’écrit pas à quelqu’un qu’on veut oublier. Mais toi, tu en avais envie ? Ça me fait un peu bizarre de t’entendre dire : "Ça me semblait être la chose à faire..." Même si Rowan est adorable avec toi, tu ne lui dois rien, hein ! Si tu n’as pas envie, tu n’as pas à te forcer.

Les dernières phrases étaient sorties un peu trop brusquement, mais Isolde n’avait pas pu les retenir. Combien de filles se laissaient faire parce qu’elles avaient l’impression de “devoir” quelque chose à un garçon, simplement parce qu’il avait été gentil avec elles ? Elle espérait sincèrement que ce n’était pas le cas pour Anna.

Pourquoi avait-elle eu envie d’être avec Fanny ? La question la dérouta. Comment expliquer ce qui lui était venu si naturellement, si vite… ? Ça aurait peut-être l’air bêtement romantique, mais elle avait rapidement su qu’elles étaient faites l’une pour l’autre. A 15 ans, elle ne s’était pas trop posée de questions. Elle regroupa les parchemins étalés sur son matelas en une pile qu’elle déposa à côté de son lit et s’allongea à son tour, le regard perdu au delà du plafond du baldaquin. Parler de Fanny faisait renaître une foule de sensations en elle, qu’elle avait de la peine à déterminer et à maîtriser.

- Pourquoi je le voulais ? Je ne sais pas vraiment dire… Enfin si, je sais, mais c’est difficile de mettre des mots dessus. Ça m’a semblé tout naturel en fait. On est devenu très proches très vite, en moins d’un mois. J’avais envie de la voir tout le temps, j’avais hâte de finir les cours et les entraînements pour qu’on se retrouve. Tu vas peut-être me trouver un peu trop romantique, mais j’avais l’impression d’avoir trouvé une âme sœur. On passait des heures à parler, de plein de sujets différents, de nous, ou juste à rester ensemble. Avec un petit sourire, elle ajouta : J’avais 15 ans tu sais, j’ai pas trop réfléchi et j’ai foncé. C’était…la personne dont j’avais besoin, au moment où j’en avais besoin. Et je pense qu’elle ressentait la même chose.

Toujours allongée, elle tourna la tête vers sa camarade, observant ses traits pour tenter de déchiffrer les émotions contradictoires qui se débattaient en elle.

- Tu as peur de quoi ? De l’engagement, de ses sentiments à lui ? Je te l’ai dit, je n’ai pas une grande expérience, mais je crois qu’on a toujours un peu peur avant de se lancer. Même si on est fou amoureux, même si on est certain que c’est la bonne personne, on se dit que quelque chose pourrait foirer. Ou qu’on va trop vite, ou pas assez. Et on se demande si ça va durer. Qu’est-ce que tu ressens quand tu es avec lui ? Quand tu le vois ? Et quand il n’est pas là ? Peut-être que si tu arrives à mettre des mots sur tes émotions, tu arriveras à mieux définir tes sentiments… Qu’est-ce que tu ressentais quand tu étais avec lui dans la clairière ?
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MessageSujet: Re: A nos actes manqués (PV Anna)   A nos actes manqués (PV Anna) EmptyVen 28 Aoû 2015 - 0:49

Anna balaya d’un sourire la question d’Isolde sur son stage. Il lui plaisait autant qu’une chose pour laquelle vous aviez un intérêt vous plaisait, simplement elle ne pensait pas y passer sa vie. En attendant elle apprenait comment marchait un journal et le milieu.

- Oui ça me plaît, mais je ne veux pas faire du journalisme papier si je peux. Néanmoins je n’ai pas trouvé de stage en radio, c’est toujours mieux qu’aucune expérience. J’apprends beaucoup. Moi ce que je rêverais c’est de faire des émissions, accompagné les gens dans leur vie quotidienne. Et toi, au fond que veux-tu faire ? Je ne crois pas t’avoir déjà vraiment posé la question.

Malgré ses paroles rassurantes Anna ne pouvait effacer les doutes de sa camarade. Le contraire aurait été étonnant. Elle ne dit rien d’autre, il n’y avait rien à ajouter de plus. Clemens restait effectivement un être humain et il était normal que ses amis s’inquiète de lui. En la regardant et au vu de ce qu’elle avait lâché sur ses parents, la jeune française se demanda tout de même qui des deux avaient le plus besoin qu’on fasse attention à lui. Au fond ils veillaient sûrement l’un sur l’autre, et si Clemens se préoccupait autant d’Isolde qu’elle se préoccupait de lui, il y avait tout à croire qu’aucun des deux ne flancheraient sans alerter l’autre et lui permette ainsi de le rattraper dans sa chute.

-Comment êtes-vous devenu si proches tous les deux ?

Elle n’insista pas sur le sujet des parents d’Isolde, elle se permit juste d’ajouter une chose.

- S’inquiéter est normal. Si tu as besoin, je t’écouterais et j’essaierais de t’aider si je le peux. Ne te sens obligée de rien, fais-le que si tu en as envie et si tu as l’aise avec moi à ce sujet.

Elle voulait offrir à la jeune fille une possibilité de s’exprimer, un espace pour le faire au besoin, sans l’y obliger. Elle ne comprenait que trop bien la retenue qu’on pouvait avoir sur ce sujet, surtout actuellement. Elle venait déjà de lui faire un grand aveu en lui révélant ses origines, elle apprécia ce geste de confiance à sa juste valeur.
Elle accepta sans discuter qu’on repasse à elle. Elle observa avec inquiétude Isolde lire la lettre, et elle ne fut pas rassurée par les expressions qu’elle lut sur son visage.

- Tu es aussi perdue que moi hein ?!

Bien évidemment son amie ne manqua pas de lui demander ce qu’elle avait répondu ce qui lui arracha là encore un soupir.

- Rien. Je ne sais pas quoi lui répondre… ça parait tellement démesuré pour être vrai… Et en même temps si ça l’est, je ne veux pas être un tel tourment pour lui. Je sais que je devrais lui parler, oui. Mais je n’y arrive pas.

En effet elle était empêtrée dans multitudes de sentiments, de sensations et d’interrogations qui l’engluaient et la laissait là, emprisonnée de ses mouvements et de son propre corps.

Lorsqu’Isolde releva les expressions qu’elle avait utilisées avec des airs presque choqués, Anna fut troublée. C’était vrai que dit comme cela la situation paraissait étrange, voir anormale. En un sens elle l’était, mais pas celui qu’elle imaginait. Elle sentit dans le ton passionné de la jeune fille toute la sympathie qu’elle lui portait. En tout cas elle analysa ainsi son inquiétude qu’elle n’ait rien fait qu’elle ne voulait pas faire. Elle posa sur elle un regard rassurant. Ce n’était pas le cas. Tout ce qu’elle avait fait à ce moment-là, elle l’avait pleinement choisi et elle avait aussi su que ces choix allaient indéniablement les entraîner dans quelque chose dont elle perdrait le contrôle mais comment lui expliquer ce qui c’était vraiment jouer dans cette clairière.

- Ne t’inquiète pas. Ce n’est pas tout à fait ce que tu crois, mais tu l’aurais vu, tu aurais vu sa chaleur… Je l’ai sentie si vrai, si présent. Lui qui a toujours l’air distant, il était là, si fragile tout d’un coup face à moi. Je voulais qu’il reste ainsi, qu’il ne redevienne pas l’homme qui est habituellement. Quand il a caressé ma joue j’ai cru que mon cœur allait se briser sous sa douleur, j’ai voulu… lui communiqué toute la tendresse dont un être est capable en quelque sorte. Lui faire comprendre que je serais avec lui, quoiqu'il arrive. Ça a été le seul moyen que j’ai vu de le faire.

Elle repensa à son sourire, à ses yeux, à ses mains hésitantes. Elle ne regrettait pas ce moment-là, même si elle savait qu’il était ce qui les avait amené ici et à ces nuits courtes, ces repas sans goûts et cet état presque maladif persistant. Si cela avait été à refaire, elle se dit avec quasi-certitude qu’elle le referait. Elle écouta la brunette lui parler de sa première histoire, avait-ce été sa première d’ailleurs ? Elle fut étonnée de l’entendre dire « la » et non « le » comme elle se l’était imaginé par mimétisme jusqu’à présent. Elle la laissa terminer avant de doucement dire :

- C’était une fille, hein ?! Tu as de la chance, tu n’as pas eu l’air de te poser toutes mes questions. A chaque fois c’est pareil, dès qu’un garçon s’approche un peu, je m’enfuis. Pourtant j’aimerais arrêter d’avoir peur, j’aimerais pouvoir essayer, voir si on s’entend, me laisser le temps de l’aimer en quelque sorte mais je m’échappe toujours.

Aux dernières questions de sa camarade elle réfléchit et tenta de faire le point sur la multitude de choses qui pouvaient la traverser ses derniers temps. De quoi avait-elle peur ? Elle aurait bien aimé mettre elle aussi la main dessus. D’un peu tout, elle avait commencé à voir ce sentiment de façon perpétuelle vers sept ans environ, un ans plus tard il s’était ancré et ne l’avait plus jamais quitté. Il avait fallu se montrer forte et se reconstruire seule. Néanmoins cela faisait dix ans à présent et elle n’arrivait toujours pas à retirer les fils et les pansements qu’elle avait utilisé pour soigner ses plaies. Effectivement elle craignait que « tout foire » comme l’avait dit Isolde, mais pire que ça elle n’expliquait pas cette angoisse latente toujours présente quand elle pensait à Rowan et à elle, ensemble, comme si ce tableau n’allait pas. Comment pourraient-ils s’aimer ? Elle n’était pas de celles qu’on choisissait mais celle qu’on prenait à la fin dans son équipe quand il ne restait plus grand monde, un choix par défaut. En règle générale ça lui allait, elle soutenait les gens de loin, les portant discrètement. Ainsi elle ne s’engageait pas trop et ne souffrait plus trop. Maintenant il fallait répondre à la question sur comment elle se sentait avec lui. Étrangement bien. Elle avait même souhaité que rien ne s’arrête, tant que ça aussi ça l’avait effrayé. Mais quand il n’était pas là, elle le fuyait encore plus. Qu’est-ce que ça voulait dire pour elle ? Si elle comparait à l’expérience qu’elle venait d’entendre ça ne collait pas exactement.

- J’avais l’impression de courir droit vers un endroit vers lequel je ne devais pas aller. Mais je n’arrivais pas à m’arrêter, tout m’y poussait, même Grumpy. Il n’est pourtant pas du genre à aimer les garçons qui me tournent autour. Mais depuis je ne veux pas le voir car rien qu’à cette idée je me sens mal physiquement et j’ai l’impression de me vriller. En même temps je veux savoir s’il va bien. Tu parlais de ton inquiétude pour Clemens, Rowan m’inquiète aussi. Cette maîtrise de tout, tout le temps, ça me déchire. On ne peut pas être toujours comme ça, il faut parfois laissez les choses aller. On dirait qu’il ne se détend jamais vraiment, comme s’il attendait toujours que quelque chose lui tombe dessus, comme si jamais il le faisait on pourrait le surprendre et lui en tenir rigueur. Il n’est pas ce que les autres disent de lui.

Elle avait dit cette dernière phrase sur un ton presque vindicatif, prête à le défendre coûte que coûte. En effet elle était prête à montrer les crocs si jamais on s’avisait de le blesser devant elle, comme elle l’aurait fait pour Isolde ou pour ses amis proches. Elle défiait n’importe qui de l’attaquer impunément. Etait-ce une forme d’amour? certainement. Etait-ce celle qu’il cherchait ? C’était là toute la question. Aimait-elle Rowan ?
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MessageSujet: Re: A nos actes manqués (PV Anna)   A nos actes manqués (PV Anna) EmptyJeu 3 Sep 2015 - 19:44

La réponse d’Anna l’étonna sans vraiment la surprendre. Pendant toutes leurs discussions, la jeune française n’avait jamais fait preuve d’un enthousiasme débordant au sujet de son stage à la Gazette. Elle ne put empêcher un sourire un peu tendre de gagner son visage à l’évocation de la radio.

- Je t’y vois tout à fait. En plus, la radio, je trouve que c’est le média d’information le plus… intime. Tu es chez les gens, ils connaissent ta voix, ta façon de parler. Tu les accompagnes tout le temps, à la maison ou en voiture. La télévision, c’est différent ; les gens doivent arrêter leurs activités pour regarder. Alors que la radio ne t’interrompt pas, elle te suit, comme une présence. Tu voudrais faire parler les gens sur des expériences précises ? Ou montrer différentes façons de vivre ? Tu t’es déjà entraînée ? Je veux dire, tu as déjà interviewé des gens pour de l’oral, pas pour retranscrire leurs paroles ensuite ? Il y a un truc dans la voix des animateurs radio que je trouve un peu hypnotisant, enfin pas pour tous les journalistes, mais ceux qui ont une vraie voix pour la radio, c’est l’effet que ça me fait. J’imagine que ça se travaille.

Et hop, elle était partie. Isolde était une vraie pipelette quand le sujet l’intéressait. Et dire qu’elle avait prévu de passer la soirée seule avec son sandwich et son café.

- Ce que je veux faire ? J’aimerais voyager. Ses pupilles brillèrent à cette évocation. Dans l’idéal, je voudrais travailler pour des botanistes, ou dans une ONG peut-être. Je n’ai pas encore fait beaucoup de recherches, mais mon professeur a dit qu’il m’aiderait. Je pensais aussi à l’enseignement… Peut-être plus tard, quand j’aurais vadrouillé un peu.

Isolde apprécia qu’Anna n’insiste pas plus au sujet de Clemens. Aucun mot de sa part n’aurait fait disparaître son inquiétude, de toute façon. Elle ne pouvait pas faire autrement ; comment ne pas se faire de soucis pour quelqu’un qu’on avait vu si près de mourir, si ce n’est physiquement, au moins mentalement ? La question suivante la fit se crisper légèrement, sans qu’elle puisse totalement le dissimuler. Il y avait tellement de choses à dire… mais qu’elle ne voulait pas qu’Anna sache. Bien sûr, leurs origines, le Quidditch, tout cela avait été le point de départ de leur amitié. Mais ça aurait pu en rester là ; Isolde n’était pas devenue aussi proche de tous ses coéquipiers. Ce qui avait scellé cette confiance si puissante entre eux, ça avait été la réaction de Clemens à son histoire avec Fanny. Il l’avait défendue, ouvertement et sans ciller, sans se soucier de ce que les gens penseraient de lui. Il n’avait jamais joué l’indifférence, ou émit une quelconque remarque déplacée. Il avait été sincèrement convaincu que les deux jeunes filles étaient dans leur droit, et il l’avait clamé à quiconque remettait ce droit en question. Peu de gens réagissaient comme ça finalement, face à ce genre de révélations. Et puis, chose qui les avait encore plus rapprochés, Clemens lui avait avoué à ce moment son histoire avec Ethan, ce qui montrait bien qu’il lui faisait confiance autant qu’elle.

Elle n’avait pas peur, ou honte, de le dire à Anna. Elle craignait seulement, et c’était l’expérience qui parlait, que la révélation de son amour pour une femme ne change la vision que la jeune française avait d’elle. Pour le reste, elle ne redoutait pas de réaction ouvertement négative. Elle préférait tout de même taire cette partie de l’histoire pour l’instant ; elle lui en parlerait peut-être plus tard.

- On s’est rencontré quand j’étais en cinquième année, quand je suis rentrée dans l’équipe de Quidditch de Serdaigle. On était les seuls élèves d’origine allemande de notre maison, donc forcément, ça nous a rapproché. J’ai assez vite pressenti qu’il était beaucoup plus intelligent que ce que sa réputation de sportif sans cervelle disait de lui. On s’est vite rendus compte que nos caractères n’étaient pas si différents, et on s’est rapproché comme ça. Son accident a beaucoup joué aussi ; j’étais une des rares personnes dont il acceptait la présence à l’hôpital. Et puis il me soutient quand mes soucis avec ma famille me dépriment un peu.

Tout ce qu’elle disait était vrai, elle omettait seulement la partie la plus importante. Si Clemens n’avait pas été là pour elle à Poudlard, ils ne se seraient peut-être jamais vraiment rapprochés, et elle n’aurait pas été là pour lui lors de son accident.

Anna fit encore une fois preuve de beaucoup de tact, et accepta volontiers de délaisser le sujet de la famille d’Isolde. Elle lui serra un peu le bras en guise de remerciement et hocha la tête. Le sujet était clos, pour l’instant du moins.

Le trouble d’Isolde à la lecture de la lettre de Rowan était bien trop visible pour passer inaperçu, et il augmenta involontairement celui de sa camarade. Le fait était qu’Isolde se trouvait interdite à la lecture de ces mots témoins d’une douleur si insupportable. Elle acquiesça à l’exclamation d’Anna.

- Je suis désolée, je ne sais pas trop quoi te dire. C’est tellement…violent.

Rowan était un homme si peu enclin à dévoiler ses émotions qu’elle savait que tous ses mots reflétaient la stricte vérité ; il n’était pas du genre à verser dans le mélodramatique par simple effet de style. Mais comment réagir à ce genre de confidences ? Si ses mots lui avaient été destinés, elle aurait sûrement couru lui sauter au coup pour le réconforter. Mais c’était facile de raisonner ainsi quand on n’était pas la personne concernée. Elle se gratta la tête, à la recherche d’une idée pour aider sa camarade.  

- Je pense vraiment que la seule solution est de lui parler. Mais avant, il faut que tu aies une idée plus claire de ce que tu ressens.

Anna la rassura un peu en lui disant qu’elle n’avait pas embrassé Rowan seulement parce qu’il s’était montré attentionné. Mais ses explications la laissèrent encore plus perplexe. Rowan s’était dévoilé à elle comme il ne l’avait jamais fait, elle voulait bien le croire, mais pourquoi l’embrasser si elle ne le voulait pas vraiment ? De l’avis d’Isolde, c’était bien là que le bat blessait. Rowan avait dû voir dans ce baiser la confirmation qu’Anna ressentait la même chose que lui ; et son silence ensuite expliquait l’abîme de doute dans lequel il se trouvait. Anna avait beau l’expliquer, Isolde n’arrivait pas à comprendre pourquoi elle l’avait embrassé. Il y avait plein de moyens pour faire comprendre à quelqu’un qu’on est là pour lui ; elle aurait pu seulement le serrer dans ses bras par exemple. Un baiser était un geste beaucoup trop équivoque pour quelqu’un comme Rowan qui contenait toujours ses émotions. Isolde ne jugeait pas Anna, mais elle essayait de la comprendre. Son geste avait trop un arrière-goût de sacrifice à ses oreilles.

- D’accord, tu me rassures un peu.

Son ton trahissait que ce n'était pas le cas, mais elle ne savait pas comment présenter sa réserve sans blesser Anna. Sa réaction lui semblait étrange alors que la française la présentait comme parfaitement normale, et elle présageait qu’aucun mot ne changerait cette opinion. Elle pourrait y revenir plus tard.

Elle n’avait pas réussi à retenir l’information sur Fanny très longtemps. Anna avait tiqué au mot la et n’avait pas pu s’empêcher de le faire remarquer. Cela produisit chez Isolde une légère lassitude ; même si elle doutait qu’Anna soit homophobe, elle aurait aimé qu’elle ne réagisse pas aussi vivement. Pourquoi les gens ne pouvaient pas se retenir de relever ce la ?

- Oui, c’était une fille. Ça te choque ? Très peu de gens le savent ici, je préfère ne pas trop m’étaler sur le sujet, j’imagine que tu peux comprendre pourquoi…

Elle eut un petit sourire nostalgique.

- Je te dis des bêtises, je me les suis posées quand même, ces questions, mais je crois que j’ai un peu oublié. Et puis, il y avait pas mal d’autres problèmes qui me perturbaient plus à ce moment-là. On avait surtout peur de se faire remarquer, et qu’on nous mène la vie dure. C’est ce qui a fini par arriver… lâcha-t-elle dans un soupir. Mais on se serrait les coudes tu vois, je pense que ça a joué.

Elle hésita un moment, luttant contre un dilemne intérieur. Anna lui dévoilait sans fard son intimité, en toute confiance, et de toute façon Isolde lui avait dit le plus gros de l’histoire. Elle se sentait en confiance à son tour. Sa retenue envers la jeune française s’évanouissait presque perceptiblement. Pourquoi avait-elle existé en premier lieu ? Un sentiment de détente la gagna à l’idée d’avoir quelqu’un sur qui compter dans sa confrérie.

- Tout à l’heure, tu me demandais comment Clemens et moi étions devenus si proches… Je t’ai pas tout dit, pas le plus important. En fait, notre amitié a beaucoup à voir avec mon histoire avec Fanny - elle s’appelait comme ça. Elle venait souvent me voir après les entraînements de Quidditch, et un jour, Clemens nous a vues en train de nous embrasser. Elle rit à l’évocation de ce souvenir. Tu l’aurais vu, il peinait à essayer de se mettre un bandage tout seul parce qu’il avait encore pris un mauvais coup. Enfin bref, il nous a vues. J’ai eu peur de sa réaction, surtout dans le milieu du sport, c’est quelque chose qui ne passe pas vraiment bien… Et il m’a dit une phrase géniale, je m’en souviendrai longtemps je pense : “Tu l'aimes ? Alors qu'est ce qu'on s'en fout que ce soit une fille ou un homme ?” Ca m’a fait tellement de bien d’entendre ça… Mes parents sont ouverts là-dessus, je leur en avait parlé et ils me soutenaient. Mais ça m’a vraiment fait plaisir de l’entendre de quelqu’un que j’appréciais, dont j’avais envie qu’on devienne amis. Il a été un peu surpris au début, je pense, mais il nous a toujours défendues, et il faisait même des petites diversions pour qu’on soient tranquilles dans notre salle commune. Il est incroyable quand il s’agit de défendre les gens auxquels il tient. Et puis, c’est à ce moment que les relations avec mes parents ont commencé à se dégrader, pas à cause de ça je te rassure, donc son soutien n’était pas de trop. C’est ça qui nous a vraiment rapproché. Comme pour Fanny, on s’est trouvé au bon moment en fait. Il est comme un frère pour moi.

Elle regarda Anna droit dans les yeux.

- Tu m’en veux pas de ne pas te l’avoir dit tout de suite, hein ? demanda-t-elle sur un ton d’excuse. Ce n’est pas que je ne te fasse pas confiance, mais je crains toujours un peu la réaction des gens. On m’a sorti des horreurs à Poudlard que j’ai pas envie d’entendre à nouveau ici. Je suis plutôt une adepte du “Pour vivre heureux, vivons cachés.”, je sais que ce n’est pas très courageux. Le professeur Fitzsimmons n’a pas l’air de s’embarrasser de ce que les gens peuvent penser de lui, j’aimerais pouvoir en faire autant.

Ses yeux se perdirent à nouveau dans les replis de la tenture de son baldaquin. Elle soupira de nouveau, et ferma les yeux quelques instants, chassant de son esprit les souvenirs pénibles qui l’assaillaient. Puis elle tourna à nouveau son visage vers Anna, les traits un peu tendus mais les pensées de nouveau entièrement tournées vers les soucis de la jeune française. Et ce qu’elle lui disait la peinait de plus en plus. Elle sentait qu’elles abordaient enfin le vrai problème. Elle reprit la parole avec une voix plus douce, craignant toujours de brusquer sa camarade. Elle n’aimait pas harceler quelqu’un de questions ainsi, mais elle avait l’intuition que des indices lui manquaient encore pour véritablement comprendre la situation.

- Pourquoi cette peur ? Tu la ressens pour toutes tes relations, pas seulement les relations amoureuses ? Tu as peur de t’engager en amitié aussi ? Après un court silence, elle ajouta : C’est peut-être l’occasion de tenter, tu ne penses pas ? Rowan est sincère, il t’aime, tu ne cours pas le risque de “tenter pour rien”. Ce n’est pas le genre de garçon qui séduit une fille pour la jeter ensuite, ou qui joue avec ses sentiments.

Anna continuait de s’expliquer, de mettre des mots sur des sentiments qu’Isolde peinait à comprendre. Elle avait l’impression que la souffrance d’Anna était très semblable à celle de Rowan, finalement. Pourquoi refuser autant de céder à un sentiment si puissant ? Comme si l’amour allait les faire imploser, les détruire de l’intérieur.

- On dirait que tu veux te protéger de tes propres sentiments… Pourquoi résister te semble être la seule option ? Tu ressens seulement de l’inquiétude pour lui ? Ou plus ? Je ne pense pas qu’accepter de s’ouvrir à quelqu’un signifie se vriller ; au contraire, je pense qu’on évolue beaucoup grâce aux autres. En bien ou en mal, mais je pense qu’il vaut mieux tenter le coup, plutôt que de regretter ensuite. Surtout lorsque la personne ressent la même chose que toi. Quand tu es amie avec quelqu’un, tu t’ouvres à cette personne, tu lui donnes un peu de toi. En amour c’est presque la même chose, même si c’est beaucoup plus puissant. C’est une sensation incroyable, presque transcendante.

Isolde commençait vraiment à penser qu’Anna aimait Rowan, même si elle tentait de rejeter cette passion loin d’elle. Ce dont elle était sûre, c’est qu’elle était perdue. Et Isolde voulait tout faire pour aider l’esprit de la jeune française à sortir du sentier tortureux dans lequel il s’était égaré.
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MessageSujet: Re: A nos actes manqués (PV Anna)   A nos actes manqués (PV Anna) EmptyLun 7 Sep 2015 - 18:18



Les mystères d'Haveirson


En faisant le récit de ses premières amours et de la manière dont elle s'était liée d'amitié avec un élève du nom de Clemens, la jeune Isolde Mayer avait eu la vague impression que ses souvenirs étaient plus clairs qu'à l'habitude. Le rappel d'une histoire passée est souvent similaire à celui d'un rêve ; certains éléments nous échappent, des détails sont tronqués, des éléments sont amplifiés et le tout nous apparait surtout sous forme de flashes, d'échos, de phrases incomplètes ou d'impressions. Rien d'égal à ce que la pensine, par exemple, permettrait de se souvenir. Pourtant, cette fois-ci, elle avait eu l'impression que les images étaient plus nettes, les phrases plus complètes, les sensations plus précises...

Et si l'une des deux jeunes femmes entamait à nouveau le récit d'un segment de son passé, elle se sentirait sans aucun doute transportée dans son souvenir comme si elle le vivait une deuxième fois. Si vent il y avait, nul doute qu'elle le sentirait souffler dans ses cheveux. Les odeurs de l'endroit se rappelleraient à elle, les couleurs lui apparaitraient aussi clairement que si elle les avait devant les yeux et, surtout, les émotions, les impressions et les sentiments, quels qu'ils soient, seraient ressentis par elle de la manière la plus vive, la plus mordante possible. Elle en serait habitée comme au premier jour et ce qui semblait passé deviendrait, à nouveau et brièvement, présent.

Le plus curieux dans toute cette histoire, ç'aurait toutefois sans doute été la présence de l'interlocutrice dans le souvenir de celle qui ferait le récit. En effet, non pas seulement une, mais les deux jeunes femmes seraient transportées au moment raconté pour y sentir le vent, la chaleur ou le froid sur leur peau, y respirer les odeurs et y ressentir les émotions avec fulgurance.  
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MessageSujet: Re: A nos actes manqués (PV Anna)   A nos actes manqués (PV Anna) EmptyLun 14 Sep 2015 - 2:25

Évoquer ses ambitions semblaient les rendre à la fois plus vraies et plus inaccessibles. Elle sourit à Isolde, c’était ça effectivement. La radio avait quelque chose d’intime, mais pas dans le mauvais sens. Elle constata qu’Isolde souffrait de la même tendance qu’elle. A l’évocation de son désir d’avenir, sa camarade avait enchaîné les questions. Elle s’obligea à y réponde une à une pour n’en oublier aucune et ne pas en perdre le fil.

- Merci. Je ne sais pas encore la forme exacte de ce que je veux faire, c’est un peu tôt encore. Ce que tu évoques est intéressant mais je n’ai pas envie de déterminer à l’avance ce que les gens vont me donner. Je préférais réussir à mettre en place un cadre qui leur permet de s’exprimer librement sur leur vie et ce dont ils ont envie d’en dire. Ce qui leur parait important. Enfin c’est l’idée dans le cas où je choisirais effectivement de travailler sur ce type d’émission. Pour le reste non je n’ai jamais eu l’occasion encore de parler véritablement dans un micro et de faire des simulations d’émission ou d’interview. Pour ce qui est de la voix je l’espère aussi, c’est une de mes peurs. Il n’y a rien de pire qu’une journaliste radio avec une voix désagréable. Une émission ne marchera jamais si c’est le cas, même avec le meilleur concept.

Elle écouta patiemment Isolde, se demandant dans quoi elle imaginait le plus la jeune fille. Elle ne savait pas trop en réalité. Sûrement la recherche oui, plus que l’enseignement pour l’instant, non pas qu’elle ne la jugeait pas capable d’enseigner mais un sentiment diffus la poussait plus à la voir dans cette voix. Elle se garderait bien de lui en faire part néanmoins, ne voulant pas pousser la jeune fille dans ses idées prédéfinies à elle.

- Il nous reste du temps avant de nous décider, et puis on peut toujours changer de voix. Peu importe quand.

A sa question sur Clemens, Isolde eut l’air de se tendre un peu ce qui n’échappa à la jeune française. Elle la laissa raconter son histoire. S’il n’y avait pas eu cette tension, elle se serait contentée de cette explication. D’ailleurs dans le fond elle aurait très largement pu suffire à forger une amitié. Quand elle regardait les siennes, elles étaient composées de petits riens : de soirées folles partagées, de cours et chambres communes, de ruptures soignées… Des petits moments qui mit bout à bout formaient de jolis souvenirs communs pour la plus part ou bien alors de petits détails qui faisaient dire « je tiens à toi ». Mais on n’y trouvait pas le sacrifice d’Isolde pour son ami. Bien qu’Anna aurait été la première à répondre présente si le cas c’était présenté, mais par chance ça n’avait pas été le cas. Malgré tout elle laissa son doute en suspens, si sa camarade ne jugeait pas bon de lui en parler naturellement c’est qu’elle ne tenait pas à ce que la française y mette son nez. Elle y viendrait là-aussi peut-être tôt ou tard. Anna se redit compte que c’était la deuxième fois qu’elle évitait un sujet en sa présence. Elle n’en fût pas particulièrement blessée. Elle se fit simplement la réflexion que sous ses airs avenants, la jeune fille cachait bien des choses. La petite française ne pouvait le lui reprocher, si elle était honnête elle ne parlait pas de tout non plus. Bien qu’en réalité il n’y ait que deux choses qui ne soit tabou chez l’étudiante l’une par obligation, c’était d’ailleurs celle qu’elle laissait le plus facilement transparaitre, et la deuxième dont elle refusait l’existence. Personne ne venait jamais fouiller dans ce passé car elle-même n’y allait jamais. Ainsi on ne se doutait même pas qu’il est pu exister.

Les mots de Rowan furent reçus de la même façon par Isolde que par Anna. C’était trop. Beaucoup trop et elle aussi eut l’air bien en peine de lui répondre. Sûrement dans une volonté de lui fournir tout de même un conseil, elle lui renouvela celui d’aller à ses devants, chose qu’Anna se refusait. Par ailleurs si la brunette ne comprenait pas la lettre, elle ne comprit pas plus ses explications. Anna dut accepter ce fait. Elle ne savait pas comment expliquer pourquoi elle avait agi ainsi, à ce moment-là elle n’avait pas réfléchi, ça avait été instinctif.

Elles passèrent à autre chose. Isolde aimait donc les filles. Anna sourit.

- Non, je m’intéresse juste à toi. Fille, garçon, je m’en moque. L’un ou l’autre l’important c’est de l’aimer. Pour le reste, je le garderais pour moi. Mais ça ne fait aucune différence. Enfin tu as raison les gens sont idiots, du moins certains. Ils ont peur de ce qu’ils ne connaissent pas et au lieu d’essayer d’appréhender l’inconnu, ils préfèrent l’attaquer. Tu me diras, je ne suis pas mieux…. Moi je le fuis.

Elle eut un petit rire jaune à ses derniers mots. Elle était belle la fille qui donnait des leçons sur l’inconnu. Sa camarade elle n’avait pas eu peur de se lancer et de se battre pour ça visiblement. Elle, elle jouait l’idiote et blessait Rowan par sa simple peur. Tout cela aurait été tellement plus facile si elle avait été le voir pour en parler avec lui, lui expliquer qu’il la troublait, que les sensations ressenties l’effrayait et qu’elle voulait qu’il lui laisse le temps de savoir ce que tout cela voulait dire et où cela les menait, lui demander de la laisser aller à son rythme à elle et ne pas brusquer les choses. Elle aurait dû, mais elle ne le faisait pas.

Alors Isolde choisit de revenir sur les détails de son histoire, expliquant enfin ce qu’elle avait caché quelques minutes auparavant sur leur amitié. Une chose étrange se passa durant son récit. Une sensation diffuse se dégageait. Des images apparurent dans l’esprit d’Anna comme de fugaces souvenirs qui n’étaient pas les siens. Une fille noire aux cheveux crépus touffus un joli sourire collé au visage. Un vestiaire avec un Clemens plus jeune qu’elle ne l’avait jamais vu avec un regard différent de celui qu’elle lui avait toujours vu porter. Un air étonné était collé sur son visage. Puis soudain, une salle composée de lourds tapis, de grandes cheminées, de canapés et fauteuils et Isolde et cette fille à nouveau en train d’échanger un baiser. L’image lui échappa encore une fois sans qu’elle n’ait eu véritablement le temps de l’analyser. Une autre la remplaça et Anna se retrouva alors dans une autre salle, immense celle-ci et composée de quatre colonnes de tables et au bout une autre moins longue sur laquelle se tient visiblement une assemblée de professeurs. Encore une fois elle put observer son amie avec toujours la même fille, cette fois-ci elles étaient attablées. Elle sentit les regards peser sur elle comme s’ils lui étaient destinés. Rien de véritablement assumé, juste la dérangeante sensation d’être fixée et des murmures. Puis elle entendit tout d’un coup une remarque lancée de manière plus forte que les autres, distincte mais pas véritablement assurée pour autant. « Sales gouines ». Une personne passa près d’Isolde et la bouscula, projetant la brunette contre la table. Elle perçut la douleur de l’étudiante. Aucune excuse ne vint.

La scène disparut. Elle avait à peine duré quelques secondes. La jeune française resta profondément choquée, que venait-il de se passer. D’où venaient ces fugaces images ? Elle secoua la tête. Ce devait être une simple transposition, le seul détail qui la perturba ce fut cette fille noire. Pensive, elle n’écouta son amie s’excuser que d’une oreille. Cela n’avait aucune importance qu’elle ne l’eut pas dit plus tôt. Elle était en droit de choisir avec qui elle partageait ses histoires, la française se sentit même flattée d’être devenue digne de sa confidence. Elle lui sourit faiblement pour la rassurer.

Elle ne rentra de nouveau pleinement dans la conversation que lorsqu’Isolde la questionna plus en détail sur la peur qu’elle avait elle-même évoquée. Elle ne répondit pas tout de suite. C’était toujours la même question qu’on lui posait : pourquoi avait-elle peur de se lancer ? Oui c’était toujours pareil à chaque fois, sauf que cette fois-ci elle ne voulait pas laisser Rowan partir, elle avait trop besoin de lui à ses côtés. Isolde avait raison : il était quelqu’un de bien. Même si elle avait du mal à croire qu’il n’y ait eu personne avant elle, elle devait aussi admettre qu’elle n’arrivait pas à l’imaginer aussi goujat et se jouer d’elle.

- Aimer fait mal. Je ne veux pas tomber amoureuse. Je suis seule depuis longtemps, j’ai appris à faire avec.

Tandis qu’elle prononçait cette phrase, le souvenir de l’enterrement remonta à elle. Elle avait eu mal ce jour-là…

**
La pièce est remplie d’adulte. Anna est âgée de huit ans. Elle se tient debout dans un coin. Sa grand-mère maternelle lui a demandé de ne pas bouger. Sa mère se tient un peu plus loin avec son père, elle a encore pleuré, ça se voit, et lui aussi. Leurs regards sont vides, ils ne la voient pas. Anna a l’habitude désormais. Elle se tait et attend sagement. Ses yeux ne peuvent s’empêcher de fixer la porte plus loin. Il est sur un lit, on appelle ça le lit de mort, mais elle n’a pas eu le droit d’y aller. Ce n’est pas pour les petites filles. Grand-père lui a expliqué que c’était fini, on ne verrait plus jamais Alexandre. Les visites à l’hôpital aussi étaient terminées.

Il y a beaucoup de monde qui est venu. On a caché toutes les traces de magie, car les gens ne doivent pas savoir. Elle aurait bien voulu prendre sa poupée Cynthia avec elle, celle qu’il avait renommé Cimetière pour l’embêter. Elle l’a oublié dans sa chambre et maintenant elle doit rester là et ne pas quitter son emplacement.

Elle observe les gens venir saluer ses parents, ils donnent leurs condoléances à ce que Mamie Magie a dit. Elle ne sait pas vraiment ce que c’est les condoléances mais ils ne donnent pas de cadeaux, que des paroles. De temps en temps on la regarde mais elle n’aime pas ça. Leurs regards sont bizarres et puis ils disent « pauvre petite ». Elle n’est pas pauvre. L’atmosphère est lourde, ce n’est pas agréable. Elle a envie de faire pipi maintenant. Elle cherche Mamie Magie, ou bien Grand-père. Elle ne va pas demander à Papa ou Maman, il ne faut pas les embêter. De toute façon ils ne l’écoutent pas. Elle traverse la salle et tire la manche de Grand-père.

- Papi ? Papi je veux faire pipi, je peux y aller ?

Il acquiesce rapidement, sans réellement la regarder. Il est occupé à parler avec les grandes personnes à voix basse comme toujours, comme à l’hôpital. On ne doit pas crier ou rire trop fort, ça dérange. Anna repart en direction des toilettes. Il y a déjà quelqu’un. Enfin il sort, elle prend sa place. Une fois finie elle retourne à sa place. Anna ne pleure pas, elle doit être forte. Alexandre se serait moqué. Elle aurait bien aimé qu’il soit là, elle se serait moins ennuyée. Puis il lui manque. On dit qu’il est parti. Personne ne veut dire mort. Ça veut dire quoi mort à onze ans ?


**

Des larmes coulèrent sur les joues d’Anna Delflandre. Comment cela venait-il de se produire ? Elle venait de revivre un souvenir qu’elle pensait effacé à jamais. Elle regarda Isolde.

- Pardon… Tu as vu ça toi aussi ?
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MessageSujet: Re: A nos actes manqués (PV Anna)   A nos actes manqués (PV Anna) EmptyDim 27 Sep 2015 - 15:54

Isolde voyait qu’Anna avait trouvé sa voie. Elle-même n’était pas particulièrement friande de ce genre d’émissions mais si sa camarade réussissait, elle serait la première à se réjouir pour elle, et à l’écouter.

- Si tu veux, je peux t’aider à t’entraîner. Je ne dis pas que je suis une experte, mais si jamais tu as besoin d’un cobaye pour une interview ou d’un avis, n’hésite pas !

Anna ne répondit pas au sujet de Rowan. Isolde était bien en peine de la conseiller plus, et s’en voulait de ne pas trouver autre chose à dire que “Tu devrais lui parler”. C’était logique, mais Anna le savait et n’avait pas besoin de l’entendre. Isolde se rendait compte que ses paroles tombaient à côté, pour la bonne raison qu’elle ne connaissait pas encore assez la jeune française. Si cela avait été Clemens ou Roxane, elle aurait sûrement su quoi dire.

Les mots d’Anna au sujet des amours d’Isolde rassurèrent la jeune femme et elle se détendit.

- Merci, je suis contente de t’entendre dire ça. Je ne comprends surtout pas pourquoi les gens se permettent de juger. Moi j’aime une personne sans me soucier de si c’est un homme ou une femme. J’aime un caractère, une personnalité. Je ne suis pas seulement attirée par les filles, tu sais. Fanny aurait pu être un garçon que j’aurais ressenti la même chose. Certaines personnes ont peur, oui, comme si le fait d’aimer quelqu’un de son propre sexe mettait en danger leur petit monde. Mais ça ne change rien pour eux ! Absolument rien dans leurs vies ! La peur n’excuse pas tous les comportements. Personne n’a le droit de faire payer ses craintes à quelqu’un qui demande juste à vivre tranquillement avec la personne qu’il aime. Je ne mérite pas d’être insultée ou exclue pour ça. Personne ne le mérite.

Un peu de colère se faisait entendre dans sa voix à présent. Elle raconta plus en détails à Anna le début de son amitié avec Clemens, et une étrange sensation l’étreignit. Tout lui semblait tellement… réel. Au fur et à mesure que ses mots s’écoulaient, elle redécouvrait des détails du décor : la couleur des porte-manteaux des vestiaires, le vif d’or gravé dans le banc sur lequel était assis Clemens. Le parfum de Fanny alors qu’elle l’embrassait. La fraîcheur du mois d’octobre, et la chaleur des vestiaires. Se trouvait-elle encore à Haveirson ? Et puis d’autres images, d’autres sensations, revinrent à sa conscience. L’anniversaire de Fanny, dans la salle commune de Serdaigle ; les deux jeunes femmes assises près de la cheminée, assez tard pour qu’elles soient seules et tranquilles. Isolde pouvait sentir la chaleur du feu et le dos de Fanny contre son bras. L’image de la salle commune se superposa une seconde avec celle de sa chambre d’Haveirson avant de disparaître à son tour. D’autres sensations, plus douloureuses cette fois, vinrent la remplacer. La douleur, et la honte d’être prise ainsi à partie en public. Contrairement à elle, Fanny resta droite malgré le coup et porta la main à sa baguette, prête à riposter. Isolde leva sa main, sa vraie main, comme elle l’avait fait pour retenir Fanny. Une bouffée d’émotions s’empara d’elle alors que le souvenir s’envolait et elle dut reprendre une grande inspiration pour chasser les larmes qui menaçaient de couler. Une lui échappa tout de même et vint rouler sur sa joue.

Elle tourna brusquement la tête vers Anna. Une expression choquée se lut sur ses traits, un bref instant, avant qu’elle ne la chasse. Isolde tourna un peu la tête, essuyant de sa main une seconde larme.

- Tu comprends pourquoi je ne le dis à personne. Je ne veux pas revivre ça ici, j’ai déjà dû le supporter trop longtemps à Poudlard.

Elle expira profondément une nouvelle fois pour retrouver un peu de sérénité. Ces souvenirs avaient ravivé d’anciennes douleurs qu’elle préférait garder loin d’elle.

Les mots d’Anna sur l’amour lui firent mal aussi, d’une autre façon.

- Ça peut faire mal, je n’essaierai pas de te persuader du contraire. Mais ça apporte aussi tellement de bonheur ! Et…

Soudain, la chambre disparut autour d’elle. Les images ne se superposaient plus à celles de sa chambre ; elle était loin d’Haveirson désormais. Mais cette fois, les sensations n’étaient pas les siennes. Elle était entourée de personnes inconnues, et Anna avait disparu. L’ambiance était pesante, triste, et la réalité la frappa ; ces gens étaient en deuil.  Personne ne semblait la voir, alors qu’elle détonait avec ses habits de couleurs vives dans cette assemblée vêtue de noir. Les gens chuchotaient en français, et elle ne put comprendre leurs paroles. Qui était décédé ? Deux adultes debout dans un coin recevaient tour à tour les autres personnes. Une petite voix s’éleva alors. Elle tourna la tête vers une petite fille, qui ressemblait fortement à… était-ce possible ? Isolde ouvrit des yeux ronds. Anna ? Sans pouvoir l’identifier vraiment, elle savait que c’était elle. Elle la suivit des yeux, interdite. Elle n’avait pas 10 ans… qui avait-elle perdu à cet âge ? Elle se sentait intruse dans ce souvenir qu’Anna n’avait sûrement pas prévu de partager avec elle.

Puis tout s’évanouit. Des larmes coulaient sur les joues d’Anna et une nouvelle bouffée d’émotion saisit Isolde. Spontanément, elle la prit dans ses bras pour lui offrir son réconfort. Elle comprenait mieux sa vision de l’amour maintenant. Elle cherchait à se protéger, pour ne pas revivre cette perte déchirante. Comment lui en vouloir de penser ainsi ?

- Oui je l’ai vu, je suis désolée, je ne voulais pas imposer ma présence. Ça va ? demanda-t-elle d’une voix douce.
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MessageSujet: Re: A nos actes manqués (PV Anna)   A nos actes manqués (PV Anna) EmptyLun 28 Sep 2015 - 0:19

Lorsque Isolde s’exprima avec colère, Anna se sentit désolée pour elle. Elle savait ce que c’était, ou du moins l’imaginait aisément. Mais dans le cas présent elle était bien incapable de faire plus que d’être d’accord avec elle. Elle la laissa s’exprimer jusqu’au bout.

Puis il y eut ces étranges phénomènes. Toutes deux échangèrent des regards interrogatifs. Bien entendu que la française comprenait qu’elle n’en parle pas. D’ailleurs cela ne regardait personne d’autres qu’elle et ceux avec qui elle avait envie de le partager. La jeune fille fut touchée d’en faire partie. Elle ne se permit que d’évoquer un espoir.

- Les choses changeront. Petit à petit. Il faudra bien. Pour le reste avec qui tu es et qui tu as envie d’être ça te regarde toi, et toi seule. Et ça, ça ne changera pas. A force de patience, un jour ce sera plus simple tu verras. Mais c’est des choses longues à changer et en plus ce n’est pas le combat d’aujourd’hui…

Avec le retour du seigneur noir ces questions n’étaient plus prioritaires. Pire, elles avaient tendance à se renforcer. Pour autant il aurait été maladroit que d’en dire plus. Elle laissa donc planer le sous-entendu.

Isolde était déjà repartie sur le sujet de l’Amour et du bonheur caché qu’il apportait. Sans l’événement qui suivit Anna aurait intérieurement sourit et l’aurait laissé finir son discours, mais tout bascula.

L’enterrement. L’enterrement d’Alexandre revint. Brutalement et sans qu’elle ne put rien faire elle se retrouva dix ans en arrière dans la peau de cette petite fille.

Quand la réalité revint, Anna mit quelques secondes à s’apercevoir que des larmes coulaient le long de son visage. Elle se rendit aussi compte que son amie s’était sentie obligée de la prendre de ses bras. D’un geste brusque elle se dégagea. C’était toujours le même regard, même après tout ce temps. « Pauvre petite ». Elle ne voulait pas à le voir. Elle refusait à quiconque de la regarder ainsi. Ce n’était pas elle qui était morte. D’ailleurs elle ne pleurait déjà plus. Elle ne l’avait fait que par surprise et par pitié pour l’enfant qu’elle avait été, perdue parmi la foule. Elle chercha son chat du regard. Il n’était pas là. Elle se leva et ouvrit la porte. Grumpy l’attendait avec son flegme habituel il s’approcha jusqu’à ses pieds, se dressa sur ses pattes arrières et utilisa ses deux de devant pour venir les coller à ses jambes. Elle le souleva et se retourna vers Isolde.

- Oui, ça va. Tu n’y es pour rien. Ne t’excuse pas. Qui aurait voulu être là-bas de toute façon ? Mon frère est mort à onze ans, un cancer. Ça n’a pas été facile, fin de l’histoire. Maintenant tu sais. Je n’aime pas en parler.

Ce n’était pas un secret, elle avait eu un frère et il était décédé. Des photos trainaient dans la maison, reliques du passé. Les gens savaient, mais on ne disait rien. Pour dire quoi ? Que c’était tragique ? Elle détestait ceux qui évoquait Alexandre. C’était toujours pour dire les mêmes choses : on ne se remettait jamais de la perte d’un enfant, s’il avait vécu il aurait fait un grand sorcier ou bien un superbe sportif, il aurait ressemblé à son père… Mais Alexandre n’avait pas vécu. Elle était restée.

Anna s’attendait aux questions qui ne manqueraient pas de suivre. Elle revint jusqu’au lit en portant l’incroyable félin. Elle s’y rassit et glissa sa tête dans ses longs poils avant de glisser à son oreille.

- Toujours là au bon moment hein ?!

Elle l’embrassa avant de se redresser et d’expliquer un peu son geste.

- Désolée, mais je n’ai pas besoin d’être consolée. Cela fait longtemps et je ne suis pas la plus à plaindre. Si tu as vu ça, je suppose que les flashs que j’ai eu tout à l’heure était tes souvenirs à toi ? C’est bizarre ce qui se passe ici quand même. Je n’ai jamais entendu parler d’un sort pareil. On dirait qu’on est plongé dans une pensine géante.

Anna restait perturbée par le phénomène. Comment marchait-il ? Quelqu’un avait-il ensorcelé la pièce? Elle avait eu de la chance que ça tombe sur Isolde, si elle s’était trouvée avec une personne malveillante cela aurait pu être plus préjudiciable.

- Tu crois que ça marche avec tout ? Tente de me raconter un souvenir, même le plus idiot. Je suis curieuse de voir si ça va continuer.
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