Blaise Zabini

Des pommettes hautes et le sourire brillant et franc des petites frappes arrogantes. C’est peut-être le plus marquant chez Blaise, une insolence presque agressive, un mépris dans la façon de vous observer pas le dessous de ses longs cils, dans son rictus amusé/perplexe, dans la tenue paresseuse de son grand corps altier - les mains enfouies dans les poches de ses pantalons taillés sur mesure, adossé à n’importe quoi, car Blaise s’impose sur son environnement; comme si le monde eut effectivement été à lui et qu’il pouvait se permettre d’occuper le plus d’espace possible. Non pas qu’il soit nécessaire de se forcer, en vérité; du haut de ses 1m87, il aime à voir les foules se cliver sur son passage, marquer le sillon de ses pas. “Athlétique”, il pratique le sport.

Blaise Zabini est un beau garçon, & Blaise Zabini sait qu’il est un beau garçon - conscient du “trésor” de son visage (ainsi que se s'exclame fièrement sa mère, comme émerveillée lorsqu’elle le contemple trop longtemps  !); de son nez droit, sa bouche pulpeuse et boudeuse, comme offerte, du dessin des muscles de sa mâchoire carrée par le travers de sa peau brune et lisse.   Revêt des pantalons taillés dans des velours tout-à-fait noirs, souples; des pardessus en laine froide, des cardigans à col châle, arbore avec fierté l’écharpe estampillée du blason SERPENTARD.

“flambeur”, “arrogant”, “insupportable”. Aucun de ces qualificatifs, susurrés avec fièvre par quelque pouffsoufle malmené,  n’est exactement faux.  Blaise Zabini est plutôt insupportable. Par son insolence nonchalante, tout d’abord; le jeune homme ne semble prendre rien ni personne tout-à-fait au sérieux, comme si rien ne le méritait vraiment. Aussi, il n’est pas rare, dans un moment tragique, “sérieux”, douloureux, de l’entendre cracher quelque remarque sarcastique, s’amusant avec cruauté de l’ironie de la situation -  puis s’étonnant, une fois son interlocuteur vexé, je t’en prie, ne sois pas aussi susceptible !

En réalité, Blaise Zabini ne paraît pas mauvais, pas tout-fait; pas immédiatement; se permet des familiarités avec vous; sourit avec vous; et peut-être passe-t-il son bras sur vos épaules en éclatant d’un rire rauque, comme canin, lorsque vous osez glisser une plaisanterie;  et pourtant, il suffira d’une remarque un peu naïve de votre part - d’une anecdote un peu honteuse - de n’importe quoi qu’il puisse apprendre d’un peu tendancieux sur vous - pour que, soudainement, ses remarques un peu railleuses ne se fassent tout à fait sournoises; pour que la façon machinale qu’il a de vous passer la main dans les cheveux avec affection ne se joigne à un pincement un peu douloureux de votre chair, brièvement; Blaise Zabini ne vous laissera pas “déraper”. N’apprécie pas le “laisser-aller”, une notion récurrente qui désigne, entre autres: la politique de Dumbledore, le fait d’épouser un sang-melé, ou, horreur, un moldu, un traitre à son sang, le comportement des gryffondor, les humeurs mélancoliques de Drago, la corpulence de Goyle & Crabbe, la coupe de cheveux de Severus Rogue (“sérieusement, j’aime beaucoup ce type, je le respecte, mais, Drago, avouons-le; ce n’est juste plus possible”).  Blaise Zabini vous vampirise. Ou, lorsque vous n’êtes ni une cible potentielle, ni suffisamment digne de son intérêt, Blaise Zabini vous ignore tout-à-fait.

"Tu vois, j’ai toujours été une personne extrêmement chanceuse.
- Maman, tu as été marié sept fois.
Diane  Zabini hausse ses étroites épaules dans un rire de dérision; "Et alors? que puis-je y faire? tu vois, j’ai toujours été une personne extrêmement optimiste."

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Parce que pour parler de Blaise Zabini, il est nécessaire de parler de Madame Zabini et du port altier de sa silhouette longiligne, du rouge carmin de ses lèvres pulpeuses, ou de la façon dont, avec indolence, elle offre tout-à-fait la peau lisse et brune de sa gorge lorsqu’elle force un rire paresseux et rauque.  
Diane était une sorcière puissante, la descendante d’une famille française de sang-pûr (française ! française comme l'était Beauxbâtons, où elle avait effectué son entière scolarité, même si ses interlocuteurs haussaient les sourcils, surpris, lorsqu’elle le révélait avec une certaine malice. Je ne corresponds pas exactement à l’”esthétique” Beauxbâtons, n’est-ce pas? semblait alors suggérer son sourire carnassier.) Avait épousé, jeune, Cosimo Lorenzo Zabini, ce jeune sorcier européen, ce jeune sorcier italien, exactement, comme il avait aimé à le revendiquer, au destin “prometteur” - il occupait alors un poste “à haute responsabilité” au sein du Minisère de la Magie d’Italie et son charisme fiévreux promettait un avenir “brillant”, exceptionnel à ce descendant un peu arrogant d’une famille de sang-purs européens !..
Mais Zabini avait “disparu” peu après son mariage, peu après l’annonce, même, de la grossesse de son épouse ; une disparition brutale; une disparition “inexpliquée & mystérieuse”, ainsi que l’avait formulé les journaux sorciers, des semaines durant en Italie, titrant avec emphase : TRAGIQUE DISPARITION DE L'HÉRITIER ZABINI.

(Quelques années plus tard, au sein des grandes familles de sorciers européens, quelques rumeurs murmurées entre les murs ourlés des boudoirs, avec pour seuls témoins les portraits familiaux ensommeillés,  suggéreraient que Cosimo Zabini n'était pas véritablement mort ; pas tout-à-fait; mais qu’il aurait grossi les rangs des victimes de la sauvagerie de Fenrir Greyback; en d’autres termes, ainsi que le formulerait  avec élégance Madame Carrow à Scarlett Greengrass, “monsieur Zabini souffrirait de lycanthropie”, à la grande honte de sa famille et de celle de son épouse, et habiterait maintenant, comme un damné, la campagne italienne, où il avait été aperçu, hagard, malade et désaxé. Mais, après tout, comme le rappela Mme. Parkinson avec un sourire mauvais, quel crédit pouvait-on donner à de telles rumeurs...?)

Une disparition qui avait laissé Diane Zabini éplorée, évidemment; “dévastée”, quoique certaines mauvaises langues un peu sournoises font encore remarquer que le jour de la déclaration judiciaire de décès de Cosimo Zabini, 5 ans après sa disparition, marque le moment où son épouse à, pour la dernière fois, porté des vêtements de couleurs; elle enchaînerait depuis les deuils...
C’est la vérité; à un rythme d’un époux tous les deux ans, Diane Zabini multiplie, avec un enthousiasme candide (ou une certaine perfidie?) des mariages dantesques, enflés de bals interminables, de gastronomie alambiquée, d'étoffes brillantes et onéreuses. Systématiquement, c’est son fils qui l'amène à l’autel; lui offrant avec courtoisie son bras; la démarche fière et le visage orgueilleux sous les regards attentifs. Apeurés par le rituel.  
Apeurés, parce que :
systématiquement, l’époux décède dans des circonstances “mystérieuses”, “étranges”, quelques mois après cette exhibition un peu morbide d’opulence.


Jamais Blaise n’en a rougit, pourtant; et, après son entrée à Poudlard, les rumeurs, tentaculaires et sinueuses comme autant de sifflements, ne cessèrent de croître - parfois même, quelque Gryffondor bravache les abordait frontalement; lors d’une rixe verbale particulièrement violente à l’occasion d’un cours de Potions agité, en 4ème année, par la proximité avec les vacances de Noël, Seamus Finnigan avait finalement craché; "ouais, et si on parlait de ta mère qui a épousé sept types, Zabini?
- "sept types", tous des sang-purs. Peut-être que ma mère aurait dû donner des conseils à la tienne, Finnigan, ça lui aurait évité d’accoucher d’ un incapable de sang-mêlé.” sa réponse nonchalante avait claqué dans le silence attentif.

Blaise, après son enfance partagée entre la Grande Bretagne, où sa mère avait déménagé pour suivre son deuxième époux et fini par s'y installer, et l'Italie, où vivait la famille de son père, fut reçu à Poudlard; établissement choisi par sa mère au dépend de Durmstrang, qui avait pourtant remporté à l'unanimité l'adhésion de la famille Zabini, et valant à Diane un silence glacial de la part de sa belle-famille qui ne cessera jamais, par la suite, de croître.

Sans s’être immédiatement lié d’amitié avec Drago Malefoy (qui pouvait prétendre immédiatement se lier d’amitié avec Drago Malefoy ?), Blaise avait suffisamment gagné son estime pour lui permettre une place de choix au sein de sa cour princière, entre les silhouettes épaisses de Crabbe et Goyle - à proximité des langoureux murmures des vipères.