Promenade matinale .. (Anna)

Anna ne regretta pas d’avoir pris sa veste, le vent frais de l’automne était déjà là. Tandis qu’ils traversaient le jardin anglais Anna admira les fleurs qui s’y trouvaient. Elles étaient certainement moins nombreuses qu’au printemps, l’hiver approchant mais on trouvait encore quelques roses et autres variétés de fin de saison. L’humidité ambiante faisait légèrement ressortir leur parfum. La jeune femme les huma avec plaisir. Les allées à la fois fouilles et en même temps travaillées donnaient l’impression de se balader dans une petite forêt sauvage, où se serait mélanger au gré du vent toutes les sortes de plantes qui se trouvaient là. Elle laissa sa main effleurer les feuillages mouillés de rosée, puis les essuya discrètement contre son pantalon. Le jeune homme était loin d’être embêtant par ses paroles. Ce n’était pas grave, elle n’avait pas vraiment envie de parler à vrai dire. C’était rare chez Anna Delflandre, mais aujourd’hui elle voulait juste qu’on lui laisse le temps. Elle n’était pas obligée de faire attention à chaque mot, de réfléchir à chaque phrase et elle n’était pas seule. Ils remontèrent ainsi jusqu’à un pont. Entre temps il avait dû se sentir obligé de meubler. Elle prit son temps, posa son regard autour d’elle et répondit enfin.

- Ou de les trouver. On m’a proposé une place ici, je n’avais pas envie d’aller travailler encore. J’ai quelques idées pour plus tard mais rien de définitif. Peut-être mes rêves sont-ils mêmes irréalisables. Je n’en sais rien. Mais j’ai le temps avant d’y arriver non ? Je suis chez les Phénix. Tu ne connais vraiment personne non plus ici alors ?

Elle avait du mal à croire qu’il pouvait être dans le même cas qu’elle. Est-il à ce point associable ? Ses odeurs de fêtes de la veille laissaient croire que non. Ou alors il la faisait seule, ce qui était triste et inquiétant. Elle l’observa du coin de l’œil. En réalité il n’avait pas vraiment l’air d’un gars dans le vent, toujours entouré. Il n’avait de plus pas hésité une seconde avant de la suivre, preuve qu’il n’avait toute une bande d’amis qui l’attendaient. Comment ces deux-là s’étaient retrouvés dans les colonnes de la Gazette ? Anna finit par penser qu’effectivement on avait dû vouloir lui jouer un tour et à lui aussi. Elle eut alors une étrange sensation, celle d’être mise à l’écart, chose qui ne lui était encore jamais arrivé jusque-là. Plutôt du genre sociable et bien vue, elle était de celles qu’on invitait avec plaisir. Ceux qui étaient toujours là, pas forcément les gens les plus en vue, mais ceux que tout le monde prenait plaisir à côtoyer. On ne se posait pas la question, elle était la fille sympa avec qui on plaisantait et qui vous donnait facilement un coup de main à la fin du semestre quand venait le temps de rendre les dossiers et de réviser. Comment avait-elle pu changer à ce point simplement en changeant de pays ? Certes elle avait du mal avec la langue, mais les gens étaient-ils si intolérants ?

Elle chassa ses idées noires, ils leur faudraient un peu de temps, voilà tout. Elle était vraiment inconnue ici et en plus de ça se lier avec elle n’était pas chose facile car il fallait déjà passer la barrière de la langue. Il était vrai que ça rajoutait une difficulté supplémentaire, mais d’ici quelques mois elle parlerait parfaitement et elle ne serait plus qu’une étudiante parmi les autres. Peut-être même aurait-elle cette aura de l’exotisme ? Il ne fallait pas trop y compter. Au final elle avait déjà de la chance elle avait rencontré Isolde, Jade et Rowan. C’était en bonne voie.
Elle retrouva alors un peu le sourire, et se tourna vers son compagnon de promenade.

- Tu es à sinistros toi ? Je crois avoir moi aussi déjà rencontré quelques personnes de ta confrérie. Et toi ? Pourquoi es-tu ici ?

Ils traversèrent le pont et se continuèrent leur chemin vers le lac qu’on commençait à apercevoir un peu plus loin.

HRP : Pas de problème fomus ;)

Anna l'écouta lui répondre sur son passé. Il avait eu des amis qu'il avait perdu de vue et les retrouvailles avec de vieilles connaissances étaient difficiles. Une histoire banale en somme, la vie qui passe. Elle posa sur lui un regard compréhensif, sans l'être complètement. Au fond elle sortait tout juste de sa scolarité à Beauxbâtons, si elle avait déjà connue des amitiés séparées par la distance, notamment ses amis moldus qu'elle avait laissé derrière elle au moment où elle avait intégré l'école de sorcellerie, mais alors à l'époque elle n'avait que onze ans et il était difficile de se rendre vraiment compte de ce genre de chose à cet âge.

- Auror? C'est un cursus difficile et dangereux. J'espère que tu réussiras. On s'habitue vite à la pluie, au fond c'est peut être ce qui change le moins pour moi ici.

A sa plaisanterie, elle sourit faiblement. Sa présence n'était plus un soucis depuis qu'ils avaient quitté la grande salle, ou pour être plus exacte, depuis que la jeune française en avait eu marre d'être fâchée. Elle avait finit par ne plus faire attention à l'odeur du tabac et les relents d'alcool. Elle-même avait dû avoir quelques lendemains de soirées difficiles.

- Parce qu'il y a beaucoup de gens qui veulent faire ce métier et peu de place. J'aimerais être journaliste et si je dois être totalement honnête j'ai un rêve de radio. Mais tout ça peut changer. Au fond peut être que je vais découvrir une autre matière qui va me plaire et qu'ainsi je changerais de voie sans même y faire attention. Enfin ce n'est pas bien important au fond.

Elle réfléchit à la phrase qu'il prononça ensuite. N'était-ce pas l'intérêt des rencontres? Au fond elle préférait ceux qui différait d'elle, au moins à leur côté elle avançait. A rester trop souvent avec des gens qui pensait et vivait exactement comme elle, elle ne remettait jamais rien en question et ne changeait pas.

- Personne n'est jamais vraiment différents au final si?

Le pont derrière eux, ils avançaient désormais vers le lac. Elle regarda les rides formées par le faible vent sur l'eau calme. La mer lui manquait. Terriblement. La méditerranée avec ses calanques et aussi la manche et les grandes étendus de sables des plages normandes, infinies et chargées d'histoire. La forêt et le château avaient du charme, mais elle préférait les vagues.

Elle avait sentit son regard sur elle, pour détourner la gène de se sentir ainsi observée elle la lui retourna.

- Suis-je jolie au moins ?

Elle tourna ses yeux vers lui, la seule chose qu'elle appréciait en réalité chez elle, et rit. Au fond elle se moquait qu'il la regarde mais c'était son jugement qu'elle cherchait à éviter. Elle préférait qu'on ne la regarde pas de trop près et qu'on ne la juge pas, qu'on oublie qu'elle avait des hanches un peu trop large, des joues un peu trop rondes, des cheveux qui moussaient, une taille trop petite... Elle reprit sa marche qu'elle avait arrêté un moment.