Une autre rousse sur ma route... [ Amaranthe + libre]

15/07/2015

Ona écoutait Amaranthe mais au bout d'un moment, elle ne fit plus trop attention. Un élève venait d'arriver à leur table. Ona l'avait déjà vu à Poudlard. Elle ne se souvenait plus dans quelle maison il avait été réparti.

"Oui Firenze donne des cours au château depuis l'année dernière. Ombrage voulait virer le professeur Trelawney mais le professeur Mc Gonagall est venue la défendre."

Elle rajouta :

"Je ne suis pas le cours de Firenze mais celui de Trelawney et j'adore ça."

Ona avait entendu les conseils de son aînée sur les "bons" et les "méchants" mais Ona refusait d'y penser. L'année avait déjà un pied dans une période sombre où la serdaigle s'attendait à voir la guerre à chaque instants.

"Bonjour." répondit-elle au nouveau venu.

Ona vit qu'il étaait plus âgé qu'elle, noir de peau et plutôt bien habillé mais avec un air qui lui fit penser à Serpentard. Elle lui dit alors :

"Je m'appelle Ona O'Sullivan, Serdaigle de quatrième année. Enchantée de vous rencontrer."

Elle avait dit ça pour paraître polie mais Ona n'avait pas vraiment envie de faire la conversation avec un garçon. Elle n'avait plus vraiment envie de parler. Elle voulait juste rentrer au château. Elle commençait à se sentir mieux.

"Amaranthe m'a proposée de boire un truc chaud avec elle c'est tout. Je vais bientôt rentrer et vous laissez en tête à tête. Je vois que vous vous connaisez. Vous devez avoir pleins de choses à vous raconter entre vous."

Elle attrapa son paquet qu'elle avait posée sur la table.

Amaranthe ne l'avait pas immédiatement reconnu ; Blaise s'amusa de l'expression confuse qui brièvement figea son visage ; elle ne s'était pas départi, pourtant, de son assurance, et il reconnu dans son attitude la pondération digne qu'il lui avait toujours associé, depuis l'époque même où ils s’entretenaient ensemble dans la bibliothèque au sujet de l'importance des glyphes dans la traduction des runes danoises. Blaise, s'il était curieux, vif d'esprit, avait été, parfois, un élève difficile ; néanmoins, il ne se souvenait pas l'avoir vu perdre contenance devant ses railleries impertinentes ou ses sarcasmes arrogants.

«Mes cours de Runes ? Parfaitement bien. J'ai toujours eu à cœur de bien faire, n'est-ce pas ? » Le sourire de Blaise était charmant ; il était charmeur, aussi ; son ton, emprunt de connivence. Mais Amaranthe lui présentait la jeune fille qui l'accompagnait et il daigna de reporter son attention sur celle-ci alors qu'elle prenait la parole.

« O'Sullivan », répéta-t-il distraitement. « Jamais entendu parler. » Le regard qu'il lui adressait était gentiment railleur ; avait pour objectif d'entretenir le sémillant esprit de compétition qui animait les maisons de Poudlard, cette rivalité sacramentelle dont Blaise était un ardent défendant. Surtout, il était perplexe, amusé par sa réserve; car Blaise était un individu audacieux ; arrogant ; et l'introversion lui avait toujours paru intriguant ; bizarre. Un phénomène insolite à observer – à triturer un peu cruellement, à la façon dont certains enfants s'amusent, intrigués, à manipuler les corps alambiqués des insectes – à déchirer leurs ailes et à briser leurs membres effilées. Comme Ona indiquait sa volonté de se soustraire à leur compagnie, se justifiant, mal-assurée, il hasarda paresseusement ;

« Je ne sais pas, je suis persuadé que le récit de mes performances scolaires est digne d'intérêt. » C'était de l'auto-dérision, bien sûr ; c'était, également, une référence railleuse à la question qu'Amaranthe lui avait posé. « Mais je t'en prie.. » il fronça les sourcils, comme s'il eut été difficile de faire l'effort de se souvenir du prénom qu'elle venait de lui offrir ; « 'Ona' » Il marqua une pause; l'énonciation d'un nom si original semblait lui coûter. Plus que par réel désire de la voir s'éloigner, c'est pour en souligner la maladresse qu'il cita sa formule, narquois ; « 'laisse-nous en tête-à-tête''».

17/03/2015

Amaranthe écouta Ona lui confirmait que Firenze donnait des cours de divination aux élèves depuis l'année dernière. Elle fronça les sourcils quand l'adolescente lui affirma adorer les cours de la vieille chouette simulatrice et elle allait rétorquer quand Ona salua Blaise et annonça qu'elle allait les laisser en tête à tête.

La rouquine ne comprenait pas sa décision et la serdaigle qui se plaignait de ne pas avoir d'amis et là, elle refusait de faire la connaissance avec le nouveau-venu. Il faut dire que ce jeune impertinent se montra égal à lui même. Il adorait se moquer des autres et il faisait parti des élèves qui entretenaient les rivalités entre maisons.

Face à lui, l'introvertie jeune aiglon ne faisait pas le poids. Mais oubliait-elle qu'elle était présente ? Elle ne le laisserait pas se montrer trop virulent à son égard.
Elle reposa son regard noisette sur Blaise et elle leva les yeux au ciel quand il lui offrit un sourire charmeur. Il resterait à ses yeux cet élève intéressé qu'elle devait parfois remettre à sa place sans hausser le ton. Elle restait toujours calme face à lui et ses débordements propres à son âge.

- Vous avez un nouveau professeur, il me semble ? Comment est-elle ? Vous voulez surtout toujours avoir raison, Blaise.

Ajouta t'elle avec malice et sans aucune méchanceté. Après tout, derrière sa fierté se cachait un élève appliqué qui voulait accumuler les connaissances pour faire parti des meilleurs de son cours. Elle lui reconnaissait sa ténacité et son esprit vif qui resterait, malheureusement, étriqué par son manque d'ouverture d'esprit. Ne comprenait-il pas qu'il n'était pas qu'un stéréotype de sa maison ? Comment quelques caractéristiques pourraient définir sa personnalité ?

Ses yeux se posèrent sur la jeune fille quand il affirma de jamais l'avoir remarqué, l'air de lui dire ne l'écoutait pas, il essaye simplement de vous déstabiliser. Elle comprenait que face au charisme naturel de son aîné, elle puisse être tentée de fuir.
Elle fit un petit geste de la main et elle continua d'un ton amical :

- Ona si tu n'as pas envie de rester, je ne peux t'y forcer. Mais sache que j'ai passé un bon moment en ta compagnie.

Elle tendit à sa cadette, un paquet de douceurs qu'elle avait acheté à Honeydukes avant de la rencontrer et elle lui souhaita d'une voix douce :

- Passe une bonne fin d'après-midi, Ona. N'hésite à pas correspondre avec moi par missive.

Elle allait pouvoir discuter tranquillement avec lui et lui dire ce qu'elle pensait de sa verve railleuse face à une élève qui était bien plus jeune que lui. Elle embrassa la pièce des yeux et elle vit les deux acolytes qui l'accompagnaient. Elle se souvenait d'eux, deux brutes qui étaient bêtes comme leurs pieds et qui obéissaient aveuglement aux ordres du fils Malefoy. Quelle déception de le voir avec eux ! Derrière sa fierté, se cachait pourtant un jeune homme cultivé et passionné. Pensait-il qu'en les fréquentant, il se mettrait en valeur ? Comme il se trompait, il risquait juste d'être catalogué.

- Blaise, si vous avez un moment, je serai ravie que nous échangions.

Elle porta sa tasse à ses lèvres et elle eut une petite grimace, son breuvage était froid. Elle le jaugeait du regard. Elle n'avait jamais été impressionnée par sa lignée. Elle côtoyait d'autres serpentards qui avaient l'intelligence de dépasser les clivages entre maisons. La famille Zabini était moins connue que celle Malefoy ou Greengrass mais elle savait que ces vieilles familles privaient leur progéniture de leur libre-arbitre. Elle n'était qu'un pion dans les alliances que leurs géniteurs voulaient conclure. "Quelle tristesse" pensa t'elle chanceuse d'être née chez les Aislinn.

15/07/2015

- Ona si tu n'as pas envie de rester, je ne peux t'y forcer. Mais sache que j'ai passé un bon moment en ta compagnie.

Finalement Ona décida de partir. Elle expliqua pourquoi à Amaranthe. La serdaigle ne voulait pas que son aîne pense que Blaise l'avait fait fuir.

"Moi aussi. Merci. Je préfère vous laisser entre vous. Vous allez sûrement parler de choses que je ne comprendrais pas. Ne les ayant pas vécues moi-même. Au revoir Amaranthe et vous aussi Blaise."

La serdaigle attrapa son paquet et allait se lever quand l'étudiante lui tendit un sachet de douceur et Ona en pris trois. Un rouge, un bleu et un noir. Elle dit juste avant de partir alors qu'elle était debout à côté de la table :

"J'espère qu'on se reverra bientôt."

Ona partit du pub "Les 3 Balais" en laisant ces élèves-là en tête à tête. Elle ne savait pas qu'en faisant le chemin qui la ramenait vers Poudlard, elle reverrait Blaise et Amaranthe lors d'un triste évènement qu'elle n'oublierait de sitôt le soir du 24 décembre 1996.

La jeune fille remonta la fermeture éclair de son chaud manteau et se mit en route, son paquet sous le bras. La neige recommencait à tomber en tout petits flocons. Elle se promis de lui écrire au cours de l'année. Elle se le dit à elle-même mais les évènements futurs lui laisseraient-ils le temps pour cela ?

La patience d'Amaranthe semblait à peine heurtée par les fanfaronnades de Blaise; pondérée, elle s'en tenait à l'essentiel, et préféra l'interroger au sujet des Runes, qui leur était en effet davantage familier;

« Exact », lui concéda-t-il. « Le professeur Zschoke est - » Comment qualifier avec justesse son enseignante ?... Dans un sourire carnassier, il articula : «Fascinante. Vraiment fascinante. » Ce n'était pas exactement le terme qu'il employait lorsqu'il se plaignait auprès de Drago Malefoy de la quantité de devoirs qu'elle leur infligeait ; pourtant, en dépit de son expression pétrie d'ironie, Blaise était sincère. La causticité des remarques de son enseignante, quoiqu'il en fut victime – s'y résignant avec plus ou moins de bonne volonté - ne manquait pas de lui arracher des sourires narquois.
Il accueillit la dernière observation d'Amaranthe d'un haussement d'épaules ingénu, qui signifiait : je ne vois absolument pas de quoi vous voulez parlez.

Imperturbable, Ona excusait sa présence. Comme la jeune fille était solennelle ! Blaise ne se souvenait pas s'être montré aussi déférent en quatrième année -ni même encore avant. Il répondit à son salut d'un bref hochement de tête avant de reporter, sans plus de cérémonie, son attention sur Amaranthe ; elle l'invitait à se joindre à lui.

« Avec plaisir. Juste un instant - je dois dix mornilles à mes camarades. » Crabbe et Goyle réapparaissaient en effet, tout-à-fait livides ; chancelants. Il ôta de la poche de l'épais pardessus qui reposait sur le dossier de sa chaise un portefeuille de cuir lisse, dont il extirpa des pièces étincelantes dans la lumière chaude. Ses camarades s'en saisirent avec une réticence un peu farouche ; méfiante ; celle de chats échaudés. Après de brefs échanges, il leur indiqua d'un mouvement du menton le volumineux amas de sacs de papiers griffés, dont ils se saisirent avec difficulté avant de finalement quitter l'établissement sous le regard passablement écoeuré de quelques clients.
Blaise, lui, rejoignait Amaranthe avec satisfaction. Sur la chaise qu'occupait Ona, il posa son manteau avant de s'attabler auprès de la jeune fille. En guise d'explication, il offrit :

« Excusez-moi. Toute travail mérite salaire, exact ? En l'occurence, quatorze bièrraubeures en deux heures est une performance assez exceptionnelle. »

Observant par le travers de la vitre leurs épaisses silhouettes osciller alors qu'ils rejoignaient le château, lestés des sacs griffés de Blaise, celui-ci fit distraitement remarquer ; « Bon, leur confier mes achats de Noël n'était peut-être pas une excellente idée, ceci dit. »

Plus qu'à des paris hasardeux, c'était en effet à cette noble cause qu'il avait dévolu son après-midi; une tâche qui s'était révélée fastidieuse, car Blaise était exigeant ; et s'il était égoïste -car il était, incontestablement, plutôt égoïste- il vouait à ses amis des sentiments sincères – qu'il manifestait à travers d'onéreux présents et des remarques railleuses plutôt que par la mansuétude que l'on attend d'un proche. Aussi, ses cadeaux de Noël étaient consciencieusement étudiés – et absolument dispendieux.

17/03/2015

Son regard noisette était toujours braqué sur son ancien élève et elle l'observait amusée de le voir devenir un vrai jeune homme. Elle se doutait qu'il devait s'amuser à briser les cœurs de certaines de ses condisciples triées en fonction de leur lignée malheureusement.

Elle leva les yeux au ciel quand il qualifia sa professeur de fascinante et vu son sourire, elle devait avoir une plastique bien plus intéressante que le contenu de ses cours. Il était en âge où les hormones dominaient les adolescents et elle ne se rappelait pas avoir été dominée par eux avant sa rencontre avec Bentley.

- Quel était le thème de son dernier cours ?

Elle était curieuse de voir si il serait capable de s'en souvenir. Elle eut un petit sourire en coin face à son air candide. Croyait il qu'elle ait perdu la mémoire ? Il s'était toujours montré tout sauf innocent dans son comportement. Elle aurait du certainement le remettre à sa place à l'époque mais elle ne pouvait pas le changer et elle préférait qu'il se comporta sans faux-semblants avec elle. Elle avait choisi de continuer à lui donner des cours de soutient car elle aimait son esprit acéré et il était attentif à la moindre de ses paroles.
L'irlandaise offrit un dernier sourire à Ona et elle la suivit des yeux quand elle sortit des trois balais.

Elle était ravie qu'il ait accepté son invitation. Elle était curieuse de le découvrir et elle n'aimait pas se fier à la maison de ses interlocuteurs.
Elle retint la question qui lui brûlait la langue. Elle était sure qu'il ne payait pas ces deux benêts pour avoir rédiger l'un de ses devoirs car il ne pouvait ignorer qu'ils savaient à peine aligner deux mots sur un parchemin.

Et à son retour, il prit possession du siège de la jeune aiglonne comme si il s'asseyait sur un trône moldu. Elle lui reconnaissait sa prestance et elle voulait savoir si il y avait autre chose derrière. Elle écouta ses explications et elle secoua la tête :

- Je vois qu'ils sont toujours prêt à se montrer ridicules même pour une piètre récompense financière.

Ainsi les paquets qu'ils portaient avec maladresse étaient les présents que comptait offrir Blaise à ses proches. Il avait eu une drôle d'idée et elle s'exclama avant de lever la main pour que la tenancière vienne prendre leur nouvelle commande :

- Je ne vous savais pas si optimiste, Blaise. J'espère qu'aucun de vos cadeaux n'est fragile. Dîtes-moi que ce passe t'il à Poudlard ? Faîtes-vous parti de l'équipe de quidditch de votre maison ?

Elle avait envie de tout savoir et elle savait qu'il lui offrirait une autre vision du chateau que celle que lui avait conté la jeune aiglonne.
Madame Rosmerta vint les voir et elle commanda un autre thé et elle fit un petit geste en direction de son invité pour qu'il choisisse le breuvage qu'il voulait.

Comme la jeune fille était sceptique ! Braquant sur lui son regard noisette; animés d'une nitescence chaleureuse; tout-à-fait amusée; sa défiance arracha à Blaise un sourire canaille. Avec assurance, il répondit promptement à son insidieux examen ;

«Le Fuþark», offrant à la jeune femme dubitative le visage de l'innocence même ; c'était, ou ce n'était pas, la vérité. Cela ne suffisait pas à Amaranthe, pourtant – elle était sage ; extirpait des observations de ses impertinences. Et, à l'image d'un miroir sans tain, n'offrait rien d'autre en retour que son regard circonspect.

« Piètre récompense financière ? » Répéta-t-il, feignant l'incrédulité, les sourcils haussés ; « Les frères Weasley tueraient pour ces mornilles. »

Son amitié avec Crabbe & Goyle, en vérité, naissait directement de leur enfance; car l'aristocratie sorcière était dévorée par l'entre-soi; l'endogamie ; et que Blaise avait rencontré la majorité de ses camarades de maison avant même de pénétrer dans l'enceinte de Poudlard, à l'occasion de quelques garden-parties vernales & châtiées ; de grandes réceptions chargées de conventions figées, rigoureuses, et brillantes de bijoux sophistiqués, de robes resplendissantes, méticuleusement ouvragées. Une enfance déformée par les privilèges ; et son insolence, aussi, ne donnait lieu à aucune surprise : il hasarda, moqueur ;

« Que puis-je y faire ? J'ai confiance en l'avenir. »

Madame Rosmerta vint interrompre, l'air tout-à-fait méfiant, son discours cynique ; songeur l'espace d'une seconde, il opta pour l'hydromel; puis, indolent, reprit alors que leur hôte s'éloignait;

« Poudlard ? Rien. » Son laconisme était celui des enfants habitués à mentir aux adultes. Car, sinon une adulte, qu'était devenue Amaranthe Aislinn ? Par le dessous la quiétude de la jeune femme, Blaise percevait sa curiosité - ne parvenait pas exactement à en prendre la mesure ; et demeurait prudent malgré son arrogance fanfaronne.

Pour faire bonne mesure, il étaya : « C'est... » étrange. Le contexte politique était tendu ; et, au sein même de l'établissement, tissait un carcan oppressant, étouffant, dont lui-même, malgré son insouciance, percevait les liens étroits; Drago Malefoy, son meilleur ami, paraissait préoccupé; tendu ; sans qu'il ne soit possible, pourtant, d'extirper de sa bouche autre chose qu'un sarcasme désabusé; une plaisanterie complice. Si Blaise prétendait avoir confiance en l'avenir, il était le seul. « Comme d'habitude. » Il avait hésité, brièvement ; et son sourire s'était fané au profit de cette expression de désinvolture tellement adolescente.

« Ah, si – Slughorn. C'est le nouvel enseignant, en potions. Un ancien directeur de Serpentard. » consentit-il à lui offrir. Dans la lumière dorée du pub, il faisait distraitement lier l'éclat des lourdes bagues ouvragées qu'il portait aux doigts; rit paresseusement ; « il m'adore. » naturellement, sous-entendait son air nonchalant.

« Quant au quidditch, c'est exact - nous avons repris les entrainements il y a deux mois, Drago et moi. » Et les autres. La formule traversa brièvement son esprit; mais les autres, bien sûr, avaient bien moins d'importance. Portant son regard insolent sur la jeune femme imperturbable, l'expression défiante de Blaise signifiait testez-moi. je suis irréprochable. - il maitrisait sans mal la farce de l'élève discipliné. « Après tout, Serpentard peut difficilement compter sur Crabbe & Goyle pour se charger du souafle, n'est-ce pas?» Il fallait vraiment tout faire soi-même.

17/03/2015

Amaranthe jaugeait toujours Blaise et elle appréciait qu'il ait autant d'esprit. Elle ne gardait que peu de souvenirs des autres élèves qu'elle avait aidés. Après tout, elle satisfaisait son besoin de partager ses connaissances. Elle était imbue d'elle même à cette époque. Cependant, son expérience à Salem et en Amérique Latine lui avait fait prendre conscience qu'elle n'avait que survolé l'étendu de la magie de ce monde.

Il savait moduler les expressions de son faciès et il lui offrait un panel propre aux comédiens moldus. Les "Weasley" était une lignée de sang-pur pauvre et pourtant, cette famille possédait des qualités à ses yeux. Elle répliqua amusée :

- Vous oubliez que les jumeaux ont ouvert un magasin et qu'ils ont fait de la très belle magie. Croyez-vous qu'ils aient besoin que vous leur fassiez la charité ?

Sa conviction à l'égard de ses deux condisciples lui apparaissait comme étant utopiste. Depuis quand se révélait-il optimiste pour ne pas dire incrédule ? Même si son air toujours moqueur trahissait sa désinvolture face à la tâche qui leurs avait confié.

- Confiance en l'avenir ? Vous êtes bien le seul à penser qu'ils ne commettront pas une catastrophe.

Elle profita de l'intervention de la tenancière pour commander un nouveau thé et une part de tarte au chocolat. Sa gourmandise était son plus grand péché mais en y repensant, elle en avait un autre qui ne s'exprimait qu'avec Bentley. Le ton qui l’employa l'agaça et la blessa.
Ses yeux noisettes ne le quittèrent pas et essayaient de lire en lui et de dépasser son expression apparente.

Comme beaucoup de serpentard, ses expressions étaient illisibles. Pourquoi la rouquine était-elle tellement intriguée par eux ? Elle savait que sa famille était une aberration pour eux. Comment auraient-ils pu la comprendre ? Elle était différente et avait une organisation marginale. Elle secoua la tête peu convaincue par son ton laconique et elle répliqua d'une voix toujours curieuse :

- Blaise, arrêtez vos mensonges par omission. Vous ne pouvez espérer me convaincre que les aventure de Harry Potter et de ses amis sont passées inaperçues surtout qu'elles ont permis l'arrestation d'adeptes de vous savez qui.

Elle avait toujours été franche et elle savait que ses paroles pouvaient se révéler brutales. Et quand il poursuivit, avouant de son air bravache et fier que le nouveau professeur de potions lui vouait une véritable adoration. Elle lui demanda :

- Qu'avez-vous fait pour qu'il vous idolâtre ?

Le quidditch ne l'avait jamais intéressé et elle avait juste accepté d'accompagner son meilleur ami pour assister aux matchs de leur maison. Elle tremblait à chaque fois qu'un cognard venait brutaliser l'un des joueurs. Elle lui demanda par politesse :

- Vous jouez à quel poste ?

Il lui lança un regard insolent comme si il avait quelque chose à lui prouver. Il était si peu prévisible qu'il en devenait troublant. Elle arqua un sourcil avant d'ajouter amusée :

- Vu leur carrure de troll, ils ne peuvent jouer qu'au poste de batteur, non ?

”Et bien à en juger par les robes de seconde main que porte leur petite sœur, probablement." Ginny Weasley, cette gamine à la chevelure pourpre qui fréquentait les réunions fastueuses données par Slughorn au sein de ses appartements, non loin des cachots humides & obscurcis des dortoirs Serpentard; là où ils se tapissaient dans l'ombre avec la plaisance des reptiles ; souvent, Blaise avait croisé les yeux clairs de la jeune fille, brûlants de dégoût; une chatte blessée; une proie blessée & écœurée, comme la captive de créatures monstrueuses lorsqu’elle s’attablait à ses côtés.

Audacieuse, fiévreuse, Amaranthe adressa le sujet - cruel & lourd, violent comme une morsure - des “évènements” du mois de juin, ainsi que Diane Zabini les désignait sobrement; & le regard de Blaise se durcit par le travers du masque de la dérision ; l'arrestation de Crabbe, Nott et Malefoy au sein du département de la magie avait eu des retombées lugubres sur ses camarades. S'ils s'étaient efforcés, habitués, éduqués à se bercer d'illusions arachnéennes, à avancer muselés, bridés d’étroits harnais, d'ignorer les regards pesants des élèves de Poudlard - de certains professeurs de Poudlard - l'insanité de leurs humeurs respectives était étouffante.

"Vous ne pouvez pas comprendre." il siffla, délaissant son sourire ; son regard brûlant était insolent; comme souvent avant qu'il ne s'agisse de commettre une imprudence ; une irrévérence ; "Votre famille ne porte pas les responsabilités qui incombent à celle de Drago. Ou à celle de Vincent Crabbe." Quel mépris dans la façon dont il avait fait référence à la famille Aislinn; quelle provocation puérile que de la comparer à celui qu’Amaranthe méprisait tant, quelques minutes seulement auparavant ! Comme la connivence entre eux avait perdu en bienveillance !...Comme Blaise se souvenait, brusquement, qu’ils étaient effectivement issus de milieux sociaux différents; qu’ils connaissaient des enseignements différentes; que leurs usages étaient différents; que leurs problématiques n’avaient jamais été les mêmes.

(Car la seule raison pour laquelle la famille Zabini échappait aux sollicitations pressantes de celui que l'on nommait avec déférence le seigneur des ténèbres, c'était parce que depuis le sud de l'Europe, elle offrait - discrètement, subrepticement - le fruit de ses rentes aux entreprises troubles des anciens disciples de celui-ci; niant pourtant une quelconque "prise de position"; privilégiant la formule "front solitaire avec des familles éminentes", auxquelles les Zabini étaient "étroitement liés" par l’”histoire” depuis des générations.

Car Daphné Greengrass n'avait-elle pas mentionné, un jour, à demi-mot, cette obsession de sa mère pour le retour du "Maître", escompté avec l'excitation d'une jeune fille ...?

Car Drago Malefoy ne paraissait il pas plus pâle que jamais, ses cheveux opalins ébouriffés comme après une nuit déformée par de perpétuels cauchemars, ses yeux boursouflés de cernes semblables à des hématomes noirs ?...)

"Ma mère," expliqua-t-il, laconique. "Slughorn connaît ma mère." Évidemment. Comme tout le monde. La bouche moite & le regard brillant, ils connaissaient tous sa mère, dont le visage, habité de mystère & de glamour, offrant la moue boudeuse de ses lèvres, apparaissait régulièrement dans les tabloïds de mauvaises qualités, estampillé d'audacieuses légendes; "Mais je suis bon en potion. De toute façon." Précisa-t-il, hostile; sur la défensive, exactement; car Diane Zabini était un sujet qu’il convenait d’aborder avec prudence et pondération.

“Poursuiveur” , il articula, se saisissant, dans un hochement de tête bref, de l’hydromel que lui apportait Rosmerta; présentant, d’une main experte, le plateau lourd de thé & d’entremets à la table; Amaranthe plaisantait, mais, à présent, absolument gagné par la méfiance, il cédait difficilement au compérage qui avait animé leur discussion; haussa les épaules. Je ne vous apprendrai rien de plus prétendait avec défiance son visage fermé.

17/03/2015

Amaranthe ne répondit rien à la remarque gratuite que fit Blaise sur la mise de la plus jeune des Weasley. Ayant toujours baigné dans le luxe et la richesse, il avait tendance à juger sur les apparences au lieu de s'intéresser à la personnalité de ceux qu'il croisait. Elle sentait qu'il était de ceux qui entretenait les conflits entre maisons. Et les élèves de gryffondor étaient certainement ses proie préférées vu ses dires. "Quel dommage !" pensa t'elle navrée qu'il soit aveuglé par cette vaine querelle entre sa maison et celle des rouges et or. Oubliait-il que le fondateur de sa maison avait lâchement abandonné ses élèves ?

Et la suite de sa riposte assassine lui fit prendre conscience qu'il ne l'avait jamais considéré comme son égal. Il s'était servi d'elle vu le peu de considération qu'il avait de sa famille. Croyait-il qu'elle allait rougir de sa naissance ? Elle était fière d'être une Aislinn, une lignée irlandaise très ancienne, matriarcale, ouverte et qui avait le bon goût de ne pas s'arrêter à quelques caractéristiques décrivant chacune des maisons.

Elle eut un petit rire sarcastique avant de riposter :

- Croyez-vous que je les accuse des crimes de leur aîné ? Ma famille est de celle qui refuse les conventions et j'en suis fière...

Ses propos étaient dangereux. Était-il inconscient de laisser supposer que ses condisciples étaient des partisans de Voldemort ? Ou la croyait-il trop stupide pour comprendre ses allusions à peine déguisées ? Elle faisait partie de l'Ordre et elle savait que ses dires pourraient intéresser Albus. Il devait déjà les surveiller après tout il semblait tout savoir.

Elle pourrait s'unir à qui elle voulait. Pouvait-il en dire autant ? Lui qui devrait peut-être se marier avec une jeune fille qu'il trouverait repoussante ou sans aucun esprit ? Se pensait-il plus chanceux qu'elle ? Sa famille ne possédait pas la richesse de la sienne. Elle n'était pas dans le besoin non plus. Chacun de ses membres avait connu l'amour et avait été libre de le vivre sans devoir répondre à des règles de naissance obsolètes et cruelles.

Elle se rendit compte que ce lien qui les unissait était brisé juste par une question anodine dans sa formulation mais qui s'était révélée instructive face à son interlocuteur. Elle aurait voulu se tromper sur lui et ne pas se fier à sa maison a la sombre réputation. Elle n'avait pas oublié que Merlin avait fait ses classes à serpentard et il s'était révélé être un sorcier exceptionnellement doué et qui avait fait alliance avec des moldus.

Elle fut étonnée qu'il daigna répondre à sa question vu dans l'état d'esprit où il était. Sa mère était une femme réputée pour sa beauté mais elle parlait de lui et pas de sa famille. Elle ne connaissait pas le nouveau professeur de potions et elle ignorait qu'il était un collectionneur.

Elle secoua la tête déçue de la tournure que prenait leur rencontre et elle dit simplement :

- Je ne faisais que référence à vous dans ma question et je n'ai jamais douté que vous ayez des facilités dans cette discipline. Blaise, vous n'existez que par vous même et pas par la réputation de votre patronyme. Chacun peut et doit faire ses preuves. Vous en doutez ?

La tenancière posa sa thé et sa douceur devant elle et pour une fois, elle regretta de ne pas boire de l'alcool car franchement cette discussion était du n'importe quoi et son visage fermé démontrait qu'il se refusait à converser gentiment avec elle.

Elle essaya malgré tout de relancer la conversation en lui demandant de son éternelle voix intéressée :

- Pensez-vous rejoindre Haveirson après vos ASPIC ? Et quel cursus aimeriez-vous suivre si c'est le cas ?

Blaise accueilli avec l’humilité appropriée l’impétueuse réponse de son interlocutrice; elle portait avec une fierté honnête son nom, et c’était, même chez les Serpentards, surtout chez les Serpentards, en vérité, en dépit de leur arrogance, en dépit de de leur orgueil offert aux regards, cru & obscène à la manière d’un corps lâche & nu, une chose rare, une qualité singulière, merveilleuse.

Chacun peut et doit faire ses preuves. Vous en doutez ?

“Moi ?” Articula-t-il, indolent, sa voix empreinte d’un fiel amer; “ce que je pense n’est pas exactement le problème, ici." Il n’était pas certain, malgré l’arrogance dans sa voix rauque, que ce fut la vérité; il n’était pas le dernier, bien sûr, à juger comme s’il eut s’agît d’estimer un pedigree, l’héritage de ses camarades; “ce qu'en pensent les autres en revanche ?...” il eut un mouvement de dérision; il ne pouvait, ainsi drapé dans ses vêtements de luxe, dans des étoffes onéreuses, du cachemire velouté & la plus coûteuse des fourrures, se prétendre indifférent aux pensées du monde sur lui; il ne l'était pas; & sa vanité - tellement, tellement vaine; intrinsèque pourtant - en était la preuve.
& Les autres. Si la formule figurait un amas de visages indifférents, flous, une entité informe, il venait à l’esprit de Blaise les visages sévère de ses aïeuls, immortalisés au moyen de grands portraits apposés aux murs des couloirs alambiqués du manoir Zabini; les yeux intéressés & humides, ceux de bêtes un peu sauvages, qu’affichaient les hommes à qui il soumettait son nom; vous n'existez que par vous même et pas par la réputation de votre patronyme, affirmait implacablement Amaranthe Aislinn, de la fièvre dans ses yeux noisettes; et Amaranthe Aislinn mentait.

Amaranthe Aislinn, pourtant, était animée de bonne volonté - redoubla d’interrogation. A l’évocation d’Haveirson, la prestigieuse, il leva ses yeux de la chope d’hydromel ambré, où il faisait doucement tinter ses lourdes bagues sur le verre humide de condensation - un carillon à peine audible dans le brouhaha chaleureux & dense qui animait les Trois Balais; posa son regard dur sur Amaranthe.
“La politique", feula-t-il, laconique ; "Comme mon père."

Il y avait quelque chose d’insolent à évoquer, une fois de plus, sa famille après avoir nié la précédente remarque de son aîné. Exactement comme mon père. Mais je n’existe que par moi-même. De l’impertinence, similaire à celle des gamins; car Blaise Zabini, par dessous l’expression arrogante de son visage, n’était qu’un gamin; 16 ans, 17 ans, & toute la confiance du monde dans le port altier de ses épaules.
Il était rare qu'il mentionne l'existence de son père; car celui-ci, disparu avant sa naissance, n'était même pas un souvenir ; il était un être de fiction ; né de son esprit & des récits hystériques de sa mère ; d'articles de presse récupérés avec astuce auprès des archives magiques de quelques administrations où il s'était risqué à traîner, l'air perplexe, concentré; des quelques lignes extirpés d'ouvrages obscurs, traitant de la politique magique contemporaine italienne - il avait passé du temps à déchiffrer, les sourcils froncés, l'air attentif, l'air obstiné, une langue qu'il pratiquait trop peu depuis qu'il avait entamé sa scolarité en Grande Bretagne, six ans auparavant.

"Et vous; qu'étudiez vous, Amaranthe ?" C’était la première question qu’il lui posait; elle n’était pas désinteressée; son sourire désabusé suggérait vaguement l’espoir de pouvoir s’amuser de sa réponse; les lettres ou la traduction; psychomage; la jeune femme affirmait avec aplomb et intelligence des principes nobles; il ressentait le besoin, morbide, lugubre, féroce, de la voir se décréditer. Il était bien trop douloureux de se faire contredire par un interlocuteur brillant que l’on tient en estime.

17/03/2015

Amaranthe observait les émotions qui se dévoilaient sur le visage de son interlocuteur et elle porta sa tasse à ses lèvres pour en boire une gorgée. Le liquide brûlant était un piètre réconfort face à la froideur qui avait envahi leur retrouvaille.

Et l'amertume de sa réponse lui glaça le sang, elle reposa sa tasse délicatement sur la soucoupe et elle le laissa poursuivre. Elle était surprise que les yeux des autres guident ses opinions et ses actes. Pourquoi tenait-il à agir en ne répondant qu'aux demandes d'autrui ? Elle n'avait jamais compris ces aristocrates qui préféraient taire leurs envies pour plaire à leurs pairs au risque de se perdre et de ne jamais vivre leur vie en étant épanouis. Ils n'étaient que des pions que leurs aînés plaçaient pour marquer des points sur les autres vieilles familles.

Elle arqua un sourcil et elle riposta sans s'affranchir de sa politesse. Et pourtant, il ne pouvait ignorer la franchise brutale qui se cachait derrière ses paroles courtoises :

- Le regard des autres vous le subirez toujours et vous ne pourrez jamais plaire à tout le monde. Mais le principal est que vos actes soient en accord avec vos convictions. Pourquoi se cacher derrière un rôle au risque de vous oublier ?

Elle n'ignorait pas les pressions qu'il devait subir dans sa famille pour qu'il soit un digne représentant de sa lignée. Si elle avait été à sa place, elle n'aurait pu s'y conformer. Etre fiancée à un parfait inconnu, jamais elle ne l'aurait accepté. Elle était bien trop indépendante et elle souhaitait juste être heureuse. Le bonheur était le but qu'elle poursuivait et si sa famille n'appréciait pas les choix qu'elle ferait, elle en serait attristée mais elle ne changerait pas d'avis pour autant.

A sa décharge, elle avait toujours pensé que les erreurs qui jalonneraient son existence lui permettraient de se connaitre et d'avancer selon les principes qu'elle aurait elle-même décidés de promulguer comme étant sacrés.

L'apparence des autres ne l'intéressait pas. Ils pouvaient se parer de leurs plus beaux atours ou porter des vêtements élimés, seul lui importait la personnalité de ceux qu'elle rencontrait. Elle n'était pas parfaite et elle pouvait faire des entorses à cette règle si elle était de mauvaise humeur ou si elle était victime d'une agression verbale.

Tout en lui respirait le luxe et le bon goût et elle était amusée par tous les bijoux qu'il portait. Ses bagues avaient l'avantage de créer une mélodie quand elles rencontraient son verre.

Son père, il ne l'avait jamais mentionné lors de leurs leçons et elle pensait qu'il était décédé comme les articles des journaux n'évoquaient que sa mère. Voulait-il suivre les traces de son géniteur disparu pour lui rendre un dernier hommage ? La politique était un domaine où il pourrait s'épanouir. Les manigances étaient le moteur de ces orateurs charismatiques.

Elle eut un petit sourire quand il lui demanda quel cursus elle suivait et elle répondit amusée :

- Je serai celle qui viendra dévoiler à vos concitoyens ce qui se cache derrière vos futures campagnes, Blaise. Vous l'aurez deviné, je suis celui de la plume pour devenir journaliste d'investigation.

"Me cacher", répéta-t-il - souriant - emprunt de mauvaise volonté. A croire qu'il ne voulait pas comprendre ! ..& ça aurait été une première fois chez cet élève appliqué.
Plus exactement : à croire qu'il ne voulait pas lui signifier qu'il avait compris.

“Je ne me cache pas.”

& c'était, sinon la vérité, une vérité. Tout comme Amaranthe venait de lui asséner une vérité.
Jamais Blaise Zabini n’apétissait son arrogante présence; les épaules droites, le visage souriant & les gestes larges, sa voix rauque plutôt résonnante lorsqu'il vous apostrophait...: aucune dérobade. Pas de profil bas. Les regards se posaient sur ce jeune homme richement drapé - son visage lisse & beau & noir comme il était rare d'en apercevoir dans les couloirs de Poudlard. Dans les rues de Pré-au-Lard. - & il les accueillait avec insolence.

& s’il ne se cachait pas, si c’était une vérité, cette sentence ressemblait, malgré l’assurance avec laquelle elle avait été prononcée, à une justification. Parce que - une autre vérité; par son affirmation, Amaranthe Aislin venait de réaffirmer le rôle qu’elle avait toujours tenue auprès de lui - elle était toujours son professeur particulier. Sa raisonnable aînée; plus mûre, plus réfléchie, plus expérimentée aussi - pas exactement condescendante, mais définitivement intransigeante.
La sollicitude dont elle avait fait preuve avait désarmé Blaise, brièvement; il lui accorda un rire bref - rauque & un peu étonné par la facétie de sa remarque ; une menace amusée; un avertissement complice (mais ferme. bien sûr); celle qui viendra dévoiler à vos concitoyens ce qui se cache derrière vos futures campagnes, Blaise. Il répéta, sardonique, en écho à sa phrase précédente;

“Je ne cache rien.” &, il l’aurait admis dans un haussement d’épaules nonchalant, ce n’était peut-être pas la vérité.

Ainsi, Amaranthe Aislinn voulait désirait être journaliste d’investigation ! Il ne pouvait railler cette ambition; elle était, sinon probable, évidente. La jeune fille venait de démontrer sa clairvoyance; son intraitable persévérance; aux dépends de Blaise, peut-être. Difficile de lui tenir rigueur d’une chose pareille. De lui reprocher de remettre un peu en question les schémas de pensées étriqués assimilés par le jeune homme.

(Qu’avait-il à cacher ? A qui ? & quel "rôle" jouait-il? N’était-ce pas ridicule?)

Malgré cela...Blaise avait une question. Il n’était pas stupide; ce genre de profession engagée nécessitait une motivation particulière - une volonté fervante. De l'implication.
(ou seulement beaucoup d’abnégation ?...ou bien le désir de “rendre justice”...? Dénoncer ? Quelle curieuse idée !...Car Blaise, a 16 ans, désinvolte, “insouciant”, n’avait pas suffisamment conscience de la gravité de certains actes, de l’existence de certains actes, pour comprendre qu’il était nécessaire de les déceler & de les exhiber dans toute leur laideur.)

“Pourquoi journaliste d’investigation ? Quel genre de secrets voulez-vous dévoiler au monde ?" Demanda-t-il, dans un haussement de sourcil un peu sceptique, un peu perplexe; mais, surtout, amusé. Drapé d'impudence.

17/03/2015

Elle leva les yeux au ciel quand elle vit Blaise exprimer une mauvaise foie évidente. Il n'était plus ce jeune élève qui faisait toujours preuve d'application dans ses leçons. Il avait grandi et il s'évertuait à se comporter comme un digne représentant de l'Aristocratie dont il était issus.

Elle secoua la tête, elle ne pourrait rien tirer de lui. Il était aussi buté qu'un dragon. Et pourtant, elle restait persuadée que derrière son masque d'arrogance se cachait un petit garçon effrayé par le poids de la charge qui pesait sur ses épaules de premier né. Il jouissait d'une relative tranquillité tant qu'il n'aurait pas fini ses études à Poudlard. Mais après, pourrait-il suivre sa vocation professionnelle ? Ou devrait-il se conformer aux décisions de sa mère ?

Elle espérait que les événements tragiques que vivaient et subiraient à l'avenir le Royaume-Uni lui ouvriraient les yeux. Il avait un esprit acéré et curieux alors il finirait par choisir de suivre sa ligne de conduite même si celle-ci n'était pas celle que lui avait imposée son éducation de sang-pur. Et d'ailleurs, il devait juste suivre sa propre voie même si celle-ci était tortueuse et sombre.

Elle n'ajouta rien de plus. Il n'était pas prêt à retirer sa protection qui lui permettait de se montrer bravache avec les élèves de moindres naissances.
Avec sa remarque malicieuse, elle espérait qu'il s'ouvrirait légèrement et qu'il comprenne qu'elle l'avait toujours apprécié malgré sa fierté mal placée.

Il lui accorda un léger rire et ses lèvres gourmandes esquissèrent un petit sourire amusé. Et par trois fois, il affirma qu'il ne cachait rien. Qui essayait-il de convaincre ? Elle, c'était peine perdue.
Elle riposta espiègle :

- Nous avons tous des secrets à préserver.

"Par pudeur, par peur pour un proche, nos lèvres restaient scellées." songea t'elle et le visage de Bentley vint hanter ses pensées quelques instants. Elle l'observait et elle porta à nouveau sa tasse à ses lèvres. A quoi pensait-il ? Elle s'attendait à une remarque acerbe la comparant à la tristement célèbre Rita Skeeter qui détournait les faits pour les transformer en scandales. Elle reposa sa tasse et elle l'écouta poursuivre de son éternel ton insolent.

- Vous avez peut-être lu la presse américaine où son rédacteur a fait une série d'articles sur un sorcier qui tuait des chamans en Amérique Latine. Ses écrits ont contribué à son arrestation. Ou d'autres qui évoquaient des trafics de substances magiques prohibées. Son auteur s'était infiltré et il a pu permettre le démantèlement de ce groupuscule en s'associant avec des aurors bien entendu. Et certains membres du gouvernement américain étaient corrompus et ont été condamnés.

Elle fit une légère pause le temps de déguster une bouchée de sa douceur. Il pourrait la juger impétueuse de vouloir risquer sa vie pour que la vérité et la justice triomphent mais elle était ainsi. Elle ne supportait pas la corruption et l'injustice.Elle poursuivit déterminée :

- C'est ma vocation !

Comme elle s'expliquait, Amaranthe demeurait calme, quoique fervente - s'appliquant à s'expliquer; citant, implacable, ses exemples; une démonstration brillante ! Il l'écoutait avec intérêt. Concentré sur ses paroles comme il pouvait l'être autrefois, lorsqu'elle s'efforçait de lui démontrer les caractéristiques obscures de la onzième rune du Futhark. Lorsqu'elle conclut son postulat, elle était assurée, et portait à sa bouche une cuillerée de sa tarte au chocolat; car Amaranthe Aislinn, ainsi que Blaise l'avait constaté, sans jugement mais avec curiosité, intrigué comme il l'eut été devant une créature rare, mangeait avec appétit - un comportement différent de celui des jeunes filles qu'il fréquentait alors ! Celles à qui l'on apprenait à refuser la nourriture avec courtoisie et résolution; celles à qui l'ont enseignait que la gourmandise était inconvenante et résolument vulgaire.

Blaise considéra l'enthousiasme de la jeune fille; souriant, toujours, mais pas exactement moqueur. Attendri et amusé comme par les rêves chimériques d'un enfant. Parce qu'il demeurait tellement cynique! Haussant les épaules, faussement nonchalant; sans parvenir à accueillir le présent d'Amaranthe; la description sincère, franche, éhontée de ses rêves. L'honnêteté semblait impudique ! Et lui ne savait recevoir la confiance de son aînée autrement que par la dérision ; or Amaranthe avait clairement signifié son mépris de la dérision ; aussi, Blaise demeura courtois. Affable.

«Je ne suis pas surpris,» hasarda-t-il dans un haussement d'épaules. «Vous avez à coeur "d'aider".» Ce n'était pas réellement un compliment; plutôt une observation un peu distante - un constat; il ne parvenait à prononcer le mot aider sans une certaine ironie pourtant; un vague sarcasme; pour souligner son argument, il admit, dans un rire bref - parce que Blaise Zabini était capable de faire preuve d'auto-dérision; que la situation, un peu délicate, s'y prêtait; «vous m'avez permis d'obtenir un optimal, en runes; arrêter un sorcier tueur de chamans devrait être dans vos cordes.» Il était tellement plus aisé de plaisanter frivolement que de s’épancher - que d’écouter ses interlocuteurs s’épancher avec emphase; après avoir porté à ses lèvres son verre d’hydromel, il ajouta : «beaucoup moins séduisant, le tueur de chamans, en revanche.»

Présentant le plus beau de ses sourires.