De vieilles connaissances [1er post pour Juliet, libre par la suite]

Bentley était revenu à Haveirson deux jours avant la rentrée officielle. Les vacances ne s’étaient pas passées comme il l’avait imaginé en quittant l’académie à la fin de l’année. Revenir ici lui faisait le plus grand bien même si il ne parvenait pas totalement à se vider la tête de tout ce qui avait pu se passer en seulement quelques jours. Tant de question se pressait dans son esprit qu’il avait parfois du mal à se concentrer sur ce qu’il faisait. Étudier était presque devenu une épreuve de force tant il devait faire appel à tout son self contrôle pour ne pas perdre le fil de ses pensées vers des méandres d’incertitude où se mélangeait la crainte et la curiosité.

Aujourd’hui il profita du calme régnant encore dans le château pour se poser dans le salon commun, chose qu’il ne faisait jamais en temps ordinaire. L’endroit était souvent pris d’assaut par les étudiants entre deux cours tout au long de la journée et il n’aimait guère se retrouver au milieu de discussion plus inintéressante les unes que les autres. Là, ceux qui étaient revenus passaient le plus clair de leur temps dans leur confrérie ou leur chambre. De ce fait les autres pièces du château étaient encore relativement vides et empreinte de sérénité.

Il lisait un livre de potion qu’il avait trouvé chez ses grands-parents confortablement installé sur l’un des canapés dans cette grande pièce où toutes les confréries étaient représentées avec de petites touches de décoration. L’endroit était agréable et reflétait bien l’esprit de communauté à laquelle elle était destinée. Bentley lui trouvait même un certain charme. Alors qu’il tentait de retenir un minimum ce qu’il lisait d’un passage sur un poison il n’avait de cesse de repenser à l’enterrement de son oncle, à sa visite à Amaranthe à Dublin, à ce que la recherche de la « vérité » allait lui faire prendre comme risque puisqu’il avait décidé de creuser un peu plus pour savoir si oui ou non ils étaient tous en danger entre les murs de cette académie.

Las, il ferma son livre d’un coup sec avant d’expirer longuement en fermant les yeux. Il fallait qu’il arrête de s’éparpiller de la sorte et qu’il reprenne le contrôle de lui-même. Il avait la sensation d’être faible et vulnérable, ce qu’il détestait plus que tout. Ce n’est qu’en rouvrant les yeux quelques secondes plus tard que son regard bleu tomba sur une jeune femme qu’il connaissait bien en face de lui. Ils ne s’étaient plus parlés depuis…une éternité lui semblait-il. En même temps il n’avait pas vraiment cherché à la revoir non plus. Leur dernière discussion s’était terminée de manière…assez prévisible certainement mais non moins violente.

- Juliet… Je ne t’ai pas entendu arriver.

Juliet avait passé des vacances de Noel très mouvementées. Elles n'avaient pas été pourtant très positives, puisqu'elle avait beaucoup ruminé sur les événements de l'année passée. Et surtout de la relation avec Dwight qui l'avait grandement tourmentée. Sa nouvelle appartenance aux Mangemorts l'avaient beaucoup occupé et lui avait permit de penser à autre chose. Elle n'avait pas croisé son ancien ami qui semblait s'être volatilisé. Personne ne savait ce qu'il était devenu. L'Abraxan lui en voulait énormément d'avoir disparu sans explications et de ne pas avoir donné de nouvelles. Elle le haïssait profondément et souhaitait se venger de la souffrance qu'il lui avait infligé. A vrai dire, depuis ce fâcheux événement elle en voulait à tout le monde et la douleur et la haine qu'elle enfouissait depuis tant d'années était en train de sortir. Et pas de la meilleure façon qui soit.

Cependant, la jeune femme se gardait bien de dissimuler ce qui l'a tracassé. Et puis maintenant elle avait un lourd secret à garder. Elle ne devait pas relever à quiconque sa nouvelle nature. Elle avait surtout envie de s'investir dedans et en oublier ses études. Mais elle ne départissait pas de son rêve et savait que cela ne pouvait qu'être un atout pour les forces du mal que d'avoir une animagus dans ses rangs.

L'ancienne Serpentard tout en étant plongée dans ses pensées se dirigeait vers le salon commun pour tenter d'y trouver un peu de calme pour faire le point. Elle avait grandement besoin de se reposer. Tout s'était passé si vite depuis décembre qu'elle n'avait pas eu le temps ni l'envie de se poser quelques instants pour prendre le temps. La fatigue physique et psychologique se traduisait par un état excessif nerveux et un grand renfermement sur elle-même et sur Voldemort à qui elle avait désormais dévoué sa vie. D'ailleurs, c'était lui sa seule raison de vivre. Mais maintenant, elle avait besoin de se concentrer sur ses études et pour cela il lui fallait se reposer et avoir l'esprit un peu plus au clair. Elle avait les idées bien trop embrouillées pour suivre quoi que ce soit au cours et progresser.

Juliet tentait tant bien que mal de dissimuler l'état de stresse dans lequel elle était et visiblement elle réussissait plutôt bien, puisque personne ne lui avait encore posé de questions à ce propos. A vrai dire, elle n'avait que trop peu parler aux autres élèves depuis son retour de vacances. D'ailleurs, elle ne savait pas pourquoi aujourd'hui, au lieu d'aller dans un lieu calme elle se dirigea vers un endroit où les élèves affluaient. Heureusement pour la jeune femme, il ne semblait pas y avoir grand monde, puisqu'il n'y avait pas de bruit.

En arrivant au salon commun, elle ne s'attendait absolument pas à y découvrir un étudiant qu'elle connaissait. Et qui plus est que ce soit Bentley... Ils avaient eu une courte relation à Poudlard et la Mangemort en gardait un mauvais souvenir. L'Abraxan hésité à prendre ses jambes à son cou et se diriger vers un lieu plus calme mais il l'interpella. Elle se sentit donc obligée de répondre et de s'avancer dans la salle pour arriver en face de son camarade :

- Bonjour Bentley. Je ne m'attendais pas à te trouver ici...

Tant pis, l'ancienne Serpentard trouverait une excuse pour prendre congé assez rapidement. Elle était la reine dans ce domaine. C'était plus qu'habituel chez elle.

Bentley esquissa un petit sourire aux mots de la jeune femme. Il y avait beaucoup de personne à Haveirson et lui-même ne s’était pas attendu à en revoir certaine. D’un côté ce petit retour en arrière comme à Poudlard n’était pas désagréable. La plupart des étudiants se connaissaient depuis l’enfance et même si ils n’avaient fait que se croiser les visages familier étaient nombreux ce qui était rassurant. Le plus de l'académie était d’accueillir des élèves de toutes les écoles de magie du monde ce qui permettait une plus grande mixité loin d’être désagréable à leur âges.

- Je ne m’attendais pas à te voir non plus.

Depuis leur rupture voilà des années, Bentley ne s’était guère soucier du sort de son ancienne condisciple. Il ignorait ce qu’avait pu être sa vie et où le chemin de la destiné avait pu la conduire. En même temps Juliet avait été très explicite au moment de leur rupture. Elle n’avait plus voulu entendre parler de lui. Le jeune homme ne lui en voulait pas et il reconnaissait volontiers que la fin de leur amourette était entièrement de sa responsabilité. Sa manie de tourner autour des jeunes filles lui avait déjà coûté quelques éclats de voix et situations délicates auparavant. Il fallait croire que les années ne l’avaient pas spécialement assagi de ce côté-là.

- Comment vas-tu ? Je t’en prie assieds-toi. Dit il en indiquant le canapé en face du sien.

Vu qu’il ne parvenait pas à se concentrer peut être que discuter un peu avec Juliet lui ferais oublier ce qu’il tentait désespérément de chasser de son esprit. De plus maintenant qu’elle était devant lui, le jeune homme était curieux de savoir ce qui lui était arrivé durant toutes ces années et ce qu’elle faisait ici à Haveirson. En l’observant il se fit la réflexion qu’elle était toujours aussi jolie que pendant leur adolescence et se souvenait pourquoi il avait eu un faible pour elle. Contrairement aux autres filles, Juliet avait cette beauté froide particulière. Elle ne souriait que rarement mais les fois où elle le faisait il l’a trouvait rayonnante. Elle paraissait renfermée mais Bentley savait qu’elle possédait un esprit très vivace caché derrière un masque d’indifférence. Comme avec pas mal d’élève de Serpentard il fallait creuser derrière les apparences de façade pour apprécier l’être caché de l’autre côté.

Quoi qu’il en était, il pensait à présent que la jeune femme avait mis son ressenti de côté après toutes ces années. C’est pourquoi il n’avait nullement à l’esprit qu’elle-même n’avait peut-être pas envie de converser avec lui.

Bentley confia à la jeune femme que lui non plus ne s'attendait pas à la voir. Elle pria intérieurement pour qu'il ne la retienne pas plus longtemps, et qu'il est lui aussi des choses à faire. Cependant, ce ne fut pas le cas puisqu'il l'invita à s'asseoir après avoir prit de ses nouvelles. Juliet ne voulait pas lui confier sa peine et sachant qu'on devait bien remarquer que quelque chose clochait elle expliqua :

- Je vais bien, je suis seulement fatiguée. Et toi comment te portes-tu depuis le temps ?

La sorcière obéit à son camarade et s'installa dans le canapé en face. Il était moelleux et confortable. Au moins, cela avait ça de positif, elle pouvait profiter d'un peu de confort.

Elle avait fortement envie de partir, non pas parce qu'elle n'appréciait pas Bentley, mais parce qu'elle n'avait pas envie de discuter. Quoi qu'elle lui en voulait toujours de l'avoir laissé. Pourtant, c'était du passé et elle ne le haïssait pas comme elle pouvait haïr certaines personnes. D'ailleurs, ce n'était pas de la haine qu'elle ressentait envers lui, mais plus une certaine méfiance. L'ancienne Serpentard n'était pas du genre à accorder sa confiance plusieurs fois à une même personne, et il l'avait tout de même trahi. Cependant, ce n'était pas cela qui hantait réellement ses pensées et la tracassait. Tout compte fait, la rencontre de son ex petit copain n'était pas si négative que cela. La jeune femme se radoucit quelques peu et s'installa confortablement dans le fauteuil, comme quelqu'un de parfaitement détendu, alors qu'elle ne l'était pas.

Juliet avait peur que l'Abraxan aborde le sujet des vacances passés et de ce qu'elle devenait. Dans ce cas là elle devrait trouver un mensonge qu'il pourrait gober. Il ne lui avait même pas traverser l'esprit de lui confier la raison de ses troubles. Cela serait trahir Voldemort et se montrer faible. Or, elle avait d'une part bien trop de fierté et d'autre part elle avait bien trop peur de son maître pour le trahir et en même temps, lui vouait un profond respect.

Bien que Juliet tentait de donner le change, Bentley ne put s’empêcher de remarquer qu’elle n’avait pas l’air dans son assiette. Pas plus que lui certainement d’ailleurs. En temps normal on n’aurait attribué la fatigue ambiante au retour de vacances de fin d’année. La plupart du temps personne ne se reposait vraiment entre les fêtes de noël et du nouvel an et bien souvent le mois de janvier commençait dans une intense fatigue dû au trop plein de victuaille, de boisson et de fête endiablée. Cette année si tout le monde arborait la même mine fatiguée ce n’était pas seulement dû à cela. Non les temps étaient noirs et incertains et causait de l’inquiétude à tout le monde ces derniers temps.

Sans quitter la jeune femme des yeux comme si il guettait la moindre faiblesse de sa part, Bentley répondit d’une voix neutre.

- Ma foi plutôt pas mal au vu des récents événements…

L’attaque à Poudlard, les choses étranges qui se passaient à Haveirson, sans compter la mort de son oncle avait mis à mal ces réjouissances de fin d’années. Malgré cela l’ancien serpentard estimait qu’il ne s’en tirait pas trop mal comparé à d’autres familles.
- Les choses semblent…si étranges en ce moment. Murmura-t-il comme pour lui-même.
Tout ce en quoi il avait cru jusqu’alors était en train de se briser sans qu’il ne puisse rien y faire. Il avait l’impression d’être un spectateur impuissant et cela ne faisait qu’accroitre ses angoisses. Que pouvait-il bien faire pour protéger ceux qu’il aimait du danger qui les guettait tous ?

- Comment se sont passé tes vacances ? Mieux que les miennes j’espère…

La mort de son oncle avait été rendu publique et nombreux avaient été les gens présents à son enterrement. Les deux mondes, sorciers et moldus, s’étaient rassemblés pour rendre un dernier hommage à Gary Bentley qui avait tant fait pour rapprocher ces deux mondes si opposés de l’avis du jeune homme. Mais même cet évènement avait été un calvaire pour Bentley. Les regards posés sur lui et sa famille, les chuchotements à leur passage… Il avait détesté cela. Lui qui aimait tant l’anonymat et la tranquillité en avait sérieusement pris pour son grade scruté par des dizaines de paires d’yeux avides de percer les secrets de sa famille. Pourtant personne ne savait qui avait tué Gary. Des hypothèses avaient été formulées mais aucune n’avait convaincue l’étudiant. Un règlement de compte ? de la jalousie ? La sorcier avait été tué par arme moldue alors tous les regards se tournaient forcément vers cette communauté. Comme le disait si bien sa grand-mère paternel on ne pouvait pas faire confiance aux moldus. Ils étaient faibles et si ignorants du monde qui les entourait… Peut-être qu’un de ces chasseurs de sorcières auto proclamé depuis que le monde sorcier avait été révélé avait traqué Gary et l’avait abattu comme un chien. C’était en tout cas l’avis de la famille Cricklewood et plus particulièrement celui de ses grands-parents.

Bentley lui avoua qu'il se portait bien au vu des récents événements. La tendance à la déprime était donc bien omniprésente chez les sorciers. En même temps c'est vrai que la fin d'année n'avait pas été la plus réjouissante qui soit. Entre l'attaque de Poudlard qui avait coûté la vie à trois élèves et les étranges événements qui se passaient à Haveirson, les temps n'étaient pas plaisants. Juliet n'avait pas forcément fait attention à l'humeur des étudiants, mais maintenant que son ancien petit ami soulignait ce fait, elle se rendait compte qu'elle était loin d'être la seule à être préoccupé.

- C'est vrai que la fin d'année n'a pas été très joyeuse, dit-elle en soupirant.

Le jeune homme murmura quelque chose que l'Abraxan n'entendit pas. Elle se demanda ce qu'il avait bien voulu dire. Mais cela aurait été trop indiscret de poser une question à ce sujet. Après tout lui aussi avait surement des choses à cacher et elle ne savait que trop bien que dans ce cas-là il n'avait pas envie de les dévoiler. Elle-même dissimulait beaucoup de choses et n'aurait pas voulu qu'on l'interroge à ce sujet.

Son camarade lui demanda comment s'était passé ses vacances. Elle se sut que répondre. Lui-même avoua que les siennes avaient été désastreuses. La sorcière se questionna sur ce qu'il avait bien pu se passer pour que les vacances de Bentley se passent mal. Mais, cela aurait été bien trop indiscret de lui demander. Elle préféra donc garder son questionnement pour elle et ne pas en faire part à son interlocuteur.

- Comme celles de tout les sorciers je crois, répondit-elle tristement.

Sa réponse était assez évasive et ne répondait pas directement à la question de l'Abraxan. La jeune femme ne voulait surtout pas en dire trop. Elle avait bien trop de choses à cacher au sujet de ses vacances. Sa transformation en tant que Mangemort en était la principale cause. Elle ne pouvait se risquer à en parler à n'importe qui. Les seules personnes au courant dans le château étaient eux aussi des partisans de Voldemort. Elle avait maintenant un lourd secret à dissimuler, mais si les autres s'en sortait et cachaient bien leur jeu, alors elle aussi en était capable. Il n'y avait donc pas de raison que quiconque découvre quoi que ce soit, tant qu'elle restait discrète.