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 Mens agitat molem (Rowan P. Westminbrook)

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Rupert Wenlock-Larkin
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MessageSujet: Mens agitat molem (Rowan P. Westminbrook)   Mens agitat molem (Rowan P. Westminbrook) EmptyLun 12 Oct 2015 - 10:57

Outch. Mal de crâne. Intense, perçant, comme une masse lui barrant le front.
La nuit dernière, il avait reçu un hibou du jeune Westminbrook, lui demandant une entrevue. Il avait estimé que son professeur principal ne la lirait que le lendemain. C’était mal le connaître. Dans la nuit hivernale profonde, Rupert ruminait, trouvant toute excuse pour repousser l’heure du coucher. Il lui avait répondu immédiatement. Puis avait fini son whiskey d’un trait. Bon. S’il voulait être en mesure de répondre aux questions de cet étudiant dont la culture et l’intelligence devaient égaler le raffinement, il devait penser à dormir. Il n’avait pas le choix.

Assis sur son lit, las, il roula un dernier joint. L’eau de malt et l’herbe l’assistaient dans un rituel censé alourdir le sommeil. C’étaient les moyens plus efficaces, les plus naturels selon lui. Pourtant, rien n’y faisait. Cette nuit encore, il le savait, il serait agité de cauchemars.

Leur scénario, intangible, faisait naître une peur féroce, étreignant son corps saisi de spasmes. Il se réveillait systématiquement en pleurs. Vaseux. Ereinté. En sueur.
Une longue douche ne suffisait jamais à purger la souillure. Il en était imprégné. Ne sachant que faire de ces pensées suppliciantes, il les rangeait soigneusement au fond de son esprit. Le soir, seulement, quand il serait seul, elles réapparaîtraient. Fidèles compagnes.

***

L’avantage, c’était de se lever tôt. Quand les torsions dans son lit n’étaient plus supportables, il se levait d’un bond. Le temps que sa tension s’adapte, il restait debout, hagard. Kaïros avait appris à ne plus japper joyeusement au lever de son maître. Son repas et sa promenade viendraient. Mais il lui fallait du calme pour faire le vide. Distraitement, il passa la main sur l’échine du grand chien et se prépara un café. Puis la douche. Le vrai réveil. Un air de jazz enjoué en était le garant. Dès la partie solo des cuivres, c’était bon. Tout était passé. Ou était-ce une nouvelle illusion ? Elle subsisterait jusqu’à la nuit.

Il passa la chemise la moins froissée sur la pile de vêtements qui encombrait un coin du lit. De toute manière, il dormait rarement accompagné. Autant faire de cet espace inoccupé un lieu de rangement. N’est-ce pas ?
Il enfila un jean et passa un pull en laine gris clair. Kaïros s’agitait près de la porte tandis que Rupert laçait ses chaussures et passait sa cape. Il avait repris l’habitude d’en porter à l’académie. Depuis qu’il avait quitté Ismérie, il n’avait plus porté de vêtements sorciers.
Accompagné de son compagnon à quatre pattes, il chercha de quoi se sustenter à la cafétéria. Il mangerait son scone à l’écurie, pendant que le chien se goinfrerait. Puis ils battraient la campagne une bonne demi-heure.

La brume qui formait un fin nuage à quelques pieds du sol agrémentait le paysage d’un voile surnaturel apaisant. Les doux bruissements des branches nues, le craquement ténu du gel sous ses pas ; le froid cicatrisait les plaies de l’âme. Un baume protecteur. Non pas visant à contrer les griffures extérieures. Mais bien pour contenir la bête tapie dans l’ombre de son flanc. Glacée, elle ne pourrait le consumer.

Rasséréné, il retourna au château. Kaïros vaquerait à ses occupations, entre chasse et exploration. Il s’installa à son bureau après avoir déplacé les piles de documents ailleurs. La pièce semblait indiquer un déménagement récent. Ce n’était pas faux. Toutefois il était à présent bien installé. Assis, il laissait son regard se perdre dans l’admiration de l’horizon. Il chantonnait un air syncopé, distraitement. Il n’avait pas envie de se plonger dans les grimoires. Avec un peu de chance, le jeune aristocrate était lui aussi matinal. Quelle qu’en soit la raison.
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MessageSujet: Re: Mens agitat molem (Rowan P. Westminbrook)   Mens agitat molem (Rowan P. Westminbrook) EmptyMar 13 Oct 2015 - 19:16

Avec une précision maladive, presque trop réelle à son goût, la scène de la veille se répétait sans cesse. Comme un mauvais rêve, poisseux et piquant, qui se refusait à lâcher la conscience de sa victime. À lui permettre de fuir la démente réalité au profit du sommeil. Non. Cette nuit-là, après la formidable chute de l’enseignante à ses pieds dans l’allée des embrumes – mordante ironie qu’un tel accident soit arrivé en ce lieu et en ce jour – et la nécessité de la conduire de toute urgence à Sainte-Mangouste, des pensées épineuses et nocturnes avaient harcelé son esprit.

Assurément, il avait eu de la chance. Les quelques curieux présents dans la boutique s’étaient bien gardés de l’approcher ou de l’identifier oralement. Toutefois... S’il arrivait malheur à dame Zschoke, peut-être l’accuserait-on d’un complot ? D’une vengeance ? Après tout, Blaise s’était montré si discret au banquet que n’importe qui pouvait s’amuser à faire le rapprochement. Gênant.

Les lèvres pincées en une fine ligne d’angoisse, Rowan avait littéralement fui les abords de sa chambre avec une pile d’ouvrages sous le bras. Il devait cerner sa concentration au maximum, compte tenu de ce qui l’attendait prochainement. Et... Parvenir enfin à trouver un opuscule capable de lui expliquer de manière concise l’Occlumancie. Pas un énième patchwork imbuvable de théories plus mathématiques que magiques.

Messire Wenlock.

Les iris céruléennes de l’aristocrate se posèrent sur les grandes baies vitrées, tout en s’enfonçant dans la fraîcheur matinale de l’artère principale de la bâtisse. Pourvu que son enseignant ne soit pas précautionneux sur l’horaire. Parce que pour le coup, il risquait de débarquer avec une avance considérable. Par principe. Et par envie d’échapper aux sombres machinations de sa quête éperdue.

Bon sang. Ne s’embarquait-il par sur quelques galères folles et grinçantes ?

Qu’importe toutes ses pensées, si son intuition se révélait la bonne... Ils devraient tôt ou tard se confronter à leurs secrets. À leurs tourments. À leurs failles. En attendant, s’il parvenait déjà à obtenir son aide, même la plus infime, la situation évoluerait dans un sens plus positif. Lentement. Prudemment.

Toutefois, ce serait toujours mieux que de s’échiner à comprendre un manuel de magie noire qui n’en avait tristement que le nom.

D’un pas nonchalant et maîtrisé – au moins les apparences ne trahissaient pas les dernières et fallacieuses expérimentations des semaines passées – à l’excès, le jeune homme tout de noir vêtu gagna le bureau de son maître d’étude. Sans hésitation, ses doigts vinrent frapper la porte avec élégance. En un mouvement maniéré, rassurant par son caractère coutumier, il ouvrit brièvement cette dernière et se présenta dans la pièce de son aîné.

« Messire. » Rowan inclina sobrement le visage, très protocolaire. Trop ? De toute évidence, il s’astreignait délicatement à cette exquise politesse, plus par habitude que par volonté de nuire. Et ce, en dépit du singulier chantonnement qu’il avait entendu en s’introduisant dans le repaire de son professeur.

Ceci fait, son regard pâle et inquisiteur se porta vers lui, laissant de précieuses secondes s’étioler dans le vide. « Je vous remercie de me recevoir de si bon matin. » Sa voix, parée d’un velours trop doux pour ne pas paraître inquiétant, s’était élevée entre eux avec une prudence exacerbée.

« Puis-je ? » Il posa son regard sur l’une des deux chaises libres.
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Rupert Wenlock-Larkin
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MessageSujet: Re: Mens agitat molem (Rowan P. Westminbrook)   Mens agitat molem (Rowan P. Westminbrook) EmptyJeu 15 Oct 2015 - 1:27

Ah ! Un bruit léger se fit entendre à la porte. Quoi de mieux que de tromper l'ennui par une conversation sur la magie noire, de bon matin ? Rupert invita le matinal Rowan Westminbrook à entrer. Lequel le salua d'un "Messire" qui ne manqua pas de surprendre le professeur. Ça faisait un bail qu'il n'avait plus été reçu dans les cercles mondains et leurs us langagiers ne lui avaient pas manqué. Même si, à l'époque, cela lui plaisait d'en jouer, de faire rire son épouse de la rondeur forcée de ses propos. Il n'avait jamais aimé les conventions, les règles de toute sorte. Si ce n'était pour elle, jamais il n'aurait pu supporter le ridicule de ces locutions courtoises.

- Rowan ! Je vous en prie, entrez !

A l'académie, il se pliait à la coutume du vouvoiement. Mais il se refusait obstinément à appeler ses étudiants par leur patronyme : ils étaient des individus, des personnalités à former et enrichir. Non pas un fonds d'investissement ou une pâle copie d'un ou d'une ancêtre célèbre. De même, il ne les renverraient pas aux catégories formelles de "Madame" et "Monsieur". Pourquoi cette distinction ? Non, les prénoms, c'était ce qu'il y avait de mieux. Tant pis si ça les offensait. Qu'ils arrêtent tous de croire que leur valeur était un héritage ou un don. Ça se gagnait. Point.

La quiétude apparente du jeune homme, qui laissait avec nonchalance quelques secondes s'écouler avant de le remercier de cette entrevue, avait quelque chose d'apaisant. Rupert n'était clairement pas du genre à se laisser impressionner par la froideur. Et il n'allait pas non plus se préoccuper de la fonction de masque qu'elle pouvait recouvrir. Il s'en foutait bien. Peu de choses l'inquiétaient. Et la pâleur de Westminbrook n'en faisait pas partie.

Quand il avait reçu sa missive, il ne s'était pas posé plus de questions que cela. Rowan suivait un cursus en relations internationales magiques et voulait se spécialiser dans la diplomatie. Dans ce domaine en demi-teintes, il fallait se tenir prêt à tout. Des bases en occlumancie et légilimancie lui semblaient nécessaires pour envisager de faire une carrière convenable. Il n'y avait rien de bien étriqué ou étrange dans l'intérêt de Rowan pour ces questions.
Il allait quand même lui poser la question, histoire de d'enclencher la discussion.

- Dans votre missive, vous avez fait mention de l'occlumancie et de la légilimancie. Quel aspect de la chose vous intéresse particulièrement ? Dans quelle optique souhaitez vous l'étudier ?

Rupert appuyait confortablement son dos contre le dossier du fauteuil. Un grand sourire sur les lèvres, il ajouta, allongeant soigneusement ses avant-bras sur les accoudoirs.

- J'ai effectué des recherches en la matière mais ma thèse a eu une portée limitée. Une petite polémique, à la limite. C'est un sujet tabou qu'il convient d'ignorer. C'est bien dommage car la problématique en est passionnante. En science politique sorcière, de toute manière, les thèmes inabordés ou presque sont légion.
Quant à la pratique... Il faut avoir des notions, vue la voie que vous envisagez. Mais, ce n'est pas facile, croyez-moi.


Encore une fois, Rupert était assommant. Il aurait pu parler une dizaine de minutes avant de laisser à son étudiant l'opportunité d'expliciter la raison de sa visite. Et donc le temps de se planter complètement.
Heureusement, la fatigue le ralentissait et il eu jusqu'à la flemme de continuer à bavasser.
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MessageSujet: Re: Mens agitat molem (Rowan P. Westminbrook)   Mens agitat molem (Rowan P. Westminbrook) EmptyJeu 15 Oct 2015 - 21:34

Une fois solennellement invité à prendre place par les propres mots de son enseignant, Rowan s’installa sur le premier siège à sa portée avec une quiétude exagérément aristocratique. Ses iris pâles et déférentes se portèrent vers le bureau – d’un bois définitivement attrayant – puis le visage de messire Wenlock. Une marque respect, selon les critères qui étaient les siens.

Il attendit précautionneusement, sans ciller ne serait-ce qu’une fois, que ce dernier daigne lui accorder la parole. Ou s’en fasse le maître. Que les choses soient avancées d’une manière ou d’une autre. Le temps lui était trop précieux pour se perdre en quelques divagations sociales et futiles. Et, par pitié, surtout pas d’interrogations intimes et coutumières. Le traditionnel. Que disons-nous ! Le consacré ‘ça va’, lui insufflait suffisamment d’agacement pour qu’il s’en dispense à la moindre occasion.

De telles faussetés méritaient de rester à la bassesse à laquelle on en faisait usage.

En un mouvement lent et maniéré, le jeune homme croisa les mains sur ses cuisses. D’une oreille excessivement attentive, il écouta les propos de son enseignant et les questions qui en découlèrent. Bien. Il s’agissait de son domaine de prédilection, n’est-ce pas ? Finalement, rien ne pourrait vraisemblablement trahir ses véritables ambitions. Pour le moment.

Sa voix s’astreignit à un ton toujours doux et affable. « Et bien, je dois vous avouer que mon étude se porte sur la prédominance de l’occlumancie face à la légilimancie. » Il était ici pour s’enquérir d’un allié. D’un maître. Il devait s’attirer la sympathie de son enseignant. En aucune façon ses foudres. « J’ose penser, peut être à tort, que la magie usée dans le premier cas se montre suffisamment puissante pour contrecarrer la seconde. » Une courte pause, le temps de jauger le visage de son aîné. « Du moins, des manuels que j’ai réussi à déchiffrer... Il me semble que c’est l’information la plus intéressante à exploiter. » Satanés opuscules incompréhensibles et diablement théoriques. « Dans l'optique d’un jeu diplomatique entre des puissances opposantes, dont les envoyés feraient preuve d’une certaine maîtrise en la matière... Il me faudrait, comme vous l’avancez vous-même, des armes similaires. »

En un geste imprévisible, trahissant une réflexion intense et brûlante, l’ancien Serpentard porta ses doigts à son menton. « Cela dit, je me dois d’être honnête avec vous. » Un éclat soucieux s’immisça dans son regard. « Compte tenu des temps qui courent, je pense que m’engager dans une telle voie sans parvenir à dissimuler mes pensées et mes faiblesses... Tient du suicide social et politique. » Ses yeux se plantèrent brusquement dans ceux de son interlocuteur. « Vos précédents travaux m’offrent une opportunité que je ne peux guère nier. »

Face à la pression galopante qu’il devinait ramper sur ses épaules, Rowan se décida à sortir de sa zone de confort. Il se redressa légèrement, tout en tentant de réduire la distance qui le séparait de la table et de son enseignant. « S’il vous plaît, puis-je espérer votre aide dans ma démarche ? » Se maîtriser. Rester parfait. Intouchable. « Puis-je compter sur votre soutien indéfectible ? » S’il ne paraissait pas si nonchalant, l’on pourrait presque prendre ses allégations comme des suppliques. « Nous pourrions intégrer mes recherches et mes entraînements dans le cadre d’une thèse. Celle que je serais potentiellement apte à soutenir d’ici trois ans. »

Il avait besoin de lui. « Qu’en pensez-vous ? Est-ce possible, selon votre expérience ? » Une détermination ferme et résolue transperça néanmoins dans sa voix. En parfait écho avec la dernière précision de Wenlock. « Je n’ai pas peur d’échouer à plusieurs reprises sur ce chemin. Nous tombons tous, quelle que soit notre naissance. Et nous nous relevons de même. C’est le prix à payer pour parvenir à nos fins. N’est-ce pas ? »
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Rupert Wenlock-Larkin
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MessageSujet: Re: Mens agitat molem (Rowan P. Westminbrook)   Mens agitat molem (Rowan P. Westminbrook) EmptyMer 21 Oct 2015 - 0:15

Rowan finit par s’installer. Sa peau pâle, fine était figée, étirée faiblement d’un sourire courtois. Ses yeux bleus, perçants, étaient attentifs.
Devant sa figure aristocratique, Rupert réfrénait un rictus. Quinlan avait raison, il avait des préjugés. Le titre, la réputation d’une personne telle que l’héritier Westminbrook le précédaient et avec eux, toute une foule de connotations. Larkin avait eu à traiter avec ces gens des centaines de fois. Il aurait pu, s’il y avait cru, se revendiquer de ce club, d’ailleurs. Tabler sur son patronyme, virer les éléments gênants de la généalogie pour assouvir les ambitions de sa mère. Puis de son épouse. Que sa vie serait différente alors ! Ennuyeuse. Morne. N’est-ce pas ?

Parfois, au creux de la nuit, le doute le prenait. Mais à cette heure ici, irrité par les cauchemars à répétition, il se voulait exigeant. Face à lui et ses idéaux méritocratiques, le jeune Rowan avait davantage à prouver que le dernier des nés-Moldus prolétaires. Il le cachait toutefois derrière un grand sourire. Après tout, il s’était montré intelligent, cultivé et sérieux durant son dernier cours. Mouais. C’était vraiment le minimum attendu d’un tel privilégié, aussi.

Le domaine qu’ils abordaient était son sujet de prédilection, aussi, il se concentra plutôt sur le contenu de la réponse du jeune homme, plutôt que de s’agacer une nouvelle fois des formes. Sa réflexion était de bon sens, quoique peu originale. Bien. Il était donc débutant en la matière.

- En effet, c’est une réflexion tout à fait cohérente. Ce sont des magies qui exploitent les mêmes ressorts et cherchent à se démonter l’une l’autre. L’occlumancie est en effet souvent plus puissante que la légilimancie. Ceci simplement parce que cette dernière est plus ardue !

Rowan ajoutait que de telles pratiques devaient être monnaie courante en diplomatie, donc que la capacité à créer un véritable mur était sinon souhaitable, effroyablement nécessaire. Il continuait, se frottant soucieusement le menton, sur l’importance cruciale de la matière en ces temps troubles. Faisait-il partie de ces nobliaux craignant pour leur vie et leur intégrité - leurs avantages immémoriaux ? Le Sacrifié faisait-il trembler des individus aussi froids que le digne Rowan Philip Westminbrook ?

Néanmoins, Rupert ne ricanait pas. A la dernière guerre, il l’aurait fait. Il se serait écroulé de rire, lui qui se voulait sans aucune attache, hors de portée de ce type de basses considérations. S’il était toujours, dans l’absolu - dans son esprit -, le même, une bile aigre piquait ses entrailles à présent. L’attaque de Poudlard, les échanges glaciaux avec Ismérie, le Noël doux-amer avait ébranlé son armure d’indifférence. Sa fille, identifiée au nom illustre de deux anciennes familles, aurait pu être à la place de la fille Davis. Elle le pouvait encore. Elle le serait peut-être.
Cette perspective lui glaçait le sang.
Malgré tous ses principes, il se sentait intimement proche des préoccupations de son étudiant. Il était devenu responsable sur ses terres. A ses dépens. A son plus grand bonheur, toutefois.

- Bien sûr, je comprends… Il s’était déjà adouci. Finalement, ils étaient tous les deux sur le même navire en péril. C’était ce que ses étudiants avaient conclu, la fois passée. La solidarité entre tous les sorciers était une voie envisageable, dans la crise actuelle. La peur était le ciment de toute communauté. A sa dernière remarque, il grimaça. Quand il ajouta sa supplique, il se figea.
Ah ouais. A ce point. Si on lui avait dit ce matin que Westminbrook fils le prierait ainsi, jamais il ne l’aurait cru. Il lui fallut quelques secondes avant de froncer les sourcils et de trouver le ton pour lui répondre. Son soutien indéfectible ? Il ne savait pas trop dans quoi il s’engageait, mais il ne se voyait pas dire non. Mais Rowan ne le surestimait-il pas ? Il n’était qu’un pauvre prof dilettante, sorti de son quotidien miteux par un contrat étrange, proposé par la seule personne de Grande-Bretagne à avoir lu sa thèse, vraisemblablement.

- Oui… Oui, évidemment. Enfin je dois être honnête avec vous aussi, Rowan. Je ne suis pas maître occlumens ou légilimens. Je suis depuis quelques années à un palier que je n’arrive pas à dépasser. L’émulation peut être un moteur pour nous, cela dit.

Avec détermination, cependant, le diplomate en herbe suggérait l’intégration de son apprentissage dans une thèse à préparer. C’était la solution la plus logique, en effet. Rupert hochait la tête. Comme s’il avait deviné les nouvelles réserves qu’allait émettre son professeur, il expliqua être conscient de l’ampleur de la tâche et des obstacles sur le chemin. Bien. Derrière sa silhouette d’ombre pâle et maniérée, Rupert entrevoyait un esprit carré, puissant et terriblement lucide. Restait à savoir si ce potentiel trouverait à se réaliser au contact d’un antagoniste aussi complet que Rupert. Bien que les ressemblances étaient plus nombreuses que ce que ce dernier voulait bien admettre.

- Eh bien nous allons essayer ! Vous avez la bonne attitude, en tout cas.

Rupert se détendit et lui offrit un grand sourire. Puis il levait l’index, suggérant à Rowan de prendre garde.

- Attention.

Sans plus d’indication, il se livrait à un test. Il voulait lui montrer ce que ça faisait. Qu’il soit prévenu. Il n’irait pas trop loin cependant. De toute manière, il ne cherchait rien en particulier. Juste faire comprendre à son apprenti la douleur étrange, la sensation de violation intense, de suppression de toute intimité et intégrité que la voie sur laquelle il s’engageait impliquait.

A présent, ils se devraient une confiance aveugle.


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MessageSujet: Re: Mens agitat molem (Rowan P. Westminbrook)   Mens agitat molem (Rowan P. Westminbrook) EmptyMer 21 Oct 2015 - 19:39

Toute l’attention de Rowan s’accrochait aux traits épuisés et vaillants de messire Wenlock, faute d’être capable de se rassurer lui-même quant aux prochains événements. Ceux qu’il ne pouvait guère prédire à l’avance. Ni deviner. Ceux qui, assurément, se montreraient intransigeants sur le nombre des victimes et les effroyables vérités balancés à la face du monde. Ceux qui tordraient, encore une fois, sa conscience dans l’horreur et l’angoisse.

Et le Sacrifié n’en était qu’un infime aspect. Tout comme sa propre survie. Celles des siens, qu’ils furent de son sang ou non, importait plus. Toujours.

Prêtant une oreille respectueuse aux allégations de son enseignant, le Sinistros intégra avidement à sa réflexion les bribes d’informations et les pistes avancées. Il se savait novice en la matière, et il n’escomptait pas dissimuler ce fait aux yeux de son potentiel et unique – quémander une faveur aux grands noms des Ténèbres ne ferait qu’attirer les regards impertinents, alors, oui, il n’avait aucune autre opportunité appréciable que celle-ci – initiateur. Son seul espoir, à dire vrai.

Le jeune homme acquiesça précautionneusement, assimilant chacun des mots avec une ardeur peu habituelle. Tant de choses dépendaient de la réussite de son apprentissage. Et, en dépit de ce qu’il disait ouvertement, son avenir n’importait guère. Il lui fallait prioritairement préserver Anna. Clemens. Hope. Tirer Daphné des griffes de sa génitrice. Assurer la survie de ses propres parents. Protéger William. Yvain. Freya. Beaucoup de vies dépendaient de sa réussite dans une telle voie. Ardue. Instable. Pénible.

Petit à petit, le visage de son aîné sembla trahir des considérations très diverses. À la délicatesse du ton employé, se succédait une agitation des sourcils et d’autres détails qu’il ne parvint pas à appréhender. Au moins, ses interrogations et ses affirmations ne laissaient guère la place à l’indifférence. Même si cela impliquait de dévoiler certains pans de son esprit. L’espoir. La fermeté. La détermination. La crainte insidieuse et latente.

À la remarque de messire Wenlock sur ses propres capacités, l’ancien Serpentard se refusa à ciller. Au contraire. Il y trouva une sorte de réconfort. D’attrait accentué. Si tous deux avaient des raisons de s’orienter vers cette étude complexe, il pourrait probablement se reposer sur une garantie équitable. Protectrice de son secret ? Difficile à dire en l’état. Difficile à cerner également.

Tôt ou tard, ils finiraient par y venir. L’un comme l’autre, ils devaient détenir et protéger bien des secrets... Il l’espérait. C’était, à son sens, la seule négociation envisageable à court terme. La seule qu’il estimait connaître et être capable de... Comprendre.

Cette pensée écartée, Rowan se redressa légèrement. La sollicitude dont faisait preuve son professeur lui donna même un peu de baume au cœur. Ils allaient s’y essayer. En effet. Tout comme ils allaient échouer. Plusieurs fois. Et reprendre leurs entraînements. Tenter. S’en convaincre. Jusqu’à dépasser les difficultés au bout de plusieurs mois. Un travail de longue haleine qu’il ne rechignait pas à accomplir.

Au large sourire de son aîné, un brin trop bienveillant pour le coup, puis au mouvement de son doigt, Rowan comprit. Il sut. Presque instinctivement. Mais il n’eut pas le temps de s’y préparer. Est-ce qu’on le pouvait, seulement ?

La sensation intrusive, rampante et sournoise, lui en rappela immédiatement une autre. Poisseuse. Désagréable. Sifflante et écœurante. Trop familière à son goût. L’unique différence notable, permettant de dissocier la réalité de ce pénible souvenir, résidait en l’absence d’une peur innommable. En vérité, le jeune homme préférait mille fois être violenté par l’esprit étriqué de Rupert que par un autre. Froid et pâle. La sensation, tout en étant diablement malsaine, s’en trouvait moins douloureuse. Moins brisante. Moins obscure.

Il en aurait presque souri si la mise à nue, néanmoins présente, ne lui fit pas serrer les dents.

Sois infaillible.

La voix de William, forte et plus assurée que jamais, percuta brusquement le sifflement du serpent invisible. Laissant la place à un bourdonnement sourd. Quoi que bref et intense. Un infime laps de temps, durant lequel l’ancien Serpentard reconnut sa défaite. Il n’était pas de taille. Alors... Il s’abandonna à la puissance véhémente et incisive qui lui avait précédemment sauvé la vie. Sauf qu’elle s’encombra beaucoup moins d’orientations et de focalisations pures.

Les souvenirs défilèrent. Les émotions également. Sans filtre.

Le regard affirmé et rassurant de Clemens, un soir de décembre, qui lui jurait sans faillir qu’il ferait tout son possible pour l’aider. Pour le préserver. Le sentiment indescriptible d’une amitié si exacerbée et loyale qu’elle lui donnait du courage. Du confort dans les bras d’un proche plus protecteur que jamais.

La respiration d’Anna, à quelques centimètres de ses lèvres, alors qu’ils partageaient une étreinte brûlante et désespérée contre un arbre. Puissamment douloureuse car il craignait de la perdre. Alors qu’elle était la seule femme à avoir percé ses défenses. À avoir apprivoisé la sauvagerie contenue d’un aristocrate empêtré dans ses contradictions. La charmante Phénix. La délicieuse petite française. Qui enflammait toutes les pulsions de l’Éros. Et toutes les inclinations de son cœur. Bon sang. Il la chérissait plus que sa propre vie. Pire. Il l’aimait. À s’en damner jusqu’à la fin des temps s’il le fallait.

Quelques précieuses secondes, c’est cette image qui le berça. Promesse d’attendre la déchéances des fiançailles. Parce qu’il n’y avait qu’Elle dans son existence. Aucune autre.

Pourtant, l’amour fraternel que le jeune homme portait à Daphné s’imposa aussi. L’échange de leurs regards, dans la salle commune de Serpentard. Le soir de Noël. Tandis qu’il s’osait à parler d’Anna. L’éclat compréhensif. Tendre. De sa présumée fiancée. Le visage de Hope succéda. Pâle. Bouleversé. En dépit des gestes de réconfort de son frère. Jusqu’à l’apparition d’un sourire. D’un remerciement de ne pas l’avoir oublié au banquet. Des détails. Du ‘presque rien’. Du ‘tout’ pourtant. Et ensuite, le rire, aimant et caractéristique, de Jessica. La grande et belle blonde, assise sur une machine-à-laver moldue. Dont les iris, sombres et joyeuses, laissaient entrevoir toute la douceur qu’elle éprouvait à l’égard de son fils.

Enfin, un dernier lieu. Froid et obscure. La volière. Pendant les vacances de Noël. Les mains tremblantes de Rowan devant la lettre qu’il ne pourrait jamais envoyer. Au risque de la trahir.

Par Amour pour eux tous, il souffrirait en silence.

Loin de toutes ces images, les doigts du jeune aristocrate s’étaient crispés sur le bord de la table.

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MessageSujet: Re: Mens agitat molem (Rowan P. Westminbrook)   Mens agitat molem (Rowan P. Westminbrook) EmptyDim 8 Nov 2015 - 12:48

Quoi de mieux que d’entrer directement dans le vif du sujet ? Sur une question telle que celle de l’occlumensie, rien ne valait la pratique. Les grands discours n’apprendraient pas au jeune homme la violence pernicieuse de l’intrusion. La paralysie des sens au profit d’une lecture perverse. La sensation d’être mis à nu, instamment.

L’esprit de Rupert s’insinuait entre les strates de la pensée de Rowan. Si un sifflement se fit entendre, accompagné d’une voix d’homme, quelque peu familière, ces accents disparurent au profit d’une scène somme toute banale, dans la forme. Clemens, l’étudiant en métamorphose, était face au jeune aristocrate, lui affirmait sa loyauté. Ces quelques mots étaient intrigants. L’aider ? Le préserver, de quoi ? Mais il aurait été malvenu de poser ces questions. Rupert était là pour lui apprendre une technique, non pas pour satisfaire une curiosité mal placée.
Et de ce point de vue, la pensée qu’il découvrait était des plus intéressantes. Certainement que Clemens faisait référence à un mal qui rongerait Rowan, une inquiétude lancinante ou un souci pressant. Cependant, au lieu d’être exposé à la peur de cette menace, Rupert n’avait accès qu’à cette voix amicale, rassurante. Intéressant.

Puis survint une image encore plus puissante. Vibrante. Un halo en entourait les bords adoucis. La lumière, accentuant les traits féminins, l’esquisse de lèvres entrouvertes, traduisait parfaitement le regard que Rowan posait sur elle. Une forme de gêne fit frissonner Rupert, sans qu’il puisse la maîtriser. L’intimité de la scène était palpable. Et la force du sentiment le bouleversait. C’était un amour profond, passionné. Dépassant largement l’étreinte charnelle. Il y avait une forme de nécessité, de besoin désespéré dans cette émotion. Elle était souveraine.

Les douces couleurs de l’automne. L’enveloppe diaphane, mordorée, déchirée et écarté avec douceur. Révélant les effluves réconfortantes d’une pomme confite au four. La tendresse du caramel. Le charme épicé de la cannelle, force inattendue réhaussant la saveur enjôleuse du dessert.
Cette impression olfactive frappait l’Irlandais de plein fouet. Un sirop parcourait ses veines, faisait naître le frisson sur tous ses membres. Relâchant la pression du sortilège, il s’y abandonnait doucement.

Et deux autres visages féminins s’installèrent dans le champ. Toujours guidées par un lien tendre. Plus apaisé que le précédent. Moins fiévreux. Deux jeunes filles blondes, avec qui les mots n’étaient que la surface d’un dialogue par le regard. Une compréhension toute spontanée, naturelle. Des soeurs.
Puis une femme, lâchant un rire confiant, agissant comme un baume réparant tout. Sa mère, certainement - Une belle blonde, d’ailleurs ; Rupert ne manqua pas de le remarquer.
Le professeur avait pris la place confortable du spectateur de cette avalanche de poésie des regards, de la sincérité bouleversante des émotions partagées. La dernière scène vint l’en tirer. Rowan, une lettre à la main, ses jointures mal assurées ne la serrant que trop. Il y avait bien quelque chose, une angoisse sous-jacente. Certes, l’intrusion de Larkin avait été peu prégnante, gentillette, oserons-nous dire, quoique le terme soit mal-approprié. Mais le déploiement de cette palette chaleureuse avait de quoi surprendre, venant d’un néophyte. C’était… intéressant.

Rupert se retira. Laissa une minute s’écouler, ellipse traînante, séparant la réalité morose du bureau mal rangé de cette expérience toute troublante, poignante. D’ailleurs, il put remarquer la prise des doigts fins de son étudiant sur les accoudoirs du fauteuil. Signe de sa résistance ardue, épuisante.

Le rouge aux joues, car lui aussi avait été travaillé au plus profond de son être par ce à quoi il avait eu accès - la légilimensie n’était pas son fort et il succombait souvent aux images trop saisissantes, épongeant les émotions de ses partenaires d’ateliers. Et là, ça faisait un bail. Et surtout, il ne s’attendait pas à ça. De loin pas.

- Vous… Vous avez fait exprès ? Vous vous êtes concentrés sur ces… épisodes, volontairement ? souffla-t-il. C’est.. Je dois l’avouer, pour un débutant, c’est très bien ! Je suis impressionné.

Il détourna le regard, pour laisser à Rowan l’opportunité de retourner à une tranquillité plus adéquate pour leur discussion. Et puis, aussi, car la gêne n’avait pas disparu.

- J’imagine aussi que votre éducation vous a appris à contenir vos émotions, ce qui vous facilite la tâche, pour l’instant. Comme moi, vous risquez donc de progresser très rapidement sur l’occlumensie… et de vous prendre un coup d’arrêt violent, au moment du palier. Mais nous sommes là pour le dépasser, ajouta-t-il en souriant.

Avec un regard en deça, sur un ton plus doux, qui annonçait la confidence, il terminait.

- Vous avez constaté que cette expérience n’est anodine pour aucun de nous deux. Croyez-moi que je ne vous jugerai pas, et ne chercherai à savoir des choses plus… disons, plus sombres, des secrets qui seraient véritablement embarrassants, qu’au bout de plusieurs séances, quand j’aurai repris l’habitude et que vous aurez les outils pour vous défendre. Est-ce que cela vous va ? Voulez-vous que l’on discute des conditions de nos ateliers ?

A présent, en effet, ils étaient liés par un fil noué si intimement qu’il en était indicible et terriblement éprouvant. Ils n’avaient d’autre choix que de se faire inconditionnellement confiance.
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MessageSujet: Re: Mens agitat molem (Rowan P. Westminbrook)   Mens agitat molem (Rowan P. Westminbrook) EmptyDim 8 Nov 2015 - 16:37

La première chose qu’il parvint à identifier, en sortant de la brume désagréable et poisseuse de l’intrusion, ce fût l’immense fatigue qui étreignait douloureusement chacun de ses membres. Comme si tout son corps s’était échiné à résister à l’envahisseur, en dépit de l’abandon flagrant de sa conscience face à l’irruption d’une force plus affirmée que la sienne.

Même sa mâchoire le tiraillait insidieusement. Avait-il à ce point serré les dents ? Difficile à dire en l’occurrence. Mieux valait se concentrer sur autre chose. C’est pourquoi, en silence, Rowan prit le temps de respirer. De renouveler sereinement l’oxygène de ses poumons avant de s’affairer au reste.

Une minute. Étirée, mordillée et rompue jusqu’à sa dilatation la plus extrême. Pendant laquelle la quiétude du bureau, la poussière brillante dans la lumière des fenêtres et la neige virevoltante de l’extérieur gagnèrent en intensité. En éclat. Semblable à une réalité trop vite retrouvée, un brin violente et brusque.

En un geste lent et éreinté, le jeune homme retira progressivement ses doigts de la table, venant plutôt les poser contre ses cuisses. C’est là que messire Wenlock se décida à reprendre la parole. Les interrogations qui se succédèrent les unes après les autres, piquèrent l’intérêt du Sinistros. Tout ce qui s’était déroulé au sein de son esprit, ne lui appartenait pas vraiment. À dire vrai, il n’avait rien contrôlé. Son seul acte avait été de s’abandonner au long flot des émotions qui vrillaient son cœur.

De se couvrir de cet amour vibrant et transcendant qu’il ressentait pour chacun de ses proches. Instinctivement. La seule chose sensée dans sa vie. La seule chose à laquelle il s’accrochait lorsque le monde menaçait de s’effondrer sur lui-même.

Était-ce volontaire ? Calculé ? Rowan douta de la réponse exacte à apporter. « En vérité, je me suis plutôt laissé porter. Je n’ai eu aucune prise sur toutes les images que vous avez aperçu. » Ses iris pâles quittèrent la contemplation du vide au profit du visage de son interlocuteur, y cherchant vraisemblablement une information qui échappait à sa propre réflexion. « Si je devais réellement établir une théorie, je dirais que je me suis retrouvé bercé par ce qui nous lie les uns aux autres. » L’Amour. Évidemment. « Mais je ne l’ai aucunement contrôlé, du moins, pas que je sache. » Il aurait été surprenant que ce soit le cas, alors qu’il venait de subir la deuxième intrusion mentale de sa courte existence.

« D’accord. » En l’état, il se sentait encore à des lieues d’atteindre ce fameux pallier. L’Occlumancie était une science autant qu’une magie périlleuse et nébuleuse. Assurément singulière à maîtriser... Et non atteignables par de quelconques néophytes.

Petit à petit, l’ancien Serpentard sembla se détendre, tout en se satisfaisant du confort de son siège avec un soupir soulagé. Le bureau de son aîné était mille fois plus chaleureux que le manoir Jedusor. Tout du moins, avant que la précision –  inévitable quant à la suite des événements – ne soit ajoutée d’une voix douce.

Sur un chemin aussi incertain que celui vers lequel ils se dirigeaient conjointement, il ne pouvait guère espérer échapper à la sombre vérité. Devait-il alors avertir son maître de séance ? « En effet. Cet exercice n’a rien de semblable à une promenade de santé. » Il se mit à réfléchir avec une anxiété finement dissimulée. « Puis-je me permettre une question ? » Quitte à le faire se répéter inutilement. On n’évoquait décemment pas son affiliation aux Ténèbres comme on conversait du dernier horoscope de la gazette. « Quelle que soit la teneur de mes secrets, vous me promettez solennellement de ne pas me juger ? » Ni de vendre ceux-ci au long flot des rumeurs ? Il lui était impossible d’attaquer directement avec le cœur du problème. Ce serait suicidaire. Et quémander un pacte magique éveillerait immédiatement la méfiance de son interlocuteur. « Du reste, ce que vous proposez me convient. »

De toute façon, il n’avait pas fondamentalement le choix. « Je suis prêt à suivre la moindre de vos directives, et à m’adapter à vos exigences. »
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Rupert Wenlock-Larkin
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MessageSujet: Re: Mens agitat molem (Rowan P. Westminbrook)   Mens agitat molem (Rowan P. Westminbrook) EmptyJeu 3 Déc 2015 - 11:28

C’était éprouvant. Autant pour le jeune homme que pour son aîné, qui, s’il occupait derrière son bureau la fonction de maître, était encore loin de mériter ce titre. Les différents blocages qu’il avait encore à dépasser étaient les murailles les plus épaisses.
Ces ateliers étaient l’occasion parfaite pour enclencher un méthodique travail de sape.

Rowan Westminbrook, élevé dans les conventions, appelé à maîtriser en tout instant ses émotions, avait des prédispositions à l’occlumensie. C’était prévisible, en sorte. Mais l’Irlandais ne s’attendait pas à voir une telle forme de défense. Derrière le visage froid, inexpressif, une nuée tiède enveloppante. C’était cette douce chaleur qui faisait tenir l’aristocrate et c’était bien plus intéressant que l’image qu’il renvoyait au quotidien.
Une fois de plus, Rupert était surpris et, une fois de plus, ravi que ses préjugés aient été démentis.

Il en ressortait troublé, empreint lui-même des sentiments puissants que Rowan lui avait opposés. Difficilement, il se força à sortir de cette torpeur. Il avait encore tellement de travail. Il maîtrisait plus ou moins l’offensive, sachant détailler les couches mentales pour les percer, sur un sujet inexpérimenté. Toutefois, il se laissait encore gagner par ce à quoi il avait accès. Cela pouvait être terriblement gênant.
En l’occurrence, il ne s’était pas spécialement focalisé sur la méthode, n’avait pas pris ses précautions. Au final, ce n’était pas bien gênant, du moment qu’il réprimait ce sourire niais.

Il put enfin, après une minute de retour au calme, questionner Rowan sur sa réaction. Il lui avoua ne pas avoir fait exprès, qu’il s’était “laissé bercer”. Le professeur hochait la tête : c’était très bien. Et lentement, il songeait à une forme d’entraînement qui serait efficace dans le cas de l’étudiant. Il n’avait rien contrôlé, il avait lâché prise. Le lien dont il parlait, qu’on pouvait clairement et franchement appeler par son nom : l’Amour, était la matière de son immunité naturelle.
C’était vraiment bien. Avec ce genre de défense, les dégâts collatéraux étaient plus rares. Moins douloureux.

- L’amour que vous portez à vos proches est un sentiment noble. J’imagine que vous savez qu’il peut porter une magie ancienne et puissante. Dans notre cas, c’est encourageant. Cela peut constituer un refuge facile d’accès, quel que soit le danger.

Il passa un doigt sur ses lèvres et appuya son dos contre le dossier du fauteuil, souriant.

- Evidemment, là, c’était très facile. Je n’ai rien cherché de particulier. J’aurais certainement pu percer ces images facilement. Mais on va travailler pour qu’elles deviennent un véritable rempart. Et je vous avoue que c’est déstabilisant.

Il enchaîna sur les rugosités d’un tel apprentissage, l’avertissant sur la montée en flèche au départ, suivie d’un palier rageant. Il l’assura également de la confiance qu’il pouvait placer en lui - il ne le jugerait pas sur les travers qu’il découvrirait. Ce point semblait terriblement important pour le jeune homme - au point que Rupert commençait à se poser des questions sur les raisons qui l’incitaient à se protéger, maintenant.
Oh, bien sûr, en période de crise, pour un aristocrate d’un tel niveau, il valait mieux prendre toutes les précautions nécessaires. Toutefois, l’urgence de sa lettre, sa supplication solennelle, suggéraient un besoin profondément vital. L’Irlandais en découvrirait bien vite la raison. Aussi, il se contenta d’offrir un large sourire rassurant à son apprenti.
- Bien sûr, Rowan, je le jure. Je considère cela comme… un secret professionnel. Nous sommes ici pour travailler la méthode, pour apprendre une forme de magie. Ce n’est pas un tribunal ou un confessionnal. En somme, le contenu de vos pensées m’importe peu. Quelles que soient vos peurs.

Pour ce qui était des conditions de déroulement de l’atelier, Rowan se plierait aux exigences de l’Irlandais. Rupert s’avança de nouveau sur son fauteuil, attrapant sur son bureau son agenda et une plume. En dehors de ses cours, il passait la majorité de son temps à étudier ou bien se promener. Il avait donc de larges disponibilités pour ces ateliers.

- Un atelier d’une heure par semaine, pour débuter, cela vous va ? Au bout de quelques semaines, on passera à deux ateliers.

Il saisit un bout de parchemin et y nota quelques références.

- Vous connaissez Milton Erickson ? C’est un psychothérapeute moldu. Il a travaillé sur une nouvelle forme d’hypnose. Son oeuvre n’est pas encore compilée dans un seul livre - les Moldus sont encore réticents sur cette question. En psychomagie, on s’est davantage intéressé à la question.
Je vous suggère de vous entraîner, par sessions régulières de vingt minutes, à lire ou écouter un texte invitant à l’abandon à l’inconscient. Ainsi vous entraînerez votre esprit à se relaxer, les stimuli vous permettrons de mieux supporter mes intrusions. Et puis, au vu de ce que vous m’avez montré tout à l’heure, je pense que ce peut être une piste stratégique.
Est-ce que vous avez des questions ?


Rupert lui tendit le papier indiquant la référence de deux ouvrages datant de 1986, un recueil de conférence et un commentaire des travaux d’Erickson. Son ton se voulait ferme, banal, comme s’ils parlaient simplement d’une dissertation ; rassurant.
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MessageSujet: Re: Mens agitat molem (Rowan P. Westminbrook)   Mens agitat molem (Rowan P. Westminbrook) EmptyVen 18 Déc 2015 - 21:55

Un épuisement latent tiraillait ses muscles éprouvés, alors que les rouages acérés et calculateurs de sa conscience prenaient le relais pour dissimuler la faiblesse résultante. L'épreuve – si semblable à une autre un mois auparavant – ne pouvait que le conduire à voiler les failles de son armature, et, surtout, la criante vérité qui s'extirpait d'une intrusion aussi vive que piquante. L'Amour. Une émotion transcendante et profonde, dépassant de très loin sa seule existence.

« En effet. » Le jeune aristocrate acquiesce avec lenteur. Il connaissait effectivement quelques théories, encore nébuleuses à ses yeux, sur une telle magie. De nombreuses rumeurs couraient sur cette dernière, mêlant du fantasque à des prodiges difficilement vérifiables...  Du moins, selon les ouvrages. Qui sait à quel point l'Amour pouvait, par sa seule présence, préserver une vie en ce bas monde ?

Au terme de refuge aisément accessible, Rowan pinça brièvement les lèvres. L'idée était vraisemblablement plaisante, tant il lui paraissait davantage facile de se perdre dans un flot émotionnel que de compter sur ses froides armatures. Si celles-ci se révélaient fiables face au monde et aux conventions, nul doute que face à de la magie noire … Mieux valait se reposer sur des bases profondément ancrées dans sa chair.

À la réitération de son obligeance – conserver le secret sur leurs exercices et leurs affres – envers lui, il sentit ses membres se détendre enfin. « Bien. » Cerner leurs pensées sur leurs entraînements, plutôt que d'obscures affiliations, lui convenait parfaitement.

Les iris posées sur le visage de son nouveau maître, le Sinistros écouta attentivement la moindre de ses allégations. « Oui, cela me convient. » Les références qui suivirent lui parurent obscures. Et moldues. « Non, je ne crois pas le connaître. Toutefois, je vais me renseigner sur cet individu et son œuvre. » Des exercices ? « Je m'y attellerais. » D'une main, il récupéra le morceau de parchemin. « Pour le moment, je n'en ai pas. »

Ses yeux glissèrent sur les notes, veillant scrupuleusement à aller récupérer les ouvrages mentionnés. « Je vous remercie de votre temps, messire. » Quelque chose en lui réclamait des étoffes épaisses dans lesquelles se réfugier et se reposer. « Je vous aviserai de mes disponibilités par missive. » S'appuyant fermement sur les ancrages de sa nonchalance, le jeune homme se leva, s'inclina avec une politesse empreinte de soulagement, puis quitta le bureau de son enseignant.
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MessageSujet: Re: Mens agitat molem (Rowan P. Westminbrook)   Mens agitat molem (Rowan P. Westminbrook) Empty

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