Relâcher la pression [Libre]

Shamee était soucieuse depuis le début de la journée. Elle ne savait pas vraiment comment aborder les choses à Poudlard. La jeune fille se sentait un rien plus libre que quand elle était chez elle et elle décida qu'il était temps d'évacuer la pression qui était en elle depuis plusieurs années. Elle monta au second étage de Poudlard et entra dans les toilettes. Là, elle s'approcha du miroir et elle se regarda. Elle était plutôt quelconque, mais ce n'était pas ce qu'elle regardait. Elle se sentait tellement perdue, elle repensait à son passé et à toutes les difficultés qu'elle devait surmonter quand elle se trouver chez elle. Elle avait de grandes difficultés à satisfaire complètement sa famille. Shamee n'avait jamais compris pourquoi son frère et elle n'étaient pas au même niveau, et pourquoi elle n'avait même pas le droit de pleurer ou d'être triste. Son père l'avait giflée maintes fois parce qu'elle avait pleuré. Quand elle avait le culot de faire des erreurs, il valait mieux, pour elle, se faire oublier plutôt que de pleurer, d'avoir du remords ou d'essayer de se faire pardonner. Sa mère, elle ne l'entendait presque jamais, elle parlait un minimum quand son frère ou son père se trouvait dans les parages.

Shamee se dirigea vers l'un des toilettes et s'assit sur la cuvette fermée après avoir verrouillé la porte. Elle fondit en larmes. Shamee se sentait encore plus désespérée que quand elle était chez elle, ce qui était curieux, mais probablement dû au fait qu’elle laissait enfin ses véritables émotions prendre le dessus. Ici, la jeune fille était à présent toute seule et pouvait se laisser aller. Elle ne parvenait plus à supporter la pression et, à chaque fois que la jeune fille ne pouvait plus supporter la pression chez elle, elle avait un accès de larmes. Mais elle était terriblement inquiète des punitions qu'elle allait avoir quand elle reviendrait lors de ses prochaines vacances. Elle pleurait tellement qu'elle n'entendit pas quelqu'un d'autre entrer dans les toilettes.

Shamee était seule depuis quelques minutes à pleurer toutes les larmes de son corps quand une voix se fit entendre. La voix d’une jeune fille qui se demandait visiblement à voix haute qui pouvait bien être là. Comme Shamee était terrifiée à l’idée que quiconque découvre qu’elle avait pleuré, elle resta le plus silencieuse possible tandis que la voix inconnue se faisait à nouveau entendre pour demander si c’était Mimi Geignarde la responsable de tout ceci.

Quand elle s’approcha de la porte pour demander si elle pouvait aider, Shamee sut qu’elle ne pourrait pas éviter d’être surprise. Elle avait honte, et peur aussi que sa camarade la dénonce pour avoir pleuré, mais elle n’avait pas le choix. Elle déverrouilla et ouvrit la porte, accueillant Ona, tête baissée, la mine déconfite, consciente d’avoir commis une erreur. Les larmes n’étaient jamais une option.

« Je suis désolée, » dit-elle simplement dans un murmure, sachant que ça ne servait à rien de s’excuser. Une erreur était à payer, point.

La jeune fille en face de Shamee sembla trouver étrange qu’elle s’excuse. Sham était pourtant certaine d’avoir commis une faute en se laissant aller à pleurer, mais la Serdaigle n’avait pas l’air de le prendre comme ça. Shamee, trop surprise pour répondre, demeura un instant silencieuse tandis que sa camarade se présentait. Sachant que la politesse voulait qu’on se présente en retour,  Shamee le fit mais d’une voix à-peine audible.

« Shamee Fuller… »

La jeune Serdaigle posa à la petite Poufsouffle une question sur la raison de ces larmes. Shamee baissa aussitôt les yeux, les pommettes rougissantes. Il ne s’était rien passé, elle n’avait même pas été ennuyée, c’était vraiment idiot d’avoir pleuré alors qu’elle savait que ce n’était pas autorisé en plus.

« Non… non, personne ne m’a ennuyée… »

Cela faisait du bien de pleurer parfois ? C’était une étrange pensée, pour une fille. Shamee sut aussitôt que ses parents classeraient Ona dans la catégorie des mauvaises fréquentations. Mais pour le moment, elle n’était pas auprès de ses parents, et en plus, les Fuller se montraient toujours polis et respectueux en public. Il était donc exclus que Shamee s’éloigne en ignorant purement et simplement Ona. Limite, si Marvel était là, il aurait fort beau jeu de faire savoir à la fille que Shamee n’était pas autorisée à lui parler.

« Ce n’est pas permis… » dit donc juste Shamee.

Shamee sourit légèrement à Ona quand celle-ci se présenta, mais elle n’eut pas le temps de répondre que sa camarade lui parla de Mimi qui n’avait visiblement pas envie qu’on l’embête davantage. Shamee faisait vraiment tout de travers. Non seulement, elle embêtait son père et lui faisait honte, non seulement elle n’était pas assez bien pour satisfaire son frère, mais en plus, elle embêtait même les fantômes. Elle se traita mentalement d’idiote, même si Ona tenta de la réconforter en la prenant dans ses bras.

L’idée n’était pas mauvaise, fondamentalement, mais en l’occurrence, les dernières punitions de son père avaient blessé profondément Shamee et elle n’était pas allée à l’infirmerie pour se faire soigner car elle avait terriblement honte d’avoir été obligée de se faire punir. De fait, elle ne put réprimer une grimace et un grognement de douleur quand Ona la serra avec pourtant beaucoup de tendresse. Se demandant brutalement si Ona allait se rendre compte de quelque chose, elle se força à sourire.

« Faisons comme tu veux. »

Sa famille ? Bizarre ? Shamee ne l’avait jamais envisagé de la sorte. Pour elle, sa famille était ce qu’elle était, mais de là à dire que c’était bizarre ou qu’elle n’était pas comme les autres, Shamee ne l’avait même jamais soupçonné. Pour elle, c’était Ona qui avait grandi dans une famille hors du commun. Etait-il nécessaire de préciser que Shamee n’avait eu l’autorisation de rencontrer que des petites filles qui vivaient dans des familles similaires à la sienne et que donc, elle n’avait jamais pu voir autre chose ?

« Tu as de la chance… » répondit Shamee dont la voix n’était que murmure.

Ona se mit alors à réfléchir et à marmonner. Shamee, qui avait l’habitude de disparaître dans l’ombre, mit ses deux mains l’une sur l’autre devant elle sur son ventre, tête légèrement baissée, dans l’attente de la décision prise par Ona. Elles restèrent ainsi un petit moment, l’une à marmonner, l’autre à patienter. Puis Ona se tourna vers Shamee en s’excusant pour l’avoir effrayée. Mais Shamee secoua la tête.

« Je n’ai pas peur, ne t’en fais pas. »

Ona lui proposa alors de voir un endroit magnifique dans le château et Shamee sourit pour la première fois depuis le début de la conversation tout à fait sincèrement.

« Je veux bien ! »

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